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Read Ebook: Le Tour du Monde; Voyage d'un naturaliste. Journal des voyages et des voyageurs; 2. sem. 1860 by Various Charton Douard Editor

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Ebook has 97 lines and 29073 words, and 2 pages

de l'arm?e. -- Le Mosgou. -- Adishen et son escorte. -- Beaut? du pays. -- Chasse ? l'homme. -- Erreur des Europ?ens sur le centre de l'Afrique. -- Incendies. -- Baga. -- Partage du butin. -- Entr?e dans le Baghirmi. -- Refus de passage. -- Travers?e du Chari. -- ? travers champs. -- D?fense d'aller plus loin. -- Hospitalit? de Bou-Bakr-Sadik. -- Barth est arr?t?. -- On lui met les fers aux pieds. -- D?livr? par Sadik. -- Mas?na. -- Un savant. -- Les femmes de Baghirmi. -- Combat avec des fourmis. -- Cort?ge du sultan. -- D?p?ches de Londres. 209

De Katch?na au Niger. -- Le district de Mouniyo. -- Lacs remarquables. -- Aspect curieux de Zinder. -- Route p?rilleuse. -- Activit? des fourmis. -- Le Ghaladina de Sokoto. -- Marche forc?e de trente heures. -- L'?mir Aliyou. -- Vourno. -- Situation du pays. -- Cort?ge nuptial. -- Sokoto. -- Caprice d'une bo?te ? musique. -- Gando. -- Khalilou. -- Un chevalier d'industrie. -- Exactions. -- Pluie. -- D?solation et f?condit?. -- Zogirma. -- La vall?e de Foga. -- Le Niger. -- La ville de Say. -- R?gion myst?rieuse. -- Orage. -- Passage de la Sirba. -- Fin du rhamadan ? Sebba. -- Bijoux en cuivre. -- De l'eau partout. -- Barth d?guis? en sch?rif. -- Horreur des chiens. -- Montagnes du Hombori. -- Protection des Touaregs. -- Bambara. -- Pri?res pour la pluie. -- Sur l'eau. -- Kabara. -- Visites importunes. -- Dangereux passage. -- Tinboctoue, Tomboctou ou Tembouctou. -- El Bakay. -- Menaces. -- Le camp du cheik. -- Irritation croissante. -- Sus au chr?tien! -- Les Foullanes veulent assi?ger la ville. -- D?part. -- Un preux chez les Touaregs. -- Zone rocheuse. -- Lenteurs d?sesp?rantes. -- Gogo. -- Gando. -- Kano. -- Retour. 226

VOYAGES ET AVENTURES DU BARON DE WOGAN EN CALIFORNIE .

Arriv?e ? San-Francisco. -- Description de cette ville. -- D?part pour les placers. -- Le claim. -- Premi?re d?ception. -- La solitude. -- Mineur et chasseur. -- D?part pour l'int?rieur. -- L'ours gris. -- Reconnaissance des sauvages. -- Captivit?. -- Jugement. -- Le poteau de la guerre. -- L'Anglais chef de tribu. -- D?livrance. 242

VOYAGE DANS LE ROYAUME D'AVA , par le capitaine Henri YULE, du corps du g?nie bengalais .

D?part de Rangoun. -- Fronti?res anglaises et birmanes. -- Aspect du fleuve et de ses bords. -- La ville de Magw?. -- Musique, concert et drames birmans. -- Sources de naphte; leur exploitation. -- Un monast?re et ses habitants. -- La ville de Pag?n. -- Myeen-Kyan. -- Amarapoura. -- Paysage. -- Arriv?e ? Amarapoura. 258

Amarapoura; ses palais, ses temples. -- L'?l?phant blanc. -- Population de la ville. -- Recensement suspect. -- Audience du roi. -- Pr?sents offerts et re?us. -- Le prince h?ritier pr?somptif et la princesse royale. -- Incident diplomatique. -- Religion bouddhique. -- Visites aux grands fonctionnaires. -- Les dames birmanes. 273

Comment on dompte les ?l?phants en Birmanie. -- Excursions autour d'Amarapoura. -- G?ologie de la vall?e de l'Irawady. -- Les poissons familiers. -- Le serpent hamadryade. -- Les Shans et autres peuples indig?nes du royaume d'Ava. -- Les femmes chez les Birmans et chez les Karens. -- F?tes birmanes. -- Audience de cong?. -- Refus de signer un trait?. -- Lettre royale. -- D?part d'Amarapoura et retour ? Rangoun. -- Coup d'oeil r?trospectif sur la Birmanie. 280

VOYAGE AUX GRANDS LACS DE L'AFRIQUE ORIENTALE, par le capitaine BURTON .

