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Read Ebook: Ce que vaut une femme: Traité d'éducation morale et pratique des jeunes filles by Roch Line

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Ebook has 186 lines and 25776 words, and 4 pages

LA JEUNE FEMME DANS SON INT?RIEUR.

DEVOIRS ENVERS LE MARI ET LES ENFANTS.

Votre mari a droit ? toute votre tendresse, c'est le premier devoir que le mariage vous impose. Si quelque chose en lui vous d?plaisait, si vous pensiez ne pas pouvoir l'aimer, il e?t mieux valu en faire part ? votre famille, et refuser de contracter une union dont serait exclu le sentiment qui en fait le charme et la moralit?. Mais du jour o? vous l'avez librement accept?, votre existence cesse en quelque sorte de vous appartenir et doit ?tre enti?rement consacr?e au bonheur de celui dont vous portez le nom. Vous ne cessez pas pour cela d'?tre la fille respectueuse et d?vou?e de vos parents, vous ne retirez rien ? votre famille de vos premiers sentiments, mais vous ?tes mari?e et ? cet ?tat nouveau s'attache pour vous des obligations nouvelles.

Vous devez aimer votre mari, vous lui devez, nous le r?p?tons, une tendresse inalt?rable et un d?vouement sans bornes. N'objectez pas qu'il n'est pas tel que vous l'aviez suppos? avant votre mariage, qu'il ne poss?de pas telle qualit? dont vous le croyiez dou?, qu'il a tel d?faut dont il s'?tait bien gard? de para?tre afflig?. Vous n'aviez pas, je suppose, la pr?tention d'?pouser un homme parfait, cette exigence ne se justifierait pas, n'?tant pas vous-m?me d'une perfection d?fiant la critique. En effet, ne l'avez-vous pas quelque peu tromp?, vous aussi? Lorsque vous ?tiez sa fianc?e, n'avez-vous pas dissimul? avec soin vos petits travers, et fait parade de toutes les qualit?s que vous pensiez lui ?tre agr?ables? Et si en sa pr?sence vous aviez laiss? br?ler le r?ti, si vous vous ?tiez laiss?e aller ? quelque acc?s de mauvaise humeur, ?tes-vous bien certaine qu'il vous e?t ?pous?e?

Ce qui am?ne le plus souvent de part et d'autre, au lendemain du mariage, d'am?res d?ceptions, c'est cette id?e pr?con?ue que l'on va jouir d'un bonheur sans m?lange, que l'on n'aura jamais rien ? se reprocher mutuellement. Et comme la r?alit? est toujours inf?rieure au r?ve, il arrive que l'on se croit l?s?, alors que l'on s'?tait illusionn? seulement. Si l'on arrivait au mariage avec ce raisonnement plus pratique, que rien en ce monde ne saurait ?tre parfait, que l'existence des ?poux doit ?tre faite de concessions r?ciproques, peut-?tre se trouverait-on plus heureux. Sans doute il a des d?fauts, votre mari, mais s'il est honn?te homme et s'il a pour vous de la tendresse, il faut l'aimer non-seulement parce qu'il vous aime, mais aussi pour la confiance qu'il vous t?moigne en s'en remettant ? vous du soin de l'honneur de son nom et du bonheur de sa vie.

Songez aussi ? ce que serait votre existence sans le mari, qui, avec une situation r?guli?re, vous donne appui et protection? Il n'y a pas que du ridicule et des dangers dans la position de vieille fille. Quels que puissent ?tre les motifs qui vous aient ?loign?e du mariage ou les circonstances qui pour vous l'aient rendu impossible, il viendra toujours un moment p?nible entre tous, le moment cruel de l'isolement, o? vous serez priv?e de vos parents et o? vous regretterez am?rement de n'avoir pas de famille. Et ? ce propos laissez-nous vous mettre en garde contre cette pr?tention exag?r?e qu'ont parfois les jeunes filles de trouver un ?poux d'une condition relativement sup?rieure ? la leur ou ? celle de leur famille. Oh! nous savons bien que ce n'est pas la question d'int?r?t qui vous guide: vous ne demandez pas qu'il ait de la fortune, mais vous le voudriez dou? de toutes sortes d'avantages physiques et intellectuels, gagnant largement sa vie, toutes choses enfin qui se trouvant r?unies en un jeune homme, lui permettent d'aspirer ? une union plus brillante et plus fortun?e. Nous ne saurions bl?mer en vous ce sentiment si l?gitime et si naturel, propre ? toute ?me bien n?e, de d?sirer que votre mari ne f?t pas le premier venu. Mais il est certain, des exemples quotidiens le prouvent, qu'une jeune fille sage doit souvent renoncer ? des partis auxquels elle aurait pu raisonnablement pr?tendre et se contenter d'un autre moindre, parce qu'en somme l'homme reste toujours le ma?tre de la situation, et qu'il vaut mieux ?tre modeste dans ses exigences que de renouveler la m?saventure du h?ron, qui ayant, pour son repas, d?daign? le menu fretin, dut, son estomac criant famine, se contenter d'un lima?on.

Nous savons bien qu'il est des circonstances qui rendent difficile, si ce n'est impossible, l'?tablissement d'une jeune fille, et que telle personne ?lev?e en vue d'une certaine position, se r?soudra difficilement, m?me apr?s des revers de fortune, ? se marier dans des conditions dont sa fiert? souffrirait; mais ce cas est tout-?-fait accidentel, et si vous n'en ?tes pas les victimes, vous n'avez pas ? en subir les cons?quences. En somme, le mariage, pour n'?tre pas toujours un ?tat parfait, est encore le moins imparfait que vous puissiez choisir.

Vous devez aussi a votre mari fid?lit? et ob?issance. ? des jeunes filles qui seront d'honn?tes femmes, nous n'avons rien ? dire du premier point, mais nous appelons votre attention sur le second.

L'ob?issance que vous devez ? votre ?poux n'est pas celle ? laquelle vous ?tiez accoutum?e envers vos parents. Tandis qu'alors vous n'encouriez aucune responsabilit? et qu'? ceux-ci vous deviez ob?ir sans discuter, il vous faudra, dans la soumission que vous accorderez ? votre mari, conserver le sentiment de vos droits, de vos int?r?ts et de ceux de vos enfants, si parfois il venait ? les m?conna?tre. Faudra-t-il donc, nous direz-vous, ob?ir aveugl?ment et toujours? Eh bien, dussions-nous ?tre lapid?e par le sexe fort, nous vous dirons: non, il ne faut pas ob?ir malgr? tout et en toute occasion, mais il ne faut d?sob?ir que lorsque vous avez cent fois raison de le faire, c'est-?-dire dans des cas absolument graves, dans des circonstances exceptionnelles. Une femme qui, par un sot orgueil, prendrait plaisir ? contrecarrer en toute occurrence les id?es de son mari pour faire pr?valoir les siennes, ou qui m?conna?trait son autorit? au point d'entrer avec lui en lutte ouverte pour des futilit?s, sur des questions de peu d'importance n'impliquant en rien l'avenir, non-seulement cette personne manquerait ? tous ses devoirs, mais elle commettrait la plus insigne folie, perdrait ? tout jamais la paix de son m?nage et s'exposerait aux plus graves d?sagr?ments. D'ailleurs une femme aimant son mari et poss?dant quelque peu de tact, sait g?n?ralement, le cas ?ch?ant, sauvegarder les int?r?ts communs de la famille sans troubler la bonne harmonie de son int?rieur, et donner ? la soumission requise le caract?re qui lui convient.

