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Read Ebook: Le magasin d'antiquités Tome I by Dickens Charles Des Essarts Alfred Translator

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Ebook has 2119 lines and 117684 words, and 43 pages

abstinsse de voir la personne qui avait pu, avec une telle imprudence, l'envoyer si loin, de nuit, toute seule. Or, comme il ?tait ? pr?sumer que l'enfant, d?s qu'elle apercevrait son logis, me souhaiterait le bonsoir et contrarierait ainsi mon dessein, j'eus soin d'?viter les rues les plus fr?quent?es et de prendre les plus d?tourn?es. Ainsi elle ne sut pas o? nous ?tions avant que nous fussions dans sa rue m?me. Ma nouvelle connaissance frappa joyeusement des mains, s'?lan?a ? quelques pas devant moi, s'arr?ta ? une porte, o? elle se tint sur la marche jusqu'? mon arriv?e, et, d?s que je l'eus rejointe, elle fit retentir la sonnette.

Une partie de cette porte ?tait vitr?e, sans contrevent qui la prot?ge?t: ce que je ne pus remarquer d'abord, car, ? l'int?rieur, tout ?tait ombre et silence: d'ailleurs, je n'attendais pas avec moins d'anxi?t? que l'enfant une r?ponse ? notre appel. Elle avait sonn? deux ou trois fois d?j?, quand nous entend?mes du dedans le bruit d'une personne qui se meut, et enfin une faible lumi?re apparut ? travers le vitrage. Comme cette lumi?re approchait tr?s- lentement, celui qui la portait ayant ? se frayer un chemin parmi une grande quantit? d'objets ?pars et confus, cette circonstance me permit de voir ? la fois, quelle ?tait la nature de la personne qui s'avan?ait et du lieu dans lequel elle cheminait.

C'?tait un petit vieillard aux longs cheveux gris. Tandis qu'il ?levait la lumi?re au-dessus de sa t?te et regardait en avant ? mesure qu'il approchait, je pus distinguer parfaitement ses traits et sa physionomie. Malgr? les ravages produits par l'?ge, il me sembla reconna?tre dans ses formes gr?les et maigres quelque chose de la forme svelte et souple que j'avais remarqu?e chez l'enfant. Il y avait certainement de l'analogie dans leurs yeux bleus brillants; mais le vieillard ?tait tellement rid? par l'?ge et les chagrins, que l? s'arr?tait toute ressemblance.

La salle qu'il traversait ? pas lents ?tait un de ces r?ceptacles d'objets curieux et antiques qui semblent se cacher dans les coins les plus bizarres de notre ville, et, par jalousie et m?fiance, d?rober leurs tr?sors moisis aux regards du public. Il y avait l? des assortiments de cottes de mailles, toutes droites et figurant des fant?mes de chevaliers arm?s; il y avait des bas-reliefs fantastiques emprunt?s aux clo?tres des moines d'autrefois; il y avait diverses sortes d'armes rouill?es; il y avait des figures contourn?es en porcelaine, en bois et en fer; il y avait des ouvrages d'ivoire; il y avait des tapisseries et des meubles ?tranges, dont le dessin paraissait d? ? la fi?vre des r?ves. La physionomie ?gar?e du petit vieillard ?tait merveilleusement en harmonie avec la localit?. Cet homme devait ?tre all? ? t?tons parmi les vieilles ?glises, les tombes et les maisons abandonn?es, pour en recueillir les d?pouilles de ses propres mains. Dans toute sa collection, il n'y avait rien qui ne f?t en parfaite analogie avec lui, rien qui f?t plus que lui vieux et d?labr?.

Tout en tournant la clef dans la serrure, il me contemplait avec une surprise qui fut loin de diminuer lorsque son regard se porta de moi sur ma compagne de route. La porte s'ouvrit, et l'enfant, s'adressant ? son grand-p?re, lui raconta la petite histoire de notre rencontre.

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-- Grand-p?re, r?pondit avec fermet? la petite fille, j'eusse retrouv? mon chemin pour revenir vers vous, n'ayez pas peur.>>

Le vieillard l'embrassa; puis il se tourna de mon c?t? et m'invita ? entrer, ce que je fis. La porte fut ferm?e de nouveau ? double tour. Mon h?te, me pr?c?dant avec son flambeau, me conduisit, ? travers la salle que j'avais d?j? contempl?e du dehors, dans une petite pi?ce situ?e derri?re: l? se trouvait une autre porte ouvrant sur une sorte de cabinet o? je vis un lit en miniature qui e?t bien convenu ? une f?e, tant il ?tait exigu et gentiment arrang?. L'enfant prit une lumi?re et se retira dans la petite chambre, me laissant avec le vieillard.

