Read Ebook: L'Illustration No. 0021 22 Juillet 1843 by Various
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L'Illustration, No. 0021, 22 Juillet 1843
L'ILLUSTRATION, JOURNAL UNIVERSEL.
Ab. pour Paris.--3 mois, 8 fr.--6 mois, 16 fr.--Un an, 30 fr. Prix de chaque N? 75 c.--La collection mensuelle br., 2 fr. 75.
Ab. pour les D?p.--3 mois, 9 fr.--6 mois, 17 fr. Un an, 32 fr. pour l'?tranger. - 10 - 20 - 40
SOMMAIRE.
Les Meetings d'Irlande.
O'Connell a pris place ? trois heures et demie sur la plateforme ?lev?e au centre du champ de foire. M. Harrison, fabricant de chandelles, M. Hugues, ouvrier ciseleur en argent, M. Griffis, cordonnier, ont propos? diverses r?solutions qui ont ?t? successivement adopt?es. O'Connell a fait ensuite entendre sa parole toujours puissante et forte, si propre ? impressionner le peuple par la rude franchise des expressions. L'?loquence d'O'Connell ressemble ? celle de Shakspeare: tant?t il emploie les images les plus brillantes et les plus ?lev?es; tant?t il emprunte au langage populaire des le?ons de parler pittoresques, des dictons ?nergiques, d'heureuses trivialit?s.
On lit dans les journaux: <
Quoi donc! le Palais-Royal serait-il arriv? au temps de sa d?cadence apr?s une si longue prosp?rit? et une si brillante histoire?
Pendant pr?s de deux si?cles, de 1621, ?poque de sa fondation, aux premi?res ann?es de la R?volution, l'histoire du Palais-Royal a ?t?, pour ainsi dire, l'histoire du royaume de France. En ?levant le Palais-Cardinal sur les d?bris du vieil h?tel de Rambouillet et de l'h?tel Mercoeur, Richelieu ne se donna pas seulement une royale demeure, il ouvrit une sc?ne o?, apr?s les grandes trag?dies de son r?gne, devait se jouer la com?die de deux r?gences turbulentes. Comme s'il eut devin? la diversit? infinie des repr?sentations de toutes sortes et des parades dont le Palais-Royal serait un jour le th??tre, Richelieu y avait multipli? les d?cors propres aux pi?ces les plus vari?es; il y en avait pour tous les go?ts et pour tous les caract?res: ici de vastes et magnifiques galeries favorables au drame pompeux; l?, des cabinets discrets et solitaires o? pouvait se nouer et se d?nouer la com?die d'intrigue; ailleurs, des escaliers complaisants et de myst?rieux boudoirs destin?s ? la com?die de genre; plus loin, une chapelle sacr?e avec ses saints calices, son sanctuaire, la Vierge et le Christ. Ainsi le ciel avait son petit coin r?serv? dans cette demeure o? les app?tits terrestres allaient ?lire domicile et habiter pendant deux cents ans. D'autre part, plusieurs vastes cours s'ouvraient autour du palais; c'?tait l? que le peuple devait, de temps en temps, jouer aussi son r?le, et ?veiller en sursaut les ministres endormis dans l'ombre, les belles marquises languissamment couch?es sur l'or et la soie, les princes ?tourdis par la fum?e du petit souper. Le peuple ?tait destin? ? remplir l'emploi du Raisonneur de la com?die, qui rappelle, un peu brutalement quelquefois, les dissipateurs ? l'?conomie et les filles l?g?res ? la vertu.
Quand Richelieu prit possession du Palais-Royal et vint promener son manteau d'?carlate sous ces vo?tes d?cor?es par Vou?t, Po?rson et Philippe de Champagne, les grands actes de la vie du cardinal ?taient ? peu pr?s accomplis! A peine lui restait-il encore le temps, avant d'en faire la cl?ture d?finitive, de jeter bas la t?te de Cinq-Mars et de De Thon. Tout ?tait silencieux et tout se courbait sous le sceptre du ministre-roi. La Bastille et l'?chafaud avaient d?barrass? la sc?ne des acteurs les plus indociles; Montmorency reposait ? c?t? de Chalais et de Marillac; Soissons ?tait enseveli sous les cadavres de la Marf?e; d'?pernon se taisait au fond de son gouvernement; Bouillon restait ? l'abri de sa citadelle; Lavallette et Beaufort et les principaux m?contents s'?taient r?fugi?s en Espagne, en Angleterre, en Hollande. L'histoire dramatique du Palais-Royal ne commence v?ritablement qu'? la r?gence d'Anne d'Autriche.
