Read Ebook: La lutte pour la santé: essai de pathologie générale by Burlureaux Charles
Font size:
Background color:
Text color:
Add to tbrJar First Page Next Page
Ebook has 628 lines and 65350 words, and 13 pages
LA LUTTE
POUR LA SANT?
DU M?ME AUTEUR
Consid?rations sur la folie paralytique Paris, J.-B. Bailli?re, 1874.
Article ?pilepsie du Dictionnaire encyclop?dique des Sciences m?dicales .
Pratique de l'antisepsie dans les <
Traitement de la Tuberculose par la cr?osote . 1 vol. in-8?, Rueff, ?diteur, 1894.
Psychoth?rapie et Morale religieuse.
Dr. BURLUREAUX PROFESSEUR AGR?G? LIBRE DU VAL-DE-GRACE
LA LUTTE POUR LA SANT?
ESSAI DE PATHOLOGIE G?N?RALE
PARIS 1908
A MON CHER LUCIEN CLAUDE EN T?MOIGNAGE DE MA VIVE AFFECTION ET EN SOUVENIR DE NOS CAUSERIES M?DICO-PHILOSOPHIQUES
PR?FACE
La <
Mais ? c?t? de cette grande lutte collective, il y a une autre <
Ces influences varient ? l'infini, suivant l'?ge, le sexe, l'h?r?dit?, les conditions de la vie: mais toutes travaillent, en nous, ? la m?me fin; et l'on peut dire que l'histoire enti?re de notre vie physique n'est que l'histoire des p?rip?ties de la <
Mais la m?decine est moins une science qu'un art. De la multiplicit? des circonstances, de la diversit? des esprits, il r?sulte que chaque m?decin, quand il est parvenu ? un certain point de sa carri?re, s'aper?oit que l'ensemble de ses observations et de ses r?flexions l'a amen? ? se faire une exp?rience propre, personnelle, des conditions g?n?rales de la <
De longues ann?es de pratique m?dicale m'ont donn? l'occasion de voir, sous des aspects tr?s vari?s, la naissance et l'?volution de la <
Plusieurs de ces moyens ?tonneront peut-?tre le lecteur, accoutum? aux complications savantes de la m?decine d'aujourd'hui; et leur simplicit? m?me lui semblera peut-?tre avoir quelque chose de r?volutionnaire. C'est un danger que j'ai pr?vu, et que, certes, je n'affronte pas de ga?t? de coeur. Mais il n'y a pas une ligne de mon livre qui ne d?rive, ? la fois, d'une exp?rimentation m?thodique et de r?flexions patiemment m?ries. Si jamais l'on peut ?tre s?r de quelque chose, en une mati?re aussi variable et aussi d?licate, je suis s?r de l'efficacit? des avertissements et des conseils qu'on trouvera ici. Puissent-ils seulement ?tre entendus, et porter leur fruit!
LA LUTTE POUR LA SANT?
PREMI?RE PARTIE
CHAPITRE I
LE CAPITAL BIOLOGIQUE
Je supposerai que chaque ?tre, en naissant, re?oit un certain capital d'?nergie vitale, de la valeur et de l'emploi duquel d?pendront et sa sant?, et sa long?vit?: un capital donnant des int?r?ts variables suivant chaque individu et suivant chaque p?riode de la vie. J'ajouterai que ce capital peut ?tre, ? toute p?riode de la vie, amoindri par une cause accidentelle, et que les int?r?ts qu'il produit sont ?galement variables aux diverses p?riodes de la vie.
Or, cette hypoth?se ?tant accord?e, l'objet du pr?sent travail sera d'?tudier, d'un bout ? l'autre de la vie, la meilleure mani?re de faire valoir ce capital, et de le d?fendre contre les influences qui ne cessent pas de le menacer. Ces influences sont ce qu'on appelle les <
L'homme malade est donc, dans notre hypoth?se, celui qui vient de subir une de ces diminutions de son capital biologique: d'o? il r?sulte que, avant d'?tudier le malade, et les causes morbig?nes, nous devons d'abord envisager le capital initial, et les causes qui en font varier la valeur.
