Read Ebook: L'Illustration No. 0025 19 Août 1843 by Various
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Ebook has 224 lines and 36485 words, and 5 pages
Un sergent de ville aper?oit un homme qui se glisse le long des murailles et frise les bornes d'un air affair?: <
Quatre gardes municipaux am?nent au guichet de la Force un grand diable qui se d?bat, et s'?crie qu'on le prend pour un autre. <
<
Un voisin m'a cont? qu'au point du jour, la porte d'Hortensia s'ouvrit doucement, et que lui, le voisin, aper?ut par le trou de sa serrure, un jeune blond qui s'?chappait lestement et descendait l'escalier quatre ? quatre.--?tait-ce un ?vad? de la Force?
Les journaux de la semaine ont racont? qu'un homme aux formes athl?tiques venait d'?tre arr?t? dans les environs de la barri?re du Tr?ne; son costume bizarre, ses longs cheveux, sa barbe inculte, son allure r?solue, avaient suffi pour ?veiller les soup?ons, les imaginations ?tant encore toutes pleines de cette grande aventure de voleurs dont nous avons, plus haut, racont? l'?pop?e. Le peuple ?mu ne voyait partout que larrons et que condamn?s en rupture de ban; dans ces moments-l?, la moiti? de Paris est capable d'arr?ter l'autre.
Prenons-nous pour exemple: la soci?t? William-Peterson et compagnie vous exp?diera d'Angleterre en France et vous h?bergera ? Paris, pendant un mois, au prix de 500 francs. On n'est pas plus accommodant que cela. Pour 500 francs, vous aurez le droit de vous promener sur les boulevards tant que vous voudrez; la soci?t? vous fournira une paire de souliers, une paire de bottes et un parapluie; elle vous, entretiendra de spectacles jusqu'? concurrence de huit repr?sentations; et apr?s vous avoir fait admirer tous les monuments et toutes les curiosit?s de Paris, elle s'engage ? vous procurer la vue de M. de Perpignan et celle de M. Cr?mieux par-dessus le march?--Prenez vos billets!
--La querelle de MM. Alexandre Dum... et J. J. a encore quelque peu occup? les oisifs. Suivant les uns, M. J. J. a r?pondu aux t?moins envoy?s par M. Alexandre Dum...: <
Suivant d'autres, il aurait dit: <
En d?finitive, l'affaire a ?t? ce qu'elle devait ?tre raisonnablement: les deux adversaires, bless?s et enterr?s l'un par la plume de l'autre, ont r?pandu des flots d'encre, et y ont lav? leur injure.
Th??tres.
Si l'enfant a un b?ton sous la main, il vous frappe; s'il a une cravache, il vous fouette; s'il a un fusil ou un pistolet, il vous couche en joue. Diable! voil? qui devient s?rieux! et ce n'est pas pour rien qu'on appelle mademoiselle Catalina une ogresse.
N'y a-t-il pas cependant quelque excuse ? donner de ce vilain caract?re? Oui, certes, et plus d'une: 1? Catalina est P?ruvienne, ce qui lui permet d'?tre un peu tigresse; 2? elle a ?t? ?lev?e ? sa libre fantaisie, comme une v?ritable sauvage, ce qui l'autorise ? n'?tre que m?diocrement civilis?e.
Mais le fond n'est pas si f?roce qu'on le croirait: la suite vous l'apprendra, et M. Edgar de Favencourt se charge de vous le prouver tr?s-prochainement.
M. Edgar est un v?ritable Fran?ais; il arrive au P?rou, rencontre Catalina, lui dit quatre cinq mois de galanterie, lui chante deux ou trois couplets bien trouss?s; et voil? ma tigresse, mon ogresse, ma diablesse, qui regarde, sourit pour la premi?re fois de sa vie, et s'adoucit. Malheureusement Edgar va chez la voisine en dire il en chanter autant. La nouvelle en vient jusqu'? la belle Catalina, qui, furieuse et jalouse, prend sa carabine et mitraille l'infid?le Edgar. Dans cette situation, Edgar n'a rien de mieux ? faire que de s'?vanouir et de tomber dans un torrent. C'en est fait; plus d'Edgar!
