bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: Cités et ruines américaines: Mitla Palenqué Izamal Chichen-Itza Uxmal by Viollet Le Duc Eug Ne Emmanuel Charnay D Sir Photographer

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 1056 lines and 119154 words, and 22 pages

<

<>

Si les monuments du Mexique que nous allons examiner ne sont pas construits en bois, il est impossible de ne pas reconna?tre, dans leur disposition g?n?rale et dans certains de leurs membres architectoniques, la tradition des constructions de bois. Si, ? c?t? de ces traditions, nous constatons la pr?sence de types de figures humaines appartenant aux races blanches, il faudra bien admettre que ces ?tranges monuments ont ?t? ?lev?s par des peuplades form?es d'un m?lange de races blanches venues du nord-est et de races jaunes aborig?nes ou venues du nord-ouest, celles-ci ?tablies sur le sol du Mexique avant l'arriv?e des premi?res, soumises et pr?tant leurs bras ? l'?dification de ces vastes constructions sous la domination de leurs nouveaux ma?tres. Mais il ne faudrait pas s'y tromper, il y a dans les monuments du Mexique et de l'Yucatan photographi?s par M. Charnay deux ?poques, ou plut?t deux ?coles diff?rentes qui paraissent ?tre l'expression d'art de deux populations, produits de m?langes de races ? doses in?gales. Il y a certainement dans les monuments de l'Yucatan une influence des races blanches plus forte que dans ceux de Mitla et de Palenqu?; c'est un fait que nous pensons pouvoir ?claircir aux yeux de nos lecteurs. Encore aujourd'hui, les indig?nes de l'Yucatan pr?sentent des types remarquablement beaux relativement ? ceux des populations ?trangement m?l?es des plateaux du Mexique. On observe ?galement des types de races tr?s-diverses dans les vastes contr?es situ?es entre le golfe de la Californie et le Nouveau-Mexique ou le Mexique du Nord. Certaines tribus indiennes se composent d'individus de petite taille, agiles, aux membres gr?les; d'autres, comme les Osages, sont grands, robustes; d'autres encore, plus ? l'est dans la prairie, sont presque blancs, les hommes sont barbus, et le colonel Emory signale des Indiens rappelant les plus belles races blanches de l'Europe. Or le Nouveau-Mexique a ?t? sillonn? par ces migrations venant du nord et se rendant vers les r?gions m?ridionales, et par celles post?rieures, quittant le Mexique proprement dit, pour revenir, ? une ?poque plus r?cente, vers le Mississipi et dans la Floride. Ces diverses tribus ne sont-elles pas des d?bris, rest?s en chemin, de ces colonnes mobiles?

Casta?eda, dans sa relation d'un voyage ? Cibola, parlant du pays d'o? ces N?o-Mexicains pr?tendaient ?tre sortis, fournit de fortes pr?somptions en faveur d'une origine septentrionale: <>

Ainsi dans l'origine, les Hindous ne b?tissaient pas en l'honneur de la divinit?; aux yeux des castes sup?rieures primitives de l'Inde, toute r?alit? ext?rieure est mauvaise et p?rissable. Dans la plus haute expression de la sagesse, l'Hindou se replie au dedans de lui-m?me et reste ab?m? dans la contemplation de l'esprit qui r?side dans les plus secrets replis du coeur. Le brahmane orthodoxe n'a pas besoin, pour prier ou sacrifier, d'un lieu sp?cialement appropri? au culte. Le vrai temple de la divinit?, c'est la for?t silencieuse; le tabernacle, c'est le coeur de l'homme o? Dieu lui-m?me est pr?sent. Le sage reste absorb? en lui-m?me. Mais le peuple, qui ne saurait atteindre ? la hauteur de cet id?alisme, a besoin de figures pour comprendre; il met ? la place de Brahma une s?rie de dieux cr??s qui sont les attributs divers du Dieu cr?ateur.

Soit que l'on consid?re les nombreuses migrations qui, du nord, sont descendues vers l'Am?rique centrale comme ?tant venues par le d?troit de Behring ou par le Groenland, c'est-?-dire du nord-ouest ou du nord-est, toujours est-il qu'il existe entre les id?es religieuses, les habitudes et les moeurs de ces tribus ?migrantes et celles des populations antiques descendues des plateaux septentrionaux de l'Asie, des rapports frappants.

