Read Ebook: Le Tour du Monde; Île d'Elbe Journal des voyages et des voyageurs; 2. sem. 1905 by Various Charton Douard Editor
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Ebook has 916 lines and 57285 words, and 19 pages
Editor: ?douard Charton
LE TOUR DU MONDE
PARIS IMPRIMERIE FERNAND SCHMIDT 20, rue du Dragon, 20
NOUVELLE S?RIE--11e ANN?E 2e SEMESTRE
LE TOUR DU MONDE
JOURNAL DES VOYAGES ET DES VOYAGEURS
Le Tour du Monde a ?t? fond? par ?douard Charton en 1860
PARIS LIBRAIRIE DE HACHETTE ET Cie 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79 LONDRES, 18, KING WILLIAM STREET, STRAND 1905
Droits de traduction et de reproduction r?serv?s.
TABLE DES MATI?RES
L'?T? AU KACHMIR
SOUVENIRS DE LA C?TE D'IVOIRE
L'?LE D'ELBE
D'ALEXANDRETTE AU COUDE DE L'EUPHRATE
LA FRANCE AUX NOUVELLES-H?BRIDES
? qui les Nouvelles-H?brides: France, Angleterre ou Australie? Le condominium anglo-fran?ais de 1887. -- L'oeuvre de M. Higginson. -- Situation actuelle des ?les. -- L'influence anglo-australienne. -- Les ressources des Nouvelles-H?brides. -- Leur avenir. 169
LA RUSSIE, RACE COLONISATRICE
LUGANO, LA VILLE DES FRESQUES
La petite ville de Lugano; ses charmes; son lac. -- Un peu d'histoire et de g?ographie. -- La cath?drale de Saint-Laurent. -- L'?glise Sainte-Marie-des-Anges. -- Lugano, la ville des fresques. -- L'oeuvre du Luini. -- Proc?d?s employ?s pour le transfert des fresques. 253
SHANGHA?, LA M?TROPOLE CHINOISE
L'?DUCATION DES N?GRES AUX ?TATS-UNIS
Le probl?me de la civilisation des n?gres. -- L'Institut Hampton, en Virginie. -- La vie de Booker T. Washington. -- L'?cole professionnelle de Tuskegee, en Alabama. -- Conciliateurs et agitateurs. -- Le vote des n?gres et la casuistique de la Constitution. 289
? TRAVERS LA PERSE ORIENTALE
AUX RUINES D'ANGKOR
De Sa?gon ? Pn?m-penh et ? Compong-Chuang. -- ? la rame sur le Grand-Lac. -- Les charrettes cambodgiennes. -- Siem-R?ap. -- Le temple d'Angkor. -- Angkor-Tom -- D?cadence de la civilisation khmer. -- Rencontre du second roi du Cambodge. -- Oudong-la-Superbe, capitale du p?re de Norodom. -- Le palais de Norodom ? Pn?m-penh. -- Pourquoi la France ne devrait pas abandonner au Siam le territoire d'Angkor. 361
EN ROUMANIE
CROQUIS HOLLANDAIS
ABYDOS
dans les temps anciens et dans les temps modernes
L?gende d'Osiris. -- Histoire d'Abydos ? travers les dynasties, ? l'?poque chr?tienne. -- Ses monuments et leur spoliation. -- Ses habitants actuels et leurs moeurs. 445
VOYAGE DU PRINCE SCIPION BORGH?SE AUX MONTS C?LESTES
L'ARCHIPEL DES FERO?
