Read Ebook: L'Illustration No. 0020 15 Juillet 1843 by Various
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Ebook has 194 lines and 27360 words, and 4 pages
L'Illustration, No. 0020, 15 Juillet 1843
L'ILLUSTRATION,
JOURNAL UNIVERSEL.
Ab. pour Paris.--3 mois, 8 fr.--6 mois, 16 fr.--Un an, 30 fr. Prix de chaque N? 75 c.--La collection mensuelle br., 2 fr. 75.
Ab. pour les D?p.--3 mois, 9 fr.--6 mois, 17 fr. Un an, 32 fr. pour l'?tranger. - 10 - 20 - 40
SOMMAIRE.
Samuel Hahnemann.
Hahnemann observa que l'action du quinquina sur l'homme sain produisait la fi?vre intermittente, contre laquelle ce rem?de est employ? avec le plus de succ?s. Conduit par l'analogie ? exp?rimenter avec d'autres substances m?dicales, il annon?a bient?t que les propri?t?s curatives de tous les m?dicaments d?sign?s sous le nom de sp?cifiques tenaient ? la facult? qu'ils avaient de produire sur l'homme sain des maux semblables ? ceux pour la gu?rison desquels on avait coutume de les employer.
Le fait proclam? par Hahnemann, qui basait sur une seule proposition toute une th?orie m?dicale, ne fut point admis ? beaucoup pr?s par tous les m?decins; mais les critiques ? cet ?gard, bien que manquant pour la plupart de gravit? et d'urbanit?, auraient paru s?rieuses et mod?r?es compar?es ? celles que provoqua le mode d'emploi conseill? par Hahnemann pour les rem?des homaeopathiques.
En consid?rant que le premier effet d'un m?dicament mis en usage d'apr?s sa doctrine devait entra?ner une aggravation passag?re de la maladie, Hahnemann crut devoir s'imposer une extr?me r?serve pour la quantit? des doses ? administrer. Il songea d'abord ? m?langer les substances m?dicinales avec une mati?re neutre, qui, en augmentant le volume, en rendait la division plus facile. Mais ayant reconnu que la diminution de la force active des rem?des n'?tait pas proportionnelle ? la diminution de la quantit? , il arriva par des r?ductions successives aux doses v?ritablement infinit?simales que les m?decins homaeopathes prescrivent aujourd'hui.
Cette exigu?t? des rem?des homaeopathiques a donn? lieu ? des discussions o? l'une des parties invoquait en sa faveur le raisonnement et la science, tandis que l'autre pr?tendait s'appuyer sur des faits.
Sans pouvoir exprimer un avis sur cette question, qui n'est point de notre ressort, nous remarquons seulement que le nombre des disciple d'Hahnemann s'est beaucoup augment?; en Allemagne, le savant Hufeland, adversaire d?clar? des petites doses d'Hahnemann, recommandait dans son dernier ouvrage le principe de m?dicaments sp?cifiques: en France, une partie des professeurs de l'?cole de M?decine de Montpellier se sont d?clar?s sans r?serve pour la doctrine homaeopathique; enfin, dans toute l'Europe et dans l'Am?rique du Nord, nombre de m?decins la pratiquent exclusivement.
Sans admettre aveugl?ment tout ce que les partisans de l'homaeopathie en racontent de merveilleux, on pourrait s'?tonner aussi que tant d'hommes instruits se fussent ?pris d'un syst?me o? tout serait erreur et illusion. Le temps et l'exp?rience d?cideront sur tout cela.
Une longue vie exempte d'infirmit?s, en donnant ? Hahnemann la facult? de travailler avec pers?v?rance au d?veloppement de sa doctrine, lui a procur? l'avantage de pouvoir en contempler les progr?s.