Examinons donc les monuments. Nous avons dit pr?c?demment que ces monuments ne pouvaient appartenir ni ? une seule ?poque, ni ? une seule race. ? nos yeux, les monuments de Palenqu? seraient les plus anciens; ils seraient dus ? une race d?j? m?l?e cependant d'aborig?nes ou d'indig?nes jaunes et des premi?res migrations blanches, aux Olm?cas. Ceux de l'Yucatan auraient ?t? ?lev?s apr?s l'invasion de la puissante ?migration blanche des Quich?s dans l'empire de Xibalba; ceux de Mitla, au d?part de certaines tribus quich?es de Tulan et ? leur ?tablissement post?rieur ? la conqu?te de Xibalba. C'est ce que nous tenterons de d?montrer, apr?s avoir d?crit les curieuses ruines qui nous occupent. Les monuments de l'Yucatan, quoique b?tis, pensons-nous, dans l'espace d'un si?cle ? peine, pr?sentent entre eux des dissemblances de style qui nous obligent ? les classer s?par?ment.

RUINES D'ISAMAL

RUINES DE CHICHEN-ITZA

Tous les personnages repr?sent?s sur le bas-relief int?rieur du Cirque sont richement v?tus, coiff?s de casques orn?s de plumes et tr?s-vari?s de forme. Dans la main gauche, ils portent un paquet de javelines, et leur main droite tient une sorte de massue. Une garde, comme un ?pais bracelet, entoure leur poignet. En examinant scrupuleusement ces masses d'armes, on distingue ? leur extr?mit? comme une pierre ou un morceau de m?tal engag? dans une enveloppe volumineuse compos?e de deux parties . De quelle mati?re ?taient ces enveloppes? C'est ce qu'il est difficile de dire; leur bord est stri? comme pour indiquer une fourrure ou une masse de bois ray?e sur les c?t?s. Quelques-unes de ces armes sont munies d'un manche; d'autres ont un anneau qui sert ? les tenir avec deux doigts seulement.

RUINES D'UXMAL

Mais examinons un instant cette fa?ade int?rieure du b?timent K. Ici, la tradition d'une structure de bois par empilage, avec claires-voies interpos?es, est ?vidente. D'ailleurs, les linteaux de ces portes carr?es sont en bois sous la ma?onnerie. Au-dessus de la porte centrale, on retrouve ces t?tes monstrueuses que nous avons d?j? vues ? Chichen-Itza. Entre les deux assises en saillie qui simulent des sabli?res de charpente sur le soubassement, l'architecte a m?me plac? comme une suite de rondins de bois juxtapos?s. Il n'est pas douteux ici que l'on a cherch? ? rappeler ces b?tisses primitives de bois qui, chez les peuples pr?sentant un m?lange de sang blanc et de sang jaune, ont consist? d'abord en un empilage de troncs d'arbres dispos?s en encorbellement, afin de r?server de larges vides ? leur base. Ces vides sont ferm?s par des treillis imitant des claires-voies.

Pour rendre parfaitement compr?hensibles ces structures par empilages, encore en usage dans les contr?es o? les deux sangs blanc et jaune sont m?l?s, il est utile de donner une figure de cette oeuvre primitive de charpenterie.

La pl. XLI donne le d?tail de la t?te et de la queue du serpent. Un ornement, imit? d'une sorte de pompon en passementerie termin? par une frange, se voit au-dessus de la queue du reptile. On d?couvre ?galement dans la frise ces rosettes frang?es comme celles signal?es dans le b?timent de l'est.

La pl. XLIV pr?sente une partie conserv?e des entrelacs form?s par les anneaux du serpent, et, au milieu d'une grecque, compos?e de pierres juxtapos?es, une figure humaine tenant un b?ton ou une arme. Nous constaterons encore ici que le caract?re de la t?te de ce personnage ne rappelle point les traits des figures de Palenqu?.

? ces vingt-cinq planches, si compl?tes d'ailleurs, se borne la collection des monuments du plateau de Yucatan recueillis par M. Charnay. Elles suffisent, et au del?, pour d?montrer aux moins clairvoyants que ces monuments n'ont pu ?tre ?lev?s que par un peuple chez lequel la civilisation ?tait arriv?e ? un d?veloppement consid?rable; que ce peuple avait d? subir des influences tr?s-diverses, parmi lesquelles il est difficile de ne point reconna?tre celles des races blanches du nord de l'Inde, soit que ces influences aient ?t? produites par des ?migrations venues du nord du Japon ou des contr?es Scandinaves: mais nous reviendrons plus tard sur ces diff?rentes origines, continuons la description des monuments.

