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Read Ebook: Jeanne la Fileuse: Épisode de l'Émigration Franco-Canadienne aux États-Unis by Beaugrand Honor

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Ebook has 777 lines and 61424 words, and 16 pages

Jeanne la Fileuse

?pisode de l'?migration Franco-Canadienne aux ?tats-Unis

Par H. Beaugrand

PR?FACE

Le gouvernement de la province de Qu?bec a promis de faire de nouveaux efforts pour enrayer la marche de l'?migration qui d?peuple les campagnes du Canada fran?ais, au profit des centres industriels des ?tats de la Nouvelle-Angleterre.

Les essais d'une administration pr?c?dente, en 1878-1879, bas?s sur des informations superficielles ou erron?es, ont malheureusement ?chou?, et les d?penses faites sont rest?es absolument infructueuses. Le flot d'?migration a persist? et plusieurs de nos plus riches campagnes ont gravement souffert de cet exode qui est le r?sultat ?vident d'une fausse situation ?conomique.

Les centres franco-canadiens aux ?tats-Unis ont augment? en nombre et en importance, et il est ? peine un ?tat, une ville ou un village, de la Nouvelle-Angleterre qui ne compte aujourd'hui des Canadiens fran?ais comme d?put?s, conseillers municipaux, avocats, notaires, m?decins, marchands, etc.

Nos compatriotes sont devenus, tout en restant fran?ais de coeur et de sympathies, citoyens de la r?publique am?ricaine et leur influence politique va grandissant chaque jour chez nos voisins, qui ont appris ? les conna?tre et ? appr?cier leurs solides qualit?s.

Cette question de l'?migration est devenue de plus en plus complexe, et nous avons h?te de voir le gouvernement actuel ? l'oeuvre, afin d'observer les r?sultats de sa politique de rapatriement.

Rien n'a ?t? chang? dans la deuxi?me ?dition de ce travail, qui reste ce qu'il ?tait en 1878. La premi?re ?dition ?tait ?puis?e, et l'auteur, convaincu que ce qui ?tait d?plorable il y a dix ans, l'est davantage aujourd'hui, a cru de son devoir de contribuer ? tenir l'opinion publique en ?veil, sur les d?sastreuses cons?quences d'une politique de laisser faire et d'indiff?rence de la part de ceux qui sont charg?s de veiller au progr?s et ? l'avancement de la race fran?aise, sur les bords du Saint-Laurent.

PR?FACE

DE LA PREMI?RE ?DITION

C'est pourquoi je m'empresse de d?clarer que je n'ai eu qu'un but, en le publiant: celui de r?tablir la v?rit?, tout en d?fendant l'honneur et le bon nom de mes compatriotes ?migr?s.

<>

Les ?v?nements ont amplement prouv?, depuis, que j'avais raison: le rapatriement a ?t? une affaire manqu?e. On avait pris pour point de d?part des exag?rations ridicules et des rapports fantaisistes fabriqu?s pour produire une commis?ration qui n'avait aucune raison d'?tre, et l'on a fait fausse route.

J'ai essay?, dans la mesure de mes humbles capacit?s, de r?tablir la v?rit? sur ce sujet important, et comme je l'ai dit plus haut, c'est l? l'unique but de ce travail.

Ai-je r?ussi? C'est au public intelligent ? en juger.

J'ai cru devoir adopter la forme populaire du roman, afin d'int?resser la classe ouvri?re qui forme aux ?tats-Unis la presque totalit? de mes lecteurs, mais je me suis efforc?, en m?me temps, de faire une peinture fid?le des moeurs et des habitudes de nos compatriotes ?migr?s. J'ai introduit en outre, dans mon ouvrage, quelques statistiques qui ne sauraient manquer d'int?resser ceux qui s'occupent des questions d'?migration et de rapatriement.

Je donne ces explications afin que l'on ne soit pas trop s?v?re ? mon ?gard, si j'ai quelques fois sacrifi? l'?l?gance du langage au d?sir de me faire comprendre des classes ouvri?res qui ne lisent encore que bien peu.

Qu'on me permette, en dernier lieu, de dire un mot des difficult?s que j'ai rencontr?es pour l'ex?cution typographique de ce volume. Forc? de le confier ? des imprimeurs am?ricains qui ne connaissaient pas un mot de fran?ais, il m'a fallu en surveiller personnellement tous les d?tails, et malgr? tous mes efforts, des incorrections se sont gliss?es en plusieurs endroits. ?crit au jour le jour, publi? en feuilleton et mis en page imm?diatement, sans ?tre r?vis?, cet ouvrage a droit ? l'indulgence que l'on accorde g?n?ralement aux articles de journaux.

C'est ce que je demande de la bienveillance du lecteur.

PREMI?RE PARTIE

Les campagnes du Canada

Lavaltrie

Assis dans mon canot d'?corce Prompt comme la fl?che ou le vent, Seul, je brave toute la force Des rapides du Saint-Laurent.

En descendant le Saint-Laurent, ? dix lieues plus bas que Montr?al, on voit gracieusement assis sur la rive gauche du grand fleuve, un joli village ? l'aspect incontestablement normand.

