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Read Ebook: Um conto portuguez: episodio da guerra civil: a Maria da Fonte by Mascarenhas Miguel J T

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Ebook has 779 lines and 62009 words, and 16 pages

Illustrator: Antoon Van W?lie

JEAN LORRAIN

ELLEN

PARIS PIERRE DOUVILLE, ?DITEUR 28, RUE DE TR?VISE, 28

OEUVRES DE JEAN LORRAIN

Les L?pillier, roman. Paris, Giraud, 1884, in-18.

Tr?s Russe, roman. Paris, Giraud, 1886, in-18.

Dans l'Oratoire . Paris, Dalou, 1888, in-18.

Sonyeuse. Paris, E. Fasquelle, 1891, in-18.

Sensations et Souvenirs. Paris, E. Fasquelle, 1895, in-18.

Un D?moniaque. Paris, Dentu, 1895, in-18.

Heures d'Afrique . Paris, Fasquelle, 1889, in-18.

Madame Baringhel. Paris, E. Fayard. 1899, in-18.

La Petite Classe, pr?face de Barr?s.

Histoires de Masques .

Monsieur de Phocas .

Poussi?res de Paris.

Princesse d'Ivoire et d'Ivresse .

Le Vice Errant .

Monsieur de Bougrelon.

Propos d'?mes simples .

Fards et Poisons .

L'?cole des Vieilles Femmes.

La Maison Philibert, roman.

Le Crime des Riches .

PO?MES

L'Ombre ardente. Fasquelle, 1897.

Modernit?s. Savine, Paris, 1885.

Les Griseries. Tresse et Stock, 1887.

Le Sang des Dieux, Lemerre. 1882.

La For?t bleue.

TH?ATRE

Broc?liande, 1 acte, jou? ? l'OEuvre.

Yanthis, 2 actes, jou? ? l'Od?on.

ELLEN

L'ARR?T

<> Le docteur Hameroy s'?tait ? demi lev?; une r?gle d'?b?ne entre ses doigts, il en frappait d'un coup sec le bord marquet? de la table: <>

Un cri ?touff? de la m?re avertissait le praticien qu'il avait ?t? trop loin.--Lady Horneby se levait lentement de son fauteuil, venait s'appuyer des deux mains sur la table et, enveloppant le m?decin de toute la d?tresse de ses grands yeux tristes: <> Harmeroy tressaillait car la r?ponse l'atteignait dans ses fibres. Il ?tait p?re lui-m?me; il daignait regarder attentivement cette grande femme blonde, jeune encore, qu'il avait ? peine remarqu?e la veille dans son cabinet de consultation, quand elle y ?tait venue avec sa fille, une longue et mince anglaise de dix-neuf ans, phtisique au troisi?me degr?, la pauvre cr?ature, et dont il n'avait pas eu de peine ? diagnostiquer l'incurable tuberculose. Des deux femmes tr?s ?l?gantes et toutes bruissantes de soie et de dessous mousseux, l?g?rement impertinentes m?me, la plus jeune surtout, de ce bel aplomb que donnent les grosses fortunes, Harmeroy avait d'abord fait les deux soeurs.

