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Read Ebook: D'Alembert by Bertrand Joseph

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Ebook has 631 lines and 49790 words, and 13 pages

On discutait sur les limites de l'observance due ? la cour de Rome: s'?tend-elle aux questions de fait? Le probl?me, comme au temps de Pascal, avait deux solutions oppos?es, ?videntes chacune pour ceux qui l'adoptaient. Pour se faire une id?e de l'acharnement des partis, il faut les laisser parler.

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C'est sur ce ton que, par des milliers de pamphlets se r?pondant comme les voix d'un choeur d'anath?mes, les partis, pendant un quart de si?cle, se maudissent, se d?chirent et s'insultent. Pour ceux qui prendraient int?r?t au fond, ils sont rares aujourd'hui, il serait malais? de les instruire. Pour voir ce venin si bien cach? et comprendre ces subtiles distinctions, il faut regarder de pr?s et avoir de bons yeux.

Quand Dieu veut sauver l'?me, en tout temps, en tout lieu, L'in?vitable effet suit le vouloir de Dieu.

L'innocence de ces deux vers semble ?galer leur platitude. C'est une dangereuse erreur: ils contiennent deux h?r?sies condamn?es par la bulle.

Dans les miracles accomplis sur le tombeau d'un appelant, le bienheureux P?ris, les j?suites n'accordaient aucun sujet de triomphe ? leurs adversaires.

Il fallait avant tout d?finir le mot miracle. Comment esp?rer sans cela une argumentation solide? Un miracle, disaient-ils, doit ?tre instantan? et complet. Tout ce qui vient de Dieu a d'abord sa perfection. Ses oeuvres sont achev?es suivant la force du terme. C'est une v?rit? dont Mo?se nous est garant. Quelque chose que Dieu fasse, il est impossible, dit le Sage, d'y ajouter ou d'en retrancher.

Oserait-on pr?tendre qu'il est impossible d'ajouter ? une gu?rison imparfaite? Elle n'est donc pas l'oeuvre de Dieu.

Satan, le p?re du mensonge, qui remue le ciel et la terre pour susciter des ennemis ? Dieu parmi les hommes, ne peut-il pas aussi faire des miracles? On n'en peut pas chr?tiennement douter. Les mal?fices sont constants, les histoires en sont remplies, les confessions des malfaiteurs en font foi, les arr?ts des cours souveraines le confirment. Mais le d?mon n'a pas la toute-puissance, il essaye, il t?tonne, il s'y reprend ? plusieurs fois. Entre sa folle malice et la sage bont? de Dieu, la distinction devient facile.

A ces preuves en apparence si solides on opposait l'?vidence des faits.

La premi?re oeuvre de Dieu a ?t? la production du chaos, et la terre fut d'abord sans beaut?, afin que l'on appr?t que toute cr?ature ne devient parfaite qu'? mesure que Dieu l'enrichit.

Cette th?orie d'ailleurs suppose ce qui est en question.

Les maladies du corps sont l'image des maladies de l'?me, c'est-?-dire des p?ch?s; les gu?risons miraculeuses que Dieu op?re des maladies du corps sont l'image de celles qu'il op?re dans nos ?mes.

La cons?quence est ?vidente: Dieu quelquefois convertit un p?cheur en un moment par un coup extraordinaire de sa gr?ce, mais cela arrive aussi rarement dans cette lie des si?cles, qu'il arrivait fr?quemment dans l'?glise naissante.

Dans les efforts que fait un p?cheur pour rompre ses liens et ses mauvaises habitudes, l'?me souffre des esp?ces de convulsions dont celles des corps malades dans le cimeti?re de Saint-M?dard ne sont aujourd'hui que l'image.

Le p?re Quesnel a dit:

<>; et l?-dessus les deux partis triomphaient, car cette maxime, accept?e par les appelants et favorable aux miracles lentement accomplis, est la quatre-vingt-huiti?me proposition condamn?e par la bulle.

Les miracles du d?mon sont des crimes. Ceux qui en profitent m?ritent la mort, et la responsabilit? s'?tend fort loin.

Toute la post?rit? d'Aman fut pendue comme lui, et les enfants des accusateurs de Daniel furent jet?s avec eux dans la fosse aux lions.

La peine est port?e plus loin parmi les Chinois: les mandarins sont d?pos?s en m?me temps que leurs parents sont punis lorsqu'il se consomme quelque grand crime, comme quand les enfants ont dit des injures ? leurs p?res. Sur ce pied, la punition des convulsionnaires irait bien loin, puisque leur ?tat criminel est injurieux ? Dieu, le p?re de tous les chr?tiens.