Ayant ?pous? en secondes noces, en 1835, ? l'?ge de quatre-vingts ans, mademoiselle d'Hervily, qui n'en avait que vingt-huit, il se d?cida ? venir habiter le pays de sa femme; et depuis huit ans il exer?ait la m?decine ? Paris, quand la mort, qu'il a vue s'approcher avec le calme que donne toujours une haute raison jointe ? une grande piet?, a sonn? pour lui l'heure du repos.
Courrier de Paris.
D?cid?ment l'?t? nous en veut et se pla?t ? nous jouer de mauvais tours. Vous savez de quel mois de mai et de quel mois de juin il nous a gratifi?; pluie, vent, nuages sombres, voila ses am?nit?s et ses douceurs. Juillet, enfin, ?tait venu chassant devant lui les froides ond?es et illuminant le ciel d'or, de pourpre et d'azur; juillet s'?tait montre, pendant quatre ou cinq jours, v?tu ? la l?g?re et environn? de lumi?re et de soleil. D?j? Paris s'?panouissait, et, sortant de ses rues et de ses barri?res, courait se mettre ? l'ombre dans les bois de Saint-Germain et de Meudon: mais juillet se moquait de nous comme ses deux fr?res a?n?s. Ce rayon de soleil n'?tait qu'un sourire ironique qu'il nous jetait tra?treusement pour mieux nous attirer dans le pi?ge, un faux espoir, une vaine apparence; ? peine, en effet, Paris avait-il pris ses habits coquets et ses airs de f?te, que juillet, riant sous cape, l'?claboussait des pieds ? la t?te: le matin Paris ?tait sorti verni et pimpant, le soir il rentrait mouill? jusqu'aux os ou crott?, comme le po?te Colletet, jusqu'? l'?chine. Il faut en prendre son parti; la vie bucolique sur les pr?s fleuris, ? l'ombre des haies d'aub?pine et des tilleuls, est ?videmment supprim?e pour l'an de gr?ce 1843. Le parapluie sera notre platane et notre charmille.
Avouons cependant que nous m?ritons un peu d'?tre ainsi men?s par le ciel, de bourrasque en bourrasque, du chaud au froid, du soleil ? la pluie. Savons-nous bien, en effet, nous-m?mes ce que nous voulons? Nous arrive-t-il jamais d'?tre contents des pr?sents que le barom?tre nous envoie? Si l'air est vif et piquant, nous soufflons dans nos doigts, et, d'une mine maussade et transie, nous r?p?tons en choeur: <
En v?rit?, le ciel a-t-il si grand tort de s'amuser de cette ville fantasque, qui veut et ne veut plus, et de brouiller tellement, suivant ses caprices, les couleurs et les mois, qu'elle ne puisse s'y reconna?tre?
Cette inconstance du ciel, ce m?lange de pluie et de soleil n'emp?chent pas nos honorables de la Chambre de faire leurs bagages et de regagner le chef-lieu ou la maison des champs; comment s'effraieraient-ils en effet de ces variations de l'atmosph?re et de ces volte-face? La politique est faite ? l'image de la saison, tant?t riante tant?t sombre; et les m?mes bouches y soufflent, du jour au lendemain, le oui et le non, le froid et le chaud!
Ainsi la session est close, ou peu s'en faut; si la Chambre haute bataille encore sur quelques chiffres du budget, la Chambre des D?put?s s'?parpille sur les grandes routes; on peut dire qu'elle est en ce moment tir?e ? quatre chevaux et ?cartel?e de l'est ? l'ouest et du nord au midi. Chacun regagne son canton et son clocher; c'est du vin du cru, comme dit M. Dupin, qui retourne au tonneau.
