Read Ebook: The Part Borne by the Dutch in the Discovery of Australia 1606-1765 by Heeres J E Jan Ernst
Font size:
Background color:
Text color:
Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page
Ebook has 730 lines and 61655 words, and 15 pages
Apr?s un s?jour de dix semaines ? Alix, nous part?mes; je pleurai am?rement en quittant ces aimables chanoinesses.
J'?tais dans ma septi?me ann?e, j'avais une belle voix, j'annon?ais beaucoup de go?t pour la musique; ma m?re avait pris des arrangements ? Paris pour faire venir de la Basse-Bretagne une jeune personne, fille de l'organiste de Vannes, excellente musicienne et jouant parfaitement du clavecin. Nous trouv?mes ? Saint-Aubin un bon clavecin, et nous attend?mes avec la plus vive impatience mademoiselle de Mars, c'?tait le nom de la jeune musicienne. Elle vint en effet. Elle avait de beaux yeux, des mani?res remplies de douceur, un air un peu grave, quoiqu'elle n'e?t que seize ans. Je me passionnai pour elle d?s les premiers jours.
Ma m?re, distraite par ses occupations particuli?res et par les visites continuelles des voisins, ne s'?tait jamais occup?e de moi. Je ne voyais ma m?re et mon p?re qu'un moment ? leur r?veil, et aux heures des repas. Apr?s le d?ner, je restais une heure dans le salon; je passais le reste de la journ?e dans ma chambre avec mademoiselle de Mars, ou ? la promenade toujours seule avec elle.
Mon p?re avait pour moi la plus vive tendresse; mais il ne se m?la de mon ?ducation que sur un seul point: il voulait absolument me rendre une femme forte; j'avais horreur de tous les insectes, surtout des araign?es et des crapauds; je craignais aussi les souris, je fus oblig?e d'en ?lever une. J'aimais passionn?ment mon p?re. Il m'ordonnait sans cesse de prendre avec mes doigts des araign?es, et de tenir des crapauds dans mes mains. A ces commandements terribles, je n'avais pas une goutte de sang dans les veines; mais j'ob?issais. A huit ans, je commen?ai ? composer des romans et des com?dies que je dictais ? mademoiselle de Mars, car je ne savais pas former une lettre. Nous n'avions nulle id?e de botanique et d'histoire naturelle; mais nous admirions avec extase les cieux, les arbres, les fleurs, comme preuves de l'existence de Dieu et comme ses ouvrages. Ce n'?tait point une savante institutrice qui me donnait de graves le?ons, c'?tait une jeune fille de dix-sept ans, remplie de candeur, d'innocence et de pi?t?, qui me confiait ses pens?es, et qui faisait passer dans mon ?me tous les sentiments de la sienne.
Mademoiselle de Mars m'enseignait fort peu de chose; mais sa conversation formait mon coeur et mon esprit, et elle me donnait en tout l'exemple de la modestie, de la douceur et d'une parfaite bont?. D?s ce temps j'avais le go?t d'enseigner aux enfants et je m'?tais faite ma?tresse d'?cole d'une singuli?re mani?re. J'avais une petite chambre ? c?t? de celle de mademoiselle de Mars; ma fen?tre sur la belle fa?ade du ch?teau n'avait pas tout ? fait cinq pieds d'?l?vation: au bas de cette fen?tre ?tait une grande terrasse sabl?e, avec un mur ? hauteur d'appui de ce c?t?, tr?s ?lev? ext?rieurement et s'?tendant le long d'un ?tang qui n'?tait s?par? du mur que par un petit sentier couvert de joncs et d'herbages.
Des petits gar?ons de village venaient l? pour jouer et couper des joncs; je m'amusais ? les regarder, et bient?t j'imaginai de leur donner des le?ons, c'est-?-dire de leur enseigner ce que je savais: le cat?chisme, quelques vers des trag?dies de mademoiselle Barbier, et ce qu'on m'avait appris par coeur des principes de musique. Appuy?e sur le mur de la terrasse, je leur donnais ces belles le?ons le plus gravement du monde. J'avais beaucoup de peine ? leur faire dire des vers ? cause du patois bourguignon; mais j'?tais patiente, et ils ?taient dociles. Mes petits disciples, rang?s au bas du mur au milieu des roseaux et des joncs, le nez en l'air pour me regarder, m'?coutaient avec la plus grande attention, car je leur promettais des r?compenses, et je leur jetais en effet des fruits, des petites galettes et toutes sortes de bagatelles. Je me rendais presque tous les jours ? mon ?cole en passant par ma fen?tre; j'y attachais une corde au moyen de laquelle je me laissais glisser sur la terrasse; j'?tais leste et l?g?re et je ne suis jamais tomb?e. Apr?s ma le?on je faisais le tour par une des cours, et je rentrais par le salon sans qu'on pr?t garde ? moi. Je choisissais pour ces escapades les jours de poste o? mademoiselle de Mars ?crivait ? ses parents. Enfin mademoiselle de Mars me surprit un jour au milieu de mon ?cole, elle ne me fit aucune r?primande; mais elle rit tant de la mani?re dont mes ?l?ves d?clamaient les vers de mademoiselle Barbier, qu'elle me d?go?ta de ces doctes fonctions.
