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Read Ebook: A Forest Hearth: A Romance of Indiana in the Thirties by Major Charles

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Ebook has 1454 lines and 95154 words, and 30 pages

LE PORTIER

DES CHARTREUX

M?MOIRES DE SATURNIN

?CRITS PAR LUI-M?ME

AMSTERDAM

LE PORTIER

DES CHARTREUX

PREMI?RE PARTIE

Que c'est une douce satisfaction pour un coeur d'?tre d?sabus? des vains plaisirs, des amusements frivoles et des volupt?s dangereuses qui l'attachaient au monde! Rendu ? lui-m?me apr?s une longue suite d'?garements, et dans le calme que lui procure l'heureuse privation de ce qui faisait autrefois l'objet de ses d?sirs, il sent encore ces fr?missements d'horreur qui laissent dans l'imagination le souvenir des p?rils auxquels il est ?chapp?: il ne les sent que pour se f?liciter de la s?ret? o? il se trouve; ces mouvements lui deviennent des sentiments chers parce qu'ils servent ? lui faire mieux go?ter les charmes de la tranquillit? dont il jouit.

Tel est, cher lecteur, la situation du mien. Quelles gr?ces n'ai-je pas ? rendre au Tout-Puissant dont la mis?ricorde m'a retir? de l'ab?me du libertinage o? j'?tais plong? et me donne aujourd'hui la force d'?crire mes ?garements pour l'?dification de mes fr?res!

Je suis le fruit de l'incontinence des r?v?rends p?res C?lestins de la ville de R... Je dis des r?v?rends p?res, parce que tous se vantaient d'avoir fourni ? la composition de mon individu. Mais quel sujet m'arr?te tout ? coup? Mon coeur est agit?: est-ce par la crainte qu'on ne me reproche que je r?v?le ici les myst?res de l'Eglise? Ah! surmontons ce faible remords. Ne sait-on pas que tout homme est homme, et les moines surtout? Ils ont donc la facult? de travailler ? la propagation de l'esp?ce. Eh! pourquoi la leur interdirait-on? Ils s'en acquittent si bien!

Peut-?tre, lecteur, vous attendez avec impatience que je vous fasse le r?cit d?taill? de ma naissance: je suis f?ch? de ne pouvoir pas sit?t vous satisfaire sur cet article. Vous allez me voir de plein saut chez un bonhomme de paysan que j'ai pris longtemps pour mon p?re.

Ambroise, c'?tait le nom du bonhomme, ?tait le jardinier d'une maison de campagne que les C?lestins avaient dans un petit village ? quelques lieues de la ville; sa femme, Toinette, fut choisie pour me servir de nourrice. Un fils qu'elle avait mis au monde, et qui mourut au moment o? je vis le jour, aida ? voiler le myst?re de ma naissance. On enterra secr?tement le fils du jardinier et celui des moines fut mis ? sa place: l'argent fait tout.

Je grandissais insensiblement, toujours cru et me croyant moi-m?me fils du jardinier. J'ose dire n?anmoins, qu'on me pardonne ce petit trait de vanit?, que mes inclinations d?celaient ma naissance. Je ne sais quelle influence divine op?re sur les ouvrages des moines: il semble que la vertu du froc se communique ? tout ce qu'ils touchent. Toinette en ?tait une preuve. C'?tait bien la plus fringante femelle que j'aie jamais vue, et j'en ai vu quelques-unes. Elle ?tait grosse, mais rago?tante, de petits yeux noirs, un nez retrouss?, vive, amoureuse, plus par?e que ne l'est ordinairement une paysanne. ?'aurait ?t? un excellent pis aller pour un honn?te homme; jugez pour des moines!

Quand la coquine paraissait avec son corset des dimanches, qui lui serrait une gorge que le h?le avait toujours respect?e, et laissait voir deux t?tons qui s'?chappaient, ah! que je sentais bien dans ce moment que je n'?tais pas son fils, ou que j'aurais volontiers pass? sur cette qualit?.

J'avais les dispositions toutes monacales. Guid? par le seul instinct, je ne voyais pas une fille que je ne l'embrassasse, que je ne lui portasse la main partout o? elle voulait bien la laisser aller; et quoique je ne susse pas bien positivement ce que j'aurais fait, mon coeur me disait que j'en aurais fait plus, si l'on ne m'e?t arr?t? dans mes transports.

Un jour qu'on me croyait ? l'?cole, j'?tais rest? dans un petit r?duit o? je couchais: une simple cloison le s?parait de la chambre d'Ambroise, dont le lit ?tait justement appuy? contre; je dormais; il faisait une extr?me chaleur: c'?tait dans le coeur de l'?t?; je fus tout ? coup r?veill? par de violentes secousses que j'entendis donner ? la cloison. Je ne savais que penser de ce bruit; il redoublait. En pr?tant l'oreille, j'entendis des sons ?mus et tremblants, des mots sans suite et mal articul?s. <>

Surpris d'entendre de pareilles exclamations, dont je ne sentais pas toute l'?nergie, je me rassis; ? peine osais-je remuer. Si l'on m'avait su l?, j'avais tout ? craindre; je ne savais quoi penser, j'?tais tout ?mu. L'inqui?tude o? j'?tais fit bient?t place ? la curiosit?. J'entendis de nouveau le m?me bruit, et je crus distinguer qu'un homme et Toinette r?p?taient alternativement les m?mes mots que j'avais d?j? entendus. M?me attention de ma part. L'envie de savoir ce qui se passait dans cette chambre devint ? la fin si vive qu'elle ?touffa toutes mes craintes. Je r?solus de savoir ce qu'il en ?tait. Je serais, je crois, volontiers entr? dans la chambre d'Ambroise pour voir ce qui s'y passait, au risque de tout ce qui aurait pu arriver. Je ne fus pas ? cette peine. En cherchant doucement avec la main si je ne trouverais pas quelque trou ? la cloison, j'en sentis un qui ?tait couvert par une grande image. Je la per?ai et me fis jour. Quel spectacle! Toinette nue comme la main, ?tendue sur son lit, et le p?re Polycarpe, procureur du couvent, qui ?tait ? la maison depuis quelque temps, nu comme Toinette, faisant... quoi? ce que faisaient nos premiers parents, quand Dieu leur eut ordonn? de peupler la terre, mais avec des circonstances moins lubriques.

