Read Ebook: L'art de payer ses dettes et de satisfaire ses créanciers sans débourser un sou by Saint Hilaire Emile Marco De
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Ebook has 247 lines and 24667 words, and 5 pages
L'ART
PAYER SES DETTES
DE SATISFAIRE SES CR?ANCIERS,
SANS D?BOURSER UN SOU.
IMPRIMERIE DE H. BALZAC, RUE DES MARAIS S.-G., N 17.
L'ART
PAYER SES DETTES
DE SATISFAIRE SES CR?ANCIERS,
SANS D?BOURSER UN SOU;
ENSEIGN?
Manuel du Droit Commercial,
A L'USAGE DES GENS RUIN?S, DES SOLLICITEURS, DES SURNUM?RAIRES, DES EMPLOY?S R?FORM?S ET DE TOUS LES CONSOMMATEURS SANS ARGENT.
PAR FEU MON ONCLE,
Professeur ?m?rite.
PR?C?D? D'UNE NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR L'AUTEUR ET ORN? DE SON PORTRAIT.
LE TOUT PUBLI?
PAR SON NEVEU,
AUTEUR DE L'ART DE METTRE SA CRAVATE.
A Paris,
A LA LIBRAIRIE UNIVERSELLE,
RUE VIVIENNE, N. 2 BIS, AU COIN DU PASSAGE COLBERT.
AVANT-PROPOS
De l'?diteur.
D?j? d'inqui?tes clameurs s'?chappent des comptoirs de tous les n?gocians, fabricans, marchands et d?bitans; car il y en a quelques-uns qui ne voient pas plus loin que leur patente, et quelques autres dont la philosophie n'a gu?re plus de longueur que le parquet de leur ?tablissement.
A la seule annonce de ce livre la peur va gagner le propri?taire, le restaurateur, le limonadier, le tailleur, la ling?re, le bottier, le chapelier, le bonnetier, le marchand de vin, le boulanger, le boucher, l'?picier, etc., etc., et jusqu'au libraire m?me; tous les petits m?moires qui dormaient d'un profond sommeil vont aller ?veiller en sursaut le modeste employ?, l'inutile fashionable, l'artisan laborieux et l'?go?ste rentier.
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Tandis que vous ?tes encore libres, achetez l'ouvrage de l'oncle de M. le baron de l'Emp?s?, lisez-le, m?ditez-le, raisonnez-le, apprenez-le par coeur, afin de perfectionner votre ?ducation, si d?j? elle est achev?e: la pratique est jointe ? la th?orie.
L'?diteur.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
Mon Oncle.
L'homme vraiment ?tonnant dont je vais entretenir un instant mes lecteurs, mon oncle enfin, fut un de ces individus privil?gi?s de la nature, et pour lesquels la fortune se pla?t ? op?rer des miracles.
Apr?s avoir us? pendant soixante ann?es cons?cutives de toutes les jouissances qu'il soit permis ? l'homme de d?sirer et d'user, il fit une fin digne de lui en rendant le dernier soupir chez un restaurateur fameux, qui souvent avait ?t? ? m?me d'appr?cier ses brillantes qualit?s et la puissance de son g?nie.
Absent pendant neuf mois de l'ann?e qu'il passait ? son r?giment de Royal-Cravate, o? il avait obtenu le grade de major, il ne pouvait gu?re surveiller son fils, et ?tait oblig? de s'en rapporter ? la sagesse de sa femme. Dou? de toutes les dispositions n?cessaires pour faire parler de lui un jour, le tr?sor de ma grand'maman avait aussi tous les petits d?fauts voulus pour en faire parler dans un genre oppos?.
Au mois d'ao?t 1777, mon grand-p?re ?tant ? St.-Germain, vint ? Paris avec l'intention d'emmener son fils passer une partie des vacances avec lui ? son r?giment. Il arrive au coll?ge, se faisant une f?te de le voir; il le demande........ Le visage du principal s'allonge......., sa physionomie se rembrunit....., il balbutie......, enfin mon grand-p?re apprend que depuis quinze jours son cher fils a disparu ainsi que la fille de la blanchisseuse de la lingerie, et qu'on ne sait o? ils sont all?s. Mon oncle venait d'atteindre sa seizi?me ann?e.
Mon grand-p?re se garde bien d'apprendre ? sa femme cette escapade. Il alla trouver M. de Sartines qui lui dit de revenir le soir. Pendant ce temps mon oncle fut d?nich? avec sa petite blanchisseuse dans un cabinet garni de la rue Fromenteau o? il s'?tait r?fugi?. Son p?re le ramena ? St.-Germain, sans lui faire aucun reproche; et, d?s ce moment, il fut convenu qu'?tant assez avanc? dans ses ?tudes pour pouvoir se passer du coll?ge, il les terminerait dans la maison paternelle.
Le cours d'?tudes que mon oncle entreprit ?tait assez agr?able. Tous les matins il jouait ? la paume ou au billard, allait le soir au bal, y faisait de nombreuses connaissances qu'il amenait chez sa m?re boire le meilleur vin de son p?re, crevait des chevaux, brisait les voitures de ceux qui voulaient bien lui en pr?ter, et devait ? tout le monde.
Dans la belle saison il allait ? la campagne, tirait sur les chiens et m?me quelquefois sur les gardes de chasse apr?s avoir fait des enfans ? leurs femmes, tuait tout le gibier et empruntait de l'argent ? tous les propri?taires des environs. L'hiver, il avait un duel par semaine et une prise de corps tous les mois.
