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Read Ebook: Contes Fantastiques et Contes Littéraires by Janin Jules Gabriel

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Ebook has 849 lines and 82212 words, and 17 pages

Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont ?t? corrig?es. L'orthographe d'origine a ?t? conserv?e et n'a pas ?t? harmonis?e.

CONTES FANTASTIQUES

CONTES LITT?RAIRES

TYPOGRAPHIE ERNEST MEYER, RUE DE VERNEUIL, 22.

CONTES

FANTASTIQUES

CONTES LITT?RAIRES

PAR

JULES JANIN

PARIS

MICHEL L?VY FR?RES, LIBRAIRES ?DITEURS

RUE VIVIENNE, 2 BIS, ET BOULEVARD DES ITALIENS, 15

A LA LIBRAIRIE NOUVELLE

Tous droits r?serv?s

PR?FACE

Non pas que ces trois derniers livres soient tout ? fait de bonnes oeuvres, au moins on y trouve une certaine habilet?, un certain art.

Si l'auteur avait ?t? le ma?tre, il e?t supprim? de sa vie et de ses oeuvres au moins les contes que voici. Mais le moyen d'?ter une page?... et surtout quand cette page est peut-?tre un obstacle au renom de l'?crivain?

Toutefois, l'auteur se console en songeant que s'il e?t volontiers retranch? plus d'un conte, il n'a rien ? modifier dans les opinions, la constance et la fid?lit? de toute sa vie!

En tout ce qui touche aux sentiments de son ?me, aux passions de son coeur... il est le m?me! Ami des anciennes chansons, n?gligent des cantiques du lendemain.

Passy, 1er janvier 1863.

AVANT-PROPOS

DE LA PREMI?RE ?DITION--MAI 1832.

Po?sie du foyer domestique, et po?sie de c?libataire en m?me temps; po?sie de l'homme heureux qui n'a rien ? faire, de l'homme passionn? sans passions; po?sie du buveur qui ne s'enivre pas, de l'homme qui dort tout ?veill?; po?sie d'amateur de tabac de toutes sortes et qui fume dans toutes les postures: capricieuse et folle, souple, ?l?gante, facile ? vivre, plus souvent ?chevel?e que par?e avec soin, montrant son sein et sa jambe ? qui veut les voir, et cependant toujours chaste et modeste. La po?sie fantastique est une tr?s-belle et tr?s-aimable fille qui aime les joies et les libert?s du cabaret, qui se pla?t ? l'ombre du joyeux bouchon, qui recherche de pr?f?rence tous les plaisirs ? bon march?. Oh! quand nous l'avons vue, en sa n?gligence, venir ? nous du fond de l'Allemagne, comme nous avons ?t? surpris et charm?s! Quelle diff?rence entre la po?sie fantastique et toutes les autres po?sies.

C'?tait beau, la grande po?sie! et, comme la marraine de Ch?rubin, elle ?tait bien imposante. Mais, ? c?t? de la grande po?sie, la petite po?sie n'est pas sans charmes; apr?s le po?me ?pique, plaisir des dieux, le conte est une volupt? ? la port?e des simples mortels. Ch?rubin, l'aimable enfant, a peur de sa marraine: il embrasse Suzon, et quand Suzon fait la rebelle, il court ? Fanchette, avec laquelle il ose tout oser. Hoffmann, c'est la Fanchette du monde po?tique; Hoffmann, c'est le conte apr?s le po?me, apr?s le drame; Hoffmann, c'est la petite po?sie aux pieds l?gers qui vient apr?s la grande, en suivant son sillon lumineux.

Avec cette diff?rence toutefois, que le conte se manifeste dans un arc-en-ciel plus modeste: la grande po?sie descendait du Parnasse jusqu'? nous, la petite, au contraire, s'?l?ve ? nous de l'h?tellerie voisine, o? elle se loge de pr?f?rence. La po?sie hom?rique se manifestait au milieu du tonnerre et des ?clairs, sur le mont Sina?, sur l'H?licon; la chanson des bonnes gens arrive au bruit du bouchon qui saute, et si elle s'entoure assez souvent d'un nuage, c'est d'un nuage de tabac; innocente fum?e, elle est f?conde en r?ves, en fantaisie, en contes, en r?ves charmants.

