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Read Ebook: Quatre contes de Prosper Mérimée by M Rim E Prosper Pushkin Aleksandr Sergeevich Contributor Van Steenderen Frederic Cornelius Leonard Editor

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Ebook has 373 lines and 25907 words, and 8 pages

--Bonjour, petit cousin, dit-il ? Fortunato en l'abordant; comme te voil? grandi! As-tu vu passer un homme tout ? l'heure?

--Oh! je ne suis pas encore si grand que vous, mon cousin, r?pondit l'enfant d'un air niais.

--Cela viendra. Mais n'as-tu pas vu passer un homme, dis-moi?

--Si j'ai vu passer un homme?

--Oui, un homme avec un bonnet pointu en velours noir, et une veste brod?e de rouge et de jaune?

--Un homme avec un bonnet pointu, et une veste brod?e de rouge et de jaune?

--Oui, r?ponds vite, et ne r?p?te pas mes questions.

--Ce matin, M. le cur? est pass? devant notre porte, sur son cheval Piero. Il m'a demand? comment papa se portait, et je lui ai r?pondu...

--Ah! petit dr?le, tu fais le malin! Dis-moi vite par o? est pass? Gianetto, car c'est lui que nous cherchons; et, j'en suis certain, il a pris par ce sentier.

--Qui sait?

--Qui sait? C'est moi qui sais que tu l'as vu.

--Est-ce qu'on voit les passants quand on dort?

--Tu ne dormais pas, vaurien; les coups de fusil t'ont r?veill?.

--Vous croyez donc, mon cousin, que vos fusils font tant de bruit? L'escopette de mon p?re en fait bien davantage.

--Que le diable te confonde, maudit garnement! Je suis bien s?r que tu as vu le Gianetto. Peut-?tre m?me l'as-tu cach?. Allons, camarades, entrez dans cette maison, et voyez si notre homme n'y est pas. Il n'allait plus que d'une patte, et il a trop de bon sens, le coquin, pour avoir cherch? ? gagner le maquis en clopinant. D'ailleurs, les traces de sang s'arr?tent ici.

--Et que dira papa? demanda Fortunato en ricanant; que dira-t-il s'il sait qu'on est entr? dans sa maison pendant qu'il ?tait sorti?

--Vaurien! dit l'adjudant Gamba en le prenant par l'oreille, sais-tu qu'il ne tient qu'? moi de te faire changer de note? Peut-?tre qu'en te donnant une vingtaine de coups de plat de sabre tu parleras enfin.

Et Fortunato ricanait toujours.

--Mon p?re est Mateo Falcone! dit-il avec emphase.

--Sais-tu bien, petit dr?le, que je puis t'emmener ? Corte ou ? Bastia? Je te ferai coucher dans un cachot, sur la paille, les fers aux pieds, et je te ferai guillotiner si tu ne dis o? est Gianetto Sanpiero.

L'enfant ?clata de rire ? cette ridicule menace. Il r?p?ta:

--Mon p?re est Mateo Falcone.

--Adjudant, dit tout bas un des voltigeurs, ne nous brouillons pas avec Mateo.

Gamba paraissait ?videmment embarrass?. Il causait ? voix basse avec ses soldats, qui avaient d?j? visit? toute la maison. Ce n'?tait pas une op?ration fort longue, car la cabane d'un Corse ne consiste qu'en une seule pi?ce carr?e. L'ameublement se compose d'une table, de bancs, de coffres et d'ustensiles de chasse ou de m?nage. Cependant le petit Fortunato caressait sa chatte, et semblait jouir malignement de la confusion des voltigeurs et de son cousin.

Un soldat s'approcha du tas de foin. Il vit la chatte, et donna un coup de ba?onnette dans le foin avec n?gligence, et en haussant les ?paules, comme s'il sentait que sa pr?caution ?tait ridicule. Rien ne remua; et le visage de l'enfant ne trahit pas la plus l?g?re ?motion.

L'adjudant et sa troupe se donnaient au diable; d?j? ils regardaient s?rieusement du c?t? de la plaine, comme dispos?s ? s'en retourner par o? ils ?taient venus, quand leur chef, convaincu que les menaces ne produiraient aucune impression sur le fils de Falcone, voulut faire un dernier effort et tenter le pouvoir des caresses et des pr?sents.

--Petit cousin, dit-il, tu me parais un gaillard bien ?veill?! Tu iras loin. Mais tu joues un vilain jeu avec moi; et, si je ne craignais de faire de la peine ? mon cousin Mateo, le diable m'emporte! je t'emm?nerais avec moi.

--Bah!