But de l'exp?dition. -- Le capitaine Burton. -- Zanzibar. -- Aspect de la c?te. -- Un village. -- Les B?loutchis. -- Ouamrima. -- Fertilit? du sol. -- D?go?t inspir? par le pantalon. -- Vall?e de la mort. -- Supplice de M. Maizan. -- Hallucination de l'assassin. -- Horreur du paysage. -- Humidit?. -- Zoungom?ro. -- Effets de la traite. -- Personnel de la caravane. -- M?tis arabes, Hindous, jeunes gens mis en gage par leurs familles. -- ?nes de selle et de b?t. -- Cha?ne de l'Ousagara. -- Transformation du climat. -- Nouvelles plaines insalubres. -- Contraste. -- Ruine d'un village. -- Fourmis noires. -- Troisi?me rampe de l'Ousagara. -- La Passe terrible. -- L'Ougogo. -- L'Ougogi. -- ?pines. -- Le Zihoua. -- Caravanes. -- Curiosit? des indig?nes. -- Faune. -- Un despote. -- La plaine embras?e. -- Coup d'oeil sur la vall?e d'Ougogo. -- Aridit?. -- Kraals. -- Absence de combustible. -- G?ologie. -- Climat. -- Printemps. -- Indig?nes. -- District de Toula. -- Le chef Maoula. -- For?t dangereuse. 305

Arriv?e ? Kazeh. -- Accueil hospitalier. -- Snay ben Amir. -- ?tablissements des Arabes. -- Leur mani?re de vivre. -- Le Temb?. -- Chemins de l'Afrique orientale. -- Caravanes. -- Porteurs. -- Une journ?e de marche. -- Costume du guide. -- Le Mganga. -- Coiffures. -- Halte. -- Danse. -- S?jour ? Kazeh. -- Avidit? des B?loutchis. -- Saison pluvieuse. -- Yombo. -- Coucher du soleil. -- Jolies fumeuses. -- Le Ms?n?. -- Orgies. -- Kajjanj?ri. -- Maladie. -- Passage du Malagarazi. -- Tradition. -- Beaut? de la Terre de la Lune. -- Soir?e de printemps. -- Orage. -- Faune. -- Cynoc?phales, chiens sauvages, oiseaux d'eau. -- Ouakimbou. -- Ouanyamou?zi. -- Toilette. -- Naissances. -- ?ducation. -- Fun?railles. -- Mobilier. -- Lieu public. -- Gouvernement. -- Ordalie. -- R?gion insalubre et f?conde. -- Aspect du Tanganyika. -- Ravissements. -- Kaou?l?. 321

Tatouage. -- Cosm?tiques. -- Mani?re originale de priser. -- Caract?re des Ouajiji; leur c?r?monial. -- Autres riverains du lac. -- Ouatata, vie nomade, conqu?tes, mani?re de se battre, hospitalit?. -- Installation ? Kaou?l?. -- Visite de Kann?na. -- Tribulations. -- Maladies. -- Sur le lac. -- Bourgades de p?cheurs. -- Ouafanya. -- Le chef Kanoni. -- C?te inhospitali?re. -- L'?le d'Oubouari. -- Anthropophages. -- Accueil flatteur des Ouavira. -- Pas d'issue au Tanganyika. -- Temp?te. -- Retour. 337

FRAGMENT D'UN VOYAGE AU SAUBAT , par M. Andrea DEBONO 348

VOYAGE ? L'?LE DE CUBA, par M. Richard DANA .

EXCURSIONS DANS LE DAUPHIN?, par M. Adolphe JOANNE .

Le pic de Belledon. -- Le Dauphin?. -- Les Goulets. 369

Les gorges d'Ombl?ze. -- Die. -- La vall?e de Roumeyer. -- La for?t de Saou. -- Le col de la Cochette. 385

EXCURSIONS DANS LE DAUPHIN?, par M. ?lis?e RECLUS .

