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Read Ebook: Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812. Tome II by S Gur Philippe Paul Comte De

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Ebook has 377 lines and 31949 words, and 8 pages

Ces marches forc?es, commenc?es avant le jour et qui ne finissaient pas avec lui, dispers?rent tout ce qui ?tait rest? ensemble. On se perdit dans les t?n?bres de ces grandes for?ts et de ces longues nuits. Le soir on s'arr?tait, le matin on se remettait en route dans l'obscurit?, au hasard, et sans entendre le signal; les restes des corps achev?rent alors de se dissoudre; tout se m?la et se confondit.

Dans ce dernier degr? de faiblesse et de confusion, et comme on approchait de Borizof, on entendit devant soi de grands cris. Quelques-uns y coururent croyant ? une attaque. C'?tait l'arm?e de Victor, que Witgenstein avait pouss?e mollement jusque sur le c?t? droit de notre route. Elle y attendait le passage de Napol?on. Tout enti?re encore et toute vive, elle revoyait son empereur, qu'elle recevait avec ces acclamations d'usage, depuis long-temps oubli?es.

Elle ignorait nos d?sastres: on les avait cach?s soigneusement, m?me ? ses chefs. Aussi, quand, au lieu de cette grande colonne conqu?rante de Moskou, elle n'aper?ut derri?re Napol?on qu'une tra?n?e de spectres couverts de lambeaux, de pelisses de femme, de morceaux de tapis, ou de sales manteaux roussis et trou?s par les feux, et dont les pieds ?taient envelopp?s de haillons de toute esp?ce, elle demeura constern?e. Elle regardait avec effroi d?filer ces malheureux soldats d?charn?s, le visage terreux et h?riss? d'une barbe hideuse, sans armes, sans honte, marchant confus?ment, la t?te basse, les yeux fix?s vers la terre, et en silence, comme un troupeau de captifs.

Ce qui l'?tonnait le plus, c'?tait la vue de cette quantit? de colonels et de g?n?raux ?pars, isol?s, qui ne s'occupaient plus que d'eux-m?mes, ne songeant qu'? sauver ou leurs d?bris ou leur personne; ils marchaient p?le-m?le avec les soldats, qui ne les apercevaient pas, auxquels ils n'avaient plus rien ? commander, de qui ils ne pouvaient plus rien attendre, tous les liens ?tant rompus, tous les rangs effac?s par la mis?re.

Les soldats de Victor et d'Oudinot n'en pouvaient croire leurs regards. Leurs officiers, ?mus de piti?, les larmes aux yeux, retenaient ceux de leurs compagnons que dans cette foule ils reconnaissaient. Ils les secouraient de leurs vivres et de leurs v?temens, puis ils leur demandaient o? ?taient donc leurs corps d'arm?e? Et quand ceux-ci les leur montraient, n'apercevant, au lieu de tant de milliers d'hommes, qu'un faible peloton d'officiers et sous-officiers autour d'un chef, ils les cherchaient encore.

L'aspect d'un si grand d?sastre ?branla, d?s le premier jour, les deuxi?me et neuvi?me corps. Le d?sordre, de tous les maux le plus contagieux, les gagna; Car il semble que l'ordre soit un effort contre la nature.

Et cependant les d?sarm?s, les mourans m?mes, quoiqu'ils n'ignorassent plus qu'il fallait se faire jour au travers d'une rivi?re et d'un nouvel ennemi, ne dout?rent pas de la victoire.

Ce n'?tait plus que l'ombre d'une arm?e, mais c'?tait l'ombre de la grande-arm?e. Elle ne se sentait vaincue que par la nature. La vue de son empereur la rassurait. Depuis long-temps elle ?tait accoutum?e ? ne plus compter sur lui pour la faire vivre, mais pour la faire vaincre. C'?tait la premi?re campagne malheureuse, et il y en avait eu tant d'heureuses! il ne fallait que pouvoir le suivre: lui seul, qui avait pu ?lever si haut ses soldats et les pr?cipiter ainsi, pourrait seul les sauver. Il ?tait donc encore au milieu de son arm?e comme l'esp?rance au milieu du coeur de l'homme.

