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Read Ebook: Le Conscrit ou Le Retour de Crimée by Doin Ernest

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Ebook has 546 lines and 10958 words, and 11 pages

LAVALEUR.

J'crois ben, mille bombes! Et de dures, encore!.A Inkermann, surtout... C'est l? qu'?a ronflait, allez!

LEFUT?.

Vous y ?tiez, sans doute?

LAVALEUR.

J'm'en flatte et j'm'en glorifie!... Cr? coquin! quand j'y pense, y m'semble que j'y suis encore! Ah! ?a marchait!... ?a ronflait!

ROBERT.

Racontez-nous donc ?a, sergent.

LAVALEUR.

Volontiers, mon brave!... Donc, c'?tait vers le soir... nous ?tions sous nos tentes... la pluie tombait... tombait... on n'aurait pas mis un chien dehors... quand tout ? coup... le brutal...

ROBERT.

Le brutal!... qu'est-ce que c'est que ?a, que le brutal?

LAVALEUR.

Le brutal, mon gar?on, c'est le canon... c'est une mani?re de parler au rrrrr?giment... Donc, le brutal se faisait entendre... ?a marchait pas mal... c'?taient nos alli?s les Anglais qu'?taient aux prises avec les Russes, et ?a s'tapait dur... La nuit ?tait sombre et nous ne savions que dire, car nous ne connaissions pas les forces de l'ennemi... Cependant vers dix heures la fusillade ?tait comme un roulement... le canon tonnait ? toute minute; ?a commen?ait ? nous inqui?ter et surtout ? nous chatouiller!... Mais vl? qu'tout ? coup notre brave g?n?ral Bosquet arrive et nous dit: Enfants! les Anglais se font ?charper, ils ne sont pas en nombre et les Russes arrivent de tous c?t?s!... Vite! aux armes! En avant et au pas de charge!... Ah! tenez, j'crois qu'j'en danserais quand j'y pense... Nous partons une colonne, notre brave g?n?ral en t?te et j'vous laisse ? penser si nous arpentions le terrain!... Nous arrivons, il ?tait temps, les Anglais ne pouvaient plus y tenir malgr? leur courage... car les Russes ?taient trois contre un!... Aussit?t qu'? la lueur de la fusillade et des pots ? feu, on nous aper?ut, les Anglais se mettent ? crier: Voici les Fran?ais! Hourra! Vive la France!... Nous y voil?... nous tombons sur le dos des Russes ? coups de fusil, a coups de ba?onnettes! ? coups de poings! corps ? corps... ? coups de tout enfin... et vlan, pif! paf! pouf!... on leur z'y donne une rinc?e que l'diable en aurait pris les armes!... Ah! il fallait les voir s'ils prenaient le chemin d'chez eux plus vite qu'ils n'?taient venus!... Ah! mille canons de canonnades, y m'semble que j'y suis encore!

ROBERT.

Nom d'une bombe!... Dieu! que j'aurais voulu ?tre la!... Ah! sergent, vous verrez que je ne resterai pas en arri?re!... Oui, je le r?p?te, je saurai faire mon devoir de soldat!

LAVALEUR

C'est bien, mon gar?on, avec des sentiments comme ?a, tu feras ton chemin... P?lissier aime les braves et si tu te fais remarquer, sois tranquille, il ne te perdra pas de vue.

LEFUT?.

Ah! d'abord, moi, je r?ponds de Robert.

JULIEN.

Oui, car, comme je le connais, j'crois que les Russes ne lui feront pas peur.

LAVALEUR.

Et aussi, comment voulez-vous que l'on ait peur sur le champ de bataille quand vous voyez nos g?n?raux s'exposer eux-m?mes au feu de l'ennemi pour encourager nos soldats?... Et surtout, quand on voit nos aum?niers, parler ? nos braves de cette belle religion dont ils sont si fiers!... Oui, mes amis, il n'est rien de si grand, de si touchant en voyant ces braves et bons pr?tres parcourir le champ de bataille, encourager celui-ci, employant les termes de soldat avec celui-l?!... Ils sont toujours l? pr?s de vous comme une sentinelle avanc?e; on les ?coute avec plaisir!... Ah! dame! c'est qu'aussi tous nos soldats portent la m?daille de Marie, et avec elle ils se croient invuln?rables devant les balles ennemies!