Pour ?viter des froissements toujours d?sagr?ables, parfois p?nibles et gros de cons?quences, nous vous conseillons fort, pendant les premiers temps de votre mariage, de bien ?tudier le caract?re de celui auquel vous ?tes unie. C'est peut-?tre cette ?poque, qu'? tort ou ? raison l'on qualifie de lune de miel, qui sera pour vous la plus difficile. En effet, vous ne connaissez pas encore votre mari, et lui-m?me n'a pas eu le temps de vous appr?cier; il faudra vous observer constamment pour lui donner de vous-m?me la meilleure opinion possible et achever par l'estime de conqu?rir son coeur. Pendant cette p?riode d'observation, vous rencontrerez en lui des qualit?s s?rieuses, des dons naturels que vous pourrez d?velopper encore, et des d?fauts dont il faudra bien vous garder de para?tre offusqu?e, ni t?moigner trop t?t l'intention de l'en corriger. N'agissez en ce dernier point qu'avec la plus grande circonspection, car autrement, la question d'amour-propre s'en m?lant, vous risqueriez de n'y pas r?ussir. C'est graduellement, par le raisonnement et par l'exemple, qu'il faudra vous efforcer de combattre ce qui vous d?pla?t en lui. Ne laissez pas para?tre, autant que possible, la diff?rence de go?ts et d'humeur qui pourrait exister entre vous; allez au-devant de ses d?sirs, m?me s'ils sont en opposition avec les v?tres, de mani?re ? lui ?tre agr?able en toutes choses, sans vous trouver dans l'obligation de c?der. Il vous sera toujours moins p?nible de sacrifier vos pr?f?rences que de cr?er un conflit dont vous ne sortiriez que froiss?e dans votre amour-propre.

Ce n'est pas seulement ? votre mari qu'il faudra vous efforcer de plaire. Par le fait de votre mariage, ses parents, sa famille deviendront les v?tres, et sous peine des plus grandes perturbations dans votre int?rieur, il faudra, par tous les moyens en votre pouvoir, chercher ? vous les attacher. Pour ?viter de froisser qui que ce soit, traitez en tout, au moins en apparence, les parents de votre mari comme vous le faites des v?tres. Soyez avec vos beau-p?re et belle-m?re ce que vous ?tes avec vos parents; ?coutez leurs avis avec d?f?rence, et s'ils vous paraissent sages et conformes ? vos int?r?ts, mettez-les ? profit. Si, au contraire, vous croyez devoir n'en pas tenir compte, expliquez vos raisons de mani?re ? ne les pas blesser, et toujours avec douceur et am?nit?. Ces qualit?s, loin d'exclure une fermet? parfois n?cessaire, en att?nuent la rudesse et la font plus facilement accepter. En effet, le respect que vous leur devez ne saurait vous faire oublier que vous ?tes ma?tresse dans votre maison, et qu'? vous seule en appartient la direction. Il y a l? une nuance qu'il vous faudra observer sans cesse: condescendre toujours, mais n'abdiquer jamais. Soyez certaine que sous le b?n?fice de cette r?serve votre mari vous saura gr? des ?gards que vous aurez pour les siens, ce qui est tout naturel et plaide en sa faveur. Ne seriez-vous pas vous-m?me froiss?e dans votre amour filial s'il t?moignait ? vos parents de la froideur, s'il les recevait sans empressement? Ne perdez pas de vue que sa famille, ses amis m?me, ayant sur lui une influence plus ancienne que la v?tre, il importe au plus haut point, quoi qu'il advienne, d'?viter de vous en faire des ennemis.

Gardez-vous aussi de cette manie particuli?re aux femmes de n'?tre jamais satisfaites, de trouver ? redire ? tout. Rien n'est aussi d?plaisant que d'entendre faire ? tout propos des observations, surtout si elles sont pr?sent?es d'un ton aigre et acrimonieux; le portrait de Mme Bougon n'a rien du reste de bien s?duisant. Il arrivera ceci: ou votre mari s'y habituera et n'y pr?tera plus la moindre attention, ou il en sera ?nerv?, vous r?pondra mal et vous imposera silence. Plus vous saurez supporter patiemment des d?sagr?ments de peu d'importance, plus vos observations auront de poids et d'autorit? dans les circonstances graves. C'est un de nos torts et une de nos faiblesses de ne voir les choses que par le petit c?t?, d'en n?gliger souvent la partie s?rieuse et d'attacher trop d'importance ? des v?tilles. Nous avons souvent remarqu? que telle femme qui fait ? son mari une sc?ne pour une assiette cass?e, est pr?cis?ment celle-l? qui laissera dilapider sa dot sans rien dire et qui sera incapable de la d?fense la plus ?l?mentaire de ses int?r?ts.

Une dame de nos amies, femme de beaucoup d'esprit, est mari?e depuis peu ? un homme qui n'a pas eu ? se f?liciter de son premier mariage. D'une nature acerbe et acari?tre, sa femme lui faisait ? tout propos des observations d?sagr?ables, de sorte que le calme et la bonne harmonie ?taient souvent bannis de leur int?rieur. Ayant accept? une invitation ? d?ner chez eux dans les premiers temps de leur union, j'?tais au salon avec la ma?tresse de la maison, lorsque de la salle ? manger partit un grand bruit. <> En disant cela, il observait malicieusement la physionomie de sa nouvelle ?pouse, et il ajouta: <> --<> Le mari se montra fort satisfait de la r?ponse, et nous avons constat? depuis combien il est heureux de la diff?rence de caract?re qu'il rencontre entre elle et sa pr?c?dente ?pouse, femme tr?s-recommandable pourtant et d'un grand m?rite sous d'autres rapports.

Nous reviendrons sur la n?cessit? de surveiller notre humeur, de pond?rer notre caract?re, mais en ce qui concerne le mariage nous vous dirons que les plus ?minentes qualit?s ne serviront de rien si elles ne sont rehauss?es par l'amabilit? qui en fait la gr?ce et le charme. Par exemple, une femme qui ferait r?gner dans son m?nage l'ordre et l'?conomie, perdrait le b?n?fice de ses peines si elle ne savait pas rendre le s?jour aupr?s d'elle plaisant et agr?able. Savoir retenir votre mari aupr?s de vous par la seule force de l'estime et de l'affection que vous lui inspirerez est encore une des formes du d?vouement, car il n'a aucune chance de se trouver nulle part plus heureux, et s'il ?tait oblig? de chercher ailleurs la tendresse et les encouragements dont il a besoin, c'est vous seule qui seriez coupable. Soyez pour lui la compagne aimante et douce, la femme forte et digne qui soutient l'homme dans l'infortune et dont la fermet? du caract?re, la droiture de la conscience, lui donnent force et courage dans les circonstances les plus difficiles de la vie.

Certaines jeunes femmes, partant de ce principe que l'homme doit subvenir aux besoins de la famille, pensent, une fois mari?es, pouvoir se dispenser de travailler. Elles abandonnent alors la profession dont leurs parents les avaient pourvues, souvent au prix des plus durs sacrifices, sans songer que c'est pr?cis?ment pendant les premiers temps de leur mariage, alors qu'elles n'ont pas d'enfant, qu'il leur serait le plus facile de s'occuper utilement. Elles ne r?fl?chissent pas non plus au surcro?t d'aisance que leur gain, si modeste f?t-il, apporterait dans leur m?nage, ni aux longues heures d'ennui qu'elles auront ? supporter pendant l'absence de leur mari, leur maison trop peu consid?rable ne pouvant les occuper constamment, ni aux funestes habitudes qui en seront la cons?quence. Souvent m?me, surtout en pareil cas, une autre erreur vient s'ajouter ? celle-ci: c'est qu'?tant mari?es, elles n'ont plus besoin de plaire. Ce propos, que nous citons textuellement, combien de fois ne l'avons-nous pas entendu dans la bouche de femmes dont la tenue plus que n?glig?e trahissait le d?soeuvrement et l'insouciance. Mais, nous direz-vous, ces pauvres cr?atures ?taient peut-?tre malheureuses dans leur int?rieur, et puis une conduite aussi bl?mable n'est pas celle de toutes les femmes; la plupart comprennent mieux leurs devoirs et leurs int?r?ts. Sans doute, nous le savons, ce n'est l? qu'une exception, mais une exception encore trop nombreuse, que l'on rencontre ? chaque pas, et en pr?sence de laquelle une femme vraiment digne de ce nom se sent prise d'un insurmontable sentiment de honte pour son sexe. Sous aucun pr?texte, sachez-le bien, la femme ne doit renoncer ? la possibilit? de gagner quelque argent; tout au plus serait-elle excusable si elle avait apport? une dot dont le revenu pourrait compenser l'absence de son salaire. Quant ? celle qui arguerait qu'elle n'a plus ? trouver un ?poux pour se rel?cher des habitudes de soin et de propret? qu'elle avait ou feignait d'avoir avant son mariage, sa conduite serait tout simplement ignoble, son mari le lui ferait bien voir.

