Read Ebook: Lettres de Mmes. de Villars de Coulanges et de La Fayette de Ninon de L'Enclos et de Mademoiselle Aïssé accompagnées de notices bibliographiques de notes explicatives par Louis-Simon Auger by A Ss C E Charlotte Elisabeth Coulanges Marie Ang Lique Du Gu Bagnoles La Fayette Madame De Marie Madeleine Pioche De La Vergne Lenclos Ninon De Villars Marie Gigault De Bellefonds Marquise De Auger L S Louis Simon Commentator
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Ebook has 321 lines and 117677 words, and 7 pages
L'on ne parle plus de guerre ici. Ce n'est pas ce qui me rassureroit.
Adieu, madame; je vous quitte pour m'aller parer. La reine vient de me mander que c'est aujourd'hui le jour de la naissance de notre roi, et que je ne manque pas d'aller au palais avec tout ce que j'ai de diamans. Si j'avois pu ce matin ?tre ? sa toilette, je lui aurois conseill? de n'affecter pas trop de magnificence ce jour-ci; car elle ne fera plaisir ? personne; et je suis assur?e que le roi, son oncle, l'en dispenseroit volontiers.
Mais votre portrait, que vous me faites esp?rer, il faut le confier ? mes enfans qui seront ? Paris avant la fin de ce mois. En v?rit?, je ne puis vous dire le plaisir que vous me faites. Je ne croyois plus ?tre aussi sensible que je trouve que je le suis sur cette sorte de joie. Mes enfans vous auront vue ? Lyon. Qu'ils auront ?t? aises, s'ils tiennent de leur m?re!
Adieu, ma ch?re madame; je voudrois bien ?crire encore, si j'en avois le temps; mandez-moi ce que vous saurez de la paix et de la guerre.
Vous recevrez un petit paquet que je ne vous envoie, que parce qu'il ne vous co?tera rien de port; car, pour peu que vous en payassiez, ce seroit plus qu'il ne vaut: c'est pourtant la reine d'Espagne qui vous l'envoie.
Je re?ois pr?sentement vos lettres. Je dirai aujourd'hui ? la reine tout ce que vous m'?crivez d'honn?te et d'obligeant pour elle. Que dix-huit ans et une heureuse disposition ? croire tout ce qu'on souhaite, sont choses agr?ables, et conservent bien la sant? et la beaut?! Pour moi, je lui dis tous les jours que, par malheur, j'ai toute ma vie ?t? oppos?e ? cette heureuse situation.
Si j'en juge par les amples relations de Madame ? la reine d'Espagne, jamais les plaisirs n'ont ?t? pareils ? ceux dont on jouit ? Versailles.
Si le courrier n'alloit partir, je crois que je vous ?crirois jusqu'? demain. Quel signe est-ce, madame? car je n'aime point du tout ? ?crire.
Je n'ai point encore de nouvelles de votre portrait; j'esp?re pourtant l'avoir bient?t par un gentilhomme que nous attendons. Que ce portrait me fera de plaisir!
J'esp?re vous envoyer, par la premi?re commodit?, deux excellentes paires de gants d'ambre, et un ?ventail de la part de la reine, dont la sant? et la beaut? augmentent tous les jours.
Je ne vous entretiendrai gu?re aujourd'hui. Il m'en d?pla?t fort, ma ch?re madame; car il me semble que j'aurois bien des choses ? vous dire.
La reine ne se divertit pas si bien qu'on pourroit le croire. Elle est jeune et saine, d'un heureux temp?rament. Je ne pense pas qu'au reste du monde l'on voie ce que nous avons vu depuis que nous sommes dans ce royaume; la peste, la famine, des ravages d'eaux dont on n'avoit jamais entendu parler; un tremblement de terre, qui a presque enti?rement d?truit cinq ou six villes; sans compter les frayeurs o? je fus apr?s cela quinze jours durant. Le moindre mouvement me paroissoit un tremblement de terre; mais il nous manquoit encore quelque chose, une com?te. Assurez-vous que depuis huit jours il en paro?t une des plus grandes et des mieux marqu?es qu'on ait jamais vues. Elle commence ? se montrer sur les quatre ? cinq heures du soir, et dure jusqu'? huit ou neuf. Comme il ne nous appartient pas d'en avoir peur, c'est une des choses qui me sont le plus indiff?rentes; car je suis persuad?e qu'elle ne signifie rien pour la France.
Cette princesse continue de se bien porter, et de passer ? l'?glise sept ou huit heures les jours et veilles de grandes f?tes. Je ne voudrois pas vous r?pondre qu'elle en f?t plus d?vote. J'ai toujours l'honneur de la voir souvent. Le roi l'aime autant qu'il peut; elle le gouverneroit assez; mais d'autres machines, sans beaucoup de force ni de rapidit?, donnent d'autres mouvemens, et tournent et changent les volont?s du roi. La jeune princesse n'y est pas trop sensible. Elle parle pr?sentement tr?s-bien espagnol. Elle conno?t toute la cour, et les diff?rens int?r?ts de ceux qui la composent. La reine, sa belle-m?re, qui est tr?s-bonne princesse, l'aime toujours fort tendrement.