LEFUT? .

Bravo! sergent, touchez l?, j'aime ? vous entendre parler ainsi de notre brave clerg? et de notre belle religion!... car, malheureusement, dans le m?tier des armes on ne trouve que trop d'incr?dules... Mais esp?rons et croyons que la France, notre belle France sera toujours victorieuse!

LAVALEUR.

Ah! mon brave, c'est le voeu de tous les bons Fran?ais... mais, moi qui vous parle, j'aime bien la France, n'est-ce pas? Eh bien! j'ai quelquefois des craintes pour l'avenir, et pourquoi?... Je vais vous le dire, dussiez-vous vous moquer du vieux soldat... En 1846, on m'a dit qu'une pr?diction avait ?t? faite par une sainte et pieuse personne, que la France ?tait menac?e d'une grande guerre qui la ruinerait, qui l'humilierait, en un mot, que notre belle patrie serait envahie par une nation ?trang?re et que cette nation serait la Prusse!... Eh bien! mes amis, si cela devait arriver, ce serait la faute aux enfants de la France, car malheureusement il faut bien se l'avouer, de pr?tendus philosophes des ?crivains immoraux lancent parmi notre brillante jeunesse, des feuilles impies, par malheur trop tol?r?es de l'autorit?!... Oui, la foi s'?teint!... Et s'il le faut!... Ah! mes braves amis, je ne vais pas plus loin... car si la France un jour est envahie par l'?tranger... c'est que la main de Dieu se sera appesantie sur elle!... Mais non!... la France est la fille a?n?e de l'Eglise et ses enfants ne se montreront pas ingrats!... Tenez, ?loignons de nous ces pens?es qui m'?teraient tout mon courage!... Allons, mes braves amis... je vous quitte, je vais faire un tour au village et je reviendrai dans quelques heures chercher nos jeunes recrues, et en avant, le sac sur le dos... Au revoir...

SC?NE 2e

LES PR?C?DENTS

LEFUT?.

Comme ?a mon cher Robert, tu es donc bien d?cid? et bien content de partir?

ROBERT.

Oui, M. Lefut?, joyeux et content!... Quel bonheur de verser son sang pour la patrie!... Quel plaisir de voir une belle et grande bataille!... Tenez, les r?cits de ce brave sergent ont doubl? mon courage.

JULIEN.

J'en connais un qui n'est pas si joyeux que toi, Robert.

LEFUT?

Ah! tu veux parler de mon filleul Criquet? Il est vrai que le pauvre gar?on fait une triste figure depuis qu'il a tir? ? la conscription et qu'il a amen? le num?ro Un!... Il ne mange plus, il ne fait que pleurer... Ma parole, ?a me fait de la peine.

ROBERT .

Mais o? est-il donc? on ne l'a pas vu de toute la matin?e... O? peut-il ?tre fourr??

MATHURIN.

Moi, j'l'ai aper?u au coin d'la barri?re du p?re Lucas; y s'tenait les deux poings sur les deux yeux et faisait des soupirs qui pouvaient s'entendre d'un quart de lieue.

JULIEN

Ce matin, en venant ici, je l'ai aussi rencontr?, comme dit Mathurin; je lui ai parl?, mais il n'y avait pas moyen de le comprendre, les sanglots lui brisaient la respiration; ma foi, si ?a continue, le pauvre Criquet en mourra de douleur, je crois.

MATHURIN .

Mais... mais... quel est ce bruit que j'entends l?-bas?

ROBERT .

Eh! par ma foi, je ne me trompe pas... c'est lui... c'est Criquet... Ah! quel dr?le de figure et comme il est affubl?!... Venez donc, les amis... venez donc!... Ah! ah! ah! ah!

SC?NE 3e

LES PR?C?DENTS, .

CRIQUET .

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