La Fontaine raconte que de deux chevaux attel?s ? un m?me chariot, l'un ne voulut pas prendre sa part de labeur, de sorte que l'autre, tra?nant ? lui seul toute la charge, fut bient?t ext?nu? et hors d'?tat de travailler. Le conducteur remit alors ? sa place dans les limons le premier cheval; mais celui-ci, que son compagnon trop fatigu? ne pouvait plus aider, succomba ? son tour ? la peine. Cette comparaison peut fort bien s'appliquer ? un m?nage dans lequel le mari travaillerait consciencieusement, rapporterait ? sa femme son salaire, tandis que celle-ci, au lieu de chercher ? contribuer, dans la mesure de ses forces, au bien-?tre commun, gaspillerait son temps en futilit?s et en comm?rages. Or, le temps c'est de l'argent. Habituons-nous donc, d?s notre jeunesse, ? nous occuper s?rieusement, ? ne jamais perdre une minute; aimons le travail pour tous les bienfaits dont il nous comble, pour tous les maux qu'il ?carte de nous. Le travail est le plus grand m?decin du monde, il gu?rit de la mis?re, cet ennui mat?riel, et de l'ennui, cette mis?re morale. Si nous sommes pauvres, travaillons pour am?liorer notre situation: depuis que le monde existe, on n'a pas encore trouv? de moyen plus s?r. Si nous sommes riches, faisons du travail la premi?re de nos distractions, il est de toutes la plus saine. Quelle qu'en soit la nature ou l'objet, il nous procure des satisfactions infinies, et c'est toujours ? lui que nous reviendrons, car, en m?me temps que la sant?, il nous conserve la bonne humeur.

Travaillez, mes toutes belles, Employez bien votre temps; Vos maris seront fid?les Et vos coeurs toujours contents.

La femme qui n'a pas en elle l'amour du travail est v?ritablement bien ? plaindre. Outre l'intime satisfaction que donne le sentiment du devoir accompli, dont son coeur est sevr?, elle se voit priv?e de tous les avantages mat?riels que le travail procure. Et consid?rez combien est juste cette maxime que la paresse, il faut bien l'appeler par son nom, est la m?re de tous les vices, l'on peut ajouter de tous les maux. Quand une femme travaille elle-m?me pour gagner quelque argent, elle en conna?t mieux le prix, le d?pense moins facilement, de l? l'?conomie. Quand une femme est ?conome et travailleuse, elle prend soin de son mobilier, de son linge, de ses v?tements, fait chaque chose au moment convenable, de l? l'ordre et la propret?. Tandis que celle-ci jouit d'un bien-?tre en apparence sup?rieur ? sa position sociale, parce qu'elle sait, comme disaient nos grand'm?res, faire de trois francs cent sous, telle autre que la paresse afflige sera vou?e pour toute sa vie ? la mis?re et ? l'abjection. Pendant que l'une, satisfaite d'elle-m?me, fi?re de son existence bien remplie, est calme et tranquille, l'autre, malheureuse par sa faute, m?contente de tout, sent gronder en elle les plus mauvais sentiments.

Voyez ces deux jeunes femmes que la fortune n'a pas favoris?es. Mari?es chacune depuis deux ans, elles habitent dans la m?me maison un petit appartement d'un prix modique, car leurs maris, cavistes tous deux, n'ont que des gains tr?s-restreints; mais quelle diff?rence vous observez d?s le seuil de leur modeste demeure! Tandis que les deux pi?ces dont elle se compose sont chez l'une tenues avec la plus exquise propret?, que tout chez elle est clair et luisant, chez l'autre tout est en d?sordre, et les quelques meubles qu'elle poss?de accusent la n?gligence avec laquelle on les entretient. Tout chez elle crie le d?n?ment et la mis?re, pendant que sa voisine, avec cet art propre ? la femme qui aime son inf?rieur, sait donner ? sa maison une apparence de confort et de gaiet?. Travaillant sans rel?che pour les magasins de confections et gagnant en moyenne un franc vingt-cinq centimes par jour, elle a pu acheter le mobilier modeste mais convenable, et aussi le linge n?cessaire au m?nage que ses parents, trop pauvres, n'avaient pu lui donner. Le mari se pla?t dans sa maison que lui aussi s'ing?nie ? embellir; ne craignez pas que la journ?e termin?e il s'attarde dans quelque mauvais endroit. Il s'empresse de rentrer chez lui: n'a-t-il pas toujours quelques clous ? planter, et ? soigner les rieurs, presque toutes rapport?es des bois, qui donnent un si coquet aspect ? sa demeure? Il a h?te surtout de retrouver sa compagne, toujours gaie, fra?che et pimpante dans la petite robe ? dix sous le m?tre, confectionn?e de ses mains. Il aime et estime cette jeune femme aupr?s de laquelle, revenu de son travail, il trouve le calme et la tendresse; il lui est reconnaissant du bonheur qu'elle lui donne, il en est fier; et lorsque le dimanche elle part ? son bras pour Une promenade bien m?rit?e, il ne changerait pas sa place contre celle d'un empereur. C'est son plus grand plaisir d'aller ainsi, en compagnie de sa femme, ? une petite campagne voisine, respirer l'air pur des champs ou des bois, ou bien de s'installer sous les beaux marronniers des promenades pour entendre la s?r?nade. Au milieu de tout ce monde ?l?gant, aupr?s duquel il s'aper?oit qu'il ne fait pas tache, il songe ? la diff?rence de sa vie tranquille avec celle de beaucoup de ses camarades moins favoris?s. Il se dit qu'avant son mariage lui aussi allait au cabaret, et il se demande maintenant comment il pouvait s'enfermer dans cet affreux trou puant et noir, pendant qu'il y a ailleurs de l'air, du soleil, des oiseaux et des fleurs. Il est ainsi toujours satisfait, parce qu'il n'a rien ? reprocher ni ? lui-m?me, ni aux autres. Il est sans souci du lendemain, car l'existence r?guli?re qui est la sienne lui conserve la sant?, et il sait qu'il y a toujours en r?serve chez lui de quoi parer ? toute ?ventualit?.

