Read Ebook: Aventures extraordinaires d'un savant russe; II. Le Soleil et les petites planètes by Graffigny H De Henry Le Faure Georges Cayron J Illustrator Henriot Illustrator Vallet L Louis Illustrator
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Ebook has 5093 lines and 111319 words, and 102 pages
Illustrator: J. Cayron et d'Henriot L. Vallet
Georges Le Faure et Henry de Graffigny
AVENTURES EXTRAORDINAIRES D'UN SAVANT RUSSE
?dinger, ?DITEUR, 34, RUE DE LA MONTAGNE-SAINTE GENEVI?VE, 34
Table des mati?res
CHAPITRE PREMIER
O? NOS H?ROS ONT DES TIRAILLEMENTS D'ESTOMAC
ALCIDE FRICOULET ?tait ce qu'on appelle un bon gar?on, et si, pour des causes qu'il tenait ? garder secr?tes, il n'aimait pas les femmes, tout au moins avait-il un coeur excellent.
Semblable ? un fou, celui-ci criait et gesticulait, insultant Sharp, appelant S?l?na, sondant en vain l'immensit? o?, dans l'irradiation solaire, aucune trace du v?hicule n'apparaissait d?j? plus.
--Gontran! cria l'ing?nieur, Gontran!
Mais le jeune homme, tout entier ? sa douleur, n'entendait pas et continuait ? s'absorber dans sa recherche.
Fricoulet reporta alors son attention sur Ossipoff qui, sous la violence de l'?motion, s'?tait ?vanoui entre ses bras.
Les jambes molles, le corps inerte et la t?te ballante, le vieillard demeurait sans mouvement, et sans le souffle press? qui s'?chappait de sa gorge contract?e, il e?t pu passer pour mort.
Fricoulet, le seul qui e?t conserv? son sang-froid--et pour cause, puisqu'il n'?tait ni le p?re, ni le fianc? de S?l?na, Fricoulet sentait cependant la n?cessit? de prendre une d?cision.
--Je ne puis pas demeurer l? ?ternellement, murmura-t-il, ce vieillard a besoin de soins; quant ? Gontran, pour un peu il deviendrait fou.
Seulement alors, il s'aper?ut que le crat?re s'?tait peu ? peu vid? des assistants qui le remplissaient au moment du congr?s; dans le lointain, de longues files de S?l?nites disparaissaient par les voies souterraines, semblables ? une bande de lapins qu'un ?tranger vient troubler dans leurs ?bats.
--Les ?go?stes! pensa Fricoulet, pas un seul d'entre eux n'est venu s'enqu?rir de ce qui est arriv?.
? ce moment, une main se posa sur son ?paule; il se retourna et reconnut Teling?.
--Hein! s'?cria l'ing?nieur, vous seriez-vous jamais dout? qu'il p?t exister sur ce monde lumineux qui ?claire durant la nuit le pays des Subvolves, des gredins semblables!
Le s?l?nite hocha la t?te sans r?pondre.
Puis, apr?s un moment:
--Il faut vous h?ter, dit-il.
--Me h?ter! r?pliqua Fricoulet, me h?ter de quoi faire?
--De partir d'ici.
L'ing?nieur fixa sur son interlocuteur des yeux ahuris.
--Mais o? voulez-vous que nous allions? demanda-t-il.
Teling? posa son index sur le front du jeune homme.
Le sommet des montagnes s'estompait graduellement.
--Non, non! exclama celui-ci, j'ai bien ma t?te, rassurez-vous, seulement, je ne comprends pas pourquoi vous me dites de me h?ter de partir d'ici.
--La nuit, r?pliqua laconiquement le s?l?nite.
Et il ?tendit le bras vers l'horizon.
Le sommet des montagnes et des crat?res avoisinants s'estompait graduellement et l'ombre agrandie des dentelures volcaniques s'allongeait jusqu'aux Terriens.
En m?me temps, dans l'azur profond des cieux, dont aucun nuage ne troublait l'impassible et morne s?r?nit?, les ?toiles commen?aient ? scintiller.
--Brrr! fit tout ? coup Fricoulet, on dirait qu'il vous tombe sur les ?paules un manteau de glace.
--Il ne faudrait pas tarder, fit observer Teling?; d?j? les S?l?nites, dont la constitution est cependant plus en rapport avec ces brusques changements de temp?rature, ont rejoint leurs chaudes demeures souterraines... croyez-moi, il serait dangereux pour vous et vos amis de demeurer plus longtemps ici...
--Vous avez raison, r?pliqua Fricoulet, je me sens d?j? glac? jusqu'aux moelles.
Puis, avec autant de facilit? que s'il n'e?t pas plus pes? qu'une plume, l'ing?nieur enleva Ossipoff et le jeta sur ses ?paules; ensuite il courut ? Gontran, le prit par le bras et l'entra?na vers la grande salle mise ? leur disposition par le directeur de l'observatoire de Maoulideck.
Il avait fait ? peine quelques pas que soudain il s'arr?ta.
--Et Farenheit! exclama-t-il.
Tout pr?occup? de l'?tat d'Ossipoff et de la douleur de Gontran, Fricoulet avait totalement oubli? l'Am?ricain, dont le souvenir lui ?tait, ? l'instant, revenu brusquement.
--Je ne puis pourtant pas abandonner ainsi ce malheureux, dit-il.
Et, en d?pit des observations de Teling?, il revint ? grandes enjamb?es vers l'endroit o? ?tait tomb? sir Jonathan.
Atteint en pleine poitrine par les ?clats meurtriers de la cartouche de Sharp, l'Am?ricain gisait sur le sol, les membres raides, la face rigide et convuls?e par la rage, les yeux vitreux et le poing encore crisp? sur la crosse de son revolver, dans l'attitude o? la mort l'avait saisi.
--Mais il vit! s'?cria Fricoulet, tromp? par cette apparence de mouvement.
Teling? secoua la t?te.
--Le froid s'est d?j? empar? de lui, murmura-t-il; l'?me s'est envol?e vers les sph?res sup?rieures, et ce n'est plus que sa d?pouille mortelle que nous avons sous les yeux.
--Je veux au moins lui donner une s?pulture, insista l'ing?nieur.
--Le sol est d?j? congel?, r?pliqua le S?l?nite, et vous vous ?puiseriez en vain ? le vouloir creuser... au surplus, ce serait une pr?caution inutile... le froid va dess?cher ce corps, le momifier, et lorsque le soleil luira ? nouveau, vous en pourrez faire ce que bon vous semblera.
Fricoulet jeta sur le cadavre de son compagnon un regard attrist? et, suivi de Teling? qui pr?cipitait sa marche, il se mit ? fuir devant l'ombre profonde qui, tombant des sommets, envahissait derri?re lui le cirque lunaire, enveloppant d'un silence de mort ces roches titanesques, au pied desquelles, saisi par le froid ?pouvantable des espaces, le cadavre de Farenheit se congelait en grima?ant.
Arriv? dans la salle qui d?j?, pendant quinze fois vingt-quatre heures, leur avait servi d'habitation, et o? force leur ?tait d'attendre le retour du soleil, Fricoulet ?tendit le vieillard sur la couche de F?dor Sharp.
Puis il fouilla dans l'une des nombreuses poches dont ses v?tements ?taient munis, et en tira un petit bougeoir qu'il alluma; ? la lueur vacillante de ce lumignon, la salle prit aussit?t un aspect sinistre et fun?bre; des ombres monstrueuses s'accrochaient aux saillies des parois, faisant para?tre plus petits encore les trois Terriens, rassembl?s dans une encoignure.
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