Mais, je vous le r?p?te, cette faute n'est pas la mienne, c'est la faute des circonstances, la faute de la mode, et votre faute ? vous-m?mes, qui voulez du fantastique ? tout prix et de toutes mains, comme s'il ?tait donn? au premier venu d'?tre un po?te en plein cabaret, de dessiner des chefs-d'oeuvre au charbon sur la muraille, d'aimer la bi?re et la r?verie sur un grand fauteuil de ch?ne; de conna?tre les secrets intimes du violon et de l'archet; comme s'il ?tait donn? au petit monsieur que je vous pr?sente ici de s'appeler Hoffmann?

A ce sujet, j'ai eu bien des disputes avec vous, mon cher Roland. Je me rappelle surtout certaine nuit d'hiver que nous avons pass?e ? la lueur bicolore des bougies et du punch. Roland, ce soir-l?, m'a dit tout ce qu'il pouvait me dire pour m'emp?cher de tomber dans cette erreur d'un esprit maladroit qui s'?gare ? plaisir, et qui va, sans savoir o?.

Ce soir-l?, par grand hasard, nous ?tions deux, lui et moi, nous qui ne faisons qu'un d'ordinaire: et nous disputions ? outrance, heureux, lui, de me voir en dispute et me tenant la bride haut la main: il n'y a rien de plus redoutable que les chevaux pacifiques lorsqu'ils se mettent ? mordre et ? ruer.

Notre sujet de dissertation ?tait d'un grand int?r?t. La nuit ?tait bonne, le feu ?tait vif, et nous pensions cette fois ? livre ouvert!

Disant ces mots, Roland se promenait de long en large, aussi fier et aussi heureux que s'il e?t ?crit les choeurs du premier Faust.

Roland, qui jouait avec mon l?vrier, retourna vers moi son visage d'une imposante gravit?:

--C'est vrai, fit-il; celui qui est venu dans les temps primitifs f?t un ?tre heureux. Je suis bien s?r que le l?vrier de Darius adoptant Alexandre, la veille de la bataille d'Arbelles, ?tait plus beau et plus intelligent que le tien. Les belles femmes! les grands po?tes! Oui; mais ? t'entendre, on dirait que c'est le monde qui manque ? la po?sie, et non pas la po?sie qui manque au monde, et c'est mal fait de ch?tier le temps pr?sent sur le dos du temps pass?.

--Non, lui dis-je, ce n'est pas le po?te qui manque au monde. Tant qu'il reste un brin d'herbe ici-bas, une ?toile l?-haut, une femme sous nos yeux, il y aura des po?tes; tant que nous aurons la pri?re au fond de notre coeur, il y aura des po?tes. Mais en po?sie aujourd'hui, comme en politique, chacun chez soi, chacun pour soi! Et le po?te a cach? sa po?sie, il retient sa voix, parce qu'il a peur de ne plus trouver d'?cho.

--Cela est f?cheux, dit Roland; si la po?sie allait nous manquer, par quoi la remplacer, nous autres qui sommes jeunes? Cela est f?cheux; si le respect humain se met parmi les po?tes, c'en est fait des po?tes. Le respect humain a tout fl?tri parmi nous, il a fl?tri le mariage, il a fl?tri l'amour, il a fl?tri la croyance, il a fl?tri le pouvoir; le respect humain s'est gliss? partout, sous toutes les formes; il s'est appel? com?die et satire, trag?die, encyclop?die, cours de litt?rature: il a fini par ?tre un journal. Mais que la po?sie soit une chose ridicule, nous sommes perdus, toi et moi, et tous les autres qui ne se sont pas donn?s, corps, ?me et biens, avenir, pr?sent et pass?, ? l'avarice, ? l'ambition.

En m?me temps, je remplis son verre et le mien, nos deux verres se donn?rent l'accolade, et nous rest?mes les bras crois?s, la pens?e en l'air, le coeur tranquille, heureux comme deux amis, et savourant par tous les sens la paix et le silence de la nuit.

