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Read Ebook: Ce que vaut une femme: Traité d'éducation morale et pratique des jeunes filles by Roch Line

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Ebook has 186 lines and 25776 words, and 4 pages

CE QUE VAUT UNE FEMME

TRAIT?

D'?DUCATION MORALE ET PRATIQUE

DES JEUNES FILLES

Par Mlle ?. ROCH

REIMS

IMPRIMERIE DUBOIS-POPLIMONT

Rue de Vesle, 220

Il faut ?lever la jeune fille avec la pens?e constante qu'elle sera un jour la compagne de l'homme. .

Une femme riche et d?sordonn?e entrant dans une maison l'appauvrit, tandis qu'une femme pauvre et ?conome l'enrichit. .

APPR?CIATION DU JURY

Ouvrage excellent. Esprit moral et ?lev?. Questions pratiques trait?es clairement et ? fond, sans extensions inutiles.

TABLE DES MATI?RES

Pr?face.--.

?DUCATION MORALE

La jeune fille dans la famille.

La jeune femme dans son int?rieur.--Devoirs envers le mari et les enfants.

Des qualit?s qu'il faut acqu?rir.

Rapports avec les voisins.

?DUCATION PRATIQUE

Consid?rations morales sur les vertus pratiques de la femme.

La journ?e d'une m?nag?re.--Tenue personnelle et tenue de la maison.

Economie domestique.--La nourriture.--L'habillement.--Quelques chiffres.

Conclusion.

PR?FACE

Parmi les questions qui depuis quinze ans n'ont cess? de pr?occuper les esprits et les pouvoirs publics, il faut citer l'une des premi?res, et peut-?tre la premi?re de toutes, la question de l'enseignement national. Quel que soit le jugement que l'histoire portera sur notre ?poque, ce sera son ?ternelle gloire d'avoir compris, au lendemain de nos d?sastres, que la condition de notre rel?vement ?tait dans un enseignement fortement organis?, et de n'avoir recul? pour cela devant aucun sacrifice. Prenant pour exemple ce qui, apr?s I?na, avait si bien r?ussi ? nos vainqueurs, on a pens? qu'il fallait, avant tout, combattre l'ignorance, relever les caract?res, fortifier les courages, en un mot faire des citoyens avant de faire des soldats. Un effort sans pr?c?dent a ?t? fait sous ce rapport, d'immenses progr?s ont ?t? r?alis?s, et on peut dire, sans crainte de contradiction, que si l'on avait obtenu dans tous les services les m?mes am?liorations, notre situation serait aujourd'hui pr?pond?rante. Faut-il croire cependant que tout a ?t? fait et qu'il ne reste plus qu'? s'endormir sur les r?sultats acquis, sans se pr?occuper de ce qu'ils pourront produire dans l'avenir.

Dans la n?cessit? o? l'on s'est trouv? de cr?er de toutes pi?ces un enseignement jusque l? trop n?glig?, on a oubli? d'?tablir un point de d?part, c'est-?-dire de bien pr?ciser dans quel esprit cet enseignement devrait ?tre donn?. Sans entrer ici dans la question du surchargement des programmes dans l'enseignement secondaire, question qui, ? elle seule, ferait l'objet d'un volume, nous nous demandons si le but qu'on s'?tait propos? a v?ritablement ?t? atteint, et si la m?thode actuelle, qui consiste ? donner trop ? l'instruction proprement dite, pas assez ? l'?ducation, ne menace pas de nous affaiblir en nous ?nervant.

S'il est vrai qu'une culture intensive ne saurait convenir ? tous les terrains, il est certain aussi qu'une m?me culture intellectuelle ne pourrait sans inconv?nient s'appliquer ? tous les individus et qu'il est des cerveaux que ce moyen ne parviendrait qu'? atrophier et d?s?quilibrer. L'?ducation, qui a plut?t pour mission de former le caract?re, de d?velopper les qualit?s du coeur, ne pr?sente pas le m?me danger; il serait temps de lui faire, dans nos programmes, une place en rapport avec son incontestable utilit?. N'avons-nous pas vu des connaissances multiples demeurer sans objet, ne produire aucun r?sultat, parce que l'?ducation morale et pratique ?tant insuffisamment ou mal dirig?e, nous manquons de l'objectif, de la force de volont? n?cessaire pour les utiliser? C'est ce point qu'il importe de d?gager, surtout ? notre ?poque o? les caract?res manquent trop souvent de fermet? et de consistance.

