Read Ebook: Voyages en France pendant les années 1787 1788 1789 by Young Arthur
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Ebook has 457 lines and 113377 words, and 10 pages
Les voyageurs, m?me de ces derniers temps, parlent beaucoup de l'int?r?t remarquable que prennent les Fran?ais ? ce qui concerne leurs rois, montrant par la vivacit? de leur attention non seulement de la curiosit?, mais de l'amour. O?, comment et chez qui l'ont-ils d?couvert? C'est ce que j'ignore. -- Il doit y avoir de l'inexactitude, ou bien le peuple a chang?, dans ce peu d'ann?es, au del? de ce qu'on peut croire.
D?n? ? Paris; le soir, la duchesse de Liancourt, qui para?t ?tre la meilleure des femmes, m'a men? ? l'Op?ra, ? Saint-Cloud, o? nous avons aussi visit? le palais que la reine fait b?tir; il est grand, mais je trouve beaucoup ? redire dans la fa?ade. -- 20 milles.
Le 28. -- Ma jument ?tant assez remise pour supporter le voyage, point essentiel pour un aussi pauvre ?cuyer que moi, j'ai quitt? Paris avec le comte de Larochefoucauld et mon ami Lazowski, et me suis mis en chemin pour traverser tout le royaume jusqu'aux Pyr?n?es. La route d'Orl?ans est une des plus importantes de celles qui partent de Paris; j'esp?rais, en cons?quence, que ma pr?c?dente impression du peu d'animation des environs de cette ville serait effac?e; elle s'est au contraire confirm?e: c'est un d?sert, compar? aux approches de Londres.
Pendant dix milles nous n'avons pas rencontr? une diligence; rien que deux messageries et des chaises de poste en petit nombre; pas la dixi?me partie de ce que nous aurions trouv? pr?s de Londres ? la m?me heure.
Connaissant la grandeur, la richesse et l'importance de Paris, ce fait m'embarrasse beaucoup. S'il se confirmait plus tard, il y aurait abondance de conclusions ? en tirer.
Pendant quelques milles on voit de tous c?t?s des carri?res, dont on extrait la pierre au moyen de grandes roues. La campagne est vari?e; il y faudrait une rivi?re pour la rendre plus agr?able aux yeux. On a, en g?n?ral, des bois en vue; la proportion du territoire fran?ais, couvert par cette production en l'absence de charbon de terre, doit ?tre consid?rable, car elle est la m?me depuis Calais. ? Arpajon, petit ch?teau du duc de Mouchy, rien ne le recommande ? l'attention. -- 20 milles.
Le 29. -- Contr?e plate jusqu'? ?tampes, le commencement du fameux Pays de Beauce. Jusqu'? Toury, chemin plat et ennuyeux, deux ou trois maisons de campagne en vue, seulement. -- 31 milles.
Le 30. -- Plaine unie, sans cl?tures, sans int?r?t et m?me ennuyeuse, quoique l'on ait partout en vue des villages et de petites villes; on ne trouve pas r?unis les ?l?ments d'un paysage. Ce Pays de Beauce renferme, selon sa r?putation, la fine fleur de l'agriculture fran?aise; sol excellent, mais partout des jach?res. Pass? ? travers la for?t d'Orl?ans, propri?t? du duc de ce nom, c'est une des plus grandes de France.
Le 31. En la quittant, on entre dans la mis?rable province de Sologne, que les ?crivains fran?ais appellent la triste Sologne. Les gel?es de printemps ont ?t? fortes partout dans le pays, car les feuilles de noyers sont noires et br?l?es. Je ne me serais pas attendu ? ce signe certain d'un mauvais climat de l'autre c?t? de la Loire; la Fert?-Lowendahl, plateau graveleux couvert de bruy?res. Les pauvres gens qui cultivent ici sont m?tayers, c'est- ?-dire que, n'ayant pas de capital, ils re?oivent du propri?taire le b?tail et la semence, et partagent avec lui le produit; mis?rable syst?me qui perp?tue la pauvret? et emp?che l'instruction.
Rencontr? un homme employ? sur le chemin, qui est rest? quatre ans prisonnier ? Falmouth; il ne semble pas garder rancune aux Anglais, bien qu'il n'ait pas ?t? satisfait de la fa?on dont on l'avait trait?. Le ch?teau de la Fert?, appartenant au marquis de Coix, est tr?s beau; on y trouve de nombreux canaux, de l'eau en abondance. ? Nonant-le-Fuzellier, singulier m?lange de sables et de flaques d'eau; cl?tures nombreuses, maisons et chaumi?res en bois, ? murs d'argile ou de briques, couvertes, non pas en ardoises, mais en tuiles, quelques-unes en bardeaux, comme dans le Suffolk; rang?es de t?tards dans les haies, excellente route, sol sableux. L'aspect g?n?ral du pays est bois?; tout concourt ? produire une ressemblance frappante avec plusieurs parties de l'Angleterre; mais la culture en est si diff?rente, que la moindre attention suffit ? d?truire cette apparence. -- 27 milles.