Cette vue produisit chez moi une surprise m?l?e de joie et d'un sentiment vif et d?licieux qu'il m'aurait ?t? impossible d'exprimer. Je sentais que j'aurais donn? tout mon sang pour ?tre ? la place du moine. Que je lui portais d'envie! que son bonheur me paraissait grand! Un feu inconnu se glissait dans mes veines; j'avais le visage enflamm?, mon coeur palpitait, je retenais mon haleine, et la pique de V?nus, que je pris ? la main, ?tait d'une force et d'une roideur ? abattre la cloison, si j'avais pouss? un peu fort. Le p?re fournit sa carri?re, et en se retirant de dessus Toinette, il la laissa expos?e ? toute la vivacit? de mes regards. Elle avait les yeux mourants et le visage couvert du rouge le plus vif. Elle ?tait hors d'haleine; ses bras ?taient pendants, sa gorge s'?levait et se baissait avec une pr?cipitation ?tonnante. Elle serrait de temps en temps le derri?re, en se roidissant et en jetant de grands soupirs. Mes yeux parcouraient avec une rapidit? inconcevable toutes les parties de son corps; il n'y en avait pas une sur laquelle mon imagination ne coll?t mille baisers de feu. Je su?ais ses t?tons, son ventre; mais l'endroit le plus d?licieux, et de dessus lequel mes yeux ne purent plus s'arracher, quand une fois je les y eus fix?s, c'?tait... Vous m'entendez. Que cette coquille avait pour moi de charmes! Ah! l'aimable coloris! Quoique couverte d'une petite ?cume blanche, elle ne perdait rien ? mes yeux de la vivacit? de sa couleur. Au plaisir que je ressentais, je reconnus le centre de la volupt?. Il ?tait ombrag? d'un poil ?pais, noir et fris?. Toinette avait les jambes ?cart?es, il semblait que sa paillardise f?t d'accord avec ma curiosit? pour ne me rien laisser ? d?sirer!

Le moine, ayant repris vigueur, vint de nouveau se pr?senter au combat; il se remit sur Toinette, avec une nouvelle ardeur; mais ses forces trahirent son courage, et, fatigu? de piquer inutilement sa monture, je le vis retirer l'instrument de la coquille de Toinette, l?che et baissant la t?te. Toinette, d?pit?e de sa retraite, le prit et se mit ? le secouer; le moine s'agitait avec fureur et paraissait ne pouvoir plus supporter le plaisir qu'il ressentait. J'examinais tous leurs mouvements sans autre guide que la nature, sans autre instruction que l'exemple, et, curieux de savoir ce qui pouvait occasionner ces mouvements convulsifs du p?re, j'en cherchais la cause en moi-m?me. J'?tais surpris de sentir un plaisir inconnu qui augmentait insensiblement, et devint enfin si grand que je tombai p?m? sur mon lit. La nature faisait des efforts incroyables, et toutes les parties de mon corps semblaient fournir au plaisir de celle que je caressais. Il tomba enfin de cette liqueur blanche dont j'avais vu une si grande profusion sur les cuisses de Toinette. Je revins de mon extase, et retournai au trou de la cloison; il n'?tait plus temps: le dernier coup ?tait jou?, la partie ?tait finie. Toinette se rhabillait, le p?re l'?tait d?j?.

Je restai quelque temps l'esprit et le coeur remplis de l'aventure dont je venais d'?tre t?moin, et dans cette esp?ce d'?tourdissement qu'?prouve un homme qui vient d'?tre frapp? par l'?clat d'une lumi?re ?trang?re. J'allais de surprise en surprise; les connaissances que la nature avait mises dans mon coeur venaient de se d?velopper, les nuages dont elle les avait couvertes s'?taient dissip?s. Je reconnus la cause des diff?rents sentiments que j'?prouvais tous les jours ? la vue des femmes. Ces passages imperceptibles de la tranquillit? aux mouvements les plus vifs, de l'indiff?rence aux d?sirs, n'?taient plus des ?nigmes pour moi. Ah! m'?criai-je, qu'ils ?taient heureux! la joie les transportait tous deux. Il faut que le plaisir qu'ils go?taient soit bien grand. Ah! qu'ils ?taient heureux! qu'ils ?taient heureux! L'id?e de ce bonheur m'absorbait; elle m'?tait pour un moment tout pouvoir d'y r?fl?chir. Un silence profond succ?dait ? mes exclamations. Ah! reprenais-je aussit?t, ne serai-je jamais grand pour en faire autant ? une femme? Je mourrais sur elle de plaisir, puisque je viens d'en avoir tant. Ce n'est l? sans doute qu'une image de celui que le p?re Polycarpe go?tait avec ma m?re; mais, poursuivais-je je suis bien simple! Est-il absolument n?cessaire d'?tre grand pour avoir ce plaisir-l?? Pardi! il me semble que le plaisir ne se mesure pas ? la taille: pourvu que l'on soit l'un sur l'autre, cela doit aller tout seul!

Sur le champ il me vint dans l'esprit de faire part de mes nouvelles d?couvertes ? ma soeur Suzon. Elle avait quelques ann?es de plus que moi: c'?tait une petite blonde fort jolie, qui portait une de ces physionomies ouvertes que l'on serait tent? de croire niaises, parce qu'elles paraissent indolentes. Elle avait de ces beaux yeux bleus, pleins d'une douce langueur, qu'il semble que l'on tourne sur vous sans intention, mais dont l'effet n'est pas moins s?r que celui des yeux brillants d'une brune piquante qui vous lance des regards passionn?s. Pourquoi cela? Je n'en sais rien, car je me suis toujours grossi?rement content? du sentiment, sans ?tre tent? d'en p?n?trer la cause. Ne serait-ce pas parce qu'une belle blonde, avec ses regards languissants, semble vous prier de lui donner votre coeur, et que ceux d'une brune veulent vous enlever de force? La blonde ne demande qu'un peu de compassion pour sa faiblesse, et cette fa?on de demander est bien s?duisante; vous croyez ne donner que la compassion, et vous donnez de l'amour. La brune, au contraire, veut que vous soyez faible, sans vous promettre qu'elle le sera. Le coeur se gendarme contre celle-ci, n'est-il pas vrai? Qu'en pensez-vous, lecteur?

