Read Ebook: Odes d'Anacréon Traduction littérale et rythmique by Anacreon Machard Alexandre Translator
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Ebook has 194 lines and 12843 words, and 4 pages
A UN MERLE
Que veux-tu que je fasse, Dis, merle bavard? Tes l?g?res ailes, veux-tu Que je les prenne et je les coupe? Aimes-tu mieux que de ton bec, Comme fit le fameux T?r?e, Je moissonne la langue? Pourquoi de mes r?ves charmants Par ton chant matinal Avoir fait fuir Bathylle?
FUREUR DE L'AMANT
On dit qu'?pris de la belle Cyb?le Athys, ce m?le mutil?, Fut saisi d'un furieux d?lire Qui lui faisait pousser des cris sur les montagnes. Et ceux qui, sur les collines de Claros, De Ph?bus porte-lauriers Boivent l'onde inspiratrice, Hurlent, proph?tes furieux. Mais moi, c'est rassasi? de vin Et de parfums Et de l'amour de ma ma?tresse, Que je veux, oui, je veux d?lirer.
L'AMOUR DOMPTEUR
Je veux, je veux aimer. Amour me conseillait d'aimer: Mais moi, esprit inconsid?r?, Je n'?tais pas persuad?. Soudain, prenant son arc Et son carquois d'or, Il me provoque au combat. Alors, j'endosse La cuirasse, comme Achille; Je prends des javelots avec un bouclier, Et vais lutter avec l'Amour. Il lance ses traits: je fuis, Et, d?s qu'il n'a plus de fl?ches, Il tr?pigne, et c'est lui-m?me Qui se lance au lieu de trait. Alors mon coeur se fondit, Les forces m'abandonn?rent. En vain je porte un bouclier: Que sert de combattre au dehors, Quand l'ennemi est dans la place?
VIVRE SANS ENVIE
Je n'ai cure de Gyg?s, Le prince de Sardes; L'ambition n'est pas mon fait, Et je n'envie pas les rois. Mon souci, c'est d'arroser Ma barbe de parfums; Mon souci, c'est d'enguirlander Ma t?te de roses. Aujourd'hui fait mon souci: Qui conna?t le lendemain? Aussi, par ce temps serein, Bois et joue Et f?te Lyaeus, Avant qu'un mal ne vienne Te dire: <
LE PO?TE VAINCU
Tu chantes la guerre de Th?bes, Les cris des combattants Troyens: Moi, je chante mes d?faites. Qui m'a perdu?--Ce n'est pas le cavalier, Ni le fantassin, ni le matelot: C'est un ?trange soldat, Qui fait feu par les yeux.
LA COUPE D'ARGENT
Travaille l'argent au ciseau, O Vulcain, pour me faire, Non pas une armure , Mais une coupe creuse, Aussi profonde que possible. Ne va pas graver dessus Les Astres ni le Chariot, Ni le sombre Orion: Qu'ai-je ? faire des Pl?iades Ou de l'?toile du Bouvier? Mais fais-moi verdir les vignes sur ses flancs, Et les raisins briller Et les M?nades vendanger. N'oublie pas d'y dresser un pressoir, O? fouleront les grappes, Avec le beau Bacchus dans l'or incrust?s, ?r?s et Bathylle.
M?ME SUJET
Habile artiste, cis?le Une belle coupe o? le printemps brille. Qu'elle offre d'abord ? mes yeux La saison des charmantes roses. Puis, ?tends l'argent sous le marteau, Pour que j'aime ? y boire. Ne va pas y graver quelque ?trange C?r?monie des Initiations; Pas d'odieuse histoire: Mais plut?t le fils de Zeus, Bacchus Evius, Et l'initiatrice des Amours, Cypris, Applaudissant aux hym?n?es. Grave aussi les Amours sans armes Et le sourire des Gr?ces. A l'ombre d'une vigne au feuillage ?pais, Aux raisins superbes, aux pampres touffus, Place un groupe de beaux gar?ons; Et que Ph?bus y joue aussi.
IL FAUT BOIRE
La terre brune boit, Et les arbres la boivent, Et la mer boit les airs, Et le soleil la mer, Et la lune le soleil lui-m?me: Pourquoi donc, compagnons, Me d?fendre de boire?
A UNE JEUNE FILLE
Jadis la fille de Tantale Se durcit en rocher sur les monts de Phrygie; Jadis la fille de Pandion, chang?e en hirondelle, Eut des ailes d'oiseau. Pour moi, que ne suis-je ton miroir! Tes yeux me fixeraient sans cesse; Ta tunique! Tu me porterais toujours; L'eau de ton bain! Je laverais ta blanche peau; Une essence! Je te parfumerais, ? femme; Et la ceinture de tes seins, Et la perle qui brille ? ton cou, Et la sandale qui te chausse! Au moins tu me presserais de tes pieds!