Pour ce drame de la Fronde, l'unit? de lien n'est pas scrupuleusement observ?e, et l'abb? d'Aubignac y trouverait ? redire. Tant?t la com?die se joue ? Saint-Germain, aux Halles, ? l'h?tel de Retz, ? Bordeaux, ? la porte Saint-Antoine; mais la sc?ne principale est au Palais-Royal. L? se d?m?lent et se brouillent les fils de l'intrigue; l? naissent les int?r?ts, l? s'agitent les passions: haine, amour, ambition, jalousie, vengeance. Si vous pouviez entendre ce qui s'est dit dans le grand cabinet o? la reine manqua d'?trangler le coadjuteur; si vous interrogiez l'?cho de la petite chambre grise o? se tinrent les intimes conf?rences de la r?gente et du Mazarin, et que l'?cho vous r?pondit, quelle curieuse et na?ve confidence! quels secrets de politique et d'amour! Les belles indiscr?tions que feraient les murs de la salle des bains et de l'oratoire, s'il est vrai, en effet, que les murs ont des oreilles!
A la suite de cette ?chapp?e, l'histoire du Palais-Royal n'offre rien de m?morable, et cette st?rilit? dure plus de vingt ans. Un certain soufflet que la bonne Allemande donna de sa propre main ? monseigneur le duc de Chartres, distraction maternelle qu'elle confesse elle-m?me dans ses m?moires, est ? peu pr?s le seul ?v?nement qui fasse quelque bruit au Palais-Royal jusqu'? la seconde r?gence. Alors les peintres, les sculpteurs, les architectes, les d?corateurs, font irruption dans les galeries du palais; le r?gent aime les constructions; le r?gent est poss?d? de la passion des arts. Oppenort surcharge les murs d'ornements lourds et bizarres dans le go?t du temps. Mais, avec cette autre r?gence, le Palais-Royal retrouve sa vie active, brillante, voluptueuse, intrigu?e; l'histoire politique vient de nouveau s'asseoir sous ses vo?tes. L'affaire des l?gitim?s, les querelles avec l'Espagne, le syst?me de Law, toutes les aventures de la r?gence ressuscitent le Palais-Royal. Le Parlement rel?ve la t?te et recouvre la voix; le peuple sort de son engourdissement et reprend son r?le de carrefour et de places publiques; car les l?g?ret?s et les faiblesses de ses ma?tres ont r?veille son audace et son vieux sang de frondeur.
Depuis, le Palais-Royal continua ? servir de quartier-g?n?ral aux fl?neurs et aux fabricants de nouvelles; mais il perdit peu ? peu son caract?re officiel, et, sous le Directoire, le Consulat et l'Empire, il se fit une autre esp?ce de renomm?e Le Palais-Royal devint c?l?bre par l'audace de ses tripots et l'effronterie de ses d?esses. Le vice se promenait le long des galeries et d?bordait par-dessus les arcades.
Aujourd'hui, l'histoire du Palais-Royal est aussi r?guli?re, et, peu s'en faut, aussi d?cente que ses parterres sym?triques, ses all?es sabl?es avec soin, ses tilleuls rang?s au cordeau et scrupuleusement ?mond?s: histoire revue, corrig?e par les inspecteurs de police et ?clair?e au gaz de tous c?t?s. Ce n'est plus aux princes qu'il faut en demander le chapitre contemporain, mais aux libraires, aux orf?vres, aux bijoutiers, aux restaurateurs, aux modistes et ? M. Chevet. L'?ge po?tique du Palais-Royal est clos: ?ge du caprice, de la fantaisie et de l'erreur; l'?ge de raison est en pleine floraison. Le Palais-Royal tient comptoir, paie patente, monte sa garde ? la mairie, additionne ses comptes, et balaie scrupuleusement tous les matins l'avenue de sa boutique.
Quoi! le Palais-Royal tomberait en d?cadence et se ruinerait tout juste au moment o? il est devenu honn?te homme! Ce serait l? une mauvaise et dangereuse conclusion; il est donc n?cessaire d'aviser au p?ril. Nous souhaitons, quant ? nous, un plein succ?s aux ?mes charitables qui s'int?ressent ? sa d?cr?pitude et p?titionnent pour qu'on ?taie ce vieux t?moin d'un pass? si original et si vari?, ce monument de notre luxe, de nos passions et de nos vices.