Je l'avoue ? ma honte, il ne m'?tait pas encore venu dans l'esprit de jeter sur Suzon un regard de concupiscence, chose rare chez moi, qui convoitais toutes les filles que je voyais. Il est vrai qu'?tant la filleule de la dame du village, qui l'aimait et la faisait ?lever chez elle, je ne la voyais pas souvent. Il y avait m?me un an qu'elle ?tait au couvent: elle n'en ?tait sortie que depuis huit jours; sa marraine, qui devait venir passer quelque temps ? la campagne, lui avait promis de venir voir Ambroise. Je me sentis tout d'un coup enflamm? du d?sir d'endoctriner ma ch?re soeur et de go?ter avec elle les m?mes plaisirs, que je venais de voir prendre au p?re Polycarpe avec Toinette. Je ne fus plus le m?me pour elle. Mes yeux sourirent ? mille charmes que je ne lui avais pas aper?us. Je lui trouvai une gorge naissante, plus blanche que le lis, ferme, potel?e. Je su?ais d?j? avec un d?lice inexprimable ces deux petites fraises que je voyais au bout de ces t?tons; mais surtout dans la peinture de ses charmes je n'oubliais pas ce centre, cet ab?me de plaisirs dont je me faisais des images si ravissantes. Anim? par l'ardeur vive et br?lante que ces id?es r?pandaient dans tout mon corps, je sortis, j'allai chercher Suzon. Le soleil venait de se coucher, la brune s'avan?ait: je me flattais qu'? la faveur de l'obscurit? que la nuit allait r?pandre je serais dans un moment au comble de mes d?sirs, si je la trouvais. Je l'aper?us de loin qui cueillait des fleurs. Elle ne pensait pas alors que je m?ditais de cueillir la fleur la plus pr?cieuse de son bouquet. Je volai ? elle; la voyant livr?e toute enti?re ? une occupation aussi innocente, je balan?ai dans le moment si je lui ferais conna?tre mon dessein. A mesure que j'approchais, je sentais ralentir la vivacit? de ma course. Un tremblement soudain semblait me reprocher mon intention: je croyais devoir respecter son innocence; je n'?tais retenu que par l'incertitude du succ?s. Je l'abordai, mais avec une palpitation qui ne me permettait pas de dire deux mots sans reprendre haleine.--Que fais-tu donc l?, Suzon? lui dis-je en m'approchant d'elle. Et voulant l'embrasser, elle s'?chappa en riant et me r?pondit: Comment! ne vois-tu pas que je cueille des fleurs?--Ah! ah! repris-je, tu cueilles des fleurs?--Eh! vraiment oui, me r?pliqua-t-elle; ne sais-tu pas que c'est demain la f?te de ma marraine? Ce nom me fit trembler, comme si j'eusse craint que Suzon ne m'?chapp?t. Mon coeur s'?tait d?j? fait une habitude de la regarder comme une conqu?te s?re; et l'id?e de son ?loignement semblait me menacer de la perte d'un plaisir que je regardais comme certain, quoique je n'en eusse pas encore go?t?.--Je ne te verrai donc plus, Suzon? lui dis-je d'un air triste.--Pourquoi donc, me r?pondit-elle, ne viendrais-je pas toujours ici? Mais, allons, poursuivit-elle d'un air charmant, aide-moi ? faire mon bouquet. Je ne lui r?pondis qu'en lui jetant quelques fleurs au visage; aussit?t elle de m'en jeter aussi.--Tiens, Suzon, lui dis-je, si tu m'en jettes davantage, je te... Tu me le payeras! Pour me faire voir qu'elle bravait mes menaces, elle m'en jeta une poign?e. Dans le moment ma timidit? m'abandonna; je ne craignais pas d'?tre vu. La brune, qui emp?chait qu'on ne p?t voir ? une certaine distance, favorisait mon audace. Je me jette sur Suzon, elle me repousse; je l'embrasse, elle me donne un soufflet; je la jette sur l'herbe, elle veut se relever, je l'en emp?che; je la tiens ?troitement serr?e dans mes bras en lui baisant la gorge, elle se d?bat; je veux lui fourrer la main sous la jupe; elle crie comme un petit d?mon; elle se d?fend si bien que je crains de n'en pouvoir venir ? bout, et qu'il ne survienne du monde. Je me relevai en riant, et je crus qu'elle n'y entendait pas plus de malice que je voulais qu'elle n'y entend?t. Que je me trompais!--Allons, lui dis-je, Suzon, pour te faire voir que je ne voulais pas te faire de mal, je veux bien t'aider.--Oui, oui, me r?pondit-elle avec une agitation au moins ?gale ? la mienne, va, voil? ma m?re qui vient, et je...--Ah! Suzon, repris-je vivement en l'emp?chant d'en dire davantage, ma ch?re Suzon, ne lui dis rien; je te donnerai... tiens, tout ce que tu voudras! Un nouveau baiser fut le gage de ma parole; elle en rit; Toinette arriva. Je craignais que Suzon ne parl?t; elle ne dit mot, et nous retourn?mes tous ensemble souper, comme si rien n'?tait.

Depuis que le p?re Polycarpe ?tait ? la maison, il avait donn? de nouvelles preuves de la bont? du couvent pour le pr?tendu fils d'Ambroise: je venais d'?tre habill? tout de neuf. En v?rit?, sa r?v?rence avait en cela moins consult? la charit? monacale, qui a des bornes fort ?troites, que la tendresse paternelle, qui souvent n'en conna?t pas. Le bon p?re, par une pareille prodigalit?, exposait la l?gitimit? de ma naissance ? de violents soup?ons. Mais nos manants ?taient de bonnes gens et n'en voyaient pas plus que l'on ne voulait leur en faire voir. D'ailleurs qui aurait os? porter un oeil critique et malin sur le motif de la g?n?rosit? des r?v?rends p?res. C'?taient de si honn?tes gens, de si bonnes gens; on les adorait dans le village: ils faisaient du bien aux hommes et aimaient l'honneur des femmes; tout le monde ?tait content. Mais revenons ? ma figure, car je vais avoir une aventure illustre.

A propos de cette figure-l?, j'avais un air espi?gle qui ne pr?venait pas contre moi. J'?tais mis proprement; des yeux malins, de longs cheveux noirs me tombaient par boucles sur les ?paules, et relevaient ? merveille les couleurs de mon visage, qui, quoiqu'un peu brun, ne laissait pas de valoir son prix. C'est un t?moignage authentique que je me crois oblig? de rendre au jugement de plusieurs tr?s honn?tes et tr?s vertueuses personnes ? qui j'ai rendu mes hommages.

Suzon, comme je l'ai dit, avait fait un bouquet pour Mme Dinville , femme d'un conseiller de la ville voisine, qui venait ? sa terre prendre le lait pour r?tablir une poitrine d?rang?e par le vin de Champagne et quelques autres causes.

Suzon s'?tant mise dans ses petits atours, qui la rendirent encore plus aimable ? mes yeux, il fut dit que je l'accompagnerais. Nous all?mes au ch?teau. Nous trouv?mes la dame dans un appartement d'?t? o? elle prenait le frais. Figurez-vous une femme d'une grandeur m?diocre, poil brun, peau blanche, le visage laid en g?n?ral, enlumin? d'un rouge champenois, les yeux alertes, amoureux, et t?tonni?re autant que femme au monde. Ce fut d'abord la premi?re bonne qualit? que je lui remarquais: ?'a toujours ?t? mon faible que ces deux boules-l?! C'est aussi quelque chose de si joli quand vous tenez cela dans la main, quand vous... Ah! chacun le sien; qu'on me passe celui-ci!

Sit?t que la dame nous aper?ut, elle jeta sur nous un regard de bont?, sans changer de situation. Elle ?tait couch?e sur un canap?, une jambe dessus et l'autre sur le parquet; elle n'avait qu'un simple jupon blanc, assez court pour laisser voir un genou qui n'?tait pas assez couvert pour faire penser qu'il serait bien difficile de voir le reste; un petit corset de la m?me couleur, un pet-en-l'air de taffetas couleur de rose, bichonn?e d'un petit air n?glig?, et la main pass?e sous son jupon, jugez ? quelle intention! Mon imagination fut au fait dans le moment, et mon coeur la suivit de pr?s; mon sort ?tait de devenir d?sormais amoureux de toutes les femmes qui se pr?senteraient ? mes yeux: les d?couvertes de la veille avaient fait ?clore en moi ces louables dispositions.

