bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: Cours familier de Littérature - Volume 17 by Lamartine Alphonse De

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 339 lines and 69035 words, and 7 pages

Voyons dans quel ?tat il trouvait la cour. L'amour pour la duchesse d'?tampes, r?gnait sur le roi.

Anne de Pisseleu, duchesse d'?tampes, dite d'abord Mlle d'Heilly, ma?tresse de Fran?ois Ier, n?e vers 1508, ?tait fille d'honneur de Louise de Savoie, duchesse d'Angoul?me, m?re de Fran?ois Ier, et avait dix-huit ans lorsque ce prince en devint ?perdument amoureux. Il la maria ? un certain Jean de Brosse et lui donna le comt? d'?tampes, qu'il ?rigea pour elle en duch?.

Elle aimait les arts et les artistes autant que son royal amant les favorisait.

<

Il ordonna aussit?t ? l'un de ses secr?taires, appel? M. de Villeroy, de faire pourvoir ? tous mes besoins. Ce secr?taire ?tait grand ami du pr?v?t, ? qui appartenait le Petit-Nesle. Cette maison ?tait une esp?ce de ch?teau antique qui touchait aux murs de Paris, assez grand, et de forme triangulaire. Il n'y avait aucun soldat pour le garder. M. de Villeroy me conseillait de chercher un autre ?tablissement, parce que le pr?v?t ?tait un homme puissant qui me ferait tuer quelque jour. Je suis venu d'Italie en France, lui r?pondis-je, pour servir votre grand prince, et je n'ai pas peur de mourir, parce que t?t ou tard il faut le faire.

Ce M. de Villeroy ?tait un homme de beaucoup d'esprit, fort riche, admirable en toutes choses, mais mon secret ennemi. Il mit apr?s moi un certain M. de Marmagne, tr?sorier de la province de Languedoc. La premi?re chose que fit celui-ci fut de chercher dans cette maison l'appartement le plus commode, et de s'en saisir. J'eus beau lui repr?senter que le roi m'avait donn? ce logement pour moi et mes gens, et que je ne voulais y souffrir personne autre; cet homme ?tait fier, audacieux et violent; il me r?pondit qu'il voulait faire ce qui lui plairait, et que c'?tait donner de la t?te contre une muraille, que de s'opposer ? lui et ? M. de Villeroy. Je lui r?partis que le roi ?tait plus puissant que M. de Villeroy, et que c'?tait lui-m?me qui m'avait donn? cette maison.

Alors, furieux, il me dit beaucoup d'injures en fran?ais, auxquelles je r?pondis en italien; et, voyant qu'il mettait la main ? sa dague, qui ?tait fort courte, je mis la main ? la mienne, qui ?tait plus longue, et qui ne me quittait jamais; je lui dis qu'il ?tait mort s'il faisait le moindre signe. Marmagne avait deux valets avec lui, et moi mes deux jeunes gens.

Jetez-vous, leur dis-je, sur ces deux marauds-l?; tuez-les, si vous pouvez, et, quand j'aurai tu? leur ma?tre, nous partirons. Celui-ci, voyant ma contenance assur?e, se crut heureux de sortir la vie sauve. J'?crivis sur-le-champ au cardinal ce qui venait de se passer; il l'alla raconter au roi, qui en fut afflig?, et me recommanda au comte d'Orbec, qui eut toute sorte de soins pour moi.

Telle ?tait alors l'anarchie f?odale qui r?gnait dans l'administration.