Le 1er Juin. -- M?me pays malheureux jusqu'? la Loge; les champs trahissent une agriculture pitoyable, les maisons la mis?re. Cependant le sol serait susceptible de grandes am?liorations, si l'on savait s'y prendre; mais c'est peut-?tre la propri?t? de quelques-uns de ces ?tres brillants qui figuraient dans la c?r?monie de l'autre jour ? Versailles. Que Dieu m'accorde de la patience quand j'aurai ? rencontrer des pays aussi abandonn?s, et qu'il me pardonne les mal?dictions qui m'?chappent contre l'absence ou l'ignorance de leurs possesseurs. Entr? dans la g?n?ralit? de Bourges et bient?t apr?s dans une for?t de ch?nes, appartenant au comte d'Artois; les arbres se couronnent avant d'atteindre une taille convenable. Ici finit la Sologne pauvre. Le premier aspect de Verson et de ses alentours est tr?s beau: une vall?e majestueuse s'ouvre ? vos pieds; le Cheere la suit, et l'oeil le retrouve plusieurs fois pendant quelques lieues; un soleil brillant faisait resplendir ses eaux comme une cha?ne de lacs sous les ombrages d'une vaste for?t. On aper?oit Bourges sur la gauche. -- 18 milles.
Le 2. -- Pass? le Cher et la Lave. Ponts bien construits; belles rivi?res formant, avec les bois, les maisons, les bateaux, les collines adjacentes, une sc?ne anim?e.
Vierzon. -- Plusieurs maisons neuves, ?difices en belle pierre; la ville semble florissante et doit sans doute beaucoup ? la navigation. Nous sommes actuellement en Berry, pays gouvern? par une assembl?e provinciale; par cons?quent, les routes sont bonnes et faites sans corv?es.
La petite ville de Vatan s'occupe surtout de filature. Nous y avons bu d'excellent vin de Sancerre, g?n?reux, haut en couleur, d'une saveur riche, ? 20 sous la bouteille; dans la campagne, il n'en co?te que 10. Horizon ?tendu aux approches de Ch?teauroux. Vu les manufactures. -- 40 milles.
Le 3. -- Nous sommes tomb?s, ? environ 3 milles d'Argenton, sur un paysage admirable, malgr? sa s?v?rit?: c'est une vall?e ?troite entre deux rangs de collines bois?es, se resserrant, de fa?on ? ?tre embrass?es d'un coup d'oeil, pas un acre de sol uni, sauf le fond, que sillonne une petite rivi?re baignant les murs d'un vieux ch?teau plac? ? droite, de fa?on pittoresque; ? gauche une tour s'?l?ve au-dessus des bois.
Argenton. -- J'ai gravi les rochers qui surplombent la ville, et une sc?ne d?licieuse s'est offerte ? mes regards: la vall?e, qui a 1/2 mille de large, 2 ou 3 de long, ferm?e, ? l'une de ses extr?mit?s, par des collines, ? l'autre par Argenton et les vignes qui l'entourent, pr?sente des traits assez abruptes pour former un ensemble pittoresque; dans le fond, la rivi?re serpente gracieusement au milieu d'innombrables enclos d'une charmante verdure.
Les v?n?rables ruines d'un ch?teau, situ?es pr?s du spectateur, sont bien faites pour ?veiller les r?flexions sur le triomphe des arts de la paix sur les ravages barbares des ?ges f?odaux, alors que chacune des classes de la soci?t? ?tait plong?e dans le d?sordre, et les rangs inf?rieurs dans un esclavage pire que celui de nos jours.
De Vierzon ? Argenton, plaine unie et sem?e de bruy?res. Pas d'apparence de population, les villes m?mes sont distantes. Pauvre culture, gens mis?rables. Par ce que j'ai pu voir, je les crois honn?tes et industrieux; ils paraissent propres, sont polis et ont bonne fa?on. Je pense qu'ils am?lioreraient volontiers leur pays, si la soci?t? dont ils font partie ?tait r?gl?e par des principes tendant ? la prosp?rit? nationale. -- 18 milles.
Le 4 -- Travers? une suite d'enclos, qui auraient eu meilleure apparence si les ch?nes n'avaient perdu leurs feuilles, par suite des ravages d'insectes dont les toiles pendent encore sur leurs bourgeons. Il en repousse de nouvelles. Travers? un cours d'eau qui s?pare le Berry de la Marche; on voit aussit?t para?tre les ch?taigniers; ils s'?tendent sur les champs, et donnent la nourriture du pauvre.
De beaux bois, des accidents de terrain, mais peu de signes de population. On voit aussi des l?zards pour la premi?re fois. Il semble y avoir une corr?lation entre le climat, les ch?taigniers et ces innocents animaux. Ils sont tr?s nombreux, quelques-uns ont pr?s d'un pied de long. Couch? ? la Ville-au-Brun. -- 24 milles.
