Read Ebook: Mémoires de Vidocq chef de la police de Sureté jusqu'en 1827 tome I by Vidocq Eug Ne Fran Ois
Font size:
Background color:
Text color:
Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page
Ebook has 328 lines and 86311 words, and 7 pages
Voyager, c'?tait fort bien; mais en quelle qualit?? Je n'?tais plus d'?ge ? m'engager comme paillasse ou comme valet-de-chambre des singes et des ours, et personne ne se f?t, sans doute, avis? de me le proposer: toutefois il ?tait bon de savoir ? quoi s'en tenir. Je questionnai modestement mon nouveau protecteur sur les fonctions que j'aurais ? remplir pr?s de lui. <
Je fus exact au rendez-vous. Mon homme, qui s'y trouvait ?galement, voyant ma malle, port?e par un commissionnaire, me dit qu'il ?tait inutile de la prendre, attendu que nous ne serions que trois jours partis, et que nous devions faire la route ? pied. Sur cette observation, je renvoyai mes effets ? l'auberge, et nous commen??mes ? marcher assez vite, ayant, me dit mon guide, cinq lieues ? faire avant midi. Nous arriv?mes en effet pour cette heure dans une ferme isol?e, o? il fut re?u ? bras ouverts, et salu? du nom de Caron, que je ne lui connaissais pas, l'ayant entendu toujours appeler Christian. Apr?s quelques mots ?chang?s, le ma?tre de la maison passa dans sa chambre, et reparut avec deux ou trois sacs d'?cus de six francs, qu'il ?tala sur la table: mon patron les prend, les examine les uns apr?s les autres avec une attention qui me para?t affect?e, en met ? part cent cinquante, et compte pareille somme au fermier, en diverses monnaies, plus une prime de six couronnes. Je ne comprenais rien ? cette op?ration; elle se n?gociait d'ailleurs dans un patois flamand que je n'entendais qu'imparfaitement. Je fus donc fort ?tonn? quand, sortis de la ferme, o? Christian avait annonc? qu'il reviendrait bient?t, il me donna trois couronnes, en me disant que je devais avoir part aux b?n?fices. Je ne voyais pas trop o? pouvait ?tre le b?n?fice, et je lui en fis l'observation. <
Il prit alors, dans une esp?ce de gibeci?re, quatre paquets carr?s, comme en disposent les pharmaciens, et paraissant contenir quelque sp?cifique; puis il me dit: <
Moiti? embarras de savoir o? donner de la t?te, moiti? curiosit? de pousser jusqu'au bout l'aventure, je consentis ? suivre Christian, ne sachant toutefois pas trop ? quoi je pouvais lui ?tre utile. Le troisi?me jour, nous arriv?mes ? Malines, d'o? il m'avait annonc? que nous reviendrions ? Bruxelles. Apr?s avoir travers? la ville, nous nous arr?tons dans le faubourg de Louvain, devant une maison de l'aspect le plus mis?rable; les murailles noircies ?taient sillonn?es de profondes l?zardes, et de nombreux bouchons de paille rempla?aient aux fen?tres les carreaux cass?s. Il ?tait minuit; j'eus le temps de faire mes observations ? la clart? de la lune, car il se passa pr?s d'une demi-heure avant qu'une des plus horribles vieilles que j'aie jamais rencontr?es v?nt ouvrir. On nous introduisit alors dans une vaste salle, o? trente individus des deux sexes fumaient et buvaient p?le-m?le, confondus dans des attitudes sinistres ou licencieuses. Sous leurs sarreaux bleus, tatou?s de broderies rouges, les hommes portaient ces vestes de velours azur? charg?es de boutons d'argent qu'on voit aux muletiers andalous; les v?tements des femmes ?taient tous de couleur ?clatante: il y avait l? des figures atroces, et cependant on ?tait en f?te. Le son monotone d'un tambour de basque, m?l? aux hurlements de deux chiens attach?s aux pieds d'une table, accompagnaient des chants bizarres, qu'on e?t pris pour une psalmodie fun?bre. La fum?e de tabac et de bois qui remplissait cet antre, permettait ? peine enfin, d'apercevoir, au milieu de la pi?ce une femme qui, coiff?e d'un turban ?carlate, ex?cutait une danse sauvage, en prenant les postures les plus lascives.