H?las! Edgar n'?tait point un tra?tre; il causait tout simplement et chantait avec sa soeur. Quoi de plus licite et de plus innocent! Aussi jugez des remords de Catalina: elle pleure, elle se d?sole, et pour se punir, la voici tout pr?s d'?pouser un ben?t.
Elle ne l'?pousera pas, car Edgar n'est pas mort; sa soeur l'a recueilli, sa soeur l'a gu?ri, sa soeur l'a remis sur ses jambes; actuellement il a bon pied et bon oeil; or, tous deux, Edgar et la soeur, s'entendent pour jouer un tour ? Catalina et prendre une innocente revanche du coup de carabine: Edgar se donne des airs de revenant, se montre au clair de la fille, parle d'une voix de fant?me, se conduit, en un mot, de tout point, comme un habitant de l'autre monde. Cette fantasmagorie a pour but d'augmenter les regrets de Catalina, de lui donner une bonne petite le?on qui lui apprendra ? ne plus tirer sur les jolis Fran?ais, et de changer l'ogresse en douce brebis.
L'?preuve r?ussit; l'ogresse devient la meilleure femme du monde, et Edgar en fait sa l?gitime ?pouse.--On aurait pu appeler ce vaudeville: <
Nous quittons la femme f?roce pour passer ? la femme sentimentale; madame de Nervins a toute la douceur, toute la bont?, toute la vertu d?sirables; ce n'est pas elle qui mitraillerait un Edgard ? bout portant: ah Dieu!
Cependant il arrive malheur ? madame de Nervins; un beau soir, un fat la surprend en t?te-?-t?te myst?rieux; il ?coule, il regarde, et voit, au clair de la lune, un jeune homme qui se glisse dans l'ombre et dispara?t. Aussit?t de raconter l'aventure, et, du coup, madame de Nervins est compromise.
Eh bien! le fat a dit une m?chancet? et un mensonge: c'est trop de deux; madame de Nervins est une parfaite honn?te femme: c'est un proscrit et non un galant qu'elle aidait ? fuir. Le mal n'en est pas moins fait; il faut que cette pauvre dame de Nervins en supporte toutes les cons?quences: la col?re et l'abandon de son mari, la condamnation du monde, la m?disance des prudes et la pruderie des m?disantes; ce n'est qu'apr?s beaucoup de pleurs et d'?preuves que son innocence ?clate enfin et triomphe sur toute la ligne. MM. Mol?-Gentilhomme et Lefranc, en faisant ce drame, et le th??tre du Vaudeville en le jouant, ne se sont pas trop compromis.
L'amour s'en va par plus d'une route: MM. Laurencin et Marc-Michel en ont choisi une entre mille; on vous aimait; vous devenez gras, l'amour s'en va; vous ?tiez galant, tendre, sentimental, aux petits soins, et l'on vous adorait ainsi; vous voici maussade, distrait, sans g?ne, l'amour s'en va: telle est l'histoire de M. et de madame de Folleville.
L'amour ?tant parti, on se consulte pour savoir s'il ne serait pas prudent de rompre tout ? fait le march? et d'aller chercher fortune ailleurs; c'est la premi?re id?e de nos deux ?poux mal assortis; heureusement, la r?flexion arrive; l'amour n'est qu'un oiseau de passage: il s'en va parce qu'il n'est pas fait pour rester. Si l'on en venait ? l'amiti?, chose plus solide et plus stable? <
Le th??tre de la Gaiet? plaisante rarement, comme chacun sait; il nous donne une folle, cette fois, un enfant naturel, une banqueroute, un ?chafaud, un proscrit, une tentative de suicide, deux fr?res qui ne se connaissent pas, deux fr?res qui se reconnaissent, une femme s?duite qui livre son s?ducteur au bourreau, un fils de la s?duction qui le d?livre, la Tamise, la prison, le palais, la mansarde, la rue, la place publique, des ?vanouissements, des r?surrections et des murailles mobiles; le tout couronn? par un pardon g?n?ral et un bonheur universel.
C'est touchant, c'est effrayant, c'est ?tonnant, c'est larmoyant; l'auteur, M. Charles Lafont, et l'actrice mademoiselle Georges, ont ?t? positivement aux nues; il faut que le succ?s soit d'une bonne force pour avoir pouss? mademoiselle Georges jusque-l?.
