bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: Création et rédemption deuxième partie: La fille du marquis by Dumas Alexandre

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 4526 lines and 124388 words, and 91 pages

Le toast du sergent fut accueilli par des bravos unanimes, et Jacques M?rey profita de l'enthousiasme qu'il avait excit?, il fit signe qu'il voulait parler encore.

Tout le monde se tut.

--Apr?s le toast que j'ai port?, dit-il, apr?s la fa?on dont il a ?t? accueilli, je ne puis maintenant en proposer qu'un seul:

<>

On a d? remarquer une chose, c'est qu'en temps de r?volution, il n'y a si petit rassemblement d'hommes arm?s ou m?me d?sarm?s, qui n'ait son tambour.

En quittant Ch?lons, le sergent L?on Milcent eut encore la joie de faire un dernier signe d'adieu et de remerciement ? un homme qui se tenait seul ? la fen?tre d'une petite maison isol?e.

C'?tait son h?te de la rue des Marais.

Comme la journ?e ?tait d?j? avanc?e, on ne fit que cinq lieues ce jour-l?, et l'on s'arr?ta ? Somme-Vesle, c'est-?-dire ? la premi?re station apr?s Ch?lons.

L? le sergent Milcent re?ut les f?licitations bien sinc?res de tous ses hommes sur le toast qu'il avait port? au d?jeuner. En g?n?ral les volontaires n'?taient ni des fanatiques ni des ?nergum?nes: c'?taient de vrais patriotes, qui prouvaient leur patriotisme autrement que par de vaines d?clamations.

L?on Milcent leur avait ?t? pr?sent?, nous l'avons dit, comme ayant d?j? fait la campagne de 92. Aussi les soldats qui allaient pour la premi?re fois rejoindre leur drapeau le pri?rent de s'arr?ter ? l'endroit d'o? l'on pourrait le mieux d?couvrir le champ de bataille de Valmy.

Le faux sergent le leur promit, et la chose lui ?tait facile.

La campagne commen?a en r?alit? ? Pont-Somme-Vesle, car, le village se composant de deux ou trois maisons seulement, il fallut organiser un bivac.

Heureusement les gardes nationaux avaient bourr? les sacs des volontaires de toutes sortes de provisions. Les uns tir?rent un poulet, les autres un p?t?; celui-ci une bouteille de vin, celui-l? un saucisson, de sorte que le d?ner se ressentit de la prodigalit? du d?jeuner.

Quant ? la nuit le temps ?tait doux; on la passa ? la belle ?toile, sous les arbres magnifiques qui sont ? la gauche de la route en allant ? Sainte-Menehould.

Les volontaires qui ?taient du pays racont?rent aux autres comment c'?tait l?, c'est-?-dire ? Pont-Somme-Vesle, que le roi, lors de sa fuite, avait eu sa premi?re d?ception, c'est-?-dire n'avait point trouv? les hussards qui devaient l'attendre et qui avaient ?t? dispers?s par les paysans.

Dans la soir?e, un postillon de Sainte-Menehould passa ramenant des chevaux de la poste de Drouet.

Jacques M?rey l'arr?ta, lui donna un assignat de cinq francs ? la condition qu'il dirait en passant au ma?tre de l'auberge de la Lune, d'envoyer sur la route au devant des volontaires, un ?ne charg? de pain, de vin et de tout ce qu'il aurait de viande r?tie.

L'aubergiste ?tait invit? en m?me temps ? pr?parer, pour quatre heures, un d?ner de vingt personnes.

Le postillon partit en promettant de s'acquitter de la commission.

Le lendemain, ? six heures, le tambour r?veilla les dormeurs. On se secoua, on but le reste de l'eau-de-vie que contenaient les bidons, et l'on se mit en route avec une certaine inqui?tude.

Il y avait six lieues de Pont-Somme-Vesle ? Sainte-Menehould, et nul n'avait connaissance des mesures prises.

La premi?re heure de marche s'?coula assez gaiement, mais la fin de la seconde voyait la moiti? de nos volontaires lutter contre un d?couragement croissant, lorsque le sergent L?on Milcent aper?ut ? la hauteur de la source de l'Aisne un ?ne conduit par un petit paysan.

--Mes amis, dit-il, si j'?tais Mo?se, que vous fussiez des H?breux au lieu d'?tre des Fran?ais, et que je vous conduisisse ? la terre promise au lieu de vous conduire ? l'ennemi, je croirais avoir besoin d'un miracle pour soutenir votre courage, et je vous dirais que J?hovah nous envoie cet ?ne et ce paysan. Mais j'aime mieux vous dire tout simplement que c'est le ma?tre de l'h?tel de la Lune qui nous l'envoie et qu'il porte notre d?jeuner. En cons?quence, comme la place me para?t propice, je me permettrai de vous crier halte! et de vous inviter ? mettre les fusils en faisceaux.