Aujourd'hui encore, la sierra qui borde le golfe est occup?e par une population vivant isol?e au milieu des bois; pas de villes; les habitants qui, de temps imm?morial, se nourrissent d'un peu de ma?s, ne se livrent ni au commerce ni ? l'industrie, le point saillant de leur caract?re moral est l'ind?pendance; ils ont les ?trangers en aversion, et ne reconnaissent d'autre autorit? que celle du pr?tre local. La configuration du sol, couvert de montagnes amoncel?es confus?ment, sans grandes vall?es, sans plateaux, ne se pr?te pas d'ailleurs ? l'?tablissement des villes.

Les habitants de l'?tat de Chiapas n'entretiennent de relations qu'avec ceux de l'Yucatan, bien que ces derniers poss?dent des villes, et aient comparativement une existence beaucoup plus voisine de celle des Europ?ens. Or, les traditions les plus anciennes laissent supposer que cette contr?e de Chiapas n'a jamais ?t? qu'un centre religieux, le noyau des traditions th?ocratiques du Mexique et de l'Yucatan. Lors de la conqu?te des Espagnols, l'?tat de Chiapas ?tait un d?sert couvert de for?ts comme aujourd'hui, si bien que Fernand Cort?s ?prouva les plus grandes difficult?s pour le traverser, et que sa petite arm?e faillit y p?rir de faim et de mis?re, ? peu de distance de Palenqu?.

RUINES DE PALENQU?

RUINES DE MITLA

Nous traversons l'?tat de Chiapas, nous dirigeant vers l'ouest, nous abandonnons les montagnes qui ferment la presqu'?le yucat?que et nous trouvons dans l'?tat d'Oaxaca une autre contr?e montagneuse, au milieu de laquelle sont construits les vastes monuments de Mitla, non loin de la ville d'Oaxaca. Les ruines de ces immenses ?difices sont peut-?tre les plus imposantes du Mexique; elles font reconna?tre encore l'existence de quatre grands palais et d'un t?ocalli ou colline artificielle, dont la plate-forme sup?rieure est occup?e par une chapelle espagnole qui a remplac? le temple antique.

Comme ? Uxmal, la cour est born?e, mais non ferm?e, par quatre b?timents ind?pendants les uns des autres; celui du fond consiste en une grande salle avec une ?pine de colonnes au milieu, puis en une annexe contenant une petite cour int?rieure entour?e de salles ?troites. De la grande salle ? colonnes, on ne communique ? cette cour int?rieure que par un passage d?tourn?. Le b?timent de droite ne renferme qu'une seule salle, de m?me avec une ?pine de colonnes; celui ant?rieur et celui de gauche ne laissent plus voir qu'un amas de ruines; tout indique qu'ils ?taient dispos?s comme l'?difice de droite.

Il y a certainement une analogie de style entre tous les monuments que nous venons de d?crire, et cependant on ne peut les consid?rer comme appartenant les uns et les autres aux m?mes ?coles d'art, partant aux m?mes races et aux m?mes traditions.