--Rien de nouveau du reste: la semaine a ?t? d'une st?rilit? d?sesp?rante; c'est ? grand'peine que je tire de ma besace les deux maigres anecdotes que voici; ? d?faut d'autres qualit?s, elles ont du moins le m?rite d'?tre authentiques.
--Parole d'honneur.--Quoi! cette horreur! mais elle n'a plus de dents.--Pardon, monsieur, dit un vieux lion, ami particulier de la danseuse, et qui se tenait tapi dans un coin sans qu'on l'aper?ut; pardon, vous ne savez pas ce que vous dites: ces demoiselles ont toujours des dents; quand elles n'en ont plus, elles en rach?tent!>>
--Il y a eu pendant trois ou quatre jours de fr?quents conciliabules au bureau de la censure dramatique.--O ciel! est-ce que la s?ret? de l'?tat aurait ?t? mise en p?ril par quelque drame sc?l?rat? L'insurrection, la r?publique, se seraient-elles pr?sent?es audacieusement ? MM. les censeurs, cach?es sous la peau d'une trag?die ou d'un op?ra-comique, comme le loup sous la peau de l'agneau? Quelque vaudeville ou quelque ballet-pantomime aurait-il fait mine de casser les r?verb?res et de dresser des barricades? Un ballet-pantomime, vous y ?tes.--Ah! vraiment; quoi de plus innocent cependant qu'un ballet?
?tablissement d'une ?cole des Arts et M?tiers ? Aix.
La Prusse, puissance exclusivement militaire, est ? la t?te d'un vaste syst?me d'association douani?re, et elle s'occupe des questions de commerce et de tarif plus encore que d'organisation militaire.
L'Autriche et la Russie, puissances si stationnaires jadis, cr?ent des chemins de fer, des banques, des ?coles de droit et de commerce; elles donnent ? leur navigation un d?veloppement nouveau. L'Angleterre ouvre la Chine ? l'activit? europ?enne; comment la France resterait-elle en arri?re d'un pareil mouvement? Malgr? elle, elle marche dans cette voie immense que la paix a ouverte. Les besoins industriels du pays, les ?l?ments si f?conds du travail national poussent instinctivement nos Chambres vers l'organisation industrielle qui doit assurer notre puissance et nous faire garder en temps de paix le rang ?lev? que nous avons pris parmi les nations en temps de guerre. Ainsi la session qui vient de se terminer a r?duit le budget de la guerre et vot? l'?tablissement d'une ?cole royale d'Arts et M?tiers ? Aix en Provence.
Une ordonnance du roi vient de mettre ? ex?cution le vote de la Chambre. Le nombre des ?l?ves de l'?cole d'Aix est fix? ? trois cents; ils seront admis par tiers d'ann?e en ann?e, ? partir du 1er octobre prochain. De m?me qu'aux ?coles de Ch?lons et d'Angers, le nombre des pensions ? la charge de l'?tat est fix? ainsi qu'il suit: soixante-quinze pensions enti?res soixante-quinze ? trois quarts, soixante-quinze demi-pensions.
Les conseils-g?n?raux des d?partements des Bouches-du-Rh?ne et du Var, les conseils municipaux des villes de Marseille et d'Aix, et la chambre de commerce de Marseille devront voter des ressources n?cessaires ? l'appropriation des b?timents et d?pendances de l'hospice de la Charit?, consacr?s ? l'?tablissement de l'?cole.
Horticulture
LES ROSES.
Heureux l'amateur qui peut s'enorgueillir d'une vari?t? de roses vraiment nouvelle, n?e dans son parterre, et lui chercher un nom nouveau en la pla?ant sous le patronage de la puissance ou de la beaut?! Pour tous ceux chez qui le go?t des fleurs est pass? ? l'?tat de passion, et l'on n'est pas v?ritablement amateur sans y mettre un peu de passion, la culture des roses donne lieu ? une suite d'?motions empreintes d'un caract?re que nous pourrions nommer moral, si l'on n'avait trop abus? de cette expression; car ces ?motions sont le prix d'un travail, travail ?quivalant ? un d?lassement, il est vrai, mais cependant travail assidu, ayant, comme tous les travaux, ses phases, ses soucis, ses inqui?tudes, ses d?ceptions et ses r?compenses.
