Read Ebook: Mémoires pour servir à l'Histoire de France sous Napoléon Tome 2/2 Écrits à Sainte-Hélène par les généraux qui ont partagé sa captivité by Gourgaud Gaspard Baron
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Ebook has 661 lines and 76545 words, and 14 pages
un changement pour la campagne prochaine. L'arm?e du Rhin, sous les ordres du g?n?ral Moreau, ?tait destin?e ? passer l'Inn et ? marcher sur Vienne par la vall?e du Danube. L'arm?e gallo-batave, command?e par le g?n?ral Augereau, devait agir sur le Mein et la Rednitz, tant pour combattre les insurg?s de Westphalie conduits par le baron d'Albini, que pour servir de r?serve dans tous les cas impr?vus, donner de l'inqui?tude ? l'Autriche sur la Boh?me, dans le temps que l'arm?e du Rhin passerait l'Inn, et assurer les derri?res de la gauche de cette derni?re arm?e. Elle ?tait compos?e de toutes les troupes qu'on avait pu tirer de la Hollande, que la saison mettait ? l'abri de toute invasion.
C'?tait pour n'avoir pas ajout? foi ? la force de l'arm?e de r?serve que la maison d'Autriche avait perdu l'Italie ? Marengo. Une nouvelle arm?e ayant des ?tats-majors pour six divisions, quoique seulement de 15,000 hommes, fut r?unie en juillet ? Dijon, sous le nom d'arm?e de r?serve. Le g?n?ral Brune en eut le commandement. Plus tard, il passa au commandement de l'arm?e d'Italie, et fut remplac? par le g?n?ral Macdonald, qui, sur la fin d'ao?t, se mit en marche, traversa la Suisse et se porta, avec l'arm?e de r?serve, dans les Grisons, occupant le Voralberg par sa droite, et l'Engadine par sa gauche. Tous les regards de l'Europe furent dirig?s sur cette arm?e; on la crut destin?e ? porter quelque coup de jarnac comme la premi?re arm?e de r?serve. On la supposa forte de 50,000 hommes, elle tint en ?chec deux corps d'arm?e autrichiens de 40,000 hommes.
L'arm?e d'Italie, sous les ordres du g?n?ral Brune, qui, ainsi qu'on l'a vu, avait remplac? dans le commandement le g?n?ral Mass?na, devait passer le Mincio et l'Adige, et se porter sur les Alpes noriques. Le corps d'arm?e command? par le g?n?ral Murat, qui avait d'abord port? le nom de corps de grenadiers et ?claireurs, ensuite de troupes du camp d'Amiens, de grande-arm?e de r?serve, prit enfin celui de corps d'observation du midi. Il ?tait destin? ? servir de r?serve ? l'arm?e d'Italie et ? flanquer sa droite.
Deux grandes arm?es et deux petites allaient ainsi se diriger sur Vienne, formant un ensemble de 250 mille combattants pr?sents sous les armes; et une cinqui?me ?tait en r?serve, en Italie, pour s'opposer aux insurg?s et aux Napolitains. Les troupes fran?aises ?taient bien habill?es, bien arm?es, munies d'une nombreuse artillerie et dans la plus grande abondance; jamais la r?publique n'avait eu un ?tat militaire aussi r?ellement redoutable. Il avait ?t? plus nombreux en 1793; mais alors la plupart des troupes ?taient des recrues mal habill?es, non aguerries; et une partie ?tait employ?e dans la Vend?e et dans l'int?rieur.
L'arm?e gallo-batave ?tait sous les ordres du g?n?ral Augereau, qui avait le g?n?ral Andr?ossy pour chef d'?tat-major. Le g?n?ral Treillard commandait la cavalerie; le g?n?ral Macors l'artillerie. Cette arm?e ?tait forte de deux divisions fran?aises, Barbou et Duhesme, et de la division hollandaise Dumonceau; en tout, 20,000 hommes. A la fin de novembre, le quartier-g?n?ral ?tait ? Francfort.