Ainsi, habituellement, dans la p?ninsule yucat?que, la tradition de la structure en bois est visible, le go?t exag?r? de l'ornementation se fait sentir, les constructions ? parois inclin?es pour les int?rieurs sont g?n?rales, la sculpture est abondante, et la reproduction de la figure humaine tr?s-fr?quente; tandis qu'? Mitla, pas de sculpture, aucune ornementation autre que celle donn?e par l'assemblage de l'appareil, les parois int?rieures des salles sont verticales, les colonnes sont employ?es, la construction est parfaite, et le bois n'appara?t dans ces b?tisses que pour la couverture, sans que rien fasse apercevoir, dans les formes de la ma?onnerie, une imitation d'une structure primitive en bois. Si les Yucat?ques cherchent la vari?t? en ?levant les divers b?timents d'un m?me palais, les Zapot?ques de Mitla semblent au contraire avoir adopt? un type, une forme premi?re dont il leur est interdit de s'?carter. D'ailleurs, dans tous ces monuments, temples ou palais, qu'ils s'?l?vent sur le sol mexicain ou sur le plateau de l'Yucatan, il est impossible de ne pas reconna?tre l'influence d'un art hi?ratique, riv? ? certaines formes consacr?es par une civilisation essentiellement th?ocratique; or, les arts hi?ratiques ne se d?veloppent jamais que dans certaines conditions sociales, comme les institutions th?ocratiques elles-m?mes. Les civilisations fond?es sur une th?ocratie n'ont jamais pu s'?tablir que l? o? se manifestait la pr?sence d'une race sup?rieure au milieu d'une race inf?rieure, et o? cette derni?re ?tait assez nombreuse et assez forte pour ne pas ?tre an?antie. La th?ocratie n'existe qu'avec le principe des castes, et les castes ne se sont institu?es ? l'?tat d'ordre social que dans les contr?es o? une invasion aryane avait ?t? assez puissante pour soumettre par la force des populations finniques, touraniennes, ou noires, ou m?tisses. Mais les Aryans, ou si l'on aime mieux, les hommes blancs sortis des vastes contr?es septentrionales de l'Inde, n'ont d'aptitude pour les arts plastiques qu'? l'?tat latent, dirai-je; pour que cette aptitude arrive ? se d?velopper au point de produire, il faut qu'il se fasse un m?lange entre le sang blanc et le sang noir ou jaune. Cette sorte de fermentation n?cessaire ? la production des oeuvres d'art se manifeste diff?remment si le m?lange se fait ? doses in?gales, et surtout s'il se fait entre l'aryan et le touranien, ou entre l'aryan et le m?lanien. L?, par exemple, o? le m?lange se fait entre l'aryan et le noir, apparaissent les constructions en grand appareil sans l'aide du ciment ou du mortier, les monolithes. L? les lois les plus simples de la statique sont seules admises, comme dans l'architecture ?gyptienne, et m?me plus tard dans l'architecture de l'Ionie et de l'Hellade. Mais si l'on trouve dans un monument des traces de mortier, de blocages, de pierres agglutin?es par une p?te, on peut ?tre assur? que le sang touranien ou finnois s'est m?l? au sang aryan. Alors la population conquise laisse, jusqu'aux ?poques les plus ?loign?es de la conqu?te, la trace de sa pr?sence, car c'est elle qui construit, c'est elle qui taille la pierre et qui la pose, c'est elle qui emploie les m?thodes propres ? sa race. Cependant l'aryan, pour qui la structure de bois est un souvenir, une tradition des premiers temps, un signe de la sup?riorit? de caste; l'aryan, dis-je, entend que, quelle que soit la m?thode de b?tir admise par la race asservie, elle laisse subsister la trace de cette sculpture sacr?e de bois, consid?r?e comme ayant servi de demeure aux h?ros primitifs.

L'id?e de la divinit? r?sidant sur les montagnes appartient particuli?rement ? la race aryane, qui place toujours ses monuments sacr?s sur des hauteurs naturelles, et, ? leur d?faut, sur des hauteurs factices. La montagne et la for?t sont les conditions essentielles au culte des races aryanes, et c'est, encore une fois, un souvenir des origines divines que se donne cette race sortie des montagnes et des for?ts septentrionales du continent asiatique. Quelques savants de notre temps pensent, non sans de fortes raisons, que la race jaune, originaire du vaste continent am?ricain, se serait r?pandue au nord de l'Asie, chassant devant elle, vers le sud-est et l'ouest, des races m?laniennes qui alors occupaient ces immenses contr?es. M?l?e ? cette race noire, elle aurait form? la grande famille malaye le long des c?tes orientales de l'Asie, et se serait ?tendue par la Sib?rie jusque vers l'Europe, alors d?serte. Que cette bifurcation de la race jaune ait eu lieu en effet, l'histoire ne remonte pas si haut; elle ne commence ? poindre qu'avec les races civilisatrices, et la civilisation ne pouvait proc?der de ce m?lange des deux races inf?rieures. Plus de cinq mille ans avant notre ?re, des plateaux septentrionaux de l'Inde descendent, au milieu de cet amas de peuplades grossi?res, les hommes blancs, poss?dant une cosmogonie savante, puisque toutes les religions n'ont fait depuis qu'en recueillir les d?bris. Forts, se consid?rant comme sup?rieurs aux autres humains, entreprenants, particuli?rement aptes ? gouverner, ils poussent devant eux, descendant vers le sud-ouest, ces flots de noirs et de m?tis, ? travers les plaines du Tour?n, et s'?tablissent dans l'Asie Mineure. Depuis lors, le courant ne s'arr?te plus jusque vers les premiers si?cles du christianisme. Ce grand r?servoir de la race blanche s'?panche, ? plusieurs reprises, par le Tour?n et le Caucase, sur l'Asie Mineure et jusqu'en ?gypte, dans la p?ninsule indienne, en Perse, le long de la mer Caspienne, du Bosphore, jusqu'? la Gr?ce et sur toute l'Europe occidentale. Il jette des dominateurs civilisateurs sur la Chine et sur le Japon. Seul, le continent am?ricain serait-il rest? en dehors de l'influence de ces incessantes ?migrations? Est-il possible d'admettre cet isolement, lorsque sur le continent am?ricain nous retrouvons des monuments qui indiquent la trace de ces peuplades indo-septentrionales? lorsque nous retrouvons dans le Mexique des armes et des ustensiles qui rappellent par leur forme et leur mati?re ceux que l'on d?couvre en Asie Mineure, tels, par exemple, que ces fl?ches en obsidienne, ces vases en terre rev?tus de peintures, et mieux que tout cela, sur les monuments existants, des figures qui conservent le type des peuplades blanches indo-septentrionales? lorsque tous les monuments b?tis, figur?s ou ?crits, nous laissent entrevoir les enseignements, alt?r?s il est vrai, d'une m?me cosmogonie? Il s'?l?ve cependant contre l'hypoth?se d'une ?migration blanche indo-septentrionale en Am?rique, soit par le d?troit de Behring, soit par le Groenland, de graves objections. Nulle part on ne constate, dans l'Am?rique centrale, avant l'arriv?e des Espagnols, la trace de chevaux, par exemple. Or le cheval est le compagnon ins?parable de l'Aryan.