S'il entrait dans notre plan d'aborder le c?t? s?rieux et philosophique de ce sujet, il nous offrirait ample mati?re ? dissertation; le go?t des fleurs, et celui des roses en particulier, ont une bien plus grande port?e que ne le pense le vulgaire. Comparez seulement, partout o? la floriculture est pass?e dans les moeurs du peuple, l'ouvrier qui donne son dimanche aux cartes et au cabaret ? celui qui consacre le jour du repos tout entier ? la culture de ses fleurs; consid?rez quelle heureuse s?rie de rapports toujours affectueux s'?tablit entre les hommes de conditions diverses qui professent ?galement le go?t des fleurs, et surtout le go?t des m?mes fleurs! Bien des riches, qui ne rendraient pas sans cela le coup de chapeau ? un pauvre artisan, vont chez lui, lui prodiguent les marques de bienveillance, lui font obtenir quelquefois ce que jamais le droit le plus ?vident n'aurait pu gagner: et le tout pour avoir un oignon, une greffe, une bouture, une simple graine, qu'ils ne sauraient trouver nulle part ? prix d'argent. La passion des fleurs produit quelquefois dans ce sens d'?tranges condescendances. Nous citerons ? ce propos une anecdote r?cente, ? notre connaissance personnelle.
Un de nos amis, grand amateur de roses, entreprit, l'ann?e derni?re, un voyage ? Li?ge, Belgique, rien que pour visiter les belles et riches collections de rosiers que renferme cette partie de la riante vall?e de la Meuse. On sait que la culture des roses est en grand honneur en Belgique et particuli?rement dans la province de Li?ge. Un amateur belge, homme riche et titr?, s'empressa de faire ? l'amateur parisien les honneurs des plus belles collections du pays, ? commencer par la sienne, qui ne comptait pas moins de 700 vari?t?s. Le matin du jour fix? pour son d?part, le Parisien dormait encore lorsqu'il fut r?veill? d?s la pointe du jour par son h?te li?geois. <
Quelques heures plus tard, comme il traversait la place du march? pour se rendre ? son h?tel ? la station du chemin de fer, il eut quelque peine ? se frayer un passage au travers de la foule assembl?e au pied de l'?chafaud! o? deux malheureux subissaient la peine de l'exposition; le Parisien leva par hasard les yeux sur l'?chafaud; il n'eut pas besoin d'un second coup d'oeil pour reconna?tre l'amateur de roses du faubourg de Vivegnis: c'?tait le bourreau.
Revenons aux roses. La France est par excellence le pays des roses; aucun autre sol, aucun autre climat, n'est aussi favorable que le n?tre ? la v?g?tation des rosiers, principalement ? celle des rosiers de collection. On sait que les rosiers dont se composent les collections d'amateurs sont greff?s ? la hauteur d'un m?tre environ sur des tiges d'?glantier ou rosier sauvage. Ce n'est pas que les rosiers de prix v?g?tent mieux ou donnent des fleurs plus belles que lorsqu'on les ?l?ve francs de pied, mais les rosiers ainsi greff?s forment plus facilement une t?te r?guli?re sur laquelle les roses, ?galement r?parties, s'offrent ? la vue ? la hauteur la plus convenable, pour qu'on puisse les admirer sans ?tre forc? de se baisser. Les rosiers greff?s sur ?glantier ont, en outre, l'avantage de se pr?ter beaucoup mieux que les buissons de rosiers ? l'arrangement r?gulier d'une collection dans les plates-bandes qui lui sont destin?es, sans qu'il en r?sulte encombrement ni confusion.
Nul autre pays en Europe ne produit d'aussi beaux ?glantiers que la France. La consommation des ?glantiers, comme sujets pour recevoir la greffe des roses de choix, para?trait fabuleuse ? ceux de nos lecteurs qui sont ?trangers au commerce de l'horticulture parisienne. Dans un rayon de plus de 50 kilom?tres autour de Paris, la race des ?glantiers sauvages est compl?tement ?puis?e: impossible d'en trouver un seul bon ? greffer dans les bois et les baies. Les jardiniers fleuristes de Paris sont forc?s de les multiplier actuellement par la voie des semis; plusieurs d'entre eux se livrent exclusivement ? cette culture, qui leur est fort avantageuse. Des trait?s sp?ciaux ont ?t? publi?s r?cemment sur les moyens de multiplier l'?glantier destin? ? ?tre greff?.
