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Read Ebook: La Vita Nuova (La Vie Nouvelle) by Dante Alighieri Durand Fardel Max Maxime Translator

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Ebook has 460 lines and 43071 words, and 10 pages

Je commen?ai aussit?t ? penser, et je trouvai que l'heure o? cette vision m'?tait apparue ?tait la quatri?me de la nuit, d'o? il r?sulte qu'elle ?tait la premi?re des neuf derni?res heures de la nuit. Et tout en songeant ? ce qui venait de m'appara?tre, je me proposai de le faire entendre ? quelques-uns de mes amis qui ?taient des trouv?res fameux dans ce temps-l?. Et, comme je m'?tais d?j? essay? aux choses rim?es, je voulus faire un sonnet dans lequel je saluerais tous les fid?les de l'Amour, et les prierais de juger de ma vision. Je leur ?crivis donc ce que j'avais vu en songe:

A toute ?me ?prise et ? tout noble coeur A qui parviendra ceci Afin qu'ils m'en retournent leur avis, Salut dans la personne de leur Seigneur, c'est-?-dire l'Amour. D?j? ?taient pass?es les heures O? les ?toiles brillent de tout leur ?clat, Quand m'apparut tout a coup l'Amour Dont l'essence me remplit encore de terreur. L'Amour me paraissait joyeux. Il tenait mon coeur dans sa main Et dans ses bras une femme endormie et envelopp?e d'un manteau. Puis il la r?veillait et, ce coeur qui br?lait, Il le lui donnait ? manger, ce qu'elle faisait, craintive et docile, Puis je le voyais s'en aller en pleurant.

Il vint plusieurs r?ponses ? ce sonnet, et des opinions diverses furent exprim?es. Parmi elles fut la r?ponse de celui que j'appelle le premier de mes amis. Il m'adressa un sonnet qui commence ainsi: <> Et de l? date le commencement de notre amiti? mutuelle, quand il sut que c'?tait moi qui lui avais fait cet envoi. La v?ritable interpr?tation de ce sonnet ne fut alors saisie par personne. Mais aujourd'hui elle est saisie par les gens les moins perspicaces.

NOTES:

Dante avait alors 18 ans et B?atrice ? peu pr?s 17.

Ce personnage ?tait l'Amour.

Je suis ton ma?tre.

On a vu dans cette nudit? un symbole de virginit?. L'opinion exprim?e par quelques auteurs que B?atrice ?tait d?j? mari?e ? cette ?poque, ne saurait se concilier avec cette attribution symbolique.

Vois ton coeur.

Voir au ch. XXX pour ce qui concerne le nombre 9.

CHAPITRE IV

Apr?s cette vision, ma sant? commen?a ? ?tre troubl?e dans ses fonctions parce que mon ?me ne cessait de penser ? cette beaut?; de sorte que je devins en peu de temps si fr?le et si faible que mon aspect ?tait devenu p?nible pour mes amis. Et beaucoup pouss?s par la malice cherchaient ? savoir ce que je tenais ? cacher aux autres. Et moi, m'apercevant de leur mauvais vouloir, je leur r?pondais que c'?tait l'Amour qui m'avait mis dans cet ?tat. Je disais l'Amour parce que mon visage en portait tellement les marques que l'on ne pouvait s'y m?prendre. Et quand ils me demandaient: <> Je les regardais en souriant, et je ne leur disais rien.

NOTE:

Dans le texte: mon esprit naturel.

CHAPITRE V

Il arriva un jour que cette beaut? ?tait assise dans un endroit o? l'on c?l?brait la Reine de la gloire, et de la place o? j'?tais je voyais ma B?atitude. Et entre elle et moi en ligne droite ?tait assise une dame d'une figure tr?s agr?able, qui me regardait souvent, ?tonn?e de mon regard qui paraissait s'arr?ter sur elle; et beaucoup s'aper?urent de la mani?re dont elle me regardait. Et l'on y fit tellement attention que, en partant, j'entendais dire derri?re moi: <> Et, comme on la nommait, je compris qu'on parlait de celle qui se trouvait dans la direction o? mes yeux allaient s'arr?ter sur l'aimable B?atrice.

Alors je me rassurai, certain que mes regards n'avaient pas ce jour-l? d?voil? aux autres mon secret; et je pensai ? faire aussit?t de cette gracieuse femme ma protection contre la v?rit?. Et en peu de temps, j'y r?ussis si bien que ceux qui parlaient de moi crurent avoir d?couvert ce que je tenais ? cacher.