N'y a-t-il pas l? un signe ?vident de la race blanche au milieu de populations regard?es par elle comme tr?s-inf?rieures? Quant aux chevaux, si les tribus blanches qui ont envahi le Mexique ne sont arriv?es du nord, comme tout porte ? le croire, qu'apr?s une suite d'?tapes prolong?es peut-?tre pendant plusieurs si?cles, et apr?s un ou plusieurs voyages ? travers l'Oc?an, il ne serait pas surprenant, qu'arriv?s sous le 20e degr? de latitude, ils n'eussent plus poss?d? un seul cheval, qu'ils eussent perdu m?me le souvenir de ces compagnons de leurs exp?ditions. D'ailleurs, il para?t ?vident que ces ?migrations blanches ?taient, relativement ? ce qu'elles furent en Asie et en Europe, peu nombreuses. Leur disparition presque totale et le peu de fixit? de leurs ?tablissements en Am?rique en serait une preuve.

Doit-on conclure de l'?tat sauvage actuel d'une grande partie des populations de l'Am?rique que ces peuples ne sont pas encore civilis?s ou qu'ils nous laissent voir les restes de civilisations depuis longtemps ?touff?es? Cette derni?re hypoth?se est adopt?e par Guillaume de Humboldt, et elle para?t tr?s-voisine de la v?rit?, si l'on consid?re qu'? l'?poque de la conqu?te des Espagnols, Fernand Cortez trouva en Am?rique des ?tats polic?s l? o? l'on ne rencontre plus que des populations mis?rables, clair-sem?es au milieu des d?serts, et que ces ?tats avaient atteint d?j? l'?re de leur d?cadence.

Mais telle est la puissance de la race blanche que, si faible qu'elle soit num?riquement parlant, elle laisse des traces ind?l?biles, et que seule elle poss?de ce privil?ge d'inaugurer les civilisations. En l'?tat de m?lange o? se rencontrent les grandes races humaines sur la surface du globe aujourd'hui, il est assez difficile de distinguer les aptitudes premi?res de chacune d'elles; cependant, l? o? le noir est sans m?lange, il n'existe pas, ? proprement parler, une civilisation; il n'y a ni progr?s ni d?cadence: c'est un ?tat normal barbare o? la force mat?rielle et la ruse gouvernent seules; l? o? la race touranienne ou finnique est rest?e pure, si les moeurs sont moins grossi?res, si l'on trouve une apparence d'autorit? morale, il n'y a point cependant de progr?s et de variations sensibles dans l'?tat social. L'industrie, le commerce se d?veloppent jusqu'? un certain point; le bien-?tre mat?riel et la discipline peuvent r?gner, mais jamais l'amour du beau, le d?vouement raisonn?, l'attrait de la gloire ne remuent ces populations paisibles, attach?es ? la satisfaction des besoins mat?riels de chaque jour. L'?l?ment blanc seul donne la vie ? ces masses inertes et obscures; il apporte sa cosmogonie, l'observation des temps, sa passion pour la renomm?e, son besoin incessant d'activit?; il veut vivre dans l'avenir et ?crit l'histoire. Les traditions ou souvenirs ?crits de ce monde datent de l'invasion de l'?l?ment aryan; or, les Mexicains avaient une histoire, tous les auteurs espagnols l'ont reconnu, et Las Casas, entre autres, le dit de la mani?re la plus formelle.