Le fleuve, s?par? quelques milles plus haut par l'?le Saint-Sulpice, se rejoint ici, et s'?largissant tout ? coup, fait de Lavaltrie une pointe couverte de sapins centenaires qui forment un des sites les plus pittoresques du Canada fran?ais.

? quelques arpents du rivage, un petit ?lot o? le gouvernement a depuis quelques ann?es plac? un phare, ajoute ses bords verdoyants au tableau enchanteur qui ?blouit les regards de tout amateur des beaut?s de la nature.

De l'autre c?t? du fleuve, ? une lieue ? peu pr?s, on d?couvre le village de Contrecoeur, rendu ? jamais historique par le nom et les brillants exploits de ses fondateurs.

On voit plus bas, en suivant toujours le cours du Saint-Laurent, le clocher lointain de Lanoraie, village aussi c?l?bre par les luttes continuelles que ses habitants eurent ? soutenir contre les f?roces Iroquois.

On ?tait ? la mi-juin 1872. ? ?gale distance, entre les ?glises de Lavaltrie et de Lanoraie, un canot mont? par six hommes refoulait lentement le courant du fleuve. La lassitude qui se lisait visiblement sur les traits bronz?s des voyageurs, t?moignait d'une longue route; leurs bras appesantis ne manoeuvraient qu'avec peine les avirons qui, d'ordinaire, leur paraissaient si l?gers.

? l'arri?re du canot, et ?videmment charg? de conduire l'embarcation, un jeune homme de 20 ? 22 ans tenait avec habilet? l'aviron qui lui servait de gouvernail.

Son v?tement, moiti? fran?ais moiti? indien, d?notait cependant chez lui de certaines pr?tentions ? l'?l?gance, car ses gu?tres brod?es de graines de verroterie multicolore d?montraient qu'une main de femme avait pass? par l?. D'une figure mobile et passionn?e, il ?tait facile de voir, dans tous ses mouvements, la sup?riorit? de l'intelligence et l'habitude du commandement.

Ses compagnons, v?tus de vareuses en flanelle rouge ou bleue, portaient de larges ceinturons en cuir, o? brillait l'ins?parable couteau du voyageur canadien.

Le jeune homme s'adressant ? celui qui, ? l'avant du canot, semblait en servir de guide.

--Oh?! Hervieux chante nous donc un de tes vieux refrains de chantier; nous t'aiderons en choeur, et la route nous semblera moins longue.

--Oui, oui! une chanson, Hervieux, r?p?t?rent ? l'unisson les autres voyageurs.

L'individu ? qui s'adressaient ces paroles, se redressa avec un certain orgueil, et d?posant avec soin, une vieille pipe culott?e au fond du canot, il entonna d'une voie de stentor les couplets suivants dont ses compagnons redirent le refrain:

Mon p?re n'avait fille que moi, Canot d'?corce qui va voler. Et dessus la mer il m'envoie; Canot d'?corce qui vole, qui vole, Canot d'?corce qui va voler.

Et dessus la mer il m'envoie, Canot d'?corce qui va voler. Le marinier qui me menait; Canot d'?corce qui vole, qui vole, Canot d'?corce qui va voler.

Le marinier qui me menait, Canot d'?corce qui va voler. Me dit ma belle embrassez-moi Canot d'?corce qui vole, qui vole, Canot d'?corce qui va voler.

Me dit ma belle embrassez-moi, Canot d'?corce qui va voler. Non, non, Monsieur, je ne saurais; Canot d'?corce qui vole, qui vole, Canot d'?corce qui va voler.

Non, non, monsieur, je ne saurais, Canot d'?corce qui va voler. Car si mon papa le savait; Canot d'?corce qui vole, qui vole, Canot d'?corce qui va voler.

Car si mon papa le savait, Canot d'?corce qui va voler. C'est bien s?r qu'il me battrait Canot d'?corce qui vole, qui vole, Canot d'?corce qui va voler.

Les ?chos du rivage r?p?taient la sauvage m?lodie de ce chant primitif et les fermi?res abandonnaient pour un instant les travaux du m?nage, pour ?couter le chant des <>. Les enfants suspendaient leurs jeux, et les jeunes filles joignaient leurs voix cristallines au refrain qui leur arrivait port? par la brise du soir.

Le canot glissa plus vite sur la surface polie du Saint-Laurent et se trouva bient?t en face du village de Lavaltrie. Apr?s avoir mis leur embarcation en s?ret?, les voyageurs se dirig?rent vers les lumi?res qui brillaient ? travers les sapins, car il commen?ait ? faire nuit.

Les voyageurs

Au fond de la for?t on entend de la hache Les coups retentissants, sinistres, r?guliers, Puis on entend g?mir le grand pin qui s'arrache, Et tombe en ?crasant un rival ? ses pieds.

Vous souvient-il, lecteur, des <> du bon vieux temps?

De ce temps, o? nos p?res et nos grands-p?res partaient chaque automne, aussi r?guli?rement que l'hirondelle voyageuse, pour aller s'enfoncer dans les for?ts vierges de l'Outaouais et de la Gatineau.

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