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Read Ebook: Histoire de Quillembois Soldat by Hell Andr

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Ebook has 252 lines and 9729 words, and 6 pages

HISTOIRE

DE QUILLEMBOIS

SOLDAT

DU M?ME AUTEUR

DROLES DE B?TES.

LES BELLES HISTOIRES QUE VOILA.

ALPHABET DE LA GRANDE GUERRE.

LE LIVRE DES HEURES H?RO?QUES ET DOULOUREUSES. Images de la guerre.

ANDR? HELL?

HISTOIRE

DE QUILLEMBOIS

SOLDAT

LIBRAIRIE BERGER-LEVRAULT

NANCY. PARIS. STRASBOURG

LE PORTRAIT DE QUILLEMBOIS

Quillembois, soldat de bois, naquit un jour, comme tous les jouets de bois, d'un morceau de sapin tourn?.

Il fut soldat fran?ais parce que le hasard avait plac? ? c?t? de l'ouvrier qui ?tait charg? de l'enluminer, un pot de bleu et un pot de rouge.

Il aurait pu tout aussi bien ?tre soldat anglais, si le pot de couleur bleue avait ?t? plus loin: il aurait ?t? Russe si le pot de couleur verte avait ?t? plus pr?s; il aurait m?me pu ?tre n?gre, si, lorsque vint son tour d'?tre peint, il n'?tait rest? dans l'atelier qu'un peu de noir au fond d'un godet.

La main de l'ouvrier qui esquissa na?vement les traits de son visage tremblait un peu. Voil? pourquoi Quillembois eut le nez de travers; sa bouche ne fut pas non plus dans le prolongement exact de son nez, ainsi que le veulent les r?gles de l'esth?tique, mais ses yeux noirs, bien d'aplomb, regardaient franchement en face d'eux, sans peur ni forfanterie.

Lorsque sa tunique bleue fut s?che, on lui colla un bras de bois de chaque c?t? du corps; on lui colla ensuite un fusil jaune le long du bras droit, un sac brun sur le dos, un pompon rouge sur son shako et, sous les pieds, en guise de godillots, une large et confortable rondelle verte, au centre de laquelle il se tint bien camp?, pr?t ? recevoir victorieusement tous les chocs.

PREMIER CHAGRIN

Comme Quillembois avait une t?te et un corps en bois, il ?tait naturellement enclin ? l'ob?issance et peu sensible ? la douleur. Il ne se plaignit donc pas lorsqu'un jour il fut mis dans une bo?te garnie de mousse et de fragments de vieux journaux en compagnie d'une douzaine d'autres soldats, d'un tambour, d'un canon, d'un capitaine, d'un porte-drapeau et de six arbres fra?chement vernis dont l'odeur portait quelque peu ? la t?te.

Allong? dans sa bo?te, Quillembois regardait devant lui. Il voyait, sur les planchettes dont l'atelier ?tait garni, un grand nombre de maisons, d'arbres, de moutons, de vaches, de chevaux, de canards, d'oies, de poules, de bergers et de berg?res qui s?chaient en attendant d'?tre mis en bo?te ? leur tour.

Il voyait surtout, juste en face de lui, une petite berg?re ? la jupe verte et au corsage rose dont les yeux ?taient obstin?ment fix?s sur les siens.

Quillembois et la berg?re se regard?rent donc pendant des jours et des jours jusqu'? ce qu'on vint les en emp?cher en mettant un couvercle sur la bo?te o? se trouvait le petit soldat.

Sans savoir pourquoi, Quillembois se sentit le coeur tout gros. Comme il faisait noir et que personne ne pouvait le voir, il se mit ? pleurer en pensant ? la berg?re rose et verte qu'il ne reverrait peut-?tre plus jamais.

LE D?PART

La bo?te dans laquelle se trouvait Quillembois fut mise dans un coin de l'atelier, ? c?t? d'autres bo?tes semblables.

Quelques jours apr?s tout cela, il y eut un grand remue-m?nage dans la fabrique. Quillembois entendit des pas press?s, des voix, des cris: il lui sembla que les moutons b?laient tristement, que les chevaux hennissaient; il crut, au milieu de tous ces bruits, distinguer les sanglots ?touff?s de la berg?re rose et verte.

