Read Ebook: Cités et ruines américaines: Mitla Palenqué Izamal Chichen-Itza Uxmal by Viollet Le Duc Eug Ne Emmanuel Charnay D Sir Photographer
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Ebook has 1056 lines and 119154 words, and 22 pages
CIT?S ET RUINES AM?RICAINES
MITLA, PALENQU?, IZAMAL, CHICHEN-ITZA, UXMAL
RECUEILLIES ET PHOTOGRAPHI?ES
PAR D?SIR? CHARNAY
AVEC UN TEXTE
PAR M. VIOLLET-LE-DUC
ARCHITECTE DU GOUVERNEMENT
SUIVI
DU VOYAGE ET DES DOCUMENTS DE L'AUTEUR
OUVRAGE D?DI?
ET PUBLI? SOUS LE PATRONAGE DE SA MAJEST?
PARIS
GIDE, ?DITEUR
A. MOREL ET Ce
PARIS.--IMPRIM? CHEZ BONAVENTURE ET DUCESSOIS,
Tous droits r?serv?s.
TABLE DES MATI?RES
PR?FACE I
ANTIQUIT?S AM?RICAINES 1 Ruines d'Isamal 46 Ruines de Chichen-Itza 48 Ruines d'Uxmal 61 Ruines de Palenqu? 72 Ruines de Mitla 74
NOTES 540 PLATES.
FIN DE LA TABLE.
PR?FACE
Il y a cinq ans, lorsque je partis ? la recherche de ces ruines merveilleuses, mon intention ?tait d'en faire une ?tude approfondie et de traiter le sujet moi-m?me. Surpris de la mani?re incompl?te avec laquelle certains voyageurs avaient abord? ce grand sujet, il me sembla que dans une oeuvre aussi vaste, texte et gravure, tout ?tait ? refaire. Attribuant l'indiff?rence du public pour une civilisation aussi originale aux incertitudes qui la voilaient ? demi, je voulus qu'on ne p?t r?cuser l'exactitude de mes travaux, et je pris la photographie comme t?moin.
Mais, lorsque je fus en pr?sence des mat?riaux, je me sentis accabl? par la grandeur du travail, et je ne me trouvai plus la force de l'achever.
La port?e philosophique d'une ?tude de ce genre saisira tout le monde; une pareille oeuvre touche aux questions vitales de l'humanit?; l'histoire des religions s'y trouve en cause aussi bien que l'anthropologie. Ces monuments ne sont-ils pas appel?s ? nous dire si leurs fondateurs furent nos fr?res et nos contemporains, ou si cette terre nouvelle eut une gen?se ? part?
L'ouvrage, il faut bien le dire, peut fournir des mati?res ? toutes les hypoth?ses et soutenir tous les syst?mes.
? Izamal, par exemple, vous trouvez, dans les bases des pyramides artificielles que surmontaient les temples, des figures gigantesques rappelant les sphinx de l'?gypte. ? Chichen-Itza, l'Inde pourrait revendiquer les ?normes figures d'idole qui ornent la frise du palais des Nonnes; le palais du gouverneur, ? Uxmal, vous donne des grecques admirablement dessin?es; Palenqu?, dans quelques bas-reliefs, a des intentions assyriennes, et les palais fun?raires de Mitla reproduisent en certains cas l'ordonnance des demeures chinoises. Une immixtion de races suffit-elle pour expliquer ces ressemblances? faut-il conclure ? l'action exclusive des vieilles civilisations et renoncer ? l'hypoth?se d'une race originale am?ricaine?
L'histoire et l'origine de ces peuples n'offrent donc qu'un vaste champ d'hypoth?ses. Les premiers historiens de ce monde nouveau n'?taient point des ?rudits; la religion, du reste, d?fendait ? cette ?poque, les investigations trop savantes; leurs descriptions, voire celles du conqu?rant lui-m?me, ne se bornent qu'? des comparaisons banales avec les villes d'Espagne, o? ?? et l? percent quelques souvenirs romains.
Les Espagnols, aux jours de la conqu?te, avaient tout int?r?t ? faire dispara?tre les documents historiques des vaincus; ils durent les modifier ? leur gr?, le faisant de bonne foi peut-?tre, consid?rant les religions de leurs nouveaux sujets comme des abominations qu'il fallait balayer du sol et remplacer par la croyance catholique.
Premier b?gayement de l'histoire, la tradition est aussi le premier pas d'un peuple pour ?chapper ? l'ignorance; ? ce titre, elle est toujours respectable. Mais cette tradition n'est, dans ce cas, qu'une aide de plus dans le travail de l'historien; il doit s'en servir avec prudence et se garder de rien affirmer par elle.