Harmeroy ?tait sorti du peuple. De son origine, il en avait conserv? la brutalit?, et c'est par la puissance d'un cerveau de penseur, servi par un diagnostic merveilleux et les plus s?rieuses ?tudes, qu'il ?tait devenu un des princes de la science moderne et le plus consult? certes de tous les m?decins des voies respiratoires. Un labeur obstin? et un infatigable esprit de recherches l'avaient aussi soutenu dans sa carri?re. Il n'avait jamais pu se d?partir, surtout vis-?-vis de sa client?le riche, d'une certaine rudesse, qu'il devait autant ? son origine qu'aux atroces mis?res qu'il coudoyait tous les jours. A l'h?pital, dont il dirigeait la clinique, il voyait l'homme et la femme du peuple, la jeune fille du peuple surtout, l'humble apprentie, la petite ouvri?re, aux prises avec l'horrible mal qu'il soignait dans la journ?e chez les riches; il savait combien les pauvres sont d?sarm?s, pis, livr?s, expos?s ? la tuberculose dans la d?plorable hygi?ne des logis et des ateliers parisiens. Combien de rapports n'avait-il pas ?crits l?-dessus, et combien de fois ? la Chambre, o? il avait si?g? pendant trois ans, n'avait-il pas pris la parole pour d?plorer et d?noncer ? la fois les atroces conditions impos?es par l'insouciance coupable d'une soci?t? de jouisseurs aux classes laborieuses, les dangers grandissants d'une contagion fatale et, chose horrible enfin et que nul n'ignorait aujourd'hui, l'immoralit? de certaines professions meurtri?res, l'homme et la femme math?matiquement vou?s au tr?pas dans un d?lai fix? par certains m?tiers. Il avait obtenu des commissions et c'?tait tout; les belles indignations qu'il avait provoqu?es, les fonds dont il avait obtenu le vote, tout cela s'?tait ?vanoui dans de vagues paperasseries et dans des cartons minist?riels. Il n'en avait recueilli que des ?loges de presse et des compliments ?mus de belles madames ? des d?ners officiels. L'oeuvre que le philanthrope et le savant poursuivaient en lui avait avort? dans d'interminables ajournements, et d'ironiques poign?es de mains de ses confr?res l'avaient averti trop tard qu'en France la politique ne peut servir que les politiciens. Pris alors d'un profond d?go?t, son mandat termin?, il ne s'?tait pas repr?sent? aux ?lections et s'?tait vou? tout entier ? son h?pital; l?, il luttait de toutes ses forces pour arracher ses malades aux bacilles meurtriers de la tuberculose. Toutes ses matin?es, il les employait ? des exp?riences, souvent couronn?es de succ?s. Dans la journ?e, il recevait dans son h?tel de l'avenue du Trocad?ro sa riche client?le, mais pendant trois ans il avait vu de trop pr?s les puissants, les puissants de l'argent et les puissants de la politique. Il en avait conserv? comme une rancune contre les hautes classes, et lui, Harmeroy, dont on citait les d?licatesses inou?es et des tendresses en v?rit? touchantes pour de mis?rables phtisiques de son h?pital, il lui arrivait de brusquer et de malmener souvent la client?le en ?quipage de ses lucratifs apr?s-midi. Toutes ces belles poitrinaires, aux agonies calqu?es sur celle de la Dame aux Cam?lias et dont l'oisivet? exasp?rait encore la n?vrose, avaient le don de l'irriter. La veille, il avait class? ces dames Horneby dans le clan banal et haut cot? des belles neurasth?niques, qui prom?nent l'hiver, en Riviera, et l'?t?, de ville d'eaux en ville d'eaux, leurs mis?res physiques, accabl?es d'ennuis et de millions. Imp?rieuse et impertinente, la jeune fille, ?videmment g?t?e, lui avait d?plu. Il avait accueilli ces dames froidement. N?anmoins, sa bont? native l'avait emp?ch? de formuler son arr?t en pr?sence de la malade; d'ailleurs, un regard de la m?re l'avait averti. <>

C'?tait cette m?re dont il venait d'entendre avec stupeur le r?cit des faiblesses, cette m?re coupable ? force de tendresse, m?re ob?issant ? tous les caprices d'une malade, et cela jusqu'? en aggraver l'?tat jusqu'au danger.

Outr?, il venait de secouer d'importance cette damnable faiblesse, et voil? que d'un mot l'Anglaise venait de le remuer et de l'attendrir. La mis?rable femme, dont il avait si durement tanc? le manque d'?nergie, venait de lui donner le mot de sa d?tresse: cette m?re avait d?j? perdu trois enfants.