Les Anglais, nos ma?tres dans tant d'autres branches de l'horticulture, sont nos tributaires pour les rosiers greff?s. C'est que le climat de leur ?le ne convient point ? l'?glantier. Cet arbuste, comme tous les rosiers connus, veut un air pur, exempt de vapeurs malsaines: la Grande-Bretagne est constamment envelopp?e d'un nuage de fum?e de charbon de terre m?l?e de brouillard; toute l'habilet? des jardiniers anglais ?choue contre un tel obstacle; aussi plusieurs roses, entre autres la rose jaune double, n'ont jamais fleuri ? l'air libre, ni ? Londres ni aux environs, dans un rayon de plusieurs milles. Paris, Rouen et Angers approvisionnent de rosiers greff?s les jardins de la Grande-Bretagne.
Bien des livres uni ?t? ?crits sur les rosiers; ils apprennent en g?n?ral peu de chose sur la culture de cet arbuste; ils sont presque enti?rement consacrer ? discuter la nomenclature et la classification des rosiers, deux choses sur lesquelles personne n'est d'accord; si bien qu'il est fortement question de soumettre le d?bat ? un congr?s de jardiniers convoqu?s tout expr?s. Ne riez pas lecteurs, la chose en vaut la peine ce sont des centaines de mille francs que remue tous les ans le commerce des rosiers en France: or, le principal obstacle ? ce commerce, c'est la confusion de la nomenclature Il y a tel amateur riche qui ne balancerait pas ? donner un prix fort ?lev? d'une rose annonc?e comme nouvelle pour l'ajouter ? sa collection, s'il ?tait certain qu'elle f?t r?ellement nouvelle c'est pr?cis?ment cette certitude qu'il ne peut jamais acqu?rir, ? moins d'avoir vu la rose par lui-m?me, de passer par cons?quent sa vie ? voyager, il est donc toujours expos? ? recevoir, au lieu de ce qu'il attendait, une rose ancienne d?j? connue, et qu'il poss?dait sous un autre nom.
Donnons maintenant au lecteur une id?e non pas des deux mille vari?t?s de roses inscrites dans les catalogues des horticulteurs, mais seulement les grande divisions o? elles sont class?es. Quelques-unes sont connues de tout le monde et n'ont pas besoin de description: telles sont les cent-feuilles les damas, les provins, les pimprenelles reconnaissables ? des caract?res g?n?raux bien tranch?s.
Les rosiers du Bengale diff?rent de tous ceux d'Europe en un point essentiel: nos rosiers, pour la plupart ne fleurissent qu'une fois par an, quelques-uns fleurissent deux fois et sont nomm?s, pour cette raison, rosiers bif?res, d'autres, en tr?s petit nombre, fleurissent plusieurs fois pendant la belle saison; tout le monde conna?t, dans cette s?rie, la rose de tous les mois. Les rosiers de l'Inde, originaires d'un pays o? l'hiver est inconnu, sont ce que les jardiniers nomment perp?tuellement remontants; leur v?g?tation n'est jamais interrompue, lorsqu'ils re?oivent dans la serre temp?r?e une chaleur convenable pendant l'hiver, ils refleurissent toujours, facult? que ne poss?de aucun rosier d'Europe.
Les rosiers Noisette paraissent avoir ?t? obtenus en Am?rique par le croisement des rosiers du Bengale et des rosiers d'Europe.
L'hybridation, conqu?te r?cente de l'horticulture moderne en a beaucoup agrandi le domaine; les centaines de sous-vari?t?s dont se composent les collections de rosiers sont des r?sultats de l'hybridation. Le plus souvent, on se contente, pour croiser les rosiers, de les placer tr?s-pr?s les uns des autres, et d'abandonner les croisements au hasard. En Italie, Fallar?si, c?l?bre horticulteur, obtint une foule de tr?s-belles roses nouvelles en plantant au pied d'un mur les rosiers qu'il voulait croiser; il entrela?ait les unes dans les autres leurs branches paliss?es sur le treillage de l'espalier, de sorte qu'au moment de la floraison, les roses d'esp?ce diff?rentes se touchaient pour ainsi dire et ne pouvaient manquer de se croiser Ce proc?d? est encore actuellement fort en usage.