Consid?r? au point de vue th?orique, c'est-?-dire en n?gligeant les influences qui peuvent le faire accidentellement diminuer, le capital initial est comparable ? la force qui lance un projectile dans l'espace. Or, les math?maticiens savent exactement quelle doit ?tre la courbe parcourue par le projectile, du moment qu'ils connaissent la vitesse initiale et la masse. Et pareillement nous pourrions, nous aussi, pr?voir la courbe que suivra la sant? d'un sujet, si nous pouvions conna?tre exactement le capital de vie qu'il apporte en naissant. Mais le fait est que, chez les diff?rents ?tres humains, le capital initial varie dans des proportions si ?normes que nous ne pouvons gu?re nous flatter d'en avoir une notion pr?cise.
Pour des causes que nous chercherons ? analyser, il y a des ?tres chez qui le capital initial est nul: ce sont eux qui meurent en naissant, ou un ou deux jours apr?s leur naissance, sans <
A l'autre extr?mit? de l'?chelle se placent les aristocrates de la sant?, dou?s d'un capital ?norme, et qu'on voit atteindre ? des ?ges avanc?s sans avoir jamais ?t? malades, sans avoir jamais pris de pr?cautions sp?ciales pour conserver leur sant?. Ainsi, j'ai connu, non comme m?decin, mais comme ami, un g?n?ral mort ? quatre-vingt-douze ans, et qui n'avait jamais ?t? arr?t? par la moindre indisposition. On peut m?me dire qu'il est mort sans <
Entre ces deux extr?mes se trouve une vari?t? infinie d'interm?diaires; et l'on peut dire qu'il n'y a pas deux personnes ayant le m?me capital biologique initial.
Cependant les diff?rences dans le capital initial ne sont pas si grandes qu'on ne puisse, tout au moins, en d?terminer les causes principales, dont l'?tude se trouve ?tre, ainsi, d'une importance majeure. Ces causes peuvent ?tre group?es sous trois chefs:
CHAPITRE II
H?R?DIT?
H?r?dit? est donc un terme de physiologie signifiant que la constitution organique, la mani?re d'?tre physique ou mentale, se transmet des parents aux enfants ou aux descendants.
L'h?r?dit? se rencontre partout; c'est elle qui constitue les grands traits de caract?re si diff?rents de chaque race; c'est elle qui fait que les vertus, les vices, les passions, les haines, se transmettent dans le sein des familles aussi bien que la beaut?, la couleur des yeux, la taille, etc. Souvent elle est directe, c'est-?-dire qu'elle provient du p?re ou de la m?re; parfois elle saute une ou deux g?n?rations; d'autres fois, enfin, elle est indirecte: c'est le type d'un parent de la ligne collat?rale qui prend la place. Mais il est rare que, dans le cours de la vie, elle ne se manifeste pas d'une mani?re quelconque.
Le r?le de l'h?r?dit? a ?t? reconnu de tout temps. Dans son langage imag?, la Bible nous dit qu'<
Telles sont les consid?rations g?n?rales qu'il m'a sembl? utile d'indiquer, parce qu'il en pourrait sortir un grand nombre de conclusions pratiques pour qui sait r?fl?chir. Mais il faut ? pr?sent que j'insiste sur quelques d?tails plus particuliers.
D'abord, l'h?r?dit? de la long?vit?.
Il est des familles o? l'on meurt vieux, de p?re en fils. On dirait des horloges remont?es pour sonner ? peu pr?s le m?me nombre d'heures. Il est d'autres familles o? tout le monde meurt jeune, sans cependant qu'on puisse incriminer des <
Notons, en passant, combien sont erron?es les th?ories qui attribuent ? l'homme moyen une long?vit? moyenne, calcul?e d'apr?s l'?poque de la soudure des ?piphyses, ou d'apr?s la dur?e de la croissance: suivant les calculs de Flourens, cette moyenne devrait ?tre de cent ans. Mais c'est l? une simple vue de l'esprit, qui ne repose sur aucune observation s?rieuse.