--Ah! bonjour, ma ch?re enfant, dit Mme Dinville ? Suzon; eh bien, tu reviens donc me trouver? Ah!... tu m'apportes un bouquet; mais, vraiment, je te suis bien oblig?e, ma ch?re fille; embrasse-moi donc! Embrassade de la part de Suzon. Mais, continua-t-elle en jetant les yeux sur moi, quel est donc ce beau gros gar?on-l?? Comment petite fille, vous vous faites accompagner par un gar?on? Cela est joli! Je baissai les yeux; Suzon lui dit que j'?tais son fr?re; r?v?rence de ma part--Ton fr?re? reprit Mme Dinville; allons donc! continua-t-elle en me regardant et en m'adressant la parole, baise-moi, mon fils. Oh! je veux que nous fassions connaissance. Elle me donne un baiser sur la bouche; je sens une petite langue se glisser entre mes l?vres et une main qui joue avec les boucles de mes cheveux. Je ne connaissais pas encore cette mani?re de baiser; j'?tais tout ?mu. Je jetai sur elle un regard timide, et je rencontrai ses yeux brillants et pleins de feu qui attendaient les miens au passage et qui les firent baisser. Nouveau baiser de m?me nature apr?s lequel je fus libre de me remuer, car je ne l'?tais gu?re de la fa?on dont elle me tenait embrass?. Je n'en ?tais pourtant pas f?ch?: il me semblait que c'?tait toujours autant de retranch? sur le c?r?monial de la connaissance qu'elle disait vouloir faire avec moi. Je ne fus sans doute redevable de ma libert? qu'? la r?flexion qu'elle fit sur le mauvais effet que pouvait produire la vivacit? de ses caresses prodigu?es avec si peu de m?nagement ? une premi?re vue; mais ces r?flexions ne furent pas de longue dur?e; elle reprit la conversation avec Suzon, et le refrain de chaque p?riode ?tait: Suzon, venez me baiser. D'abord le respect me faisait tenir ?cart?.--Eh bien, dit-elle en m'adressant de nouveau la parole, ce gros gar?on-l? ne viendra donc pas aussi me baiser? J'avan?ai et j'appuyai sur la joue. Je n'osais encore aller ? la bouche: je lui fis un baiser un peu plus hardi que le premier. Je ne fus en reste avec elle que de quelque chose de plus passionn? qu'elle mit dans le sien. Elle partageait ainsi ses caresses entre ma soeur et moi, pour me donner le change sur le sujet de celles qu'elle me faisait. Sa politique me rendait justice: j'?tais plus habile que ma figure ne le promettait. Je me fis insensiblement si bien ? ce petit man?ge, que je n'attendais pas le refrain pour prendre ma part. Peu ? peu ma soeur se trouva sevr?e de la sienne; je m'?tablis dans le privil?ge exclusif de jouir des bont?s de la dame; Suzon n'avait plus que les paroles.

Nous ?tions assis sur le canap?; nous babillions, car Mme Dinville ?tait grande babillarde. Suzon ?tait ? sa droite, j'?tais ? sa gauche. Suzon regardait dans le jardin et Mme Dinville me regardait; elle s'amusait ? me d?friser, ? me pincer la joue, ? me donner de petits soufflets; moi, je m'amusais ? la regarder, ? lui mettre la main, d'abord en tremblant, sur le col; ses mani?res ais?es, me donnaient beau jeu; j'?tais effront?: la dame ne disait mot, me regardait, riait, et me laissait faire. Ma main, timide dans les commencements, mais devenue plus hardie par la facilit? qu'elle trouvait ? se satisfaire, descendait insensiblement du col ? la gorge, et s'appesantissait avec d?lices sur un sein dont la fermet? ?lastique la faisait tant soit peu rebondir. Mon coeur nageait dans la joie; d?j? je tenais dans la main une de ces boules charmantes que je maniais ? souhait. J'allais y mettre la bouche; en avan?ant on arrive au but. J'aurais, je crois, pouss? ma bonne fortune jusqu'o? elle pouvait aller, quand un maudit importun, le bailli du village, vieux singe envoy? par un d?mon jaloux de mon bonheur, se fit entendre dans l'antichambre. Mme Dinville, r?veill?e par le bruit que fit cet original en arrivant, me dit: Que faites-vous donc, petit fripon? Je retirai la main pr?cipitamment; mon effronterie ne tint pas contre un pareil reproche; je rougis, je me croyais perdu. Mme Dinville, qui voyait mon embarras, me fit sentir, par un petit soufflet qu'elle accompagna d'un sourire charmant, que sa col?re n'?tait que pour la forme, et ses regards me confirm?rent que ma hardiesse lui d?plaisait moins que l'arriv?e de ce vilain bailli.

Il entra; l'ennuyeux personnage! Apr?s avoir touss?, crach?, ?ternu?, mouch?, il fit sa harangue, plus ennuyeuse encore que sa figure. Si nous en eussions ?t? quittes pour cela, ce n'aurait ?t? que demi-mal; mais il semblait que le maraud e?t donn? le mot ? tous les importuns du village, qui vinrent tour ? tour faire un salamalec. J'enrageais. Quand Mme Dinville eut r?pondu ? bien des sots complimenteurs, elle se tourna de notre c?t? et nous dit: Ah ??! mes chers enfants, vous reviendrez demain d?ner avec moi: nous serons seuls. Il me sembla qu'elle affectait de jeter sur moi les yeux en disant ces derniers mots. Mon coeur trouvait son compte dans cette assurance, et je sentis que, sans faire tort ? mon penchant, mon petit amour-propre ne laissait pas d'?tre flatt?.--Vous viendrez, entendez-vous, Suzon? continua Mme Dinville, et vous am?nerez Saturnin; c'?tait le nom que portait alors votre serviteur. Adieu, Saturnin, me dit-elle en m'embrassant. Pour le coup, je ne fus en reste de rien avec elle. Nous sort?mes.

Je me sentais dans une disposition qui assur?ment m'aurait fait honneur aupr?s de Mme Dinville, sans la visite impr?vue de ces ennuyeux complimenteurs; mais ce que je sentais pour elle n'?tais pas de l'amour, ce n'?tait qu'un d?sir violent de faire avec une femme la m?me chose que j'avais vu faire au p?re Polycarpe avec Toinette. Le d?lai d'un jour que Mme Dinville m'avait donn? me paraissait immense. J'essayai, chemin faisant, de remettre Suzon sur les voies, en lui rappelant l'aventure de la veille.--Que tu es simple, Suzon! lui dis-je. Tu crois donc que je voulais te faire du mal hier?--Que voulais-tu donc me faire? r?pondit-elle.--Bien du plaisir.--Quoi! reprit-elle avec une apparence de surprise, en me mettant la main sous la jupe tu m'aurais fait bien du plaisir?--Assur?ment; si tu veux que je t'en donne la preuve, lui dis-je, viens avec moi dans quelque endroit ?cart?. Je l'examinais avec inqui?tude; je cherchais sur son visage quelques marques des effets que devait produire ce que je lui disais: je n'y voyais pas plus de vivacit? qu'? l'ordinaire. Le veux-tu bien? dis, ma ch?re Suzon, continuais-je en la caressant.--Mais, encore, reprit-elle sans faire semblant d'entendre la proposition que je lui faisais, qu'est-ce donc que ce plaisir dont tu me fait tant d'?loges?--C'est, lui r?pondis-je, l'union d'un homme avec une femme qui s'embrassent, qui se serrent bien fort et qui se p?ment en se tenant ?troitement serr?s de cette fa?on. Les yeux toujours fix?s sur le visage de ma soeur, je ne laissais ?chapper aucun des mouvements qui l'agitaient; j'y voyais la gradation insensible de ses d?sirs, sa gorge bondissait.--Mais, me dit-elle avec une na?vet? curieuse qui me paraissait de bonne augure, mon p?re m'a quelquefois tenu comme tu le dis, sans sentir cependant ce plaisir que tu me promets.--C'est, repartis-je, qu'il ne te faisait pas ce que je voudrais te faire.--Et que voudrais-tu donc me faire? me demanda-t-elle d'une voix tremblante.--Je te mettrais, lui r?pondis-je effront?ment, quelque chose entre les cuisses qu'il n'osait pas te mettre. Elle rougit, et me laissa, par son trouble, la libert? de continuer en ces termes: Vois-tu, Suzon, tu as un petit trou ici, lui dis-je en lui montrant l'endroit o? j'avais vu la fente de Toinette.--Eh! qui t'a dit cela? me demanda-t-elle sans lever les yeux sur moi.--Qui me l'a dit, repris-je assez embarrass? de sa question, c'est q... c'est que toutes les femmes en ont autant.--Et les hommes? poursuivit-elle.--Les hommes, lui r?pondis-je, ont une machine ? l'endroit o? vous avez une fente. Cette machine se met dans cette fente, et c'est l? ce qui fait le plaisir qu'une femme prend avec un homme. Veux-tu que je te fasse voir la mienne? mais ? la condition que tu me laisseras toucher ? ta petite fente: nous nous chatouillerons, et nous serons bien aises.