Gr?ce ? elle, je pus dissimuler pendant des mois et des ann?es. Et pour mieux tromper les autres, je composai ? son intention quelques petits vers que je ne reproduirai pas ici, ne voulant dire que ceux qui s'adresseraient ? la divine B?atrice, et je ne donnerai que ceux qui seront ? sa louange.

NOTES:

La f?te de la Vierge.

Il para?t difficile de croire que ce man?ge ait dur? des ann?es.

CHAPITRE VI

Je dirai que pendant que cette femme servait ainsi de protection ? mon grand amour, pour ce qui me concernait, il me vint ? l'id?e de vouloir rappeler le nom de celle qui m'?tait ch?re, en l'accompagnant du nom de beaucoup d'autres femmes, et parmi les leurs du nom de celle dont je viens de parler. Et, ayant pris les noms des soixante plus belles femmes de la ville, o? ma Dame a ?t? mise par le Seigneur, j'en composai une ?p?tre sous la forme de Sirvente, que je ne reproduirai pas. Et si j'en fais mention ici, c'est uniquement pour dire que, par une circonstance merveilleuse, le nom de ma Dame ne put y entrer pr?cis?ment que le neuvi?me parmi ceux de toutes les autres.

NOTE:

Cette dame qui m'avait pendant si longtemps servi ? cacher ma volont?, il fallut qu'elle quitt?t la ville o? nous ?tions, pour une r?sidence ?loign?e. De sorte que moi, fort troubl? d'avoir perdu la protection de mon secret, je me trouvai plus d?concert? que je n'aurais cru devoir l'?tre. Et pensant que, si je ne t?moignais pas quelque chagrin de son d?part, on s'apercevrait plus t?t de ma fraude, je me proposai de l'exprimer dans un sonnet que je reproduirai ici parce que certains passages s'y adresseront ? ma Dame, comme s'en apercevra celui qui saura le comprendre.

O vous qui passez par le chemin de l'Amour, Faites attention et regardez S'il est une douleur ?gale ? la mienne. Je vous prie seulement de vouloir bien m'?couter; Et alors vous pourrez vous imaginer De quels tourmens je suis la demeure et la clef. L'Amour, non pour mon peu de m?rite Mais gr?ce ? sa noblesse, Me fit la vie si douce et si suave Que j'entendais dire souvent derri?re moi: Ah! A quels m?rites Celui-ci doit-il donc d'avoir le coeur si joyeux? Maintenant, j'ai perdu toute la vaillance Qui me venait de mon tr?sor amoureux, Et je suis rest? si pauvre Que je n'ose plus parler. Si bien que, voulant faire comme ceux Qui par vergogne cachent ce qui leur manque, Je montre de la gait? au dehors Tandis qu'en dedans mon coeur se resserre et pleure.

NOTES:

Apr?s le d?part de cette dame, il plut au Seigneur des anges d'appeler ? sa gloire une femme jeune et de tr?s gracieuse apparence, laquelle ?tait aim?e dans cette ville. Je vis son corps au milieu de femmes qui pleuraient.

Alors, me rappelant l'avoir vue dans la compagnie de ma Dame, je ne pus retenir mes larmes. Et tout en pleurant, je me proposai de dire quelque chose sur sa mort, ? l'intention de celle pr?s de qui je l'avais vue. Et c'est ? cela que se rapportent les derniers mots de ce que je dis ? son sujet, comme le saisiront bien ceux qui le comprendront. Je fis donc les deux sonnets qui suivent:

Pleurez, amans, alors que l'amour pleure, En entendant ce qui le fait pleurer. L'Amour entend les femmes sangloter de piti?, Et leurs yeux t?moignent de leur douleur am?re. C'est parce que la mort m?chante a exerc? Son oeuvre cruelle sur un coeur aimable En d?truisant, sauf l'honneur, ce qui attire aux femmes Les louanges du monde. ?coutez comment l'Amour lui a rendu hommage, Car je l'ai vu sous une forme r?elle Se lamenter sur cette belle image. Et il levait ? chaque instant ses yeux vers le ciel O? ?tait d?j? log?e cette ?me gracieuse Qui avait ?t? une femme si attrayante.