Le voisin, lui, n'est pas d'aussi bonne humeur. Aussit?t rentr? de son ouvrage, on l'entend crier, et ce ne sont pas de tendres paroles qu'il adresse ? sa compagne. C'est le repas, peu confortable, qui n'est jamais pr?t ? l'heure, ou quelque v?tement dont il a besoin qui n'est ni raccommod? ni blanchi. Sa femme inactive et d?pensi?re gaspille l'argent qu'il gagne avec tant de peine et cr?e partout des dettes. Parfois un commer?ant, perdant patience, s'adresse ? lui pour ?tre pay?, et ce sont alors dans le m?nage des sc?nes sans fin, des querelles ? scandaliser le voisinage. N'ayant rien qui le retienne chez lui, ne ressentant plus pour sa femme ni affection ni respect, il s'adonne ? la boisson. ? quoi bon me g?ner, dit-il, je n'en aurai jamais davantage. Sur ce il part au cabaret et revient ivre, aussi l'existence de la malheureuse est-elle la plus triste que l'on puisse imaginer. Si du moins elle pouvait profiter de l'exemple que lui donne cette autre jeune femme, si courageuse et si digne, mais au contraire elle la jalouse, la hait, et pourtant elle n'est pas n?e m?chante. En la voyant heureuse et estim?e de tous, il lui semble qu'elle lui fait du tort, elle ne veut pas convenir qu'il e?t pu en ?tre de m?me pour elle, et qu'en n?gligeant ses devoirs elle a caus? sa perte. De l? ce sentiment d'envie, de basse jalousie, qui fait de si cruelles blessures au coeur des femmes.

Voyez l?, le dimanche, apr?s que son mari, las et d?courag?, est parti en lui adressant de durs reproches. Les cheveux en d?sordre, la figure d?compos?e, versant des larmes de rage, elle s'installe ? sa fen?tre, soul?ve son rideau et ?pie le moment auquel va partir celle qu'elle consid?re comme son ennemie. Elle veut voir <>. Elle sort enfin au bras de son mari, charmante et distingu?e dans le frais costume de coton ? bon march? qu'elle porte l'?t? depuis son mariage, et qu'elle-m?me a confectionn?. Rien dans sa mise n'est ni extravagant ni co?teux, mais tout est agenc? avec go?t et dispos? avec art. Elle ne se doute gu?re que l?, tout pr?s d'elle, quelqu'un l'observe d'un oeil malveillant, car elle ne s'occupe pas des voisins et n'a jamais fait de mal ? personne. Puis, pendant qu'elle s'?loigne, l'autre s'en va aupr?s des voisines. <<--L'avez-vous vue?... Est-elle d'une coquetterie?... Elle n'a pas toujours ?t? comme cela...>> etc., etc. Et les commentaires d'aller leur train, et les comm?rages stupides, les inventions odieuses de continuer jusqu'au moment o? il faudra rentrer pour attendre le mari qui va revenir ivre et abruti. Ainsi, non-seulement cette femme souffre de tous les maux qu'entra?ne l'oisivet?, mais sous leur influence son caract?re s'aigrit, son coeur devient mauvais. L'envie, la jalousie, la m?disance, le mensonge font cort?ge ? l'ennui et au d?couragement; elle devient capable des plus m?chantes actions, et l'on fr?mit en pensant au gouffre de vices et d'avilissement vers lequel la malheureuse s'achemine lentement, ? moins que quelque circonstance fortuite, un enfant peut-?tre, ne vienne l'en d?tourner.

Ce tableau est bien noir, nous direz-vous. Il est triste, nous en convenons, mais il est vrai, l'exp?rience de la vie vous le d?montrera. Sans le travail qui acquiert, sans l'?conomie qui conserve, l'ouvrier est fatalement vou? ? la mis?re et forc? de renoncer ? tout espoir d'am?liorer sa situation mat?rielle et morale. C'est en cela que l'influence de la femme se fait le plus directement sentir, influence bienfaisante si elle est dou?e de cette qualit? indispensable au m?nage, l'?conomie, et d?sorganisatrice si, par malheur, elle en est priv?e. Mme Doyen l'a dit avec beaucoup de raison: <> En effet, il n'est pas de fortune, si consid?rable soit-elle, qui puisse r?sister au gaspillage. Que de fois, parmi les besoigneux, n'avez-vous pas rencontr? de gens, autrefois dans une situation prosp?re, pendant que d'autres, partis des derniers rangs, sont, fourmis ?conomes et laborieuses, parvenus ? une honorable aisance.

L'?conomie est une des qualit?s indispensables ? la femme dans toutes les situations de fortune. Elle est relative, bien entendu, et consiste ? r?gler strictement nos d?penses d'apr?s les ressources dont nous disposons. La femme vraiment ?conome est celle qui, sur ses revenus ou sur son salaire, sait pr?lever une part pour parer aux ?ventualit?s qui peuvent se produire. Ne faut-il pas compter, si l'on est commer?ant, avec les pertes possibles; si l'on est capitaliste, avec les diminutions de revenu; si l'on est ouvrier, avec le ch?mage; et, en tout ?tat de cause, avec la maladie, le surcro?t de charges et tous les ?v?nements f?cheux impossibles ? conjurer? Et o? trouvera-t-on les ressources n?cessaires pour y faire face, si on a n?glig? d'?pargner pendant des temps meilleurs?

Le femme la plus ?conome n'est pas pr?cis?ment celle qui d?pense le moins, c'est celle qui, en raison des ressources dont elle dispose, sait procurer aux siens le plus de bien-?tre et de confort. Par exemple, il se pourra que de deux femmes d?pensant chacune trois francs par jour, l'une soit tr?s ?conome et l'autre tr?s d?sordonn?e. Si l'une, dont le mari gagne quatre francs par jour, n'en d?pense que trois, elle fera preuve d'une sage pr?voyance pour l'avenir, tandis que si l'autre dont le mari ne gagne que trois francs les d?pense enti?rement, elle risquera de se trouver dans une bien p?nible situation.

L'?conomie nous oblige ? avoir de l'ordre; ces deux qualit?s sont inh?rentes l'une ? l'autre. Ainsi, une femme ?conome, si elle est commer?ante, tiendra exactement ses comptes, de mani?re ? ne rien omettre et ? ?tre toujours renseign?e sur l'?tat de ses affaires. Si elle emploie des ouvriers ou des domestiques, elle veillera ? ce qu'ils occupent consciencieusement le temps qu'elle leur paie. Elle ne laissera pas celui-ci n?gliger son service ou tenir l'outillage en mauvais ?tat, et suppl?era son mari si, trop occup?, il ne peut avoir l'oeil ? tout. Elle ne permettra pas ? celle-l? de lui manger ses conserves ou de prodiguer l'?clairage et le chauffage. En aucun cas, elle ne lui confiera la bourse de la maison, et fera autant que possible ses provisions elle-m?me, de mani?re ? les acheter ? des conditions plus avantageuses; c'est l? de l'ordre. Si elle a la chance de pouvoir se passer d'auxiliaires, elle sera ainsi d?barrass?e d'une surveillance souvent g?nante et ennuyeuse, ainsi que d'une on?reuse d?pense. Une femme s?rieuse pr?f?rera toujours tenir elle-m?me sa maison, ? moins d'impossibilit? absolue, plut?t que d'en confier le soin ? des ?trangers.

N'imitez pas ces petites femmes vaniteuses et sottes qui mettent tout leur amour-propre ? avoir une bonne, d?pensant ainsi ce qu'elles pourraient ?pargner des gains de leur mari, petit employ? g?n?ralement, ne gagnant pas toujours de quoi mettre du beurre sur le pain de la pauvre fille, peu surcharg?e de besogne ? la v?rit?. Laissez-nous vous mettre en garde contre cette folle vanit? qui pousse tant de jeunes femmes ? vouloir vivre d'une fa?on si peu conforme en tout ? leur position sociale. Combien agissent ainsi par gloriole plut?t que par amour du confortable, se rendant, par leur ostentation, ridicules aux yeux des gens sens?s qui se demandent combien de temps cela pourra durer. Une des maladies de notre si?cle, c'est que tout le monde veuille vivre comme si l'on ?tait riche, d?plorable syst?me dont le moindre d?faut est d'emp?cher qu'on le devienne. Un peu de bon sens et de r?flexion suffirait pourtant pour dissiper cette erreur et nous faire comprendre cette v?rit? qu'il ne faut pas manger son bl? en herbe ni confondre le point de d?part avec l'arriv?e. Il est certain que si nous voulons vivre d'une mani?re sup?rieure ? notre situation p?cuniaire, nous ne pouvons rationnellement y arriver qu'en am?liorant cette situation elle-m?me. Il est donc indispensable de savoir borner nos go?ts ? notre position pr?sente, c'est un des moyens de l'am?liorer dans l'avenir et de jouir d'une vraie tranquillit?, de ce bonheur du sage qui se contente de peu.