Levant les yeux vers le groupe form? devant une m?nagerie, j'aper?us en effet bien distinctement un des faux maquignons enlever la bourse d'un gros nourrisseur de bestiaux, que nous v?mes un instant apr?s la chercher dans toutes ses poches de la meilleure foi du monde; le Boh?mien entra ensuite dans une boutique de bijoutier, o? se trouvaient d?j? deux des Z?landaises de contrebande, et mon compagnon m'assura qu'il n'en sortirait qu'apr?s avoir escamot? quelqu'un des bijoux qu'il faisait ?taler devant lui. Nous quitt?mes alors notre poste d'observation, pour aller d?ner ensemble. Vers la fin du repas, voyant mon convive dispos? ? jaser, je le pressai de m'apprendre au juste quels ?taient les gens qu'il m'avait signal?s, l'assurant que, malgr? les apparences, je ne les connaissais que tr?s imparfaitement. Il se d?cida enfin ? parler, et voici comment il s'expliqua:
Malgaret me donna encore sur les Boh?miens beaucoup de d?tails, qui me d?termin?rent ? quitter imm?diatement une aussi dangereuse soci?t?.
Le lendemain, vers dix heures du matin, l'inspecteur des prisons vient visiter sa maison; le concierge lui montre l'ordre de mise en libert? de Boitel; il ne fait qu'y jeter un coup d'oeil, dit que l'ordre est faux, et s'oppose ? l'?largissement du prisonnier, jusqu'? ce qu'il en ait ?t? r?f?r? ? l'autorit?. Le concierge annonce alors que Boitel est sorti de la veille. L'inspecteur lui t?moigne son ?tonnement de ce qu'il se soit laiss? abuser par un ordre rev?tu de signatures qui lui sont inconnues, et finit par le consigner: il part ensuite avec l'ordre, et acquiert bient?t la certitude, qu'ind?pendamment de la fausset? des signatures, il pr?sente des omissions et des erreurs de formule de nature ? frapper la personne la moins famili?re avec ces sortes de pi?ces.
On sut bient?t dans la prison que l'inspecteur avait consign? le concierge, pour avoir laiss? sortir Boitel sur un faux ordre, et je commen?ais alors ? soup?onner la v?rit?. Je voulus obliger Grouard et Herbaux ? me la dire tout enti?re, entrevoyant confus?ment que cette affaire pouvait me compromettre; ils me jur?rent leurs grands dieux, qu'ils n'avaient fait rien autre chose que de r?diger le M?moire, et qu'ils ?taient eux-m?mes ?tonn?s d'un succ?s si prompt. Je n'en crus pas un mot, mais n'ayant pas de preuves ? opposer ? ce qu'ils avan?aient, il ne me restait qu'? attendre l'?v?nement. Le lendemain je fus mand? au greffe: aux questions du juge d'instruction, je r?pondis que je ne savais rien touchant la confection du faux ordre, et que j'avais seulement pr?t? ma chambre, comme le seul endroit tranquille de la prison, pour pr?parer le M?moire justificatif. J'ajoutai que tous ces d?tails pouvaient ?tre attest?s par le concierge, qui venait fr?quemment dans cette pi?ce pendant le travail, paraissant s'int?resser beaucoup ? Boitel. Grouard et Herbaux furent ?galement interrog?s, puis mis au secret; pour moi je conservai ma chambre. A peine y ?tais-je entr?, que le camarade de lit de Boitel vint me trouver, et me d?clara toute l'intrigue, que je ne faisais encore que soup?onner.
Grouard entendant Boitel r?p?ter ? chaque instant qu'il donnerait volontiers cent ?cus pour obtenir sa libert?, s'?tait concert? avec Herbaux sur les moyens de le faire sortir de prison, et ils n'avaient pas trouv? de moyen plus simple que de fabriquer un faux ordre. Boitel fut mis, comme on le pense bien, dans la confidence; seulement on lui dit que comme il y avait plusieurs personnes ? gagner, il donnerait quatre cents francs. Ce fut alors qu'on me pria de pr?ter ma chambre, qui ?tait indispensable pour confectionner le faux ordre, sans ?tre aper?u des autres d?tenus; le concierge ?tait du reste dans la confidence, ? en juger par ses visites fr?quentes, et par les circonstances qui avaient pr?c?d? et suivi la sortie de Boitel. L'ordre avait ?t? apport? par un ami d'Herbaux, nomm? Stofflet. Il paraissait, au surplus, que pour d?cider Boitel ? donner les quatre cents francs, les faiseurs lui avaient persuad? qu'ils partageraient avec moi, quoique je n'eusse rendu d'autre service que de pr?ter ma chambre.
