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Read Ebook: La Duchesse de Châteauroux et ses soeurs by Goncourt Edmond De Goncourt Jules De

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Ebook has 541 lines and 89503 words, and 11 pages

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Ses moeurs ont r?pondu ? son ?ducation; sa vocation pour la retraite est un t?moignage de sa sagesse et de sa religion.

Elle est d'un caract?re doux et d'un esprit aimable; son ?ge, qui peut ?tre object?, la rend plus propre ? donner des h?ritiers bien constitu?s, et il pourrait mieux convenir de pr?f?rer une personne dont on conna?t l'esprit et le caract?re, ? une autre dont on les ignore et qui les pourrait avoir tels qu'on aurait lieu par les suites de se repentir du choix qu'on aurait fait.

Apr?s un m?r examen du rapport du duc de Bourbon par les entours du Roi, quinze princesses ?taient rejet?es, et il ne restait plus que la princesse Anne d'Angleterre et mademoiselle de Vermandois sur lesquelles on voul?t faire porter le choix du Roi.

Un conseil ?tait tenu. M. de Fr?jus d?clarait que la princesse d'Angleterre lui paraissait le parti pr?f?rable, tout en ajoutant que le mariage du Roi avec une princesse de la maison r?gnante d'Angleterre avait l'inconv?nient de forcer la France ? donner l'exclusion au chevalier de Saint-Georges. Dans le cas o? ce mariage manquerait, il adoptait l'id?e du mariage avec mademoiselle de Vermandois. Villars et le mar?chal d'Uxelles opinaient comme Fleury, le mar?chal d'Uxelles, toutefois, avec une nuance de froideur pour la soeur du duc de Bourbon. Venaient ensuite M. de Morville, de Bissy et Pecquet qui se montraient tr?s-chauds pour mademoiselle de Vermandois. Le comte de la Mark, lui, disait bien haut qu'on ne devait conclure le mariage d'Angleterre qu'? toute extr?mit? et qu'il ?tait enti?rement favorable ? un mariage contract? avec une des princesses cadettes de la maison de Cond?.

De retour, l'habile femme vantait ? son fr?re la beaut? et l'esprit de mademoiselle de Vermandois, chargeant Paris-Duverney de d?tourner le Duc d'un mariage qui la perdrait elle et ses prot?g?s. Duverney, inquiet pour lui-m?me, faisait peur au duc de Bourbon de l'hostilit? de M. de Fr?jus, qui, tout en ne se mettant pas ? la traverse du mariage d'une mani?re ouverte, y ?tait tr?s-oppos?. Il lui montrait mademoiselle de Vermandois devenue Reine, prenant uniquement les conseils de madame la Duchesse sa m?re dont il aurait ? subir les avis comme des ordres. Enfin chez le prince faible et un peu effray? par les criailleries des partisans de la maison d'Orl?ans, il ?veillait le sentiment d'?tonner par une marque ?clatante de d?sint?ressement tous ceux qui le croyaient ?troitement occup? de la grandeur de sa maison.

Sa fille tr?s-vertueuse, mais si mal nipp?e que madame de Prie sera oblig?e de lui apporter des chemises, le roi Stanislas avait d'abord cherch? ? la marier ? un simple colonel, Courtanvaux, depuis le mar?chal d'Estr?es, auquel il ne demandait d'autre apport que l'obtention du titre de duc et de pair. Le mariage manqu? par la mauvaise volont? du R?gent, Stanislas faisait proposer sa fille au duc de Bourbon, en lui faisant entrevoir les chances que ce mariage pourrait lui donner pour une ?lection au tr?ne de Pologne. Le Duc n'ayant pas r?pondu, le bon et excellent p?re voulant soustraire sa fille aux mauvais traitements de sa m?re qui ne l'aimait pas, apr?s avoir ?chou? pr?s du duc d'Orl?ans, songeait ? faire pressentir le duc de Charolais et successivement tous les princes fran?ais.

Au milieu de ces tentatives infructueuses et de ses d?sesp?rances de marier sa fille, Stanislas recevait une lettre du duc de Bourbon qui lui annon?ait le choix qui avait ?t? fait de Marie Leczinska. Le prince transport? de joie entrait dans sa chambre en lui disant: <> Elle le croyait rappel? au tr?ne de Pologne, quand il lui apprenait que c'?tait elle qui devenait Reine de France.

Mais l'alliance ne se concluait pas aussi facilement que M. le Duc l'aurait voulu; malgr? les d?fenses de parler du mariage du Roi sous peine de prison, d?fenses faites dans tous les caf?s de Paris, les nouvellistes clabaudaient contre cette princesse sans illustration, sans cr?dit, sans argent. Puis on recevait une lettre du roi de Sardaigne qui, comme grand-p?re du Roi se plaignant de n'avoir pas ?t? consult?, d?clarait qu'il y avait ? faire quelque chose de mieux et de plus convenable que cette chose condamn?e par tout le monde et ne donnant pas grande id?e du conseil de M. de Bourbon, lettre qui finissait par la menace de faire repentir un jour le Duc de ce qu'il faisait contre les int?r?ts du Roi.