On trouva que l'habit d'Amour m'allait si bien, qu'on me le fit porter d'habitude; on m'en fit faire plusieurs. J'avais mon habit d'Amour pour les jours ouvriers, et mon habit d'Amour des dimanches. Ce jour-l?, seulement pour aller ? l'?glise, on ne me mettait pas d'ailes, et l'on jetait sur moi une esp?ce de mante de taffetas couleur de capucine, qui me couvrait de la t?te aux pieds. Mais j'allais journellement me promener dans la campagne avec tout mon attirail d'Amour, un carquois sur l'?paule et mon arc ? la main. Au ch?teau, ma m?re et tous les voisins ses amis ne m'appelaient jamais que l'Amour, ce nom me resta. Tels furent r?guli?rement mon costume et mes occupations pendant plus de neuf mois.
Mais au bout de quinze jours, nous all?mes ? Passy chez M. de la Popelini?re, fermier g?n?ral, o? nous pass?mes tout l'?t?. M. de la Popelini?re ?tait un vieillard de soixante-six ans, d'une sant? robuste, d'une figure douce, agr?able et spirituelle; il n'avait pas l'air d'avoir plus de cinquante ans. Il recevait beaucoup de monde et tr?s bonne compagnie; il faisait les honneurs de sa maison avec autant de gr?ce que de noblesse. On joua la com?die, et des pi?ces faites par M. de la Popelini?re; on m'y donna des r?les. Je dansai, ? ces repr?sentations, une danse, seule, qui eut le plus grand succ?s. J'avais pour la danse les plus grandes dispositions; mais je ne les ai point cultiv?es par la suite, n'y mettant aucun amour-propre.
M. de la Popelini?re ?tait enchant? de mes petits talents; il disait souvent en me regardant et en poussant un profond soupir: <
Nous retourn?mes ? Paris dans les premiers jours d'octobre. Je quittai M. de la Popelini?re avec peine, j'avais pris pour lui un v?ritable attachement. Nous all?mes loger dans la rue Neuve-Saint-Paul. Nous avions l? un fort joli voisinage, la famille de M. Le F?vre, un cr?ole tr?s riche, qui demeurait sur le quai des C?lestins; il avait quatre filles charmantes dont la plus jeune ?tait de mon ?ge. Elles ?taient aimables, bonnes, jolies et remplies de talents: nous faisions de la musique tous les jours, et j'y employais une partie du temps ? jouer de la harpe, ? chanter, ? jouer de la guitare et du clavecin. On me donna un ma?tre de chant italien, nomm? Pellegrini, qui venait ? six heures du matin; je prenais cette le?on ? la lumi?re. Philidor me donna des le?ons d'accompagnement. Au milieu de l'hiver, j'eus la fantaisie d'apprendre ? jouer de la musette; au lieu de souffler avec la bouche, on donnait le vent au moyen d'un soufflet pos? sous le bras. J'avais tant de dispositions pour les instruments, qu'en moins de deux mois j'en jouai presque aussi bien que mon ma?tre. Cependant j'aimais la harpe de pr?f?rence ? tout, j'en jouais au moins cinq heures par jour, je faisais d'inconcevables progr?s; on venait m'entendre comme une merveille, tout le monde voulut apprendre ? jouer de la harpe. Ma passion et mon ardeur pour cet instrument croissaient avec mes succ?s, j'?tais r?ellement d'une force tout ? fait inconnue jusqu'alors sur cet instrument.
Mon p?re partit pour Saint-Domingue, o? il esp?rait r?tablir sa fortune. Ce grand voyage m'affligea sensiblement; je ne trouvai de consolation que dans ma harpe; j'avais quatorze ans et demi. Mais j'ai oubli? de parler d'un personnage tr?s singulier que j'ai vu presque tous les jours, pendant plus de six mois, avant le d?part de mon p?re; c'?tait le fameux charlatan, comte de Saint-Germain. Il avait l'air alors d'avoir tout au plus quarante-cinq ans, et par le t?moignage de gens qui l'avaient vu trente ou trente-cinq ans auparavant, il para?t certain qu'il ?tait infiniment plus ?g?; il ?tait un peu au-dessous de la taille moyenne, bien fait et marchant fort lestement; ses cheveux ?taient noirs, son teint fort brun, sa physionomie tr?s spirituelle, ses traits assez r?guliers. Il parlait parfaitement le fran?ais sans aucun accent, et de m?me l'anglais, l'italien, l'espagnol et le portugais. Il ?tait excellent musicien, bon physicien et tr?s grand chimiste. Il peignait ? l'huile agr?ablement; il avait trouv? un secret de couleurs v?ritablement merveilleux; il peignait dans le grand genre, des sujets historiques; il ne manquait jamais d'orner ses figures de femmes d'ajustements de pierreries; il se servait de ses couleurs pour faire ces ornements, et les ?meraudes, les saphirs, les rubis, etc., avaient r?ellement l'?clat, les reflets et le brillant des pierres qu'ils imitaient. Latour, Vanloo, et d'autres peintres, ont ?t? voir ces tableaux, et admiraient extr?mement l'artifice surprenant de ces couleurs ?blouissantes. M. de Saint-Germain avait une conversation instructive et amusante: il avait beaucoup voyag?, et il savait l'histoire moderne avec un d?tail ?tonnant, ce qui a fait dire qu'il parlait des plus anciens personnages comme ayant v?cu avec eux. Cependant, cet homme si extraordinaire par ses talents et par l'?tendue de ses connaissances, une conduite exemplaire, la richesse et la bienfaisance ?tait un charlatan. Il me donna une bo?te ? bonbons tr?s singuli?re, dont il avait fait le dessus. La bo?te, d'?caille noire, ?tait fort grande; le dessus en ?tait orn? d'une agate de composition beaucoup moins grande que le couvercle; on posait cette bo?te devant le feu, et au bout d'un instant, en la reprenant, on ne voyait plus l'agate, et l'on trouvait ? sa place une jolie miniature repr?sentant une berg?re tenant une corbeille remplie de fleurs; cette figure restait jusqu'? ce qu'on f?t r?chauffer la bo?te; alors l'agate reparaissait et cachait la figure. J'ai depuis invent? une composition avec laquelle j'imite ? s'y tromper toutes sortes de cailloux, et m?me des agates transparentes; cette invention m'a fait deviner l'artifice de la bo?te de M. de Saint-Germain.