Jamais harangue, si ?loquente qu'elle f?t, ne fut re?ue par de semblables acclamations, et jamais conducteur de tribu, f?t-il proph?te, n'eut une ovation comparable ? celle du faux sergent.

D'abord les volontaires n'y voulaient pas croire; mais le petit paysan, s'arr?tant et arr?tant son ?ne:

--C'est t'y pas vous, dit-il, qui avez command? qu'on vous apporte sur la route un d?jeuner et qu'on vous pr?pare l?-bas ? l'auberge un d?ner de vingt personnes.

--Ah! le malheureux, s'?cria L?on Milcent, il me fait manquer mon effet!

Puis, se tournant vers les volontaires:

--Mes amis, leur dit-il, vous avez bien voulu me reconna?tre pour votre chef; or c'est au chef de se pr?occuper de la nourriture de ses soldats.

--Ah ?a! c'est bien ici, n'est-ce pas? r?p?ta le paysan.

--Eh! oui, idiot.

--Mais, mon sergent, dit un homme de la troupe apr?s s'?tre consult? avec deux ou trois de ses camarades, il en est quelques-uns de nous qui n'ont point d'argent et qui comptaient sur l'argent du gouvernement pour nous d?frayer en route; nous aimons mieux vous dire cela tout de suite, sergent, que de vous voir nous traiter en grands seigneurs, quand nous ne sommes que de pauvres diables.

--Que cela ne vous inqui?te pas, mes chers camarades, dit Jacques M?rey qui reprenait sa gaiet? au fur ? mesure qu'il se rapprochait du moment o? il allait revoir ?va;--de m?me que je suis charg? de la nourriture de ma troupe, je suis charg? de sa paye. Quand vous serez arriv? ? destination, vous recevrez votre arri?r? et nous r?glerons tout cela. En attendant, ? table!

La table fut un beau tapis vert o? chacun se coucha pour manger ? la mani?re romaine.

Pris ? l'improviste, il n'y avait point de profusion dans ce qu'envoyait l'aubergiste de la Lune, mais il y avait assez.

Le d?jeuner fut d'autant plus gai qu'il ?tait plus inattendu; chacun y puisa des forces pour continuer son chemin. Un boiteux qui s'?tait donn? une entorse le matin, prit l'?ne et tout alla ? merveille.

Le gamin seul se pr?tendait l?s?, attendu, disait-il, que c'?tait ? lui que l'?ne devait appartenir; mais un verre de vin et un assignat de dix sous lui rendirent sa belle humeur.

On arriva ? quatre heures ? l'auberge de la Lune, et l'on trouva la table pr?te. Selon la recommandation de Jacques M?rey, on l'avait dress?e ? l'extr?mit? du petit jardin de l'auberge qui dominait toute la plaine de Valmy.

Jacques M?rey et ses volontaires ?taient juste post?s ? la place o?, le jour de la bataille, ?taient plac?s le roi de Prusse, Brunswick et l'?tat-major.

La plaine ?tait couverte de moissons.

Des ondulations indiquaient les endroits o? les Prussiens morts ?taient couch?s dans de grandes fosses.

Partout o? ces ondulations se manifestaient, une v?g?tation plus vive attestait la pr?sence de cet engrais animal qu'on appelle l'homme, et qui a seul l'honneur de pouvoir faire concurrence au guano.

Gr?ce ? ces jalons, la d?monstration devenait facile pour Jacques M?rey.

? un kilom?tre ? peu pr?s, au fond d'une petite vall?e ayant quelque ressemblance avec celle de Waterloo, les ondulations s'arr?taient.

Les Prussiens n'avaient pas m?me atteint le pied de la colline de Valmy.

Sur cette colline ?taient Kellermann, ses seize mille hommes et sa batterie de canons.

Derri?re lui, sur le mont Ivron, les six mille hommes qu'y avait fait filer Dumouriez pour emp?cher son coll?gue d'?tre tourn?.

? sa gauche, le moulin ? vent, derri?re lequel un obus mit le feu ? quelques caissons, ce qui jeta un instant de trouble dans les rangs fran?ais.

--Et vous, demand?rent les volontaires, o? ?tiez-vous?

Le faux sergent poussa un soupir et montra de la main l'espace compris entre Sainte-Menehould et Braux-Sainte-Cubi?re.

--Alors, dit un des volontaires, tu ?tais avec Dumouriez?

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

 

Back to top