Read Ebook: Mémoires de Hector Berlioz comprenant ses voyages en Italie en Allemagne en Russie et en Angleterre 1803-1865 by Berlioz Hector
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Ebook has 1809 lines and 214669 words, and 37 pages
BIBLIOTH?QUE CONTEMPORAINE
M?MOIRES DE HECTOR BERLIOZ
COMPRENANT
SES VOYAGES EN ITALIE, EN ALLEMAGNE, EN RUSSIE ET EN ANGLETERRE
PARIS
CALMANN-L?VY, ?DITEURS
LIFE'S BUT A WALKING SHADOW, ETC.
La vie n'est qu'une ombre qui passe; un pauvre com?dien qui, pendant son heure, se pavane et s'agite sur le th??tre, et qu'apr?s on n'entend plus; c'est un conte r?cit? par un idiot, plein de fracas et de furie, et qui n'a aucun sens.
SHAKESPEARE
TABLE
TOME I
PR?FACE
XL.--Vari?t?s de spleen.--L'isolement.
Tome II
PREMIER VOYAGE EN ALLEMAGNE
? M. A. Morel, premi?re lettre, Bruxelles, Mayence, Francfort.
? M. Girard, deuxi?me lettre, Stuttgard, Hechingen.
? Liszt, troisi?me lettre, Manheim, Weimar.
? Stephen Heller, quatri?me lettre, Leipzig.
? Ernst, cinqui?me lettre, Dresde.
? Henri Heine, sixi?me lettre, Brunswick, Hambourg.
? mademoiselle Louise Bertin, septi?me lettre. Berlin.
? M. Habeneck, huiti?me lettre, Berlin.
? M. Desmarest, neuvi?me lettre, Berlin.
? M. G. Osborne, dixi?me lettre, Hanovre, Darmstadt.
? M. Humbert Ferrand, deuxi?me lettre, Vienne .
? M. Humbert Ferrand, troisi?me lettre, Pesth.
? M. Humbert Ferrand, quatri?me lettre, Prague.
? M. Humbert Ferrand, cinqui?me lettre, Prague .
? M. Humbert Ferrand, sixi?me lettre, Prague .
PR?FACE
Londres, 21 mars 1848.
On a imprim?, et on imprime encore de temps en temps ? mon sujet des notices biographiques si pleines d'inexactitudes et d'erreurs, que l'id?e m'est enfin venue d'?crire moi-m?me ce qui, dans ma vie laborieuse et agit?e, me para?t susceptible de quelque int?r?t pour les amis de l'art. Cette ?tude r?trospective me fournira en outre l'occasion de donner des notions exactes sur les difficult?s que pr?sente, ? notre ?poque, la carri?re des compositeurs, et d'offrir ? ceux-ci quelques enseignements utiles.
D?j? un livre que j'ai publi? il y a plusieurs ann?es, et dont l'?dition est ?puis?e, contenait avec des nouvelles et des fragments de critique musicale, le r?cit d'une partie de mes voyages. De bienveillants esprits ont souhait? quelquefois me voir remanier et compl?ter ces notes sans ordre.
M?MOIRES
HECTOR BERLIOZ
La C?te Saint-Andr?.--Ma premi?re communion.--Premi?re impression musicale.
Je suis n? le 11 d?cembre 1803, ? la C?te-Saint-Andr?, tr?s-petite ville de France, situ?e dans le d?partement de l'Is?re, entre Vienne, Grenoble et Lyon. Pendant les mois qui pr?c?d?rent ma naissance, ma m?re ne r?va point, comme celle de Virgile, qu'elle allait mettre au monde un rameau de laurier. Quelque douloureux que soit cet aveu pour mon amour-propre, je dois ajouter qu'elle ne crut pas non plus, comme Olympias, m?re d'Alexandre, porter dans son sein un tison ardent. Cela est fort extraordinaire, j'en conviens, mais cela est vrai. Je vis le jour tout simplement, sans aucun des signes pr?curseurs en usage dans les temps po?tiques, pour annoncer la venue des pr?destin?s de la gloire. Serait-ce que notre ?poque manque de po?sie?...
La C?te Saint-Andr?, son nom l'indique, est b?tie sur le versant d'une colline, et domine une assez vaste plaine, riche, dor?e, verdoyante, dont le silence a je ne sais quelle majest? r?veuse, encore augment?e par la ceinture de montagnes qui la borne au sud et ? l'est, et derri?re laquelle se dressent au loin, charg?s de glaciers, les pics gigantesques des Alpes.
Ce fut ma premi?re impression musicale.