Le dindon qui se pare des plumes du paon n'est pas un oiseau rare; M. le marquis de Grandmaison est ce dindon-l?: il court par la ville certaines petites feuilles sc?l?rates, des petites satires anonymes, des petites m?chancet?s sous le manteau; vous savez ce qu'on appelait autrefois et ce qui s'appelle encore de nos jours des nouvelles ? la main: d'o? viennent-elles? qui en est l'auteur? c'est vous monsieur le marquis de Grandmaison, disent ces dames; c'est toi marquis, r?p?tent ces messieurs; ah! marquis, que de malice! ah! mon cher, que d'esprit! Et le marquis de se laisser faire; il est ravi de r?colter la moisson qu'un autre a sem?e, et de se donner une r?putation d'esprit sans y avoir mis un sou de sa poche.
Sa joie dure peu; si les nouvelles ? la main amusent les uns, elles blessent les autres et leur d?plaisent. Les victimes viennent se plaindre; l'un menace M. le marquis d'un proc?s en calomnie; l'autre de la Bastille; celui-ci d'un soumet; celui-l? d'un coup d'?p?e; si bien que le pauvre marquis ne sait auquel entendre; et comme le gaillard est peu brave, il est bien oblig? d'avouer son imposture et de d?clarer qu'il n'est qu'un poltron et qu'un sot.
Ce vaudeville confirme cet excellent pr?cepte, qu'il n'est pas toujours profitable de prendre le bien d'autrui. Les auteurs, MM. Dennery et Clairville, ont fait cependant comme les pr?dicateurs, qui ne mettent pas en action les belles maximes qu'ils enseignent: ils ont pris ? tout le monde les meilleurs mots et les meilleurs couplet de leur pi?ce, et le larcin leur a mieux r?ussi qu'au marquis de Grandmaison.
--Mademoiselle Hortense fait par la fen?tre un signe d'intelligence ? son cousin, qui demeure en face d'elle, et ce signe ressemble quelque peu ? un baiser; un mais qui demeure au-dessous du cousin prend ce signe ou ce baiser pour lui, et le renvoie imm?diatement ? mademoiselle Hortense, poste pour poste.
Le p?re surprend ledit baiser au passage, s'indigne, temp?te, menace, ce qui jette notre niais dans une complication de dangers, de peurs, de duels et de d?sastres contre lesquels il faudrait un coeur de lion, tandis que lui n'a qu'un coeur de li?vre. Il s'enfuit donc, perdant ? la bataille mademoiselle Hortense qu'il venait ?pouser, et que le cousin en question lui escamote.
M. B?nard a pris ce vieux vaudeville ? son compte, comme s'il ?tait nouveau. La v?rit? est qu'il n'est pas plus ? M. B?nard qu'? moi; c'est un vaudeville ? tout le monde, qui ressemble ? tout et ne ressemble ? rien.
Le Lizard coul? par le V?loce.
Distribution des Prix
DU GRAND CONCOURS.
Le concours annuel entre les ?l?ves des coll?ges de Paris compte d?j?, tout pr?s d'un si?cle d'existence. Il fut institu? par un arr?t? du Parlement de Paris, le 8 mars 1746; voici ? quelle occasion. Louis Legendre, chanoine de Notre-Dame, puis abb? de Claire-Fontaine, homme studieux et ami des belles-lettres, avait, par testament , l?gu? une somme d'argent pour l'?tablissement d'une Acad?mie dans la ville de Rouen, sa patrie Les h?ritiers de l'abb? r?clam?rent vivement contre cette clause testamentaire, et, apr?s treize ans de proc?dure, le Parlement de Paris rendit enfin un arr?t par lequel, annulant le legs fait ? la ville de Rouen, il appliquait la modique somme que Louis Legendre avait l?gu?e ? la fondation de prix annuels, qui seraient mis au concours et partag?s entre les ?l?ves des trois classes de rh?torique, seconde et troisi?me, des coll?ges de l'Universit? de Paris.