La malle-poste et les Messageries Royales sont occup?es, depuis huit jours, ? voiturer, vers les quatre points cardinaux, le gouvernement repr?sentatif. La droite l?gitimiste voyage dans le coup?, pour mieux regarder ? l'horizon si soeur Anne ne voit rien venir; la gauche radicale se campe dans les r?gions pl?b?iennes de l'imp?riale et de la rotonde; le centre se blottit et ronfle dans l'int?rieur, avec la satisfaction d'un gastronome bien repu. Pendant la nuit, tandis que tout est t?n?bres et silence, le postillon, au milieu des claquements de son fouet, entend r?sonner ? son oreille ces mots confus: Espagne, Thiers, Guizot, sucres, vins, bestiaux, conseil d'?tat, croix, pensions, pr?sidence, chemins de fer, aux voix, ? l'ordre, la cl?ture, primes, recettes, profits, ind?pendance, corruption, minist?re; c'est la Chambre des D?put?s qui s'est endormie et qui a le cauchemar, chemin faisant; cependant les aubergistes et les servantes assistent ? un cours de politique ? l'heure des repas, tandis que les chevaux s'?tonnent d'?tre plus charg?s que de coutume et plient sous le poids des consciences et des estomacs budg?taires.
De leur c?t?, les ministres se pr?parent ? rentrer leur banni?re au fourreau et ? fermer leur arsenal. L'arm?e minist?rielle a pris son cong? de semestre, et l'arm?e ennemie se retire dans ses foyers; pendant ce temps d'armistice, les soldats se reposeront, pour la plupart, sous le pommier natal; mais les chefs, les g?n?raux, les Achilles et les Ajax vont courir le monde pour se rafra?chir le sang et se purger de toute humeur politique. Celui-l?, retir? dans son ch?teau de Normandie, m?ditera sur la mis?re du peuple et l'?galit? des conditions; celui-ci ira prendre les eaux du Mont-d'Or ou de Vichy, et se laver des ennuis et des douleurs du pouvoir. Le minist?re taillera sa vigne et arrosera ses fleurs; l'opposition p?chera innocemment ? la ligne. Juillet est le mois o? les partis d?sarment; ao?t invite les plus guerroyants au repos; septembre les trouve tous endormis sous la tonnelle, jusqu'au jour o? d?cembre, mois maussade et sombre, embouchant la trompette parlementaire, les r?veille en sursaut et leur met de nouveau la passion au coeur et le verre d'eau sucr?e ? la main.
Le temps est venu, comme on voit, o? tous les grands com?diens voyagent: Duprez chante ? Toulouse; mademoiselle D?jazet fredonne et fr?tille ? Bordeaux; Bouffe est dans le Nord; mademoiselle Rachel attelle le Midi ? son char; l'entrechat de mademoiselle Maria, apr?s avoir saut? par dessus les Alpes, fait le bonheur de Milan; il n'est pas jusqu'? M. Alcide Tousez, du th??tre du Palais-Royal, qui ne soit impatiemment attendu quelque part. O? ira M. Alcide Tousez? C'est encore un myst?re; j'ai frapp? ? toutes les chancelleries, et pas un ambassadeur n'a voulu me dire son secret; on croit cependant que M. Alcide Tousez voudra bien honorer de sa pr?sence plusieurs grandes nations de l'Europe. Dans un temps o? le royaume des Pays-Bas s'agenouille aux pieds de mademoiselle Eissler et lui sert de trottoir, tandis que Marseille enivr?e cire le brodequin de mademoiselle Rachel, Alcide Tousez ne croit pas devoir se d?rober plus longtemps ? l'enthousiasme de l'univers. D?j? les arcs de triomphe se dressent pour son passage, et les populations empress?es, hommes, femmes, enfants, vieillards, bivouaquent sur toutes les routes par o? l'on croit qu'il pourrait bien passer.
Puisque nous voici dans le monde des com?diens, n'en sortons pas sans payer une dette de regrets ? une excellente et honn?te actrice que le Gymnase vient de perdre subitement. Nous voulons parler de Julienne, la derni?re des du?gnes, sans contredit, et la meilleure des tantes et des grand'm?res. Julienne est morte d'une attaque d'apoplexie; d'abord on a cru la sauver: au bout de quelques heures tout ?tait dit; cette pauvre grand'maman si simple, si aim?e du parterre, si ronde et si na?ve, avait chant? son dernier couplet! Le Gymnase est en deuil, et, avec le Gymnase, les ni?ces, les neveux, les pupilles, qui ne retrouveront jamais tant de naturel, de franchise et de bonhomie.