Nous reviendrons plus loin sur la n?cessit? pour la femme de pratiquer les vertus qui assurent la paix du foyer domestique, mais en ce qui concerne l'?conomie, prenez pour r?gle de conduite que le travailleur n'est assur? du n?cessaire qu'autant qu'il sait se refuser le superflu.

Ces consid?rations sur lesquelles nous insistons, vous seront utiles dans l'avenir, pour soutenir le grand combat de la vie. Elles vous serviront d'arguments pour ramener ? des id?es plus saines ce grand gamin qui est votre mari, dont le coeur n'est pas mauvais, mais dont la t?te, peut-?tre un peu folle, s'est laiss? ?garer par les ?lucubrations d'?crivains sans scrupules ou les extravagances d'orateurs qui m?riteraient qu'on leur jet?t des pommes cuites et des bottes de foin. Ils sont bien coupables ces gens qui, dans un but d'int?r?t personnel, exploitent la cr?dulit? et l'ignorance de l'ouvrier, et jettent le trouble dans sa conscience. Peu leur importent les r?sultats de leurs inepties, pourvu qu'ils en profitent; ils savent fort bien, du reste, que ce n'est pas eux qui en subiront les cons?quences. C'est ? vous, jeunes femmes, qu'il appartient de combattre les funestes doctrines qui, si vous n'y preniez garde, iraient jusqu'? compromettre l'existence m?me de votre foyer, car ces gens, ennemis de la propri?t?, sont en m?me temps les d?tracteurs de la famille. Si, par malheur, votre mari pouvait devenir leur dupe, si au lieu des gais propos qu'il apportait autrefois ? la table de la famille, il faisait entendre de folles revendications, il faudrait user de votre influence pour ?clairer sa conscience et sa raison, et le d?tourner de la voie p?rilleuse au bout de laquelle il ne trouverait que m?comptes et d?ceptions.

Il vous sera facile de r?futer les id?es fausses qu'il aura contract?es par la lecture de journaux qui s'intitulent socialistes, sans que cette d?nomination soit bien comprise de la plupart de ceux qui l'emploient, ou au sein de certaines assembl?es de <> ainsi que se nomment souvent les ouvriers qui ne travaillent pas. Il est de toute ?vidence que nous ne pouvons ?tre tous ?gaux dans le sens absolu de ce mot, l'?chelle sociale serait ainsi la seule qui n'aurait qu'un ?chelon. Cela ne signifie pas que l'ouvrier doive renoncer ? am?liorer sa position, mais que de moyens s'offrent ? lui plus honn?tes et plus s?rs que celui qui consisterait ? d?pouiller de leur propri?t? ceux qui l?gitimement la poss?dent. Il est un fait prouv?, c'est que la fortune change de mains au bout de cinq g?n?rations. ? quoi cela tient-il, si ce n'est que l'enfant du riche, habitu? au luxe et ? l'oisivet?, diminue ainsi son patrimoine et transmet de p?re en fils une situation amoindrie, tandis que l'ouvrier, d?sireux de sortir de son inf?riorit?, conquiert une position meilleure par la seule force de sa volont?, de son travail opini?tre, de son ?conomie. Et lors m?me que, par impossible, le partage des biens parviendrait ? s'effectuer entre tous les citoyens, ainsi que certains le demandent, savez-vous quelle serait la part de chacun? Les ?conomistes ont calcul? qu'elle s'?l?verait ? la somme de deux francs soixante centimes, de sorte qu'au lieu de trouver des capitalistes et des patrons pour faire vivre l'ouvrier, nous serions tous ?gaux... dans la mis?re; c'est l? probablement ce qu'on entend par la suppression du prol?tariat. Si m?me, contestant cette ?valuation, l'on admet que le partage puisse produire des r?sultats plus appr?ciables, il arriverait ceci: c'est qu'au bout de quinze ans, de vingt ans peut-?tre, le grand g?nie qui se nomme Travail aurait encore chang? la face de la nouvelle soci?t?. De la part re?ue les uns n'auraient plus rien et seraient redevenus mis?rables, pendant que les autres se seraient enrichis, de sorte que l'effroyable tuerie serait toujours ? recommencer. Ils se gardent bien, ceux qui pr?chent le d?sordre et la guerre civile, de faire valoir ces arguments; c'est ? vous, jeunes femmes, qu'il appartient de les produire. Dites ? votre mari, ? votre fr?re, que c'est par la paix et la concorde qu'ils pourront arriver ? la r?alisation de leurs voeux, et qu'il faut que les ouvriers s'unissent, non pour d?truire, mais pour ?difier.

Un des meilleurs moyens, pour l'ouvrier, d'am?liorer sa situation pr?sente et d'assurer l'avenir, c'est sa participation aux soci?t?s mutuelles. Fond?es pour la plupart par d'anciens ouvriers, hommes intelligents comprenant la n?cessit? de l'union et de la solidarit?, elles offrent ? leurs adh?rents des facilit?s de toute nature, des combinaisons diverses qui leur permettent de se mettre ? l'abri de la maladie, du ch?mage, de la chert? de la vie, et d'assurer en m?me temps le pain de leur vieillesse. Le but de ces bienfaisantes associations n'est pas seulement pratique et humanitaire, il est aussi moral. Ceux qui en font partie apprennent ? se conna?tre et ? s'estimer, en m?me temps qu'? s'entr'aider et ? se soutenir. Ils forment, dans la grande famille fran?aise, une famille d'?lite, honorable entre toutes, dont les membres s'?cartent si rarement de la voie du devoir, qu'un de nos mutualistes les plus distingu?s, M. H. Maze, d?put? de Seine-et-Oise, disait que parmi eux il n'en avait presque pas rencontr? ayant un casier judiciaire. Cela s'explique par le fait que chacun tient ? conserver l'estime de tous, et aussi par la force et la tranquillit? que donne l'assurance du lendemain.

Nous ne saurions trop insister aupr?s de vous pour vous engager ? faire partie de quelque soci?t? mutuelle, dans votre int?r?t et celui des v?tres. C'est si peu de chose que d'?pargner un ou deux sous par jour, et on en d?pense tant d'autres pour des choses inutiles, parfois nuisibles. Si modeste que soit votre salaire, un pr?l?vement aussi insignifiant ne peut vous g?ner beaucoup, il vous sera au contraire favorable en vous accoutumant ? l'?conomie. Des personnes g?n?reuses autant qu'?clair?es ont pris, depuis quelques ann?es, la louable habitude de distribuer aux ?l?ves les plus m?ritants de nos ?coles des livrets de caisse d'?pargne ou de quelque soci?t? mutuelle. Vous ?tes peut-?tre parmi ces heureux laur?ats, mais si vous n'avez pas eu ce plaisir, la somme ? verser est tellement minime que vous mettrez votre amour-propre ? ne pas vouloir rester en arri?re. De gr?ce, ne laissez pas passer le collecteur sans lui donner l'obole qu'il r?clame, faites-vous ? vous-m?me l'aum?ne que vous retrouverez plus tard. Nous voudrions vous donner sur les soci?t?s mutuelles de notre ville, tous les renseignements n?cessaires concernant leur but sp?cial et leur fonctionnement, mais cela nous entra?nerait trop loin et sortirait quelque peu des limites que nous nous sommes assign?es.--Toutefois, plusieurs de ces soci?t?s s'occupant de l'alimentation ? bon march?, nous vous engageons vivement ? leur donner la pr?f?rence sur les commer?ants ordinaires. On ne s'expliquerait pas, en effet, que l'on all?t chez l'?picier ou le charcutier payer une marchandise un certain prix tandis que d'autres ?tablissements l'offrent ? qualit? ?gale ou meilleure ? des conditions plus avantageuses. L'on ne comprendrait pas davantage que vous attachiez quelque importance ? ce fait que ces commer?ants peuvent vous offrir quelque cr?dit, car il faut toujours le solder , et alors vous en aurez ch?rement pay? l'int?r?t. Il faut bien, du reste, qu'il en soit ainsi pour compenser les pertes occasionn?es par les malhonn?tes gens qui ne paient pas.--Dans tous les cas, les soci?t?s mutuelles ont une influence essentiellement moralisatrice, puisqu'elles assurent le bien-?tre et exigent en ?change la probit?.