La campagne devient plus belle. Pass? un vallon o? les eaux d'un petit ruisseau, retenues par une chauss?e, forment un lac, principal ornement de ce tableau d?licieux. Ses rives ondul?es et les ?minences couvertes de bois sont pittoresques; de chaque c?t?, les collines sont en harmonie; l'une d'elles, couverte maintenant de bruy?res, peut se transformer en une pelouse pour l'oeil proph?tique du go?t. Rien ne manque, pour faire un jardin charmant, qu'un peu de soin.
Pendant seize milles, le pays est de beaucoup le plus beau que j'aie vu en France. Bien clos, bien bois?; le feuillage ombreux des ch?taigniers donne aux collines une ?clatante verdure, comme les prairies arros?es la donnent aux vall?es. Des cha?nes de montagnes lointaines forment l'arri?re-plan du tableau dont elles rehaussent l'int?r?t. La pente qui m?ne ? Bassines offre une superbe vue; et, ? l'approche de la ville, le paysage pr?sente un m?lange capricieux de rochers, de bois et d'eaux.
Le long de notre route vers Limoges, nous avons rencontr? un second lac artificiel entre deux collines; puis des hauteurs plus sauvages coup?es de jolis vallons; un autre lac plus beau que le pr?c?dent, avec une belle ceinture de bois; nous avons ensuite pass? une montagne rev?tue d'un taillis de ch?taigniers, d'o? se d?couvrait un horizon comme je n'en avais pas encore vu, soit en France, soit en Angleterre, tr?s accident?, tout couvert de for?ts, et bord? de montagnes ?loign?es. Pas une trace d'habitation humaine; ni village, ni maison, ni hutte, pas m?me une fum?e indiquant la pr?sence de l'homme; sc?ne vraiment am?ricaine, o? il ne manquait que le tomahawk du sauvage. Halte ? une ex?crable auberge, appel?e Maison-Rouge, o? nous projetions de passer la nuit; mais, apr?s examen, les apparences furent jug?es si repoussantes, et il nous vint de la cuisine un rapport si mis?rable, que nous repr?mes le chemin de Limoges. La route, pendant tout ce trajet, est vraiment superbe, bien au del? de ce que j'ai vu en France ou autre part. -- 44 milles.
Le 6. -- Visit? Limoges et ses manufactures. C'?tait certainement une station romaine, et il y reste encore quelques traces de son antiquit?. Elle est mal b?tie, les rues sont ?troites et tortueuses, les maisons hautes et d'un aspect d?sagr?able; les gros murs sont en granit ou en bois, rev?tus avec des lattes et du pl?tre, ce qui ?pargne la chaux article tr?s cher ici, car on l'am?ne de douze lieues de distance; toits garnis de tuiles, tr?s avanc?s et presque plats; preuve certaine que nous sommes hors de la r?gion des neiges.
Le plus bel ?difice public est une fontaine dont l'eau, amen?e de trois quarts de lieue par un aqueduc vo?t?, passe ? soixante pieds sous un rocher pour arriver ? l'endroit le plus ?lev? de la ville, d'o? elle tombe dans un bassin de quinze pieds de diam?tre, taill? dans un seul bloc de granit; de l? elle se rend dans des r?servoirs garnis d'?cluses, que l'on ouvre pour l'arrosage des rues ou en cas d'incendie.
L'antique cath?drale est en pierre; on y voit des arabesques sculpt?es avec autant de l?g?ret?, de d?licatesse, d'?l?gance, que ce que fait l'orgueil des maisons modernes d?cor?es dans le m?me style.
L'archev?que actuel s'est b?ti un grand et beau palais, et son jardin est la chose la plus remarquable de Limoges, car il domine un paysage dont la beaut? a peu d'?gales; ce serait perdre son temps d'en donner d'autre description que juste ce qu'il faut pour engager les autres voyageurs ? le voir. La rivi?re serpente dans une vall?e entour?e de coteaux, qui pr?sentent l'assemblage le plus anim? et le plus riant de villas, de fermes, de vignes, de prairies en pente, de ch?taigneraies, s'harmonisant avec un tel bonheur, qu'il en r?sulte un spectacle vraiment d?licieux. Cet ?v?que est un ami de la famille du comte de Larochefoucauld; il nous invita ? d?ner et nous re?ut largement.
Lord Macartney, amen? en France apr?s la prise des Grenadines, passa quelque temps avec lui: il y eut un exemple de politesse fran?aise ? l'?gard de Sa Seigneurie, qui montre l'urbanit? de ce peuple: l'ordre ?tait venu de la Cour de chanter le Te Deum, juste le jour o? lord Macartney devait arriver. Sentant ce que des d?monstrations de joie publique, pour une victoire qui avait enlev? sa libert? ? cet h?te distingu?, auraient de p?nible pour lui, l'?v?que proposa ? l'intendant de remettre la c?r?monie ? quelques jours plus tard, afin qu'elle ne le surpr?t point ? l'improviste; ce que fut convenu, et fait ensuite de mani?re ? montrer autant d'attention pour les sentiments de lord Macartney que pour les leurs propres. L'?v?que me dit que lord Macartney parlait mieux fran?ais qu'il ne l'aurait cru possible ? un ?tranger, s'il ne l'avait entendu; mieux que beaucoup de Fran?ais bien ?lev?s.