Suzon ?tait toute rouge. Les discours que je lui tenais paraissaient la surprendre; il semblait qu'elle e?t peine ? m'en croire; elle n'osait me laisser mettre la main sous sa jupe, dans la crainte, disait-elle, que je ne voulusse la tromper et que je n'allasse tout d?clarer. Je l'assurai que rien au monde ne serait capable de m'en arracher l'aveu, et, pour la convaincre de cette diff?rence que je lui disais se trouver entre nous deux, je voulus lui prendre la main; elle la retira, et nous continu?mes notre entretien jusqu'? la maison.

Je voyais bien que la petite friponne prenait go?t ? mes le?ons, et que si je la trouvais encore une fois cueillant des fleurs, il ne me serait pas difficile de l'emp?cher de crier. Je br?lais d'envie de mettre la derni?re main ? mes instructions et d'y joindre l'exp?rience.

A peine ?tions-nous entr?s dans la maison que nous v?mes entrer le p?re Polycarpe; je d?m?lai le motif de sa visite: je n'en doutai plus quand sa r?v?rence eut d?clar? d'un air ais? qu'elle venait prendre le d?ner de famille. On croyait Ambroise bien loin; il est vrai qu'il ne les g?nait gu?re, mais on est toujours bien aise d'?tre d?barrass? de la pr?sence d'un mari, quelque commode qu'il soit. C'est toujours un animal de mauvais augure. Je ne doutai pas que je n'eusse apr?s-midi le m?me spectacle que j'avais eu la veille, et sur le champ je formai le dessein d'en faire part ? Suzon. Je pensais, avec raison, qu'une pareille vue serait un excellent moyen pour avancer mes petites affaires avec elle; je ne lui en parlai pas. Je remis cette ?preuve ? l'apr?s-d?n?e, bien r?solu ? n'employer ce moyen qu'? l'extr?mit?, comme un corps de r?serve d?cisif pour une action.

Le moine et Toinette ne se g?naient pas en notre pr?sence: ils nous croyaient des t?moins peu dangereux. Je voyais la main gauche du p?re se glisser myst?rieusement sous la table et agiter les jupes de Toinette, qui lui souriait et me paraissait ?carter les cuisses pour laisser apparemment le passage plus libres aux doigts libertins du paillard moine.

Toinette avait de son c?t? une main sur la table, mais l'autre ?tait dessous et rendait vraisemblablement au p?re ce que le p?re lui pr?tait. J'?tais au fait. Les plus petites choses frappent un esprit pr?venu. Le r?v?rend p?re chopinait de bonne gr?ce; Toinette lui r?pondait sur le m?me ton; ses d?sirs parvinrent bient?t au point d'?tre g?n?s par notre pr?sence: elle nous le fit conna?tre en nous conseillant, ? ma soeur et ? moi, d'aller faire un tour dans le jardin; j'entendis ce qu'elle voulait nous dire. Nous nous lev?mes aussit?t, et leur laiss?mes, par notre d?part, la libert? de faire autre chose que glisser les mains sous la table. Jaloux du bonheur que notre d?part allait les mettre en ?tat de go?ter, je voulus encore essayer de venir ? bout de Suzon sans le secours du tableau que je devais offrir ? ses regards. Je la conduisis vers une all?e d'arbres dont l'?pais feuillage faisait une obscurit? qui promettait beaucoup d'assurances ? mes d?sirs. Elle s'aper?ut de mon dessein, et ne voulut pas m'y suivre.--Tiens, Saturnin, me dit-elle, ing?nument, je vois que tu veux encore m'entretenir de cela; et bien, parlons-en.--Je te fais donc plaisir, r?pondis-je, quand j'en parle? Elle me l'avoua. Juge, lui dis-je, ma ch?re Suzon, par celui que mes discours te donnent, de celui que tu aurais... Je ne lui en dis pas davantage: je la regardais, je tenais sa main, que je pressais contre mon sein.--Mais, Saturnin, me dit-elle, si... cela allait faire du mal?--Quel mal veux-tu que cela fasse? lui r?pondis-je, charm? de n'avoir plus qu'un aussi faible obstacle ? d?truire; aucun, ma ch?re petite; au contraire.--Aucun, reprit-elle en rougissant et en baissant la vue, et si j'allais devenir grosse? Cette objection me surprit ?trangement. Je ne croyais pas Suzon si savante, et j'avoue que je n'?tais pas en ?tat de lui donner une r?ponse satisfaisante.--Comment donc, grosse? lui dis-je? est-ce que c'est comme cela que les femmes deviennent grosses, Suzon?--Sans doute, me r?pondit-elle, d'un ton d'assurance qui m'effraya.--Et o? l'as-tu donc appris? lui demandais-je, car je sentais bien que c'?tait ? son tour ? me donner des le?ons. Elle me r?pondit qu'elle voulait bien me le dire, mais ? condition que je n'en parlerais de ma vie.--Je te crois discret, Saturnin, ajouta-t-elle, et si tu ?tais capable d'ouvrir jamais la bouche sur ce que je vais te dire, je te ha?rais ? la mort. Je lui jurai que jamais je n'en parlerais. Asseyons-nous ici, poursuivit-elle en me montrant un gazon o? l'on n'?tait ? l'aise que pour causer sans ?tre entendus. J'aurais bien mieux aim? l'all?e; nous n'y aurions pas ?t? vus ni entendus. Je la proposai de nouveau, elle n'y voulu pas venir.

Nous nous ass?mes sur le gazon, ? mon grand regret; pour comble de malheur, je vis arriver Ambroise. N'ayant plus d'esp?rance pour cette fois, je pris mon parti. L'agitation o? me mit le d?sir d'apprendre ce que devait me dire Suzon fit diversion ? mon chagrin.