Le but de l'enseignement ne doit pas ?tre de d?tourner les individus de leur vocation premi?re, mais au contraire de la bien d?finir, de la leur faciliter en l'?largissant. Ce but, en un mot, doit ?tre, en d?veloppant ?galement les intelligences et les caract?res, de donner ? chacun dans la soci?t? une situation en rapport avec ses aptitudes, et cela pour le plus grand bien de tous. Si l'enseignement n'atteint pas ce but, il est incomplet; s'il le d?passe, il est dangereux. Dans le premier cas la communaut? se trouvera priv?e de concours qui auraient pu lui ?tre pr?cieux; dans le second, des individus, fourvoy?s dans un milieu qui n'est pas le leur, formeront une section de d?class?s, deviendront une non-valeur pour eux-m?mes, leur famille et la soci?t?.

Si cette situation peut cr?er un danger pour les gar?ons, combien ce danger ne sera-t-il pas plus grand en ce qui concerne les jeunes filles. C'est surtout ? elles qu'il importe de donner une ?ducation en rapport avec la mission qu'elles sont appel?es ? remplir. Qu'adviendrait-il de notre pays le jour o? la femme se trouverait d?tourn?e de sa destination naturelle, o? la jeune fille pourrait supposer qu'il existe autre chose pour elle que la mission noble et sainte d'?tre ?pouse, d'?tre m?re. C'est la pens?e de cette mission, nous dirons plus, de cet apostolat de la femme dans la famille qui devrait ?tre l'unique r?gle de son ?ducation, et rien ne devrait lui ?tre enseign? qui n'ait pour but plus ou moins direct d'en faire la fille d?vou?e, la m?re sage et pr?voyante, l'?pouse tendre et digne, c'est-?-dire l'ornement, la consolation, le soutien moral de la famille. C'est ? son coeur autant qu'? son intelligence qu'il faut que l'on s'adresse, c'est ? en d?velopper les qualit?s que doivent s'employer les personnes ayant charge de son avenir. Aucune connaissance inutile, mais toutes les connaissances n?cessaires, ce programme est assez vaste pour donner un aliment plus que suffisant ? leur activit?.

Une femme d'esprit et de coeur demandait que l'on ?lev?t la jeune fille en vue de sa destin?e future. C'est encore une femme ? l'esprit ?lev?, au coeur g?n?reux, qui, pr?s d'un si?cle plus tard, a recherch? les moyens pratiques les plus propres ? lui faciliter sa t?che. S'il est une femme qui ait rendu d'incontestables services ? la famille, ? la soci?t? et par suite au pays, c'est sans contredit la femme sup?rieure et distingu?e dont notre cit? s'honore. Tournant toute sa sollicitude vers les d?sh?rit?s de la fortune, vers ceux qui doivent demander au travail les ressources de chaque jour, Mme Doyen s'est ?mue des souffrances des classes laborieuses. C'est avec la pens?e noble et g?n?reuse de leur venir en aide qu'elle cr?a l'?cole Professionnelle et M?nag?re, qui restera comme le t?moin de sa sollicitude ?clair?e et perp?tuera sa m?moire. Pensant avec raison que ceux qui luttent pour l'existence ont un plus grand besoin de la solidarit? intime, de l'union qui fait la force, Mme Doyen s'est efforc?e par ses conseils et ses exemples, par tous les moyens en son pouvoir, d'inspirer plus particuli?rement ? leurs enfants l'amour du foyer domestique, le d?vouement ? la famille. Mais comme il ne saurait suffire que la femme f?t aimante et d?vou?e, et qu'en certains cas ces vertus doivent donner des r?sultats mat?riels, elle s'est appliqu?e ? leur inculquer les principes de travail, d'ordre et d'?conomie dont d?pendent son bien-?tre et celui des siens. Car, il faut bien le reconna?tre, si l'?tat de g?ne, de mis?re parfois de l'ouvrier, provient souvent de l'insuffisance de ses ressources, il est plus fr?quemment encore le r?sultat de diverses autres causes et plus particuli?rement de la gestion mauvaise ou mal entendue dont la femme a la charge. Plus un budget est restreint, plus il est difficile de l'?quilibrer, plus il faut d?ployer pour cela de prudence, de sage ?conomie, d'adroits calculs. Combien de femmes en sont incapables, faute d'y avoir ?t? pr?par?es. C'est ? cette t?che que s'est d?vou?e Mme Doyen; elle a rendu ainsi ? la masse des travailleurs des services plus grands que ne l'ont fait beaucoup d'hommes auxquels on a ?lev? des statues.

