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Read Ebook: Le marchand de Venise by Shakespeare William Guizot Fran Ois Translator

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Ebook has 700 lines and 27907 words, and 14 pages

BASSANIO.--Il est dans Belmont une riche h?riti?re; elle est belle, plus belle que ce mot, et dou?e de rares vertus. J'ai quelquefois re?u de ses yeux de doux messages muets. Son nom est Portia. Elle n'est pas moins estim?e que la fille de Caton, la Portia de Brutus. L'univers entier conna?t son m?rite; car les quatre vents lui am?nent de toutes les c?tes d'illustres adorateurs. Ses cheveux, dor?s comme les rayons du soleil, tombent en boucles sur ses tempes comme une toison d'or: ce qui fait de sa demeure de Belmont un rivage de Colchos, o? plus d'un Jason se rend pour la conqu?rir: ? mon Antonio, si j'avais seulement le moyen d'entrer en concurrence avec eux, j'ai dans mon ?me de tels pr?sages de succ?s, qu'il est hors de doute que je l'emporterais.

ANTONIO.--Tu sais que toute ma fortune est sur la mer, que je n'ai point d'argent, ni la possibilit? de rassembler une forte somme. Va donc essayer ce que peut mon cr?dit dans Venise. Je l'?puiserai jusqu'au bout, pour te donner les moyens de para?tre ? Belmont, et d'obtenir la belle Portia. Va, informe-toi o? il y a de l'argent. J'en ferai autant de mon c?t?, et je ne doute point que je n'en trouve par mon cr?dit ou par le d?sir qu'on aura de m'obliger.

SC?NE II

A Belmont.--Un appartement de la maison de Portia.

PORTIA.--En v?rit?, N?rissa, mon petit individu est bien las de ce grand univers.

N?RISSA.--Cela serait bon, ma ch?re madame, si vos mis?res ?taient en aussi grand nombre que le sont vos prosp?rit?s: cependant, ? ce que je vois, on est aussi malade d'indigestion que de disette. Ce n'est donc pas un m?diocre bonheur que d'?tre plac? dans la m?diocrit?: superflu blanchit de bonne heure, suffisance vit longtemps.

PORTIA.--Voil? de belles sentences, et tr?s-bien d?bit?es.

N?RISSA.--Elles seraient encore meilleures mises en pratique.

PORTIA.--S'il ?tait aussi ais? de faire qu'il l'est de conna?tre ce qui est bon ? faire, les chapelles seraient des ?glises, et les cabanes des pauvres gens des palais de princes. C'est un bon pr?dicateur que celui qui se conforme ? ses sermons. J'apprendrais plut?t ? vingt personnes ce qu'il est ? propos de faire, que je ne serais une des vingt ? suivre mes instructions. Le cerveau peut imaginer des lois pour le sang, mais un temp?rament ardent saute par-dessus une froide loi; c'est un tel li?vre que la folle jeunesse pour s'?lancer par-dessus les filets du bon sens! Mais cette mani?re de raisonner n'est pas trop de saison lorsqu'il s'agit de choisir un ?poux. Choisir! h?las! quel mot! Je ne puis ni choisir celui que je voudrais, ni refuser celui qui me d?plairait. Et ainsi il faut que la volont? d'une fille vivante se plie aux volont?s d'un p?re mort. N'est-il pas bien dur, N?rissa, de ne pouvoir ni choisir ni refuser personne?

N?RISSA.--Votre p?re fut toujours vertueux, et les saints personnages ont ? leur mort de bonnes inspirations. Ainsi, dans cette loterie qu'il a imagin?e, et au moyen de laquelle vous devez ?tre le partage de celui qui, entre trois coffres d'or, d'argent et de plomb, choisira selon son intention, vous pouvez ?tre s?r que le bon choix sera fait par un homme que vous pourrez aimer en bonne conscience. Mais quelle chaleur d'affection sentez-vous pour tous ces brillants adorateurs qui sont d?j? arriv?s?

PORTIA.--Je t'en prie, dis-moi leurs noms: ? mesure que tu les nommeras je ferai leur portrait, et tu devineras mes sentiments par ma description.