Premi?re escale: Trangisvaag. -- Thorshavn, capitale de l'Archipel; le port, la ville. -- Un peu d'histoire. -- La vie v?g?tative des Fero?ens. -- La p?che aux dauphins. -- La p?che aux baleines. -- Excursions diverses ? travers l'Archipel. 517
PONDICH?RY
chef-lieu de l'Inde fran?aise
Acc?s difficile de Pondich?ry par mer. -- Ville blanche et ville indienne. -- Le palais du Gouvernement. -- Les h?tels de nos colonies. -- Enclaves anglaises. -- La population; les enfants. -- Architecture et religion. -- Commerce. -- L'avenir de Pondich?ry. -- Le march?. -- Les ?coles. -- La fi?vre de la politique. 529
UNE PEUPLADE MALGACHE LES TANALA DE L'IKONGO
LA R?GION DU BOU HEDMA
Le chemin de fer Sfax-Gafsa. -- Maharess. -- Lella Mazouna. -- La for?t de gommiers. -- La source des Trois Palmiers. -- Le Bou Hedma. -- Un groupe m?galithique. -- Renseignements indig?nes. -- L'oued Hadedj et ses sources chaudes. -- La plaine des Ouled bou Saad et Sidi haoua el oued. -- Bir Saad. -- Manoubia. -- Khrangat Touninn. -- Sakket. -- Sened. -- Ogla Zagoufta. -- La plaine et le village de Mech. -- Sidi Abd el-Aziz. 565
DE TOL?DE ? GRENADE
L'?LE D'ELBE
Par M. PAUL GRUYER.
Du chemin de fer de Pise ? Rome se d?tache, ? mi-route, parmi les vastes plaines mar?cageuses des Maremmes, un petit embranchement qui va de Campiglia, point de bifurcation, ? Piombino, port d'embarquement.
Piombino est le type de la vieille petite place-forte italienne, aux rues ?troites et entass?es, aux arches et aux tours de pierre br?l?es par le soleil; elle n'offre pas grande ressource, et l'on fera bien de ne pas lui demander l'hospitalit? de la nuit. Du c?t? de la mer, ses maisons et ses remparts tombent ? pic dans les flots; en face, Elbe se d?coupe sur l'horizon, viol?tre, montagneuse, abrupte, et coiff?e presque toujours d'un chapeau de nu?es. Deux fois par jour, un bon vapeur fait le service postal et celui des passagers, en une heure et quart; l'on est oblig? malheureusement de le gagner en barque, car le peu de fond de la mer, sem?e de r?cifs et d'?cueils, emp?che qu'il ne s'approche de terre, et, lorsqu'il y a houle ou gros temps, on danse ferme dans le <
Le voyage est, en somme, peu compliqu?. Personne ne va ? l'?le d'Elbe cependant. D'Italie m?me on y vient peu; quoique ce sol, beau et sain, soit assez proche de Rome, il ne s'y trouve que quelques grandes propri?t?s rurales; quant aux touristes ?trangers, en Italie encore plus qu'ailleurs, c'est le troupeau de Panurge qui suit les itin?raires tout trac?s. Et puis n'est-ce pas le sort commun de toutes les ?les d'?tre plus ou moins d?laiss?es? Il faut y aller expr?s, et, quand on y est, un vague malaise pousse ? en sortir, comme si l'on craignait d'y rester toujours prisonnier.
Peupl?e jadis par les ?trusques, bien avant que Rome exist?t, Elbe a vu passer sur son territoire Phoc?ens venus de Gr?ce, Carthaginois et Romains, Goths, Wisigoths et Lombards. Puis ce sont les G?nois qui la disputent aux Pisans, et les Espagnols qui on chassent les G?nois. Bient?t les Fran?ais apparaissent ? leur tour. La guerre ayant ?clat? entre Fran?ois Ier et Charles-Quint, le sultan Soliman, alli? du roi de France, envoie de Constantinople, contre l'Italie et ses ?les, la flotte ottomane, sous les ordres du fameux corsaire Barberousse, ancien matelot devenu grand-amiral, par son audace heureuse et sa f?rocit?. Non content de faire pleuvoir sur toutes les c?tes ses grenades enflamm?es, il aborde et parcourt l'int?rieur de l'?le en massacrant hommes, femmes et enfants, en arrachant les arbres, en br?lant la terre. Cette d?vastation, telle que les Turcs savent la faire, fut si ?pouvantable qu'il fallut, apr?s son d?part, envoyer d'Italie des colons dans l'?le, les rares habitants qui avaient surv?cu, cach?s dans des trous de rochers, ?tant impuissants ? relever seuls tant de d?sastres.