Mort brutale, ennemie de la piti?, m?re antique de la douleur, Jugement dur et irr?cusable, Puisque tu as donn? l'occasion ? mon coeur afflig? De se livrer ? ses pens?es, Ma langue se fatiguera ? t'accuser; Et si je te refuse toute excuse, Il faut que je dise Tes m?faits et tes crimes: Non que le monde les ignore, Mais pour soulever l'indignation De quiconque se nourrit d'amour. Tu as s?par? du monde la beaut?, Et ce qui a le plus de prix chez une femme, la vertu. Tu as d?truit la gr?ce amoureuse D'une jeunesse joyeuse. Je ne veux pas d?couvrir ici davantage la femme Dont les m?rites sont bien connus. Celui qui ne m?rite pas son salut Qu'il n'esp?re jamais ?tre en sa compagnie.

NOTES:

C'est-?-dire que la mort peut d?pouiller une femme de tout ce qui charmait dans sa personne, mais non l'honneur qui la distinguait.

L'Amour repr?sente ici B?atrice, qui ?tait elle-m?me pr?sente ? cette sc?ne douloureuse.

C'est ? B?atrice que s'adressent ces deux derniers vers. Vivre en sa compagnie, c'est-?-dire dans le ciel.

Quelques jours apr?s la mort de cette femme, il survint une chose qui m'obligea de quitter la ville et de me rendre vers l'endroit o? ?tait cette aimable femme qui avait servi ? prot?ger mon secret, car le but de mon voyage n'en ?tait pas tr?s ?loign?. Et quoique je fusse en apparence en nombreuse compagnie, il m'en co?tait de m'en aller, ? ce point que mes soupirs ne parvenaient pas ? d?gager l'angoisse o? mon coeur ?tait plong? d?s que je me s?parais de ma B?atitude.

Or, le doux Seigneur, qui s'?tait empar? de moi par la vertu de cette femme adorable, m'apparut dans mon imagination comme un p?lerin v?tu simplement d'humbles habits. Il me paraissait h?sitant, et il regardait ? terre, si ce n'est que parfois ses yeux se tournaient vers une belle rivi?re, dont le courant ?tait tr?s pur, et qui longeait la route o? je me trouvais.

Il me parut alors que l'Amour m'appelait et me disait ces paroles: <>

Ceci dit, toute cette imagination disparut tout ? coup, ? cause du grand pouvoir que l'Amour semblait prendre sur moi. Et, le visage alt?r?, tout pensif et accompagn? de mes soupirs, je chevauchai le reste du jour. Et le jour d'apr?s, je fis le sonnet suivant:

Chevauchant avant hier sur un chemin Contre mon gr? et tout pensif, Je rencontrai l'Amour au milieu de la route, Portant le simple v?tement d'un p?lerin. Il avait un aspect tr?s humble Comme s'il avait perdu toute sa dignit?. Il marchait pensif et soupirant, La t?te inclin?e, comme pour ne pas voir les gens. Quand il me vit, il m'appela par mon nom Et dit: Je viens de loin, L? o? ton coeur se tenait par ma volont?, Et je l'apporte pour qu'il serve ? une nouvelle beaut?. Alors je me sentis tellement envahi par lui Qu'il disparut tout d'un coup, sans que je me fusse aper?u comment.

NOTES:

L'Amour.

CHAPITRE X

Apr?s mon retour, je me mis ? la recherche de cette femme que mon Seigneur m'avait nomm?e sur le chemin des soupirs. Et, afin que mon discours soit plus bref, je dirai qu'en peu de temps j'en fis ma protection, si bien que trop de gens en parl?rent, en d?passant les limites de la discr?tion et de la courtoisie, ce qui me fut souvent fort p?nible. Et il r?sulta de ces bavardages, qui semblaient m'accuser d'infamie, que cette merveille, qui fut la destructrice de tous les vices et la reine de toutes les vertus, passant quelque part, me refusa ce si doux salut dans lequel r?sidait toute ma b?atitude. Et ici j'interromprai mon r?cit pour faire comprendre l'effet que son salut exer?ait sur moi.