Les faveurs du roi me faisaient consid?rer de tout le monde. Je re?us l'argent qu'il me fallait pour mes statues, et je commen?ai par celle de Jupiter, qui ?tait d?j? assez avanc?e lorsque le roi revint ? Paris. Aussit?t qu'il me vit, il me demanda si je pouvais lui montrer quelque chose de mon atelier, parce qu'il avait envie d'y aller. L'ayant assur? que je le pouvais, le jour m?me, apr?s son d?ner, Sa Majest? y vint, accompagn?e de Mme d'?tampes, du roi et de la reine de Navarre, sa soeur; de Mgr le Dauphin, de Mme la Dauphine, du cardinal de Lorraine, enfin de tout ce qu'il y avait de plus grand ? sa cour. J'?tais ? travailler lorsque le roi parut. Je donnai l'ordre ? tout mon monde de rester ? sa place. Il me trouva ayant une grande plaque d'argent ? la main, pour le corps de mon Jupiter; un autre faisait une jambe, un autre la t?te; de sorte que c'?tait un bruit ?pouvantable dans mon atelier. Je venais de donner en ce moment un coup de pied ? un petit gar?on fran?ais, qui m'avait fait une sottise, et qui alla se cacher dans les jambes du roi; ce qui le fit beaucoup rire. Sa Majest? me demanda ce que je faisais, et m'ordonna de ne pas me d?ranger. Elle me dit alors de prendre les choses ? mon aise, et de soigner ma sant?, parce qu'elle voulait me faire travailler longtemps. Je lui r?pondis que je serais malade si je ne travaillais pas, surtout ? ce que je d?sirais faire pour elle. Le roi crut que je ne voulais lui adresser qu'un compliment, et recommanda au cardinal de Lorraine de me r?p?ter ce qu'il m'avait dit; mais je lui donnai de si bonnes raisons, qui furent rapport?es, qu'on me laissa toute libert?.

Ayant pris cong? du roi, je repassai la Seine; je pris chez moi, au lieu d'un sac, une bourse qu'une religieuse de mes parents m'avait donn?e ? Florence; et, comme il ?tait encore de bonne heure, je me rendis seul, sans domestique, chez le tr?sorier qui devait me compter les mille ?cus d'or. Je le trouvai occup? ? les choisir, et il le faisait si lentement, qu'il me fallut attendre nuit close avant qu'ils me fussent livr?s. Soup?onnant l?-dessous quelque trahison, j'eus la prudence de faire dire ? quelques-uns de mes gar?ons de venir au-devant de moi. Ne les voyant point, je demandai si on les avait avertis; un coquin de valet m'assura qu'il avait fait ma commission, et qu'ils n'avaient point voulu venir, mais qu'il me porterait cette somme si je voulais. Non, lui dis-je, je la porterai moi-m?me.

Quand j'en eus donn? le re?u en bonne forme, je partis avec ma bourse bien attach?e ? mon bras gauche. J'?tais arm?, et j'avais ma cotte de mailles. Je m'?tais aper?u que quelques valets parlaient bas entre eux, et ?taient sortis avec moi, en prenant une rue oppos?e. C'est pourquoi je traversai ? grands pas le pont au Change, et je suivis les bords de la Seine qui me conduisaient ? mon logis. Quand je fus devant les Augustins, lieu tr?s-dangereux, j'en ?tais encore trop ?loign? pour qu'on p?t m'entendre et venir ? mon secours. C'est l? pr?cis?ment que je me vis attaqu? par quatre hommes, l'?p?e ? la main. J'enveloppai aussit?t de mon manteau le bras auquel ma bourse ?tait attach?e, et je mis la main ? mon ?p?e. <> Mais je m'aper?us bien qu'ils ?taient endoctrin?s par les valets qui m'avaient vu compter mon argent. Comme je me d?fendais vivement, peu ? peu ils se retir?rent en disant en fran?ais: <> Enfin, comme ils crurent qu'il n'y avait que de bons coups d'?p?e ? gagner, et que je ne les m?nageais pas, ils ne march?rent plus que lentement apr?s moi. Alors, pr?cipitant mes pas, parce que je craignais quelque embuscade encore, et me voyant ? port?e de mon logement, je me mis ? crier: Aux armes! aux armes! on veut m'assassiner. Quatre de mes gens accoururent avec des piques, et voulurent poursuivre ces coupe-jarrets; mais je les arr?tai, en leur disant: Laissez-moi d?poser cet argent qui m'arrache le bras, et nous donnerons ensuite sur ces quatre poltrons qui n'ont pu me voler. Quand je fus entr?, tout mon monde se mit apr?s moi, en me faisant des reproches sur ce que je me fiais trop sur moi-m?me, et en me disant que quelque jour je me ferais tuer. Enfin, apr?s bien des paroles et des plaisanteries, nous soup?mes aussi gaiement que s'il nous f?t arriv? quelque chose d'heureux. Il est vrai que le proverbe dit qu'? force d'aller on rencontre le mauvais pas, mais les malheurs n'arrivent jamais de la m?me mani?re.