N?RISSA.--D'abord il y a le prince de Naples.

PORTIA.--Eh! c'est un v?ritable animal. Il ne sait parler que de son cheval, et se targue comme d'un m?rite singulier de la science qu'il poss?de de le ferrer lui-m?me. J'ai bien peur que madame sa m?re ne se soit oubli?e avec un forgeron.

N?RISSA.--Vient ensuite le comte Palatin.

PORTIA.--Dieu l'a fait; ainsi je consens qu'il passe pour un homme. Je sais bien que c'est un p?ch? de se moquer de son prochain; mais lui! Comment! il a un meilleur cheval que le Napolitain! Il poss?de ? un plus haut degr? que le comte Palatin la mauvaise habitude de froncer le sourcil. Il est tous les hommes ensemble, sans en ?tre un. Si un merle chante, il fait aussit?t la cabriole. Il va se battre contre son ombre. En l'?pousant, j'?pouserais en lui seul vingt maris; s'il vient ? me m?priser je lui pardonnerai: car, m'aim?t-il ? la folie, je ne le payerai jamais de retour.

N?RISSA.--Que dites-vous de Fauconbridge, le jeune baron anglais?

PORTIA.--Vous savez que je ne lui dis rien; car nous ne nous entendons ni l'un ni l'autre; il ne sait ni latin, ni fran?ais, ni italien: et vous pouvez bien jurer en justice que je ne sais pas pour deux sous d'anglais. C'est la peinture d'un joli homme. Mais, h?las! qui peut s'entretenir avec un tableau muet? Qu'il est mis singuli?rement! Je crois qu'il a achet? son pourpoint en Italie, ses hauts-de-chausses circulaires en France, son bonnet en Allemagne, et ses mani?res par tout pays.

N?RISSA.--Que pensez-vous du seigneur ?cossais son voisin?

N?RISSA.--Comment trouvez-vous le jeune Allemand, le neveu du comte de Saxe?

PORTIA.--Fort d?plaisant le matin quand il est ? jeun, et bien plus d?plaisant encore le soir quand il est ivre. Lorsqu'il est au mieux il est un peu plus mal qu'un homme, et quand il est le plus mal il est tant soit peu mieux qu'une b?te. Et m'arriv?t-il du pis qui puisse arriver, j'esp?re trouver le moyen de me d?faire de lui.

N?RISSA.--S'il se pr?sentait pour choisir, et qu'il pr?t le bon coffre, ce serait refuser d'accomplir les volont?s de votre p?re, que de refuser sa main.

PORTIA.--De crainte que ce malheur extr?me n'arrive, mets, je te prie, sur le coffre oppos? un grand verre de vin du Rhin; car si le diable ?tait dedans, et cette tentation au dehors, je suis s?re qu'il le choisirait. Je ferai tout au monde, N?rissa, plut?t que d'?pouser une ?ponge.

N?RISSA.--Vous ne devez plus craindre d'avoir aucun de ces messieurs; ils m'ont fait part de leurs r?solutions, c'est de s'en retourner chez eux, et de ne plus vous importuner de leur recherche, ? moins qu'ils ne puissent vous obtenir par quelque autre moyen que celui qu'a impos? votre p?re, et qui d?pend du choix des coffres.

PORTIA.--Duss?-je vivre aussi vieille que la Sibylle, je mourrai aussi chaste que Diane, ? moins qu'on ne m'obtienne dans la forme prescrite par mon p?re. Je suis ravie que cette cargaison d'amoureux se montre si raisonnable; car il n'en est pas un parmi eux qui ne me fasse soupirer apr?s son absence et prier Dieu de lui accorder un heureux d?part.

N?RISSA.--Ne vous rappelez-vous pas, madame, que du vivant de votre p?re, il vint ici, ? la suite du marquis de Montferrat, un V?nitien instruit et brave militaire?

PORTIA.--Oui, oui, c'?tait Bassanio; c'est ainsi, je crois, qu'on le nommait.

N?RISSA.--Cela est vrai, madame; et de tous les hommes sur qui se soient jamais arr?t?s mes yeux peu capables d'en juger, il m'a paru le plus digne d'une belle femme.