La place d'intendant ici a ?t? illustr?e par un ami de l'humanit?, Turgot, dont la r?putation, bien gagn?e dans cette province, le fit mettre ? la t?te des finances du royaume, comme on le peut voir dans son int?ressante biographie, ?crite par le marquis de Condorcet avec autant d'exactitude que d'?l?gance. La renomm?e laiss?e ici par Turgot est consid?rable. Les magnifiques chemins que nous avons suivis, si fort au-dessus de tout ce que j'ai vu en France, comptent parmi ses bonnes oeuvres; on leur doit bien ce nom, car il n'y employa pas les corv?es. Le m?me patriote ?minent a fond? une soci?t? d'agriculture; mais dans cette direction, o? les efforts de la France ont presque toujours ?t? malheureux, il n'a rien pu faire, des abus trop enracin?s lui barraient le chemin. Comme dans les autres soci?t?s, on s'assemble, on fait la conversation, on offre des prix et on publie des sottises. Il n'y a pas grand mal ? cela; le peuple, ne sachant pas lire, est bien loin de consulter les m?moires qu'on ?crit. Il peut voir cependant, et si une ferme lui ?tait pr?sent?e digne d'?tre imit?e, il pourrait apprendre. Je demandai, entre autres choses, si les membres de cette soci?t? avaient des terres, d'o? l'on p?t juger s'ils connaissaient eux-m?mes ce dont ils parlaient; on m'en assura, cependant la conversation m'?claira bient?t l?-dessus. Ils ont des m?tairies autour de leurs maisons de campagne, et se consid?rent comme faisant valoir, se faisant justement un m?rite de ce qui est la mal?diction et la ruine du pays. Dans toutes mes conversations sur l'agriculture depuis Orl?ans, je n'ai pas trouv? une personne qui sent?t le mal d?rivant de ce mode de fermage.
Le 7. -- Les ch?taigneraies cessent une lieue avant Pierre- Buffi?re, parce que, dit-on, le sol est un granit tr?s dur; on ajoute aussi ? Limoges que sur ce granit il ne vient ni vignes, ni bl?, ni ch?taignes, bien que ces plantes prosp?rent quand il se d?sagr?ge; il est vrai que le granit et les ch?taignes nous apparurent ? la fois ? notre entr?e dans le Limousin. La route est incomparable, et ressemble plut?t aux all?es bien tenues d'un jardin qu'? un grand chemin ordinaire. Vu pour la premi?re fois de vieilles tours; elles semblent nombreuses dans ce pays. -- 33 milles.
Le 8. -- Spectacle extraordinaire pour l'oeil d'un Anglais: plusieurs b?timents, trop bien construits pour m?riter le nom de chaumi?res, n'ont pas une vitre. ? quelques milles sur la droite se trouve Pompadour, haras royal; il y a des chevaux de toutes races, mais principalement des arabes, des turcs et des anglais. Il y a trois ans, on importa quatre ?talons arabes co?tant soixante-douze mille livres . Le prix d'une saillie n'est que de trois livres, au b?n?fice du palefrenier; les propri?taires peuvent vendre leurs poulains comme ils l'entendent, mais lorsque ceux-ci atteignent la taille voulue, les officiers du roi jouissent d'un privil?ge, pourvu qu'ils donnent le prix offert par d'autres. On ne monte pas ces chevaux avant six ans. Ils p?turent tout le jour; la nuit on les renferme par crainte des loups, une des grandes plaies du pays. Un cheval de six ans, haut de quatre pieds six pouces, se vend soixante-dix liv. st.; on a offert quinze liv. st. d'un poulain d'un an. Pass? Uzarche; d?n? ? Douzenac; entre cet endroit et Brives, rencontr? le premier champ de ma?s ou bl? de Turquie.