L'ouvrier ?tait devenu artiste supr?me. Il ?tait ?vident que son g?nie aspirait ? s'?galer ? la fortune de son protecteur, et que les lauriers grandioses de Michel-Ange l'emp?chaient de dormir. C'est alors qu'il con?ut le monument colossal de la statue du dieu Mars, repr?sentant Fran?ois Ier. Le roi fut ravi; la duchesse d'?tampes, jalouse de la pr?f?rence accord?e au roi, l'irrita contre Benvenuto. <>

Je laissai mon Jupiter ? sa place, et je partis pour Paris, apr?s avoir re?u mille ?cus d'or, partie pour mon traitement et partie pour les avances que j'avais faites. J'?tais si content, qu'apr?s mon d?ner je fis pr?sent de tous mes v?tements, qui ?taient de fourrures fines et d'?toffes fort belles, ? mes compagnons de travail: chacun d'eux eut sa part, selon son m?rite; mes domestiques, mes valets d'?curie, ne furent pas m?me oubli?s. Je voulais leur donner du z?le, pour ?tre bien servi de toutes les mani?res. Ayant repris courage, je m'attachai ? mon colosse qui ?tait ma statue de Mars, dont la carcasse ?tait form?e de morceaux de bois artistement entrelac?s et rev?tus de pl?tre; et je raconterai une anecdote plaisante ? laquelle cette statue donna lieu. J'avais d?fendu ? mes gens de faire entrer des filles dans ma maison; mais cet ordre ?tait mal ex?cut?. Ascagne ?tait amoureux d'une jeune fille fort jolie, qui le payait de retour; elle se sauva une nuit de chez ses parents, pour venir le trouver, et ne voulut plus y retourner. Ascagne, ne sachant qu'en faire, la cacha dans la statue, lui arrangea un lit dans la t?te avec beaucoup d'art, et il venait l'en faire sortir pendant la nuit. Comme cette t?te ?tait fort avanc?e, je l'avais d?couverte par un peu de vanit?, pour la laisser voir au public. Les plus voisins montaient jusque sur leurs toits pour la regarder. Comme le bruit courait depuis longtemps que ce vieux ch?teau ?tait habit? par un esprit, que je n'avais cependant jamais vu ni entendu, et que cette fille qui ?tait couch?e dans cette t?te la faisait remuer de temps en temps, le sot peuple disait que l'esprit s'?tait d?j? empar? de cette grande figure, et qu'il lui faisait mouvoir les yeux et la bouche, comme si elle voulait parler; les uns en ?taient effray?s, et les autres plus malins s'effor?aient de le leur faire croire, quoiqu'ils ne sussent pas qu'il y avait dans cette t?te un v?ritable esprit.

Le roi cependant, ? la sollicitation de Mme d'?tampes, lui reprocha de perdre son temps et son talent ? faire pour d'autres des vases, des sali?res, des t?tes, des portes, et de n?gliger les grands ouvrages qu'il lui avait command?s. Mme d'?tampes conseilla en riant au roi de le faire pendre, car, disait-elle, il l'avait bien m?rit?.

Or admirons, dit Cellini, la justice de Dieu, qui ne laisse rien d'impuni sur la terre. Cet homme sembla me demander pardon devant ceux qui peu de temps apr?s me veng?rent, moi et tant d'autres qui avaient ?t? assassin?s par lui. Qu'aucun mortel, quelque grand qu'il soit, ne compte donc sur l'impunit? de ses crimes. Je dirai dans son lieu que justice sera faite aussi de plusieurs de mes pers?cuteurs. Ce n'est point la vanit? qui m'arrache ces tristes r?flexions; je les fais pour rendre gr?ce ? Dieu, dont la puissante protection ne m'a jamais manqu?, parce que je l'ai toujours implor? au milieu de mes angoisses.

Ce m?lange de sc?l?ratesse et de d?votion sinc?re donne ? ce temps un caract?re de pittoresque moral qui n'?clate jamais mieux que dans ce na?f sc?l?rat.