Pour finir tout ce qui a rapport ? cet homme singulier, je dois dire que quinze ou seize ans apr?s, en passant ? Sienne, en Italie, j'appris qu'il habitait cette ville et qu'on ne croyait pas qu'il e?t plus de cinquante ans. Seize ou dix-sept ans plus tard, ?tant dans le Holstein, j'appris de M. le prince de Hesse que M. de Saint-Germain ?tait mort chez ce prince six mois avant mon arriv?e dans ce pays. Le prince me dit qu'il n'avait l'air ni vieux ni cass? ? l'?poque de sa mort, mais qu'il paraissait consum? par une insurmontable tristesse. M. de Saint-Germain ?tait arriv? dans le Holstein, non avec l'apparence de la mis?re, mais sans suite et sans ?clat. Il avait encore plusieurs beaux diamants. Il montra en mourant d'horribles terreurs, et m?me sa raison en fut alt?r?e; tout en lui annon?ait le trouble affreux d'une conscience agit?e. Ce r?cit me fit de la peine, j'avais conserv? beaucoup d'int?r?t pour ce personnage extraordinaire.
Aussit?t que mon p?re fut parti pour Saint-Domingue, ma m?re s'occupa s?rieusement de reprendre et de suivre la plus triste des affaires, un proc?s contre sa m?re!... mais la m?re la plus d?natur?e!... Ma grand'm?re avait ?pous? en premi?res noces M. de M?zi?res. Elle avait eu deux enfants, un gar?on et une fille, qui ?tait ma m?re; l'un ?g? de huit ou neuf ans et l'autre de six. Elle mit la fille au couvent et le gar?on au coll?ge; et elle se remaria avant que l'ann?e de son veuvage f?t tout ? fait r?volue. Elle ?pousa en secondes noces le marquis de La Haie, qu'on appelait le beau La Haie. Madame de La Haie prit en horreur les enfants de son premier mariage; elle d?clara ? l'abbesse de Malnoue qu'elle destinait sa fille au clo?tre. Aussit?t que M. de M?zi?res son fils eut treize ans, elle l'envoya comme mauvais sujet en Am?rique. Cet enfant ?tait cependant l'homme le plus distingu?, et m?me le plus ?tonnant par son esprit, son courage et ses vertus. Arriv? dans l'Am?rique septentrionale, il se sauva et il alla se r?fugier en Canada parmi les sauvages; il n'avait pas quatorze ans. Il leur fit entendre qu'il ?tait abandonn? de ses parents et qu'il voulait vivre avec eux; ils y consentirent ? condition qu'il subirait l'op?ration du tatouage, c'est-?-dire, qu'il se laisserait peindre tout le corps ? leur mani?re, avec des sucs d'herbes, op?ration tr?s douloureuse qu'il supporta avec un courage qui charma les sauvages. Il avait une m?moire prodigieuse, la sant? la plus robuste: bient?t il apprit leur langue, et il excella dans tous leurs exercices. Pour ne point oublier ce qu'il savait , il tra?ait tous les jours sur des ?corces d'arbres des passages de po?sie latine et fran?aise et des figures de g?om?trie. Il se fit de ses ?corces un recueil prodigieux qu'il conserva avec le plus grand soin; il acquit parmi les sauvages la plus haute consid?ration, et avant l'?ge de vingt ans il devint leur chef par une proclamation unanime. Les sauvages d?clar?rent la guerre aux Espagnols. Mon oncle remporta, en les commandant, des avantages qui surprirent les Espagnols, qui trouv?rent que le jeune chef des sauvages avait des talents extraordinaires. Ils parl?rent de paix, mon oncle fut envoy? pour la n?gocier; et il mit le comble ? l'?tonnement des Espagnols, en ne leur parlant qu'en latin. Ils questionn?rent ce singulier sauvage; et, touch?s du r?cit qu'il leur fit, charm?s de l'esprit et m?me du g?nie qu'il leur montra, ils lui offrirent de l'attacher au service des Espagnols; il y consentit ? condition qu'ils feraient la paix avec les sauvages. Quand cette paix fut faite il se sauva, et passa chez les Espagnols; il s'y conduisit d'une mani?re si parfaite, qu'il y fit un riche mariage, et, au bout de dix ou douze ans, il fut nomm? gouverneur de la Louisiane. Il acquit de belles habitations, se forma une superbe biblioth?que et v?cut l? parfaitement heureux. Par la suite, il fit un voyage en France; sa cruelle m?re n'existait plus. J'?tais alors au Palais-Royal; il venait d?ner presque tous les jours chez moi: il ?tait grave et m?lancolique, il avait un esprit infini, sa conversation ?tait du plus grand int?r?t. Outre les choses extraordinaires qu'il avait vues, il avait prodigieusement lu et sa m?moire ?tait admirable. On voyait ? travers ses bas de soie, les serpents peints par les sauvages, qu'il avait ineffa?ablement grav?s sur ses jambes. Il me montra sa poitrine qui ?tait couverte de grandes fleurs peintes aussi, les couleurs en ?taient tr?s vives. J'?prouvais pour cet homme singulier et respectable une admiration et une tendresse extr?mes.