<

En effet, entre les monuments de Palenqu? et ceux de l'Yucatan, il y a des diff?rences profondes; le syst?me de construction, ? Palenqu?, ne consiste pas, comme ? Chichen-Itza ou ? Uxmal, en des rev?tements d'appareil devant des massifs en blocage, mais en des enduits de stucs orn?s et de grandes dalles recouvrant les blocages. Le caract?re de la sculpture, ? Palenqu?, est loin d'avoir l'?nergie de celle que nous voyons dans des ?difices de l'Yucatan; les types des personnages repr?sent?s diff?rent plus encore; ils accusent des traits ?loign?s de ceux de la race aryane ? Palenqu?, s'en rapprochent sensiblement ? Chichen-Itza. Enfin, ce n'est que dans les monuments de l'Yucatan qu'apparaissent ces traditions si sensibles de la structure de bois.

Cependant les conqu?rants de Xibalba, les Quich?s ou Tolt?ques, ainsi qu'alors on les d?signe, vivant sous une sorte de r?gime f?odal, car l'esprit de la tribu ne s'?teint pas, se livrent ? des querelles incessantes, sont peu ? peu chass?s du pays, et recommencent une longue s?rie d'?migrations jusqu'? une ?poque voisine de la conqu?te espagnole.

Nous voyons que les Quich?s avaient une aptitude particuli?re pour la sculpture et la peinture; les fr?res de Hun-Ahpu et de Xbalanqu? s'adonnent aux arts du dessin. Les sacrificateurs r?fugi?s sur le mont Hacavitz peignent des ?toffes. Quand, apr?s la mort des trois h?ros Balam-Quitz?, Balam-Agab et Mahucutah, les tribus victorieuses se s?parent, elles fondent partout o? elles ?migrent des villes pleines de monuments, de palais magnifiques <> Mais ces ?difices, qui demandaient le concours de tant de bras, ?taient n?cessairement construits par les nations indig?nes soumises et devaient se ressentir des traditions et habitudes locales, suivant que les tribus conqu?rantes et civilisatrices formaient une caste plus ou moins consid?rable. Il y aurait donc lieu de voir dans les ?difices de Mitla, ?loign?s d?j? du centre de la domination primitive des Tolt?ques, un art ayant conserv? plus que dans l'Yucatan des traditions ?trang?res ? cette domination et appartenant aux populations indig?nes. Cette fa?on de construire par compartiments de dessins form?s de petites pierres imitant la structure en brique, ces terrasses en charpente ?tablies sur des colonnes et des murs verticaux, et jusqu'aux m?andres compos?s par le petit appareil, rappellent les monuments anciens de la race malaye beaucoup plus que ceux de l'Yucatan.

Remarquons, d'ailleurs, qu'aujourd'hui encore les habitants de l'Yucatan sont d'une race beaucoup plus belle et se rapprochant plus du type blanc que ceux des plateaux du Mexique, qui, comme nous l'avons dit en commen?ant, pr?sentent un m?lange assez confus de races diverses o? cependant le type de la race malaye semble dominer.

Pour nous r?sumer donc en peu de mots, il y a tout lieu de croire que l'Am?rique centrale, le Mexique et l'Yucatan ?taient occup?s, quelques si?cles avant notre ?re, par une race ou un m?lange de races participant surtout des races jaunes; que ces populations, de moeurs assez douces, arriv?es ? ce degr? de civilisation mat?rielle ? laquelle les jaunes sont particuli?rement aptes, tout en pratiquant cependant les sacrifices humains et des ?preuves religieuses cruelles, ce qui n'est pas incompatible chez ces peuples avec une organisation tr?s-parfaite, avec le culte des arts et les habitudes de bien-?tre; que ces populations, disons-nous, virent s'implanter au milieu d'elles des tribus d'une race blanche venue du nord-est, poss?dant ? un degr? beaucoup plus ?lev? les aptitudes civilisatrices; que ces nouveaux venus, guerriers, braves, se seraient bient?t empar?s du pouvoir, auraient institu? un r?gime th?ocratique, et, avec cette prodigieuse activit? qui distingue les races blanches, auraient fond? quantit? de villes, soumis le pays ? une sorte de gouvernement f?odal ou plut?t de castes sup?rieures, et ?lev? ces immenses monuments qui nous surprennent aujourd'hui par leur grandeur et leur caract?re ?trange.