La conn?table arriva samedi dernier de fort bonne heure. Elle entra dans le couvent; les religieuses la re?urent ? la porte avec des cierges, et toutes les c?r?monies ordinaires en pareille occasion. De l? on la mena au choeur, o? elle prit l'habit avec un air fort modeste. Un Espagnol, qui ?toit dans l'?glise, m'a cont? tout ce qu'il vit. L'habit est joli et assez galant, le couvent commode. Je ne puis avoir bonne opinion de l'esprit et de la p?n?tration de messieurs les Italiens et Espagnols, de s'?tre persuad?s que cette femme ait pu accepter de bonne foi la proposition de se faire religieuse, et d'esp?rer par l? qu'elle va leur assurer tout son bien. La premi?re fois que j'entendis parler au confesseur de la reine de la commission qu'il avoit du conn?table, d'?crire ? sa femme, et de lui proposer ce parti, je crus que c'?toit une pure raillerie, dont je n'aurois jamais voulu me m?ler. Le bon p?re ?crivit, et la dame n'h?sita pas un moment ? lui r?pondre qu'elle y consentoit. Pour moi, sans en savoir autre chose, je ne crois point du tout ? cette subite vocation. Je ne me suis pas press?e de lui aller rendre visite: je ne sais encore quand je la verrai.
J'ai fort bien commenc? et fini le car?me; je n'en suis pas malade, Dieu merci. Le chocolat est une chose merveilleuse. N'en voudrez-vous point prendre?
On parle beaucoup de guerre avec le Portugal. Les deux princes veulent absolument qu'une certaine ?le soit ? eux. Ils assurent qu'ils vont faire la guerre, si l'on ne la leur c?de. On est pourtant tout-?-fait tranquille dans cette cour. Adieu, madame; je vous aime de tout mon coeur.
LETTRES
MADAME DE COULANGES,
A MADAME DE S?VIGN?.
NOTICE
SUR
MADAME DE COULANGES.
LETTRES
MADAME DE COULANGES,
A MADAME DE S?VIGN?.
LETTRE PREMI?RE.
Je ne veux point oublier de vous dire que je suis si aise de l'abbaye que le roi a donn?e ? M. le coadjuteur, qu'il me semble qu'il y a de l'incivilit? ? ne m'en point faire de compliment.
......N'abusez pas, prince, de mon secret; Au milieu de ma lettre, il m'?chappe ? regret.
Ne le saignez pas tant; l'?m?tique est meilleur. Purgez, purgez, purgez; le mal est dans l'humeur.
Je vous suis sensiblement oblig?e, madame, de songer encore ? moi; je connoissois toutes vos perfections; mais la tendresse de votre coeur, et l'amiti? que vous avez su avoir pour une personne aussi digne d'?tre aim?e que celle que vous regrettez, c'est ce qui me paro?t fort au dessus de tout ce qu'on en peut dire. Ah! madame, que vous avez raison, de me croire infiniment touch?e! Je ne pense ? autre chose; je ne parle d'autre chose; j'ignore tous les d?tails de cette funeste maladie, je les cherche avec un empressement qui fait voir que je ne songe point ? me m?nager. Je passai hier toute la journ?e avec le prieur de Sainte-Catherine; vous jugez bien sur quoi roula notre conversation; je lui fis voir la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'?crire; elle lui fit un vrai plaisir; car ces sortes de gens-l? sont si persuad?s que cette vie-ci ne doit servir qu'? s'assurer l'autre, que les dispositions dans lesquelles on quitte le monde sont les seules dignes d'attention pour eux; mais on songe ? ce que l'on perd, et on le pleure. Pour moi, il ne me reste plus d'amie; mon tour viendra bient?t, cela est raisonnable: ce qui ne l'est gu?re, c'est d'entretenir une personne de votre ?ge de si tristes et de si noires pens?es; votre raison fait oublier votre jeunesse, madame; et cela, joint ? l'inclination naturelle que j'ai pour vous, m'autorise, ce me semble, ? vous parler comme je fais.
A LA M?ME.
Il me paro?t qu'il y a bien du temps que vous n'avez re?u de mes lettres; vous ne serez peut-?tre pas de cet avis: il n'y a pas moyen cependant de pousser ma discr?tion plus loin; c'est un bien qui m'est devenu n?cessaire, d'avoir de vos nouvelles; et, quelque in?galit? qu'il y ait de votre ?ge au mien, j'?prouve que l'on vous aime tr?s-solidement. Il y a des endroits dans votre coeur, qui font oublier votre jeunesse, sans qu'il y en ait aucun dans votre figure, qui ne pr?sente toute la fleur de ce bel ?ge.
Je ne m'accoutume point ? la perte que nous avons faite; et lorsque j'apprends le retour de la sant? de madame votre m?re, je ne puis m'emp?cher d'?tre vivement touch?e que cette joie n ait point ?t? sentie par une personne qui en e?t ?t? si digne. Je vous prie, madame, que je sois inform?e de la continuation de cette sant?, ? laquelle je prends plus d'int?r?t que je ne puis vous le dire.
A LA M?ME.
A LA M?ME.
A LA M?ME.
A LA M?ME.
A LA M?ME.
LETTRE XL.
A LA M?ME.
A LA M?ME.
A LA M?ME.
A LA M?ME.
A LA M?ME.
A LA M?ME.
A LA M?ME.
A LA M?ME.
A LA M?ME.
A LA M?ME.
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