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Read Ebook: Voyage musical en Allemagne et en Italie II by Berlioz Hector

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Ebook has 586 lines and 65620 words, and 12 pages

VOYAGE MUSICAL

EN ALLEMAGNE

EN ITALIE.

S?VRES--M. CERF. IMPRIMEUR. 444, RUE ROYALE.

VOYAGE MUSICAL

ALLEMAGNE

EN ITALIE.

?TUDES SUR BEETHOVEN, GLUCK ET WEBER.

M?LANGES ET NOUVELLES.

PAR HECTOR BERLIOZ.

PARIS

JULES LABITTE, LIBRAIRE-?DITEUR, N? 3. QUAI VOLTAIRE.

VOYAGE MUSICAL

EN ITALIE.

CONCOURS DE COMPOSITION MUSICALE A L'INSTITUT.

Il faut dire aussi pourquoi j'?tais l?, car on ne s'en douterait gu?re.

En effet, que peut aller chercher aujourd'hui un musicien en Italie? Irait-il y entendre les chefs-d'oeuvre de l'ancienne ?cole? on ne les ex?cute nulle part. Ceux de l'?cole moderne? on les repr?sente habituellement ? Paris. Se proposerait-il d'y ?tudier l'art du chant? C'est bien, il est vrai, la terre classique des chanteurs; mais ceux-ci n'ont pas plut?t acquis un talent un peu remarquable, que nous les voyons accourir en France. Les Rubini, Tamburini, Grisi, Persiani, Ronconi, Salvi, ont fond? ou consolid? leur r?putation ? Paris, et ils y passent, en g?n?ral, une bonne partie de leur vie d'artiste. Se livre-t-il ? l'?tude de la musique instrumentale? c'est le Rhin qu'il faut passer et non les Alpes. Toutes ces raisons sont excellentes, sans doute; je me bornerai ? r?pondre que, si je suis all? en Italie sous pr?texte de musique, c'est par arr?t de l'Acad?mie. J'ai obtenu, comme tant d'autres, le grand prix de composition musicale au concours annuel de l'Institut; et si le lecteur est curieux de savoir comment se faisait ce concours, ? l'?poque o? je m'y pr?sentai, je puis le lui apprendre.

Faire conna?tre quels sont chaque ann?e ceux des jeunes compositeurs fran?ais qui offrent le plus de garanties pour l'avenir de l'art, et les encourager en les mettant, au moyen d'une pension, dans le cas de s'occuper librement et exclusivement pendant cinq ans de leurs ?tudes, tel est le double but de l'institution du prix de Rome, telle a ?t? l'intention du gouvernement qui l'a fond?e. Toutefois, voici les moyens qu'on employait encore il y a quelques ann?es, pour remplir l'une et parvenir ? l'autre. Les choses ont un peu chang? depuis lors, mais bien peu.

Tous les Fran?ais, ou naturalis?s Fran?ais, ?g?s de moins de trente ans, pouvaient, et peuvent encore, aux termes du r?glement, ?tre admis au concours.

D?j? l'Aurore aux doigts de rose.

Ou:

D?j? le jour naissant ranime la nature.

Ou:

D?j? d'un doux ?clat l'horizon se colore.

Ou:

D?j? du blond Ph?bus le char brillant s'avance.

Ou:

D?j? de pourpre et d'or les monts lointains se parent.

Ou:

D?j?....

J'entends retentir dans mon sein Le cri plaintif de la nature.

Ainsi, le prix de musique est donn? par des gens qui ne sont pas musiciens et qui n'ont pas m?me ?t? mis dans le cas d'entendre, telles qu'elles ont ?t? con?ues, les partitions entre lesquelles un absurde r?glement les oblige de faire un choix.

LE CONCIERGE DE L'INSTITUT.

Il y avait dans mon temps, ? l'Institut, un vieux concierge nomm? Pingard, ? qui tout ceci causait une indignation des plus plaisantes. La t?che de ce brave homme, ? l'?poque des concours, ?tait de nous enfermer dans nos loges, de nous ouvrir soir et matin, et de surveiller nos rapports avec les visiteurs, aux heures de loisir. Il remplissait, en outre, les fonctions d'huissier aupr?s de Messieurs les acad?miciens, et assistait, en cons?quence, ? toutes les s?ances secr?tes et publiques, o? il avait fait bon nombre de curieuses observations. Embarqu? ? seize ans comme mousse ? bord d'une fr?gate de la compagnie des Indes, il avait parcouru presque toutes les ?les de la Sonde, et, oblig? de s?journer ? Java, il ?chappa, par la force de sa constitution, et lui neuvi?me, disait-il, aux fi?vres pestilentielles qui avaient enlev? tout l'?quipage.

<<--M. Levaillant!... M. Levaillant, s'?cria-t-il vivement, pardieu si je le connais. Tenez! Un jour que je me promenais au cap de Bonne-Esp?rance, en sifflant, j'attendais une petite n?gresse qui m'avait donn? rendez-vous sur la Gr?ve, parce que, entre nous, il y avait des raisons pour qu'elle ne v?nt pas chez moi. Je vais vous dire.

--Bon, bon, nous parlions de Levaillant.

--Ah! oui. Eh bien! un jour que je sifflais en me promenant au cap de Bonne-Esp?rance, un grand homme basan?, qui avait une barbe de sapeur, se retourne vers moi; il m'avait entendu siffler en fran?ais, c'est apparemment ? ?a qu'il me reconnut:

--Dis donc, gamin, qu'il me dit, tu es Fran?ais?

--Pardi, si je suis Fran?ais, que je lui dis, je suis de Givet, d?partement des Ardennes, pays de M. M?hul.

--Ah! tu es Fran?ais?

--Oui.

--Ah!--Et il me tourna le dos.

C'?tait M. Levaillant; vous voyez si je l'ai connu.>>

Le p?re Pingard ?tait donc v?ritablement mon ami; aussi me traitait-il comme tel, et me confiait-il des choses qu'il e?t trembl? de d?voiler ? tout autre. Je me rappelle une conversation tr?s-anim?e que nous e?mes ensemble en 1828, ?poque de mon second prix. On nous avait donn? pour sujet de concours un ?pisode du Tasse: Herminie se couvrant des armes de Clorinde, et ? la faveur de ce d?guisement, sortant des murs de J?rusalem pour aller porter ? Tancr?de bless? les soins de son fid?le et malheureux amour. Au milieu du troisi?me air , dans le milieu du troisi?me air donc, se trouvaient ces quatre vers:

Dieu des chr?tiens, toi que j'ignore, Toi que j'outrageais autrefois, Aujourd'hui, mon respect t'implore, Daigne ?couter ma faible voix.

<<--Eh bien! lui dis-je, qu'ont-ils d?cid??

>>--Ah!... c'est vous, Berlioz... pardieu, je suis bien aise!... je vous cherchais.

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