La Grave. -- L'Aiguille du midi. -- Le clapier de Saint-Christophe. -- Le pont du Diable. -- La B?rarde. -- Le col de la Tempe. -- La Vallouise. -- Le Pertuis-Rostan. -- Le village des Claux. -- Le mont Pelvoux. -- La Balme-Chapelu. -- Moeurs des habitants. 402

LISTE DES GRAVURES. 417

LISTE DES CARTES. 422

ERRATA. 427

VOYAGES D'UN NATURALISTE

L'ARCHIPEL GALAPAGOS.

Groupe volcanique. -- Innombrables crat?res. -- Aspect bizarre de la v?g?tation. -- L'?le Chatam. -- Colonie de l'?le Charles. -- L'?le James. -- Lac sal? dans un crat?re. -- Histoire naturelle de ce groupe d'?les. -- Mammif?res; souris indig?ne. -- Ornithologie; familiarit? des oiseaux; terreur de l'homme, instinct acquis. -- Reptiles; tortues de terre; leurs habitudes.

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Sur les rochers de la c?te fourmillaient de grands l?zards noirs, longs de cent vingt ? cent trente centim?tres: une autre laide esp?ce de ces sauriens, d'un brun jaun?tre, habite les collines; nous en rencontr?mes plusieurs. Ils s'?cartaient gauchement de notre chemin, et regagnaient leurs trous. Toute la partie nord de l'?le d'Albemarle est d'une compl?te st?rilit?.

Je leur fis deux visites, et re?us d'eux une nuit l'hospitalit?. De m?me que dans les autres ?les les r?gions sup?rieures se parent d'une verte et florissante v?g?tation, gr?ce aux nuages qui restent bas et entretiennent l'humidit?. Le terrain est m?me assez spongieux pour que de robustes cyp?rac?es s'y d?veloppent et couvrent de grands espaces, o? niche et multiplie un tr?s-petit r?le d'eau. Tant que nous rest?mes sur ces hauteurs nous n'e?mes d'autre nourriture que la chair de tortue. Le plastron r?ti avec ce qu'il contient est un mets savoureux, et les jeunes tortues font d'excellente soupe; mais la viande en elle-m?me me semble m?diocre.

Pendant la plus grande partie de notre s?jour le ciel fut sans nuages. Si le vent cessai une heure de souffler, la chaleur devenait intol?rable; deux jours de suite le thermom?tre s'?leva sous la lente ? 93?, mais en plein air, expos? au vent et au soleil, il ne d?passait pas 85?. Enfoui dans du sable de couleur brune il monta imm?diatement ? 137?, et je ne sais o? il se f?t arr?t?, l'?chelle n'allant pas au del? de ce chiffre. Le sable noir ?tait encore plus chaud, et nous br?lait ? travers l'?paisseur de nos bottes.

L'histoire naturelle de ces ?les est ?minemment curieuse. La plupart de leurs productions organiques sont des cr?ations aborig?nes et ne se rencontrent nulle autre part.

Parmi les races mammif?res terrestres, une souris peut ?tre consid?r?e comme indig?ne. Autant que j'ai pu m'en assurer, elle est particuli?re ? l'?le Chatam, la plus orientale du groupe, et se rattache ? une division de la famille des souris caract?ristique de l'Am?rique. ? l'?le James se trouve un rat assez distinct de l'esp?ce commune pour que M. Waterhouse ait cru devoir le classer ? part; mais comme il appartient ? une des divisions de la famille des rongeurs de l'ancien monde et que depuis cent cinquante ans cette ?le est fr?quent?e par des vaisseaux, je penche ? croire que, primitivement import?s, les a?eux de ce rat ont fait souche d'une vari?t?, r?sultat du changement de climat, de nourriture et de sol. Il se peut aussi que la souris de Chatam soit une modification de l'esp?ce am?ricaine: car j'ai vu, dans une des parties les moins fr?quent?es des Pampas, une souris native habiter le toit d'une hutte nouvellement b?tie; sa transportation ? bord d'un navire n'est donc pas chose improbable.