Une des raisons d'?tre de notre existence et qui en consacre l'utilit?, c'est d'?tre m?re. De m?me que sur l'arbre on cherche le fruit, aupr?s de la femme on cherche les enfants, sans lesquels il semble qu'il lui manque quelque chose. Quoi de plus noble et de plus doux que de voir s'entr'ouvrir ces jeunes intelligences et de les diriger vers le bien? Si nous ne reconnaissions la n?cessit? de faire en toutes choses notre devoir pour les diff?rentes raisons que nous venons d'?num?rer, il faudrait encore y rester fid?le pour les chers petits ?tres auxquels nous devons, avec la subsistance, l'exemple d'une vie irr?prochable et digne. Nous n'avons jamais rencontr? une m?re n'aimant pas ses enfants, mais nous en connaissons un grand nombre qui croient avoir rempli leurs obligations maternelles quand elles les ont combl?s de caresses et satisfait ? tous leurs caprices.

Votre premier devoir envers vos enfants en bas ?ge est de leur donner tous les soins propres ? leur assurer une bonne sant? pour le pr?sent et pour l'avenir. Si vos occupations ni aucune autre circonstance ne s'y opposent, et sauf avis contraire du m?decin, nourrissez-les de votre lait, votre sant? s'en trouvera bien et outre une s?rieuse ?conomie, vous en retirerez des satisfactions de toute nature. Votre enfant sera ainsi plus avenant et ? l'abri de la plupart des causes de mortalit? qui font tant de petites victimes, surtout pendant la p?riode estivale. Quelle que soit la mani?re dont vous les nourrissiez, n'oubliez pas que la propret?, les soins hygi?niques et le grand air leur sont indispensables.

La premi?re ann?e est toujours la plus difficile; mais que de douces joies lorsque le petit ?tre commence ? comprendre, ? vouloir vivre! Ses petites jambes s'agitent, il veut marcher; sa bouche b?gaie les mots qu'il entend le plus souvent, et c'est vous la premi?re qu'il appelle. Sans ?tre partisan de la th?orie de Darwin qui nous fait descendre du singe, il est vraiment int?ressant d'observer la facult? d'imitation inn?e chez l'homme d?s son berceau. Voyez votre petit enfant encore incapable de marcher, s'il peut s'?chapper de vos bras, ce sera pour se tra?ner jusqu'? l'endroit o? vous d?posez votre balai, votre essuie, votre brosse ou tout autre objet dont vous vous servez fr?quemment, et pour essayer d'en faire l'usage qu'il vous en voit faire ? vous-m?me. Cette disposition naturelle s'accentuera au fur et ? mesure qu'il avancera en ?ge, c'est pourquoi il importe de ne lui donner que de bons exemples. Ne faites rien, ne dites rien devant lui que vous ne voudriez lui voir faire ou lui entendre r?p?ter. ?tudiez avec soin les premi?res manifestations de sa volont? naissante, de ce qui sera son caract?re propre; appliquez-vous ? le diriger, ? en corriger les d?fauts. Gardez-vous de cet exc?s de sensiblerie qui porte tant de m?res ? fausser l'?ducation de leurs enfants dans la crainte de leur causer un l?ger d?sagr?ment, facile ? supporter ? cet ?ge. De m?me qu'il est plus ais? d'arracher un bourgeon qu'un vieil arbre, vous extirperez plus facilement un d?faut d?s son apparition, que si vous le laissez s'enraciner. Ce qui, d?s le d?but, n'est qu'un petit d?faut, finit g?n?ralement par devenir un grand vice; or, les vices sont comme les gens de mauvaise compagnie, il ne faut leur laisser prendre pied nulle part, d?s qu'ils paraissent, chassez-les au plus t?t. Votre enfant vous saura gr? dans l'avenir des efforts que vous aurez faits pour le bien ?lever, pour former son caract?re et son coeur et lui inspirer de bons sentiments. Les enseignements d'une m?re ne sont jamais perdus. L'enfant ?tourdi plut?t que mauvais peut parfois n'en pas tenir compte, mais plus tard, devenu homme, il se souviendra avec attendrissement des soins dont vous entouriez son enfance, des sages conseils que vous prodiguiez ? sa jeunesse et qui seront dans la vie son guide le plus s?r.

Cette mission, la plus noble que nous puissions ?tre appel?es ? remplir, demande de notre part les plus s?rieuses r?flexions, nous ne saurions y apporter trop de z?le et de sagesse.--Une grande dame romaine se trouvant au milieu de femmes futiles occup?es ? se faire voir leurs bijoux, fut sollicit?e de montrer aussi les siens. Elle se fit amener ses trois enfants qu'elle avait ?lev?s avec le plus grand soin pour l'honneur de la patrie et leur dit: Voici mes bijoux, ma plus belle parure. Imitons l'exemple de cette noble femme, apprenons ? nos enfants ? aimer notre France humili?e et amoindrie, et ? vouloir contribuer ? son rel?vement, afin que, quand sonnera l'heure de la justice, elle trouve des d?fenseurs pr?ts ? la venger. Parlons-leur souvent de son histoire, de sa gloire pass?e, de ses malheurs, et inspirons ? ces jeunes coeurs un patriotisme ardent et ?clair? jusqu'au jour o? tous les peuples seront fr?res par la libert?.

DES QUALIT?S QU'IL FAUT ACQU?RIR

Pour remplir convenablement les devoirs que la famille nous impose, ainsi que nos autres obligations sociales, il est indispensable que nous poss?dions les qualit?s morales qui font le charme de la jeune fille, de la femme, et l'agr?ment du foyer domestique. Et parmi ces qualit?s nous citerons plus particuli?rement l'amabilit?, la bienveillance et l'?galit? d'humeur. Nous ne reviendrons pas sur la question de l'affection et du d?vouement que nous devons ? ceux qui nous entourent, mais nous dirons que ces sentiments eux-m?mes para?traient imparfaits s'ils ?taient pratiqu?s avec des mani?res brusques et un air grincheux. Mais, nous direz-vous, ce sont l? des qualit?s natives que l'on ne saurait acqu?rir. C'est une erreur; une femme d'esprit l'a dit avec beaucoup de raison: l'on apprend tout, m?me ? ?tre bon. Non pas que d'un temp?rament froid et dissimul? l'on puisse faire une nature franche et g?n?reuse, nous ne le pensons pas; mais que de fois nos d?fauts sont-ils plus apparents que r?els et ne paraissons-nous mauvaises que parce que nous sommes irr?fl?chies. De m?me que par le travail nous pouvons nous procurer le bien-?tre mat?riel, nous pouvons ?galement, par la r?flexion, qui est un travail intellectuel, acqu?rir les qualit?s qui, au premier abord, paraissent nous manquer compl?tement.