Il ne faut pas croire que Julienne a toujours ?t? la Julienne que vous avez vue affubl?e du bonnet rond de la vieille gouvernante, de la robe ? ramages de la grand'maman et des falbalas de la douairi?re. Pourquoi Julienne n'aurait-elle pas eu ses vingt ans tout comme une autre? Elle les a eu ses vingt ans, en effet, et c'?tait alors, dit-on, une vive Dorine, une Lisette ?veill?e, une aga?ante Marlon. Le premier chapitre de la vie dramatique de Julienne commence ainsi, ? l'emploi de soubrette: Julienne porte le jupon court, le tablier et la cornette mutine; elle a le pied leste, l'oreille au guet et l'oeil ?merillonn?; ses poches sont pleines de billets au musc et l'ambre ?crits par Val?re ? Isabelle, ou ?chang?s entre Araminte et Dorante. Que de bons tours elle joue au vieil Orgon! Voyez-vous ce petit chevalier qui lui jette une bourse et un baiser pour se frayer passage dans le boudoir de Dorim?ne? Mais, gare! voici Frontin et Masearille, et L'Olive, et la Branche, qui se mirent dans ses yeux et lui content fleurette. Lisette leur tient t?te, Marton n'est pas embarrass?e de la r?plique. Allons, soubrette et valet, aux armes! Escrimez-vous d'estoc et de taille, intr?pides ? l'attaque et fermes sur la riposte.
Julienne avait des dispositions si particuli?res, un go?t si d?termin? pour ces duels avec Frontin, pour ces tendresses de Val?re, pour ces amours d'Isabelle, qu'elle y a d?pens? toute sa jeunesse. Soubrette de com?die, d'op?ra-comique et de vaudeville, elle est rest?e soubrette vive et accorte, aussi longtemps qu'on peut l'?tre. On n'accusera pas cette bonne Julienne d'avoir ?t? inconstante; avant son entr?e au Gymnase, elle avait beaucoup parcouru le monde, mais comme Joconde elle n'avait pas chang?: soubrette sans cesse et soubrette toujours, de Nantes ? Strasbourg, de Marseille ? Lille, dans tous les coins de la France.
Un jour, au Havre, Julienne r?citait, suivant sa coutume, quelque sc?ne de Lisette ou de Dorine; peut-?tre se trouvait-elle aux prises avec Tartufe:
Il a l'oreille rouge et le teint bien fleuri! Vous serez trop heureuse avec un tel mari!
peut-?tre chantait-elle tout simplement le duo de Gr?try:
Dis! m'aimes-tu?--Ah! je t'adore. --Et toi, Marton?--Je te d?vore.
A ce moment, Gontier vint ? passer; Gontier, l'?toile, le soleil du Gymnase; il vit Julienne, l'?couta, l'applaudit et en ?crivit deux mots ? M. Scribe... Deux mots de Gontier, quel certificat! Sur une parole de Napol?on, l'Europe prenait les armes; sur ces deux mots de Gontier, le Gymnase marcha ? la conqu?te de Julienne, attaqua le Havre et lui enleva sa soubrette; le r?giment de com?dies-vaudevilles, dont Gontier ?tait le colonel, venait de se recruter d'une actrice pleine de verve et de naturel; seulement les vingt ans ?taient d?j? loin, et la vive Marton, jetant l? le jupon court, devint tout ? coup la grosse et bonne maman Julienne que nous regrettons.
Un jour, quand le Gymnase, retir? sous sa tente, contera ses exploits ? ses petits-enfants et parlera de ses belles ann?es, il citera, ? moins d'ingratitude, le nom de Julienne parmi les noms de ses serviteurs et de ses compagnons les plus aim?s, les plus fid?les et les plus applaudis.