Aussi, parmi tant d'?tres qui pouvaient lui reprocher leur malheur, marchait-il sans crainte, parlant aux uns et aux autres sans affectation, s?r d'?tre respect? tant qu'on respecterait la gloire. Sachant bien qu'il nous appartenait, autant que nous lui appartenions, sa renomm?e ?tant comme une propri?t? nationale. On aurait plut?t tourn? ses armes contre soi-m?me, ce qui arriva ? plusieurs, et c'?tait un moindre suicide.

Quelques-uns venaient tomber et mourir ? ses pieds, et, quoique dans un d?lire effrayant, leur douleur priait et ne reprochait pas. Et en effet, ne partageait-il pas le danger commun. Qui d'eux tous risquait autant que lui! Qui perdait plus ? ce d?sastre!

S'il y eut des impr?cations, ce ne fut point en sa pr?sence; il semblait que de tant de maux le plus grand fut encore celui de lui d?plaire: tant la confiance et la soumission ?taient inv?t?r?es pour cet homme, qui leur avait soumis le monde; dont le g?nie, jusque-l? toujours victorieux et infaillible, s'?tait mis ? la place de leur libre arbitre, et qui pendant si long-temps, ayant tenu le grand-livre des pensions, celui des rangs, et celui de l'histoire, avait eu de quoi satisfaire, non-seulement les esprits avides, mais aussi tous les coeurs g?n?reux.

ON approchait ainsi du moment le plus critique. Victor en arri?re avec quinze mille hommes; Oudinot en avant avec cinq mille et d?j? sur la B?r?zina, l'empereur entre deux avec sept mille hommes, quarante mille tra?neurs et une masse ?norme de bagages et d'artillerie, dont la plus grande partie appartenait aux deuxi?me et neuvi?me corps.

Le 25, comme il allait atteindre la B?r?zina, on aper?ut de l'h?sitation dans sa marche. Il s'arr?tait ? chaque instant sur la grande route, attendant la nuit pour cacher son arriv?e ? l'ennemi, et donner le temps au duc de Reggio d'?vacuer Borizof.

En entrant le 23 dans cette ville, ce mar?chal avait vu un pont, de trois cents toises de longueur, d?truit sur trois points et que la pr?sence de l'ennemi rendait impossible ? r?tablir. Il avait appris qu'? sa gauche, et apr?s avoir descendu le fleuve pendant deux milles, on trouverait pr?s d'Oukoholda un gu? profond et peu s?r; qu'? un mille au-dessus de Borizof, Stadhof marquait un autre gu?, mais peu abordable. Il savait enfin, depuis deux jours, que Studzianka, ? deux lieues au-dessus de Stadhof, ?tait un troisi?me point de passage.

Il en devait la connaissance ? la brigade Corbineau. C'?tait elle que de Wrede avait enlev?e au deuxi?me corps vers Smoliany. Ce g?n?ral bavarois l'avait gard?e jusqu'? Dokszitzi, d'o? il l'avait renvoy?e au deuxi?me corps par Borizof. Mais Corbineau trouva l'arm?e russe de Tchitchakof ma?tresse de cette ville. Forc? de r?trograder en remontant la B?r?zina, de se cacher dans les for?ts qui la bordent, et ne sachant sur quel point passer ce fleuve, il avait aper?u un paysan lithuanien, dont le cheval, encore mouill?, paraissait en sortir. Il s'?tait saisi de cet homme, s'en ?tait fait un guide, derri?re lequel il avait travers? la rivi?re ? un gu?, en face de Studzianka. Ce g?n?ral avait ensuite rejoint Oudinot, en lui indiquant cette voie de salut.

