Read Ebook: Le pacha trompé ou Les deux ours: Pièce comique en un acte by Doin Ernest
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Ebook has 520 lines and 10009 words, and 11 pages
PACHA TROMP?
LES DEUX OURS
NOUVELLE PI?CE COMIQUE EN UN ACTE ARRANG?E PAR
ERNEST DOIN
A L'USAGE DES COLL?GES, MAISONS D'?DUCATION ET SOCI?T?S D'AMATEURS
MONTR?AL BEAUCHEMIN & VALOIS, LIBRAIRES-IMPRIMEURS 256 et 258 rue St-Paul.
PERSONNAGES:
SCHAHABAHAM, pacha . MAR?COT, son conseiller, . VICTOR, jeune fran?ais esclave, favori du pacha. AUGUSTE, ami de Victor. TRISTAPATTE, oncle de Victor . LAGINGEOLE, son associ? . ALI, premier eunuque. Le grand estafier; troupe d'esclaves; seigneurs.
SC?NE 1?re
AUGUSTE
Comment! on n'a point de ses nouvelles!
VICTOR
Le dernier bulletin annon?ait du mieux, mais le m?decin du s?rail vient d'arriver et nous somme tous dans une anxi?t?...
AUGUSTE
Ce n'est pas rassurant.
VICTOR
Savez-vous que cette perte serait affreuse.
AUGUSTE
Oui, pour le pacha qui ne peut se passer de son favori.
VICTOR
Et pour nous surtout, car enfin, cet ours ?tait assez bonne personne; il ne m?ritait peut-?tre pas la place importante qu'il occupait; mais on ne peut pas dire qu'il ait abus? de sa faveur, et on ne peut lui reprocher aucune injustice, ni aucun acte arbitraire.
AUGUSTE
C'est bien vrai.
VICTOR
Et puisqu'il faut absolument que le sultan ait un favori, sait-on qui lui succ?dera?
AUGUSTE
Mais cette perte devrait vous effrayer moins que tout autre; on sait combien vous ?tes aim? du pacha; parmi tous les esclaves, vous ?tes le seul qui puissiez faire vos volont?s; il vous a donn? une superbe biblioth?que... enfin, je crois que pour vous, il n'y a rien que puisse vous attrister.
VICTOR
Qu'oses-tu dire?... Ne sais-tu pas combien je vis dans l'inqui?tude?... ?coute et comprends bien ma position. Il y a trois ans que mon oncle Tristapatte et son associ? Lagingeole avaient d?cid? de visiter les cours ?trang?res pour y exhiber leurs nouveaut?s d'animaux savants; je ne sais par quelle fatalit?, mon oncle, qui pourtant est la bont? m?me, d?cida que je partirais en avant pour Smyrne. J'?tais dou? de quelques talents pour la musique et je baragouinais assez bien la langue turque; on me fit donc embarquer ? Marseille sur un b?timent marchant; pendant quelque temps la travers?e, paraissait devoir ?tre heureuse, mais environ trois semaines apr?s le d?part, une temp?te affreuse s'?leva, et les vents ?tant contraires, nous f?mes jet?s sur cette plage o? abondent des corsaires, et je fus recueilli par des musulmans:... je ne sais ce que devint le capitaine ainsi que son ?quipage... Apr?s quelques jours de repos, un homme me conduisit au s?rail et me pr?senta au seigneur Mar?cot, premier ministre du pacha. Il parut touch? de mon malheur; ma jeunesse, ma figure parurent faire une certaine impression sur ce brave homme; il me fit endosser des v?tements turcs, me pr?senta au pacha comme son neveu, lui raconta ? ce sujet une fable; le pacha m'accueillit bien, me fit pour ainsi dire son favori et voil? pourquoi aujourd'hui, on m'appelle l'esclave bien-aim? du pacha. Mais je te le demande, Auguste, si tout se d?couvrait... tu connais le pacha, il n'y aurait pas de gr?ce ? esp?rer et ton ami Victor ainsi que le brave Mar?cot serait mis ? mort sans aucune forme de proc?s... Maintenant, Auguste, crois-tu que je n'aie pas lieu d'?tre triste?
AUGUSTE
Je connaissait un peu de votre histoire par une conversation que vous e?tes un jour dans le jardin du palais avec le seigneur Mar?cot. Mais, encore une fois, le pacha vous aime beaucoup, vous le charmez par votre talent pour la musique, vous ?tes admis dans l'int?rieur du palais, ce qui n'est gu?re permis ? aucun esclave; moi-m?me, fran?ais comme vous, je jouis d'une certaine libert?, gr?ce ? vous; vous f?tes aussi touch? de mon malheur que je vous racontai... Mon p?re, ma m?re, massacr?s par les pirates, et moi, vendu comme esclave, assujetti aux ouvrages les plus durs!... Encore une fois, Victor, c'est ? vous que je dois d'?tre d?livr? de mes maux; le pacha m'a mis pr?s de vous pour vous servir et vous avez bien voulu que je sois votre ami.
VICTOR
Ah! mon Dieu! que nous veut le seigneur Mar?cot, d'o? lui vient cet air constern??
SC?NE 2me
LES M?MES.
Mes amis!... C'en est fait!...
VICTOR
Comment!... Il n'est plus?
MAR?COT
Vous l'avez dit: l'ours a v?cu... il n'a pas m?me voulu attendre la visite des m?decins.
VICTOR
On a beau dire... cet ours-l? n'?tait pas sans intelligence.
Oui, c'est un grande perte pour la m?nagerie, car, ? la cour on peut s'en passer.
Comment, seigneur Mar?cot, vous qui l'aimiez tant?
MAR?COT
Je l'aimais... je l'aimais... je l'aimais comme tout le monde, quand le pacha ?tait l?; je ne l'aurais pas dit de son vivant!... Mais c'?tait bien le plus vilain animal!... Et d'un caprice... des caprices... beaucoup de caprices... Moi qui ?tais attach? ? sa personne, j'ai ?t? ? m?me de l'appr?cier... Et Dieu merci, j'en dirais long, si ce n'?tait le respect qu'on doit aux gens qui ne sont plus en place.
COUPLET
Il joignait l'air d'un intrigant A l'astuce d'un diplomate, Et quoiqu'il fit le chien couchant, Donnait souvent des coups de patte; Taciturne, il grognait toujours, Et dans sa fiert? monotone, Sous pr?texte qu'il ?tait ours, Monsieur ne parlait ? personne.
VICTOR
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