L'arm?e mayen?aise, command?e par le baron d'Albini, ?tait compos?e, 1? d'une division de 10,000 insurg?s des ?tats de l'?lecteur de Mayence et de l'?v?ch? de Wurtzbourg, troupes qui augmentaient ou diminuaient selon les circonstances et l'esprit public de ces contr?es; 2? d'une division autrichienne de 10,000 hommes sous les ordres du g?n?ral Simbschen. L'arm?e gallo-batave avait donc 20,000 hommes, mais 20,000 h. de mauvaises troupes devant elle. Son g?n?ral d?non?a, le 2 novembre, les hostilit?s pour le 24. Le baron Albini, qui ?tait ? Aschaffembourg, voulut essayer, avant de se retirer, de surprendre le corps qui lui ?tait oppos?. Il passa le pont ? deux heures du matin, mais apr?s un moment de succ?s il fut repouss?. Le quartier-g?n?ral fran?ais arriva ? Aschaffembourg, le 25. Albini se retira sur Fulde, Simbschen sur Schweinfurth; la division Dumonceau entra dans Wurtzbourg, le 28, et cerna la garnison qui se renferma dans la citadelle. L'arm?e de Simbschen, r?duite ? 13,000 hommes, prit une belle position ? Burg-Eberach pour couvrir Bamberg. Le 3 d?cembre, Augereau se porta ? sa rencontre. Le g?n?ral Duhesme attaqua avec cette intr?pidit? dont il a donn? tant de preuves; et apr?s une assez vive r?sistance, l'ennemi op?ra sa retraite sur Forcheim. Le baron Albini resta sur la rive droite du Mein, entre Schweinfurth et Bamberg, afin d'agir en partisan. Le lendemain, l'arm?e gallo-batave prit possession de Bamberg, passa la Rednitz, et poussa des partis sur Ingolstadt, pour se mettre en communication avec les flanqueurs de la grande arm?e. Ce m?me jour, 3 d?cembre, l'arm?e du Rhin ?tait victorieuse ? Hohenlinden. Le g?n?ral Klenau, avec une division de 10,000 hommes, qui n'avait pas donn? ? la bataille, fut envoy? sur le Danube pour couvrir la Boh?me; il se joignit, ? Bamberg, au corps de Simbschen, et avec 20,000 hommes, il marcha contre l'arm?e fran?aise pour la rejeter derri?re la Rednitz. Il attaqua la division Barbou dans le temps que Simbschen attaquait celle de Duhesme; le combat fut vif. Toute la journ?e du 18 d?cembre, les troupes fran?aises suppl??rent au nombre par leur intr?pidit?, et rendirent vaines toutes les tentatives de l'ennemi; elles se maintinrent, sur la rive droite de la Rednitz, en possession de Nuremberg. Mais le 21, Klenau ayant continu? son mouvement, le g?n?ral Augereau repassa sans combat la Rednitz. Sur ces entrefaites, le corps de Klenau ayant ?t? rappel? en Boh?me, l'arm?e gallo-batave rentra dans Nuremberg, et reprit ses anciennes positions, o? elle re?ut la nouvelle de l'armistice de Steyer.
Ainsi, avec 20,000 hommes, dont 8,000 Hollandais, le g?n?ral Augereau occupa tout le pays entre le Rhin et la Boh?me, et d?sarma l'insurrection mayen?aise. Il contint, ind?pendamment du corps du g?n?ral Simbschen, la division Klenau; ce qui affaiblit de 30,000 hommes l'arm?e de l'archiduc Jean, qui l'?tait aussi sur sa gauche de 20,000 hommes d?tach?s dans le Tyrol, sous les ordres du g?n?ral Hiller, pour s'opposer ? l'arm?e des Grisons. Ce furent donc 50,000 hommes de moins que la grande-arm?e fran?aise eut ? combattre; au lieu de 130,000 hommes, l'archiduc Jean n'en opposa ? Moreau que 80,000.