Je n'ai pu r?unir que onze esp?ces d'?chassiers et d'oiseaux aquatiques, dont trois seulement sont aborig?nes, y compris un r?le qui ne quitte pas les humides sommets des ?les, et une mouette, que j'ai ?t? surpris de trouver particuli?re ? cet archipel, vu les habitudes errantes de cet oiseau. La proportion minime de trois esp?ces nouvelles de palmip?des et d'?chassiers sur onze, compar?es aux vingt-cinq esp?ces nouvelles sur vingt-six habitant l'int?rieur des terres, s'explique par le grand parcours des oiseaux aquatiques dans toutes les parties du globe. La m?me loi s'?tend aux coquillages de mer et d'eau douce, et ? un moindre degr? aux insectes de cet archipel. La plupart des oiseaux de terre ou de rivages, import?s et aborig?nes, se distinguent de leurs cong?n?res par leur petitesse et la teinte fonc?e de leur plumage. Sauf un roitelet ? gorge d'un beau jaune et un tyran-gobe-mouche ? huppe et poitrine ?carlates, aucun ne se pare des brillantes couleurs qui semblent l'apanage des r?gions ?quatoriales. Oiseaux, plantes, insectes, ont l'aspect gr?le, terne, mis?rable, et le caract?re du d?sert, comme dans le sud de la Patagonie. On peut en conclure que le haut coloris des productions des tropiques ne tient ni ? la chaleur, ni ? la lumi?re de ces zones, mais ? quelque autre cause, peut-?tre ? des conditions d'existence plus favorables ? la vie.

On peut conclure de ces faits et de beaucoup d'autres analogues, que la terreur de l'homme chez les oiseaux est un instinct particulier, qui ne s'acquiert qu'au bout d'un certain temps, m?me quand il y a pers?cution, et qui se transmet par l'h?r?dit?, ? travers des g?n?rations successives. Ainsi en Angleterre o?, comparativement, tr?s-peu de jeunes oiseaux sont pourchass?s, les petits, m?me au sortir du nid, ont peur de l'homme. Au contraire, quoique rudement poursuivis et massacr?s par lui aux ?les Falkland et dans l'archipel Galapagos, ils n'ont pas encore appris cette terreur salutaire. Quels d?g?ts ne doit donc pas faire dans un pays l'introduction de toute nouvelle b?te de proie, avant que les instincts des animaux indig?nes se soient adapt?s ? la ruse ou ? la force du nouveau venu.

Traduit par Mlle A. DE MONTGOLFIER.

VOYAGES D'UN NATURALISTE,

L'ARCHIPEL GALAPAGOS.

Tortues de terre; leurs habitudes; l?zard aquatique se nourrissant de plantes marines; l?zard terrestre herbivore, se creusant un terrier -- Importance des reptiles dans cet archipel o? ils remplacent les mammif?res. -- Diff?rences entre les esp?ces qui habitent les diverses ?les. -- Aspect g?n?ral am?ricain.

Les sources, que poss?dent seules les plus grandes-?les de l'archipel Galapagos, sont toujours situ?es au centre et ? une hauteur consid?rable. Les tortues des basses terres, sont donc oblig?es de faire de longs voyages pour se d?salt?rer. De l?, ces sentiers larges et bien battus qui divergent en tous sens des sources vers les bords de la mer. Ce fut en les suivant que les Espagnols d?couvrirent pour la premi?re fois les fontaines. Lorsque je d?barquai ? l'?le Chatam, je ne pouvais imaginer quel ?tait l'animal qui voyageait si m?thodiquement le long de ces chemins choisis et nettement trac?s. C'est un curieux spectacle de voir aux abords des sources plusieurs de ces ?normes reptiles, une compagnie montant ? la file, empress?e, le cou tendu, et une autre s'en retournant apr?s avoir bu son so?l. D?s qu'elle arrive ? l'eau, la tortue, sans s'inqui?ter des regardants, y plonge sa t?te jusque par-dessus les yeux, et avale goul?ment de grandes gorg?es; dix environ ? la minute. Les habitants assurent qu'elle passe trois ou quatre jours dans le voisinage, avant de redescendre vers les basses r?gions: mais ils diff?rent sur la fr?quence de ces visites, que r?gle probablement le genre de nourriture de l'animal. Il est cependant certain que les tortues peuvent exister m?me sur les ?les o? l'on ne trouve d'autre eau que celle qui tombe du ciel pendant le peu de jours pluvieux de l'ann?e.

