Read Ebook: Peines tortures et supplices by Anonymous
Font size:
Background color:
Text color:
Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page
Ebook has 600 lines and 31194 words, and 12 pages
Cette salle, qui a la forme d'un carr? tr?s-long, se compose d'un rez-de-chauss?e, garni de portes de cellules, puis, au premier, une galerie ? balustrade faisant tout le tour de la salle, coup?e en diverses places par des ponts qui font communiquer les deux c?t?s. Je suivis la galerie de gauche, un surveillant me demanda ma petite plaque de t?le, une porte me fut ouverte et... j'entrai dans ma cellule.
La cellule.
En voici la description aussi exacte que si son image sortait d'un objectif:
La cellule est un carr? long, aux dimensions suivantes:
Hauteur: 2 m?tres 60.
Largeur: 1 m?tre 85.
Longueur: 3 m?tres 85.
Elle est peinte en deux couleurs: d'abord jusqu'? une hauteur de 1 m?tre 50 en jaune chamois, puis dans la partie sup?rieure en blanc.
Le num?ro de la cellule est peint en noir ? l'int?rieur de la porte.
? gauche de cette porte, une tablette sur laquelle on pose le matelas; au-dessus, une longue planche, tenant toute la largeur de la cellule, servant ? placer les couvertures et les draps.
? droite de la porte, d'abord, dans le mur, une plaque de fer, munie d'une petite poulie int?rieure, donnant passage ? une forte corde avec poign?e de bois. C'est le timbre d'alarme destin? ? avertir le surveillant en cas d'accident survenant au d?tenu.
Toujours ? droite de la porte, dans l'angle, une planchette de coin sur laquelle on place la terrine de toilette. Au-dessous, s'?levant au-dessus du sol, le si?ge du conduit d'aisance.
Le vasistas s'entr'ouvre de l'int?rieur, au gr? du d?tenu, au moyen d'une tige en fer, faisant agir un p?ne d'embo?tement.
Occupons-nous maintenant du mur de gauche. Toutes les indications--droite--gauche--sont prises de l'int?rieur en regardant la porte.
Le mur de gauche est celui qui doit nous pr?occuper le plus, car c'est celui que regarde presque continuellement le pr?venu; dans ce mur est scell?e une table de ch?ne, ? quatre pieds avec tiroir. Cette table n'a pas de grandes dimensions, 85 centim?tres sur 50. Elle est munie d'une barre transversale sur laquelle se posent les pieds. Dans le c?t? droit, est fich? un piton, dans lequel s'engage une cha?ne de trente-sept maillons, longue de 90 centim?tres, qui tient ? une chaise. Cette chaise peut par cons?quent ?tre remu?e dans toute la longueur de la cha?ne, mais de telle fa?on qu'on peut la rapprocher de la porte, mais qu'il est de toute impossibilit? de l'avancer plus loin que le milieu de la table, et par cons?quent de l'approcher du mur de fond o? se trouve le vasistas.
Le long de ce mur r?gne un conduit de gaz aboutissant ? un bec qui se trouve juste au-dessus de la table un peu ? gauche. Il a ?t? dispos? ainsi pour que l'ombre de la main qui ?crit se trouv?t en dehors, et par cons?quent ne g?n?t en aucune fa?on. Ce bec de gaz, je l'ai dit, n'est muni d'aucun bouton.
D?s que la nuit vient, le surveillant ouvre le guichet de la cellule, et crie au d?tenu: Allumez le gaz!
On enflamme une allumette, et on attend. Le surveillant tourne la clef ? l'ext?rieur de la cellule et le gaz prend feu. ? huit heures, le gaz s'?teint, toujours par les soins du surveillant, qui ferme ? l'ext?rieur.
Il y a encore l? quelques minutes curieuses ? observer, tandis qu'on attend l'extinction du gaz. On se sent oppress? comme si un ami allait vous quitter, et la flamme qui dispara?t vous laisse presque un vide dans le coeur.
Passons au mur de droite, qui n'est pas le moins int?ressant.
Sur le mur de droite, au-dessus de la couche inf?rieure de peinture jaune chamois, sont coll?s cinq imprim?s.
Le premier contient un almanach pour 1866 et 1867, encadr? de dix colonnes de texte, sign?s de l'abb? J... , et contenant des conseils religieux aux pr?venus. Il y est notamment insist? sur la n?cessit? du travail et sur l'avantage de la cellule, les mouvements des prisons communes entra?nant la promiscuit? de vices, les mauvais conseils et la publicit? de la faute et du ch?timent.
Le deuxi?me imprim? contient le prix de vente des articles vendus dans les cantines des prisons de Paris. Voici les principales dispositions de ce tarif:
Le troisi?me pr?sente un int?r?t particulier; je l'ai copi? enti?rement:
Il est express?ment d?fendu de chanter, de parler ? haute voix ou de chercher ? ?tablir des communications avec les autres d?tenus. La m?me recommandation est express?ment faite pour le temps du trajet aux parloirs ainsi qu'aux promenoirs.
Le d?tenu doit tenir la cellule constamment propre et n'y faire aucune d?gradation, ni tracer aucun dessin sur les murs sous peine de punition.
