Read Ebook: Le roman d'un jeune homme pauvre (Play) by Feuillet Octave
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Ebook has 1782 lines and 22476 words, and 36 pages
LAUBEPIN, qui l'observe, se levant.
Maintenant, monsieur le marquis, je dois vous dire que Madame votre m?re, en pr?vision de ce qui arrive, avait daign? me remettre en d?p?t quelques bijoux et joyaux d'une valeur de 50,000 francs environ.
Ah!
LAUBEPIN.
Pour emp?cher que cette faible somme, votre unique fortune d?sormais, ne tombe aux mains des cr?anciers, nous pouvons user d'un subterfuge l?gal que je vais avoir l'honneur de vous soumettre.
Comment? mais c'est tout ? fait inutile. Je suis trop heureux de pouvoir, ? l'aide de cette somme, d?gager enti?rement l'honneur de mon p?re.
LAUBEPIN, qui ne cesse d'observer Maxime avec une attention marqu?e.
Ah! -- soit, monsieur le marquis; mais comme en ce cas vous restez absolument sans ressources, puis-je vous demander, ? titre confidentiel et respectueux, si vous avez avis? ? quelque moyen d'assurer votre existence et celle de votre soeur et pupille?
Mon Dieu! Monsieur, tous mes projets sont boulevers?s, je vous l'avoue. Je ne m'attendais pas ? ce complet d?n?ment. Si j'?tais seul au monde, je me ferais soldat; mais j'ai ma soeur. Je ne puis souffrir le pens?e de la voir condamn?e au travail, aux privations, aux dangers de la pauvret?. Elle est heureuse dans sa pension; elle est assez jeune pour y demeurer quelques ann?es encore. Si je pouvais trouver quelque occupation qui me perm?t, en me r?duisant moi-m?me ? l'existence la plus ?troite, de payer la pension de ma soeur, et de lui amasser une dot, je serais heureux!...
LAUBEPIN.
Ah! -- dans notre cadre social, monsieur le marquis, une occupation assez lucrative pour r?pondre ? vos honorables attentions, ne se trouve gu?re du jour au lendemain... Heureusement j'ai ? vous communiquer quelques propositions qui, sans aucun effort de votre part, sont de nature ? modifier votre situation. En premier lieu, je serai pr?s de vous l'interpr?te d'un sp?culateur riche et influent; cet individu a con?u l'id?e d'une entreprise consid?rable qui doit r?ussir surtout par le concours de la classe aristocratique de ce pays. Il pense qu'un nom comme le v?tre, monsieur le marquis, figurant en t?te de son prospectus, aiderait puissamment ? lancer l'entreprise.
Oui, vraiment?
LAUBEPIN.
Il vous offre, en retour d'une facile complaisance, d'abord une forte prime, ensuite...
En voil? assez, monsieur Laub?pin; en voil? trop1 !
LAUBEPIN, haussant la voix.
Si la proposition ne vous pla?t pas, monsieur le marquis, elle ne me pla?t pas plus qu'? vous. Mais j'ai cru devoir vous la soumettre. En voici une autre qui, j'esp?re, vous sourira davantage: j'ai parmi mes anciens clients un honorable commer?ant qui s'est retir? des affaires avec une fortune assez ronde: sa fille, monsieur le marquis, fille unique et cons?quemment ador?e, a ?t? par hasard inform?e de votre situation, et je sais, je suis certain qu'elle serait pr?te et dispos?e ? recevoir de votre main le titre de marquise de Champcey. Le p?re consent, et je n'attends qu'un mot de vous pour vous dire le nom et la demeure de cette famille int?ressante.
Mon nom n'est pas plus ? vendre qu'? louer. D'ailleurs, dans l'?tat de ma fortune, mon titre est d?risoire, et comme il para?t devoir en outre m'exposer ? toutes les entreprises de l'intrigue, je suis d?termin? ? le quitter; le nom originaire de ma famille est Odiot: c'est le seul que je porterai d?sormais.
LAUBEPIN.
Ah! Savez-vous que vous serez difficile ? caser, tr?s-difficile ? caser, jeune homme, avec ces id?es-l?? C'est ?tonnant, Monsieur, comme je suis frapp? depuis un moment de votre ressemblance avec madame votre m?re.
Avec ma m?re? Je ne pensais pas... On m'a toujours dit que j'?tais le portrait vivant de mon a?eul paternel... Jacques de Champcey.
LAUBEPIN.
Oh!... cependant... les yeux et le sourire... Mais c'est assez abuser de vos instants. Monsieur le marquis... je vous laisse.
LES MEMES, VAUBERGER.
VAUBERGER.
Voil? les papiers, Monsieur.
LAUBEPIN.
Ah! c'est votre dossier que j'ai envoy? prendre; il y a encore deux ou trois pi?ces importantes qui sont d?pos?es chez le notaire, chez mon successeur. C'est ? deux pas d'ici. Si vous voulez venir les prendre, vous donneriez en m?me temps quelques signatures indispensables.
Soit. Je vous accompagne. Rangez ces papiers sur cette ?tag?re. Allons, Monsieur.
VAUBERGER, puis MADAME VAUBERGER.
VAUGERGER, rangeant les papiers1 .
Il ne me remercierait pas seulement de la peine.
MADAME VAUBERGER.
Dis donc, Vauberger, sais-tu si le vieux l'a invit? ? d?ner?
VAUBERGER.
Je n'en sais rien, je n'ai pas entendu... qu'est-ce que ?a me fait, d'ailleurs!
MADAME VAUBERGER.
Pauvre M. Maxime!
VAUBERGER.
T'y voil? encore! Ecoute, tu m'ennuies ? la fin avec ton Maxime! Est-ce ma faute ? moi s'il est ruin?, tiens!
MADAME VAUBERGER.
Tu verras, Vauberger, tu verras qu'un de ces matins il se tuera, ce gar?on-l?.
VAUBERGER.
Eh bien! s'il se tue, on l'enterra, quoi!
MADAME VAUBERGER.
Je te dis, Vauberger, que ?a t'aurait fendu le coeur si tu l'avais vu, comme je l'ai vu ce matin, avaler sa carafe d'eau claire pour d?jeuner. Songe donc, Vauberger, manquer de feu et de pain! un gar?on qui a ?t? ?lev? dans des fourrures et nourri toute sa vie avec du blanc-manger! Ca n'est pas une honte et une indignit?, ?a! et ?a n'est pas un dr?le de gouvernement que ton gouvernement qui permet des choses pareilles!...
VAUBERGER, avec un profond d?dain.
Mais ?a ne regarde pas du tout le gouvernement! Mon Dieu! que les femmes sont b?tes! et puis, c'est pas vrai, il n'en est pas l?, il ne manque pas de pain... ce n'est pas possible.
MADAME VAUBERGER.
Puisque j'en suis s?re! puisqu'il n'a plus un sou, puisque Edouard l'a espionn?... Je te dis qu'il n'a pas d?jeun? ce matin, ? preuve que ses pauvres jambes ne peuvent plus le soutenir... et je parie qu'il ne va pas encore d?ner ce soir... car il est trop fier pour mendier un d?ner!
VAUBERGER.
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