L'intention de Napol?on ?tant de se retirer directement sur Wilna, le mar?chal comprit facilement que ce passage ?tait le plus direct et le moins dangereux. Il ?tait d'ailleurs reconnu, et quand bien m?me l'infanterie et l'artillerie, trop press?es par Witgenstein et Kutusof, n'auraient pas le temps de franchir le fleuve sur des ponts, du moins serait-on s?r, puisqu'il y avait un gu? ?prouv?, que l'empereur et la cavalerie le passeraient; qu'alors tout, ne serait pas perdu, et la paix et la guerre, comme si Napol?on lui-m?me restait au pouvoir de l'ennemi.

Aussi, le mar?chal n'avait-il pas h?sit?. D?s la nuit du 23 au 24, le g?n?ral d'artillerie, une compagnie de pontoniers, un r?giment d'infanterie et la brigade Corbineau avaient occup? Studzianka.

En m?me temps, les deux autres passages avaient ?t? reconnus; tous avaient ?t? trouv?s fortement observ?s. Il s'agissait donc de tromper et de d?placer l'ennemi. La force n'y pouvait rien. On essaya la ruse: c'est pourquoi, d?s le 24, trois cents hommes et quelques centaines de tra?neurs furent envoy?s vers Oukoholda, avec instruction d'y ramasser ? grand bruit tous les mat?riaux n?cessaires ? la construction d'un pont; on fit encore d?filer pompeusement de ce c?t? et en vue de l'ennemi toute la division des cuirassiers.

On fit plus, le g?n?ral chef d'?tat-major Lorenc? se fit amener plusieurs Juifs: il les interrogea avec affectation sur ce gu? et sur les chemins qui de l? conduisaient ? Minsk. Puis montrant une grande satisfaction de leurs r?ponses, et feignant d'?tre convaincu qu'il n'y avait point de meilleur passage, il retint comme guides quelques-uns de ces tra?tres, et fit conduire les autres au-del? de nos avant-postes. Mais pour ?tre plus s?r que ceux-ci lui manqueraient de foi, il leur fit jurer qu'ils reviendraient au-devant de nous, dans la direction de B?r?sino inf?rieur, pour nous informer des mouvemens de l'ennemi.

Pendant qu'on s'effor?ait ainsi d'attirer ? gauche toute l'attention de Tchitchakof, on pr?parait secr?tement ? Studzianka des moyens de passage. Ce ne fut que le 25, ? cinq heures du soir, qu'?bl? y arriva, suivi seulement de deux forges de campagne, de deux voitures de charbon, de six caissons d'outils et de clous, et de quelques compagnies de pontoniers. ? Smolensk il avait fait prendre ? chaque ouvrier un outil et quelques clameaux.

Mais les chevalets qu'on construisait depuis la veille, avec les poutres des cabanes polonaises, se trouv?rent trop faibles. Il fallut tout recommencer. Il ?tait d?sormais impossible d'achever le pont pendant la nuit; on ne pouvait l'?tablir que le lendemain 26, pendant le jour, et sous le feu de l'ennemi: mais il n'y avait plus ? h?siter.

D?s les premi?res ombres de cette nuit d?cisive, Oudinot c?de ? Napol?on l'occupation de Borizof, et va prendre position avec le reste de son corps ? Studzianka. On marcha dans une profonde obscurit?; sans bruit, et se commandant mutuellement le plus profond silence.

? huit heures du soir, Oudinot et Dombrowski s'?tablirent sur les hauteurs dominantes du passage, en m?me temps qu'?bl? en descendait. Ce g?n?ral se pla?a sur les bords du fleuve, avec ses pontoniers et un caisson rempli de fer de roues abandonn?es, dont, ? tout hasard, il avait fait forger des crampons. Il avait tout sacrifi? pour conserver cette faible ressource: elle sauva l'arm?e.

? la fin de cette nuit du 25 au 26, il fit enfoncer un premier chevalet dans le lit fangeux de la rivi?re. Mais pour comble de malheur la crue des eaux avait fait dispara?tre le gu?. Il fallut des efforts inouis, et que nos malheureux sapeurs, plong?s dans les flots jusqu'? la bouche, combattissent les glaces que charriait le fleuve. Plusieurs p?rirent de froid, ou submerg?s par ces gla?ons, que poussait un vent violent.

