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Read Ebook: Le vieux muet ou Un héros de Châteauguay by Caouette J B Jean Baptiste

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Ebook has 2676 lines and 83346 words, and 54 pages

La mar?e est haute, et l'onde perfide que dore la lumi?re ?clatante du soleil, d?roule mollement ses plis en modulant sa chanson monotone et reposante.

Quelques jeunes gens bien d?lur?s s'agitent sur le rivage. Ils gesticulent et parlent tous ? la fois. On les dirait sur des charbons ardents.

--Tiens! voil? Joachim B?dard! s'?crie l'un d'eux, en jetant son chapeau en l'air.

--Hourra! hourra! font les autres, en entourant le nouveau venu.

--Que me voulez-vous donc? demande Joachim B?dard, ?tonn? et ahuri.

--Ce que nous te voulons, cher petit Joachim, reprend Pitre Verret, le plus bavard de la bande, c'est que tu nous pr?tes ta chaloupe pour aller faire un tour sur cette charmante nappe d'eau, et, va sans dire, que tu viennes avec nous, mon petit coeur! Puis, sans lui donner le temps de r?pondre, il continue: <>

--Oui, oui! approuvent las autres lurons, d?sireux de se signaler aux regards, autant que de naviguer.

--C'est bien! fait Joachim B?dard; allons-y!

--Moi, je vous conseille de ne pas y aller! dit, sur un ton autoritaire et pr?tentieux, un petit vieillard nerveux qui interrogeait le firmament.

--Pourquoi cela, p?re Latourelle? demande Joachim B?dard.

--Parce que nous allons avoir un grain accompagn? d'?clairs et de tonnerre, et je vous assure qu'il est dangereux de s'aventurer sur l'eau.

--N'ayez pas peur, p?re Latourelle, r?pond Joachim B?dard, nous ne nous exposerons point. Du reste, nous avons bon bras et bon oeil, que diable!

--Jeunes gens! r?plique le vieillard, en ?levant la voix, je vous r?p?te que vous feriez mieux de rester ici. Je suis un vieux marin, moi, et je vous dis que nous allons avoir une bourrasque terrible.

--Nous serons prudents, p?re Latourelle, reprennent les jeunes ?tourdis en sautant dans l'embarcation.

Un! deux! trois! commande celui qui parait le chef de la bande. Et les rames, mani?es par douze bras vigoureux, impriment ? la chaloupe un ?lan qui l'?loign? rapidement da rivage.

Lorsqu'ils ont atteint le milieu de la rivi?re, Joachim B?dard, le commandant, invite Pitre Verret, le premier t?nor du choeur de l'orgue, ? chanter une chanson.

Le doux printemps se l?ve, Riche comme un beau r?ve: Partons, amis, partons, L'hirondelle l?g?re Ne rase pas la terre: Les vents nous seront bons.

Refrain

Vogue, vogue, ma balancelle; Chantez, gais matelots; Que votre voix se m?le Aux murmures des flots .

A l'horizon de brume. Le V?suve qui fume Promet Naple aujourd'hui . Dans cette ville heureuse, La vie est gracieuse Comme un jardin fleuri

Refrain

Vogue vogue ma balancelle; Chantez, gais matelots; Que votre voix se m?le Aux murmures des flots .

Quand la nuit tend ses voiles Sous ce beau ciel d'?toiles, Le gai Napolitain . Chante la s?r?nade, Puis sous la colonnade S'endort priant un saint .

Refrain

Vogue vogue, ma balancelle; Chantez, gais matelots; Que votre voix se m?le Aux murmures des flots .

Des applaudissements fr?n?tiques, s'?levant du rivage, saluent les derni?res notes ?gren?es dans l'air par la voix superbe et sonore de Pitre Verret.

Le p?re Latourelle, en secouant la cendre de sa pipe, dit ? ses voisins: <>.

En parlant, le p?re Latourelle, montrait du doigt un gros nuage noir, qui, pareil ? un drap mortuaire, d?roulait ? l'horizon ses plis frang?s.

Le vent, un vent br?lant, commen?ait ? agiter faiblement la surface de l'eau; et l'oreille percevait d?j? un bruit vague qui ressemblait ? un roulement de tambour: c'?tait le tonnerre qui mettait d'accord les sons de sa sinistre et m?le voix.

Mais notre artiste, gris? par les applaudissements, chante, chante toujours. Et ses compagnons, ivres de joie et de libert?, continuent ? jouer de la pagaie et de la rame, sans m?me soup?onner l'approche de la temp?te. Pourtant, s'ils dirigeaient leurs regards vers le nord, ils verraient maintenant plusieurs nuages se rapprocher pour ne former bient?t qu'un seul et immense rideau dont l'un des coins menace d'obscurcir le soleil!

Verret en est ? sa dixi?me chanson, et il chante avec une verve endiabl?e:

C'est l'aviron Qui nous m?ne, Qui nous monte! C'est l'aviron Qui nous monte En haut!

quand, soudain, le vent s'?l?ve avec une rage ?pouvantable; un long serpent de feu d?chire la nue et la foudre ?clate!

--Au rivage! s'?crient tous les rameurs.

Un nouvel ?clair sillonne le firmament et la pluie, une pluie torrentielle, se met ? tomber!

Les rameurs essayent, mais vainement, de diriger leur embarcation vers la ville.

La frayeur s'ajoutant ? l'inexp?rience, paralyse leurs membres, et la chaloupe, mal gouvern?e, danse comme une coquille au gr? du vent et des flots!

De la rive, les gens suivent cette sc?ne avec effroi; les parents des jeunes rameurs crient ? fendre l'?me, et, cependant, personne n'ose aller au secours des malheureux!...

Le p?re Latourelle, plus ?nerv? que jamais, casse sa pipe en maugr?ant:

--Ah! les imprudents! les ?tourdis! je leur ai bien dit qu'il leur arriverait malheur...

Au m?me moment, et comme si le ciel voulait r?aliser ce sombre pr?sage, un coup de vent terrible fait chavirer la chaloupe, et les six jeunes gens sont lanc?s dans les flots!

Quatre des malheureux r?ussissent ? se cramponner ? l'embarcation, mais B?dard et Verret en sont trop ?loign?s pour pouvoir la saisir.

B?dard, qui est un habile nageur, se maintient ? la surface de l'eau, tandis que Verret, ignorant la natation, disparait pour ne plus repara?tre....

Tout ? coup, du rivage, retentit cette clameur presque joyeuse:

Le vieux muet! le vieux muet!

En effet, notre h?ros, sortant on ne sait d'o?, accoure, suivi de son chien.

Avec la souplesse d'un jeune homme, il saute dans un canot, et, apr?s s'?tre sign?, rame dans la direction des naufrag?s.

Il est vraiment beau de voir s'?lancer, t?te nue, sous le feu des ?clairs, ce brave colosse qui risque sa vie pour sauver celle de ses semblables!

Mais c'est une t?che d'une ex?cution quasi impossible que cet homme vient de s'imposer! Car le vent, soufflant dans la direction du sud, repousse le canot ? mesure qu'il avance!

Les vagues s'?l?vent ? une hauteur effrayante, et quand le canot arrive ? leur cr?te, on dirait qu'il va sombrer dans le gouffre!

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