J'avais alors une excellente servante qui, sans m'en avertir, m'avait achet? un chapon gras. Le matin, quand je me levai, ? l'heure du d?ner: Oh! oh! dit-elle, voil? cet homme qui comptait mourir hier! Je crois que les coups de pied et de poing qu'il nous a donn?s cette nuit ont fait tant de peur ? la fi?vre, qu'elle n'a plus os? repara?tre. Je me mis ? table avec ma bonne famille, dont la joie ?tait revenue avec la mienne, et qui avait remplac? par de la poterie de terre tous les plats d'?tain que j'avais jet?s dans le feu. Apr?s mon d?ner, je re?us la visite de tous mes ouvriers, qui m'avou?rent que je leur avais fait voir des choses qu'ils n'auraient jamais crues possibles, ce qui ne laissait pas que d'enfler un peu ma vanit?. Ensuite, ayant mis la main ? ma bourse, je les payai bien, et je les renvoyai tous contents.

Il fut r?compens? de son chef-d'oeuvre en honneur plus qu'en argent.

Je sortis de Florence, et je fis mon p?lerinage, ne cessant de chanter des psaumes et des oraisons en la gloire de Dieu; ce qui me d?lectait d'autant plus que la saison ?tait belle, et le pays que je parcourais extr?mement agr?able. J'avais pour guide un de mes gar?ons, qui ?tait de ce pays-l?. Arriv? aux bains, je fus parfaitement bien accueilli dans sa maison, par son p?re et un vieil oncle qu'il avait, qui ?tait m?decin-chirurgien, et se m?lait un peu d'alchimie. Celui-ci me fit voir que les bains avaient des mines d'or et d'argent, et beaucoup d'autres choses fort curieuses, et, lorsqu'il se fut familiaris? avec moi, il me dit un jour: Si notre duc voulait m'entendre, je lui ferais conna?tre un projet fort avantageux. Pr?s des Camaldules, il y a un tel passage que, si des vaisseaux voulaient le traverser malgr? nous, ils ne le feraient pas sans danger. Et ce bon vieillard me mit sous les yeux un plan du pays, fait de sa main, o? il me fit voir la v?rit? de ce qu'il me disait. Je pris le plan, et je retournai ? Florence le plus vite possible; et, sans m'arr?ter, je courus au palais. Je rencontrai en chemin le duc, qui me dit: Je ne vous attendais pas si t?t!--Monseigneur, lui r?pondis-je, je suis venu pour le service de Votre Excellence; car j'aurais demeur? volontiers encore quelque temps dans ce beau pays. Il me conduisit dans un cabinet secret, et alors je lui montrai le plan du vieillard. Il l'approuva beaucoup, et me dit qu'il s'en occuperait; et, apr?s un peu de r?flexion: Au reste, ajouta-t-il, nous nous sommes accord?s, le duc d'Urbin et moi, et c'est ? lui ? s'en charger; mais gardez-en le secret; je vous remercie de votre z?le.

LAMARTINE.

FIN.

CIe ENTRETIEN.

LETTRE ? M. SAINTE-BEUVE.

Mon cher Sainte-Beuve,

Je re?ois et je relis, avec un plaisir ?gal ? celui de ma jeunesse, ces deux charmants volumes que vous avez pens? ? m'adresser ? Saint-Point.

Quant ? l'?ternelle r?union de ces ?mes ch?ries dans le sein du ma?tre doux, cl?ment et mis?ricordieux, je ne m'en inqui?te pas, je m'y fie comme l'enfant se fie ? sa m?re, et ma confiance m?me est ma preuve d'immortalit?. Dieu ne voudrait pas permettre, pour son honneur, ? sa cr?ature d'imaginer une Providence ?ternelle plus belle que la sienne; nous serons bien ?tonn?s l?-haut de trouver un monde de morts plus beau cent fois que nous n'avons r?v?! que d'?tres ador?s nous y retrouverons!

Laissez donc ces nouveaux pr?cheurs du n?ant croire ? la st?rilit? de la mort, plus qu'? la divinit? de la vie! Cela n'est pas po?tique, encore moins philosophique, indigne de nous!