Mais il se produisait un incident plus grave, le duc de Bourbon ?tait averti par une lettre anonyme que la princesse tombait du haut mal, et que la Reine sa m?re avait demand? plusieurs consultations ? une religieuse de Tr?ves qui avait la r?putation de gu?rir cette maladie. L?-dessus ?moi du duc de Bourbon; demande au mar?chal Dubourg de renseignements aupr?s d'un habile m?decin de Strasbourg sur la constitution de la princesse, puis envoi pr?s de la religieuse de Tr?ves du sieur Duph?nix qui devait ensuite entretenir et questionner le premier m?decin du Roi de Pologne sur la sant? et le fond du temp?rament de la princesse.

Les consultations de la religieuse de Tr?ves n'?taient point pour Marie Leczinska, mais pour une demoiselle attach?e au service de sa m?re, et le duc ?tait compl?tement rassur? par ce certificat attestant la parfaite sant? de la princesse et ses aptitudes ? donner un dauphin ? la France.

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Voici les termes dans lesquels le jeune Roi d?clarait son mariage: <>.

Aussit?t cette d?claration, le duc de Bourbon ?crivait au Roi Stanislas:

<<27 mai 1745.

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Trois jours apr?s le 30 mai, le duc de Bourbon recevait une lettre confidentielle de Vauchoux, capitaine de cavalerie, qui avait ?t? charg? de la n?gociation secr?te du mariage. Vauchoux assurait le duc que les sentiments de Marie Leczinska, ?lev?e par un confesseur alsacien, ?taient ceux d'un enfant ne puisant sa doctrine que dans le cat?chisme, lui donnait la confiance que la reconnaissance de la princesse pour Son Altesse S?r?nissime ?loignerait toujours de son intimit? les personnes qui ne lui seraient pas enti?rement d?vou?es, et joignait ? sa lettre l'envoi d'une hauteur de jupe, de gants, d'une pantoufle,--la princesse ne se servait de souliers que pour danser.

Le duc de Bourbon poussait, activait les pr?paratifs du mariage, et le 5 ao?t, le duc d'Antin, ambassadeur extraordinaire du Roi aupr?s de Stanislas, roi de Pologne, faisait ? Strasbourg la demande en mariage de la princesse Marie.

? cette demande Marie Leczinska r?pondait par ces paroles pleines d'?motion:

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Le 9 ao?t, ?tait fait et pass? ? Versailles le contrat de mariage du Roi, r?dig? par La Vrilli?re:

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Le 15 ao?t, jour de la Vierge, le duc d'Orl?ans ?pousait ? Strasbourg Marie Leczinska au nom du Roi de France.

Il y avait de grandes r?jouissances ? Strasbourg et un bal donn? par le duc d'Antin. ? ce bal, madame de Prie, qui avait fait la conqu?te de Marie Leczinska, sur la sollicitation de la Reine, ?tait pri?e ? danser par le duc d'?pernon avant la princesse de Montbazon et la duchesse de Tallard qui ?tait une Soubise.

Enfin la Reine, munie des instructions de son p?re, se mettait en voyage pour joindre le Roi qui venait de s'?tablir ? Fontainebleau.

Par cette France qui n'a point encore de routes, en cette ann?e o? il venait de pleuvoir trois mois de suite, dans ces temps de grandeur et de mis?re, de luxe et de barbarie, ce fut un terrible voyage que ce voyage o? la femme du Roi pensa plusieurs fois ?tre noy?e dans son carrosse, et d'o? on la retirait, avec de l'eau jusqu'? mi-corps, ? force de bras et comme l'on pouvait.

Enfin, le 4 septembre, Marie Leczinska arrivait ? Moret. Le Roi venait au-devant d'elle avec toutes les princesses, ne la laissait pas s'agenouiller sur le carreau qu'on avait jet? parmi la boue du chemin, et l'embrassait sur les deux joues avec une vivacit? qui ?tonnait tous ceux qui connaissaient l'?loignement du Roi pour les femmes, tous ceux qui l'avaient entendu dire il y avait deux ou trois mois qu'on ne le marierait pas de sit?t.

Le 5 septembre, Marie Leczinska, arriv?e de Moret ? dix heures du matin, montait tout droit ? son cabinet de toilette, et l?, accommod?e et par?e, se rendait dans le grand cabinet du Roi, d'o? le cort?ge se mettait en marche pour la chapelle, traversant la galerie de Fran?ois Ier, descendant le grand escalier entre la haie des Cent Gardes et des Suisses, la hallebarde ? la main.

Au milieu de la chapelle avait ?t? ?lev?e une estrade au bout de laquelle se trouvaient un prie-Dieu et deux fauteuils surmont?s d'un dais: le dais, l'estrade, le prie-Dieu, les fauteuils, les carreaux, recouverts d'une tenture de velours violet sem?e de fleurs de lis d'or et charg?e des armes de France et de Navarre.

Sur des bancs install?s au bas des marches de l'autel ? droite et du c?t? de l'?p?tre avaient d?j? pris place les archev?ques, les ?v?ques, les abb?s nomm?s par les d?put?s de l'assembl?e g?n?rale du clerg? pour assister ? la c?r?monie.