La beaut? du pays, dans les 34 milles qui s?parent Saint-Georges de Brives, est si vari?e, et sous tous les rapports si frappante et de tant d'int?r?t, que je n'entreprendrai pas une description minutieuse; je remarquerai seulement, d'une mani?re g?n?rale, que je doute qu'il y ait en Angleterre ou en Irlande quelque chose de comparable. Ce n'est pas que, dans le Royaume-Uni, une belle vue ne rompe ?? et l? l'uniformit? ennuyeuse de tout un district, et ne r?compense le voyageur; mais il n'y a pas cette rapide succession de paysages, dont bon nombre seraient fameux en Angleterre par la foule de curieux qu'ils attireraient. Le pays est tout en collines et en vall?es; les collines sont tr?s hautes, elles seraient chez nous des montagnes si elles ?taient d?sertes et rev?tues de bruy?res; la culture, qui s'?tend jusqu'au sommet, les amoindrit ? l'oeil. Leurs formes sont tr?s vari?es: elles se renflent en d?mes superbes; elles se dressent en masses abruptes, enserrant des gorges profondes ; elles s'?tendent en amphith??tres de cultures que l'oeil suit de gradin en gradin; ? de certains endroits se trouvent amoncel?es mille et mille in?galit?s de terrain; dans d'autres, la vue se repose sur des tableaux de la plus douce verdure. Ajoutez ? ceci le riche v?tement de ch?taigneraies que la main prodigue de la nature a jet? sur les pentes. Soit que les vall?es ouvrent leur sein verdoyant pour que le soleil y fasse resplendir les rivi?res qui s'y reposent, soit qu'elles se resserrent en sombres gorges, livrant ? peine passage aux eaux qui roulent sur leurs lits de rochers, ?blouissant l'oeil de l'?clat des cascades, toujours le paysage est rempli d'int?r?t et de caract?re. Des vues, d'une beaut? singuli?re, nous rivaient au sol; celle de la ville d'Uzarche, couvrant une montagne conique surgissant du milieu d'un amphith??tre de for?ts, les pieds baign?s par une magnifique rivi?re, n'a point d'?gale en son genre. Derry y ressemble, mais les traits les plus beaux lui manquent. De la ville elle-m?me, et un peu apr?s l'avoir pass?e, on jouit de d?licieuses sc?nes form?es par les eaux. ? la descente de Douzenac, on a ?galement un horizon immense et magnifique. Il faut y joindre le plus beau chemin du monde, parfaitement construit, parfaitement tenu: on n'y voit pas plus de poussi?re, de sable, de pierres, d'in?galit?s que dans l'all?e d'un jardin; solide, uni, form? de granit broy?, trac? toujours tellement de fa?on ? dominer le paysage, que si l'ing?nieur n'avait pas eu d'autre but, il ne l'e?t pas fait avec un go?t plus accompli.
La vue de Brives, prise des hauteurs, est si attrayante, que l'on s'attend ? trouver une charmante petite ville; l'animation des alentours confirme cet espoir; mais en entrant le contraste est tel, qu'il vous en d?go?te enti?rement. Les rues ?troites, mal b?ties, tortueuses, sales, puantes, emp?chent le soleil et presque l'air de p?n?trer dans les habitations; il faut en excepter quelques-unes sur la promenade. -- 34 milles.
Le 9. -- Nous entrons dans une nouvelle province, le Quercy, partie de la Guyenne; elle n'est pas, ? beaucoup pr?s, si belle que le Limousin, mais en revanche, elle est beaucoup mieux cultiv?e, gr?ce au ma?s qui y fait merveilles. Pass? devant Noailles; sur le sommet d'une haute colline, on voit le ch?teau du duc de ce nom. Nous avons quitt? le granit pour le calcaire, et perdu du m?me coup les ch?taigniers.
En descendant ? Souillac, on jouit d'une vue qui doit plaire ? tout le monde: c'est une ?chapp?e sur un d?licieux petit vallon, encaiss? entre des collines tr?s abruptes; de sauvages montagnes font ressortir la beaut? de la plaine couverte de cultures, ombrag?e ?? et l? de noyers. Rien ne semble pouvoir surpasser l'exub?rance de ce fonds.
Souillac est une petite ville florissante, qui compte quelques gros n?gociants. Par la Dordogne, rivi?re navigable huit mois de l'ann?e, on re?oit du merrain d'Auvergne qu'on exporte ? Bordeaux et Libourne, ainsi que du vin, du bl? et du b?tail; on importe du sel en grande quantit?. Impossible pour une imagination anglaise de se figurer les animaux qui nous servirent ? l'h?tel du Chapeau- rouge: des ?tres appel?s femmes par la courtoisie des habitants de Souillac, en r?alit? des tas de fumier ambulants. Mais ce serait en vain qu'on chercherait en France une servante d'auberge proprement mise. -- 34 milles. Le 10. -- Pass? la Dordogne sur un bac, parfaitement arrang? aux deux extr?mit?s pour l'entr?e et la sortie des chevaux, sans qu'on soit oblig?, comme en Angleterre, de les battre outrageusement pour les d?cider ? y sauter: le contraste des prix n'est pas moindre; pour un whisky anglais, un cabriolet fran?ais, un cheval de selle et six personnes, nous ne pay?mes que 50 sous . En Angleterre, sur ces ex?crables bacs, j'ai pay? une demi-couronne par roue, et au grand risque de rompre les jambes des chevaux. La rivi?re coule dans une vall?e tr?s profonde entre deux rangs de collines ?lev?es: la vue qui s'?tend loin, rencontre partout des villages ou des habitations isol?es; l'apparence d'une nombreuse population. Les ch?taigniers viennent ici sur le calcaire, contrairement ? la maxime limousine.
