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Read Ebook: La Duchesse de Châteauroux et ses soeurs by Goncourt Edmond De Goncourt Jules De

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Ebook has 541 lines and 89503 words, and 11 pages

LA DUCHESSE DE CH?TEAUROUX ET SES SOEURS

PAR

EDMOND ET JULES DE GONCOURT

NOUVELLE ?DITION

Revue et augment?e de lettres et documents in?dits

TIR?S DE LA BIBLIOTH?QUE NATIONALE DE LA BIBLIOTH?QUE DE ROUEN, DES ARCHIVES NATIONALES ET DE COLLECTIONS PARTICULI?RES

PARIS

EUG?NE FASQUELLE, ?DITEUR

AU COMTE

?DOUARD LEFEBVRE DE B?HAINE

MINISTRE PL?NIPOTENTIAIRE DE FRANCE EN BAVI?RE

PR?FACE DE LA PREMI?RE ?DITION

Ajoutons cependant ? cette signification des titres les courtes explications n?cessaires ? la justification, ? l'intelligence et ? l'autorit? d'une histoire nouvelle.

Aux premiers jours o?, dans les agr?gations d'hommes, l'homme ?prouve le besoin d'interroger le pass? et de se survivre ? lui-m?me dans l'avenir; quand la famille humaine r?unie commence ? vouloir remonter jusqu'? ses origines, et s'essaye ? fonder l'h?ritage des traditions, ? nouer la cha?ne des connaissances qui unissent et associent les g?n?rations aux g?n?rations, ce premier instinct, cette premi?re r?v?lation de l'histoire, s'annonce par la curiosit? et la cr?dulit? de l'enfance. L'imagination, ce principe et cette facult? m?re des facult?s humaines, semble, dans ces premi?res chroniques, ?veiller la v?rit? au berceau. C'est comme le b?gayement du monde o? confus?ment passent les r?ves de sa premi?re patrie, les songes et les merveilles de l'Orient. Tout y est ?norme et monstrueux, tout y est flottant et po?tique comme dans un cr?puscule. Voil? les premi?res annales, et ce qui succ?de ? ces recueils de vers mn?moniques, hier toute la m?moire de l'humanit?, et toute la conscience qu'elle avait, non de sa vie, mais de son ?ge: l'Histoire commence par un conte ?pique.

Puis arrive l'heure o? les cr?dulit?s de l'enfance, les illusions de la jeunesse abandonnent l'humanit?. L'?ge l?gendaire de la Gr?ce est fini; l'?ge r?publicain de Rome est pass?. La patrie est un homme et n'est plus qu'un homme; et c'est l'homme m?me que l'Histoire va peindre. Il s'?l?ve alors, dans le monde asservi et rempli de silence, un historien nouveau et prodigieux qui fait de l'Histoire, non plus la tradition des fables de son temps, non plus la tribune d'une patrie, mais la d?position de l'humanit?, la conscience m?me du genre humain.

Telle est la marche de l'Histoire antique. Fabuleuse avec H?rodote, oratoire avec Thucydide et Tite-Live, elle est humaine avec Tacite. L'Histoire humaine, voil? l'Histoire moderne; l'histoire sociale, voil? la derni?re expression de cette histoire.

Cette histoire nouvelle, l'histoire sociale, embrassera toute une soci?t?. Elle l'embrassera dans son ensemble et dans ses d?tails, dans la g?n?ralit? de son g?nie aussi bien que dans la particularit? de ses manifestations. Ce ne seront plus seulement les actes officiels des peuples, les sympt?mes publics et ext?rieurs d'un ?tat ou d'un syst?me social, les guerres, les combats, les trait?s de paix, qui occuperont et rempliront cette histoire. L'histoire sociale s'attachera ? l'histoire qu'oublie ou d?daigne l'histoire politique. Elle sera l'histoire priv?e d'une race d'hommes, d'un si?cle, d'un pays. Elle ?tudiera et d?finira les r?volutions morales de l'humanit?, les formes temporelles et locales de la civilisation. Elle dira les id?es port?es par un monde, et d'o? sont sorties les lois qui ont renouvel? ce monde. Elle dira ce caract?re des nations, les moeurs, qui commandent aux faits. Elle retrouvera, sous la cendre des bouleversements, cette m?moire vivante et pr?sente que nous a gard?e, d'un grand empire ?vanoui, la cendre du volcan de Naples. Elle p?n?trera jusqu'au foyer, et en montrera les dieux lares et les religions famili?res. Elle entrera dans les intimit?s et dans la confidence de l'?ge humain qu'elle se sera donn? mission d'?voquer. Elle repr?sentera cet ?ge sur son th??tre m?me, au milieu de ses entours, assis dans ce monde de choses auquel un temps semble laisser l'ombre et comme le parfum de ses habitudes. Elle redira le ton de l'esprit, l'accent de l'?me des hommes qui ne sont plus. Elle fera ? la femme, cette grande actrice m?connue de l'histoire, la place que lui a faite l'humanit? moderne dans le gouvernement des moeurs et de l'opinion publique. Elle ressuscitera un monde disparu, avec ses mis?res et ses grandeurs, ses abaissements et ses gr?ces. Elle ne n?gligera rien pour peindre l'humanit? en pied. Elle tirera de l'anecdote le bronze ou l'argile de ses figures. Elle cherchera partout l'?cho, partout la vie d'hier; et elle s'inspirera de tous les souvenirs et des moindres t?moignages pour retrouver ce grand secret d'un temps qui est la r?gle de ses institutions: l'esprit social,--clef perdue du droit et des lois du monde antique.