Je crois qu'il est av?r? que la vessie de la grenouille agit comme r?servoir et entretient l'humidit? n?cessaire ? la vie de l'individu: il en est de m?me de la tortue. Quelque temps apr?s sa visite aux sources la vessie est dilat?e par la pr?sence du fluide qui d?cro?t, dit-on, graduellement et devient de moins en moins pur. Quand les colons, parcourant les basses terres, sont surpris par la soif, ils tirent parti de cette circonstance, et boivent le contenu de la vessie. Dans une tortue que je vis tuer, cette eau ?tait tout ? fait limpide, et n'avait qu'une tr?s-l?g?re amertume; n?anmoins, celle que renferme le p?ricarde passe pour la meilleure, et se boit la premi?re.

Les tortues, qui se dirigent vers un point fixe, cheminent de jour et de nuit, et arrivent beaucoup plus t?t au but qu'on ne le supposerait. En marquant d'avance quelques individus, les habitants ont constat? qu'elles font ? peu pr?s huit milles en deux ou trois jours. J'en vis une que j'observais, faire cinquante-cinq m?tres en dix minutes, ce qui suppose environ trois cents m?tres ? l'heure, ou six ? sept kilom?tres par jour, en lui accordant un peu de temps pour manger en route. Dans la saison o? les m?les et les femelles se rassemblent, le m?le pousse un mugissement rauque qui s'entend d'assez loin, et annonce aux chasseurs qu'il peut les prendre par paire. En octobre, lors de mon passage, c'?tait l'?poque de la ponte. Sur un sol sablonneux, la femelle d?pose ses oeufs ensemble et les recouvre de sable, mais sur un terrain de roc, elle les laisse tomber indiff?remment dans le premier trou venu; mon compagnon en trouva sept dans une fissure. Ils sont blancs, sph?riques, plus gros que les oeufs de poule. Les petits, ? peine ?clos, sont d?vor?s en grand nombre par les busards. Les vieilles tortues meurent en g?n?ral d'accident, souvent par suite de chutes dans des pr?cipices, du moins plusieurs habitants des ?les me dirent n'en avoir jamais trouv? de mortes sans quelque cause ?vidente. Ils croient que ces animaux sont compl?tement priv?s du sens de l'ou?e. Il est certain qu'ils n'entendent pas marcher derri?re eux, m?me tr?s-pr?s. C'?tait toujours pour moi un sujet d'amusement, quand je surprenais une grosse tortue, cheminant pas ? pas, de voir avec quelle promptitude, aussit?t que je la d?passais, elle rentrait sa t?te et ses pattes, poussait un long sifflement, et s'affaissait ? terre avec un bruit sourd. Il m'est souvent arriv? de monter sur leur dos; je frappais quelques coups sur l'arri?re partie de la carapace, elles se relevaient et marchaient, mais il m'?tait tr?s-difficile de me maintenir en ?quilibre. La chair, tant fra?che que sal?e, est d'une grande ressource; on tire de la graisse une huile parfaitement claire. Quand un des habitants attrape une tortue, il pratique une incision dans la peau pr?s de la queue, pour voir s'il y a une certaine ?paisseur de graisse sous la plaque dorsale; si l'animal ne se trouve pas gras ? point, on le rel?che, et il gu?rit de cette ?trange et cruelle op?ration. Il ne suffit pas pour s'assurer des chersites ou tortues de terre, de les retourner sur le dos, comme on fait des thalassites, ou tortues marines. Les chersites parviennent souvent ? se remettre sur leurs pattes.