Qu'elle soit honor?e et b?nie, la m?moire de celle qui a consacr? le meilleur d'elle-m?me ? l'?mancipation morale de la femme. Elle n'a pas seulement fait oeuvre de m?re, elle a fait acte de patriote. Puissent d'autres femmes suivre son exemple. L'oeuvre des conqu?rants p?rira, parce qu'elle repose sur la n?gation de la justice et des droits de l'humanit?, mais la pens?e qui a pr?sid? ? son entreprise, en apparence modeste, demeurera et produira des fruits pour le rel?vement de la patrie. Les jeunes filles ?lev?es d'apr?s ses principes deviendront les m?res fortes et sages qui apprendront ? leurs fils le culte du pays, le respect de la propri?t? et des croyances d'autrui, l'accomplissement des devoirs sociaux. Elles en feront des hommes courageux, au caract?re fortement tremp?, en un mot de bons citoyens et de fiers d?fenseurs. Et l'on saura alors ce que vaut une femme, ce que vaut une Fran?aise!

?DUCATION MORALE

LA JEUNE FILLE DANS LA FAMILLE

Il est de nos obligations et de nos devoirs qui varient suivant la position sociale ? laquelle nous appartenons, mais ce qui ne saurait varier, ce qui est un devoir strict pour toutes, que nous soyons filles de prince ou de simple artisan, c'est le d?vouement ? notre famille, l'attachement au foyer domestique. Et plus ceux qui nous entourent ont d? peiner et souffrir pour assurer notre existence, plus nous leur devons de reconnaissance et d'affection. Pour bien conna?tre la valeur d'un bienfait, il faut, dit-on, en avoir ?t? priv?; n'attendons pas que nous ayons le malheur d'?tre priv?es ou ?loign?es des n?tres pour comprendre ce que nous devons ? leur tendresse, ? leur sollicitude. Abandonnons-nous sans r?serve aux douces joies de la famille, accomplissons-en toutes les obligations, c'est l? qu'est le bonheur, le vrai, le seul, celui que donne le sentiment du devoir accompli. N'oublions pas que notre mission sur la terre est d'aimer, de nous d?vouer, de nous oublier pour les n?tres, et que le plus grand malheur pour une femme serait de n'avoir personne ? qui consacrer ce que la nature a mis en elle de tendresse et de d?vouement.

