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Read Ebook: L'amour au pays bleu by France Hector

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Ebook has 1404 lines and 52203 words, and 29 pages

Les uns l'appellent l'universelle Vie, mais son vrai nom, c'est l'universel Amour.

De l'homme au ciron, de la for?t de palmiers superbes ? l'humble brin d'alpha, rien n'existe et ne vit que par lui. Il courbe tout ce qui est, comme l'ouragan courbe les roseaux de la source, il jette les races sur la surface du globe, comme le semeur jette les grains dans le champ.

Son temple est l'univers et la femme son autel, car, sous notre soleil, c'est ce qu'il y a de plus parfait.

Et nous disons ? la place des paroles du Proph?te:

<>

De lui tout d?coule, peines et joies, la mort et la vie. Il fait les sages et les fous, les heureux et les mis?rables, les h?ros et les criminels.

Sans lui l'homme est eunuque, et va ch?tr? dans la vie comme les n?gres dans le s?rail.

S'il fait d?voyer le faible, il montre la route au fort et dit: <>

Car ? moins d'?tre harcel? par une fatalit? maudite, cons?quence des crimes ou des imb?cillit?s de ceux dont il a le sang dans les veines, le fort, ici-bas, doit faire son destin. Il tient son heur et son malheur. Et si aux portes de la vieillesse, les soucis, comme les t?n?bres, s'amoncellent sur son front, qu'il n'en accuse que lui et cherche la cause en fouillant les vomissements de son pass?.

On le disait plein d'esprit, car il avait la sagesse du diable. Tout lui r?ussissait parce qu'il ?tait habile, mais il entreprenait trop souvent le mal.

Il fit de l'amour un jeu o? il mit toutes ses audaces. Ah! combien il a dup? de maris et de p?res, combien il a tromp? de femmes, combien il a pris de virginit?s de filles! Qui le sait? les gens m?me de Djenarah ne pourraient les compter tous, car nul n'est juge dans son propre malheur; mais on raconte que non seulement Djenarah la Perle, mais les douars de Nememchas et des Ouled-Abid, les oasis du Souf jusqu'? Ouargla et Rhadam?s ?taient remplis des scandales de ses amours.

Il disait: <>

Et, en effet, personne ne le valait, car personne ne put l'arr?ter dans ses d?bordements.

Et quand les vieillards lui adressaient des reproches:

<>, ou bien: <>

Enfl? d'orgueil ainsi qu'Eblis le Maudit, il r?pondait: <>

Alors ils lui disaient: <>

Et ils ajoutaient: <> La justice du talion est la saine justice.>>

Mais il r?pondait, en riant: <>

O Dieu! ?te le regard du m?chant de ses yeux, ?te lui la langue des l?vres; taille-le entre les jambes pour qu'il ne puisse engendrer des m?chants comme lui. Mais pour celui qui a expi? avant l'heure, sois plein de mis?ricorde!

Il avait ? peine seize ans, et d?j? il savait habiller le mensonge de la robe de la v?rit?. C'est dire qu'il ?tait homme. Et comme il avait de l'audace et que les filles des tribus le trouvaient beau, il profitait de ces avantages pour semer le d?sordre. Il se glissait entre les coeurs et les s?parait.

Longtemps on ignora ses intrigues, car il fut assez habile pour les tenir secr?tes: seulement de vagues soup?ons planaient.

La deuxi?me et la troisi?me ?taient mortes depuis plus d'un an, et la premi?re, la m?re de Mansour, rest?e seule, avait dit au cheik:

--Seigneur, je suis fatigu?e; je me fais vieille car j'ai bient?t trente-cinq ans et depuis vingt je te sers, fid?le, laborieuse et soumise; je t'ai toujours gard? pr?cieusement ce que Dieu ordonne ? la femme de garder ? son ?poux et tu n'eus jamais contre moi un sujet de plainte.

