bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: L'Illustration No. 3661 26 Avril 1913 by Various

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 281 lines and 26106 words, and 6 pages

Plus loin, on retrouve dans des jardins peu propices ? un atterrissage, une bouteille et les b?ches, prudemment retir?es ? l'avance de leur filet rest? ? sa place. All?g? du poids de ces objets, le ballon se met en l?g?re mont?e, et le pilote peut avoir l'espoir de franchir la colline. Malheureusement, apr?s quelques secondes, insuffisantes pour permettre le jet du lest de fortune, la pluie et la gr?le ram?nent le ballon au sol.

E.--La nacelle est plaqu?e sur la fa?ade d'une maison basse, isol?e sur la colline, appartenant ? Mme Juriecwiez. La violence du choc fut consid?rable; ? la vitesse du vent ?valu?e ? 50 kilom?tres ? l'heure s'ajoutait la force du mouvement pendulaire qu'avait pris la nacelle apr?s l'abandon du guide-rope.

Un t?moin, qui habite pr?s de la maison fatale, a vu nettement, au moment du choc des officiers debout dans la nacelle. Quand celle-ci, apr?s un instant d'arr?t, remonta verticalement en pulv?risant l'avance du toit et la chemin?e, on n'apercevait plus personne ? bord. Seul, un bras pendait.

La tourmente faisant rage, nul cri n'avait ?t? per?u. On se pr?cipita au pied de la maison pour secourir les passagers sans doute tomb?s du panier. On ne trouva qu'un passe-montagne et un k?pi.

Sur les cinq hommes, ceux qui ?taient le plus rapproch?s du mur au moment du choc durent ?tre tu?s sur le coup: Aumont-Thi?ville, le capitaine Clavenad et le sergent Richy. Tous trois, en effet, furent relev?s plus tard, le cr?ne d?fonc?. La blessure de Clavenad semblerait indiquer qu'? la minute tragique il se tenait courb?.

E.--Le ballon plonge ensuite dans le jardin de M. Humblot; la nacelle pique en terre, rebondit, arrache le fa?te d'un mur au pied duquel tombe la montre-bacelet de Clavenad, dont le bras ?tait en dehors; puis la nacelle retombe dans le jardin suivant.

G.-H.--M. Spengler, qui poursuit le ballon depuis la gare de Fontenay, escalade le mur; il voit la nacelle ratisser un labour et s'enlever ? nouveau au moment o? il croit l'atteindre. Il entend alors distinctement ce supr?me appel: <>... Le ballon s'?chappe, brisant encore une cl?ture de planches et ?cornant un toit.

D?s lors, l'?quipage ne donnera plus signe de vie; c'est un panier de morts ou d'an?antis qui se balance sous la sph?re.

Au point culminant, au fort de Nogent, l'a?rostat se trouve ? faible hauteur; un cycliste militaire saisit la corde du sac ? b?ches qui pend de la nacelle, mais il est vite oblig? de la l?cher, et le ballon traverse la cour du fort en ?vitant les b?timents.

K.--A cet endroit, le terrain formant une d?clivit? jusqu'? la Marne, le ballon se maintient tant bien que mal au-dessus des obstacles. Il traverse la route Nationale, baisse dans un jardin, reprend de l'?lan et jette la nacelle dans le vitrage d'un atelier de marbrier, appartenant ? M. H?ricourt, rue de Plaisance, ? Nogent-sur-Marne, o? elle semble coinc?e.

L.--Le ballon repart, frappe le deuxi?me ?tage d'une maison, enl?ve la goutti?re, rompt les fils t?l?graphiques du chemin de fer, et, cette fois, ne redescend plus. La pluie vient de cesser, le grain est pass?: c'est enfin le retour aux lois de la force ascensionnelle.