LA SOIF
Donnez-moi, donnez, ? femmes, Du vin ? boire d'un seul trait. La soif me br?le, et vous me d?laissez: J'ai lieu de g?mir. Et puis encore, donnez-moi de ces fleurs: Mon front br?le ? la surface Les couronnes, dont je l'ai couvert. Mais, de la chaleur des Amours, O mon ?me, qui te garantira?
BATHYLLE
A l'ombre de Bathylle J'irai m'asseoir: ah! le bel arbre! Il balance un feuillage superbe Sur une tige mince; A ses c?t?s coule, doux stimulant, La source vive de la Persuasion. A cette vue, qui voudrait n?gliger Un pareil endroit de d?duit?
L'AMOUR DE L'OR
Si l'abondance de l'or Donnait de la vie aux mortels, Je me r?signerais ? ?pargner, Afin que la Mort survenant A prix d'or voul?t s'?loigner. Mais puisqu'il n'est pas permis aux mortels D'acheter de la vie, Pourquoi g?mir en vain? Pourquoi me lamenter? Puisque ma mort est d?cr?t?e, A quoi l'or me sert-il? Ah! que j'aie le bonheur de boire! Et, tout en buvant du vin d?licieux En compagnie de mes amis, Puiss?-je en un lit d?licat Accomplir l'oeuvre de V?nus!
R?SOLUTION
Puisque je suis n? mortel Pour parcourir la route de la vie, Je sais le temps que j'ai pass?, Sans conna?tre le temps qu'il me reste ? courir. Laissez-moi, soucis: Je n'ai pas affaire ? vous. Avant qu'arrive ma fin, Je veux jouer, rire et danser Avec le beau Bacchus.
SON AMOUR POUR LE VIN
D?s que je bois du vin, Mes soucis s'assoupissent. A quoi bon soupirs, Peines et chagrins? Je devrai mourir, m?me ? contre-coeur: Pourquoi m?conna?tre la v?ritable vie? Buvons donc le bon vin, Le vin du beau Bacchus. Dans le temps m?me o? nous buvons, Nos soucis s'assoupissent.
M?ME SUJET
Quand Bacchus s'est empar? de moi, Tous mes soucis s'endorment. Croyant poss?der tout l'or de Cr?sus, Je veux chanter superbement. Couronn? de lierre je repose, Et mon m?pris foule aux pieds l'univers. Armez-vous: moi je bois. Une coupe, enfant! ?tre ?tendu sur un lit, ivre, Vaut mieux qu'?tre ?tendu mort.
DIONYSOS
C'est le fils de Zeus, Bacchus, Qui bannit les chagrins et qui d?lie les langues. Quand se r?pand dans mes esprits Ce dieu qui verse le vin, Il m'apprend ? danser. Pourtant, j'ai d'autres plaisirs, Moi, po?te, ?pris des ivresses: Avec les instruments bruyants, avec les chants Me pla?t aussi V?nus; Et je veux danser encore.
PORTRAIT DE SA MAITRESSE
Allons, excellent peintre, O le meilleur des peintres, Roi de l'art qui fleurit ? Rhodes, Fais-moi, d'apr?s mes dires, Le portrait de ma ma?tresse absente. Donne-lui d'abord des cheveux Ondoyants et noirs; Et, si la cire le permet, Qu'ils exhalent des parfums. Peins de face enti?rement Sous une chevelure ?clatante Son front d'ivoire. Quant ? ses sourcils, ne va pas Les s?parer, ni les confondre: Qu'ils se rejoignent, comme chez ma ma?tresse, Imperceptiblement, Et que les cils, autour des paupi?res, soient noirs. Pour ?tre vrai, mets du feu Dans ses yeux; qu'ils soient ? la fois Brillants comme ceux d'Ath?n?, Humides comme ceux de Cyth?r?e. Fais le nez et les joues De roses et de lait. Que sa l?vre, la l?vre de la Persuasion, Appelle le baiser. Sur son menton d?licat, Autour d'un cou de marbre blanc, Fais voltiger toutes les gr?ces. Enfin, habille-la D'une robe purpurine; Et qu'il paraisse un peu De sa chair, pour faire juger du corps. Finis: je la vois. C'est bien elle! O portrait v?ridique, tu vas parler.