Nous rangerions ainsi les ?difices de Palenqu? dans la s?rie des monuments construits par les indig?nes, avant la soumission de Xibalba, ceux de l'Yucatan sit?t apr?s la domination des Quich?s, de la race conqu?rante et sup?rieure, et ceux de Mitla parmi les d?riv?s de l'influence quich?e, post?rieurement ? la s?paration des tribus r?unies ? Tulan. Les monuments dont les restes se voient encore dans l'Am?rique centrale, que notre ami M. Daly a visit?s et dont nous attendons une description, seraient dus au retour des tribus quich?es vers le nord et le nord-est, apr?s la chute de leur domination sur la p?ninsule yucat?que, affaiblies qu'elles ?taient par leurs querelles et un soul?vement de l'antique population indig?ne. Peut-?tre sommes-nous arriv?s au moment o? une intervention europ?enne au Mexique permettra de d?chirer les voiles qui couvrent encore l'histoire de cette belle contr?e. M. Charnay a rendu un service signal? ? l'?tude de l'arch?ologie en offrant au public cette collection de photographies recueillies ? travers mille p?rils et aux d?pens de sa fortune priv?e. Nous ne pouvons que souhaiter le voir compl?ter ces renseignements d?j? si curieux pendant un second voyage que, cette fois, nous l'esp?rons du moins, il entreprendrait sous la protection de la France. Mais ces ?tudes ne seront compl?tes que lorsqu'on aura pu faire, dans l'Am?rique centrale, dans celle du Nord et dans le P?rou, une s?rie de photographies entreprises avec m?thode, des relev?s de plans dress?s avec exactitude et ces observations comparatives ? l'aide desquelles l'arch?ologie peut formuler des conclusions certaines. ? nos yeux, l'architecture antique du Mexique se rapproche, sur bien des points, de celle de l'Inde septentrionale; mais comment ces rapports se sont-ils ?tablis? Est-ce par le nord-est? est-ce par le nord-ouest? C'est une question r?serv?e jusqu'au moment o? la connaissance de ces monuments indo-septentrionaux sera compl?te.

VIOLLET-LE-DUC.

SOUVENIRS ET IMPRESSIONS DE VOYAGE

Un pays est un livre que chaque voyageur a le droit de commenter ? sa mani?re, en s'appuyant sur la v?rit?.

CHAPITRE PREMIER

D?part de Paris.--La Vera-Cruz.--Saint-Jean d'Ulloa.--Aspect g?n?ral de la ville--Le port.--Le m?le.--Excursion aux environs.--Le nord ? Vera-Cruz.--Le d?part.--M?dellin.--La route de Mexico.

Je l'avoue humblement, quoiqu'ayant beaucoup voyag?, je ne m'embarque jamais sans une certaine appr?hension; je n'aime point l'Oc?an, il me fait peur. Je suis peut-?tre moins po?te qu'homme de mer, et, d?s l'instant du d?part, je ne r?ve qu'au jour de l'arriv?e. Voyez ? quoi peut tenir une question d'art? En mer, j'ai le coeur sensible, un autre ne l'a point; il admire tout, rien n'est beau pour moi; je suis malade, il est bien portant.

Je ne dirai rien d'un s?jour de huit mois aux ?tats-Unis: c'est pourtant un beau voyage que celui qui vous montre New-York et Boston, le Saint-Laurent, ses chutes et ses rapides, les grands lacs, le Niagara, les plaines de l'Ouest et le parcours prodigieux du Mississipi. Je r?serve ? ces belles choses une ?tude ? part, et j'arrive ? Vera-Cruz, o? nous abord?mes ? la fin de novembre.

On donne g?n?ralement ? Vera-Cruz une physionomie orientale; quelques coupoles assez basses pourraient seules rappeler le style des mosqu?es, mais il faudrait une bonne volont? singuli?re pour pr?ter ? ses lourds clochers l'?l?gance des minarets. Quant ? ces bouquets de verdure qui distinguent et r?jouissent les villes d'Orient, on ne trouve ? la porte de Mexico que cinq ? six palmiers rabougris, seuls ?chantillons de l'esp?ce; encore n'existent-ils plus aujourd'hui.

Vu de la mer, l'aspect de Vera-Cruz est des moins flatteurs; c'est une ligne monotone de maisons basses, noircies par les pluies et par les vents du nord. Les b?timents de la douane, d'un style moderne, et la porte monumentale qui les d?core sont, en fait d'architecture, ce que la ville offre de plus remarquable.