Francine, que je voyais presque tous les jours, me fit faire les habits n?cessaires, qu'elle m'apporta dans son manchon. Je les essayai aussit?t, ils m'allaient ? merveille; quelques d?tenus qui me virent sous ce costume assur?rent qu'il ?tait impossible de ne pas s'y m?prendre. Je me trouvais, il est vrai, de la m?me taille que l'officier dont j'allais jouer le r?le, et le grime me vieillissait de vingt-cinq ans. Au bout de quelques jours, il vient faire sa ronde ordinaire. Pendant qu'un de mes amis l'occupe, sous pr?texte d'examiner les aliments, je me travestis ? la h?te, et me pr?sente ? la porte: le guichetier me tire son bonnet, m'ouvre, et me voil? dans la rue. Je cours chez une amie de Francine, o? je devais me rendre dans le cas o? je parviendrais ? m'?vader, et bient?t elle-m?me vient m'y joindre.
Francine ne comprenait pas d'abord que je lui eusse fait d?penser trois cents francs pour retourner au bout de quatre mois en prison. Un signe la mit au fait, et je trouvai m?me le moyen de lui dire de me mettre des cendres dans ma poche, pendant que nous prenions un verre de rhum, Louis et moi; puis nous nous m?mes en route pour la prison. Arriv? avec mon guide dans une rue d?serte, je l'aveugle avec une poign?e de cendres, et regagne mon asile ? toutes jambes.
Louis ayant fait sa d?claration, on mit ? mes trousses la gendarmerie et les agents de police, y compris un commissaire nomm? Jacquard, qui r?pondit de me prendre dans le cas o? je n'aurais pas quitt? la ville. Je n'ignorais aucune de ces dispositions, et, au lieu de mettre un peu de circonspection dans mes d?marches, j'affectais les plus ridicules bravades. On e?t dit que je devais profiter de la prime promise pour mon arrestation. J'?tais cependant vigoureusement pourchass?; on va s'en faire une id?e.
Jacquard apprend un jour que je devais d?ner rue Notre-Dame, dans une maison ? parties: il accourt aussit?t avec quatre agents, les laisse au rez-de-chauss?e, et monte dans la pi?ce o? je me disposais ? me mettre ? table avec deux femmes. Un fourrier de recrutement, qui devait former partie carr?e n'?tait point encore arriv?. Je reconnais le commissaire, qui, ne m'ayant jamais vu, ne peut avoir le m?me avantage; mon travestissement e?t d'ailleurs mis en d?faut tous les signalements du monde. Sans me troubler nullement, je l'approche, et du ton le plus naturel, je le prie de passer dans un cabinet dont la porte vitr?e donnait sur la salle du banquet: <
Pr?sent? par un praticien aussi distingu? que mon compatriote Desfosseux, je fus re?u ? bras ouverts dans ce cercle de bandits, o? du matin au soir on ne faisait que comploter de nouveaux moyens d'?vasion. Dans cette circonstance, comme dans beaucoup d'autres, je pus remarquer que, chez les d?tenus, la soif de la libert? devenant une id?e fixe, peut enfanter des combinaisons incroyables pour l'homme qui les discute dans une parfaite tranquillit? d'esprit. La libert?!..., tout se rapporte ? cette pens?e; elle poursuit le d?tenu pendant ces journ?es que l'oisivet? rend si longues, pendant ces soir?es d'hiver qu'il doit passer dans une obscurit? compl?te, livr? aux tourments de son impatience. Entrez dans quelque prison que ce soit, vous entendrez des ?clats d'une joie bruyante, vous vous croirez dans un lieu de plaisir......; approchez.....; ces bouches grimacent, mais les yeux ne rient pas, ils restent fixes, hagards: cette ga?t? de convention est toute factice dans ses ?lans d?sordonn?s, comme ceux du chacal qui bondit dans sa cage pour en briser les barreaux.