Avant de commencer, Suzon exigea encore de nouvelles assurances de ma part: je les lui donnai avec serment. Elle h?sitait, elle n'osait encore; je la pressai si fort qu'elle se d?termina.--Voil? qui est fait, me dit-elle, je t'en crois, Saturnin; ?coute, tu vas ?tre ?tonn? de ma science, je t'en avertis. Tu croyais m'apprendre quelque chose tant?t, j'en sais plus que toi: tu vas le voir; mais ne crois pas pour cela que j'aie moins pris de plaisir ? ce que tu m'as dit: on aime toujours ? entendre parler de ce qui flatte.--Comment donc! tu parles comme un oracle; on voit bien que tu as ?t? au couvent. Que cela fa?onne une fille!--Oh! vraiment, me r?pondit-elle, si je n'y avais jamais ?t?, j'ignorerais bien des choses que je sais.--Eh! dis le-moi donc ce que tu sais, repris-je vivement; je meurs d'envie de l'apprendre.

Il n'y a pas longtemps, continua Suzon, que, pendant une nuit fort obscure, je dormais d'un profond sommeil; je fus r?veill?e en sentant un corps tout nu qui se glissait dans mon lit; je voulus crier, mais on me mit la main sur la bouche, en me disant: Tais-toi; je ne veux pas te faire de mal; est-ce que tu ne reconnais pas la soeur Monique? Cette soeur venait, depuis peu, de prendre le voile de novice; c'?tait ma meilleure amie.--J?sus, lui dis-je, ma bonne, pourquoi donc venir me surprendre dans le lit?--C'est que je t'aime! me r?pondit-elle en m'embrassant.--Et pourquoi ?tes-vous toute nue?--C'est qu'il fait si chaud que ma chemise m?me est trop pesante; il tombe une pluie terrible; j'ai entendu le tonnerre qui grondait: j'en ai bien peur; ne l'entends-tu pas aussi? Quel bruit il fait! Ah! serre-moi bien fort, mon petit coeur; mets le drap par dessus notre t?te pour ne pas voir ces vilains ?clairs. L?, bon! Ah! ma ch?re Suzon, que j'ai peur! Moi, qui ne crains pas le tonnerre, je t?chais de rassurer la soeur, qui, pendant ce temps-l?, me passait sa cuisse droite entre les miennes et sa gauche par dessous, et, dans cette posture, elle se frottait contre ma cuisse droite, en me mettant la langue dans la bouche et me donnant de petits coups sur la fesse avec la main. Apr?s qu'elle se fut un peu remu?e de cette fa?on-l?, je crus sentir qu'elle me mouillait la cuisse. Elle poussait des soupirs: je m'imaginais que c'?tait la peur du tonnerre qui faisait cela. Je la plaignais; mais bient?t elle reprit sa posture naturelle. Je croyais qu'elle allait s'endormir, et je me pr?parais ? en faire autant, quand elle me dit: Tu dors donc, Suzon? Je lui r?pondis que non, mais que j'allais bient?t le faire.--Tu veux donc, reprit-elle, me laisser mourir de frayeur? Oui, je mourrai si tu te rendors; donne-moi la main, ma ch?re petite: donne. Je me laissai prendre la main, qu'elle porta aussit?t ? sa fente, en me disant de la chatouiller avec mon doigt dans le haut de cet endroit. Je le fis par amiti? pour elle. J'attendais qu'elle me d?t de finir, mais elle ne disait mot, ?cartait seulement les jambes et respirait un peu plus vite qu'? l'ordinaire, en jetant de temps en temps quelques soupirs et en remuant le derri?re. Je crus qu'elle se trouvait mal, et je cessai de faire aller le doigt.--Ah! Suzon, me dit-elle d'une voix entrecoup?e, ach?ve! Je continuai. Ah! s'?cria-t-elle en s'agitant bien fort et en m'embrassant ?troitement, d?p?che, ma petite reine, d?p?che! Ah! ah! vite, ah!... je me meurs! Au moment qu'elle disait cela, tout son corps se roidit et je me sentis de nouveau la main mouill?e; enfin, elle poussa un grand soupir et resta sans mouvement. Je t'assure, Saturnin, que j'?tais bien ?tonn?e de tout ce qu'elle me faisait faire.--Et tu n'?tais pas ?mue? lui dis-je.--Oh! que si, me r?pondit-elle; je voyais bien que tout ce que je venais de lui faire lui avait donn? beaucoup de plaisir, et que si elle voulait m'en faire autant j'en aurais beaucoup aussi; mais je n'osais le lui proposer. Elle m'avait cependant mise dans un ?tat bien embarrassant. Je d?sirais et je n'osais lui dire ce que je d?sirais: je remettais avec plaisir la main sur sa fente; je prenais la sienne, que je portais, que je faisais reposer sur diff?rents endroits de mon corps, sans oser pourtant la mettre sur le seul o? je sentais que j'en avais besoin. La soeur, qui savait aussi bien que moi ce que je lui demandais, et qui avait la malice de me laisser faire, eut ? la fin piti? de mon embarras et me dit en m'embrassant: Je vois bien, petite coquine, ce que tu veux. Aussit?t elle se couche sur moi, je la re?ois dans mes bras.--Ouvre un peu les cuisses, me dit-elle. Je lui ob?is. Elle me coule le doigt o? le mien venait de lui faire tant de plaisir: elle r?p?tait elle-m?me les le?ons qu'elle m'avait donn?es. Je sentais le plaisir monter par degr? et s'accro?tre ? chaque coup de doigt qu'elle donnait. Je lui rendais en m?me temps le m?me service. Elle avait les mains jointes sous mes fesses; elle m'avait avertie de remuer un peu le derri?re, ? mesure qu'elle pousserait. Ah! qu'elle semait de d?lices dans ce charmant badinage! Mais elles n'?taient que le pr?lude de celles qui devraient suivre. Le ravissement me fit perdre toute connaissance; je demeurai p?m?e dans les bras de ma ch?re Monique. Elle ?tait dans le m?me ?tat: nous ?tions immobiles. Je revins ensuite de mon extase. Je me trouvai aussi mouill?e que la soeur, et ne sachant ? quoi attribuer un pareil prodige, j'avais la simplicit? de croire que c'?tait du sang que je venais de verser; mais je n'en ?tais pas effray?e, au contraire; il semblait que le prodige que je venais de go?ter m'e?t mise en fureur, tant je me sentais envie de recommencer. Je le dis ? Monique; elle me r?pondit qu'elle ?tait lasse et qu'il fallait attendre un peu. Je n'en eus pas la patience et je me mis sur elle, comme elle venait de se mettre sur moi. J'entrela?ai mes cuisses dans ses cuisses, et me frottant comme elle l'avait fait, je retombais en extase.--Eh bien, me dit la soeur charg?e des t?moignages que je lui donnais du plaisir que je ressentais, es-tu f?ch?e, Suzon, que je sois venue dans ton lit? Oui, je gage que tu me veux du mal d'?tre venue te r?veiller.--Ah! lui r?pondis-je, que vous savez bien le contraire! Que pourrais-je vous donner pour une nuit aussi charmante?--Petite coquine, reprit-elle en me baisant, va, je ne te demande rien: n'ai-je pas eu autant de plaisir que toi? Ah! que tu viens de m'en faire go?ter! Dis-moi, ma ch?re Suzon, poursuivit-elle, ne me cache rien: n'avais-tu jamais pens? ? ce que nous venons de faire? Je lui dis que non. Quoi! reprit-elle, tu ne t'?tais jamais mis le doigt dans ton petit conin? Je l'interrompis pour lui demander ce qu'elle entendait par ce mot. Eh! c'est cette fente, me r?pondit-elle, o? nous venons de nous chatouiller. Quoi! tu ne savais pas encore cela? Ah! Suzon, ? ton ?ge, j'en savais plus que toi.--Vraiment, lui r?pondis-je, je n'avais garde de go?ter de ce plaisir. Vous connaissez le p?re J?r?me, notre confesseur: c'est lui qui m'en a toujours emp?ch?e. Il me fait trembler quand je me confesse; il ne manque pas de me demander exactement si je ne fais pas d'impuret?s avec mes compagnes, et il me d?fend surtout d'en faire sur moi-m?me. J'ai toujours eu la simplicit? de l'en croire; mais je sais ? pr?sent ? quoi m'en tenir sur ses d?fenses.--Et comment, me dit Monique, t'explique-t-il ces impuret?s qu'il te d?fend de faire sur toi-m?me?--Mais, lui r?pondis-je, il me dit, par exemple, que c'est quand on se met le doigt o? vous savez, quand on se regarde les cuisses, la gorge. Il me demande si je ne me sers pas de miroir pour m'examiner autre chose que le visage. Il me fait mille autres questions semblables.--Ah! le vieux coquin! s'?cria Monique; je gage qu'il ne cesse de t'entretenir de cela.--Vous me faites, dis-je ? la soeur, prendre garde ? certaines actions qu'il fait pendant que je suis dans son confessionnal et que j'ai toujours prises sottement pour des marques d'amiti?. Le vieux sc?l?rat! J'en connais ? pr?sent le motif.--Eh! quelles actions donc? me demanda vivement la soeur.--Ces actions, lui r?pondis-je, c'est de me baiser ? la bouche, en me disant de m'approcher pour qu'il entende mieux, de me consid?rer attentivement la gorge pendant que je lui parle, de m'y mettre la main dessus, et de me d?fendre de la montrer, sous pr?texte que c'est un acte de coquetterie; et malgr? ses sermons il ne tire pas sa main, qu'il avance de plus en plus sur mon sein, et pousse m?me quelquefois jusqu'? mes t?tons. Quand il l'?te, c'est pour la porter aussit?t sous sa robe, qu'il remue avec de petites secousses. Il me presse alors entre ses genoux; il m'approche avec avec sa main gauche, il soupire, ses yeux s'?garent; il me baise plus fort qu'? l'ordinaire, ses paroles sont sans suite; il me dit des douceurs et me fait des remontrances en m?me temps.