Pass? Payrac, rencontr? beaucoup de mendiants, ce qui ne m'?tait pas encore arriv?. Partout le pays, filles et femmes n'ont ni bas, ni souliers; les hommes ? la charrue n'ont ni sabots, ni bas ? leurs pieds. Cette pauvret? frappe ? sa racine la prosp?rit? nationale, la consommation du pauvre ?tant d'une bien autre importance que celle du riche: la richesse d'un peuple consiste dans la circulation int?rieure et sa propre consommation; on doit donc regarder comme un mal des plus funestes, que les produits des manufactures de lainage et de cuir soient hors de la port?e des classes pauvres. Cela nous rappelle la mis?re de l'Irlande. Travers? Pont-de-Rodez et gagn? un terrain ?lev?, d'o? nous jouissons d'un immense panorama de cha?nes de montagnes, de collines, de pentes douces, de vall?es, s'?chelonnant l'une derri?re l'autre dans toutes les directions; peu de bois, mais de nombreux arbres diss?min?s. On embrasse distinctement au moins quarante milles, sur lesquels pas un acre n'est de niveau; le soleil, sur le point de se coucher, en ?clairait une partie et montrait un grand nombre de villages et de fermes ?parses. Les monts d'Auvergne, ? une distance de cent milles, ajoutaient ? l'effet.
Pass? pr?s de plusieurs chaumi?res, fort bien b?ties en pierre et couvertes en tuiles ou ardoises, cependant sans vitres aux fen?tres: y a-t-il apparence qu'un pays soit florissant quand la pr?occupation principale est d'?viter la consommation des objets manufactur?s? Un autre signe de mis?re que je remarque, pendant tout le chemin, depuis Calais jusqu'ici, ce sont ces femmes qui vont ramasser dans leur tablier de l'herbe pour leurs vaches. -- 30 milles.
Le 11. -- Vu pour la premi?re fois les Pyr?n?es, ? la distance de 150 milles. -- Pour moi qui n'avais aper?u de montagnes qu'? 60 ou 70 milles au plus, j'entends celles de Wicklow, au sortir d'Holyhead, le coup d'oeil ?tait int?ressant. L'oeil, en qu?te de nouveaux objets, finissait toujours par se reposer l?. Leur grandeur, leurs cimes neigeuses, les deux royaumes qu'elles partagent, le but de notre voyage que nous savions y trouver, rendent bon compte de cet effet. Vers Cahors, le pays change et prend un aspect sauvage; cependant partout on voit des maisons, et un tiers des terres est en vignes.
Ville laide; les rues ne sont ni larges ni droites; la nouvelle route est une am?lioration. Le principal objet du commerce d'ici sont les vins et les eaux-de-vie. Le vrai vin de Cahors, dont la r?putation est grande, provient d'une suite d'enclos tr?s rocailleux, situ?s sur une cha?ne de collines en plein sud; on l'appelle vin de Grave, parce qu'il vient sur un sol de gravier. Dans les ann?es d'abondance, le prix du bon vin ici ne d?passe pas le prix du f?t; l'ann?e derni?re, il se vendait 10/6 la barrique, ou 8 d. la douzaine. On nous en servit, aux Trois-Rois, de trois ? dix ans; ce dernier ? raison de 30 sous la barrique; excellent, g?n?reux, montant, sans ?tre capiteux, et, ? mon go?t, bien meilleur que nos Porto. Il me plut tellement que j'?tablis une correspondance avec M. Andoury, l'aubergiste. La chaleur de ce pays suffit ? la production de ce vin tr?s fort. Voici le jour le plus br?lant que nous ayons encore eu.
Apr?s Cahors la montagne s'?l?ve si brusquement qu'on la croirait pr?s de culbuter dans la ville. Les feuilles de noyers ont ?t? noircies par les gel?es d'il y a quinze jours. En questionnant, j'ai appris que les mois de printemps sont sujets ? ces gel?es, et, quoique les seigles en soient quelquefois br?l?s, on conna?t ? peine la rouille du froment; preuve d?cisive contre la th?orie qui fait des gel?es la cause de ce fl?au. Il est rare qu'il tombe de la neige. Couch? ? Ventillac. -- 22 milles.