Habituons-nous donc ? pond?rer notre caract?re, ? surveiller notre humeur; ne faisons rien par emportement ni par caprice. N'agissons pas et ne disons rien avant d'avoir m?rement pes? les cons?quences de nos actes et de nos paroles. Croyez-vous que telle jeune femme se laisserait si facilement aller ? la m?disance, si elle r?fl?chissait ? l'incons?quence de sa conduite? Nos p?res, dans leur langage imag?, disaient qu'il faut se mordre la langue sept fois avant de parler, pour indiquer que nous ne saurions trop r?fl?chir avant d'incriminer les actions de notre prochain; aussi l'obligation de veiller sur notre langue est-elle la premi?re que nous devons nous imposer. Toutes les fois que nous entendons une femme faire sur quelqu'un des observations d?favorables, nous sommes invariablement port?e ? supposer qu'elle a beaucoup de choses ? se reprocher, et qu'elle imite ainsi ce charbonnier qui, pour se nettoyer, se frotte contre le mur; il ne r?ussit pas ? se blanchir, mais seulement ? salir le mur. De m?me la personne qui n'a pour les autres que bl?me et condamnation se fera s?v?rement juger; elle ne rencontrera aucune sympathie, m?me dans les circonstances les plus p?nibles. Que de fois n'avez-vous pas entendu dire: C'est vrai, c'est un grand malheur qui lui arrive, mais, apr?s tout, c'est bien fait pour elle, elle ?tait trop m?disante! elle avait une langue de vip?re!

Soyons donc, en toutes circonstances, bienveillantes et bonnes; si quelqu'un devant nous cause inconsid?r?ment, laissons parler et cherchons, s'il se peut, des excuses ? ceux que l'on critique. Pratiquons envers les autres la tol?rance et l'indulgence dont nous-m?me, peut-?tre, aurons besoin plus tard. Disons-nous que si telle personne agit mal, nous ignorons dans quelle situation elle s'est trouv?e, quelles difficult?s elle a rencontr?es, et ce qu'? sa place nous eussions fait nous-m?me. Une femme d'esprit ne trouvera donc aucune raison pour m?dire, et toutes sortes de raisons pour l'?viter.

Si nous ne sommes pas dou?e d'un caract?re ?gal et facile, ce sera un grand d?sagr?ment pour nous-m?me et pour notre entourage, mais il ne faut pas pour cela d?sesp?rer. En nous observant sans cesse, en nous y appliquant, nous arriverons facilement ? nous corriger de ce d?faut, ne serait-ce que par amour-propre, pour ne pas donner aux autres le spectacle d'une girouette tournant ? tout vent, ne sachant ni ce qu'elle veut, ni ce qu'elle a. Rien ne saurait excuser un changement non motiv? dans notre humeur, pas m?me l'?tat de notre sant?. Notez qu'il est maintenant de tr?s-mauvais ton <>, c'est ridicule et compl?tement d?mod?.

L'on nous reproche souvent, et non sans raison, d'attacher trop d'importance ? notre toilette, et de trop sacrifier pour la parure. Aussi sommes-nous int?rieurement bien flatt?es quand, passant aupr?s de quelqu'un, nous entendons murmurer discr?tement: Voyez cette jeune personne, est-elle charmante? Ce mot r?sume l'une des aspirations les plus naturelles de la femme: ?tre charmante, que ne ferions-nous pas pour cela, et quel plaisir de l'entendre dire. Mais ?tes-vous bien certaine que ce compliment s'adresse seulement ? votre toilette? Ce serait vraiment trop de modestie de votre part. L'on vous trouve charmante pour votre tenue soign?e et d?cente, pour votre air souriant, pour l'ensemble de votre personne dont se d?gagent l'amabilit?, la gaiet?, plaisants attributs de la jeunesse. Essayez de vous montrer avec une figure maussade et en parlant durement aux personnes de votre soci?t?, vous verrez si vous obtiendrez le m?me succ?s. Ainsi donc, si nous n'?tions aimable par nature, par devoir ou par raison, il faudrait l'?tre par cette coquetterie inn?e chez la femme, par cette assurance que l'amabilit? donne plus de gr?ce et de charme ? notre visage que la plus jolie toilette n'en saurait donner ? notre corps. Cette qualit? rehausse la moindre de nos actions et donne du prix au plus l?ger service. Elle est indispensable au m?me titre que la politesse, qui sans elle para?trait ou froide ou banale. Il faut la pratiquer ? tout ?ge, dans toutes les positions de fortune, dans toutes les circonstances de la vie. Elle dispose en notre faveur, aide ? aplanir bien des difficult?s et sert ? nous faire aimer, m?me si nous ne sommes pas jolies et si nous avons cess? d'?tre jeunes, car elle nous donne l'apparence de la bont?, et il n'y a que la bont? qui puisse faire aimer une vieille femme.

Si ? ces qualit?s nous joignons quelques avantages intellectuels, notre soci?t? sera ainsi la plus plaisante et la plus agr?able que l'on puisse souhaiter. Notre mari et les autres membres de notre famille n'auront plus pour nous d?laisser cette excuse, que nous ne savons rien, que nous sommes incapable de raisonner des questions ? l'ordre du jour, qu'en un mot nous ne sommes pas dans le mouvement, et que pour causer et se distraire il faut aller au caf?. Pour ?tre une femme distingu?e, il ne suffit pas d'avoir bonne tournure; si nous ambitionnons ce titre, il faut nous appliquer, dans la mesure du possible, ? augmenter nos connaissances, ? ?lever notre niveau intellectuel, de sorte que si quelqu'un des n?tres cause devant nous des grandes questions ?conomiques et sociales qui int?ressent tout le monde, il n'ait pas l'air de parler grec. Nous en retirerons des avantages de toutes sortes, d'abord en nous trouvant plus facilement en conformit? de vues avec notre mari, ensuite en devenant capable de comprendre et d'appr?cier les ?volutions et les progr?s qui s'accomplissent autour de nous. Il n'est pas n?cessaire pour cela d'?tre savante; l'instruction la plus ?l?mentaire, celle qu'a consacr?e l'obtention de notre certificat d'?tudes, y suffit largement, surtout si nous savons l'?tendre par la r?flexion et d'utiles lectures. Cela ne saurait nuire ? l'accomplissement de nos devoirs familiaux; car, de m?me que l'on peut ?tre une femme charmante sans conna?tre la chimie et une bonne m?re sans rien comprendre aux ?volutions des astres, l'on peut ?tre ?galement bonne fille, bonne ?pouse, bonne m?re en s'occupant des choses de l'esprit, et on le sera m?me d'autant plus que l'intelligence sera mieux cultiv?e. Car nous devons toujours garder le sentiment de notre dignit?; si la nature et plus encore la n?cessit? font de nous la servante de l'homme, nous ne saurions lui permettre de nous consid?rer absolument comme une machine ? faire la soupe et ? raccommoder les chaussettes.

Si donc nos occupations nous laissent quelques instants de loisir, c'est sans contredit ? la lecture que nous les emploierons le plus utilement. Gardons-nous de cette litt?rature frivole, de ces romans plus ou moins stupides qui fausseraient notre esprit, troubleraient notre coeur sans aucun profit pour notre intelligence. Donnons la pr?f?rence aux ouvrages s?rieux, oeuvres d'auteurs de talent, il n'en manque pas, dont les observations, quelle qu'en soit la nature, serviront de compl?ment ? notre instruction, ou aux organes de la presse mod?r?e, qui refl?tent le mieux l'opinion du pays et qui nous tiendront au courant de ce qui se fait autour de nous. Tirons aussi de l'oubli o? souvent nous les laissons nos livres d'?ducation, ce serait une erreur de croire qu'ils ne peuvent ?tre n?cessaires qu'? notre premi?re jeunesse; nous serons tout ?tonn?es, en les relisant, du profit que nous en pouvons tirer encore, et des sages conseils, des utiles remarques qui, autrefois, avaient ?chapp? ? notre inexp?rience. Ayons sans cesse devant les yeux le but ? atteindre, qui consiste ? nous ?lever en capacit?s, en intelligence et en vertu pour ?tre ? la hauteur de la mission que nous sommes appel?es ? remplir. La femme moderne ne doit ?tre ni frivole, ni vulgaire; il lui faut savoir se tenir ? ?gale distance de ces deux choses qui la rendraient indigne, et mettre son orgueil ? se rendre utile ? elle-m?me, ? sa famille et ? la soci?t?.