Il doit tenir dans la plus grande propret? le si?ge et la cuvette du conduit d'aisances et n'y jeter que l'eau absolument n?cessaire pour les soins de la propret?. Ce si?ge ?tant destin? ? donner passage au mauvais air qui pourrait exister dans la cellule, le d?tenu aura soin de n'en fermer l'orifice que lorsqu'il tiendra sa fen?tre ouverte. Dans ce cas, il placera sur l'orifice du si?ge le petit tampon de bois destin? ? cet usage et baissera le couvercle. Sans cette pr?caution, la ventilation, qui se fait par l'int?rieur, ne pouvant s'op?rer, l'air ne se renouvellerait pas, ce qui serait nuisible ? la sant?.
Tous les matins, ? l'heure qui sera indiqu?e par le surveillant de la galerie, le d?tenu roulera son hamac et son matelas, les attachera ensemble, avec la courroie destin?e ? cet usage, et placera le tout propre et bien empaquet? sur la tablette.
Les couvertures et les draps seront pli?s avec r?gularit? et plac?s sur la tablette qui se trouve au-dessus de la porte.
L'heure de dresser le lit, le soir, sera ?galement indiqu?e par le surveillant, les lits ne devant jamais ?tre tendus pendant le jour.
Lorsque le d?tenu aura besoin de parler au surveillant, il tirera la poign?e de bois plac?e ? c?t? de sa porte, ce qui fera r?sonner un timbre d'appel destin? ? pr?venir le surveillant. Il ne doit pas appeler de la voix et surtout ne pas d?ranger sans un motif urgent les pr?pos?s ? la surveillance.
Lorsqu'il sera appel?, soit au parloir, soit au promenoir, soit au greffe, le pr?venu devra s'y rendre avec c?l?rit? et en observant le plus grand silence.
Aux heures de distribution des vivres, il tiendra sa gamelle sur la planchette situ?e devant le vasistas de sa porte, de mani?re que le surveillant puisse la prendre facilement et que le service soit promptement fait.
Le pr?venu est responsable des d?gradations qu'il ferait, soit ? sa cellule, soit au coucher ou au mobilier. S'il d?sire ?tre visit? par le m?decin ou avoir d'urgence un entretien avec le directeur, l'aum?nier ou autres employ?s, il en pr?viendra le surveillant chef de sa division, qui se chargera de pr?venir qui de droit. Le pr?venu peut ?galement r?clamer la visite de l'inspecteur g?n?ral ou lui faire passer ses r?clamations.
Chaque fois que le d?tenu sortira de sa cellule pour aller au greffe, au promenoir ou au parloir, il aura soin de se munir de la petite plaque qui se trouve suspendue au-dessus de la porte de la cellule afin de la repr?senter, ? sa rentr?e, au surveillant de la galerie pour s'en faire reconna?tre.
Les d?tenus qui, par suite de condamnations, d?sireront former appel de leur jugement, ?criront pour cela ? M. le procureur imp?rial. Leur signature appos?e au bas de la lettre devant ?tre l?galis?e par le greffier, ils ne signeront qu'en pr?sence de cet employ?; ceux qui ne sauraient point ?crire feront verbalement conna?tre leur d?sir au surveillant de leur galerie.
Lorsque ce d?tenu sera au parloir avec son visiteur, il ne devra ?lever la voix qu'autant qu'il sera n?cessaire pour se faire entendre; dans le cas contraire, le surveillant charg? de la police le ferait imm?diatement rentrer dans sa cellule.
Toute infraction sera puni conform?ment aux r?glements.
Le quatri?me imprim? est ainsi formul?:
On appelle jegneux crachoir un pot en terre verni qui se place par terre aupr?s de sa table.
Le cinqui?me imprim? indique les r?gles ? observer par le pr?venu plac? dans le promenoir, qui se r?sume en ces quelques mots: silence et bonne tenue.
Le lit.
Le lit se compose d'une large sangle de toile grise, tr?s-forte, semblable ? celle qui sert ? confectionner les tentes militaires. Cette bande, large de 60 centim?tres et longue de 1 m?tre 60, est garnie ? ses deux extr?mit?s de rouleaux de bois qui s'adaptent, l'un, ? la t?te, dans deux crochets de fer fix?s au mur; l'autre, au pied, dans deux cha?nons munis de crochets.
C'est un hamac suspendu, comme on a d? facilement le comprendre. Sur cette sangle se pose un matelas de laine, avec draps et couvertures. Inutile de dire que de traversin ou d'oreiller il n'est nullement question.
L'horloge.
La connaissance du temps est-elle bien un adoucissement aux peines du d?tenu? pour moi, je le crois. L'horloge de Mazas r?sonne forte et grave, indiquant les heures, les quarts et les demies. Je d?sirerais un perfectionnement, c'est que l'heure se r?p?t?t ? tous les quarts. On va me comprendre.
La connaissance de l'heure est indispensable aux d?tenus afin qu'ils r?glent leur existence, conform?ment aux r?gles de la maison d'arr?t. ? telle heure on prend les lettres; ? telle autre, la promenade; ? telles autres, les repas.
Si le d?tenu est absorb? par quelque occupation, il se peut qu'il n'entende pas l'heure elle-m?me. Alors il entend sonner un quart, une demie, trois quarts, sans savoir ? quelle heure ces divers sons se rapportent.
Il faudrait donc que l'horloge sonn?t ainsi:
Trois heures--Trois heures--un quart. Trois heures--et demie. Trois heures--trois quarts.
Ce changement para?t insignifiant, et cependant je le r?p?te, il est de la plus grande importance. Car il faut partir de ce fait vrai, que sur onze cents d?tenus qui aujourd'hui ?coutent tinter l'horloge de Mazas, un dixi?me au plus poss?de une montre.
Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page