Ma m?re fut mise au couvent d?s l'?ge de six ans, et ?lev?e dans l'id?e que sa m?re la destinait ? l'?tat monastique. On payait sa modique pension, mais sans ma?tres. L'abbesse lui fit apprendre la musique, ? chanter des motets et ? jouer de l'orgue. Le jour o? elle eut quatorze ans accomplis on lui fit prendre le voile. Sa m?re ne venait la voir que tous les six mois tout au plus; mademoiselle de M?zi?res, qui n'en avait jamais re?u une seule caresse, n'osait ni parler, ni lever les yeux en sa pr?sence, et se contentait d'?couter en silence les lieux communs que d?bitait madame de La Haie sur les dangers du monde et les douceurs du clo?tre. Ma m?re avait ? peine atteint sa seizi?me ann?e lorsque madame de La Haie lui d?clara qu'il fallait faire ses voeux et s'engager irr?vocablement; ma m?re pleura, on n'en tint compte, et l'on d?signa un jour du mois suivant pour la c?r?monie. Ce jour arriv?, ma m?re d?clara nettement qu'on aurait bien la puissance de la conduire ? l'?glise, mais que l?, au lieu de prononcer le oui irr?vocable, elle dirait non. L'abbesse assura madame de La Haie qu'elle le ferait certainement, qu'elle l'avait annonc? depuis l'enfance, qu'elle avait un caract?re tr?s d?cid?, et que toute violence ? cet ?gard ne servirait qu'? donner au public un scandale odieux. Madame de La Haie fut outr?e, mais il fallut c?der. Ma m?re reprit ce jour m?me ses habits mondains qu'elle avait quitt?s deux ans auparavant: comme elle avait grandi durant son inutile noviciat, ses habits ?taient ridiculement courts, mais elle ne les en reprit pas avec moins de joie. On la laissa au couvent, sans jamais l'en faire sortir. Elle devint une personne tr?s agr?able et tr?s distingu?e par sa figure, ses talents et son esprit. Elle ?tait ch?rie de tous ceux qui la connaissaient, ? l'exception de sa m?re, qui montrait sans d?guisement pour elle l'aversion la plus injuste et la plus d?natur?e. Ma m?re resta dans ce couvent jusqu'? l'?ge de vingt-six ans et demi; ? cette ?poque elle se lia intimement avec la marquise de Fontenille, une veuve retir?e dans l'int?rieur du couvent. La marquise ?tait parente de mon p?re, qui venait assez souvent la voir au parloir; il y vit mademoiselle de M?zi?res, en devint amoureux, et la demanda en mariage. Madame de La Haie, par une animosit? inconcevable, refusa pendant trois mois son consentement. Ma m?re ne pouvait cependant pas esp?rer un meilleur mariage: elle n'avait que quarante ou quarante-cinq mille livres de l?gitime, et elle trouvait un tr?s bon gentilhomme, qui avait dix ou douze mille livres de rentes, trente-sept ans, et qui ?tait aimable, rempli d'esprit et beau comme un ange. Madame de La Haie ne donna ni l?gitime, ni trousseau, ni pr?sents: la bonne abbesse fit les frais de noce. Ma m?re se maria dans l'?glise du couvent; madame de La Haie vint cependant ? la messe nuptiale avec ses deux enfants du second lit, son fils ?g? de onze ans, et sa fille de huit ans et demi, et qui a ?t? depuis madame de Montesson. Ma m?re partit aussit?t pour la Bourgogne, pour sa terre de Champc?ry, o? je re?us le jour quinze mois apr?s son mariage.