Cette fondation ajouta un nouvel ?clat aux ?tudes parisiennes, d?j? renomm?es dans tout le monde savant. La distribution des grands prix eut lieu pour la premi?re fois, en Sorbonne, le 23 ao?t 1747; la c?r?monie fut imposante, et tout le Parlement y assista en robes rouges; le latin fut seul admis dans cette solennit? universitaire, la liste des prix et des accessits ?tait elle-m?me en latin; la Sorbonne aurait cru d?roger si elle e?t employ? alors le plus petit mot de fran?ais. En 1749, trois ans apr?s cette premi?re distribution, Charles Coffin, professeur-recteur, ami et successeur du bon Rollin, fonda, par testament, deux nouveaux prix, destin?s ? la classe de seconde, et son nom fut d?s lors associ? ? celui de Louis Legendre, dans les discours solennels et dans les ?loges universitaires. Enfin, en 1757, un autre chanoine, Bernard Collot, fonda deux prix de, th?me et de version pour les classes de quatri?me, de cinqui?me et de sixi?me; le nom de ce troisi?me fondateur fut depuis solennellement proclam? et rappel? ? la reconnaissance publique, m?me sur le programme r?publicain de l'an 1793.--La Harpe, Thomas, Rollin, Delille, furent les laur?ats les plus fameux de cette premi?re p?riode.
Nous bornerons ici cette courte notice historique; les autres ?v?nements qui remplissent les annales du grand concours sont moins int?ressants, et regardent seulement telle ou telle classe, tel ou tel prix en particulier. Deux faits principaux m?ritent seuls d'?tre signal?s, d'abord l'interruption du grand concours, en 1815, caus?e par l'invasion ?trang?re, puis la fondation de deux nouveaux prix d'honneur: l'un en philosophie, l'autre en math?matiques sp?ciales . Jusque-l? il n'y en avait eu qu'un seul, celui de rh?torique, qui est encore le meilleur et le plus glorieux aux yeux des ma?tres et des ?l?ves. De grands avantages sont attach?s ? ce prix: l'exemption de la conscription militaire, la franchise de tous droits d'examen et de dipl?mes dans toutes les facult?s, une entr?e de faveur pendant un an ? la Com?die-Fran?aise, etc. Voici la liste chronologique des grands prix d'honneur de rh?torique depuis la restauration du concours en 1805:
Ces abus ont ?t? plus d'une fois d?j? signal?s par l'Universit? elle-m?me, mais elle demeure impuissante ? les r?primer. Ayant pos? comme principe de ses ?tudes l'?mulation, elle doit subir toutes les cons?quences mauvaises de ce principe vicieux. Il est ? d?sirer seulement qu'elle ouvre les yeux sur les inconv?nients du grand concours, et ne se montre pas empress?e ? doter les coll?ges de province d'une semblable institution: les ?coliers n'y sont point encore devenus des machines ? prix, et, avec moins d'?mulation, leur ?ducation morale doit ?tre, ? notre sens, infiniment meilleure.
Quoi qu'il en soit de toutes ces critiques, la distribution des grands prix a conserv? jusqu'? pr?sent son ancienne solennit?. Si le Parlement n'y figure plus avec des robes rouges, les couleurs des quatre Facult?s, du conseil royal, des proviseurs et des professeurs tout couverts d'hermine, ne sont pas moins ?clatantes. Une brillante assembl?e garnit les quatre tribunes richement d?cor?es pour la f?te, et des fanfares infatigables remplissent l'immense amphith??tre de la Sorbonne. Autrefois la c?r?monie ?tait grave et s?v?re comme une solennit? religieuse; maintenant elle ressemble plut?t ? une ovation populaire, o? l'ivresse du triomphe se r?pand en bruyantes acclamations, en formidables applaudissements. Les laur?ats seuls des huit coll?ges peuvent ?tre admis ? prendre place sur les bancs de l'amphith??tre, trop petits d?j? pour les contenir. Tous les visages sont donc joyeux et triomphants; toutes les m?res, toutes les soeurs, assises dans les tribunes, ont la joie et la fiert? doucement peintes sur leurs visages; elles attendent impatiemment, mais sans crainte, s?res qu'il sera prononc? ? son tour et ? son tour applaudi, le nom du fils ou du fr?re ch?ri, qui est maintenant perdu dans la foule de ses camarades. Les ma?tres eux-m?mes d?rident en ce grand jour leur front s?v?re, adoucissent leur dur regard, jouissent de la gloire de leurs ?l?ves, et comptent orgueilleusement les palmes que leur classe a su conqu?rir. Aussit?t qu'un prix est appel?, la musique sonne une fanfare, et le coll?ge couronn? en la personne de son repr?sentant, pousse de grandes acclamations m?l?es de <
Cette ann?e, aucun incident remarquable n'est venu changer la physionomie accoutum?e de la c?r?monie; le grand amphith??tre de la Sorbonne avait m?me un aspect plus froid et plus paisible que d'ordinaire. A midi, M. le ministre de l'instruction publique, suivi du conseil royal, est entr? dans la salle avant que les ?l?ves eussent cess? de crier la Marseillaise. Sur ce, M. Villemain a pris la parole; il a c?l?br? les bienfaits toujours croissants de l'enseignement national, et a promis solennellement de d?fendre cet enseignement contre les rivalit?s actuelles et futures.