Cartouche est un honn?te homme, un fort honn?te homme, en un mot un homme irr?prochable, et ceux qui en jugent autrement sont oblig?s en conscience d'abjurer le p?re Quesnel ou de faire r?paration ? Cartouche. Pourquoi le bl?mer? Pouvait-il, si la gr?ce lui a manqu?, se d?fendre des crimes dont il ?tait tent?? car les commandements sont impossibles ? qui les transgresse.

Le diacre P?ris, interdit comme appelant de la bulle au futur concile, vivait saintement et souffrait sans se plaindre: le parti le canonisait. Le bon diacre consacrait aux bonnes oeuvres une fortune sup?rieure ? ses besoins. Sa conscience timor?e se reprochait chaque jour des faiblesses qu'il ?tait seul ? apercevoir.

Un pr?tre du dioc?se d'Orl?ans s'?tait rendu c?l?bre par son humeur frondeuse et son caract?re difficile. Il avait dans plusieurs paroisses apport? la discorde et le trouble; suspect, de plus, de jans?nisme et condamn? par son ?v?que, il ?tait tomb? dans la pauvret?. Le bon diacre lui offrit l'hospitalit? avec l'injonction formelle de tout observer dans la maison et d'?tudier, sans craindre l'indiscr?tion, les imperfections et les p?ch?s de son h?te. P?ris couchait sans draps et vivait de l?gumes. En ?change de cette maigre ch?re, la t?che impos?e ? son surveillant ?tait facile. Le saint homme p?chait rarement. La situation ?tait celle de Machavoine chez Chiffonet. Le d?nouement fut le m?me; un jour vint o? le diacre, ? bout de patience, s'?cria: <>

Les livres jans?nistes pr?t?s ? d'Alembert contenaient peu d'histoires de ce genre; il s'en d?go?ta bien vite. Pendant ses ?tudes de m?decine comme ? l'?cole de droit, d'Alembert s'exer?ait aux math?matiques. Les le?ons ?l?mentaires re?ues au coll?ge ?taient excellentes, et un souvenir reconnaissant est d? ? son ma?tre M. Caron.

Les amis de d'Alembert, regardant, non sans raison, les math?matiques comme un mauvais instrument de fortune, eurent assez d'influence pour le d?cider ? se s?parer pour un temps de ses livres de science. Il les porta chez un ami, chez Diderot peut-?tre. La m?decine restait sa seule ?tude, mais la g?om?trie, quoi qu'il f?t, le divertissait sans cesse. Les probl?mes troublaient son repos. Impatient de toute contrainte, m?me volontaire, d'Alembert, chaque fois qu'une difficult? l'arr?tait, allait chercher un des volumes. Ils revinrent tous dans sa petite chambre. La maladie ?tait sans rem?de: il l'accepta comme un bonheur. La m?decine fut abandonn?e; les probl?mes, r?solus sans scrupule, furent discut?s avec pers?v?rance. D'Alembert, ? l'?ge de vingt ans, avait, sans rien r?ver de plus pour l'avenir, la modeste ambition de devenir un grand g?om?tre.

CHAPITRE II

D'ALEMBERT ET L'ACAD?MIE DES SCIENCES

D'Alembert, vers la fin de sa vie, songeant ? ses premiers travaux, ?crivait avec ?motion: <>

Cette ma?tresse, quoique souvent n?glig?e, ne l'a jamais trahi. Le temps pendant lequel des succ?s sans ?clat couronnaient des travaux sans ambition fut pour lui le plus heureux et le plus regrett?. Sous le modeste toit de celle qui lui servait de m?re, il trouvait la tranquillit? n?cessaire ? ses profondes recherches. En se r?veillant dans sa petite chambre mal a?r?e, et de laquelle on voyait trois aunes de ciel, il songeait avec joie ? la recherche commenc?e la veille et qui allait remplir sa matin?e, au plaisir qu'il allait go?ter le soir au spectacle, et, dans les entr'actes des pi?ces, au plaisir plus grand encore que lui promettait le travail du lendemain. Le monde--je veux dire les soci?t?s brillantes dans lesquelles d'Alembert devait ?tre bient?t recherch? et admir? ?tait pour lui sans attrait; il ne le connaissait ni ne le d?sirait.

Quelques amis, dont quelques-uns devinrent c?l?bres ou illustres, formaient sa soci?t? habituelle. Le profond g?om?tre ?tait cit? comme le plus gai, le plus plaisant, le plus aimable de tous.

La premi?re communication de d'Alembert ? l'Acad?mie des sciences est du 19 juillet 1739; elle est insignifiante. Il propose une remarque relative ? un passage d'un livre classique alors, l'analyse d?montr?e du p?re Reyneau. Tout lecteur attentif pouvait l'?crire sans travail en marge de son exemplaire. Clairaut, nomm? rapporteur, loua avec bienveillance le jeune g?om?tre de vingt et un ans pour son exactitude et son z?le.