Le 12. -- Par leur forme et leur couleur, les maisons des paysans ajoutent ? la beaut? de la campagne: elles sont carr?es, blanches, ont des toits presque plats, et peu de fen?tres. Les paysans sont pour la plupart propri?taires. Le tableau immense des Pyr?n?es se d?ploie devant nous dans des proportions d'?tendue et de hauteur vraiment sublimes: pr?s de Perges, la vue d'une riche vall?e, qui semble s'?tendre jusqu'au pied des montagnes, est une sc?ne splendide; on ne voit qu'une vaste nappe de culture, parsem?e de ces maisons blanches si bien b?ties; l'oeil se perd dans une vapeur qui s'arr?te au pied de la magnifique cha?ne, dont les sommets, couverts de neige, se d?coupent de la fa?on la plus hardie. Le chemin de Caussade est bord? de six rang?es d'arbres, dont deux de m?riers, les premiers que j'aie vus. Ainsi nous avons donc presque atteint les Pyr?n?es avant de rencontrer une culture que quelques-uns voudraient introduire en Angleterre! Le fond de la vall?e est tout ? fait plat; la route est bien construite, et faite principalement de gravier. Montauban est une ville ancienne mais non pas mal b?tie. Il y a de belles maisons, bien qu'elles ne forment pas de belles rues. On la dit populeuse; le mouvement qui y r?gne en est la preuve. La cath?drale est moderne, d'une assez bonne construction, mais lourde. Le coll?ge, le s?minaire, l'?v?ch? et le palais du premier pr?sident de la Cour des Aides sont de beaux ?difices; ce dernier est grand, avec une entr?e trop fastueuse. Promenade bien situ?e, sur le plus haut des remparts, embrassant cette admirable vall?e, ou plut?t cette plaine, une des plus riches de l'Europe, born?e d'un c?t? par la mer, de l'autre par les Pyr?n?es, dont les masses sublimes, amoncel?es les unes sur les autres et couvertes de neige, d?ploient une ?tonnante vari?t? d'ombres et de lumi?res, naissant de leurs formes abruptes et de l'immensit? de leurs proportions. Cet amphith??tre, de cent milles de diam?tre, a la majest? de l'Oc?an, l'oeil s'y perd: horizon presque infini de cultures; ensemble anim? et confus de parties infiniment vari?es, se fondant par degr?s dans la lointaine obscurit?, d'o? sort l'imposant chaos des Pyr?n?es, dont les cimes argent?es s'?l?vent par del? les nuages. J'ai rencontr? ? Montauban le capitaine Plampin, de la marine royale; il ?tait avec le major Crew, qui vit avec sa famille dans une maison qu'il a achet?e ici. Il nous en fit courtoisement les honneurs; elle est d?licieusement plac?e, ? la sortie de la ville, devant un tr?s beau paysage; leur obligeance m'?claira sur certains points, dont leur r?sidence ici les faisait bons juges. La vie est ? bon march?; on nous nomma une famille, dont on supposait le revenu de 1 500 louis par an, et qui vivait sur le pied de 5 000 l. st. en Angleterre. La chert? et le bon march? relatifs des diff?rents pays est un sujet de consid?rable importance, mais d'une analyse difficile. Comme, ? mon avis, les Anglais sont beaucoup plus avanc?s que les Fran?ais dans les arts usuels et les manufactures, l'Angleterre doit ?tre le pays o? il fait le moins cher vivre. Ce que nous observons ici, c'est l'habitude de moins d?penser; chose, tr?s diff?rente. -- 30 milles.
Le 13. -- Travers? Grisolles: les chaumi?res sont, les unes bien b?ties, mais sans vitres aux fen?tres, les autres sans autre ouverture que la porte. D?n? ? Pompinion , au Grand- Soleil, auberge excellente, o? le capitaine Plampin, qui nous avait accompagn?s, prit cong? de nous. Violent orage; j'avais trouv? cette pluie plus forte que ce que je connaissais en Angleterre; mais en nous remettant en route pour Toulouse, je fus imm?diatement convaincu qu'il n'en ?tait pas tomb? de semblable dans le royaume car la d?solation r?pandue sur la sc?ne, qui nous souriait dans son abondance peu d'heures auparavant, faisant mal ? voir.
Partout la d?tresse; les belles moissons de bl? sont tellement couch?es, que je doute qu'elles se rel?vent jamais, d'autres champs sont si inond?s, qu'on ne sait, en les regardant, si l'eau ne les a pas toujours occup?s. Les foss?s, rapidement combl?s par la boue, avaient d?bord? sur la route et port? du sable et du limon au travers des r?coltes.
Travers? les plus beaux champs de bl? que l'on puise voir nulle part. L'orage a donc ?t? heureusement partiel. Pass? ? Saint- Jorry; route superbe, sans surpasser celles du Limousin. Jusqu'aux portes de Toulouse, c'est le d?sert; on ne rencontre pas plus de monde que si l'on ?tait ? cent milles de toute cit?. -- 31 milles.
Le 14. -- Visit? la ville, qui est tr?s ancienne et tr?s grande, mais non peupl?e ? proportion; les ?difices sont de briques et de bois, et, par suite, de triste apparence. Toulouse s'est toujours enorgueilli de son go?t pour les beaux-arts et la litt?rature. Son universit? date de 1215, et ses pr?tentions font remonter la fameuse Acad?mie des Jeux floraux jusqu'? 1323; elle poss?de aussi une Acad?mie royale des sciences, et une autre de peinture, sculpture et architecture. L'?glise des Cordeliers a des caveaux, dans lesquels nous descend?mes, et qui ont la propri?t? de pr?server les cadavres de la corruption; on en montre que l'on dit avoir cinq cents ans.