Ma m?re, ? diverses ?poques, avait vainement demand? sa l?gitime, enfin, apr?s le d?part de mon p?re pour Saint-Domingue, elle se d?cida ? plaider. Elle ?crivit elle-m?me un m?moire, et avant de commencer la proc?dure, elle chargea son avocat de le communiquer ? madame de La Haie. Ce m?moire, tr?s respectueux par les expressions, ?tait foudroyant par les faits. Madame de La Haie le sentit, elle envoya chez ma m?re son fils, le marquis de La Haie, qui se fit m?diateur entre sa m?re et sa soeur. Le marquis de La Haie n'?tait ni beau, ni distingu? par l'esprit, mais il ?tait sensible et bon. Il nous proposa de nous mener sur-le-champ chez madame de La Haie, en ajoutant qu'en nous voyant tout s'arrangerait. Il pressa ma m?re si vivement, qu'elle y consentit. Il nous mena dans sa voiture et nous conduisit d'abord chez madame de Montesson; elle n'?tait point habill?e et ne nous attendait point; elle dit qu'elle approuvait l'id?e de mon oncle, qu'elle allait s'habiller et qu'elle viendrait avec nous. Sa toilette me parut longue. Mon oncle voulait absolument qu'elle s'occup?t de moi; ? toute minute, il lui disait en me regardant: <
Apr?s son d?part nous retourn?mes plusieurs fois chez ma grand'm?re sans ?tre re?ues. Enfin vint la nouvelle de la mort de mon oncle; la juste douleur de madame de La Haie suspendit toute id?e d'affaires; mais, lorsque les premiers moments furent pass?s et que ma m?re renouvela ses demandes, elle ne re?ut que des r?ponses s?ches et vagues; elle pressa, on ne r?pondit plus; elle insista, elle ?crivit sans rel?che; on finit par lui faire dire qu'elle n'avait rien ? pr?tendre, qu'elle l'avait reconnu elle-m?me en donnant son d?sistement. Ce coup fut rude ? supporter. Ma m?re ? ce sujet me dit ces belles paroles:--Ce qui me console, c'est que je vous ai donn? un bon exemple, celui d'une confiance g?n?reuse, et du respect filial le plus parfait. Je ne r?pondis ? ma m?re que par mes larmes; depuis ce moment-l? nous ne rev?mes plus ma grand'm?re et ma tante.
Mon p?re, en revenant de Saint-Domingue, fut pris par les Anglais avec tout ce qu'il rapportait; on le conduisit ? Lanceston, ville maritime d'Angleterre; il trouva l? beaucoup de prisonniers fran?ais, et, entre autres, un jeune homme dont la jolie figure, l'esprit et les gr?ces lui inspir?rent le plus vif int?r?t; c'?tait le comte de Genlis, qui, en revenant de Pondich?ry, o? il avait command? un r?giment pendant cinq ans, avait ?t? conduit en Chine, ? Kanton o? il passa cinq mois, et ensuite ? Lanceston.
Le comte de Genlis servait dans la marine depuis l'?ge de quatorze ans; il s'?tait couvert de gloire au fameux combat de M. d'Ach?; il ?tait alors lieutenant de vaisseau, il avait ? peine vingt ans.
Durant son s?jour ? Lanceston, il se lia intimement avec mon p?re, qui portait habituellement une bo?te sur laquelle ?tait mon portrait, me repr?sentant jouant de la harpe; cette peinture frappa le comte de Genlis; il fit beaucoup de questions sur moi, et il crut tout ce que lui dit un p?re qui ne me voyait nul d?faut. Les Anglais avaient laiss? ? mon p?re mon portrait, mes lettres et celles de ma m?re, qui ne parlait que de mes succ?s et de mes talents. Le comte lut ces lettres, qui lui firent une profonde impression. Il avait un oncle ministre alors des affaires ?trang?res , il obtint promptement sa libert?, et il promit ? mon p?re de s'occuper de lui faire rendre la sienne. En effet, aussit?t qu'il fut ? Paris, il vint chez ma m?re lui apporter des lettres de mon p?re; et en m?me temps il sollicita avec ardeur son ?change, et trois semaines apr?s mon p?re arriva ? Paris.
Peu apr?s, mon sort fut fix? sans retour; j'?pousai M. de Genlis, mais secr?tement. M. de Genlis, ?g? de vingt-sept ans, n'ayant ni p?re ni m?re, pouvait disposer de lui-m?me; mais M. le marquis de Puisieux, chef de sa famille, d?s les premiers jours de son arriv?e en France, lui avait parl? d'un mariage avec une jeune personne, orpheline, poss?dant actuellement quarante mille livres de rentes; M. de Genlis y consentit. M. de Puisieux s'occupa vivement de cette affaire; M. de Genlis ne s'en souciait d?j? plus, mais il n'osa l'avouer. Au bout de quelque temps M. de Puisieux lui dit que la chose ?tait s?re, et qu'il avait donn? sa parole; M. de Genlis n'eut pas le courage de lui d?clarer ses sentiments, et ce fut dans ce moment que je me mariai.