L'amblyrhinchus, genre de l?zard remarquable, ne s'?tend pas au del? de cet archipel. Il y en a deux esp?ces, l'une terrestre, l'autre aquatique. Cette derni?re a ?t? d?crite par M. Bell, qui, d'apr?s sa courte et large t?te, ses fortes pattes d'?gale longueur, jugea que ses habitudes devaient ?tre particuli?res, et diff?rentes de celles de son plus proche alli?, l'iguane. Il est tr?s-commun dans toutes les ?les du groupe, et vit exclusivement sur les plages rocailleuses de la mer. On n'en trouve jamais au del? de huit ou neuf m?tres du rivage. C'est une cr?ature stupide, lente ? se mouvoir, d'un aspect hideux, d'un noir sale. Il a habituellement un m?tre de long, quelquefois un peu plus, et p?se de quinze ? vingt livres. Ceux de l'?le d'Albemarle sont les plus gros. La queue est aplatie de c?t?, et les doigts des quatre pattes sont en partie palm?s. On les voit nager ? quelques centaines de m?tres de la c?te. Le capitaine Collnett dit dans son voyage: <> Ils ne vivent cependant pas de poisson. Ce l?zard nage avec beaucoup de rapidit? et d'aisance. Il imprime ? son corps et ? sa queue un mouvement ondulatoire, tandis que ses pattes restent immobiles et se collent ? ses c?t?s. Un des hommes du bord en prit un, et le rejeta ? la mer apr?s l'avoir attach? ? une lourde sonde: il croyait l'avoir infailliblement tu?. Au bout d'une heure, il tira la corde, et l'animal revint ? la surface, aussi alerte et aussi vivace qu'auparavant. Les membres et les pattes sont admirablement conform?s pour ramper sur les masses de lave raboteuses et d?chir?es, qui partout forment la plage. On voit souvent un groupe de six ou sept de ces hideux reptiles, ?tal?s sur les roches noires, ? quelques pieds au-dessus du ressac, se chauffant au soleil, les pattes ?tendues.

J'ai ouvert l'estomac de plusieurs et l'ai trouv? tr?s-dilat? par les d?bris d'une herbe marine , qui s'?panouit en minces feuillets d'un vert brillant ou d'un rouge sombre. Je ne me rappelle pas avoir jamais remarqu? cette algue en nombre sur les roches ? hauteur des mar?es, et j'ai tout lieu de penser qu'elle cro?t au fond de la mer, ? quelque distance des c?tes. C'est l? sans doute le but des excursions maritimes de ces l?zards aquatiques. L'estomac ne contenait absolument que des algues. M. Bynoe, cependant, y a trouv? une fois un fragment de crabe, mais qui pouvait s'y rencontrer par hasard, de m?me que j'ai vu une chenille au milieu de feuilles de lichen dans la panse d'une tortue. Les intestins de l'amblyrhinchus sont comme ceux des autres herbivores, larges et d?velopp?s. Son genre de nourriture, la conformation de sa queue et de ses pattes, le fait notoire de l'avoir vu nager volontairement dans la mer, prouvent jusqu'? l'?vidence ses habitudes aquatiques; cependant il existe sous ce rapport une ?trange anomalie: si cet animal est effray?, rien ne peut le d?cider ? entrer dans l'eau. Pourchass? et traqu? jusqu'? un petit promontoire, il se laissera plut?t saisir par la queue que de sauter ? la mer. Il ne para?t pas dispos? ? mordre, mais, ?mu de frayeur, il lance par chacune de ses narines une goutte de fluide. J'en ai jet? un ? plusieurs reprises dans une des grandes flaques d'eau que laisse la mar?e en se retirant, il revenait invariablement droit au point o? j'?tais. Il nageait pr?s du fond avec un mouvement rapide et gracieux; parfois il s'aidait de ses pattes sur le sol in?gal. Arriv? pr?s du bord, et encore sous l'eau, il tentait de se cacher sous des touffes d'herbe marine, ou dans quelques crevasses. Jugeait-il le danger pass?, il regagnait la terre s?che, et s'y tra?nait hors de vue le plus vite qu'il pouvait. J'attrapai plusieurs fois le m?me l?zard, en l'acculant ? l'extr?mit? d'une roche surplombant la mer, et le rejetai aussi souvent ? l'eau, d'o? il est toujours sorti de la m?me fa?on. L'explication de cette apparente stupidit? est peut-?tre que ce reptile ne se conna?t point d'ennemis ? terre, tandis qu'en mer il doit souvent devenir la proie des nombreux requins. Un instinct fixe et h?r?ditaire lui fait sans doute regagner le rivage comme son plus s?r refuge.