PORTRAIT DE BATHYLLE
Peins-moi mon amant Bathylle, D'apr?s mes renseignements. Fais-lui des cheveux luisants, Noirs en masse Et blonds aux extr?mit?s. De ces cheveux indisciplin?s Rassemblant les boucles en d?sordre, Laisse-les tomber ? leur gr?. Que son front vermeil, frais comme ros?e, Se couronne d'un sourcil Plus fonc? que la peau des serpents. Que ses yeux noirs soient terribles, Mais temp?r?s par la douceur, Ayant quelque chose d'Ar?s Et de la belle Cyth?r?e, En sorte que l'on craigne ? la fois Et qu'on se rattrape encore ? quelque espoir. Sur sa joue de rose Mets le duvet du fruit m?r. Si tu peux y jeter la rougeur De la pudeur, n'y manque pas. Et sa bouche? Je ne sais Comment tu t'y prendras pour la peindre Vermeille et si?ge de la Persuasion? Pour tout dire en un mot, Que son silence parle. Apr?s son visage, Que son cou d'ivoire Surpasse celui d'Adonis. Fais-lui la poitrine Et les mains d'Herm?s, Les cuisses de Pollux, Le ventre de Dionysos. Au-dessus de ses cuisses brillantes, De ses cuisses br?lantes, Place sans voiles un organe Qui d?j? d?sire V?nus. L'art jaloux que tu exerces Te d?fend de montrer Son dos: c'est ce qu'il a de mieux. T'apprendrai-je les contours de ses pieds? Demande le prix que tu voudras. Prends cet Apollon Et fais-en Bathylle; Et, si jamais tu vas ? Samos, De Bathylle tu feras Apollon.
XXX
L'AMOUR ENCHAIN? PAR LES MUSES
Les Muses ont li? L'Amour avec des guirlandes, Et l'ont donn? en garde ? la Beaut?. Et maintenant la Cyth?r?e Le cherche, portant la ran?on, Pour d?livrer Amour. Quand m?me on le d?livrerait, Loin de s'en aller, il voudra rester: Il ch?rit trop son esclavage.
FUREUR BACHIQUE
Laissez-moi boire ? la sant? des Dieux, Boire sans fermer la bouche. Je veux, je veux d?lirer. Ils devinrent furieux, Alcm?on Et Orest?s aux pieds blancs, Apr?s avoir tu? leur m?re; Mais moi, qui n'ai tu? personne, C'est en buvant le vin de pourpre Que je veux, je veux d?lirer. Jadis Hercule en fureur Agitait le carquois terrible Et l'arc d'Iphitos. Jadis Ajax en sa fureur Brandissait avec son bouclier L'?p?e d'Hector. Et moi, c'est la coupe en main. La couronne sur la t?te, Que je veux, oui, je veux d?lirer.
SES AMOURS
Si tu peux d?nombrer Toutes les feuilles des arbres, Si tu sais compter Tous les flots de la mer, Du calcul de mes amours C'est toi seul que je charge. Pose d'abord Vingt amours d'Ath?nes, Puis quinze autres encore. Ensuite, de Corinthe, Mets-en des l?gions: Cette ville de l'Acha?e A les plus belles femmes. Puis, de Lesbos, D'Ionie m?me, De Carie et de Rhodes, Pose deux mille amours. --Que dis-tu?--?cris toujours. Je n'ai rien dit encore des amours De la Syrie, ni de Canope, Ni de la contr?e souveraine, La Cr?te, avec ses villes O? l'Amour c?l?bre ses myst?res. Voudrais-tu que je te d?nombre, Au del? de Gad?s, De la Bactriane et des Indes, Tous les amours de mon coeur?
A UNE HIRONDELLE
Hirondelle ch?rie, Qui reviens tous les ans, En ?t? tu construis ton nid, Et l'hiver tu disparais Volant vers le Nil ou Memphis. En tout temps l'Amour construit Son nid dans mon coeur. Ce d?sir a des ailes, Cet autre est encore dans la coque, Ce troisi?me est ?clos ? moiti?. Et toujours se fait entendre Le cri des petits per?ant la coquille. Les plus jeunes enfants d'?r?s Sont nourris par les a?n?s Et bient?t, devenus grands, En font d'autres ? leur tour. A ce mal, quel rem?de? Car, je n'ai pas la force de bannir Tant d'Amours de mon coeur!
A UNE JEUNE FILLE
Ne me fuis pas, pour avoir vu Ma chevelure blanche; Et, parce que tu poss?des La pleine fleur de la jeunesse, Ne va pas repousser mes caresses: Mais vois, dans une couronne, Comme fait bien la blancheur Des lys entrelac?s aux roses.
ZEUS TAUREAU
Ce taureau, mon enfant, Doit ?tre Zeus lui-m?me. Il porte sur son dos Une jeune Sidonienne: Il traverse la vaste mer, Coupant le flot de ses sabots. Jamais autre taureau N'est sorti du troupeau, Pour nager sur la mer: Jamais autre, si ce n'est lui.
LA VIE LIBRE
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