Un an apr?s, en 1740, d'Alembert aborde la m?canique des fluides. Il vise trop haut cette fois, et les plus habiles aujourd'hui, malgr? les progr?s ou, pour mieux dire, ? cause des progr?s de la science, reculeraient devant les difficult?s qu'il accumule. Il ?tudie la r?fraction d'un corps solide lanc? obliquement dans un liquide. Clairaut, sans affirmer l'exactitude de la solution, y signale beaucoup de savoir et y loue beaucoup d'habilet?.

Trois m?moires nouveaux, que d'Alembert n'a pas jug?s dignes, non plus que les pr?c?dents, de figurer dans ses opuscules imprim?s, confirm?rent l'opinion tr?s favorable qu'il avait su d?s le premier jour donner de ses talents.

La promotion de Lemonnier laissait vacante une place d'adjoint: d'Alembert la demanda. L'Acad?mie nomma l'abb? de Gua. Vaincu une troisi?me fois par l'astronome Lacaille, le jeune candidat fut enfin nomm?, le 17 mars 1742, adjoint pour la section d'astronomie. Il ?tait ?g? de vingt-quatre ans.

L'extr?me jeunesse des candidats propos?s au choix du roi pourrait surprendre. Lemonnier, pr?f?r? ? d'Alembert lors de sa premi?re candidature, ?tait entr? ? l'Acad?mie ? l'?ge de vingt et un ans, Clairaut ? dix-huit ans; Lacaille, ?g? de vingt-huit ans, ?tait un candidat d?j? m?r.

Les savants pour lesquels aujourd'hui les portes de l'Acad?mie s'ouvrent avant leur trenti?me ann?e sont fort rares. L'avantage accord? ? nos anciens ne r?v?le ni des g?nies plus pr?coces, ni des efforts plus heureux, ni des luttes moins difficiles. Les jeunes savants, admis autrefois comme adjoints ou m?me comme associ?s de l'Acad?mie, ne porteraient pas aujourd'hui le nom de membres. Ils avaient le droit d'assister aux s?ances et d'y demander la parole: rien de plus; ils ne votaient pas dans les ?lections. Les pensionnaires, seuls pensionn?s comme l'indique leur nom, se partageaient les jetons de pr?sence. L'?tude des proc?s-verbaux suffirait pour fournir une de ces preuves dont l'histoire souvent doit se contenter. En relevant pour plusieurs ann?es le nombre des signatures, j'ai trouv?, pour toutes, les pensionnaires plus exacts que leurs jeunes confr?res. La cons?quence est ?vidente; la probabilit? ne peut se calculer, mais la vraisemblance n'est pas contestable.

En r?alit?, les adjoints louchaient les jetons de pr?sence, qui ?taient de deux francs, dans un cas seulement, celui de l'enterrement d'un confr?re.

D'Alembert fut promu en 1746 au rang d'associ? g?om?tre. On lit sur les registres, ? la date du 26 f?vrier 1746:

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Deux pages plus loin:

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D'Alembert, par une faveur sp?ciale et fort rare, avait obtenu en 1745, ?tant encore adjoint, une pension de 500 livres sur les fonds de l'Acad?mie.

Le 7 avril 1756, d'Alembert figure encore parmi les associ?s. Le 10 avril 1756, sans qu'aucune mention soit faite d'une nomination, il est inscrit au nombre des pensionnaires.

Le 8 mai 1756, le comte d'Argenson ?crit:

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M. de Parcieux est nomm?.

C'est seulement en 1765 que d'Alembert, plus de vingt ans apr?s son entr?e ? l'Acad?mie, ?changea le titre de pensionnaire surnum?raire pour celui de pensionnaire titulaire, et fut enfin mis en possession de tous les avantages et de tous les droits accord?s aux membres de l'Acad?mie des sciences.

Le trait? de dynamique de d'Alembert, publi? en 1743, pla?a imm?diatement son auteur au nombre des premiers g?om?tres de l'Europe. La mati?re, difficile et nouvelle, ?tait trait?e de main de ma?tre. Le livre de d'Alembert, aujourd'hui rarement consult?, fait ?poque dans l'histoire de la m?canique. Lagrange, un demi-si?cle plus tard, ?crivant avec ?l?gance et profondeur l'histoire de la science qu'il transformait de nouveau, dit en parlant du livre de d'Alembert:

Dans le discours pr?liminaire qui pr?c?de le trait? de m?canique, apparaissent pour la premi?re fois quelques-unes des qualit?s qui devaient appeler si souvent d'Alembert loin du th??tre de ses premiers succ?s. On rencontre d?j? l'?crivain habile et le philosophe hardi qui ose aborder les questions les plus hautes, discutant le degr? de certitude de toute v?rit? accept?e.

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