Pour moi, je m'?tais dit qu'au commencement des choses, les hommes, en quelque lieu de la terre qu'ils habitassent, n'ayant que des id?es simples et en petit nombre, devaient, en les formulant, se rencontrer parfois.
Les po?sies primitives, riches on pauvres, suivant le g?nie des peuples, m'avaient offert dans leurs images des rapprochements de ce genre, et je pr?tais ? l'architecture le m?me langage. Eus-je tort? Je m'arr?te.
Je sais que l'ignorance est pleine d'affirmation et de certitude; le doute raisonn?, la grande discussion appartiennent ? la science. Je remets donc sans commentaire mon oeuvre entre ses mains; ? elle seule de cr?er une histoire et de combler cette lacune dans la filiation des races.
Quant ? l'?tude architectonique des monuments, il fallait un talent synth?tique qui p?t reconstruire le pass? sur les ruines du pr?sent; j'eus recours ? M. Viollet-le-Duc, ? qui rien n'est ?tranger de ce qui regarde l'architecture, et qui m'accueillit avec cette bienveillance que tous ceux qui l'approchent ont ?prouv?e comme moi.
Il appartenait ? une imagination aussi f?conde, aid?e d'une science d'appr?ciation aussi merveilleuse que celle de M. Viollet-le-Duc, le droit de donner sur ces monuments des aper?us neufs et de lumineuses expositions.
La premi?re exploration date de 1787, et fut dirig?e par Antonio del Rio; mais la publication des documents, retard?e par l'opposition syst?matique du clerg? mexicain, ne vit le jour qu'en 1822.
Dupaix vient en seconde ligne, de 1805 ? 1808. Ses relations et les dessins de Casta?eda, remis entre les mains de M. Barad?re, furent publi?s en 1836, sous les auspices de MM. Thiers et Guizot.
Plus tard, les travaux de MM. de Waldeck, de Stephens et Catherwood, et l'immense ouvrage de lord Kingsborough achev?rent d'attirer l'attention des Soci?t?s savantes sur ces empires oubli?s. Depuis, d'autres auteurs ont d?vou? leur vie ? faire conna?tre ces ruines ?tranges. En premi?re ligne, il faut citer M. l'abb? Brasseur de Bourbourg, qui sait joindre ? l'audacieuse ardeur d'un pionnier de la civilisation les pers?v?rantes recherches d'un b?n?dictin.
Pour ce qui me regarde, ma t?che est facile: je raconte ce que j'ai vu et ce qu'il m'a ?t? donn? d'observer; c'est donc une simple relation que j'offre au public; elle n'aura d'autre valeur que la v?rit?.
D?SIR? CHARNAY.
ANTIQUIT?S AM?RICAINES
Depuis le commencement du si?cle, les antiquit?s mexicaines ont pr?occup?, non sans raison, le monde savant. Des voyageurs ont parcouru l'Am?rique centrale apr?s de Humboldt, et ont ajout? leurs observations ? celles de l'illustre ?crivain, pour les confirmer plut?t que pour les modifier. Tel est, en effet, le privil?ge de ces grandes intelligences qui, de temps ? autre, viennent ?clairer l'humanit?, que leurs d?couvertes et m?me leurs hypoth?ses sont consacr?es par les recherches et les travaux des patients explorateurs venus apr?s eux. Si ces g?nies ont n?glig? ou effleur? trop l?g?rement quelques d?tails, si parfois ils n'ont entrevu la v?rit? qu'? travers un brouillard, leurs conclusions sont en bloc toujours conformes ? l'ordre g?n?ral des faits moraux et physiques. Les Cuvier, les Humboldt, les Arago, les Champollion n'ont certes pas vu toute la v?rit?; mais ils ont fray? la route ? suivre, et ne sont jamais tomb?s dans ces erreurs absolues qui pendant des ann?es ?garent les savants venus apr?s eux.
Il est n?cessaire, avant d'entrer dans l'examen d?taill? des monuments que nous essayerons de d?crire, de jeter un coup d'oeil sur le continent am?ricain. S?par? de l'Europe et de l'Afrique, d'une part; des confins de l'Asie, de l'autre, par deux oc?ans, il touche presque ? l'Europe, au nord-est, par le Groenland; ? l'Asie, au nord-ouest, par le d?troit de Behring. Vers l'oc?an Pacifique, une cha?ne de montagnes non interrompue, comme un immense pli, courant du nord au sud, domine les deux Am?riques depuis les contr?es habit?es par les Esquimaux jusqu'au d?troit de Magellan. Cette cha?ne de montagnes ne laisse entre elle et l'oc?an Pacifique ? l'ouest, qu'une langue de terre relativement ?troite, tandis qu'au contraire, du c?t? de l'est, le continent s'?tend, se d?coupe, est sillonn? par de larges fleuves et domin? par des amas de montagnes secondaires.