Aimons d'abord ceux qui nous ont aim?es les premiers, qui ont mis en nous leur espoir avant m?me que nous ne fussions n?es. Ils ?taient jeunes encore lorsque nous ?tions toutes petites, ont-ils h?sit? un seul instant ? sacrifier leur jeunesse, ? se priver de toute distraction et parfois m?me des choses les plus n?cessaires ? la vie, pour ne s'occuper que du cher b?b?. Leurs joies, c'?taient nos premiers pas, c'?taient nos sourires, nos caresses. Quelles angoisses lorsque la maladie nous mena?ait et que, pench?s sur notre berceau, ils ?piaient le moindre de nos mouvements. Quelles privations aussi n'ont-ils pas d? s'imposer pour nous ?lever sans que nous manquions de rien, et quelle douleur pour eux quand, malgr? leurs efforts, ils ne pouvaient nous procurer tout le bien-?tre n?cessaire. Et lorsque nous avons avanc? en ?ge, quels soucis de tous les instants pour le pr?sent et pour l'avenir. Ils nous ont fait ce que nous sommes, veillant sur notre sant?, sur notre ?ducation, sur notre conduite, s'oubliant eux-m?mes en toutes circonstances pour ne songer qu'? nous. Aussi n'insisterons-nous pas sur l'obligation d'aimer nos parents, il n'existe pas sans doute d'enfant assez d?natur?e ? qui cette recommandation serait n?cessaire, mais nous dirons qu'il ne suffit pas de les aimer platoniquement, qu'il faut leur t?moigner notre affection par tous les moyens en notre pouvoir en saisissant avec empressement toutes les occasions de leur ?tre agr?ables, en ?vitant avec soin tout ce qui pourrait les contrarier, en les entourant constamment de nos soins, de nos pr?venances et de notre respect. N'oublions pas que de nous seules peuvent leur venir leurs plus grandes peines comme leurs plus grandes joies, et faisons en sorte de ne leur donner que des satisfactions en ?change des sacrifices que nous leur avons co?t?s.

Ce n'est pas seulement pendant nos premi?res ann?es que nous devons les respecter et les ch?rir. Si nous pouvions manquer ? notre devoir sous ce rapport, la jeunesse et l'irr?flexion seraient notre seule excuse. C'est au contraire lorsque nous avan?ons en ?ge qu'ils doivent pouvoir compter sur notre reconnaissance et notre affection. Aussit?t que nous serons en situation de pouvoir travailler et que nos parents seront eux-m?mes fatigu?s par l'?ge et le labeur, mettons-nous ? l'oeuvre courageusement pour diminuer leurs peines; c'est notre devoir de travailler pour eux comme ils l'ont fait pour nous. Rendons-nous utiles autant que nous le pouvons; si nos occupations ne nous obligent pas ? passer la journ?e au dehors, soyons pour notre m?re un aide constant, ne lui laissons prendre dans l'int?rieur du m?nage aucune peine, aucune fatigue que nous pouvons lui ?viter. Il serait par cons?quent peu digne d'une jeune fille que sa m?re f?t oblig?e d'interrompre ses occupations pour pr?parer le repas de la famille ou nettoyer la maison, pendant qu'elle-m?me gaspillerait son temps ou s'occuperait de futilit?s. Il nous est donn? parfois d'admirer et d'applaudir des jeunes filles qui, par leur travail, soutiennent leurs parents ?g?s ou les aident ? ?lever leurs fr?res et soeurs plus jeunes; suivons leur exemple, et qu'en toute circonstance notre famille puisse compter sur notre d?vouement. Nous ne devons, certes, m?priser personne, mais ce serait un m?pris juste et m?rit? que celui que nous aurions pour l'enfant assez d?pourvu de conscience et de naturel pour manquer de respect envers ses parents ou leur refuser l'aide et les secours dont ils auraient besoin.

N'oublions pas que la d?f?rence ? laquelle nous sommes tenues nous interdit de nous poser en juges de leurs actes, et que ce n'est pas ? nous qu'il appartient de les critiquer. Quels que puissent ?tre parfois leurs torts et leurs d?fauts, nous n'en devons pas moins les respecter et les aimer, et nous efforcer de cacher au monde leurs faiblesses. Qui sait si par notre tendresse nous ne parviendrons pas ? les rendre meilleurs, si la crainte de nous peiner, de nuire ? notre avenir, n'am?nera pas en eux de salutaires r?flexions, une am?lioration dans leur conduite. Les affections et les exemples de la famille sont de tous les plus fortifiants. Une femme, une jeune fille, qui sauront cr?er au mari, au p?re, au fr?re, un int?rieur tout de tendresse, de gaiet?, de confort relatif, auront de grandes chances de les retenir aupr?s d'elles et d'?viter ces divisions, ces luttes intimes, qui rendent parfois l'existence en famille si dure et si p?nible ? supporter.

