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Read Ebook: L'enfer (2 of 2) La Divine Comédie - Traduit par Rivarol by Dante Alighieri Rivarol Antoine Translator

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Ebook has 579 lines and 34752 words, and 12 pages

Et ils le repoussaient toujours, comme on enfonce dans la chaudi?re fumante la viande qui surnage et se dess?che.

Alors le bon g?nie me dit:

--Va te mettre ? couvert sous ces roches pour ?viter la trop subite entrevue des d?mons; et moi, j'irai seul pour les ?prouver: sois sans crainte, car j'ai d?j? vu de pr?s ces temp?tes.

En parlant ainsi, il passait vers la base du pont; mais il se montrait ? peine sur l'autre bord, qu'il eut certes besoin de toute sa constance. Tels que des chiens en furie qui se pr?cipitent aux cris de l'indigent, et le chassent avec fracas du seuil de nos demeures; tels, ? la vue du po?te, les d?mons s'?lanc?rent de leurs rochers, et, se jetant ? sa rencontre, chacun d'eux lui pr?sentait en tumulte sa fourche mena?ante. Mais il leur cria:

--Tra?tres, n'avancez pas: avant de lever vos mains sur moi, qu'un de vous s'approche et m'entende, et qu'ensuite il frappe, s'il ose.

Tous s'arr?t?rent et s'?cri?rent ? la fois:

--Ami, cours ? lui.

Aussit?t l'un d'entre eux accourut, et dit ? mon guide:

--Que veux-tu?

Mais le sage lui r?pliqua:

--Penses-tu donc, malheureux esprit, que je vienne ici braver tes fureurs sans l'aveu du destin? Ne retarde plus ma course; une ?me encore vivante doit passer avec moi, et notre voyage est ?crit dans les cieux.

? ces mots, l'orgueil du rebelle s'abattit, et les mains lui tomb?rent de honte et d'?pouvante.

--Amis, dit-il aux autres, laissez-le en paix.

Cependant le ma?tre m'appela sans tarder:

--? toi qui te caches dans ces rocs, d?sormais tu peux para?tre!

--Et moi je me levai et j'accourus ? sa parole; mais voyant la troupe infernale qui s'?branlait tout ? coup, je craignis un retour perfide; et comme ceux de Caprone, qui, malgr? la foi du trait?, ne passaient qu'en tremblant ? travers les files ennemies , je m'avan?ai en me rangeant ? c?t? de mon guide, observant toujours ces noirs visages et leurs funestes regards. Ils abaissaient tous de longues fourches, et l'un disait:

--Ne pourrais-je le toucher?...

--Frappe, frappe, disait l'autre.

Mais celui qui s'entretenait avec mon guide tourna sa t?te, et r?prima d'un mot leur audace.

Ensuite, reprenant son entretien:

--Vous ne pouvez, nous dit-il, p?n?trer plus avant sur ces roches; car il ne reste au fond de la sixi?me vall?e que les d?combres de l'antique pont ; si donc votre d?sir est d'aller au del?, suivez d'abord les d?tours de ce foss?, et bient?t une autre arcade va s'offrir ? vous. Hier, ? la sixi?me heure, nous avons compt? douze si?cles et soixante-six ans depuis la chute du pont . Voil?, continua-t-il, dix des miens qui marcheront devant vous; suivez-les sans crainte; ils vont ?pier des t?tes sur les bords de l'?tang.

Alors il les appela par leurs noms, et, ayant donn? un chef ? cette d?curie infernale:

--Allez, leur dit-il, visiter et nettoyer ces rivages: mais que ces voyageurs arrivent en paix.

--? bon g?nie! m'?criai-je alors, en me penchant vers mon guide, qu'est-ce donc que je vois? Laissons cette escorte, et poursuivons plut?t seuls le voyage, si ces routes vous sont connues. Eh quoi! votre oeil clairvoyant n'aper?oit donc pas leurs grincements de dents, et le jeu de leurs perfides prunelles?

--Ne crains point, me dit le po?te, et laisse les tordre ainsi leurs bouches effroyables; car ils ne peuvent pas toujours dissimuler leurs tortures .

Enfin la bruyante cohorte se mit en marche; mais chaque d?mon en partant se tournait vers le chef, et dans un affreux sourire lui montrait ses dents et sa langue pendante, tandis que, courbant avec effort les noires vo?tes de son dos, il leur donnait pour le d?part un signal immonde.

NOTES

SUR LE VINGT ET UNI?ME CHANT

La comparaison tir?e de l'arsenal de Venise ?tait bien plus frappante au moment o? Dante ?crivait, puisqu'alors Venise faisait seule le commerce de l'Orient et ?tait la premi?re puissance maritime de l'Europe; c'est elle qui avait fourni des vaisseaux pour le transport des crois?s en Asie.

Les anciens de Lucques ?taient les premiers magistrats de cette petite r?publique, comme les prieurs ? Florence. Le po?te les nomme anciens de Sainte-Zite pour faire allusion ? la grande v?n?ration o? cette sainte est parmi eux. Ce Bonture ?tait l'?me la plus v?nale qui f?t ? Lucques, et le diable plaisante en faisant une exception en sa faveur. On ne sait, au reste, quel est le malheureux qui est pr?cipit? dans la poix bouillante.

Ces diables font toujours les mauvais plaisants. Ils se moquent de la d?votion des Lucquois pour la sainte face de J?sus-Christ, qu'on garde en effet tr?s-pr?cieusement dans l'?glise de Saint-Martin, ? Lucques. Le Serchio, qui arrose cette ville, est la m?me rivi?re que les Latins nommaient Anser.

Caprone ?tait un fort ch?teau qui appartenait aux Pisans. Les Lucquois, r?unis aux Guelfes de Toscane le prirent par capitulation. Les assi?g?s ne sortirent qu'en tremblant de leur citadelle pour traverser le camp des assi?geants qui ?taient en force, et dont la foi ?tait suspecte, Dante s'?tait trouv? ? ce si?ge, comme on l'a dit au discours pr?liminaire.

Le lecteur doit ?tre pr?venu que ce diable fait ici un mensonge aux deux voyageurs pour les ?garer dans la vall?e, comme on verra bient?t.

Voici comment il faut entendre les paroles du texte. Ce diable dit mot ? mot: <> C'est comme s'il disait: <>

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