Lorsqu'elle venait ? m'appara?tre, dans l'espoir de cet admirable salut, je ne me sentais plus aucun ennemi; une flamme de charit? m'envahissait, qui me faisait pardonner ? tous ceux qui m'avaient offens?; et ? quiconque m'e?t alors demand? quelque chose je n'aurais r?pondu qu'un mot: Amour, l'humilit? peinte sur mon visage. Et quand elle ?tait sur le point de me saluer, un esprit d'amour d?truisait toutes mes sensations, et se peignait sur mes organes visuels intimid?s, et il leur disait: allez honorer votre dame, et ils demeuraient fix?s sur elle. Et qui aurait voulu conna?tre ce que c'est que l'amour n'aurait eu qu'? regarder le tremblement de mes yeux. Et quand cette admirable me saluait, l'amour ne parvenait pas ? cacher mon intol?rable b?atitude: mais je me trouvais ?cras? par une telle douceur que mon corps, qui en subissait tout entier l'empire, se mouvait comme un objet inanim? et pesant, ce qui montrait bien que dans son salut habitait ma B?atitude, laquelle surpassait et dominait toutes mes facult?s.

Maintenant, revenant ? mon r?cit, je dirai que, apr?s que ma B?atitude m'eut ?t? refus?e, je fus pris d'une douleur si vive que je me s?parai de tout le monde, et j'allai dans la solitude arroser la terre de mes larmes et, lorsque mes pleurs se furent un peu apais?s, je me r?fugiai dans ma chambre, o? je pouvais me lamenter sans ?tre entendu. Et l?, demandant mis?ricorde ? la reine de la courtoisie, je disais: Amour, viens en aide ? ton fid?le. Et je m'endormis en pleurant comme un enfant qui vient d'?tre battu.

Alors, en pensant ? ses paroles, il me parut qu'il m'avait parl? d'une fa?on tr?s obscure, et je lui dis: <> Il me r?pondit en langue vulgaire: <>

Puis, je lui parlai du salut qui m'avait ?t? refus?, et je lui demandai quelle en avait ?t? la raison. Voici comment il me r?pondit: <>

Cela dit, il disparut, et mon sommeil aussi. Et en y pensant je trouvai que cette vision m'?tait apparue ? la neuvi?me heure du jour. Et avant d'?tre sorti de ma chambre, j'avais r?solu de faire une ballade o? je suivrais ce que m'avait recommand? mon Seigneur.

Ballade, je veux que tu ailles retrouver l'Amour Et que tu te pr?sentes avec lui devant ma Dame, Afin que mon Seigneur s'entretienne avec elle De mes excuses que tu lui chanteras. Tu t'en vas, Ballade, d'une fa?on si courtoise Que, m?me sans sa compagnie, Tu pourras te pr?senter partout sans crainte. Mais si tu veux y aller en toute s?curit?, Va d'abord retrouver l'Amour; Il ne serait pas bon de t'en aller sans lui. Car celle qui doit t'entendre Si, comme je le crois, elle est irrit?e contre moi, S'il ne t'accompagnait pas, Elle pourrait bien te recevoir mal. Et, quand vous serez l? ensemble, Commence ? lui dire avec douceur, Apr?s lui en avoir d'abord demand? la permission: Madame, celui qui m'envoie vers vous Veut, s'il vous pla?t, Et s'il en a la permission, que vous m'entendiez. C'est l'amour qui, ? cause de votre beaut?, A fait, comme il l'a voulu, changer d'objet ? ses regards. Aussi, pourquoi il a regard? ailleurs, Jugez-en par vous-m?me, du moment que son coeur n'a pas chang?. Dis-lui: Madame, son coeur a gard? Une foi si fid?le Que sa pens?e est ? tout instant pr?te ? vous servir. Il a ?t? v?tre tout d'abord, et il ne s'est pas d?menti. Si elle ne le croit pas, Dis qu'elle demande ? l'Amour si cela est vrai, Et ? la fin prie-la humblement, S'il ne lui pla?t pas de me pardonner, Qu'elle m'envoie par un messager l'ordre de mourir, Et elle verra son serviteur lui ob?ir. Et dis ? celui qui est la clef de toute piti?, Avant que tu ne t'en ailles, De lui expliquer mes bonnes raisons Par la gr?ce de mes paroles harmonieuses. Reste ici aupr?s d'elle Et dis-lui ce que ta voudras de son serviteur. Et si elle lui pardonne ? ta pri?re Viens lui annoncer cette belle paix. Ma gentille Ballade, vas quand il te plaira, Au moment qui te para?tra le meilleur, pour que l'honneur t'en revienne.

NOTES:

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