Ce fut alors que mon grand-p?re r?solut de le faire voyager pour t?cher de calmer une t?te qui, disait-il, n'avait besoin que de r?fl?chir. Or, les voyages pr?tant beaucoup ? la r?flexion, mon oncle fut envoy? aux Eaux de Bagn?res qui ?taient alors le rendez-vous de tout ce qu'il y avait de plus distingu?.
L?, il devint l'ordonnateur de toutes les f?tes, l'?me de tous les plaisirs. Ceux qui y ?taient ? cette ?poque se rappelleront encore la salle de spectacle qu'il construisit en deux heures de temps ? Lourdes, o? ?tait arriv?e, depuis quelques jours, une troupe de com?diens de province dans l'intention de continuer leur route pour la Capitale, au moyen de quelques recettes qu'ils comptaient pr?lever sur les rustiques habitans, en les gratifiant de deux on trois de leurs repr?sentations.
A d?faut d'autre local pour y ?tablir son th??tre, mon oncle avait jet? son d?volu sur le vaste hangard d'un sellier qui permit qu'on en dispos?t, mais ? condition de ne point faire d?m?nager ses voitures. Il trouva le moyen de tout concilier: il fit d?monter les caisses de dessus leurs trains, les fit ranger en demi-cercle les unes ? c?t? des autres, et composa de cette mani?re un rang de loges d'un genre tout-?-fait nouveau. Un grand carrosse ? porti?res ouvertes qui avait appartenu autrefois ? l'archev?que de Toulouse formait la loge d'honneur, et deux belles diligences, aux extr?mit?s de l'orchestre, figuraient les loges d'avant-sc?ne. Un second rang de loges de la m?me esp?ce s'?levait sur leurs trains, et toutes les selles, dispos?es sur de longues perches perpendiculaires au th??tre, composaient un parterre o? les spectateurs ?taient ? califourchon. Jamais spectacle plus grotesque n'excita des ris plus immod?r?s.
Mon oncle revint l'ann?e suivante ? Saint-Germain avec un sensible changement op?r? dans toute sa personne. S'il avait gagn? d'un c?t?, il avait perdu de l'autre; car il rapporta de ce voyage un go?t prononc? pour le jeu auquel il se livra d'une mani?re telle, que mon grand-p?re ali?na sa petite fortune pour acquitter les dettes nombreuses que son fils contracta.
Ce fut ? cette ?poque que mon oncle perdit son p?re. Il mourut des suites d'une chute de cheval: ma grand'maman suivit de pr?s son mari. Mon p?re, quoique plus jeune de 10 ans que son fr?re, mais beaucoup plus sage, fut charg? par le conseil de famille d'arranger les affaires de la succession, bien qu'il ne f?t pas majeur. Mes grands parens ne laiss?rent que tr?s-peu de chose ? leurs enfans, et quoique mon oncle e?t d?j? re?u six fois la valeur de ce qui pouvait lui revenir, mon p?re n'en partagea pas moins avec lui les 12,000 fr., montant de la succession.
Il prit le parti de retourner aux Eaux, o? il esp?rait mettre en pratique les nombreuses ressources que le jeu pouvait lui offrir. Il quitta donc Paris au mois de mai 1789, et arriva ? Bagn?res, o? il se fit modestement passer pour un jeune banquier de Hambourg, bien qu'il n'e?t jamais trouv? un ?cu sur sa signature; mais personne ne paraissait s'entendre mieux que lui aux grandes sp?culations commerciales; ? l'entendre il ?tait en relation avec toutes les places de l'Europe, ayant sans cesse ? la bouche le nom des plus fameux n?gocians. C'?tait toujours sans affectation qu'il parlait des op?rations immenses qu'il avait faites aux derni?res foires de Francfort et de Leipsick, et la seule chose qu'on ne pouvait concevoir apr?s l'avoir bien ?cout?, c'?tait qu'aucun souverain de l'Europe ne lui ait encore confi? l'administration de ses finances, et qu'il v?nt perdre aux Eaux un temps qu'il aurait pu employer si utilement ? la prosp?rit? de ses concitoyens.
Une autre fois, il trouva le moyen de persuader ? un prince russe qu'il poss?dait, dans une de ses terres en Sib?rie, des carri?res de marbres dont l'exploitation devait rapporter plusieurs millions. Ils pass?rent ensemble un march? que mon oncle c?da peu de temps apr?s pour la somme de cinquante mille ?cus, ? un n?gociant de Florence, lequel se transporta en Russie, et d?pensa six cent mille francs ? fouiller une pr?tendue carri?re, dont il ne retira m?me pas de quoi faire un dessus de table de nuit.
En 1796, mon oncle revint ? Paris o? il se lan?a dans les affaires. Il obtint un emploi dans les fournitures de l'arm?e d'Italie, et en 1799, il ?tait un des munitionnaires g?n?raux de l'ann?e de Pichegru en Hollande.
Dans l'espace de huit ans, il fit, perdit, refit et mangea quatre fois sa fortune; enfin, un jour il avoua ? mon p?re qu'il ne poss?dait pas, pour le moment, un louis, tout en lui proposant d'en parier mille, qu'il reviendrait de Spa, o? il comptait aller passer la saison des Eaux, avec cinquante mille francs dans son portefeuille; mon p?re aurait perdu son pari, et mon oncle l'aurait gagn?.
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