M.-N.--Il est ? noter que les t?moins de cette derni?re sc?ne se sont plut?t amus?s des fantaisies du ballon, qu'ils croyaient vide, ayant ?chapp? ? ses pilotes au moment d'un atterrissage. Ils le virent s'?loigner rapidement, traverser le cimeti?re, franchir la Marne et monter, sans jamais dispara?tre, jusqu'? la hauteur des nuages.

Le refroidissement subit survenu en les atteignant a-t-il emp?ch? le ballon de remonter ? l'altitude maxima o? il devait s'?quilibrer? Ou bien a-t-il ranim? les deux survivants ?vanouis qui se seraient alors pendus ? la soupape? On ne sait.

O.--Toujours est-il que l'a?rostat fut aper?u ? plus de 400 m?tres de haut par deux artilleurs du fort de Villiers qui eurent le temps d'aller chercher la lunette de batterie et de voir <

Devant le spectacle terrifiant qu'ils avaient sous les yeux, dans la nacelle, les deux survivants sortis de leur torpeur, affol?s, ont-ils, sans se pencher par-dessus bord pour se rendre compte de la hauteur o? ils se trouvaient, tir? la corde rouge de d?chirure, ultime manoeuvre qui ne doit ?tre faite qu'? quelques m?tres du sol? C'est probablement ce qui s'est pass?.

P.--M. Corbet, garde-chasse, qui se promenait aux alentours de la propri?t? de M. Cahen d'Anvers, voit le ballon ? 300 m?tres <>, puis devenir ? 100 m?tres une loque qui s'aplatit sur le sol.

Il ?tait alors 2 h. 45. Ce drame ?pouvantable qui s'est d?roul? sur un trajet de 10 kilom?tres depuis la descente vertigineuse jusqu'? l'atterrissage, avait dur? exactement dix minutes. Dans la nacelle renvers?e, on trouva les survivants sous les morts, ce qui tendrait ? prouver que trois passagers auraient succomb? avant la chute finale, et que le capitaine de No?e et le lieutenant de Vasselot avaient pris le dessus pour manoeuvrer.

On peut conclure, en somme, que la v?ritable clef du drame est ? Fontenay o? le ballon, quoique poss?dant encore une force ascensionnelle bien suffisante pour se maintenir dans les airs, fut pr?cipit? et plaqu? ? terre par la violence de la temp?te. 11 se trouvait d?s lors dans le domaine de ph?nom?nes m?caniques o?, la pesanteur n'intervenant plus, les a?ronautes ne pouvaient plus avoir sur lui aucune action.

ANDR? SCHELCHER.

LE G?N?RAL EYDOUX EN EPIRE

Ath?nes, 16 avril.

Depuis la chute de Janina, le g?n?ral Eydoux, chef de la mission militaire fran?aise en Gr?ce, caressait le projet d'aller en Epire ?tudier sur place cet extraordinaire terrain o? l'arm?e grecque s'?tait si h?ro?quement battue. Mais un travail consid?rable et impr?vu l'emp?cha tout d'abord de donner suite ? ce dessein, tandis que S. A. R. le Diadoque ?tait encore ? Janina. La mort du roi Georges, les fun?railles, retard?rent encore son d?part, qui ne put s'effectuer qu'apr?s la triste c?r?monie.

Le gouvernement grec avait mis ? la disposition du g?n?ral, des officiers et des personnes qui l'accompagnaient, un petit vapeur et plusieurs automobiles. M. Raymond Aynard, ancien ministre de France ? Cettigne, qui, d?sign? pour faire partie de la mission fran?aise envoy?e aux obs?ques du roi d?funt, avait accompagn? M. Jonnart ? Ath?nes, ?tait du voyage, ainsi que M. David, d?put? de la Dordogne. J'eus la bonne fortune de pouvoir les suivre.