Il y avait chez mes parents, et j'en ai fid?lement gard? le souvenir, quoique je fusse alors tr?s jeune, un ouvrier que l'on renommait pour son habilet? et ses rares talents. Y avait-il un ouvrage press?, exigeant de l'exp?rience et de l'adresse, c'?tait ? lui que l'on avait recours. Honn?te homme, excellent camarade, il ?tait aim? de tous ? l'atelier: malheureusement il avait ce d?faut, si fr?quent parmi les ouvriers des ?tats libres, il s'adonnait ? la boisson, et alors adieu le travail; tant que durait l'argent de la quinzaine, on ?tait s?r de ne pas le revoir. Que de fois n'avions-nous pas vu sa pauvre femme, d?sesp?r?e, venir le jour de la paie supplier qu'on lui rem?t l'argent de son mari, et mon p?re y consentait de grand coeur, certain que B... n'oserait pas opposer de r?sistance et sachant aussi que c'?tait le seul moyen de le voir revenir le lundi suivant. Depuis, nous l'avions compl?tement perdu de vue, nous avions bien entendu dire qu'il avait une petite fille et nous plaignions la malheureuse femme, laborieuse et propre pourtant, que l'inconduite de son mari allait, pensions-nous, plonger dans la mis?re avec son enfant.

Derni?rement, ayant besoin d'un sp?cialiste pour un ouvrage de peu d'importance, je m'informai o? je pourrais le trouver, et celui que l'on m'indiqua fut pr?cis?ment notre ancien ouvrier. Je m'attendais ? trouver chez lui la d?sunion et la mis?re. Quels ne furent pas mon ?tonnement et ma satisfaction en le voyant dans une situation telle que je pouvais ? peine y croire. La maison propre et bien tenue respirait un air de confort, la m?re et la jeune fille paraissaient heureuses et gaies. B... qui parut me revoir avec plaisir, m'expliqua qu'il s'?tait ?tabli ? son compte et qu'ayant beaucoup d'ouvrage il gagnait sa vie largement. C'est ma fille qui m'a sauv?, me dit-il.--Un jour que j'avais d?pens? tout l'argent de ma paie, nous ?tions sans un sou ? la maison lorsque la petite tomba dangereusement malade. Comment faire pour la soigner, nous ?tions endett?s dans le quartier et le pharmacien ne me connaissait pas. Pour la premi?re fois de ma vie, je compris toute l'?tendue de mes torts et je me fis horreur: si ma fille ?tait morte, certainement je me serais tu?. Je jurai de ne plus boire, mais combien d'abord ce fut difficile. Je me conduisais mieux cependant, et plus jamais ne manquais ? l'atelier. Et puis en grandissant ma fillette devenait si caressante et si gentille, elle avait pour moi tant d'aimables pr?venances que je m'attachai ? elle de plus en plus. Je me dis qu'apr?s avoir failli ne pas pouvoir la soigner, il me deviendrait impossible de la bien ?lever, de la marier plus tard convenablement. D?s que j'eus fait ces r?flexions, je cessai compl?tement de boire, et vous, madame, qui m'avez connu, vous pouvez ?tre ?tonn?e de ce changement, c'est ? ma femme et ? ma fille que je le dois. Et je sentais qu'? l'affection qu'il leur porte se m?lait une grande reconnaissance.

Cet exemple et beaucoup d'autres que bien certainement vous aurez rencontr?s, prouve combien est forte l'influence de la femme dans la famille et combien dans la plupart des cas il lui serait facile de ramener l'homme ? l'accomplissement de ses devoirs. Il n'existe pas, ? notre avis, de plus l?gitime fiert? que celle de l'enfant qui pourrait avoir cette intime conviction d'avoir moralement sauv? ses parents, de les avoir aid?s ? se relever ? leurs propres yeux et ? ceux des autres.