Les ?glises sont pauvres, comparativement ? la richesse qu'elles d?ploient dans toute la r?publique; elles y sont mal suivies, et la population de Vera-Cruz ne brille point par sa pi?t?. Essentiellement commer?ante, entrep?t de toutes les marchandises qui montent ? l'int?rieur, Vera-Cruz est peupl?e d'un grand nombre d'?trangers; les affaires lui font oublier l'?glise; comme partout au monde, l'amour du lucre ?loigne de Dieu.

Assise sur les sables de la mer, entour?e de dunes arides et de lagunes croupissantes, Vera-Cruz est pour l'?tranger le s?jour le plus malsain de la r?publique. La fi?vre jaune y r?gne en permanence, et, quand un centre d'?migration lui fournit de nouveaux aliments, elle devient alors ?pid?mique et d'une violence extr?me.

Vera-Cruz est, pour l'homme d'affaires, la ville la plus d?sirable comme r?sidence; la vie y est plus facile et sinon plus confortable, ? cause des grandes chaleurs, du moins plus grande, plus large, plus abondante. Les vins y sont aussi communs qu'en France, le golfe abonde en poissons d?licieux: toutes choses consid?r?es comme luxe et que les gens riches h?sitent ? s'offrir dans l'int?rieur de la r?publique. Le march? abonde en fruits des tropiques et l'Indien y apporte toute la famille des oiseaux du soleil, depuis le moqueur et le perroquet jusqu'au grand ara rouge de Tabasco. Le caract?re des habitants est plus liant, moins gourm?, et l'on se sent au milieu d'eux plus vite chez soi.

Puis, cette all?e et venue des navires europ?ens, cet ?change de nouvelles qui vous tient sans cesse au courant de la politique du vieux monde et des fluctuations de la litt?rature dans la m?re patrie, rapprochent Vera-Cruz de la France; il semble qu'on puisse partir ? toute heure. Ajoutez ? cela le golfe et ses eaux bleues, les bains de mer, ce m?le, si modeste qu'il soit, o? l'on va r?ver le soir sous un magnifique dais d'?toiles, o?, le jour, on ?pie la marche incertaine d'une voile ? l'horizon: imaginez ce ciel merveilleux, dont parfois l'azur vous lasse; animez-le de ces bandes criardes d'oiseaux de mer et de ces petits vautours noirs qui le virgulent ? des hauteurs prodigieuses; voyez ? vos pieds ces deux p?licans v?n?rables, antiques habitu?s du port, qui plongent silencieusement, s'?l?vent et replongent pour venir se reposer pleins d'une burlesque majest? sur la hampe du drapeau de la douane, et vous aurez la plage de Vera-Cruz.

? la porte de Mexico se trouve une petite promenade, d?serte la semaine, et qui n'offre une certaine animation que le dimanche. Dans le faubourg, qui le suit, les matelots et les gens du port viennent danser le soir, en m?me temps qu'offrir ? quelque danseuse ?m?rite des hommages vivement disput?s. Le couteau joue souvent un r?le actif dans ces r?unions de famille; la danse, men?e par la guitare et le chant monotone de l'instrumentiste, n'est qu'un pi?tinement cadenc?, accompagn? de mouvements lascifs propres ? exciter les passions de la galerie; aussi le triomphe de la danseuse n'est complet que consacr? par quelque sanglante dispute.

Si vous sortez de Vera-Cruz, la c?te nord ne vous offre qu'une vaste plaine de sable. Au sud, vous avez le cimeti?re, puis les abattoirs; un peu plus loin, vous entrez dans les dunes et vous tombez au milieu de marais couverts de garzas, de h?rons et de canards sauvages. Les ?les sont peupl?es d'iguanes et de serpents; la perspective se continue couverte d'affreuses broussailles, et rien n'anime ces solitudes mortelles, que les cris de quelques fauves, le passage d'un aigle p?cheur ou le tournoiement du vautour en qu?te d'une proie facile.

Certains romanciers en vogue ont cependant choisi ces d?serts sablonneux comme si?ge d'aventures impossibles. Ils peuplent, ? l'envi, ces marais fangeux d'habitations d?licieuses, de palais magiques o? s'agitent, au milieu des luxes r?unis de la nature et de l'art, d'enivrantes cr?atures et des h?ros dignes de l'Arioste. ? capitaine Maine-Read, que d'affreuses bourdes vous racontez ? vos indulgents lecteurs!

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

 

Back to top