Ce voyage ne fut qu'une longue suite de manifestations francophiles qui commenc?rent d?s le d?barquement ? Pr?v?za. La foule n'?tait pourtant pas pr?venue; mais, voyant au m?t du navire flotter le pavillon tricolore, elle se pr?cipita... Et le g?n?ral Eydoux mit le pied sur la terre d'Epire au cri mille fois r?p?t? de: <> auquel il r?pondit imm?diatement par celui de: <>

L'apr?s-midi, le g?n?ral, avec sa suite, allait aux ruines de Nicopolis, la ville c?l?bre b?tie par Octave pour comm?morer sa victoire d'Actium sur Antoine. S'?tant rendu compte de ce qu'avait ?t? la bataille qui, en octobre dernier, avait livr? Pr?v?za ? l'arm?e grecque, il se dirigea ensuite vers le tertre o?, d'apr?s la tradition, reposent les 3.000 Fran?ais du g?n?ral de La Sal cette, massacr?s par le fameux Ali pacha en 1798. L?, il donna un souvenir ?mu ? ces martyrs.

Au cours de cette journ?e, puis le lendemain, ? Grimbovo et ? Pente-Pigadia, le g?n?ral Eydoux fit connaissance avec le terrain des luttes r?centes et put personnellement en appr?cier les difficult?s.

Enfin, le mercredi, vers 4 heures du soir, par une pluie torrentielle, malheureusement, nous arrivions ? Janina.

Les Janiniotes ?taient mass?s sur la place. Des drapeaux fran?ais et grecs flottaient partout. Deux grands ?cussons portaient, l'un: <> et l'autre: <>

Au milieu des acclamations r?p?t?es, le g?n?ral monta ? l'h?tel de l'?tat-major, o? l'accueillit le g?n?ral Danglis, qui, bient?t, le priait de se montrer au balcon: les notables de la ville avaient, en effet, exprim? le d?sir de le saluer.

En des discours chaleureux, ils lui dirent toute la joie qu'ils ?prouvaient ? ?tre enfin libres, tout le plaisir qu'ils avaient ? le remercier personnellement de la part qu'il avait prise ? la pr?paration de leur d?livrance.

Ce ? quoi le g?n?ral r?pondit tr?s joliment qu'il n'avait fait que son devoir de Fran?ais en travaillant pour la Gr?ce, ainsi que le veulent les immortelles traditions de la France. Il dit encore tout le contentement qu'il avait ressenti ? collaborer avec des hommes comme le soldat et l'officier grecs, et, enfin, toute l'admiration qu'il ?prouvait pour l'arm?e hell?ne et son chef le roi Constantin, apr?s leurs belles victoires de Mac?doine et d'Epire.

Des cris de <> ?clat?rent, fr?n?tiques, de toutes parts; le g?n?ral Eydoux, profond?ment ?mu, s'associa ? cette manifestation, dont il ?tait visiblement touch? jusqu'au fond du coeur, en acclamant ? son tour et la Gr?ce et le roi Constantin!

Apr?s le d?fil? des d?l?gations envoy?es par les corporations de la ville, le g?n?ral partit pour le consulat de France. La foule l'y suivit par les rues pavois?es. De nouveaux discours allaient ?tre prononc?s.

Un journaliste ayant dit que c'?tait ? la mission fran?aise que revenaient le m?rite et la gloire des victoires grecques, le g?n?ral r?pondit en remettant galamment les choses au point:

<>

Et des vivats enthousiastes prouv?rent au g?n?ral qu'il venait de trouver, en cette circonstance, les paroles qu'il fallait prononcer.

Apr?s lui, M. David, d?put? de la Dordogne, transmit ? la population le salut fraternel du Parlement de France. Il sut exprimer avec ?loquence les grandes sympathies de la France envers la nation hell?ne en g?n?ral et pour l'Epire en particulier. Il parla m?me d'alliance indispensable et possible, entre deux pays o? <>

Les jours suivants, le g?n?ral et ses officiers visit?rent les champs de bataille devant Janina. Leurs impressions peuvent se r?sumer en cette appr?ciation que me donnait l'un d'eux: <>

Puis ils pouss?rent jusqu'? Argyrocastro. Tout le long de la route, les populations villageoises, clerg? en t?te, avec ic?nes, croix et banni?res, ?taient venues se masser pour saluer le g?n?ral Eydoux. Les enfants des ?coles chantaient l'hymne grec, puis les femmes, en costumes de f?te, se mettaient ? danser pour exprimer leur joie...