RAPPORTS AVEC LES VOISINS

L'on a ?crit sur le savoir-vivre, la politesse, la fa?on de se conduire dans le monde et avec le monde, des ouvrages d'une incontestable utilit?, pleins de bon sens et de raison. Ces ouvrages et les r?gles qui y sont expos?es s'adressent g?n?ralement ? la classe riche ou ais?e de la soci?t?; il n'en existe pas, ? notre connaissance, qui puisse servir de guide dans la plupart des cas aux personnes de la classe ouvri?re. Nous n'avons pas l'intention de faire double emploi avec ces ?crits, cela nous entra?nerait hors de notre sujet; nous ne pouvons que vous engager ? les lire; vous y trouverez de pr?cieuses indications. Mais il est une lacune que nous voudrions combler en vous disant quelques mots des usages que vous ferez bien d'observer dans vos rapports avec le voisinage.

Tout le monde ne peut avoir une habitation particuli?re; vous serez probablement oblig?e, pour des motifs d'?conomie, de vous loger dans une maison habit?e par plusieurs locataires, de l? une promiscuit? souvent d?sagr?able et g?nante; il faudra vous armer de patience et vous appr?ter ? supporter philosophiquement les ennuis qui en r?sultent. Dans la plupart de ces maisons, o? la place est mesur?e avec parcimonie et o? l'on ne peut se mouvoir sans incommoder quelqu'un, il faudra vous resserrer le plus possible et ?viter en toute occasion de g?ner les autres. Quel que soit le tapage qui d?chire vos oreilles ou la malpropret? qui offusque vos yeux, il faudra vous r?signer et ne jamais trouver ? redire ? quoi que ce soit, pour ?viter des contrari?t?s sans cesse renaissantes. Si les d?sagr?ments dont vous souffrez ?taient vraiment trop graves, il vaudrait mieux chercher un appartement ailleurs que de vous exposer ? vous faire des ennemis de vos voisins; ce qui serait pour vous un supplice intol?rable. Il faut d'ailleurs savoir se supporter mutuellement et ne pas faire aux autres ce que nous ne voudrions pas qu'ils nous fissent ? nous-m?mes. Certaine soci?t? mutuelle, qui s'occupe de l'am?lioration du logement de l'ouvrier, vous procurera une habitation saine et ? bon march?; ce qui vous permettra d'?viter en partie ces inconv?nients.

Le meilleur moyen pour rester en bons termes avec vos voisins est d'observer envers eux la plus grande r?serve en m?me temps que la plus exquise politesse. Ne passez jamais aupr?s d'eux sans les saluer, adressez-leur ? l'occasion quelque parole aimable, rendez-leur service toutes les fois que vous le pouvez, mais ?vitez avec soin les fr?quentations et les comm?rages; ils sont dangereux ? tous les points de vue et am?nent avec eux des montagnes de d?sagr?ments. Si quelqu'un d'entre eux para?t vouloir entrer dans cette voie, vous trouverez toujours quelque pr?texte poli pour vous en d?barrasser, vos occupations de m?nag?re ?conome et s?rieuse ne vous permettent d'ailleurs pas de perdre votre temps. Si c'est une voisine qui vous g?ne par sa pr?sence, vous aurez quelque course ? faire au moment opportun, et si c'est une conversation ? laquelle on vous a convi?e qui menace de se prolonger outre mesure, vous trouverez toujours une excuse plausible, un travail pressant ? faire ou votre graisse qui risque de br?ler, pour vous y soustraire. Il est toujours g?nant d'avoir aupr?s de soi des ?trangers qui commentent vos actions; votre mari, qui aime ? ?tre libre chez lui, s'en montrerait peu satisfait, d'autant plus que ce ne sont pas toujours de sages conseils ni de bons exemples que vous pouvez en retirer.

Il va sans dire qu'une personne bien ?lev?e ne se permettra jamais la moindre ing?rance dans les affaires personnelles de ses voisins, ni la plus petite observation ayant trait ? leur vie priv?e. Vous devez feindre d'ignorer ce qui se passe chez les autres, et si vous les bl?mez int?rieurement, n'en rien laisser para?tre. Gardez-vous de vous laisser aller ? l'envie et ? la jalousie, c'est l? g?n?ralement la cause de la malveillance avec laquelle les femmes se jugent entre elles. Si vous ?tes afflig?e de ces mauvais sentiments, il faut les dissimuler avec soin et veiller particuli?rement ? ne jamais manquer de politesse envers la personne qui en est l'objet, car alors vous feriez preuve de sottise, de grossi?ret? et d'un manque absolu d'?ducation. Nous avons ?t? t?moin derni?rement ? ce sujet d'un petit fait qui nous donna une triste opinion du caract?re de celle qui en fut l'auteur.

Nous allions rendre visite ? une de nos amies, jeune femme ?l?gante et distingu?e, habitant avec sa famille un quartier des plus paisibles de notre ville, lorsqu'arriv?e ? une petite ruelle tr?s proche de sa maison, nous aper??mes assez loin devant nous sa m?re revenant de la boulangerie. Nous v?mes ?galement une jeune femme que nous avions d?j? rencontr?e ? cet endroit et qu'? sa tenue nous avions prise pour la servante d'une ferme voisine. Elle regarda venir la m?re de notre amie, et au moment o? elle passait, au lieu de la saluer poliment ou tout au moins de ne rien laisser para?tre, elle rentra en fermant violemment la porte, sans que cette vieille dame l'e?t en rien provoqu?e. Et comme nous en faisions l'observation ? notre amie; celle-ci nous dit: C'est toujours ainsi; croirais-tu, que cette femme, que nous ne connaissons pas, nous t?moigne en toute occasion de la malveillance. Lorsque je passe devant sa porte elle sort de chez elle pour me regarder et elle re?oit impoliment les personnes qui par m?garde s'adressent ? elle et demandent notre adresse; que serait-ce donc si nous devions vivre ensemble dans la m?me maison! Mais, r?pond?mes-nous, f?rue de notre id?e que ce devait ?tre quelque domestique, ses ma?tres devraient la tancer s?v?rement pour son inconvenance.--Ses ma?tres! mais c'est elle qui est la ma?tresse, c'est m?me, ? ce qu'il para?t, la fille d'un instituteur. Elle ne nous aime pas, je n'en connais pas la raison. Va, j'en suis bien d?sol?e, j'en perds l'app?tit et s?rement j'en mourrai, s'?cria notre amie, enfant terrible, avec une mimique ? faire ?clater de rire un moellon. Nous ne p?mes nous emp?cher de faire cette r?flexion que cette personne avait fort peu profit? des le?ons de biens?ance que bien certainement son p?re avait d? lui donner. ?vitons donc de nous rendre ridicules par de pareilles sottises; soyons aimables autant que possible et polies toujours, m?me envers les voisins que nous n'aimons pas, c'est l? un des moyens de nous faire respecter.

?DUCATION PRATIQUE

CONSID?RATIONS MORALES SUR LES VERTUS PRATIQUES DE LA FEMME

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