Si nous avons des fr?res et soeurs, aimons-les tendrement, int?ressons-nous ? tout ce qui les concerne. S'ils sont plus jeunes que nous, ayons ? coeur d'aider nos parents ? les bien ?lever, ? leur inspirer de bons sentiments, ne leur donnons nous-m?mes que de bons exemples. Prot?geons-les en toute occasion, et rempla?ons aupr?s d'eux notre m?re, si des circonstances malheureuses viennent ? les en priver. S'ils sont nos a?n?s reconnaissons-leur une certaine part d'autorit? sur nous, acceptons leurs conseils; en tous cas ?vitons de les taquiner, de leur causer de la peine. N'agissons jamais envers eux avec cette acrimonie qui am?ne parfois de si regrettables divisions entre les enfants d'une m?me famille. Habituons-nous de bonne heure ? supporter et ? nous pardonner mutuellement nos d?fauts de caract?re. Que de relations g?t?es ou irr?m?diablement perdues qui auraient pu ?tre les meilleures de notre vie, parce que nous n'avons pas su resserrer les liens d'amiti? que la nature avait cr??s entre nous, parce que sous le coup de pu?riles susceptibilit?s, nous avons par ?go?sme, par orgueil ou par jalousie bless? ceux que le Ciel nous avait donn?s pour compagnons de notre jeunesse, pour amis les plus intimes de toute notre existence.

Ce serait une erreur de croire que les ?gards, la politesse, les convenances n'existent que pour ?tre pratiqu?s envers les ?trangers. Nous n'avons pas l'intention d'?num?rer ici les r?gles du savoir-vivre, cela nous entra?nerait trop loin: d'autres, d'ailleurs, l'ont fait avant nous avec plus de succ?s que nous n'en pourrions pr?tendre. Disons seulement que les usages qu'une bonne ?ducation nous impose envers les indiff?rents, ne doivent ?tre suivis qu'avec plus d'empressement dans l'int?rieur de la famille. Nous y gagnerons du reste de toutes fa?ons, d'abord en nous faisant aimer de notre entourage, ensuite en contractant l'habitude des bonnes mani?res qui, sans cela, n'?tant pratiqu?es que momentan?ment, auraient quelque chose d'affect?, c'est-?-dire de ridicule.

Lorsque l'on verra une jeune fille respectueuse et d?vou?e pour ses parents, polie et bienveillante envers tous, s'occupant avec diligence des soins du m?nage tout en conservant sur elle-m?me cette apparence de propret? qui la rend si charmante, l'on sera naturellement dispos? envers elle ? l'estime et ? la sympathie. C'est alors que ceux qui d?sirent fixer leur avenir porteront leurs vues sur elle, pensant avec raison que celle qui est bonne fille, bonne soeur, sera bonne ?pouse et bonne m?re.

De tous les actes de la vie, le mariage est le plus important, celui qui implique les plus graves cons?quences et qui demande, par suite, le plus de r?flexion. De l'union que vous contracterez, de la mani?re dont vous vous comporterez, d?pendent le bonheur et la tranquillit? de votre existence, de celle de vos enfants et de toute votre famille. Nous ne saurions trop insister sur la n?cessit? d'arriver ? cette ?poque de votre vie avec le sentiment absolu et bien d?fini de vos devoirs. Le mariage ?tant l'?tat auquel vous ?tes destin?es, il est indispensable que vous soyez instruites des obligations qu'il impose.

Les pr?liminaires du mariage ne sont pas les m?mes dans toutes les classes de la soci?t?. Tandis que, dans une situation ais?e, les parents s'occupent de l'?tablissement de leurs enfants et les mettent soigneusement ? l'abri de toute fr?quentation dangereuse, les jeunes filles de la classe ouvri?re, forc?es par leur travail de sortir seules, jouissant d'une plus grande libert?, se trouvent expos?es ? des rencontres qui, pour ?tre parfois in?vitables, n'en pr?sentent pas moins de s?rieux inconv?nients. Nous n'avons pas ? nous pr?occuper ici de celles qui trouvent au sein de leur famille conseils et protection, c'est aux jeunes filles qui, priv?es par la n?cessit? de la surveillance de leurs parents, sont oblig?es de se diriger elles-m?mes, que nous voudrions adresser quelques observations.