Ils eurent tout ? vaincre, except? l'ennemi. La rigueur de l'atmosph?re ?tait au juste degr? qu'il fallait pour rendre le passage du fleuve plus difficile, sans suspendre son cours, et sans consolider assez le terrain mouvant sur lequel nous allions aborder. Dans cette circonstance, l'hiver se montra plus russe que les Russes eux-m?mes. Ceux-ci manqu?rent ? leur saison, qui ne leur manquait pas.

Les Fran?ais travaill?rent toute la nuit ? la lueur des feux ennemis, qui ?tincelaient sur la hauteur de la rive oppos?e, ? la port?e du canon et des fusils de la division Tchaplitz. Celui-ci ne pouvant plus douter de notre dessein, en envoya pr?venir son g?n?ral en chef.

LA pr?sence d'une division ennemie ?tait l'espoir d'avoir tromp? l'amiral russe. On s'attendait ? chaque moment ? entendre ?clater toute son artillerie sur nos travailleurs; et quand m?me le jour seul d?couvrirait nos efforts, le travail ne devait pas ?tre alors assez avanc?; et la rive oppos?e, basse et mar?cageuse, ?tait trop soumise aux positions de Tchaplitz, pour qu'un passage de vive force f?t possible.

Aussi Napol?on, en sortant de Borizof, ? dix heures du soir, crut-il partir pour un choc d?sesp?r?. Il s'?tablit avec les six mille quatre cents gardes qui lui restaient ? Staro?-Borizof, dans un ch?teau appartenant au prince Radziwil, situ? sur la droite du chemin de Borizof ? Studzianka, et ? une ?gale distance de ces deux points.

Il passa le reste de cette nuit d?cisive debout, sortant ? tout moment, ou pour ?couter, ou pour se rendre au passage o? son sort s'accomplissait. Car la foule de ses anxi?t?s remplissait tellement ses heures, qu'? chacune d'elles il croyait la nuit achev?e. Plusieurs fois, ceux qui l'entouraient l'avertirent de son erreur.

L'obscurit? ?tait ? peine dissip?e lorsqu'il se r?unit ? Oudinot. La pr?sence du danger le calma, comme il arrivait toujours; mais ? la vue des feux russes et de leur position, ses g?n?raux les plus d?termin?s, tels que Rapp, Mortier et Ney, s'?cri?rent, <> Murat lui-m?me pensa qu'il ?tait temps de ne plus songer qu'? sauver Napol?on. Des Polonais le lui propos?rent.

L'empereur attendait le jour dans l'une des maisons qui bordaient la rivi?re, sur un escarpement que couronnait l'artillerie d'Oudinot. Murat y p?n?tre; il d?clare ? son beau-fr?re, <>

Mais Napol?on repoussa cette proposition comme une voie honteuse, comme une l?che fuite, s'indignant qu'on est os? croire qu'il quitterait son arm?e tant qu'elle serait en p?ril. Toutefois, il n'en voulut point ? Murat, peut-?tre parce que ce prince lui avait donn? lieu de montrer sa fermet?, ou plut?t parce qu'il ne vit dans son offre qu'une marque de d?vouement, et que la premi?re qualit?, aux yeux des souverains, est l'attachement ? leur personne.

En ce moment, le jour faisait p?lir et dispara?tre les feux moskovites. Nos troupes prenaient les armes, les artilleurs se pla?aient ? leurs pi?ces, les g?n?raux observaient, tous enfin tenaient leurs regards fix?s sur la rive oppos?e, dans ce silence des grandes attentes et pr?curseur des grands dangers.