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Je r?pondis:

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-- Plus de soin!... r?p?ta le vieillard d'une voix aigre; plus de soin de Nelly!... Qui jamais a aim? une enfant comme j'aime ma Nell?>>

Il pronon?a ces paroles avec une surprise si manifeste, que je me trouvai fort embarrass? pour r?pondre, d'autant plus que, s'il y avait dans ses mani?res quelque chose de heurt? et d'?gar?, ses traits offraient les indices d'une pens?e profonde et triste, d'o? je conclus que, contrairement ? ma premi?re impression, ce n'?tait ni un radoteur ni un imb?cile.

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-- Moi! je n'en ai pas souci!... s'?cria le vieillard en m'interrompant. Ah! que vous me jugez mal!... Ma petite Nelly! ma petite Nelly!>>

Nul homme, quelques paroles qu'il employ?t, ne pourrait montrer plus de tendresse que n'en montra dans ce peu de mots le marchand de curiosit?s. J'attendis qu'il parl?t de nouveau; mais il appuya le menton sur sa main, et, secouant deux ou trois fois la t?te, il tint ses yeux fix?s sur le foyer.

Tandis que nous gardions ainsi le silence, la porte du cabinet s'ouvrit, et l'enfant reparut. Ses fins cheveux bruns tombaient ?pars sur son cou, et son visage ?tait anim? par l'empressement qu'elle avait mis ? venir nous rejoindre. Sans perdre un instant, elle s'occupa des pr?paratifs du souper. Pendant qu'elle se livrait ? ce soin, je remarquai que le vieillard profitait de l'occasion pour m'examiner plus ? fond qu'il ne l'avait fait d'abord. Je vis avec surprise que l'enfant paraissait charg?e de toute la besogne, et que, ? l'exception de nous trois, il ne semblait y avoir ?me qui vive dans la maison. Je saisis un moment o? elle ?tait sortie de la chambre pour glisser un mot ? ce sujet; ? quoi le vieillard r?pliqua qu'il y avait peu de grandes personnes aussi dignes de confiance, aussi soigneuses que Nelly.

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-- N'ayez pas peur de d?truire chez elle ces qualit?s pr?cieuses; non, r?pondit le vieillard me regardant fixement, les sources en sont trop profondes. D'ailleurs, les enfants du pauvre connaissent peu le plaisir. Il faut acheter et payer jusqu'aux moindres jouissances de l'enfance.

-- Mais... excusez la libert? de mon langage... vous n'?tes sans doute pas si pauvre?

-- Nelly n'est pas ma fille; c'est sa m?re qui ?tait ma fille, et sa m?re ?tait pauvre. Je ne mets rien de c?t?; rien, pas un sou, bien que je vive comme vous voyez. Mais elle sera riche un de ces jours; elle deviendra une grande dame. Ne pensez pas mal de moi parce que j'use de son service. Elle est heureuse de me donner ses soins, vous avez pu en juger; son coeur se briserait ? l'id?e que je pusse demander ? toute autre personne ce que ses petites mains ont le courage d'entreprendre. Moi! n'avoir pas souci de mon enfant!... cria-t-il tout ? coup d'un accent plaintif. Dieu sait que cette enfant est l'unique pens?e de ma vie, et cependant il ne me favorise pas! Oh! non, il ne me favorise pas!>>

En ce moment, celle qui faisait le sujet de notre conversation rentra, et le vieillard, m'invitant ? me mettre ? table, rompit l'entretien et retomba dans le silence.

Nous avions ? peine commenc? le repas, quand un coup fut frapp? ? la porte ext?rieure. Nelly, laissant ?chapper un joyeux ?clat de rire qui me fit plaisir ? entendre, car il ?tait enfantin et plein d'expansion, s'?cria:

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-- Petite folle! dit le grand-p?re en caressant les cheveux de sa Nelly; toujours elle se moque du pauvre Kit.>>

Un nouvel ?clat de rire plus bruyant que le premier retentit encore, et, par sympathie, je ne pus me d?fendre d'y associer un sourire. Le petit vieillard prit une chandelle et alla ouvrir la porte. Lorsqu'il revint, Kit ?tait derri?re lui.