Mais sa bo?te fut brusquement soulev?e et elle retomba plus loin avec fracas.

Il entendit ensuite des pas de chevaux, des roulements de camions, des chocs de plaques tournantes et des coups de sifflet stridents.

Il comprit qu'il ?tait dans un train et qu'il roulait vers quelque destination inconnue.

Puis il s'endormit.

UN R?VE

Tout au fond de la bo?te, ? travers l'?paisseur de la nuit dans laquelle il se trouvait, Quillembois vit un grand trou noir au fond duquel apparaissait, tr?s petit, tr?s lointain, vaguement teint? de vert, de rose et de gris, un petit village aux maisons de bois, tout pareil ? ceux qu'il avait vus sur les ?tag?res de l'atelier.

Puis une lumi?re blonde naissait doucement.

Un gros papillon noir tach? de jaune et de violet s'estompait, se pr?cisait, se transformait: il se teintait de rouge, se colorait de bleu, se nuan?ait de vert.

Et Quillembois reconnaissait les pots de couleurs ? c?t? desquels il ?tait venu au monde.

Brusquement le paysage s'illuminait: de l'or tombait du ciel, s'accrochait au toit des maisons, s'?pandait sur les toisons blanches des moutons; les chevaux galopaient; les vaches s'en allaient aux champs; devant le portail de la ferme aux volets verts, la petite berg?re verte et rose donnait ? manger aux poulets et aux dindons.

L?-bas, une poule qui venait de pondre le disait gaiement ? tous les gens de la ferme: son cri montait toujours: il devenait de plus en plus aigu, de plus en plus per?ant, si bien qu'il r?veilla le petit soldat.

Quillembois ouvrit les yeux. A c?t? de sa bo?te grande ouverte, un phonographe martial nasillait une marche militaire de toute la force de ses disques; Quillembois distingua aussi des lumi?res, des couleurs, des personnes.

Il vit alors qu'il n'?tait plus en chemin de fer et il s'aper?ut que, pendant son sommeil, il avait ?t? transport? dans le rayon des jouets d'un grand magasin.

LE MAGASIN

Tout ? c?t? de Quillembois, un arbre ?crasait la poitrine du capitaine; un fusil mena?ant ?tait pr?t ? crever le tambour et cinq ou six de ses camarades ?touffaient ? qui mieux mieux parce qu'ils ?taient couch?s ? plat ventre, le nez dans la mousse. Quillembois avait la chance d'avoir la t?te appuy?e sur le bord de la bo?te: il pouvait ainsi respirer librement et voir ce qui se passait autour de lui.

Tandis que le phonographe qui l'avait r?veill? continuait sa musique, des chemins de fer ? m?canique roulaient bruyamment sur les tables voisines, des poup?es glapissaient <>. Quillembois voyait encore des m?ts de navires, tandis qu'au-dessus de sa t?te, des a?roplanes se poursuivaient sans pouvoir jamais se rattraper.

Enfin des gens allaient et venaient.

Comme ils regardaient tous le bord de la bo?te, ? l'endroit m?me o? Quillembois appuyait la t?te, le petit soldat crut que les visiteurs ?taient s?duits par sa bonne mine et sa gentillesse: il redressa le torse et bomba avantageusement la poitrine; songeant ? des succ?s inesp?r?s, il oublia m?me, l'ingrat, que, l?-bas, il ne savait o?, une petite berg?re verte et rose pleurait peut-?tre en pensant ? lui.

Mais il fut bien puni de sa vanit? lorsque, penchant la t?te, il vit, au-dessous de lui, coll?e sur la bo?te, une ?tiquette portant un prix. Il comprit alors que cette ?tiquette, bien plut?t que sa personne, attirait l'attention des clients qui passaient, calculant le montant de leurs achats.

LES JOUETS HUMBLES

Malgr? tout le brouhaha qui se faisait dans tout le magasin, Quillembois regarda attentivement les petits jouets au milieu desquels il se trouvait.

Pr?s de lui, ? c?t? d'une bergerie aux moutons fris?s, un cort?ge de b?tes aux formes bizarres sortait d'une Arche de No?.

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