Huit jours avant mon mariage, nous all?mes demeurer chez madame la comtesse de Sercey, ma tante, qui logeait dans le cul-de-sac de Rohan. Je me mariai l? ? sa paroisse ? minuit. Le lendemain, on d?clara mon mariage, qui fit beaucoup de bruit, car la col?re de M. de Puisieux, qui se plaignait avec amertume, fit, pendant plusieurs jours, le sujet de toutes les conversations. M. de Genlis, cadet de Picardie, n'avait que douze mille livres de rentes, et pour toute esp?rance, sa part dans la succession de madame la marquise de Drom?nil, sa grand'm?re, qui avait environ quarante mille livres de rentes. Elle habitait Reims, et elle avait quatre-vingts ans. M. de Genlis avait servi dans la marine avec le plus grand ?clat de valeur et d'intelligence, ainsi que je l'ai d?j? dit, ? ce fameux combat sur mer, command? par M. d'Ach?; de vingt-deux officiers, il ne resta que M. de Genlis; pour ce combat, M. de Genlis eut la croix de Saint-Louis ? vingt et un ans moins trois mois, gr?ce extraordinaire dont je n'ai vu qu'un seul exemple apr?s celui-ci. Lorsqu'il fut ? Paris, M. de Puisieux, qui ?tait alors ministre des affaires ?trang?res, l'engagea ? quitter la marine, il ?tait capitaine de vaisseau, et ? passer au service de terre, avec le grade de colonel; il fut fait colonel des grenadiers de France.
Je ne passai que dix jours ? Paris apr?s mon mariage. M. de Genlis alla se pr?senter chez M. de Puisieux et chez madame la duchesse mar?chale d'?tr?e, fille de M. de Puisieux, et il ne fut pas re?u; il leur ?crivit et ne re?ut point de r?ponse. Il me fit ?crire ? sa grand'm?re, qui garda aussi un profond silence. De tous ses parents, le comte et la comtesse de Balincour furent les seuls qui, dans cette occasion, lui donn?rent des marques d'amiti?. Ils vinrent me voir, et me combl?rent de caresses. Cette visite me fit un plaisir inexprimable.
Une visite qui me toucha beaucoup moins fut celle de madame de Montesson, qui vint voir ma m?re; ce mariage plaisait ? sa vanit?. Elle fut tr?s aimable pour M. de Genlis, qui me mena le lendemain chez elle et chez madame de Balincour; nous part?mes pour Genlis quatre ou cinq jours apr?s. Mon beau-fr?re, qui nous y attendait, nous re?ut avec beaucoup de gr?ce et d'amiti?.
Le marquis de Genlis ?tait ?g? alors de trente et un ans, je n'ai jamais vu de tournure plus noble, plus leste et plus ?l?gante. Cependant, jamais homme n'a moins profit? des avantages les plus brillants de la nature et de la fortune. Avec une figure remarquable, de l'esprit, de la gr?ce, il se trouva, ? quinze ans, possesseur de la terre de Genlis, l'une des plus belles du royaume, et libre de toute hypoth?que, avec la certitude d'avoir un jour celle de Sillery, qui lui ?tait substitu?e. M. de Puisieux, son tuteur, et tr?s aim? du roi, le fit faire colonel ? l'?ge de quinze ans. Mais, ? dix-sept ans, il montra d?j? la passion du jeu et une extr?me licence de moeurs. Il fit des dettes, des extravagances; on le gronda, on paya, on pardonna. Il ne se corrigea nullement. Enfin, ? vingt ans, il perdit au jeu, dans une nuit, cinq cent mille francs contre le baron de Viom?nil; il devait d'ailleurs environ cent mille francs. La col?re de M. de Puisieux fut extr?me, et l'emporta trop loin: il obtint une lettre de cachet, et fit enfermer, au ch?teau de Saumur, son pupille; il l'y laissa cinq ans; et, comme le disait mon beau-fr?re, une ann?e pour chaque cent mille francs. Sa carri?re militaire fut perdue par cette rigueur; ayant ?t? oblig? de quitter le service, il n'y rentra plus. Quand il sortit de Saumur, on avait d?j? pay? la moiti? de ses dettes; M. de Puisieux alors le fit interdire, et exiler ? Genlis. Cette terre valait ? peu pr?s soixante-quinze mille francs de revenu. On fit ? mon beau-fr?re une pension de quinze mille francs, le surplus des revenus fut employ? ? payer le reste des dettes. Son exil dura deux ans, ensuite il eut la libert? d'aller ? Paris, o? il passait seulement trois mois d'hiver; mais M. de Puisieux d?clara qu'il ne l?verait l'interdiction que lorsqu'il ferait un bon mariage. Malgr? ses disgr?ces et ses malheurs, il ?tait d'une extr?me gaiet?.