On annonce aussi la mort de M. C..., dont les excentricit?s et l'avarice sont devenues fameuses. C... ?tait le rival et le fr?re jumeau d'Harpagon. Possesseur d'une fortune immense, accumulant million sur million, il poussait la ladrerie ? sa perfection. Un de ses parents m'a racont? de lui des traits qui m?ritent d'?tre pr?cieusement conserv?s; ce sont des mat?riaux qui pourront servir plus tard ? quelque po?te comique pour compl?ter le portrait de l'Harpagon de Moli?re et de l'Euclien de Plaute.
C... avait un fils. Tant que ce fils fut au maillot, C... supporta avec une sorte de r?signation les charges et les frais de sa paternit?; une fois cependant il eut une querelle terrible avec la nourrice, pr?tendant qu'elle ne gagnait pas l'argent qu'on lui donnait et mettait la moiti? d'eau dans son lait. C... voulut un instant lui intenter un proc?s en dommages et int?r?ts; il alla m?me chez le juge, qui lui dit: <
Jusqu'? dix ans, l'enfant marcha pieds nus et ? peu pr?s v?tu du costume de la nature. C... disait ? ses amis, qui se plaignaient de voir le pauvre diable tant?t br?l? par le soleil et tant?t grelottant de froid: <
A quinze ans il fallut le voir tant bien que mal. Ajoutez que notre adolescent ne se contentait plus de sucre d'orge, de pain d'?pices et de croquets; son app?tit se manifesta d'une fa?on d?vorante. C... s'en alarma; pendant quelque temps il lui rogna les vivres et lui disputa les morceaux. Mais C... perdait toujours quelque chose ? cette bataille; aussi regrettait-il de n'avoir pas mis au monde un fils qui put vivre sans manger. Puisque enfin le mal ?tait fait, il songea du moins ? le r?parer de son mieux, et imagina le moyen que voici de ne plus nourrir ce fils affam?. Un matin, C... se pr?senta chez le procureur du roi, g?missant, la larme ? l'oeil, et demandant, au nom de la loi, aide et protection contre son garnement. Notez que c'?tait le jeune homme le plus doux et le plus innocent du monde. <
Le domestique de C... avait servi dans le 32e r?giment de ligne. Un jour entrant dans la chambre de son ma?tre, il lui trouve un air de m?ditation profonde. <
Une autre fois, C... sonne Jean pour le charger d'une commission. Jean arrive clopin-clopant; dans son empressement, il s'?tait heurt? ? l'escalier et avait fait une horrible chute: < --Ah! monsieur, vous voyez, je suis ?clop? et ne puis faire un pas.--Soit; j'irai ? ta place, mais tu me pr?teras tes souliers.--Pourquoi cela, monsieur?--Pourquoi cela, dr?le? Puisque je vais o? tu devais aller, il est juste que j'use tes semelles et non les miennes. Et C..., ?tant ses pantoufles, se chaussa comme il le disait, aux d?pens du pauvre diable. Feu le c?l?bre docteur Double ?tait son m?decin ordinaire; en sa qualit? d'ancien camarade de coll?ge de C..... et connaissant surtout ses go?ts ?conomiques, il se gardait bien de lui pr?senter jamais un m?moire: aussi C.... l'avait-il choisi de pr?f?rence ? tous les autres; m?decins. Il y a deux ans, C..... se sentant malade, le docteur lui prescrit les eaux d'Aix. C.... recule le plus qu'il peut devant cette grande entreprise; mais il s'agit de sa sant? et peut-?tre de sa vie, et mon avare se d?cide ? quelques sacrifices. Le voici donc en route; vous dire les roueries qu'il emploie, chemin faisant, pour tromper les aubergistes et escamoter le pourboire des postillons et des servantes, je ne saurais. Le jour de son arriv?e ? Aix, il s'acheminait tristement vers l'?tablissement des bains, l'oeil morne et la t?te baiss?e, supputant avec douleur ce qu'une douche pourrait lui co?ter. Tout en r?vant ? sa mis?re, notre homme arrive sur les bords du lac qui ?tale, dans la vall?e d'Aix, ses eaux froides et limpides; soudain une id?e le saisit; il s'approche du bord, s'arr?te, se d?shabille et se jette dans l'eau.