Je me souviens qu'un jour, en retirant la main de dessous sa robe pour me donner l'absolution, il me couvrit toute la gorge de quelque chose de chaud qui se r?pandit par petites gouttes. Je l'essuyai au plus vite avec mon mouchoir, dont je n'ai pas pu me servir depuis. Le p?re, tout interdit, me dit que c'?tait de la sueur qui coulait de ses doigts. Qu'en pensez-vous, ma ch?re Monique? dis-je ? la soeur.--Je te dirai tout ? l'heure ce que c'?tait, me r?pondit-elle. Ah! le vieux p?cheur! Mais sais-tu bien, Suzon, continua-t-elle, que tu viens de me conter ce qui m'est arriv? avec lui?--Comment donc, lui dis-je, vous ferait-il aussi quelque chose ? vous?--Non, assur?ment, me r?pondit-elle, car je le hais ? la mort, et je ne vais plus ? lui depuis que je suis devenue plus savante.--Et comment avez-vous donc appris, lui demandais-je, ? conna?tre ce qu'il vous faisait?--Je consens ? te le dire, me r?pondit la soeur; mais sois discr?te, car tu me perdrais, ma ch?re Suzon.

--Je ne sais, Saturnin, poursuivit ma soeur apr?s un moment de silence, si je dois r?v?ler tout ce qu'elle m'apprit. L'envie de savoir une histoire dont le pr?lude me charmait me fournit des expressions pour vaincre l'irr?solution de Suzon. Je m?lai les caresses aux assurances et je vins ? bout de la persuader. C'est la soeur Monique qui va s'exprimer par la bouche de Suzon. Quelque emport? que doive para?tre le caract?re de cette soeur, je crains que mes expressions ne soient encore au-dessous de la r?alit?. Le peu de temps que j'ai pass? avec elle m'en a fait concevoir une id?e que je ne saurais rendre bien fid?lement. Voici comme s'explique cette h?ro?ne:

Nous ne sommes pas ma?tresses des mouvements de notre coeur. S?duites en naissant par l'attrait du plaisir, c'est ? lui que nous en offrons le premier sentiment. Heureuses celles dont le temp?rament ne s'effraye pas des conseils aust?res de la raison! Elles y trouvent un secours contre le penchant de leur coeur. Mais doit-on leur envier leur bonheur? Non. Qu'elles jouissent du fruit de leur sagesse: elles l'ach?tent assez cher, puisqu'elles ne connaissent pas le plaisir. Eh! qu'est-ce que cette sagesse, apr?s tout, dont on nous ?tourdit les oreilles: Une chim?re, un mot consacr? ? exprimer la captivit? o? l'on retient notre sexe. Les ?loges que l'on fait de cette vertu imaginaire sont pour nous ce qu'est pour un enfant un hochet qui l'amuse et l'emp?che de crier. Des vieilles que l'?ge a rendues insensibles au plaisir, ou plut?t que la retraite leur interdit, croient se d?dommager de l'impuissance de le go?ter par les portraits hideux qu'elles nous en font. Laissons-les dire, Suzon. Quand on est jeune, on ne doit avoir d'autre ma?tre que son coeur: ce n'est que lui qu'il faut ?couter, ce n'est qu'? ces conseils qu'il faut se rendre. Tu croiras facilement qu'ayant de pareilles inclinations, il ne fallait pas moins que la contrainte d'un clo?tre pour m'emp?cher de m'y livrer; mais c'est dans le lieu m?me o? l'on voulait ?touffer mes d?sirs que j'ai trouv? le moyen de les satisfaire.

Toute jeune que j'?tais, quand ma m?re, apr?s la mort de son quatri?me mari, vint demeurer dans ce couvent en qualit? de dame pensionnaire, je ne laissai pas d'?tre effray?e de la r?solution qu'elle avait prise. Sans pouvoir distinguer le motif de ma frayeur, je sentais qu'elle allait me rendre malheureuse. L'?ge en me donnant des lumi?res, m'?claira sur la cause de mon aversion pour le clo?tre. Je sentais qu'il me manquait quelque chose, la vue d'un homme. Du simple regret d'en ?tre priv?e je passai bient?t ? r?fl?chir sur ce qui pouvait me rendre cette privation si sensible. Qu'est-ce donc qu'un homme? disais-je. Est-ce une esp?ce de cr?ature diff?rente de la notre? Quelle est la cause des mouvements que sa vue excite dans mon coeur? Est-ce un visage plus aimable qu'un autre? Non; le plus ou le moins de charmes que je trouve n'excite que plus ou moins d'?motion. L'agitation de mon coeur est ind?pendante de ces charmes puisque le p?re J?r?me lui-m?me, tout d?sagr?able qu'il est, m'?meut quand je suis pr?s de lui. Ce n'est donc que la seule qualit? d'homme qui produit ce trouble; mais pourquoi le produit-elle? J'en sentais la raison dans mon coeur, mais je ne la connaissais pas; elle faisait des efforts pour irriter les liens o? mon ignorance la r?duisait. Efforts inutiles! Je n'acqu?rais de nouvelles connaissances que pour tomber dans de nouveaux embarras.