Et lors m?me que cette histoire prendra pour cadre la biographie des personnages historiques, l'unit? de son sujet ne lui ?tera rien de son caract?re et ne diminuera rien de sa t?che. Elle groupera, autour de cette figure choisie, le temps qui l'aura entour?e. Elle associera ? cette vie, qui dominera le si?cle ou le subira, la vie complexe de ce si?cle; et elle fera mouvoir, derri?re le personnage qui portera l'action et l'int?r?t du r?cit, le choeur des id?es et des passions contemporaines. Les pens?es, les caract?res, les sentiments, les hommes, les choses, l'?me et les dehors d'un peuple appara?tront dans le portrait de cette personnalit? o? l'humanit? d'un temps se montrera comme en un grand exemple.

Cette histoire qui demande ces travaux, ces recherches, cette assimilation et cette intuition, nous l'avons tent?e. Nos livres en ont indiqu?, croyons-nous, les limites, le dessin g?n?ral, les droits et les devoirs. Cela nous suffit; et tous nos efforts seront pay?s, toutes nos ambitions seront satisfaites, si nous avons fray? ? de meilleurs que nous la voie que nous avaient montr?e Alexis Monteil et Augustin Thierry.

La le?on de ce long et ?clatant scandale sera l'avertissement que la Providence s'est plu ? donner ? l'avenir par la rencontre en un m?me r?gne de trois r?gnes de femme, et la domination successive de la femme des trois ordres du temps, de la femme de la noblesse: madame de la Tournelle, de la femme de la bourgeoisie: madame de Pompadour, de la femme du peuple: madame du Barry. Le livre qui racontera l'histoire de ces femmes montrera comment la ma?tresse, sortie du haut, du milieu ou du bas de la soci?t?, comment la femme avec son sexe et sa nature, ses vanit?s, ses illusions, ses engouements, ses faiblesses, ses petitesses, ses fragilit?s, ses tyrannies et ses caprices, a tu? la royaut? en compromettant la volont? ou en avilissant la personne du Roi. Il convaincra encore les favorites du dix-huiti?me si?cle d'une autre oeuvre de destruction: il leur rapportera l'abaissement et la fin de la noblesse fran?aise. Il rappellera comment, par les exigences de leur toute-puissance, par les l?chet?s et les agenouillements qu'elles obtinrent autour d'elles d'une petite partie de cette noblesse, ces trois femmes an?antirent dans la monarchie des Bourbons ce que Montesquieu appelle si justement le ressort des monarchies: l'honneur; comment elles ruin?rent cette base d'un ?tat qui est le gage du lendemain d'une soci?t?: l'aristocratie; comment elles firent que la noblesse de France, celle qui les approchait aussi bien que celle qui mourait sur les champs de bataille et celle qui donnait ? la province l'exemple des vertus domestiques, envelopp?e tout enti?re dans les calomnies, les accusations et les m?pris de l'opinion publique, arriva comme la royaut?, d?sarm?e et d?couronn?e, ? la r?volution de 1789.

EDMOND et JULES DE GONCOURT.

Paris, f?vrier 1860.

J'ai trouv? aussi qu'en cette ?tude, on ne sentait pas la succession des temps, que les ann?es ne jouaient pas en ces pages le r?le un peu lent qu'elles jouent dans les ?v?nements humains, que les faits, quelquefois arrach?s ? leur chronologie et toujours group?s par tableaux, se pr?cipitaient sans donner ? l'esprit du lecteur l'id?e de la dur?e de ces r?gnes et de ces dominations de femmes.

LA DUCHESSE DE CH?TEAUROUX ET SES SOEURS.

MADAME DE POMPADOUR.

LA DU BARRY.

EDMOND DE GONCOURT,

ao?t 1878.