Pendant notre visite dans ces ?les, je vis tr?s-peu de jeunes individus de cette esp?ce, et aucun qui e?t moins d'un an. Je questionnai les habitants sur le lieu o? le l?zard aquatique d?pose ses oeufs; ils l'ignoraient, quoiqu'ils connussent tr?s-bien les oeufs du l?zard terrestre.

Ce dernier a la queue ronde et ses pattes ne sont pas palm?es. Au lieu d'?tre, comme l'autre, commun ? toutes les ?les, il n'habite que la partie centrale de l'archipel, les ?les Albemarle, James, Barrington et les Infatigables; je ne le vis ni n'en entendis parler dans les ?les situ?es au sud et au nord. Quelques-uns habitent les hauteurs, mais ils sont en majorit? dans les terres basses et st?riles qui avoisinent la c?te. Leur nombre est tel que dans l'?le James, o? nous pass?mes quelques jours, nous e?mes de la peine ? trouver, pour y dresser notre tente, un endroit qui ne f?t pas min? par leurs terriers. Comme leurs confr?res marins, ils sont fort laids, d'un jaune orang? en dessous, et en dessus d'un rouge brun. L'abaissement de l'angle facial leur donne l'air singuli?rement stupide. Un peu plus petits que l'esp?ce marine, ils p?sent de six ? quinze livres. Ils sont lents et ? demi torpides. Quand on ne les effraye pas, ils rampent sur le ventre et la queue, s'arr?tent souvent, et sommeillent pendant une ou deux minutes, les yeux clos, les pattes de derri?re ?tendues sur le sol. Ils creusent quelquefois leurs terriers entre des fragments de lave, mais de pr?f?rence sur les plateaux unis du tuf friable et gr?seux. Les trous ne paraissent pas tr?s-profonds, et p?n?trent sous terre ? angle court, de sorte qu'en marchant sur ces garennes de l?zards, on enfonce ? chaque pas dans le terrain qui c?de, au grand ennui du marcheur fatigu?. Pour faire son terrier, l'amblyrhinchus met en jeu alternativement un seul c?t? de son corps: une patte de devant gratte le sol et pousse les d?bris ? la patte de derri?re, qui est plac?e de mani?re ? les rejeter hors du trou; quand un c?t? est las, l'autre reprend la t?che et ainsi de suite. J'en observai un ? l'oeuvre jusqu'? ce que la moiti? de son corps f?t enfouie; je m'avan?ai alors et le tirai par la queue, ce qui parut fort l'?tonner. Il se d?gagea aussit?t, et me regarda en face d'un air inquisiteur, comme s'il m'e?t dit: <>

Ils mangent de jour et ne s'?cartent gu?re de leurs terriers, o?, en cas d'alarme, ils se r?fugient avec l'allure la plus gauche. La position lat?rale de leurs pattes ne leur permet de marcher vite que dans les descentes; ils ne sont pas du tout craintifs. Quand ils observent attentivement quelqu'un, ils agitent leurs queues, se dressent sur leurs pattes de devant, et impriment ? leur t?te un mouvement rapide et vertical, pour se donner l'air formidable; mais en r?alit? ils ne le sont pas le moins du monde. S'avise-t-on de frapper du pied, leur queue s'abaisse, et ils regagnent leurs trous en toute h?te. J'ai souvent vu les petits l?zards, qui se nourrissent de mouches remuer la t?te de la m?me fa?on, quand leur attention ?tait captiv?e; mais j'ignore dans quel but. Si on tient un amblyrhinchus et qu'on l'agace avec un b?ton, il y enfonce ses dents tr?s-avant. J'en ai cependant attrap? plusieurs par la queue, sans qu'ils aient jamais fait mine de me mordre. Si l'on en place deux ? terre et qu'on les maintienne en pr?sence, ils s'attaquent et se mordent jusqu'au sang.

Ceux qui habitent les basses terres, et c'est le grand nombre, ont ? peine une goutte d'eau ? boire en un an, mais ils consomment beaucoup du savoureux cactus dont les branches sont souvent bris?es et dispers?es par le vent. Je me suis maintes fois amus? ? en jeter un morceau au milieu de deux ou trois de ces l?zards assembl?s; il fallait alors les voir se le disputer et en emporter chacun un fragment, comme des chiens affam?s se disputent un os. Les petits oiseaux les connaissent pour tr?s-inoffensifs. J'ai vu un pinson gros bec becqueter le bout d'une tige de cactus, qui est une friandise fort recherch?e de tous les animaux des basses r?gions, tandis qu'un amblyrhinchus mangeait l'autre bout; ensuite le petit oiseau sauta, avec la plus compl?te insouciance, sur le dos du reptile.