Depuis la veille, chacun des coups de nos pontoniers retentissant sur ces hauteurs bois?es, avait d? attirer toute l'attention de l'ennemi. Les premi?res lueurs du 26 allaient donc nous montrer ses bataillons et son artillerie rang?s devant le fr?le ?chafaudage qu'?bl? devait encore mettre huit heures ? construire. Sans doute ils n'avaient attendu le jour que pour mieux diriger leurs coups. Il parut: nous v?mes des feux abandonn?s, une rive d?serte, et, sur les hauteurs, trente pi?ces d'artillerie en retraite. Un seul de leurs boulets e?t suffi pour an?antir l'unique planche de salut qu'on allait jeter pour joindre les deux rives; mais cette artillerie se reployait ? mesure que la n?tre se mettait en batterie.

Plus loin, on apercevait la queue d'une longue colonne qui s'?coulait vers Borizof sans regarder derri?re elle; cependant, un r?giment d'infanterie et douze canons restaient en pr?sence, mais sans prendre position, et l'on voyait une horde de Cosaques errer sur la lisi?re des bois: c'?tait l'arri?re-garde de la division Tchaplitz, qui, forte de six mille hommes, s'?loignait ainsi comme pour nous livrer passage.

Les Fran?ais n'en osaient pas croire leurs regards. Enfin, saisis de joie, ils battent des mains, ils en poussent des cris. Rapp et Oudinot entrent pr?cipitamment chez l'empereur. <> r?pond l'empereur. Mais Ney et Murat accourent et confirment ce rapport. Alors Napol?on s'?lance hors de son quartier-g?n?ral: il regarde, il voit encore les derni?res files de la colonne de Tchaplitz s'?loigner et dispara?tre dans les bois, et, transport?, il s'?crie: <>

Dans ce premier mouvement, deux pi?ces ennemies reparurent et firent feu. L'ordre de les ?loigner ? coups de canon fut donn?. Une premi?re salve suffit; c'?tait une imprudence qu'on fit cesser promptement de peur qu'elle ne rappel?t Tchaplitz; car le pont ?tait ?-peine commenc?: il ?tait huit heures, on enfon?ait encore ses premiers chevalets.

Mais l'empereur, impatient de prendre possession de l'autre rive, la montre aux plus braves. L'aide-de-camp fran?ais, Jacqueminot, et le comte lithuanien Predzieczki, se jet?rent les premiers dans le fleuve, et, malgr? les gla?ons qui coupaient et ensanglantaient le poitrail et les flancs de leurs chevaux, ils parvinrent au bord oppos?. Trente ? quarante cavaliers, portant en croupe des voltigeurs, les suivirent ainsi que deux faibles radeaux, qui transport?rent quatre cents hommes en vingt voyages.

Vers une heure le rivage ?tait nettoy? de Cosaques, et le pont pour l'infanterie achev?; la division Legrand le traversait rapidement avec ses canons, aux cris de <> et devant ce souverain, qui aidait lui-m?me au passage de l'artillerie, en encourageant ces braves soldats de sa voix et de son exemple.

Il s'?cria en les voyant enfin ma?tres du bord oppos?: <> car il croyait ? la fatalit?, comme tous les conqu?rans, ceux des hommes qui, ayant eu le plus ? compter avec la fortune, savent bien tout ce qu'ils lui doivent, et qui d'ailleurs, sans puissance interm?diaire entre eux et le ciel, se sentent plus imm?diatement sous sa main.

EN ce moment, un seigneur lithuanien, d?guis? en paysan, arriva de Wilna, avec la nouvelle de l? victoire de Schwartzenberg sur Sacken. Napol?on se plut ? publier ? haute voix ce succ?s, y ajoutant, <> Conjecture que la disparition de Tchaplitz rendait vraisemblable.

Cependant, ce premier pont qu'on venait d'achever, n'avait ?t? fait que pour l'infanterie. On en commen?a aussit?t un second, ? cent toises plus haut, pour l'artillerie et les bagages. Il ne fut achev? qu'? quatre heures du soir. En m?me temps, le duc de Reggio avec le reste du deuxi?me corps et la division Dombrowski, suivaient le g?n?ral Legrand: c'?taient environ sept mille hommes.