Je ne restai que quelques jours ? Genlis; on m'y donna le divertissement de la p?che des ?tangs. Pour mon malheur, j'y allai avec des petits souliers blancs brod?s; arriv?e au bord des ?tangs, je m'y embourbai; mon beau-fr?re vint ? mon secours, remarqua mes souliers, se mit ? rire, et m'appela une jolie dame de Paris, ce qui me choqua beaucoup; car, ayant ?t? ?lev?e dans un ch?teau, j'avais annonc? toutes les pr?tentions d'une personne qui n'?tait ?trang?re ? aucune occupation champ?tre. En entendant r?p?ter que j'?tais une belle dame de Paris, mon d?pit devint extr?me; alors je me penche, je ramasse un petit poisson, long comme le doigt et je l'avale tout entier, en disant: <
Dans les derniers jours de novembre, M. de Genlis me conduisit ? l'abbaye d'Origny-Sainte-Beno?te, ? huit lieues de Genlis et ? deux de Saint-Quentin. Je devais y passer quatre mois, c'est-?-dire tout le temps que mon mari resterait ? Nancy, o? se trouvait le r?giment des grenadiers de France, dont il ?tait l'un des vingt-quatre colonels. Me trouvant trop jeune pour m'emmener ? Nancy, M. de Genlis pensa avec raison qu'il ?tait plus convenable de me laisser dans un couvent o? il avait des parentes. D'ailleurs dans ce temps il n'?tait pas d'usage que les jeunes femmes suivissent leurs maris dans leurs garnisons. Je pleurai beaucoup en me s?parant de M. de Genlis, et ensuite je m'amusai infiniment ? Origny. Cette abbaye ?tait fort riche, elle avait toujours eu pour abbesse une personne d'une grande naissance; l'abbesse actuelle s'appelait madame de Sabran; avant elle, c'?tait madame de Soubise. Quoique les religieuses ne fissent point de preuves de noblesse, elles ?taient presque toutes des filles de condition et portaient leurs noms de famille. Les b?timents de l'abbaye ?taient fort beaux et immenses. Il y avait plus de cent religieuses, sans compter les soeurs converses et deux classes de pensionnaires, l'une d'enfants, l'autre pour les jeunes personnes de douze ? dix-huit ans. L'?ducation y ?tait fort bonne pour former des femmes vertueuses, s?dentaires et raisonnables, destin?es ? vivre en province.
J'avais un joli appartement dans l'int?rieur du couvent, j'y ?tais avec une femme de chambre, j'avais un domestique qui logeait avec les gens de l'abbesse dans les logements ext?rieurs; je mangeais ? la table de l'abbesse, qui faisait fort bonne ch?re. Nous ?tions servies par deux soeurs converses. On m'apportait mon d?jeuner dans ma chambre. L'abbesse recevait ? d?ner et en visite des hommes dans son appartement, mais ces hommes ne pouvaient aller plus avant, et d'ailleurs le couvent ?tait clo?tr?. L'abbesse avait des domestiques, une voiture et des chevaux; elle avait le droit de sortir en voiture, accompagn?e de sa chapeline et des religieuses qu'elle nommait pour l'accompagner. Elle allait assez souvent se promener dans les champs, visiter quelques parties de ses possessions, ou des malades auxquels elle portait elle-m?me des secours; je l'ai suivie deux fois dans ces courses bienfaisantes, qui ?taient plus fr?quentes en ?t?. Chaque religieuse avait une jolie cellule, et un joli petit jardin ? elle en propre, dans l'int?rieur du vaste enclos du jardin g?n?ral.
Une parente de M. de Genlis s'y trouvait. C'?tait madame de Rochefort, fille du marquis de Saint-Pouen, et soeur de madame de Balincour. Son p?re l'avait forc?e de se faire religieuse ? dix-sept ans; elle aimait son cousin, le comte de Rochefort, et elle fut tr?s malheureuse pendant les deux premi?res ann?es de sa profession, ensuite elle s'accoutuma parfaitement ? son sort; elle avait trente ans quand j'arrivai ? Origny, et elle ?tait une excellente religieuse. Elle avait un visage agr?able, une physionomie int?ressante, des mains charmantes, et une tr?s belle taille. Elle me parla beaucoup de sa soeur, madame de Balincour, qu'elle aimait tendrement, et qui tous les ans lui envoyait ces petits pr?sents qui charmaient les religieuses, du sucre, du caf?, de la laine et de la soie pour broder. Madame de Rochefort, de son c?t?, lui envoyait toutes sortes de petits ouvrages faits avec soin et cette perfection dont les religieuses semblaient seules avoir le secret. Madame de Rochefort me fit promettre que, lorsque j'irais ? Paris, j'engagerais madame de Balincour ? demander pour elle ? l'archev?que la permission d'aller passer pour sa sant? trois ou quatre mois dans sa famille; c'est-?-dire, chez cette soeur ch?rie: permission qu'on ne refusait point ? des personnes de l'?ge et de la consid?ration de madame de Balincour, et pour des religieuses qui avaient pass? la premi?re jeunesse. J'int?ressai tellement par la suite monsieur et madame de Balincour en faveur de madame de Rochefort, qu'ils la firent venir. Elle passa quatre mois ? Balincour, les trois premiers s'?coul?rent dans la paix et dans le bonheur; mais M. de Balincour la mena chez une jeune paysanne nomm?e Nicole, qu'il avait mari?e quatre ans auparavant. Le tableau champ?tre d'une union et d'une f?licit? parfaite, Nicole au milieu de son heureuse famille, Nicole entour?e de ses trois petits enfants, de son jeune mari, de son p?re et de sa m?re, rappela ? l'infortun?e religieuse ses premi?res amours, et un bonheur perdu pour elle sans retour...; et tandis que tout le monde contemplait avec plaisir cette sc?ne int?ressante, elle se trouva mal... Elle tomba promptement dans une consomption mortelle; elle ne retourna point dans son couvent; son p?re, qui sans doute pour sa punition vivait encore, vint la prendre mourante et l'emmena en Auvergne, dans une terre o? peu de temps apr?s elle expira dans ses bras!