LA DUCHESSE DE CH?TEAUROUX ET SES SOEURS

Alors se faisait un travail sur les princesses de l'Europe ? marier, travail que nous retrouvons aux Archives nationales sous le titre:

ESTAT G?N?RAL DES PRINCESSES EN EUROPE QUI NE SONT PAS MARI?ES, AVEC LEURS NOMS, ?GES ET RELIGION.

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Il y en a vingt-neuf de 12 ans et au-dessous qui sont trop jeunes.

Il y en a dix dont les alliances ne peuvent convenir parce qu'elles sont de branches cadettes, ou si pauvres que leurs p?res et leurs fr?res sont oblig?s de servir d'autres princes pour subsister avec plus d'aisance.

Il reste dix-sept princesses sur lesquelles se r?duit le choix ? faire pour Sa Majest? et dont l'?tat est ci-joint avec des observations.

Total 100

La liste des dix-sept princesses ?tait celle-ci: Anne, fille du prince de Galles: 15 ans. Am?lie-Sophie, fille du m?me: 13 ans. Marie-Barbe-Joseph, fille du roi de Portugal: 14 ans. Charlotte-Am?lie, fille du roi de Danemark: 18 ans. Fr?d?rique-Auguste, fille du roi de Prusse: 15 ans. Anne-Sophie, fille de l'oncle paternel du roi de Prusse: 18 ans. Sophie-Louise, fille du m?me: 15 ans. ?lisabeth, fille ain?e du duc de Lorraine: 13 ans. Henriette, troisi?me fille du duc de Mod?ne, 22 ans. Marie Petrowka, fille du Czar: 16 ans. Anne, fille du m?me: 15 ans. Charlotte-Guillelmine, fille du duc de Saxe-Eisenach: 21 ans. Christine-Guillelmine, fille du m?me: 13 ans. Marie-Sophie, fille du duc de Mecklembourg-Str?litz: 14 ans. Th?odore, fille de Philippe, fr?re du prince de Hesse-Darmstadt: 18 ans. Th?r?se-Alexandrine, Mademoiselle de Sens: 19 ans. Mademoiselle de Vermandois, 21 ans.

M?mes raisons, en faveur ou en d?faveur de cette princesse que celles donn?es au sujet de sa soeur a?n?e.

La mauvaise sant? de la famille de Portugal, les esprits fols et ?gar?s qu'elle avait produits, faisaient craindre que le mariage ne produis?t pas le r?sultat cherch?. On craignait que la princesse n'e?t pas d'enfants, qu'elle en e?t tr?s-tard, que ces enfants mourussent, enfin que cette alliance n'introduis?t dans la maison de France les vices du sang de la maison de Portugal.

Cette princesse ?tait luth?rienne et ni?ce d'une tante qui avait refus? d'?tre Imp?ratrice pour ne pas changer de religion. Puis, en cas d'une abjuration, il y avait ? redouter d'?tre engag? ? prendre un parti trop d?clar? contre le Czar et la Su?de pour maintenir le p?re dans le duch? de Neswick.

Princesse luth?rienne qui ?tait, par les derniers trait?s entre l'Angleterre et la Prusse, promise au fils a?n? du prince de Galles.

Princesses calvinistes qui, n'?tant que cousines germaines du Roi de Prusse, n'assureraient pas l'appui ? la France du Roi appartenant au Roi d'Angleterre par les doubles mariages que ces deux souverains avaient faits entre leurs enfants.

Le pass? o? on retrouve des princesses de Lorraine, reines de France, plaidait en faveur de cette princesse, mais le duc de Bourbon faisait remarquer que les princesses de Lorraine qui avaient ?t? reines de France avaient toujours apport? la guerre civile. Il ajoutait que cette maison avait une liaison trop intime avec la maison d'Autriche, et pr?disait le m?contentement des ducs et des grands du royaume menac?s de la pr?pond?rance des princes lorrains ?tablis en France.

La princesse Henriette ?tait ?cart?e comme fille d'un trop petit prince et sortant d'une maison o? il y avait eu trop de m?salliances.

Le mariage de cette princesse ?tait arr?t? avec le duc de Holstein-Gottorp.

La princesse Anne dont la main avait ?t? offerte par la czarine, princesse bien faite et d'une figure aimable, ?tait repouss?e ? cause de la basse extraction de sa m?re, de l'?ducation et des habitudes barbares de son pays, du sang encore trop neuf de la famille des Czars pour les vieilles familles royales de l'Europe.

Trois princesses luth?riennes sortant de branches cadettes peu riches.

Luth?rienne dont le p?re ?tait cadet d'une branche cadette, et sa soeur m?re du duc d'Havr?, Flamand au service de l'Espagne.

Ici le duc de Bourbon arrivait ? ses deux soeurs.

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