Le premier soin du mar?chal fut de s'assurer de la route de Zembin, par un d?tachement qui en chassa quelques Cosaques; de pousser l'ennemi vers Borizof, et de le contenir le plus loin possible du passage de Studzianka.

Tchaplitz poussa son ob?issance ? l'amiral jusqu'? Stakhowa, village voisin de Borizof. Alors il se retourna, et fit t?te aux premi?res troupes d'Oudinot, que commandait Albert. On s'arr?ta des deux c?t?s. Les Fran?ais se trouvant assez loin, ne voulaient que gagner du temps, et le g?n?ral russe attendait des ordres.

Tchitchakof s'?tait trouv? dans une de ces circonstances difficiles o? la pr?occupation devant flotter incertaine sur plusieurs points ? la fois, il suffit qu'elle se soit d'abord d?cid?e et fix?e sur un c?t? pour qu'aussit?t elle se d?place et verse de l'autre.

Sa marche de Minsk sur Borizof en trois colonnes, non-seulement par la grande route, mais par les routes d'Antonopolie, de Logo?sk et de Zembin, montrait que toute son attention s'?tait d'abord dirig?e sur la partie de la B?r?zina sup?rieure ? Borizof. D?s lors, fort sur sa gauche, il ne sentit plus que sa faiblesse sur sa droite, et toutes ses inqui?tudes se transport?rent de ce c?t?.

L'erreur qui l'entra?na dans cette fausse direction, eut encore d'autres fondemens. Les instructions de Kutusof y appel?rent sa responsabilit?. Hoertel, qui commandait douze mille hommes vers Bobruisk, refusa de sortir de ses cantonnemens, de suivre Dombrowski et de venir d?fendre cette partie du fleuve; il all?gua le danger d'une ?pizootie, pr?texte inoui, invraisemblable, mais vrai, et que Tchitchakof lui-m?me a confirm?.

Cet amiral ajoute, qu'un avis donn? par Witgenstein attira encore son anxi?t? vers B?r?sino inf?rieur, ainsi que la supposition, assez naturelle, que la pr?sence de ce g?n?ral sur le flanc droit de la grande-arm?e, et au-dessus de Borizof, pousserait Napol?on au-dessous de cette ville.

L'amiral, compl?tement tromp?, s'?tait donc r?solu, le 25 au soir, ? descendre la B?r?zina, dans l'instant m?me o? Napol?on s'?tait d?cid? ? la remonter. On e?t dit que l'empereur fran?ais avait dict? au g?n?ral ennemi sa r?solution, l'heure o? il devait la prendre, l'instant pr?cis et tous les d?tails de son ex?cution. Tous deux ?taient partis en m?me temps de Borizof: Napol?on pour Studzianka, Tchitchakof pour Szabaszawiczy, se tournant ainsi le dos comme de concert, et l'amiral rappelant ? lui tout ce qu'il avait de troupes au-dessus de Borizof, ? l'exception d'un faible corps d'?claireurs, et sans m?me faire rompre les chemins.

Toutefois ? Szabaszawiczy, il n'?tait qu'? cinq ou six lieues du passage qui s'op?rait. D?s le matin du 26, il devait en ?tre instruit. Le pont de Borizof n'?tait pas ? trois heures de marche du point d'attaque. Il avait laiss? quinze mille hommes devant ce pont; il pouvait donc revenir de sa personne sur ce point, rejoindre Tchaplitz ? Stachowa, et ce jour-l? m?me attaquer, ou du moins se pr?parer, et le lendemain 27, culbuter avec dix-huit mille hommes les sept mille soldats d'Oudinot et de Dombrowski; enfin reprendre devant l'empereur et devant Studzianka, la position que Tchaplitz avait quitt?e la veille.

Mais les grandes fautes se r?parent rarement avec tant de promptitude, soit qu'on se plaise d'abord ? en douter, et qu'on ne se r?signe ? en convenir qu'apr?s une enti?re certitude; soit qu'elles troublent, et que dans la d?fiance o? l'on tombe de soi-m?me, on h?site et que l'on ait besoin de s'appuyer des autres.

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