L'arm?e alors joua le tout pour le tout, et accomplit son mouvement d'o? sortit un homme. Comme r?publicain fid?le et sens?, je m'affligeai mais je ne m'?tonnai pas: entre une ?p?e et un ?chafaud, la France n'h?sitera jamais!

Je me retirai pour toujours alors; ma page ?tait ?crite; l'honneur me condamnait ? un ?ternel ostracisme.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pendant ce temps-l?, bien que vous m'eussiez vu ? l'oeuvre, et, entre autres jours, le 16 avril 1848, le plus beau jour, le jour du salut, le jour encore myst?rieux de ma vie publique, le jour que des calomnies qui seront confondues ? leur heure ont cherch? ? tourner contre moi et dont ils ont voulu me d?rober l'honneur et la r?solution, bien que ces calomniateurs n'en sachent pas m?me encore la cause et le secret; bien que, reconnu par vous au moment o?, d?guis?, j'?chappais ? mon triomphe, vous m'ayez dit ? l'oreille, enlev? par l'enthousiasme de la bienveillance, un de ces mots que je n'ai jamais oubli?s, jamais cit?s, et qui prouvaient plus que de la justice pour moi dans votre coeur, que faisiez-vous?

Vous ne demandiez ni asile, ni pardon, ni emploi ? la r?publique sauv?e et fond?e le 16 avril 1848; mais vous pr?f?riez aller fonder dans une universit? de Belgique un enseignement litt?raire ind?pendant, malgr? mes instances pour vous retenir. Vous portiez un talent grandi par la libert? et qui grandissait encore. D?s votre retour de Belgique, quelque temps apr?s, vous all?tes achever de grandir en Suisse, dans cette ville de Lausanne que Voltaire avait choisie pour en faire la colonie de la libert? entre la pers?cution et les cours. Vous y trouviez, comme Voltaire lui-m?me, un beau ciel, un beau lac, de l'?tude et des amiti?s.

Quoi qu'il en soit, continuez; vous ?levez un monument aux autres et ? vous-m?me. D?blayez courageusement les routes du temple! Vous ?tiez fait pour mieux; vous ?tes comme moi, n? pour le grand, condamn? au moindre. La nature nous avait bien dou?s, les ?v?nements nous ont mal servis: tant pis pour eux.

Voici comment vous peigniez vous-m?me Joseph Delorme, cet autre vous-m?me sous le nom duquel vous vouliez entrer alors dans notre monde:

<

<

<

<

<

<

<

Songe charmant, douce esp?rance! Ainsi je r?vais ? quinze ans; Aux derniers reflets de l'enfance, ? l'aube de l'adolescence, Se peignaient mes jours s?duisants.

Mais la gloire n'est pas venue; Mon amante aupr?s d'un ?poux De moi ne s'est plus souvenue, Et de ma folie inconnue Ma m?re se plaint ? genoux.

Moi, malheureux, je r?ve encore, Et, po?te d?senchant?, ? l'autel du Dieu que j'adore, Sous la cendre je me d?vore, Foyer que la flamme a quitt?.

Avez-vous vu, durant l'orage, L'arbre par la foudre allum?? Longtemps il fume; en long nuage Sa verte s?ve se d?gage Du tronc lentement consum?.

Oh! qui lui rendra son jeune ?ge? Qui lui rendra ses jets puissants, Les nids bruyants de son feuillage, Les rendez-vous sous son ombrage, Ses rameaux, la nuit g?missants?

Qui rendra ma fra?che pens?e ? son r?ver d?licieux? Quel prisme ? ma vue effac?e Repeindra la couleur pass?e O? nageaient la terre et les cieux?

?tait-ce une blanche atmosph?re, Le brouillard dor? du matin, Ou du soir la rougeur l?g?re, Ou cette p?leur de berg?re Dont Phoeb? nuance son teint?

?tait-ce la couleur de l'onde Quand son cristal profond et pur R?fl?chit le d?me du monde? Ou l'oeil bleu de la beaut? blonde Luisait-il d'un si tendre azur?

Mais bleue encore est la prunelle; Mais l'onde encore est un miroir; Phoeb? luit toujours aussi belle; Chaque matin l'aube est nouvelle, Et le ciel rougit chaque soir.

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

 

Back to top