Si j'avais un caveau bien ?clair?, qui conserv?t l'air et la physionomie, aussi bien que la chair et les os, j'aimerais ? y voir tous mes anc?tres, et ce d?sir serait, je le suppose, proportionn?, ? leur m?rite et ? leur renomm?e; mais la tombe ordinaire, avec sa voracit?, est pr?f?rable ? celle-ci qui conserve des difformit?s cadav?reuses et perp?tue la mort. Toulouse n'est pas sans objet plus int?ressants que des ?glises et des acad?mies: il y a le nouveau quai, les moulins ? bl? et le canal de Brienne. Le quai est tr?s long, bel ouvrage sous tous les rapports; les maisons qu'on doit b?tir seront r?guli?res comme celles qui existent d?j?, d'un style massif et sans ?l?gance. Le canal de Brienne, ainsi appel? du nom de l'archev?que de Toulouse, depuis premier ministre et cardinal, a ?t? destin? ? joindre ? Toulouse la Garonne et le canal de Languedoc, qui se r?unissent ? deux milles de cette ville. La n?cessit? de cette jonction vient de ce que la navigation est impossible dans la ville, ? cause des barrages ?tablis pour les moulins ? bl?. Il communique au fleuve par une vo?te qui passe sous le quai; une ?cluse le met de niveau avec le canal de Languedoc. Sa largeur permet ? plusieurs barges de passer de front. Ces entreprises ont ?t? bien con?ues, et leur ex?cution est vraiment magnifique; mais la magnificence surpasse le besoin; tandis que le canal de Languedoc est tr?s anim?, celui de Brienne est un d?sert.
Nous v?mes, entre autres choses ? Toulouse, la maison de M. du Barry, fr?re du mari de la c?l?bre comtesse. Gr?ce ? certaines manoeuvres qui pr?teraient ? l'anecdote, il parvint ? la tirer de l'obscurit?, puis ? la marier avec son fr?re, et en fin de compte ? se faire par elle une assez jolie fortune. Au premier ?tage se trouve l'appartement principal, compos? de sept ? huit pi?ces, tapiss? et meubl? avec un tel luxe, qu'un amant enthousiaste disposant des finances d'un royaume, pourrait ? grand'peine r?p?ter sur une ?chelle un peu large ce qui se trouve ici en proportion mod?r?e. Pour qui aime la dorure il y en a ? sati?t?, tellement que pour un Anglais cela para?trait trop brillant. Mais les glaces sont belles et en grand nombre. Salon tr?s ?l?gant ; j'ai remarqu? un arrangement d'un effet tr?s agr?able: c'est un miroir devant les chemin?es, au lieu des diff?rents ?crans dont on se sert en Angleterre; il glisse en avant et en arri?re dans le mur. Il y a un portrait de madame du Barry, qui passe pour ressemblant; si vraiment il l'est, on pardonne les folies faites par un roi pour l'?crin d'une telle beaut?! Quant au jardin, il est au-dessous de tout m?pris, si ce n'est comme exemple des efforts o? peut entra?ner l'extravagance: dans l'espace d'un acre sont entass?es des collines en terre, des montagnes de carton, des rochers de toile; des abb?s, des vaches et des berg?res, des moutons de plomb, des singes et des paysans, des ?nes et des autels en pierre; de belles dames et des forgerons, des perroquets et des amants en bois; des moulins ? vent, des chaumi?res, des boutiques et des villages, tout, except? la nature.
Le 15. -- Rencontr? des montagnards qui me rappel?rent ceux d'?cosse; je les avais vus pour la premi?re fois ? Montauban, ils portent des bonnets ronds et plats et de larges culottes: <
Le 16. -- ? partir de Toulouse nous avons vu, de l'autre c?t? de la Garonne, une rang?e de hauteurs qui a pris hier de plus en plus de r?gularit?; ce sont, sans aucun doute, les ramifications les plus lointaines des Pyr?n?es, qui s'?tendent dans cette immense vall?e jusqu'? Toulouse, mais pas plus loin. On s'approche des montagnes, la culture couvre les ?tages inf?rieurs, le reste semble ?tre bois?; chemins toujours mauvais. Rencontr? plusieurs charrettes, toutes charg?es de deux pi?ces de vin pos?es tout ? fait ? l'arri?re sur le train: comme les roues de derri?re sont beaucoup plus hautes que celles de devant, on voit que ces montagnards ont plus de bon sens que John Bull. Les roues sont toutes cercl?es en bois.
Ici, pour la premi?re fois, j'ai vu des festons de vignes, courant d'arbre en arbre dans des rang?es d'?rables; on les conduit au moyen de liens de ronces, de sarments ou d'osier. Elles donnent beaucoup de raisins, mais le vin en est mauvais. Travers? Saint- Martino , puis un village compos? de maisons bien b?ties, sans une seule vitre. -- 30 milles.
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