Apr?s ces deux discours, on est pass? ? la lecture des prix.
Trois coll?ges se sont partag? les trois prix d'honneur: Rollin a eu celui de philosophie, Charlemagne celui de rh?torique, Saint-Louis celui de math?matiques sp?ciales. Les trois grands laur?ats sont les ?l?ves Debreuil, Blandin et Roger; apr?s eux nous avons surtout remarqu? les noms des ?l?ves Gournault, du coll?ge Louis-le-Grand, qui a remport? en troisi?me un premier prix, deux seconds et un accessit; Dareste et Blain des Cormiers, du coll?ge Henri IV, qui ont ?t? tous les deux couronn?s en philosophie; Lille, du coll?ge Louis-le-Grand, qui n'a pas ?t? nomm? moins de six fois , etc., etc. Les journaux quotidiens ont d'ailleurs donn? la liste exacte de la distribution des prix.--Louis-le-Grand a, cette ann?e, repris l'avantage sur Charlemagne: il compte vingt-quatre prix, tandis que son rival en a tout au plus vingt. Les autres coll?ges restent toujours ? une distance respectueuse, et se maintiennent dans une moyenne de huit ? quinze prix.
A deux heures, M. le ministre n'a pas le temps de prononcer la cl?ture; d?j? de toutes parts la foule se pr?cipite vers les portes, et les tribunes et l'amphith??tre d?bordent ? grands flots dans la cour. Les m?res qui embrassent leurs fils, les professeurs qui se complimentent, les camarades qui se disent adieu, les grands dignitaires qui se saluent et se courtisent, tous se pressent, se heurtent et se m?lent; les chevaux des voitures et des municipaux piaffent sur le pav?, la musique sonne sa derni?re fanfare, vivement soutenue par les coups de la grosse caisse; le tambour bat aux champs, la garde pr?sente les armes ? M. le ministre; les livres dor?s ?tincellent au soleil; les vertes couronnes, les ?charpes brillantes, les robes noires des professeurs, les couleurs jaunes, violettes, rouges, des ?pitoges, se touchent et se confondent; c'est un tableau pittoresque, un p?le-m?le ?blouissant dont l'effet ne saurait se d?crire; l'oeil est ? la fois ?bloui et charm?; mille bruits confus, des rires, des cris, des hennissements, des fanfares, remplissent les oreilles et les ?tourdissent: la f?te n'a jamais sembl? plus magnifique qu'au moment m?me o? elle s'ach?ve, et la cour de la Sorbonne, qui dans deux minutes aura repris sa tristesse habituelle, est plus gaie, plus tumultueuse et plus resplendissante alors que le foyer de l'Op?ra dans une nuit de bal.
