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Read Ebook: La Recluse by Zaccone Pierre

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Ebook has 1480 lines and 30615 words, and 30 pages

-- Je souffre tant.

-- Et croyez-vous que je souffre moins? Pensez-vous que mon coeur ne saigne pas aussi? Mais j'ai peur de la perdre encore une fois; je tremble qu'on nous l'enl?ve de nouveau, et si cela arrivait, quelle responsabilit? n'assumeriez-vous pas!

-- Mon Dieu!

-- Laissez-moi faire.

-- Quel est votre dessein?

-- Fiez-vous ? moi. Je comprends comme vous qu'il est urgent d'agir. Nous savons maintenant en quel lieu on tient Edm?e enferm?e et je vous jure que je vais faire bonne garde.

-- Soit! dit miss Fanny, je me tairai; je refoulerai au fond de mon coeur tous ces sentiments de r?volte et de haine qui le br?lent et le d?chirent. Je vous accorde quelques jours encore, mais je jure, de mon c?t?, que si les nouveaux efforts que vous allez tenter restent infructueux, rien ne pourra plus m'arr?ter, et ils verront ce dont je suis capable.

Mais au lieu d'aller ? la porte par laquelle il ?tait entr? la premi?re fois, il fit le tour de l'?tablissement, et gagna le corps de logis dont nous avons parl?, et qui, ind?pendant de la communaut?, faisait retour sur la cour principale.

Ce corps de logis ?tait habit? par quelques modestes m?nages de bourgeois et d'ouvriers; mais le personnel des locataires s'y renouvelait souvent, en raison m?me de l'esp?ce de servitude que le voisinage du couvent lui cr?ait.

On y entendait ? toute heure de jour et de nuit le bruit de la cloche qui appelait ? la pri?re, et l'on assistait, pour ainsi dire, aux offices qui se disaient ? la chapelle.

Cela n'avait rien pr?cis?ment de r?cr?atif, et il ?tait rare qu'il n'y e?t pas toujours quelque logement vacant.

Gaston vit, en effet, en approchant, deux ou trois ?criteaux pendus au-dessus de la porte d'entr?e.

Il s'en r?jouit et s'empressa de s'adresser au concierge.

Ce dernier fit un geste d'?tonnement qui n'?chappa point au jeune commandant.

-- Vous avez quelques logements ? louer? demanda ce dernier, sans tenir compte de l'?tonnement de son interlocuteur.

-- Oui, Monsieur, r?pondit le concierge; mais je doute qu'ils puissent vous convenir.

-- Pourquoi?

-- Ce sont des logements d'ouvriers.

-- Qu'? cela ne tienne, repartit Gaston; car le logement que je cherche est destin? ? ?tre occup? par mon domestique.

Le concierge se leva.

-- S'il en est ainsi, dit-il, je crois bien que j'ai votre affaire.

-- Peut-on visiter les lieux?

-- Si Monsieur veut me suivre.

Le concierge confia sa loge ? sa femme, et prenant les devants, il se mit ? monter l'escalier, suivi de pr?s par Gaston.

Ils arriv?rent ainsi au palier du troisi?me ?tage.

-- C'est ici? interrogea Gaston.

Le concierge avait ouvert une porte; il s'effa?a pour permettre au jeune homme de passer.

La chambre ?tait propre; deux grandes fen?tres y laissaient p?n?trer un jour cru.

Gaston en ouvrit une et plongea son regard au dehors.

Les fen?tres donnaient sur la cour. En face s'?levait le couvent, et Gaston constata avec un fr?missement de joie que, de l'endroit o? il se trouvait, on pouvait distinguer tout ce qui se passait dans le parloir.

C'est plus qu'il n'esp?rait.

-- Mon domestique sera fort bien ici, dit-il; je retiens donc le logement. Dans une heure, votre nouveau locataire viendra s'installer.

Et il allait se retirer, quand il demeura comme clou? ? sa place par une surprise m?l?e de stupeur.

Derri?re la haute fen?tre du parloir, il venait d'apercevoir la silhouette d'Edm?e.

Un frisson glac? passa sur sa chair et tout son ?tre fr?mit.

Elle! c'?tait bien elle!

Il ne la voyait qu'imparfaitement; mais son coeur ne pouvait s'y tromper, et un sanglot s'engagea dans sa gorge.

C'est qu'aussi la pauvre recluse ?tait bien chang?e.

Il remarqua surtout la profonde alt?ration de ses traits et l'am?re et douloureuse m?lancolie de son attitude.

Son coeur se brisa. Il e?t voulu franchir l'espace, la prendre dans ses bras, la serrer contre sa poitrine.

Jamais il ne l'avait tant aim?e que dans ce moment; il e?t donn? sa vie pour presser une seconde son front p?li sous ses l?vres ardentes.

Mais il restait l?, retenu ? sa place par un sentiment sup?rieur. Il regardait et attendait.

Quoi? Il ne le savait pas lui-m?me.

Peut-?tre esp?rait-il qu'elle tournerait les yeux de son c?t? et qu'elle l'apercevrait.

Edm?e ?tait loin de soup?onner sa pr?sence si pr?s d'elle; son p?re lui parlait et elle l'?coutait triste, accabl?e, r?sign?e comme toujours!

Que lui disait M. de Beaufort?

Parfois un sourire contraint relevait le coin de sa bouche: son regard se voilait, et elle cachait sa t?te sur la poitrine de son p?re.

Parfois aussi un ?clair parti de ses yeux, d'ordinaire si doux, ?clairait son visage, et Gaston y surprenait une expression qu'il ne leur connaissait pas.

Qu'est-ce que cela voulait dire?

La pauvre cr?ature, lasse de souffrir, sentait-elle sourdre en elle des mouvements de r?volte mal contenus?

M. de Beaufort paraissait, par instants, embarrass? et timide; on e?t dit qu'il s'?tonnait de certaines r?sistances qu'il rencontrait pour la premi?re fois chez son enfant.

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