Sachant cependant ? quels hommes ils avaient affaire, nos gardiens nous surveillaient avec un soin qui d?jouait tous nos plans: l'occasion qui seule assurait le succ?s vint enfin s'offrir, et je la saisis avant que mes compagnons, tout fins qu'ils ?taient, y eussent m?me pens?. On nous avait conduits ? l'interrogatoire au nombre d'environ dix-huit. Nous nous trouvions dans l'antichambre du juge d'instruction, gard?s par des soldats de ligne et par deux gendarmes, dont l'un avait d?pos? pr?s de moi son chapeau et son manteau, pour entrer au parquet; son camarade l'y suivit bient?t, appel? par un coup de sonnette. Aussit?t je mets le chapeau sur ma t?te, je m'enveloppe du manteau, et prenant un d?tenu sous le bras, comme si je le conduisais satisfaire un besoin, je me pr?sente ? la porte; le caporal de garde me l'ouvre, et nous voil? dehors. Mais que devenir sans argent, et sans papiers? Mon camarade gagne la campagne; pour moi, au risque d'?tre encore pris, je retourne chez Francine, qui, dans la joie de me revoir, se d?cide ? vendre ses meubles, pour fuir avec moi en Belgique. Cette r?solution s'ex?cuta. Nous allions partir, lorsqu'un incident des plus inattendus, et que mon inconcevable insouciance explique seule, vint tout bouleverser.
La veille du d?part, je rencontre, ? la brune, une femme de Bruxelles, nomm?e ?lisa, avec laquelle j'avais eu des rapports intimes. Elle me saute en quelque sorte au cou, m'emm?ne souper avec elle, en triomphant d'une faible r?sistance, et me garde jusqu'au lendemain matin. Je fis accroire ? Francine, qui me cherchait de tous c?t?s, que, poursuivi par des agents de police, j'avais ?t? forc? de me jeter dans une maison d'o? je n'avais pu sortir qu'au point du jour. Elle en fut d'abord convaincue; mais le hasard lui ayant fait d?couvrir que j'avais pass? la nuit chez une femme, sa jalousie sans bornes ?clata en reproches sanglants contre mon ingratitude; dans l'exc?s de sa fureur, elle jura qu'elle allait me faire arr?ter. Me faire mettre en prison, c'?tait assur?ment le mode le plus s?r de s'assurer contre mes infid?lit?s; mais Francine ?tant femme ? le faire comme elle le disait, je crus prudent de laisser s'?vaporer sa col?re, sauf ? repara?tre au bout de quelques temps, pour partir avec elle, comme nous en ?tions convenus. Ayant cependant besoin de mes effets, et ne voulant pas les lui demander, dans la crainte d'une nouvelle explosion, je me rends seul ? l'appartement que nous occupions, et dont elle avait la clef. Je force un volet; je prends ce qui m'?tait n?cessaire, et je disparais.
Cinq jours se passent: v?tu en paysan, je quitte l'asile que je m'?tais choisi dans un faubourg; j'entre en ville, et me pr?sente chez une couturi?re, amie intime de Francine, dont je comptais employer la m?diation pour nous r?concilier. Cette femme me re?oit d'un air tellement m?l? d'embarras, que, craignant de la g?ner en l'exposant ? se compromettre, je la prie seulement d'aller chercher ma ma?tresse. --Oui!.... me dit-elle, d'un air tout-?-fait extraordinaire, et sans lever les yeux sur moi. Elle sort. Rest? seul, je r?fl?chissais ? ce singulier accueil....