Sur un banc ? gauche de l'autel se voyaient le comte de Morville et le comte de Saint-Florentin qui allaient bient?t ?tre rejoints par les deux autres ministres et secr?taires d'?tat, le comte de Maurepas et le marquis de Breteuil, retenus par leurs fonctions aupr?s du Roi.

Le chancelier de France, dans sa robe de velours violet doubl? de satin cramoisi, ?tait assis dans son fauteuil ? bras et sans dos, entre ses deux huissiers portant la masse, et derri?re lui se groupaient les ma?tres des requ?tes en robe et en bonnet carr?.

Un public de seigneurs, d'?trangers, de dames en grand habit, remplissait les tribunes et les amphith??tres ?chafaud?s dans les arcades des chapelles, et dont les balcons ?taient garnis de tapis ? fond d'or ou de broderies ?clatantes.

Le cort?ge, parti du grand cabinet du Roi, d?bouchait dans la chapelle au son des fifres, des tambours et des trompettes.

C'?taient d'abord les h?rauts d'armes pr?c?d?s du marquis de Dreux, grand ma?tre des c?r?monies; venaient ensuite les chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit, en t?te desquels marchaient l'abb? de Pomponne, le marquis de Breteuil, le comte de Maurepas, grands officiers de l'Ordre. Apr?s les chevaliers du Saint-Esprit s'avan?aient dans des habits tr?s-magnifiques, et marchant seuls, le comte de Charolais, le comte de Clermont, le prince de Conti.

Suivait la Reine, habill?e d'un manteau et d'une robe de velours violet sem? de fleurs de lis d'or, avec un corps formant une cuirasse de pierreries, et des agrafes de brillant aux manches. Elle portait sur le haut de la t?te une couronne de diamants, ferm?e par une double fleur de lis. Marie Leczinska ?tait men?e par les ducs d'Orl?ans et de Bourbon; et la queue de son manteau royal, qui avait neuf aunes de long, ?tait port?e par la duchesse douairi?re de Bourbon, par la princesse de Conti, par la princesse de Charolais qui ?taient men?es ? leur tour et avaient leur queue port?e par les plus grands noms de la monarchie.

Et c'?taient apr?s la Reine la duchesse d'Orl?ans, puis mademoiselle de Clermont, et encore des princesses et des dames illustres qui, avec leurs meneurs et leurs porteurs de queue, formaient une procession qui n'en finissait pas, et que terminaient les dames d'honneur des princesses du sang.

Le Roi et la Reine allaient s'agenouiller sous le Haut-Dais; derri?re Leurs Majest?s, se pla?aient sur l'estrade les princes et princesses du sang.

Alors sortait de la sacristie le cardinal de Rohan, v?tu pontificalement et accompagn? de l'?v?que de Soissons et de l'?v?que de Viviers qui lui servaient de diacre et de sous-diacre d'honneur. Le cardinal montait ? l'autel, invitait par le h?raut d'armes et le marquis de Dreux, le Roi et la Reine ? s'approcher des marches de l'autel, et l? leur adressait un discours et leur donnait la b?n?diction nuptiale.

La b?n?diction donn?e, le Roi et la Reine retournaient ? leur prie-Dieu, o? le cardinal venait leur apporter l'eau b?nite.

La messe commen?ait. L'?v?que de Viviers chantait l'?p?tre, l'?v?que de Soissons chantait l'?vangile, et, apr?s avoir donn? le livre ? baiser au cardinal, le portait ?galement ? baiser au Roi et ? la Reine.

Au retour de la chapelle, le duc de Mortemart, qui, le matin, avait apport? ? Marie Leczinska la couronne de diamants qu'elle portait ? la c?r?monie, lui remettait un coffret de velours cramoisi rempli de bijoux d'or dont elle faisait des pr?sents dans l'apr?s-midi.

Le Roi, du moment o? il avait vu Marie Leczinska, laissait ?clater les na?fs sympt?mes du d?sir amoureux. Il montrait une gaiet? inexprimable et comme la satisfaction tapageuse d'un adolescent en bonne fortune.

Le matin du mariage, pendant la toilette de Marie Leczinska, il envoyait, nombre de fois, savoir quand cette toilette, qui durait du reste trois heures, serait finie. Apr?s la c?l?bration de la c?r?monie ? la chapelle, on le voyait, tout le restant du jour, empress?, attentif, galamment causeur aux c?t?s de la jeune Reine. Et le soir il attendait, avec une impatience fi?vreuse, que sa femme f?t couch?e.

Sur cette nuit de noce, qu'on nous permette de citer une d?p?che du duc de Bourbon au Roi Stanislas, dont les d?tails, intimes et secrets, doivent ?tre pardonn?s comme des d?tails qui int?ressent l'histoire.

<<... Je ne r?p?te pas ? Votre Majest? la joie et l'empressement que le Roi a t?moign?s de l'arriv?e de la Reine; tout ce que je puis dire ? Votre Majest?, est que cela a surpass? mes esp?rances, et, s'il se pouvait, mes d?sirs.

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