A Argyrocastro, l'accueil ne fut pas moins enthousiaste de la part de la population grecque. Des arcs de triomphe ?taient dress?s, fort simples, ? la v?rit?, faits de deux piquets, d'une poutrelle, d'un pan de treillage o? couraient quelques branches vertes, mais les ressources de ces bourgades sont bien modestes, et surtout l'excellente intention ?tait l?, suppl?ant au reste. Des drapeaux fran?ais et grecs partout m?laient leurs plis. Les magasins ?taient ferm?s en signe de f?te. Le m?tropolite pr?senta le clerg?, les notables, les ?coles. Et ce furent encore des discours o? les noms de la France, de la Gr?ce, du roi et du g?n?ral ne furent jamais s?par?s et qui tous t?moignaient d'un ardent amour pour la patrie retrouv?e, d'une vibrante sympathie pour notre pays.

L? prit fin ce voyage int?ressant. Hier, le g?n?ral Eydoux rentrait ? Ath?nes, enchant? de tout ce qu'il avait vu, et fier, plus que jamais, de l'oeuvre accomplie par l'arm?e grecque, pr?par?e par lui et conduite par son roi.

JEAN LEUNE.

UNE PROMENADE DANS LA LUNE

Tandis que l'?tude topographique de la Terre vient de se compl?ter par la d?couverte du P?le Sud, les explorateurs de la Lune ne sont pas rest?s non plus inactifs, et, gr?ce aux travaux qu'ils poursuivent depuis quelques ann?es, nous avons aujourd'hui une connaissance de notre satellite qui est, il n'est pas exag?r? de le dire, plus avanc?e que celle du globe sur lequel nous vivons. Si la <>--qu'on me pardonne ce barbarisme excusable par ce temps de crise des humanit?s--si la s?l?nographie, dis-je, a fait r?cemment ces progr?s remarquables, c'est gr?ce surtout ? la plaque photographique, qui est, comme l'a dit Jansen, la v?ritable r?tine du savant. En l'utilisant avec les ?normes et d?licates lunettes que nous avons maintenant, on a pu scruter dans leurs moindres d?tails les ?tranges paysages lunaires. Ainsi, au plaisir esth?tique que leur contemplation procure toujours aux amants des belles formes et des jeux ravissants de l'ombre et de la lumi?re, nous avons pu ajouter des enseignements pratiques du plus haut int?r?t et qui nous montrent d'avance le sort r?serv? ? notre Terre. Car la Lune, ? cause de sa masse 81 fois plus faible que celle de la Terre, s'est refroidie beaucoup plus vite et a franchi avec une certaine rapidit?--en quelques millions de si?cles seulement--les phases fatales de l'?volution de tout astre; elle est, si j'ose dire, une Terre mort-n?e.

Et puis, en voyage, on se lie bon gr? mal gr? avec les compagnons que le hasard nous donne et l'on finit par se prendre pour eux d'une affection qui, pour ?tre n?e des circonstances, n'en est pas moins sinc?re. C'est pourquoi, dans cette sarabande silencieuse qui emporte je ne sais o? les astres vagabonds, nous aimons, de tendresse particuli?re, notre plus proche voisine, la Lune. Elle seule presque, dans l'univers, ne nous humilie pas par une masse et une importance sup?rieures aux n?tres; et cela nous rel?ve, ? nos propres yeux, d'avoir dans le cort?ge solaire, o? nous faisons si pi?tre figure, cette suivante muette et docile.