Il est un principe de placer toujours ? c?t? l'une de l'autre des roses qui se ressemblent le plus; par ce moyen, on rend perceptibles des diff?rences tr?s-l?g?res entre deux fleurs qui, vues loin l'une de l'autre, sembleraient deux ?chantillons de la m?me esp?ce.
En dehors de la collection, l'art du jardinier sait tirer un grand parti de l'effet ornemental de certains rosiers aux formes simples et tr?s-d?velopp?es.
Le rosier Fellemberg et les autres rosiers de grandes dimensions se plantent isol?ment ? l'entr?e d'une pi?ce de gazon dont la verdure fait ressortir l'?clat de leurs fleurs innombrables. Les Anglais maintiennent les t?tes volumineuses de ces rosiers au moyen d'un support de forme particuli?re, autour duquel sont attach?es des ficelles maintenues par des chevilles plant?es circulairement dans le sol.
Les deux plus belles parmi les Bengales ont ?t? obtenues ? Paris dans la belle collection du Luxembourg, que dirige l'habile et pers?v?rant M. Hardy; l'une porte le nom de triomphe du Luxembourg, l'autre est d?di?e au comte de Paris.
Parmi les Provins ? fleurs perp?tuelles, aucune ne surpasse en beaut? la rose Prince-Albert, conquise de graine, en 1839, par M. Laffay, de Bellevue. La reine d'Angleterre ayant charg? M. Laffay de lui composer un rosarium, il fut invit?, assure-t-on, ? d?dier au prince Albert une de ses roses nouvelles non encore nomm?es.
La rose Prince-Albert se distingue par la vivacit? de ses couleurs; ses p?tales, tant ceux du dehors que ceux du coeur de la rose, sont d'un rouge nacarat en dehors, et d'un beau violet velout? ? l'int?rieur.
Nous ne terminerons pas sans dire quelques mots de l'utilit? de certaines roses et du commerce des roses coup?es vendues sur les march?s de Paris.
La m?decine fait un fr?quent usage de la rose de Provins, cueillie un peu avant son complet ?panouissement, puis s?ch?e et conserv?e pour ?tre employ?e comme m?dicament astringent.
Les roses coup?es se vendent en quantit?s ?normes aux pharmaciens et distillateurs pour la pr?paration de l'eau de rose et de l'altar, ou essence de rose, l'un des parfums les plus chers et les plus recherch?s. Les roses les plus parfum?es contiennent tr?s-peu d'huile essentielle, les p?tales seuls, distill?s sans leurs calices, n'en donnent pas au del? de 1.3200 ou 1.3500 de leur poids; on ne distille pour cet usage que les roses de Damas et les roses communes ? cent feuilles.
Quelques communes voisines de Paris, entre autres Poteaux et Fontenay, cultivent en plein champ, sur une tr?s-grande ?chelle, des rosiers dont les fleurs sont coup?es pour ?tre vendues par bouquets aux Parisiens. D'apr?s des renseignements que nous avons pris sur les lieux, la production est ? peu pr?s de cinquante roses par m?tre carr? dans les ann?es ordinaires, de sorte qu'un hectare consacr? ? cette culture ne produit pas moins de cinq cent mille roses, vendues ? la balle de Paris au prix moyen de 40 cent. le cent aux revendeuses, qui les d?bitent en d?tail en gagnant ? peu pr?s moiti?; on peut juger par l? des sommes importantes que fait circuler rien qu'? Paris le seul commerce des roses coup?es.
Nouvelles du Mus?um d'histoire naturelle.
ANIMAUX R?CEMMENT ARRIV?S.
Le lion d'Arabie est la race ? laquelle appartient le lionceau envoy? ? la M?nagerie par le premier m?decin du vice-roi d'?gypte, le docteur Clot, qui, par ses talents, a m?rit? de S. M. le titre de Bey. Non-seulement Clot-Bey honore la France, qui l'a vu na?tre, par les honneurs o? son m?rite l'a port?, mais encore par l'amour qu'il a conserv? pour sa patrie, et par les nombreux t?moignages qu'il ne cesse de lui en donner. C'est ? lui que le Mus?um d'histoire naturelle doit une foule d'animaux africains, tous du plus haut int?r?t pour la France.
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