J'ai aussi examin? l'estomac de plusieurs individus de l'esp?ce terrestre; je l'ai trouv? plein de fibres v?g?tales et des feuilles de diff?rents arbres, principalement de l'acacia. Sur les hauteurs ils se nourrissent des baies acides et astringentes du guayavita, et j'ai vu sous ces arbustes d'?normes tortues et des l?zards prendre leurs repas en bonne harmonie. Pour arriver aux feuilles d'acacia, l'amblyrhinchus grimpe le long des troncs bas et rabougris; souvent ils broutent par couple sur la m?me branche ? plusieurs pieds de terre. Leur chair cuite est blanche et assez go?t?e des estomacs sans pr?jug?s. Humboldt remarque que, sous les tropiques, dans l'Am?rique du Sud, tous les l?zards qui habitent les terrains secs passent pour un mets d?licat. Au dire des habitants des ?les Galapagos, ceux qui vivent sur les hauteurs boivent de l'eau, mais les autres ne quittent pas leurs terriers bas et st?riles pour monter, comme les tortues, jusqu'aux sources. Lors de notre passage, les femelles avaient dans le corps de nombreux oeufs gros et de forme oblongue qu'elles d?posent dans leurs terriers, et qu'on recherche comme nourriture.

Ces deux esp?ces d'amblyrhinchus ont des rapports g?n?raux de structure et d'habitude. Toutes deux sont herbivores, quoique se nourrissant de v?g?taux tr?s-diff?rents. Leur nom leur a ?t? donn? par M. Bell ? cause de leur court museau. Par le fait, leur bouche se rapproche de celle de la tortue. Il est curieux de rencontrer une race si bien caract?ris?e, se divisant en esp?ces terrestre et marine, et confin?e dans un si petit coin du globe. L'esp?ce aquatique est de beaucoup la plus remarquable, parce que c'est le seul l?zard existant qui se nourrisse des productions v?g?tales de la mer. Si l'on consid?re les milliers de sentiers fray?s par les grosses tortues de terre, le grand nombre de tortues de mer, les innombrables terriers creus?s par l'amblyrhinchus terrestre, les groupes de l'esp?ce marine qui couvrent les c?tes rocheuses des ?les, on admettra que dans nulle autre partie du monde l'ordre des reptiles ne remplace d'une fa?on aussi providentielle les mammif?res herbivores. Ces faits repartent en esprit le g?ologue aux ?poques secondaires o? des l?zards, ?galant en grosseur nos baleines, fourmillaient dans la mer et sur la terre. Il est ? observer, en poursuivant le m?me ordre d'id?es, qu'au lieu de poss?der une v?g?tation vigoureuse et humide, cet archipel est extr?mement aride et remarquablement temp?r? pour une r?gion ?quatoriale.

Les quinze esp?ces de poissons de mer que j'ai pu me procurer sont des genres nouveaux. J'ai recueilli seize esp?ces de coquillages terrestres , toutes, ? l'exception d'un h?lice qu'on trouve ? Tahiti; sont particuli?res ? cet archipel. Un naturaliste qui m'avait pr?c?d?, M. Cuming, a rassembl? quatre-vingt-dix coquillages de mer, sur lesquels quarante-sept sont inconnus partout ailleurs: fait merveilleux, quand on r?fl?chit ? la vaste distribution de ces coquillages sur toutes les c?tes.

J'ai pris beaucoup de peine pour r?unir des sp?cimens d'insectes. Sauf la Terre de Feu, je n'ai jamais visit? pays si pauvre sous ce rapport; m?me dans les r?gions humides, j'en ai trouv? fort peu, quelques diminutifs de dipt?res et d'hym?nopt?res et vingt-cinq esp?ces de col?opt?res, dont plusieurs vari?t?s nouvelles.

Plus heureux pour la botanique, j'ai rapport? cent quatre-vingt-treize plantes, tant cryptogames que phan?rogames; cent de ces derni?res sont des esp?ces nouvelles.

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