A vrai dire, nous ne parlerons pas ici de la Lune tout enti?re, mais seulement de celui de ses h?misph?res qui est sans cesse tourn? vers nous, puisque la Lune met exactement le m?me temps ? faire un tour complet autour de la Terre qu'? faire une rotation sur elle-m?me. On sait aujourd'hui tr?s bien pourquoi il en est ainsi: de m?me que la Lune produit par son attraction des mar?es sur la Terre, celle-ci en produisait ?galement sur notre satellite lorsque celui-ci avait encore des parties fluides. La masse de la Terre ?tant pr?pond?rante, les mar?es lunaires ?taient bien plus fortes que les n?tres. Or, nagu?re la Lune tournait sur elle-m?me beaucoup plus vite que maintenant, et la dur?e de cette rotation, que nous pouvons appeler <>, n'?tait gu?re il y a quelque 56 millions d'ann?es, que de huit jours environ, et tr?s inf?rieure ? la dur?e du mois Mais il est clair que la protub?rance liquide produite sur la Lune par l'attraction de la Terre, et qui tend sans cesse ? se diriger vers celle-ci, devait par suite de sa viscosit? et du frottement qu'elle produisait agir comme un frein et mod?rer peu ? peu la rotation lunaire, jusqu'? ce que la dur?e du jour lunaire soit pr?cis?ment ?gale au mois, comme nous le voyons aujourd'hui. Y a-t-il quelque motif de penser que l'autre h?misph?re de la Lune est tr?s diff?rent de celui que nous voyons? Non, et cela d'autant moins que la Lune, pour diverses raisons et notamment parce qu'elle d?crit autour de la Terre non pas un cercle mais une ellipse, se pr?sente de temps en temps ? nous un peu de biais, et a une sorte de balancement autour de son centre apparent, qu'on nomme libration, et qui nous montre et nous cache alternativement les r?gions situ?es pr?s des bords. De la sorte, nous connaissons maintenant ? peu pr?s les 6/10 de sa surface totale, et c'est eux que je convie mes lecteurs ? visiter rapidement avec moi.

Depuis la d?couverte par Galil?e des montagnes lunaires jusqu'? l'admirable Atlas photographique de Lowy et Puiseux, que de progr?s r?alis?s! On ne pensait pas, il y a quelques ann?es, que l'on p?t rien ajouter ? l'oeuvre magistrale de ces deux astronomes. Et pourtant mon savant coll?gue de l'Observatoire, M. Le Morvan, vient de r?ussir ? compl?ter ce qui paraissait in?galable, et les photographies lunaires qu'il a obtenues r?cemment et dont nous donnons ? nos lecteurs quelques sp?cimens in?dits constituent une oeuvre qui, non seulement ne fait pas double emploi avec celle de Lowy et Puiseux, mais qui la couronne et l'amplifie en montrant sous des aspects nouveaux les tragiques grandeurs des paysages lunaires.