L'instant d'apr?s, Roland reprit la parole:

--Et pourquoi, diable, me dit-il, les po?tes ne peuvent-ils faire aujourd'hui que du fantastique? r?ponds-moi.

Quand il me fit cette question, j'?tais en train de lire les adieux d'Andromaque et d'Hector; j'essuyai une larme, et je lui dis avec le plus grand calme:

Quand il eut fini, je lui dis:

Roland, qui se sentait battu, prit un air d'ironie et de victoire:

--C'est, lui dis-je, qu'il ne faut pas croire que le vrai po?te soit assez insens? pour se livrer ? toute sa fougue aux yeux des hommes de sang-froid; il ne faut pas croire qu'il marche seul dans les sentiers difficiles, pendant que les autres suivent les chemins battus.--Crois-moi, jamais les po?tes ne se sont plaint, tout de bon, de leur mis?re; leur mis?re ?tait une fiction qu'ils inventaient pour se faire pardonner leur sup?riorit? sur les autres hommes; jamais, non jamais, quoi qu'ils en aient dit, et quoi qu'en ait dit le monde, les po?tes n'ont ?t? sans puissance et sans fortune: il est impossible, et, vois-tu, je crois en ceci comme je crois en Dieu, il est impossible que Hom?re ait ?t? le mendiant qu'on nous montre avec un b?ton et une besace; j'en atteste hardiment les sept villes qui se sont disput? la gloire de lui avoir donn? le jour.

Roland me dit d'un air piqu?:

--Tu es diablement ?loquent aujourd'hui, ne pourrais-tu pas me parler avec moins d'emphase? A vrai dire, je te comprendrais beaucoup mieux si tu ?tais un moins grand orateur.

--Roland, lui dis-je, il faut me pardonner ma grande ?loquence, au moins tant qu'il s'agira de la grande po?sie; en effet toutes les esp?ces d'emphases se tiennent par la main, ce sont des soeurs de la m?me taille, et qui vont au m?me pas, en prose, en vers.

--En ce cas, dit Roland, revenons ? notre point de d?part, au petit pas: dis-moi tr?s-simplement, puisque tu es si convaincu qu'on ne fera plus drame, ode, po?me, idylle, aucune esp?ce de grande po?sie, ? quoi serviront les po?tes de l'avenir, et ce qu'il nous est permis encore d'en esp?rer?

Lorsque n'?tant plus nuit, il n'est pas encor jour!

>>Oh! le sublime ivrogne! Il n'est jamais assez ivre pour porter un regard indiscret sur les fant?mes de sa cr?ation: en plein cabaret, quand les jolies filles, enfant de son cerveau, viennent s'asseoir ? sa table, et qu'il les voit les bras nus, les cheveux flottants, dans la joie et le sourire de leurs seize ans, il respecte ces printani?res, comme tu respecterais les deux soeurs. Pourvu qu'elles lui permettent de boire encore et de fumer toujours, il va leur parler si respectueux et si tendre! Il leur dira les amours des cieux et des histoires du troisi?me ciel, o? fut saint Paul; il sera charmant avec elles, simple et rustique Hoffmann! Restez donc pr?s de lui, chastes pens?es de son ?me, adorables filles de son imagination toujours jeune! restez pr?s de lui, c'est un po?te qui ne pense gu?re au monde ext?rieur; il r?ve; il se rend compte ? lui tout seul de ses ravissantes histoires de terreur, de piti?, d'infortune et d'amour!

--Je commence ? comprendre, reprit Roland... le po?te fantastique est un ?go?ste..., il se plonge ? plaisir dans les plus beaux r?ves, il m?prise ?galement le bl?me et les louanges du monde. En ce cas, Dieu me pr?serve de ces hommes sans coeur, qui ne pensent qu'? leur propre ennui, sans songer ? soulager l'ennui des peuples qui ont tout vu, tout ?puis?!

--Le po?te fantastique, Roland, est un sage; il parle ? voix basse, et ne veut d?ranger personne! <>

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