Kit ?tait bien le gar?on le plus grotesque qu'on puisse imaginer: lourd, gauche, avec une bouche d?mesur?ment grande, les joues fort rouges, un nez retrouss?, et certainement l'expression la plus comique que j'eusse jamais vue. Il s'arr?ta court sur le seuil, ? l'aspect d'un ?tranger, imprima un mouvement parfait de rotation ? son vieux chapeau, qui n'offrait aucun vestige de bord, et s'appuyant tant?t sur une jambe, tant?t sur l'autre, position qu'il changeait sans cesse, il resta ? l'entr?e, fixant sur l'int?rieur de la chambre le regard le plus extraordinaire. D?s ce moment, je con?us pour ce gar?on un sentiment de reconnaissance, car je compris qu'il ?tait la com?die dans la vie de la jeune fille.

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-- Par ma foi, la course n'?tait pas mauvaise, ma?tre, r?pliqua Kit.

-- Avez-vous eu de la peine ? trouver la maison?

-- Par ma foi, ma?tre, ce n'?tait pas excessivement ais?.

-- Et naturellement, vous revenez avec de l'app?tit?

-- Par ma foi, ma?tre, je le crois.>>

Le jeune gar?on avait une mani?re ? part de se tenir de c?t? en parlant, et de jeter ? chaque mot la t?te obliquement par-dessus son ?paule, comme s'il ne pouvait avoir de voix sans recourir ? ce moyen. Je crois qu'il e?t ?t? divertissant pour tout le monde; mais il y avait quelque chose d'irr?sistible dans le plaisir si vif que son ?tranget? d'allure causait ? Nelly, et dans la pens?e consolante qu'elle pouvait trouver un sujet de gaiet? en un lieu qui semblait si peu fait pour lui en inspirer. Ce qu'il y a de meilleur, c'est que Kit lui-m?me ?tait flatt? de l'impression qu'il produisait; apr?s avoir fait quelques efforts pour conserver sa gravit?, il partit aussi d'un grand ?clat de rire et resta dans ce violent acc?s d'hilarit?, la bouche ouverte et les yeux presque ferm?s.

Le vieillard ?tait retomb? dans sa pr?c?dente r?verie et semblait ?tranger ? ce qui se passait. Mais lorsque Nelly eut cess? de rire, je remarquai que des larmes obscurcissaient les yeux de la jeune fille, et je les attribuai ? la chaleur de l'accueil qu'elle faisait ? son bizarre favori, peut-?tre aussi aux petites ?motions de cette soir?e. Quant ? Kit lui-m?me, dont le rire ?tait de ceux qui laissent douter si l'on rit ou si l'on pleure, il s'empara d'une ?paisse sandwich et d'un pot de bi?re, alla se mettre dans un coin et se disposa ? faire largement honneur ? ces provisions.

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-- Il ne faut pas, mon ami, lui r?pondis-je, attacher trop d'importance ? une remarque fond?e sur les premi?res apparences.

-- Non, non, r?pliqua le vieillard d'un ton pensif; Nell, viens ici.>>

La jeune fille s'empressa de se lever, et elle enla?a de ses bras le cou de son grand-p?re.

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L'enfant r?pondit seulement par des caresses et appuya sa t?te sur la poitrine du vieillard.

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-- Oui, oui, c'est la v?rit?, s'?cria-t-elle avec force. Et Kit aussi le sait bien.>>

Kit, qui, en absorbant son pain et son boeuf, plongeait ? chaque bouch?e, avec le sang-froid d'un jongleur, son couteau dans sa bouche, s'arr?ta tout court au milieu de ses op?rations gastronomiques, en entendant cet appel ? son t?moignage, et hurla: <> Apr?s quoi, il se rendit incapable de continuer la conversation en ingurgitant une ?norme sandwich d'un seul coup.

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-- Je me trouve heureuse comme je suis, grand-p?re, dit l'enfant.

-- Hum! hum! Tu ne sais pas maintenant... et comment pourrais-tu savoir?...>>

Et il murmura de nouveau ? demi-voix:

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Et alors il soupira et retomba dans son ?tat de r?verie; il avait attir? l'enfant entre ses genoux, et paraissait insensible ? tout le reste autour de lui. Cependant il s'en fallait de quelques minutes seulement que minuit sonn?t. Je me levai pour partir: ce mouvement rappela le vieillard ? la r?alit?.

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