Sur ces photographies obtenues, comme celles de l'Atlas lunaire de l'Observatoire, au moyen du grand ?quatorial coud? invent? par le regrett? Lowy, l'image directe de la Lune, au foyer de cette lunette de 18 m?tres de long, a un diam?tre de 16 centim?tres environ. Telle est l'image du premier quartier que nous donnons ci-contre. En regardant cette image ? une distance de 16 centim?tres, nous voyons la Lune ? peu pr?s comme si nous planions ? 3.000 kilom?tres seulement au-dessus d'elle, alors que la distance r?elle de la Terre ? la Lune est d'? peu pr?s 360.000 kilom?tres. Mais cette photographie est tellement fine et elle a une telle richesse de d?tails qu'elle supporte bien soit d'?tre examin?e avec une loupe tr?s grossissante, soit d'?tre agrandie notablement par la photographie, ce qui nous donnera l'illusion de voir la Lune de beaucoup plus pr?s encore. Les ?preuves partielles que nous donnons plus loin sont des agrandissements d'environ sept fois du clich? direct. En pla?ant notre oeil pour les examiner ? environ 16 centim?tres de la page, ce qui constitue pratiquement la distance ? laquelle on peut en moyenne lire le plus commod?ment, nous voyons la surface lunaire comme si nous en ?tions s?par?s d'environ 450 kilom?tres seulement, ce qui est ? peu pr?s la distance de Paris ? Brest. Si d'ailleurs il y avait ? Brest des montagnes pareilles ? celle de la Lune, nous les verrions de Paris beaucoup moins bien que nous ne voyons celles-ci sur ces photographies, d'abord ? cause de la courbure de la surface terrestre qui les cacherait au-dessous de l'horizon; mais en admettant m?me que par un proc?d? quelconque, par exemple en nous ?levant tr?s haut en ballon au-dessus de Paris, nous puissions ?chapper ? cette premi?re cause d'invisibilit?, nous les verrions encore tr?s mal ? cause de l'absorption ?norme que notre atmosph?re fait subir ? la lumi?re d?s qu'elle vient de quelques kilom?tres seulement dans le sens horizontal. Dans le cas de nos photographies lunaires rien de pareil, car elles ont ?t? prises lorsque la Lune ?tait tr?s haute au-dessus de l'horizon, et la lumi?re d'un astre quand il est au z?nith est moins absorb?e par notre atmosph?re que celle d'un objet terrestre situ? ? 8 kilom?tres seulement de distance.

ESSAI DE CARTOGRAPHIE LUNAIRE.--L'Antarctide.

Sur les divers agrandissements que nous publions, 1 millim?tre correspond ? environ 3 kilom?tres de la surface lunaire. Il n'y a donc pas sur la Lune d'objet, pas de colline, de vall?e, d'accident quelconque du sol ayant 400 ou 500 m?tres de dimension et que nous ne puissions d?celer. Au contraire, sur notre Terre, dans les r?gions polaires, et dans tous les continents, sauf l'Europe, il y a des ?tendues de pays des centaines de fois plus grandes et que les g?ographes ne connaissent pas encore.

Les photographies lunaires que nous reproduisons ci-contre ont ?t? obtenues par M. Le Morvan sur plaques ultra-sensibles au g?latino-bromure et par des dur?es de pose voisines d'une seconde. Pour obtenir avec le m?me instrument des photographies du Soleil d'une intensit? ?gale, il ne faudrait, toutes choses semblables d'ailleurs, qu'environ un trois-milli?me de seconde . Cette diff?rence montre imm?diatement dans quelle ?norme proportion la lumi?re du Soleil d?passe en intensit? celle de notre satellite. En fait, les mesures photom?triques les plus modernes ont ?tabli que la lumi?re de la pleine Lune n'est que 1/600.000 environ de celle du Soleil. Il faudrait donc 600.000 pleines Lunes environ r?parties sur le ciel pour produire un ?clat ?gal ? celui de la lumi?re du jour. Si quelque g?nie malicieux voulait s'amuser ? remplacer ainsi, sans la diminuer, la lumi?re du jour par celle de 600.000 Lunes, il ne pourrait, en r?alit?, pas y r?ussir, car si m?me, par un nouvel effet de sa puissance surnaturelle, il ?tait capable de rendre ces Lunes carr?es de fa?on ? ce que, juxtapos?es, elles ne laissent entre elles aucun intervalle, la surface tout enti?re de la vo?te c?leste ayant alors le m?me ?clat que la Lune ne nous procurerait pas encore un ?clairement ?gal ? celui du jour ? midi, par un beau temps; mais seulement une lumi?re environ six fois moindre. D'ailleurs, la photographie spectrale a montr? que le Soleil a une lumi?re plus photog?nique qu'elle. Le Soleil est beaucoup plus bleu que la Lune, et celle-ci est beaucoup plus jaune que lui, contrairement ? l'impression qu'ils nous produisent g?n?ralement.

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

 

Back to top