Mais Elbe commence ? se lasser aussi de son sort mis?rable et songe ? se d?livrer de tout le monde, une bonne fois. En 1799, la France, prenant pr?texte d'une rupture avec la Toscane, avait d?barqu? de nouveau ses troupes, et occup? Porto-Ferraio; les Elbois s'?taient soumis en apparence, mais pour pr?parer dans l'ombre une r?volte formidable et sauvage. La maison de tout Fran?ais avait ?t? marqu?e par l'ange exterminateur, et le massacre fut simultan? partout. En ces nouvelles V?pres Siciliennes, on lib?ra jusqu'aux gal?riens des bagnes, afin de faire la chasse aux survivants, traqu?s comme des b?tes fauves, ? travers les maquis, les ravins et les antres des montagnes o? ils s'?taient r?fugi?s. Les cadavres furent coup?s en morceaux et promen?s ainsi, triomphalement.
En 1801 cependant, Porto-Ferraio fut rebloqu? par la flotte fran?aise, bombard? en 1802, et, cette m?me ann?e, le trait? d'Amiens avait officiellement donn? Elbe ? la France. L'?le envoya alors ? Paris des d?put?s qui furent re?us par le premier Consul , et qui l'assur?rent de la fid?lit? de leurs concitoyens, lesquels d?sormais se consid?raient comme vrais Fran?ais et demandaient en retour protection contre tout autre envahisseur. Peu apr?s, en effet, les Anglais ayant reparu furent repousses par une coop?ration commune des troupes fran?aises et des troupes elboises. L'?le fut reperdue pour nous apr?s Waterloo. Elle redevint alors italienne, et l'est encore aujourd'hui.
Que l'on vienne de Livourne ou de Piombino, c'est ? Porto-Ferraio que l'on d?barque, sa ville principale et sa sous-pr?fecture actuelle.
Figurez-vous une sorte de lac suisse, plus beau, avec le ciel de l'Orient, une de ces baies m?diterran?ennes ?pres et harmonieuses ? la fois dont celle de Naples est un des principaux types connus. Sur un promontoire escarp? s'avan?ant dans ses flots et se repliant en croissant, une ville, dont le seul aspect ?voque toute une po?sie de pass?, se superpose, serr?e, avec des toits plats qui semblent s'escalader les uns les autres; ses longues murailles qui l'enveloppent font grimper leurs lignes de pierre ? tous les escarpements du rocher, et, ? tous leurs angles, une petite tourelle s'accroche, pour le veilleur, quelque hallebardier levantin que l'on s'attend ? voir surgir dans le d?cor. Dans un port ferm? par une jet?e couverte elle-m?me de maisons et termin?e par une vieille tour g?noise, rouge, trapue, bizarre de forme, dorment sur l'eau, si bleue qu'elle en est noire, de grandes tartanes peintes en vert ardent, avec leurs voiles enroul?es autour des m?ts semblables ? des antennes de scarab?es. Un ?blouissement de couleur, un craqu?lement de clart?.
Je m'informe ensuite des personnes pr?s de qui j'ai une lettre d'introduction et qui m'aideront ? me d?brouiller, chose si pr?cieuse en pays ?tranger. Ce furent: Signor Emmanuel Camera de Asarta, qui remplissait alors dans l'?le les fonctions du sous-pr?fet absent, et qui mit ? ma disposition tout son cr?dit; Signor Tonietti, agent consulaire de France, qui m'accompagna en personne toutes les fois que sa pr?sence put m'?tre utile; Signor Bigeschi, syndic de Porto-Ferraio. C'est enfin l'excellent abb? Soldani. Je ne veux pas oublier non plus un mot de remerciement pour Signor del Buono, le propri?taire actuel de San Martino. Bien d'autres aussi ont droit ? ma gratitude, qu'il serait trop long d'?num?rer ici. Il est peu de pays dont j'aie rapport? autant de souvenirs d'affabilit? et d'empressement ? m'?tre utile, chacun selon son pouvoir.
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