La foule s'?coule, la Sorbonne demeure abandonn?e; mais cependant la grande f?te universitaire n'est point encore termin?e: plus heureuse que les autres f?tes du calendrier, elle aura un lendemain. Tous ces bruits joyeux, ces acclamations triomphantes, ces riches applaudissements, trouveront demain, ? la m?me heure, un vigoureux ?cho dans les cours des huit coll?ges; apr?s le grand triomphe viendront les ovations; car ne croyez pas que demain, dans la grande salle de Louis-le-Grand, sous la tente de Henri IV, l'on doive c?l?brer une autre f?te; non, il ne sera question, il ne sera bruit que de la magnifique journ?e d'hier; chaque proviseur, en prenant ? son tour la parole devant ses ?l?ves, commencera infailliblement son discours par ces pompeuses paroles: <
Ce jour-l? d'ailleurs est peut-?tre la plus belle et la plus douce f?te de Paris. Vous ne rencontrez partout que des gens en parure, tout charg?s de beaux livres et de couronnes; vous ne sauriez entrer dans une famille sans y trouver des appr?ts inaccoutum?s de joie et de festins; partout on tue le veau gras; il semble que, pour les m?res autant que pour les fils, le premier jour des vacances soit le plus beau de l'ann?e. Le pauvre seul est triste, h?las! dans cette heureuse journ?e, et lorsqu'il voit passer ces enfants, si magnifiquement r?compens?s de leur travail et de leur science naissante, il pense am?rement ? ses fils, les h?ritiers de son ignorance et de sa mis?re, ? ses fils, auxquels on a bien fait l'aum?ne de l'intelligence, suivant l'expression d'un grand po?te et d'un grand orateur, mais qui pourtant, par leur pauvret? m?me, sont encore condamn?s ? demeurer pauvres d'esprit, et ne peuvent obtenir, tout au plus, que le n?cessaire intellectuel, c'est-?-dire juste de quoi savoir lire, ?crire et compter.
Martin Zurbano.
R?SUM? DES DERNIERS ?V?NEMENTS POLITIQUES ET MILITAIRES EN ESPAGNE.
Les rigueurs employ?es contre Barcelone caus?rent en Espagne une indignation g?n?rale. Les partisans d'Espartero eux-m?mes jug?rent qu'il avait ?t? trop s?v?re. D?s ce moment beaucoup de coeurs lui rest?rent ali?n?s.
Aux Cort?s, dissoutes le 4 janvier par le r?gent, pour avoir protest? contre ces rigueurs, avait succ?d? une Chambre non moins hostile au gouvernement. D?s l'ouverture, le 3 avril, le minist?re put juger qu'il aurait contre lui une immense majorit?. Cortina, l'un des adversaires du r?gent, venait d'?tre nomm? ? la pr?sidence du Congr?s. Ce fut alors que la nouvelle municipalit? de Barcelone, ?lue depuis le 24 avril, lui adressa une demande de mise en accusation du minist?re, pour les actes arbitraires commis envers Barcelone en d?cembre.
Les premiers actes du minist?re Lopez prouv?rent qu'il avait r?ellement l'intention de marcher selon l'int?r?t national, qu'il ne voulait plus ?tre ? la remorque de l'Angleterre. Le 18 mai, il proposa plusieurs am?liorations, et, dans un but de r?conciliation entre le r?gent et la nation, il demanda la destitution des deux hommes les plus compromis dans les mesures extra-l?gales de 1842, l'un comme conseiller, l'autre comme agent, de Linage et de Zurbano. Bless? dans ses affections les plus intimes, Espartero refusa formellement d'accorder cette satisfaction ? l'opinion publique. Le minist?re Lopez donna alors sa d?mission. Le lendemain 19, le Congr?s d?clara ? l'unanimit? moins trois voix que le minist?re avait bien m?rit? de l'Espagne, et que ses repr?sentants lui votaient des remerciements.
Cette rupture solennelle entre les pouvoirs constitutionnels et le r?gent causa une vive agitation dans les esprits. On dut se pr?parer aux ?v?nements les plus graves. Le 20 mai, le r?gent se nomma un nouveau minist?re; sa composition n'?tait pas de nature ? calmer les appr?hensions nationales; des noms fl?tris y avaient place. La Chambre se crut autoris?e, dans cette grave circonstance, ? envoyer une adresse au r?gent pour lui dire qu'elle esp?rait qu'il ne sortirait pas des principes parlementaires. Espartero re?ut la commission avec une insolence militaire fort d?plac?e, et il r?pondit s?chement <
Le lendemain, les Chambres furent prorog?es, puis dissoutes par un d?cret du 26. A la suite de ce d?cret, et comme pour adoucir tout ce qu'avaient d'acerbe de telles mesures, le r?gent publia une ordonnance d'amnistie, et rendit facultatif le paiement de l'imp?t qui n'?tait pas l?galement vot?, mais ces palliatifs ne diminu?rent en rien l'irritation produite par ce coup d'?tat. Le minist?re et le r?gent ?taient perdus dans l'opinion publique.
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