A peine ai-je mis le pied dans le pr?au, que tous les regards se fixent sur moi. On s'appelle, on se parle ? l'oreille; je crois que mon travestissement cause tout ce mouvement, et je n'y fais pas plus d'attention. On me fait monter dans un cabanon, o? je reste seul, sur la paille, les fers aux pieds. Au bout de deux heures, para?t le concierge, qui, feignant de me plaindre et de prendre int?r?t ? moi, m'insinue que mon refus de d?clarer o? j'avais pass? les cinq derniers jours pourrait me nuire dans l'esprit des juges. Je reste in?branlable. Deux heures se passent encore: le concierge repara?t avec un guichetier, qui m'?te les fers, et me fait descendre au greffe, o? je suis attendu par deux juges. Nouvel interrogatoire, m?me r?ponse. On me d?shabille de la t?te aux pieds; on m'applique surabondamment sur l'?paule droite une claque ? tuer un boeuf, pour faire para?tre la marque, dans le cas o? j'aurais ?t? ant?rieurement fl?tri; mes v?tements sont saisis, d?crits dans le proc?s-verbal d?pos? au greffe; et je remonte dans mon cabanon, couvert d'une chemise de toile ? voiles et d'un surtout mi-partie gris et noir, en lambeaux, qui pouvait avoir us? deux g?n?rations de d?tenus.
Tout cela commen?ait ? me donner ? r?fl?chir. Il ?tait ?vident que la couturi?re m'avait d?nonc?; mais dans quel int?r?t? Cette femme n'avait aucun grief contre moi; malgr? ses emportements, Francine y e?t regard? ? deux fois avant de me d?noncer; et si je m'?tais retir? pendant quelques jours, c'?tait r?ellement moins par crainte que pour ?viter de l'irriter par ma pr?sence. Pourquoi d'ailleurs ces interrogatoires r?it?r?s, ces phrases myst?rieuses du concierge, ce d?p?t de v?tements?... Je me perdais dans un d?dale de conjectures. En attendant, j'?tais au secret le plus rigoureux, et j'y restai vingt-cinq mortels jours. On me fit alors subir l'interrogatoire suivant, qui me mit sur la voie:
--Comment vous appelez-vous?
--Eug?ne-Fran?ois Vidocq.
--Quelle est votre profession?
--Militaire.
--Oui; c'est ma ma?tresse.
--Savez-vous o? elle est en ce moment?
--Elle doit ?tre chez une de ses amies, depuis qu'elle a vendu ses meubles.
--Comment se nomme cette amie?
--Madame Bourgeois.
--O? demeure-t-elle?
--Rue Saint-Andr?, maison du boulanger.
--Depuis combien de temps aviez-vous quitt? la fille Longuet quand vous avez ?t? arr?t??
--Depuis cinq jours.
--Pourquoi l'aviez-vous quitt?e?
--Pour ?viter sa col?re; elle savait que j'avais pass? la nuit avec une autre femme, et, dans un acc?s de jalousie, elle me mena?ait de me faire arr?ter.
--Avec quelle femme avez-vous pass? cette nuit?
--Avec une ancienne ma?tresse.
--Comment se nomme-t-elle?
--?lisa... je ne lui ai jamais connu d'autre nom.
--O? demeure-t-elle?
--A Bruxelles, o? elle est, je crois, retourn?e.
--O? sont les effets que vous aviez chez la fille Longuet?
--Dans un lieu que j'indiquerai, si besoin est.
--Comment avez-vous pu les reprendre, ?tant brouill? avec elle, et ne voulant pas la voir.
--A la suite de notre querelle, dans le caf? o? elle m'avait retrouv?, elle me mena?ait ? chaque instant de crier ? la garde pour me faire arr?ter. Connaissant sa mauvaise t?te, je m'enfuis par des rues d?tourn?es, et gagnai la maison; elle n'?tait pas encore rentr?e; c'est sur quoi je comptais; mais ayant besoin de quelques-uns de mes effets, je for?ai un volet pour entrer dans l'appartement, o? je pris ce qui m'?tait n?cessaire. Vous me demandiez tout ? l'heure o? ?taient ces effets: je vais vous le dire maintenant: ils sont rue Saint-Sauveur, chez un nomm? Duboc, qui en d?posera.
--Reconnaissez-vous ce couteau?
--Oui: c'est celui avec lequel je mangeais ordinairement.
--Vous voyez que la lame et le manche sont couverts de sang?... Cet aspect ne vous cause aucune impression?... Vous vous troublez!...
--Oui, repris-je, avec agitation, mais qu'est-il donc arriv? ? Francine?... Dites-le moi, et je vous donnerai tous les ?claircissements possibles.
--Ne vous est-il rien arriv? de particulier, lorsque vous ?tes venu enlever vos effets?
--Absolument rien, que je me rappelle au moins.
--Vous persistez dans vos d?clarations?
Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page