Certes, on peut ?tablir des moyennes. C'est sur des moyennes de ce genre, et sur le calcul des probabilit?s, que sont bas?s les statuts des compagnies d'assurance. De m?me, il n'est pas d?raisonnable de supputer la long?vit? probable d'un individu donn?, quand on est en mesure d'appr?cier son capital biologique et la fa?on dont il sait s'en servir. Mais dire que l'homme est b?ti pour vivre cent ans, parce que, dans les esp?ces animales, la long?vit? a cinq fois la dur?e de la croissance, et que, chez l'homme, la dur?e de la croissance est de vingt ans, c'est ?tablir une th?orie sur des bases absolument fragiles.
Plus importantes encore que la plus ou moins grande long?vit? des parents, sont, pour nous, certaines particularit?s de leur ?tat pathologique, qui retentissent d'une fa?on souvent tr?s profonde sur la valeur de leurs enfants.
On sait, par exemple, les influences n?fastes de l'alcoolisme h?r?ditaire, qui non seulement restreint la natalit?, mais condamne ceux qui naissent ? une mort rapide.
La syphilis ne r?duit pas la natalit?; au contraire, elle semble la favoriser, et tout le monde conna?t, en effet, de ces nombreuses familles fauch?es par la syphilis h?r?ditaire. En vain les g?n?rateurs s'obstinent ? mettre au monde de nouvelles victimes: aucune ne survit, ? moins qu'un traitement m?dical bien compris ne vienne mettre fin ? cette lamentable situation .
La syphilis est un des principaux facteurs de d?g?n?rescence. On commence seulement ? conna?tre l'?tendue de ses ravages. On sait aujourd'hui qu'elle se transmet aux enfants; qu'elle les fait mourir avant leur naissance, ou le jour m?me de leur naissance; qu'elle se traduit plus souvent encore, dans les deux premiers mois qui suivent la naissance, par des accidents contagieux; que, dans les premi?res ann?es de la vie, elle entra?ne la mort par m?ningite .
On sait aussi que, dans les cas exceptionnels, la syphilis des g?n?rateurs provoque, ? l'?ge de huit, dix, quinze ans, des dystrophies, parfois des accidents tertiaires : mais ce sont l? des curiosit?s scientifiques.
Ce qu'on ne sait pas encore, c'est dans quelle proportion la syphilis des parents diminue la valeur biologique des enfants en apparence bien n?s, c'est son influence sur les produits de la deuxi?me et m?me de la troisi?me g?n?ration. C'est l? la science de l'avenir.
L'h?r?dit? tuberculeuse est-elle aussi redoutable qu'on se plaisait ? le dire? Non. Voil?, du moins, ce qu'affirment la science exp?rimentale et l'observation des jeunes animaux issus de g?n?rateurs tuberculeux. Mais, dans la pratique, il serait sage de se conduire comme si la tuberculose ?tait h?r?ditaire: 1? parce que les enfants de tuberculeux sont, par cela m?me qu'ils vivent dans un milieu contamin?, expos?s ? la contagion; 2? parce que l'enfant, s'il n'h?rite pas do la tuberculose, h?rite incontestablement de la pr?disposition ? devenir tuberculeux. Il ne na?t pas tuberculeux, mais il na?t tuberculisable: de sorte que, au point de vue scientifique, l'appr?hension qu'avaient nos p?res au sujet de l'h?r?dit? de la tuberculose ?tait parfaitement l?gitime.
L'h?r?dit? du cancer est loin d'?tre d?montr?e. Tout est obscur dans la question du cancer: son ?tiologie, ses modes de transmission, ses vari?t?s d'?volution; et la th?rapeutique se ressent de toutes ces incertitudes, malgr? les belles promesses de la s?roth?rapie, de la vaccination anti-canc?reuse, et de la radioth?rapie.
En r?sum?, l'h?r?dit? est le principal facteur de la valeur biologique des individus. Chacun, de par son h?r?dit?, na?t avec une valeur diff?rente: l'in?vitable in?galit? sociale existe non seulement le jour de la naissance, mais le jour m?me de la conception.
Add to tbrJar First Page Next Page