Mais revenons ? Origny. Je m'y plaisais, on m'y aimait; je jouais souvent de la harpe chez madame l'abbesse, je chantais des motets dans la tribune de l'?glise, et je faisais des espi?gleries aux religieuses; je courais les corridors la nuit, c'est-?-dire ? minuit, avec des d?guisements ?tranges, commun?ment habill?e en diable avec des cornes sur la t?te, et le visage barbouill?; j'allais ainsi r?veiller les jeunes religieuses; chez les vieilles que je savais ?tre bien sourdes, j'entrais doucement, je leur mettais du rouge et des mouches sans les r?veiller. Elles se relevaient toutes les nuits pour aller au choeur, et l'on peut juger de leur surprise lorsque, r?unies ? l'?glise, s'?tant habill?es ? la h?te sans miroir, elles se voyaient ainsi enlumin?es et mouchet?es. Pendant tout le carnaval, je donnai chez moi, avec la permission de l'abbesse, des bals deux fois la semaine. On me permit de faire entrer le m?n?trier du village, qui ?tait borgne, et qui avait soixante ans. Il se piquait de savoir toutes les figures et tous les pas, et je me souviens qu'il appelait les chass?s, des flanqu?s. Mes danseuses ?taient les religieuses et les pensionnaires; les premi?res figuraient les hommes, et les autres les dames. Je donnais pour rafra?chissements du cidre, et d'excellentes p?tisseries faites dans le couvent. J'ai ?t? depuis ? de bien beaux bals, mais certainement je n'ai dans? ? aucun d'aussi bon coeur, et avec autant de gaiet?.
En quittant Origny, nous all?mes sur-le-champ ? Genlis; mon beau-fr?re ?tait ? Paris, d'o? il ne devait revenir qu'au mois de juillet. En attendant nous f?mes des visites dans les ch?teaux voisins; presque tous nos voisins ?taient vieux, mais tous d'une fort bonne soci?t?, entre autres M. le marquis de Flavigny et sa femme, M. de Bournonville qui avait douze enfants, le pr?sident de Vauxmenil dont le fils dessinait sup?rieurement le paysage, et M. de Saint-Cenis, le seul qui e?t une jeune femme.
Dans ce temps j'appris ? monter ? cheval, et d'une singuli?re mani?re. Je me baignais, et on allait chercher, pour mes bains, de l'eau dans une rivi?re ? une demi-lieue. Un seul cheval de charrue tra?nait le tn others where profitable dealings may be expected...
Laus deo A.D. 1602 This 15th day of May in the island of Banda.
A brief account of certain islands with which they of the islands of Ceran and, Banda carry on trade...
They can say nothing certain respecting the island of Nova Guinea, but say that there are white people living on the south side, inhabited by Portuguese , but had never seen any Portuguese ships. They can give no information about their dealings and commodities.
.VOYAGE OF THE SHIP DUIFKEN UNDER COMMAND OF WILLEM JANSZ AND JAN LODEWIJKSZOON ROSINGEYN TO NEW GUINEA.--DISCOVERY OF THE EAST-COAST OF THE PRESENT GULF OF CARPENTARIA.
English Voyages beyond the East-Indies, to the islands of Japan, China, Cauchinchina, the Philipinae with others; and the Indian navigations further prosecuted...
THE FOURTH BOOKE.
Observations of Captaine Iohn Saris, of occurrents which happened in the East-Indies during his abode at Bantam, from October 1605, till October 1609...
In the castle of Batavia, this 29th of January Ao 1644. Signed ANTONIO VAN DIEMEN, CORNELIS VAN DER LIJN, JOAN MAETSUIJCKER, JUSTUS SCHOUTEN and SALOMON SWEERS.
. FRESH EXPEDITION TO NEW GUINEA BY THE SHIP DUIFKE.
A Narrative and Journal of the voyage made from Bantam to the coast of Choromandel and other parts of India, by Supercargo PAULUS VAN SOLT in the years 1605 1606, 1607, 1608.
"On the 4th of March 1607, through God's mercy arrived before the Castle ...here we found...the yacht Duyfken, which had come from Nova Guinea"...
. VOYAGE OF THE SHIPS EENDRACHT AND HOORN, COMMANDED BY JACQUES LE MAIRE AND WILLEM CORNELISZOON SCHOUTEN THROUGH THE PACIFIC OCEAN AND ALONG THE NORTH-COAST OF NEW GUINEA.
. PROJECT FOR THE FURTHER DISCOVERY OF THE SOUTH-LAND NOVA GUINEA.
...Inasmuch as heretofore the Company has taken in hand to dispatch a ship for the discovery of the South-land-Nova-Guinea and the dependencies thereof, which project has not been executed owing to other intervening business, it has been resolved to take the said project once more in hand at the present time; and that to this end the Lord Admiral... shall dispatch from Amboyna or Banda the ship de Jager with any other small yacht that should lie at anchor there, or happen to put into port, in order to the discovery of the lands aforesaid; seeing that it is much more convenient to visit those parts starting from here than from the Netherlands, and that the same can now be done without any inconvenience or detriment to the Company. And if in Amboyna or Banda no other yacht besides the ship de Jager should be found available, then the Lord Admiral shall be free to assign the ship Morgenster for the said purpose...
Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page