bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: Histoire de Quillembois Soldat by Hell Andr

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 252 lines and 9729 words, and 6 pages

Pr?s de lui, ? c?t? d'une bergerie aux moutons fris?s, un cort?ge de b?tes aux formes bizarres sortait d'une Arche de No?.

Des man?ges de chevaux de bois, aux cavaliers de toutes les couleurs, tournaient au son de leur bo?te ? musique, et des pantins, en costume d'Arlequin, r?jouissaient les passants de leurs contorsions plus comiques les unes que les autres.

Des oiseaux chantaient dans leurs cages.

Des marins ramaient dans leurs bateaux.

Et toute une ribambelle de petites poup?es ? un sou dansaient, dansaient toujours sur leurs quatre crins, infatigables.

LES JOUETS RICHES

Les jouets d'un prix ?lev? ?taient group?s au fond du magasin: ils formaient un aristocratique rayon, aussi lointain du modeste petit soldat de bois que peut l'?tre, d'un simple pioupiou, le palais d'un roi ou d'un empereur.

Quillembois contemplait ce rayon avec de grands yeux ?carquill?s. Il frissonna d'admiration en pensant qu'il y avait l? des jouets si chers qu'il aurait fallu dix ou vingt mille soldats comme lui pour pouvoir les payer: des automates, fiers de leur grande popularit?, qui jouaient de la mandoline et buvaient du sirop; des jouets scientifiques, des bateaux ? vapeur, des sous-marins, des locomotives, des ballons dirigeables et des a?roplanes.

Il y avait l? des animaux en ?toffe: des ?nes gris qui hochaient tristement la t?te, se souvenant de l'injuste et lointaine tradition qui les condamne ? rester pour toujours le symbole de l'ignorance et de la paresse; de gros ?l?phants bons enfants, que leur r?putation d'animaux pas m?chants rendait propres ? subir toutes les mystifications de leurs compagnons les singes; des canards de toutes les couleurs, des lions, des vaches, des tigres, des ours et des chameaux.

Il y avait aussi des chauffeurs cossus et de riches automobilistes. Leurs voitures ?taient lanc?es ? toute allure sur de grandes tables: mais, h?las! leurs pauvres t?tes de porcelaine ?taient ? la merci d'un caillou qui se trouvait l?, d'un chien m?canique qui passait devant eux, d'un virage mal pris.

Et ces rois de la route risquaient ? tout moment de se briser en mille miettes au pied m?me de la table sur laquelle ils accomplissaient leurs exploits, terrorisant tous les autres jouets.

Plus loin, de hautes et superbes quilles semblaient d?fier tout le monde.

Mais, au moindre coup de boule, elles tombaient par terre, heurtant durement le sol de leur nez camard et ne se relevaient plus.

Il y avait des soldats de plomb:

Musiciens aux instruments de cuivre, fantassins aux pantalons garance, tambours, porte-drapeau.

Chasseurs ? cheval aux tuniques bleu de ciel.

Dragons aux casques d'argent.

Turcos aux ch?chias rouges, zouaves aux turbans blancs.

G?n?raux et officiers de toutes sortes, aux brillants uniformes, aux aiguillettes d'or, aux multiples d?corations.

Artilleurs aux sombres costumes.

Spahis aux burnous flottants.

Fourgons r?gimentaires, parcs d'artillerie, voitures d'ambulance.

Il y avait enfin de monstrueux canons ? air comprim?, jetant plusieurs projectiles ? la seconde.

Quillembois les regarda sans effroi.

Il ne savait pas encore que les soldats de bois, comme les autres, sont quelquefois oblig?s d'aller ? la guerre et de prendre part ? de terribles combats ? la fin desquels les canons, seuls, restent debout.

QUILLEMBOIS EST VENDU

Enfin, un jour, une dame vint au magasin et emporta la bo?te dans laquelle se trouvait Quillembois.

Ce fut avec une grande joie qu'il quitta le magasin: les phonographes l'assourdissaient, les lumi?res l'?blouissaient, la poussi?re lui donnait des naus?es et le froid de la nuit des rhumatismes.

De plus, l'humidit? le faisait un peu enfler, tout comme ces tiroirs de bois qu'on ne peut plus fermer ni ouvrir lorsque le temps est ? la pluie.

La dame emporta la bo?te chez elle, puis la mit dans une armoire au fond de laquelle d'autres jouets se trouvaient d?j?. Quillembois retrouva ainsi le calme et la chaleur dont il avait ?t? priv? depuis son arriv?e ? la ville.

De temps en temps, la dame sortait soigneusement les jouets de leur bo?te: elle regardait si toutes les petites pi?ces dont ils sont compos?s ?taient bien ? leur place; il fallait parfois changer le crin cass? d'une poup?e qui avait trop dans?, ou donner un nouveau fusil, fait d'un morceau d'allumette, ? un soldat qui avait perdu le sien; certains jouets n'avaient plus ni bras ni jambes: la bonne dame leur en donnait de tout neufs, qu'elle taillait elle-m?me dans de petites planchettes, puis elle prenait soigneusement ces pauvres ?clop?s et leur faisait passer la nuit au coin du feu afin que la colle s?che bien et qu'ils aient, d?s le lendemain, des membres assez solides pour que rien ne puisse plus les faire bouger.

UNE PAGE D'HISTOIRE

Il faut dire que pendant la nuit, ? l'heure o? tout le monde dort profond?ment, les jouets ne sont plus les petits objets d?nu?s de mouvement et de pens?e que nous voyons pendant le jour.

Ils vivent, au contraire, comme de v?ritables petits hommes: ils vont d'une bo?te ? l'autre, causent entre eux, et les ?v?nements qui se passent dans notre monde font souvent l'objet de leur conversation.

Mais le moindre regard qui se pose sur eux leur fait reprendre imm?diatement leur apparence inanim?e de bois, de m?tal ou de carton.

Aussi jamais personne n'a-t-il pu les voir remuer.

Mais ceux qui savent comprendre leur langage entendent quelquefois, derri?re une porte, les histoires qu'ils racontent.

Un soir donc, un tambour, auquel il avait fallu recoller une baguette, parlait, au coin du feu devant lequel il s?chait, ? une marchande en porcelaine qu'il avait fallu fixer plus solidement aux brancards de sa voiture d'oranges et qui, pour cette raison, occupait l'autre coin de la chemin?e.

<

<

<

<

<

<

<

<>

<>

Un l?ger craquement se fit entendre ? ce moment du c?t? de la porte. Le tambour ne parlait d?j? plus. La marchande n'entendait plus.

NUIT DE NO?L

Quelques jours se pass?rent. Puis, un soir, la dame prit d?licatement par la taille Quillembois et ses camarades et les mit en rang sur le parquet.

Ils ?taient align?s comme ? la revue ou ? la parade.

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

 

Back to top