Quoi qu'il en soit, voici des documents recueillis, les uns au nord de l'Europe, les autres dans les ?les et au centre de l'Am?rique, qui co?ncident sur un point important, savoir: que les Europ?ens septentrionaux pr?tendaient avoir et avaient, en effet, des relations avec une contr?e situ?e au nord-ouest et ? l'ouest au del? de l'Oc?an, et que les Mexicains nobles pr?tendaient ?tre venus d'une contr?e de l'est au del? des mers.
Arriv? dans cette contr?e, apr?s de longues pr?parations, on place le corps sur un lit de verdure et de feuilles entass?es. <
La direction de ce courant d'?migrations ayant laiss? des traces sur le sol part des r?gions les plus froides du nord, ne touche sur aucun point la c?te de l'oc?an Pacifique, et se dirige en ligne droite vers le Mexique; ce qui ferait supposer que les peuplades qui ont ?rig? les grands monuments de l'Am?rique centrale ne sont point parties du d?troit de Behring, mais du Groenland, et qu'elles appartiennent aux races scandinaves.
Aujourd'hui, le s?jour ou le passage des Scandinaves dans le Groenland d?s le Xe si?cle de notre ?re, et peut-?tre avant cette ?poque, ne saurait ?tre mis en doute. Le docteur Henri Rink, inspecteur du Groenland m?ridional, a fait parvenir ? la Soci?t? royale des antiquaires du Nord, en 1859, un fragment d'une pierre runique, trouv?e ? Igalikko, pr?s des ruines de Brattahlid. En 1824, le Groenlandais P?linut avait trouv?, dans l'?le de Kingiktorsoak, au haut de la mer de Baffin, presque vis-?-vis le d?troit de Lancaster-et-Barrow, une pierre runique parfaitement grav?e, dont voici la traduction: <
Les traditions mexicaines font descendre les conqu?rants, les Nahuas, de la Floride, et ne remontent pas plus haut; mais, comme l'observe tr?s-bien M. l'abb? Brasseur, <
Il est difficile cependant de ne pas admettre une analogie entre ces forts permanents b?tis en blocages et les ouvrages en terre de l'Am?rique du Nord, dont nous avons parl? tout ? l'heure. Mais, sur le territoire mexicain, nous le r?p?tons, ces forteresses n'ont plus un caract?re transitoire; ce sont des ?tablissements fixes, faits soit pour prot?ger les villes contre des envahissements, soit, ce qui est plus probable, pour maintenir des populations conquises dans l'ob?issance; car des constructions aussi importantes que celles dont M. Charnay rapporte des photographies, qui exigent le concours de tant de bras, des efforts immenses, sont ?lev?es par des races inf?rieures soumises ? un r?gime th?ocratique ou aristocratique.
Dans l'histoire du monde, nous ne voyons surgir ces prodigieuses b?tisses que dans des conditions sociales identiques. Dans l'Inde, dans l'Assyrie, en ?gypte, c'est toujours une race conqu?rante qui impose ces labeurs aux peuples indig?nes: les races sup?rieures apportent leurs go?ts, leurs traditions, leur g?nie particulier; les populations donnent leurs bras, leurs sueurs, les ?l?ments mat?riels. Ce sont elles qui emploient ces proc?d?s de construction si int?ressants ? observer pour nous aujourd'hui, parce qu'ils nous indiquent des origines ? peu pr?s certaines. Ainsi, ni dans l'Yucatan ni dans le Mexique, nous ne voyons de constructions en pierres s?ches; partout le mortier, les enduits sont employ?s: or, quand le mortier appara?t dans une construction, on peut assurer que les hommes qui l'ont faite ont du sang touranien ou finnois dans leurs veines. Il n'est donn? qu'aux Aryans et aux S?mites purs de b?tir en pierre s?che. Mais la pr?sence du sang aryan ? dose assez forte appara?t cependant de la mani?re la plus ?vidente dans les constructions de l'Yucatan et du Mexique. S'il est donn? aux Aryans s?mitis?s ou aux S?mites seuls d'assembler les pierres sans mortier, c'est aux Aryans purs que l'on doit attribuer les constructions de charpenterie, et partout o? nous voyons appara?tre une tradition indiquant une combinaison de bois assembl?s, nous pouvons ?tre assur?s que l'influence de la race aryane se fait sentir. Tous les monuments les plus anciens de l'Inde, bien que taill?s dans le roc ou b?tis en pierre, laissent voir une tradition appartenant ? la construction de bois. Il en est de m?me des monuments assyriens, des monuments ?gyptiens et m?me des monuments ioniens.
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