Si vous ?tes soucieuse de votre avenir, si vous tenez ? vous marier honorablement, quoique ne poss?dant pas de fortune, faites d'abord en sorte que votre conduite ne donne jamais lieu ? la moindre critique, au plus l?ger soup?on. Si, par la n?cessit? de votre profession, vous vous trouvez en rapport avec des jeunes gens, ne vous permettez jamais avec eux la moindre libert?, et sans cesser d'?tre aimable et polie, observez une certaine r?serve dans vos mani?res et votre langage. Ne fr?quentez jamais non plus d'autres jeunes filles dont la conduite ne serait pas irr?prochable ou dont le laisser-aller pourrait donner lieu ? de f?cheuses suppositions; c'est en vous respectant vous-m?me que vous vous ferez respecter des autres. Mettez toujours au-dessus de toutes choses le soin de votre dignit?, et quelle que soit la situation que puissent vous cr?er les ?v?nements, ne vous commettez jamais avec des gens de moeurs d?prav?es, d'habitudes et de go?ts grossiers; faites en sorte de pouvoir entendre citer sans rougir le vieux dicton: <> Jamais d'ailleurs un homme de quelque m?rite, ne f?t-il qu'un ouvrier, ne consentira ? donner son nom ? une personne dont les fr?quentations ou la conduite seraient pour lui un sujet de honte.

Quelle que soit la position sociale de vos parents, quelles que puissent ?tre m?me leurs fautes et leurs erreurs, ne songez jamais ? vous marier contre leur volont?. C'est l? la plus grande peine que vous puissiez leur faire, le plus complet manque de respect qu'il vous soit possible de leur infliger. Vos parents qui connaissent la vie, qui en ont l'exp?rience, seront meilleurs juges que vous-m?me des conditions propres ? assurer votre bonheur. Ils n'ont en vue que le bien de votre avenir, et s'ils s'opposent ? des projets qui vous sont chers, c'est qu'ils pr?voient pour vous de cruelles d?ceptions. Les unions contract?es dans ces conditions r?ussissent d'ailleurs rarement au gr? des int?ress?s, l'accord des familles ?tant, en cette circonstance, ce qu'il y a de plus profitable.

Dans le cas o?, au cours de vos absences de la maison paternelle, vous vous trouveriez recherch?e par un jeune homme dont les intentions vous para?traient honn?tes, faites-en part de suite ? vos parents. Souvenez-vous que vous leur devez compte de vos actions et qu'il vous est interdit de leur cacher quoi que ce soit. Votre m?re, en pareille circonstance, est tout indiqu?e pour ?tre votre confidente. C'est aupr?s d'elle que vous trouverez les utiles conseils dont a besoin votre inexp?rience, c'est dans sa tendresse ?clair?e qu'elle puisera les ressources qui ?loigneront de vous le danger et assureront votre avenir.

N'attachez pas trop d'importance ? la situation p?cuniaire d'un pr?tendant, ni m?me ? ses avantages physiques; pr?occupez-vous surtout de ses qualit?s morales, de son intelligence, de sa conduite, c'est de cela que d?pend votre bonheur. Disons-le bien haut, du reste, ? la louange de la classe ouvri?re, ce n'est pas dans son sein que l'on rencontre le plus souvent ces associations o? la question d'int?r?t a tenu plus de place que l'inclination naturelle des futurs ?poux. En nous r?sumant, nous vous dirons ceci: regardez un bel homme, ?coutez un homme d'esprit, mais n'aimez jamais qu'un homme de coeur. C'est l'oiseau rare que je vous souhaite....

LA JEUNE FEMME DANS SON INT?RIEUR.

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