Mon p?re.--Mon ?ducation litt?raire.--Ma passion pour les voyages.--Virgile.--Premi?re secousse po?tique.
Mon p?re ?tait m?decin. Il ne m'appartient pas d'appr?cier son m?rite. Je me bornerai ? dire de lui: Il inspirait une tr?s-grande confiance, non-seulement dans notre petite ville, mais encore dans les villes voisines. Il travaillait constamment, croyant la conscience d'un honn?te homme engag?e quand il s'agit de la pratique d'un art difficile et dangereux comme la m?decine, et que, dans la limite de ses forces, il doit consacrer ? l'?tude tous ses instants, puisque de la perte d'un seul peut d?pendre la vie de ses semblables. Il a toujours honor? ses fonctions en les remplissant de la fa?on la plus d?sint?ress?e, en bienfaiteur des pauvres et des paysans, plut?t qu'en homme oblig? de vivre de son ?tat. Un concours ayant ?t? ouvert en 1810 par la soci?t? de m?decine de Montpellier sur une question neuve et importante de l'art de gu?rir, mon p?re ?crivit ? ce sujet un m?moire qui obtint le prix. J'ajouterai que son livre fut imprim? ? Paris et que plusieurs m?decins c?l?bres lui ont emprunt? des id?es sans le citer jamais. Ce dont mon p?re, dans sa candeur, s'?tonnait, en ajoutant seulement: <
Il est dou? d'un esprit libre. C'est dire qu'il n'a aucun pr?jug? social, politique ni religieux. Il avait n?anmoins si formellement promis ? ma m?re de ne rien tenter pour me d?tourner des croyances regard?es par elle comme indispensables ? mon salut, qu'il lui est arriv? plusieurs fois, je m'en souviens, de me faire r?citer mon cat?chisme. Effort de probit?, de s?rieux, ou d'indiff?rence philosophique, dont, il faut l'avouer, je serais incapable ? l'?gard de mon fils. Mon p?re, depuis longtemps, souffre d'une incurable maladie de l'estomac, qui l'a cent fois mis aux portes du tombeau. Il ne mange presque pas. L'usage constant et de jour en jour plus consid?rable de l'opium, ranime seul aujourd'hui ses forces ?puis?es. Il y a quelques ann?es, d?courag? par les douleurs atroces qu'il ressentait, il prit ? la fois trente-deux grains d'opium. <
J'avais dix ans quand il me mit au petit s?minaire de la C?te pour y commencer l'?tude du latin. Il m'en retira bient?t apr?s, r?solu ? entreprendre lui-m?me mon ?ducation.
Pauvre p?re, avec quelle patience infatigable, avec quel soin minutieux et intelligent il a ?t? ainsi mon ma?tre de langues, de litt?rature, d'histoire, de g?ographie et m?me de musique! ainsi qu'on le verra tout ? l'heure.
Combien une pareille t?che, accomplie de la sorte, prouve dans un homme de tendresse pour son fils! et qu'il y a peu de p?res qui en soient capables! Je n'ose croire pourtant cette ?ducation de famille aussi avantageuse que l'?ducation publique, sous certains rapports. Les enfants restent ainsi en relations exclusives avec leurs parents, leurs serviteurs, et de jeunes amis choisis, ne s'accoutument point de bonne heure au rude contact des asp?rit?s sociales; le monde et la vie r?elle demeurent pour eux des livres ferm?s; et je sais, ? n'en pouvoir douter, que je suis rest? ? cet ?gard enfant ignorant et gauche jusqu'? l'?ge de vingt-cinq ans.
Mon p?re, tout en n'exigeant de moi qu'un travail tr?s-mod?r?, ne put jamais m'inspirer un v?ritable go?t pour les ?tudes classiques. L'obligation d'apprendre chaque jour par coeur quelques vers d'Horace et de Virgile m'?tait surtout odieuse. Je retenais cette belle po?sie avec beaucoup de peine et une v?ritable torture de cerveau. Mes pens?es s'?chappaient d'ailleurs de droite et de gauche, impatientes de quitter la route qui leur ?tait trac?e. Ainsi je passais de longues heures devant des mappemondes, ?tudiant avec acharnement le tissu complexe que forment les ?les, caps et d?troits de la mer du Sud et de l'archipel Indien; r?fl?chissant sur la cr?ation de ces terres lointaines, sur leur v?g?tation, leurs habitants, leur climat, et pris d'un d?sir ardent de les visiter. Ce fut l'?veil de ma passion pour les voyages et les aventures.
Mon p?re, ? ce sujet, disait de moi avec raison: <
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