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Read Ebook: Correspondance 1812-1876 — Tome 4 by Sand George

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Ebook has 1349 lines and 93472 words, and 27 pages

GEORGE SAND

CORRESPONDANCE

PARIS

CALMANN L?VY, ?DITEUR ANCIENNE MAISON MICHEL L?VY FR?RES 3, RUE AUBER, 3

CCCLXX

A MADAME AUGUSTINE DE BERTHOLDI, A VARSOVIE

Nohant, 3 janvier 1854.

Ma ch?re mignonne, je re?ois ta lettre de nouvel an; j'?tais bien s?re que tu penserais ? moi, et je t'embrasse mille fois, en te souhaitant aussi tous les biens de ce monde, les vrais: le bonheur domestique, les bons amis, et un peu d'aisance en travaillant. Je vois que, pour le moment, tu vis comme une reine, au milieu des g?teries d'une excellente et charmante famille. Je te vois courant en tra?neau, emmaillot?e de fourrures princi?res et croyant r?ver. Je vois aussi M. George ?carquillant les yeux devant son arbre de No?l. Je te dirai que cette f?te, perdue en France, s'est conserv?e ? la Ch?tre; ce qui prouve encore une fois que le Berry est la cro?te aux traditions. Nini, qui est avec moi depuis mon retour de Paris, a ?t? invit?e ? passer les f?tes de No?l chez Ang?le, qui a un joli gar?on du m?me ?ge que Nini, un George aussi, qu'elle a adopt? pour son petit mari et dont elle est positivement folle. Elle a donc vu l'arbre merveilleux et elle ne tarit pas sur ce chapitre.

Oui, j'avais re?u ta lettre ? Paris, ma ch?re fille, et mon retard ? te r?pondre est tout de ma faute: j'ai quitt? Paris si enrhum?e, que j'en ?tais imb?cile. Arriv?e ici, j'ai travaill?, jardin? et si bien rempli mon temps, que, fatigu?e le soir d'avoir ?crit ou pioch? la terre toute la journ?e, j'allais me coucher, remettant mes lettres au lendemain.

Mes enfants sont encore avec moi pour quelques jours, et je pense que Solange remm?nera Nini, qui est devenue charmante, sauf quelques caprices. Elle est si dr?le, qu'on la g?te malgr? soi. Nous avons bien pens? ? toi, ch?re fille, en nous embrassant tous. Aussi suis-je charg?e de mille embrassades pour toi; mais je pense qu'on ne me laissera pas fermer ma lettre sans te les offrir directement. Notre petit Lambert n'est pas l?, malheureusement, lui qui est le plus spirituel de la soci?t?.

Bonsoir, mon enfant ch?ri. J'embrasse Georget sur ses grosses joues roses et je le charge d'embrasser pour moi les beaux enfants de Marie.

Donne-moi souvent de tes nouvelles, et sois s?re qu'on t'aime ici de loin comme de pr?s.

Belle-soeur de madame de Bertholdi.

A M. VICTOR BORIE, A PARIS

Nohant, 16 janvier 1854

Mon cher gros,

Je sais que Solange t'avait ?crit une lettre de folies au jour de l'an. Si je ne m'en suis pas m?l?e, c'est qu'en d?pit de l'arriv?e et de la pr?sence de mes enfants, j'avais le coeur triste. Nous avons perdu, en effet, le meilleur de notre groupe d'amis; le plus d?vou?, le plus g?n?reux, le plus actif Berrichon qui ait exist?, je crois.

Je n'ai pas de nouvelles de l'affaire du pauvre Defressine. Demande ? M. Bixio si le prince s'en occupe et s'il y peut quelque chose.

Tu nous avais promis, de par ta science agricole et ?conomique, que le bl? n'augmenterait pas. Il augmente affreusement et il y a beaucoup de mis?re ici. Heureusement, le froid n'a pas persist?; car nous ?tions au bout de nos fagots, et les pauvres faisaient triste mine. Le bois augmente toujours et, qui pis est, il est rare. Nous sommes oblig?s d'en abattre pour nous chauffer et de le br?ler vert.

Voyons, je m'imaginais, que, depuis que tu faisais dans un journal savant, nous n'allions plus manger que des ananas et des oranges; que le vin allait pousser sur les tuiles des toits et le pain tout cuit dans les champs. Je vois bien que tu es un gros paresseux et que tu laisses tout aller ? la diable.

Aucante, que j'attendais hier pour mettre sa lettre dans la mienne, me dit ce soir qu'il t'a r?pondu au sujet des livres: ainsi je n'ai plus ? te parler que de tes chutes, qui me paraissent trop multipli?es, et je commence ? craindre une d?molition. T?che donc de faire vite fortune, afin d'aller toujours en voiture, et surtout de venir nous voir.