Quelquefois je m'enfermais dans ma chambre, je me livrais ? des r?flexions: elles me tenaient lieu de compagnie o? je me plaisais le plus. Qu'y voyais-je dans ces compagnies? Des femmes; et quand j'?tais seule, je ne pensais qu'aux hommes; je sondais mon coeur, je lui demandais raison de ce qu'il sentait; je me d?shabillais toute nue; je m'examinais avec un sentiment de volupt?; je portais des regards enflamm?s sur toutes les parties de mon corps; je br?lais, j'?cartais les cuisses, je soupirais; mon imagination ?chauff?e me pr?sentait un homme, j'?tendais les bras pour l'embrasser, mon conin ?tait d?vor? par un feu prodigieux: je n'avais jamais eu la hardiesse d'y porter le doigt. Toujours retenue par la crainte de m'y faire mal, j'y souffrais les plus vives d?mangeaisons sans oser les apaiser. Quelquefois j'?tais pr?te ? succomber; mais, effray?e de mon dessein, j'y portais le bout du doigt, et je le retirais avec pr?cipitation; je me le couvrais avec le creux de la main, je le pressai. Enfin, je me livrai ? la passion, j'enfon?ai, je m'?tourdis sur la douleur, pour n'?tre sensible qu'au plaisir; il fut si grand que je crus que j'allais expirer. Je revins avec une nouvelle envie de recommencer, et je le fis autant de fois que mes forces me le permirent.

J'?tais enchant?e de la d?couverte que je venais de faire: elle avait r?pandu la lumi?re dans mon esprit. Je jugeai que, puisque mon doigt venait de me procurer de si d?licieux moments, il fallait que les hommes fissent avec nous ce que je venais de faire seule, et qu'ils eussent une esp?ce de doigt qui leur serv?t ? mettre o? j'avais mis le mien, car je ne doutais pas que ce ne f?t l? la v?ritable route du plaisir. Parvenue ? ce degr? de lumi?re, je me sentais agit?e du d?sir violent de voir dans un homme l'original d'une chose dont la copie m'avait fait tant de plaisir.

Instruite par mes propres sentiments de ceux que la vue des femmes fait r?ciproquement na?tre dans le coeur des hommes, je joignis ? mes charmes tous les petits agr?ments dont l'envie de plaire a invent? l'usage. Se pincer les l?vres avec gr?ce, sourire myst?rieusement, jeter des regards curieux, modestes, amoureux, indiff?rents; affecter de ranger, de d?ranger son fichu, pour faire fixer les yeux sur sa gorge; en pr?cipiter adroitement les mouvements, se baisser, se relever, je poss?dais ces petits talents dans le dernier degr? de la coquetterie; je m'y exer?ais continuellement: mais, ici, c'?tait les poss?der en pure perte. Mon coeur soupirait apr?s la pr?sence de quelqu'un qui conn?t le prix de mon savoir et qui me f?t conna?tre l'effet qu'il aurait produit sur lui.

Continuellement ? la grille, j'attendais que mon bonheur m'envoy?t ce que je souhaitais depuis longtemps inutilement: je me faisais l'amie de toutes les pensionnaires que les fr?res venaient voir. En demandait-on quelqu'une, je ne manquais pas de passer sans affectation devant le parloir: on m'appelait, j'y courais, et j'ose dire que ceux que j'y trouvais ne me voyaient pas impun?ment.

J'y examinais un jour un beau gar?on dont les yeux noirs et vifs me rendaient avec usure mes regards. Un sentiment d?licat et piquant, d?tach? m?me du plaisir ordinaire que la pr?sence des hommes me procurait, fixait agr?ablement mon attention sur lui. L'opini?tret? de mes regards qu'il avait d'abord re?us avec assez d'indiff?rence, anima les siens: il ne les d?tourna pas de dessus moi. Il n'?tait rien moins que timide, ou plut?t il ?tait d'une hardiesse qui, soutenue des charmes de sa figure, lui r?pondait du succ?s avec toutes les femmes qu'il voulait attaquer. Il profitait des moments que sa soeur d?tournait la vue pour me faire des signes auxquels je ne comprenais rien, mais que ma petite vanit? voulait que je fisse semblant d'entendre, et que j'autorisais par des sourires qui l'enhardirent au point de lui faire faire des gestes que je compris parfaitement bien. Il porta la main entre ses cuisses: je rougis, et, malgr? moi, j'en suivis du coin de l'oeil le mouvement. Il la tira en faisant signe avec la main gauche, qu'il appuya au-dessus du poignet de la droite: il ne fallait pas ?tre bien savante pour sentir qu'il voulait dire que ce qu'il venait de toucher ?tait de cette longueur. Son action m'avait mise en feu. La pudeur voulait que je m'?loignasse, mais la pudeur fait une faible r?sistance quand le coeur est d'intelligence pour la trahir. L'amour me faisait rester. Je baissai timidement la vue, mais bient?t je portai sur Verland des yeux que je voulais faire para?tre irrit?s et que le plaisir rendait languissants. Il le sentit: il vit que je n'avais pas la force de le d?sapprouver: il profita de ma faiblesse, et pour ne me rien laisser ? d?sirer sur l'ardeur dont ses regards me t?moignaient qu'ils ?taient anim?s, il joignit le premier doigt de la main gauche avec le pouce, et mit dans cette esp?ce de fente le second doigt de sa main droite: il le poussait, le retirait et jetait des soupirs. Le fripon me rappelait par l? des circonstances trop charmantes pour me laisser la force de lui t?moigner la col?re que m?ritait ce nouveau manque de respect. Ah! Suzon, que j'?tais contente de lui! et que je me figurais que je l'aurais ?t? bien davantage, si nous nous fussions trouv?s seuls; mais, quand nous l'aurions ?t?, une grille imp?n?trable e?t arr?t? nos plaisirs.

Dans le moment on appela ma compagne; elle nous dit qu'elle allait voir ce qu'on lui voulait et qu'elle ne tarderait pas ? revenir. Son fr?re profita de cet instant pour s'expliquer plus clairement; il ne me tint pas de grands discours, mais ils signifiaient beaucoup. Quoique le compliment ne f?t pas absolument poli, il me parut si naturel que je m'en souviens avec plaisir. Nous autres femmes, nous sommes plus flatt?es d'un discours o? la nature parle toute seule, quelque peu mesur?es qu'en soient les expressions, que de ces galanteries fades que le coeur d?savoue et que le vent emporte. Revenons au compliment de Verland; le voici: <> Je fus si ?tourdie de ses paroles et de l'action dont il les dit, que je demeurai immobile, de fa?on qu'il eut le temps de passer la main au travers de la grille, de me prendre les t?tons, de me les manier, et de me dire encore d'autres douceurs de la m?me force avant que je fusse revenue de ma surprise; et quand j'en revins, je me trouvai si peu en ?tat d'arr?ter ses transports, que sa soeur le surprit dans cette occupation; elle fit le lutin, me dit des injures, en dit ? son fr?re, et je ne le revis plus.

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