PORTIA.--Je m'en souviens bien, et je me souviens aussi qu'il m?rite tes ?loges.-- Qu'est-ce? Quelles nouvelles?

LE VALET.--Les quatre ?trangers vous cherchent, madame, pour prendre cong? de vous, et il vient d'arriver un courrier qui en devance un cinqui?me, le prince de Maroc; il dit que le prince son ma?tre sera ici ce soir.

PORTIA.--Si je pouvais accueillir celui-ci d'aussi bon coeur que je vois partir les autres, je serais charm?e de son arriv?e. S'il se trouve avoir les qualit?s d'un saint et le teint d'un diable, je l'aimerais mieux pour confesseur que pour ?pouseur. Allons, N?rissa; et toi , marche devant. Tandis que nous mettons un amant dehors, un autre frappe ? la porte.

Venise.--Une place publique.

SHYLOCK.--Trois mille ducats?--Bien.

BASSANIO.--Oui, monsieur, pour trois mois.

SHYLOCK.--Pour trois mois?--Bien.

BASSANIO.--Pour lesquels, comme je vous disais, Antonio s'engagera.

SHYLOCK.--Antonio s'engagera?--Bien.

BASSANIO.--Pourrez-vous me rendre service? Me ferez-vous ce plaisir? Aurai-je votre r?ponse?

SHYLOCK.--Trois mille ducats, pour trois mois, et Antonio engag?.

BASSANIO.--Votre r?ponse ? cela?

SHYLOCK.--Antonio est bon.

BASSANIO.--Auriez-vous ou? dire quelque chose de contraire?

SHYLOCK.--Oh! non, non, non, non. En disant qu'il est bon, je veux seulement vous faire comprendre qu'il est suffisamment s?r. Cependant ses ressources reposent sur des suppositions. Il a un vaisseau fr?t? pour Tripoli, un autre dans les Indes, et en outre j'ai appris sur le Rialto qu'il en avait un troisi?me au Mexique, un quatri?me en Angleterre, et d'autres entreprises encore de c?t? et d'autre. Mais les vaisseaux ne sont que des planches, les matelots que des hommes. Il y a des rats de terre et des rats d'eau, et des voleurs d'eau comme des voleurs de terre, je veux dire qu'il y a des pirates; et puis aussi les dangers de la mer, les vents, les rochers. N?anmoins l'homme est suffisant.--Trois mille ducats... je crois pouvoir prendre son obligation.

BASSANIO.--Soyez assur? que vous le pouvez.

SHYLOCK.--Je m'assurerai que je le peux; et pour m'en assurer, j'y r?fl?chirai. Puis-je parler ? Antonio?

BASSANIO.--Si vous vouliez d?ner avec nous?

SHYLOCK.--Oui, pour sentir le porc! pour manger de l'habitation dans laquelle votre proph?te, le Nazar?en, a par ses conjurations fait entrer le diable! Je veux bien faire march? d'acheter avec vous, faire march? de vendre avec vous, parler avec vous, me promener avec vous, et ainsi de suite; mais je ne veux pas manger avec vous, ni boire avec vous, ni prier avec vous. Quelles nouvelles sur le Rialto?--Mais qui vient ici?

BASSANIO.--C'est le seigneur Antonio.

BASSANIO.--Shylock, entendez-vous?

SHYLOCK.--Je me consultais sur les fonds que j'ai en main pour le moment, et autant que ma m?moire peut me le rappeler, je vois que je ne saurais vous faire tout de suite la somme compl?te de trois mille ducats. N'importe; Tubal, un riche H?breu de ma tribu me fournira ce qu'il faut. Mais doucement; pour combien de mois les voulez-vous? Maintenez-vous en joie, mon bon seigneur. C'?tait de Votre Seigneurie que nous nous entretenions ? l'instant m?me.

ANTONIO.--Shylock, quoique je ne pr?te ni n'emprunte ? int?r?t, cependant pour fournir aux besoins pressants d'un ami, je d?rogerai ? ma coutume. Est-il instruit de la somme que vous d?sirez?

SHYLOCK.--Oui, oui, trois mille ducats.

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