A MAURICE SAND, A PARIS

Nohant, 31 janvier 1854.

Cher enfant,

Tu m'en ?cris bien court! J'esp?re que tu te portes bien et que tu t'amuses, et tu sais, au reste, que j'aime mieux trois lignes que rien.

Moi, je ne te dis pas grand'chose non plus, parce que je ne fais rien que tu ne saches par coeur, et que ma vie est si uniforme, si semblable tous les jours ? la veille, que tu peux te dire, ? toutes les heures, ce qui se passe ? Nohant, et de quoi je m'occupe.

Nous avons ?t? voir la com?die bourgeoise pour les pauvres, ? la Ch?tre. C'est trop mauvais. Duvernet et Eug?nie sont directeurs de cette troupe. ?a ne leur fait pas honneur.

Il pleut depuis deux jours; jusque-l?, il a fait beau et chaud le jour, froid la nuit, ce qui constitue un hiver excellent. Le jardinier a plant?, dans un carr? du jardin, un verger magnifique. Patureau est revenu planter sa vigne, qui sera aussi un mod?le de vigne. Il y a ?mulation. Nini dit toutes les b?tises du monde et se porte comme un charme.

Auguste le charpentier, qui est sorcier et pileux de chiens, s'est rendu, par une nuit noire, chez Millochau, ? la pri?re de ce dernier, pour piler son chien. La nuit ?tait si noire, qu'Auguste passa ? quatre pattes sur le pont pour ne pas se noyer, dit-il; mais cela faisait peut-?tre bien partie de la conjuration, il ne l'avoue pas. Le chien avait trois ou quatre jours. Il ne faut pas qu'il ait vu clair quand on le soumet ? l'op?ration, on le met dans un mortier et on le pile avec un pilon. Auguste dit qu'on ne lui fait pas grand mal; mais je crois bien qu'il le broie et que, par son art, il le ressuscite. Tout en le pilant, il lui dit trois fois cette formule:

Mon bon chien, je te pile. Tu ne conna?tras ni voisin ni voisine. Hormis moi qui te pile.>>

Je t'envoie une lettre pour Dumas. T?che qu'il la re?oive en personne, car je crains pour les cinquante francs que je lui ai adress?s. Il y a un d?sordre affreux, je crois, dans son administration.

AU M?ME

Nohant, 19 f?vrier 1854.

Mon cher enfant,

Je me demande comment vous avez pu arranger votre th??tre, plus petit que celui d'ici, pour ?tre vu de tant de spectateurs. Il est vrai que ton atelier est en longueur.

Je vas tout ? fait bien, sans cependant pouvoir rouler ma t?te entre mes ?paules comme celle d'Arlequin. C'est un exercice qui m'est bien d?fendu pour quelque temps encore, et je n'ose pas me remettre ? jardiner avant qu'il fasse beau. Ce manque de mouvement m'?coeure un peu. Mais je travaille. J'ai repris ma pi?ce d'un bout ? l'autre, et j'ai bon espoir.

AU M?ME

Nohant, 11 mars 1854.

A M. ARMAND BARB?S, A BELLE-ISLE EN MER

Nohant, 3 juin 1854.

Dans l'impossibilit? de s'?crire ? coeur ouvert, de se parler des choses de la vie et de la famille, on peut au moins s'envoyer un mot de temps en temps, et celui-ci est pour vous dire que mon affection est inalt?rable, comme ma muette pr?occupation incessante et fid?le.

J'ai de vos nouvelles de plusieurs c?t?s, je sais que votre ?me est in?branlable et votre coeur toujours calme et g?n?reux. Je pense ? vous quand je pense ? Dieu, qui vous aime, c'est vous dire que j'y pense souvent.

GEORGE SAND.

A SON ALTESSE LE PRINCE NAPOL?ON , A PARIS

Nohant, 16 juillet 1854.

Mon cher prince,

Vous m'avez dit de vous ?crire, je n'ose pas trop, vous devez avoir si peu le temps de lire! Mais voil? deux lignes pour vous dire que je vous aime toujours et que je pense ? vous plus que vous ne pouvez penser ? moi. C'est tout simple, vous agissez et nous regardons. Vous ?tes dans la fi?vre de la vie, et nous sommes dans le recueillement de l'attente.

On m'?crit de Belle-Isle, et vous devinez bien qui: <>

Il y a l?, dans les fers, une ?me de h?ros qui prie comme moi tout na?vement, et avec qui je suis fi?re d'?tre d'accord.

Mais nous sommes malheureux comme les pierres, de ne rien savoir que par des journaux auxquels on ne peut se fier, et d'attendre souvent si longtemps des nouvelles contradictoires. Quoi qu'il arrive, je ne peux pas ne pas esp?rer. Je ne peux pas me persuader que les Russes nous battront jamais. Ni vous non plus, n'est-ce pas?

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