--Mais, quand mon cousin sera revenu, je lui conterai l'affaire, et, pour ta peine d'avoir menti il te donnera le fouet jusqu'au sang.

--Savoir?

--Tu verras... Mais, tiens... sois brave gar?on, et je te donnerai quelque chose.

--Moi, mon cousin, je vous donnerai un avis: c'est que, si vous tardez davantage, le Gianetto sera dans le maquis, et alors il faudra plus d'un luron comme vous pour aller l'y chercher.

L'adjudant tira de sa poche une montre d'argent qui valait bien dix ?cus; et, remarquant que les yeux du petit Fortunato ?tincelaient en la regardant, il lui dit en tenant la montre suspendue au bout de sa cha?ne d'acier:

--Fripon! tu voudrais bien avoir une montre comme celle-ci suspendue ? ton col, et tu te prom?nerais dans les rues de Porto-Vecchio, fier comme un paon; et les gens te demanderaient: "Quelle heure est-il?" et tu leur dirais: "Regardez ? ma montre."

--Quand je serai grand, mon oncle le caporal me donnera une montre.

--Oui; mais le fils de ton oncle en a d?j? une... pas aussi belle que celle-ci, ? la v?rit?... Cependant il est plus jeune que toi.

L'enfant soupira.

--Eh bien, la veux-tu cette montre, petit cousin?

Fortunato, lorgnant la montre du coin de l'oeil, ressemblait ? un chat ? qui l'on pr?sente un poulet tout entier. Comme il sent qu'on se moque de lui, il n'ose y porter la griffe, et de temps en temps il d?tourne les yeux pour ne pas s'exposer ? succomber ? la tentation; mais il se l?che les babines ? tout moment, et il a l'air de dire ? son ma?tre: "Que votre plaisanterie est cruelle!"

Cependant l'adjudant Gamba semblait de bonne foi en pr?sentant sa montre. Fortunato n'avan?a pas la main; mais il lui dit avec un sourire amer:

--Pourquoi vous moquez-vous de moi?

--Par Dieu! je ne me moque pas. Dis-moi seulement o? est Gianetto, et cette montre est ? toi.

Fortunato laissa ?chapper un sourire d'incr?dulit?; et, fixant ses yeux noirs sur ceux de l'adjudant, il s'effor?ait d'y lire la foi qu'il devait avoir en ses paroles.

--Que je perde mon ?paulette, s'?cria l'adjudant, si je ne te donne pas la montre ? cette condition! Les camarades sont t?moins; et je ne puis m'en d?dire.

En parlant ainsi, il approchait toujours la montre, tant, qu'elle touchait presque la joue p?le de l'enfant. Celui-ci montrait bien sur sa figure le combat que se livraient en son ?me la convoitise et le respect d? ? l'hospitalit?. Sa poitrine nue se soulevait avec force, et il semblait pr?s d'?touffer. Cependant la montre oscillait, tournait, et quelquefois lui heurtait le bout du nez. Enfin, peu ? peu, sa main droite s'?leva vers la montre: le bout de ses doigts la toucha; et elle pesait tout enti?re dans sa main sans que l'adjudant l?ch?t pourtant le bout de la cha?ne... Le cadran ?tait azur?... la bo?te nouvellement fourbie..., au soleil, elle paraissait toute de feu... La tentation ?tait trop forte.

Fortunato ?leva aussi sa main gauche, et indiqua du pouce, par-dessus son ?paule, le tas de foin auquel il ?tait adoss?. L'adjudant le comprit aussit?t. Il abandonna l'extr?mit? de la cha?ne; Fortunato se sentit seul possesseur de la montre. Il se leva avec l'agilit? d'un daim, et s'?loigna de dix pas du tas de foin, que les voltigeurs se mirent aussit?t ? culbuter.

On ne tarda pas ? voir le foin s'agiter; et un homme sanglant, le poignard ? la main, en sortit; mais, comme il essayait de se lever en pied, sa blessure refroidie ne lui permit plus de se tenir debout. Il tomba. L'adjudant se jeta sur lui et lui arracha son stylet. Aussit?t on le garrotta fortement, malgr? sa r?sistance.

Gianetto, couch? par terre et li? comme un fagot, tourna la t?te vers Fortunato qui s'?tait rapproch?.

--Fils de...! lui dit-il avec plus de m?pris que de col?re.

L'enfant lui jeta la pi?ce d'argent qu'il en avait re?ue, sentant qu'il avait cess? de la m?riter; mais le proscrit n'eut pas l'air de faire attention ? ce mouvement. Il dit avec beaucoup de sang-froid ? l'adjudant:

--Mon cher Gamba, je ne puis marcher; vous allez ?tre oblig? de me porter ? la ville.

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