<> et faisant un mouvement pour se lever: <>

Et dans le silence du cabinet de travail assourdi de tapisseries anciennes, lady Horneby commen?ait la lamentable histoire de sa vie, inutilement sacrifi?e ? la sant? des siens. Cette douloureuse existence d'une veuve et d'une m?re survivant ? ses affections, combien de fois la mis?rable femme ne l'avait-elle pas d?j? confess?e dans des circonstances analogues, dans le recueillement aust?re des vastes pi?ces de luxe o? re?oivent maintenant les grands m?decins. Lady Horneby ?tait rest?e veuve ? vingt-huit ans. Un mariage d'amour l'avait unie ? son cousin; une phtisie galopante avait emport? en huit jours lord Edwards: il avait pris froid ? l'?poque des chasses, chez un cousin, dans un ch?teau d'?cosse, mais depuis longtemps il tra?nait une mauvaise fi?vre. Dans son entourage ce brusque d?nouement n'avait ?tonn? personne, lord Edwards Horneby mourait ext?nu? de fatigues de tous genres et surmen? de sport. La jeune femme demeurait veuve avec quatre enfants, trois filles et un gar?on; Ellen ?tait la derni?re. L'?me encore pleine du souvenir du mort, lady Horneby s'?tait vou?e passionn?ment ? l'?ducation de ses enfants, mais ni son abn?gation, ni ses soins assidus n'avaient pu enrayer chez eux le mal h?r?ditaire. Elle avait vu mourir successivement ses deux a?n?es, Maud et Georgina. Grandes, saines et fortes en apparence, le mal, chez elles, s'?tait d?clar? ? quinze ans, leur jeunesse s'?tait fan?e dans sa fleur. Comme lady Horneby ?tait afflig?e de quelques millions, les m?decins avaient fatalement ordonn? la Riviera, pour Maud comme pour Georgina. L'infortun?e lady Horneby avait connu les douloureuses ?tapes de Cannes ? Menton et des Bal?ares ? Mad?re. Peines perdues! Maud ?tait morte ? dix-huit ans, Georgina ? dix-neuf. Maud reposait dans le cimeti?re de La Valette ? Malte, et Georgina dans le cimeti?re de Cannes, et la poussi?re de son amour ?tait ainsi ?parse ? tous les coins du monde.

Son fils Edwards avait r?sist? plus longtemps. Il ?tait le vivant portrait de son p?re, et sa soeur Ellen lui ressemblait. Il s'?tait ?teint dans sa vingt-cinqui?me ann?e. Voyageur infatigable, toujours en yacht ou par monts et par chemins, il s'agitait dans une activit? d?vorante, qui avait fini par le consumer. Lui ?tait mort ? Londres, il y avait d?j? trois ans, et c'?tait tout. Elle restait seule maintenant avec Ellen. Le m?decin connaissait mieux qu'elle les sympt?mes du mal qui lui avait pris ses enfants. A quoi bon lui d?tailler les agonies, toutes identiques dans les m?mes r?les et les m?mes ?touffements.

Quatre fois frapp?e dans les siens, lady Horneby avait esp?r? que Dieu l'?pargnerait dans sa derni?re affection, mais voil? qu'elle recommen?ait avec Ellen son douloureux calvaire. Ellen avait h?rit? de son fr?re de cette avidit? de jouissances et de cette fi?vre de plaisir. Qu'importait que le jeune homme en f?t mort, tel une phal?ne br?l?e aux lumi?res d'un lustre. Ellen ?tait imp?rieuse et fantasque comme tous les ?tres jeunes que guette la mort, elle vivait dans une tr?pidation continue, savourant, on e?t dit, intens?ment et ?perdument les minutes d'une existence compt?e. Lady Horneby connaissait depuis longtemps l'?nigme de ses exaltations f?briles. La pauvre femme savait trop ? quel d?nouement se pr?cipitent ces existences enrag?es de plaisirs. Voil? trois ann?es que, sans volont? contre les caprices de sa fille, elle la suivait et l'escortait de stations en stations dans cette mont?e au calvaire, qu'?tait pour elle la Riviera. Nice les avait vues un hiver, Cannes un autre; le dernier hiver, enfin, elle l'avait pass? ? Menton, mais le voisinage de Monte-Carlo avait ?t? mauvais pour la malade, et, ? son retour ? Paris, au printemps, Tr?witz avait trouv? la jeune fille si ext?nu?e, avec des tempes creuses et des yeux si brillants, qu'il avait imm?diatement ordonn? l'Oberland.

A Saint-Moritz, la jeune fille s'?tait tellement ennuy?e, que lady Horneby s'?tait d?cid?e ? descendre avec elle sur les lacs italiens. De Bellagio, Ellen avait voulu aller ? Venise, et lady Horneby avait encore c?d?.

A leur retour ? Paris, elles n'avaient pas trouv? Tr?witz, un Congr?s ? Chicago le retenait en Am?rique; en son absence, elles ?taient venues consulter Hameroy.

L'homme de science avait laiss? parler, sans l'interrompre d'un mot, la veuve de sir Edwards; sa large face glabre avait gard? son masque impassible, mais une immense piti? noyait ses yeux gris.

POUR GU?RIR

<> Lady Horneby venait d'entr'ouvrir une porte; la femme de chambre, en train de renouveler les dentelles d'un corsage, levait instinctivement la t?te. <>, et lady Horneby passait dans la chambre de sa fille.

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