Dieu a b?ni ma couche, car je t'ai donn? pour fils le plus beau et le plus fier gar?on des Ouled-Ascars. Maintenant, voici: j'ai besoin de repos. Je serai toujours ta servante et ton ?pouse. Mais je te prie, prends-en une autre qui m'aide ? aplanir ta vie. Prends-la belle, pour qu'elle r?jouisse ta vue; jeune et forte, pour qu'elle puisse longtemps te servir.

D?s qu'il vit cette douce ?toile briller sous la tente paternelle, Mansour sentit son coeur s'amollir; et quand pour la premi?re fois elle laissa tomber devant lui le voile de sa face, il crut contempler une des houris que le Proph?te promet aux ?lus.

Il sortit tout agit? de la tente et s'en alla, marchant sans savoir o?. Il voulait cacher ? tous son trouble, car il craignait qu'on ne l?t sur son front les pens?es qui l'agitaient.

--M?re, il faut que je parte d'ici.

--Pourquoi? tu ne peux quitter la tente au moment o? vient d'entrer une h?tesse nouvelle. Les noces ne sont pas finies et tu parles de partir? Veux-tu donc irriter ton p?re, qui supposera que l'?trang?re s'est attir? ta malveillance?

--Qui pourrait croire une telle chose! Oh! plut ? Dieu, ma m?re, que tu me trouves une pareille ?pouse.

--Je te trouverai mieux, dit-elle.

Mais il secoua la t?te.

Alors elle le regarda attentivement. Ce fils, elle l'aimait et l'admirait; c'?tait sa joie et son orgueil et elle avait pour lui toutes les coupables faiblesses des m?res.

D?j? plus d'une fois, elle avait entendu quelques propos des ?quip?es de Mansour, lorsque les femmes vont ? la fontaine et se racontent les choses que les maris doivent ignorer; elle ?coutait les r?cits et les plaintes et souriait.

Elle pensait dans son maternel ?go?sme:

--Qu'il n'arrive rien de f?cheux ? l'enfant; les autres, c'est leur affaire. Dieu veille sur tous; chacun veille sur soi.

Et jamais ? son fils elle n'adressa un reproche; jamais elle ne dit au p?re: <>

Mais cette fois, elle eut peur et, prenant la t?te du jeune homme dans ses mains, l'attira sous ses l?vres:

Mansour troubl? et confus voulut se r?crier; alors Kradidja mit un doigt sur ses l?vres et r?p?ta:

--Une abomination!

Mais quand Kradidja parla d'?loigner Mansour, le cheik r?pondit qu'il ne consentirait pas, ? l'heure pr?sente, de se s?parer de l'a?n? de ses fils. Il en avait besoin pour surveiller ses troupeaux et surtout pour la moisson prochaine. La femme n'osa pas insister et Mansour resta sous la tente.

En apprenant la d?cision du cheik, il ne put ?teindre l'?clair qui alluma son regard.

--O pervers, lui dit sa m?re, ? quoi penses-tu?

--Je pense que dans toutes les tribus du Souf, il n'en est pas de plus folle que toi. Que vas-tu imaginer? Et en supposant que ce que tu imagines soit r?el, est-ce que jamais Meryem consentirait?

--La femme est comme le jonc qui cro?t au bord des sources, r?pondit Kradidja; elle se plie aux caprices de celui qui la tient.

--Je ne la tiens pas, puisqu'elle est ? mon p?re.

--La femme n'a qu'un coeur, et son coeur n'est qu'? celui qui sait le prendre.... Paix! enfant, et veille sur toi.

Mais ces paroles, loin de l'effrayer, semblaient un encouragement. Il en est ainsi qui, par leur criminelle complaisance, poussent leurs fils ? toutes les folies.

Quoi qu'il en fut, lorsqu'un matin le cheik s'?loignait de la tente, il s'y glissait sans bruit et, cach? derri?re les hamals de grains qui contiennent la provision de l'ann?e pour les gens et les b?tes, immobile et silencieux, il feignait de dormir. Mais il regardait Meryem ? travers les interstices et les ouvertures, et parfois m?me, s'enhardissant, il soulevait du doigt le bas du tag bariol? qui divise en deux les maisons de poil et assistait, invisible, ? la toilette de la nouvelle ?pous?e.

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