--Eh! monsieur, que faites-vous donc? lui crie Jean.--Double m'a dit de prendre les eaux d'Aix, r?pond C... grelottant de froid; celles-ci ou celles-l?, n'est-ce pas la m?me chose? < C.... avait une chaise de poste, comme Harpagon son carrosse, son ma?tre Jacques et des chevaux; C... partait un jour pour sa maison de campagne, situ?e dans le d?partement de la C?te-d'Or. Il avait pris avec lui sa ni?ce, qui devait passer quelques semaines ? Saint-A.... A peine la voiture avait-elle franchi la barri?re de Charenton, que C....., se retournant du c?t? de la jeune femme: < --Que voulez-vous dire, mon oncle?--?coute bien; si tu n'?tais pas venue dans ma voiture, tu aurais pris le coup? de la diligence; pour aller jusqu'? Saint-A.... c'est soixante-dix francs qu'il t'en aurait co?t?; tu vas m'en donner trente-cinq, et tout sera dit: je te tiens quitte du reste.--Et la ni?ce fut oblig?e de payer. Voici une recette que C.....avait invent?e pour se nourrir ? bon march?: il entrait chez un restaurateur, s'attablait et demandait un potage; le potage servi, C.... en mangeait la moiti?, puis, frappant avec violence sur la table:--Gar?on! s'?criait-il. A ce grand ?clat le gar?on d'accourir: < C....., au moment de rendre le dernier soupir, a trouv? un reste de force pour se mettre sur son s?ant et ?teindre une bougie allum?e, que la garde-malade avait oubli?e sur la table de nuit: < Les nouvelles de Vienne retentissent des bravos obtenus par madame Pauline Viardot-Garcia: partout des couronnes et 'partout des vivat! C'est une ovation m?rit?e et compl?te. Madame Pauline Viardot a d? partir pour Prague, o? les m?mes succ?s l'attendent. Saint-Cyr. A-PROPOS R?TROSPECTIF. Quoique ? propos de cet ouvrage, nous nous proposions de dire quelques mots sur les lieux ou doit se passer la sc?ne et sur quelques-uns des personnages, il faut reconna?tre tout d'abord que l'auteur est n?cessairement forc? de s'?loigner de la v?rit? historique; s'il avait voulu la suivre dans les d?tails de l'?tablissement de Saint Cyr, nous n'aurions certainement pas eu un premier acte aussi gai, aussi fou que celui qu'on nous promet. Noisy fut bient?t le sujet de toutes les conversations ? la cour; on voulut y faire visite; les demandes d'admission se multipli?rent; il fallut que la munificence du roi vint en aide ? la charit? de madame de Maintenon; on r?solut d'?tablir une maison qui contint 250 ?l?ves, 30 professes et 21 converses. L'architecte Mansard choisit l'emplacement de Saint-Cyr, ? proximit? de Versailles. Le 1er mai 1685 commenc?rent les travaux; l'ardeur de voir r?aliser les projets form?s ?tait telle que les ouvriers ordinaires ne parurent pas suffire: on y employa des troupes camp?es ? Versailles, et 2,000 travailleurs ?lev?rent les b?timents avec une telle pr?cipitation, que plus tard, on fut oblig? de faire de grandes et nombreuses r?parations. Le couvent subsista jusqu'en 1793; plus tard on y transf?ra l'?cole militaire qui avait ?t? ?tablie, en 1802, ? Fontainebleau.
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