La grande-arm?e du Rhin ?tait divis?e en quatre corps, chacun de trois divisions d'infanterie et d'une brigade de cavalerie; la grosse cavalerie formait une r?serve. Le g?n?ral Lecourbe commandait la droite compos?e des divisions Montrichard, Gudin, Molitor; le g?n?ral en chef commandait en personne la r?serve, form?e des divisions Grandjean , Decaen, Richepanse; le g?n?ral Grenier commandait le centre, form? des divisions Ney, Legrand, Hardy ; le g?n?ral Sainte-Suzanne commandait la gauche, form?e des divisions Souham, Colaud, Laborde; le g?n?ral d'Hautpoult commandait toute la cavalerie, le g?n?ral Ebl? l'artillerie. L'effectif ?tait de 150,000 hommes, y compris les garnisons et les hommes aux h?pitaux. 140,000 ?taient disponibles et pr?sents sous les armes. L'arm?e fran?aise ?tait donc d'un tiers plus nombreuse que l'arm?e ennemie; elle ?tait en outre fort sup?rieure par le moral et la qualit? des troupes.
Les hostilit?s commenc?rent le 28 novembre; l'arm?e marcha sur l'Inn. Le g?n?ral Lecourbe laissa la division Molitor aux d?bouch?s du Tyrol, et se porta sur Rosenheim avec deux divisions. Les trois divisions de la r?serve se dirig?rent par Ebersberg, savoir, le g?n?ral Decaen sur Roth, le g?n?ral Richepanse sur Wasserbourg, le g?n?ral Grandjean en r?serve sur la chauss?e de M?hldorf. Les trois divisions du centre march?rent, celle de Ney en rasant la chauss?e de M?hldorf, celle de Hardy en r?serve, et celle de Legrand par la vall?e de l'Issen. Le colonel Durosnel, avec un corps de flanqueurs fort de deux bataillons d'infanterie et de quelques escadrons, prit position ? Wils-Bibourg, en avant de Landshut; les trois divisions de la gauche, sous le lieutenant-g?n?ral Sainte-Suzanne, se concentr?rent entre l'Altm?hl et le Danube. Moreau s'avan?ait ainsi sur l'Inn avec huit divisions en six colonnes, et laissant ses quatre autres divisions, pour observer ses flancs, le Tyrol et le Danube.
Le 28 novembre, tous les avant-postes de l'ennemi furent reploy?s; Lecourbe entra ? Rosenheim; Richepanse rejeta sur la rive droite de l'Inn ou dans Wasserbourg tout ce qu'il rencontra; mais il ?choua dans sa tentative pour enlever cette t?te de pont. La division Legrand d?posta, de Dorfen au d?bouch? de l'Issen, une avant-garde de l'archiduc. Le lieutenant-g?n?ral Grenier prit position sur les hauteurs d'Ampfingen, Ney ? la droite, Hardy au centre, Legrand ? la gauche un peu en arri?re; le camp avait trois mille toises. Ces huit divisions de l'arm?e fran?aise garnissaient, sur la rive gauche de l'Inn, une ?tendue de quinze lieues, depuis Rosenheim jusque aupr?s de M?hldorf. Ampfingen est ? quinze lieues de Munich, dont l'Inn s'approche ? dix lieues. La gauche de l'arm?e fran?aise se trouvait donc pr?ter le flanc au fleuve, pendant l'espace de cinq lieues. Il ?tait bien d?licat et fort dangereux d'en aborder ainsi le passage.
L'archiduc Jean avait port? son quartier-g?n?ral ? Oetting: il avait charg? le corps de Cond?, renforc? de quelques bataillons autrichiens, de d?fendre la rive droite depuis Rosenheim jusqu'? Kuffstein, et de maintenir ses communications avec le g?n?ral Hiller, qui ?tait dans le Tyrol avec un corps de 20,000 h. Il avait plac? le g?n?ral Klenau avec 10,000 hommes ? Ratisbonne, afin de soutenir l'arm?e mayen?aise, insuffisante pour s'opposer ? la marche d'Augereau. Son projet ?tait, avec le reste de son arm?e de d?boucher par Wasserbourg, Craybourg, M?hldorf, Oetting et Braunau, qui avaient de bonnes t?tes de pont, de prendre l'offensive et d'attaquer l'arm?e fran?aise. Il passa l'Inn, fit un quart de conversion ? droite sur la t?te de pont de M?hldorf, et se pla?a en bataille, la gauche ? M?hldorf, la droite ? Landshut sur l'Iser. Le g?n?ral Kienmayer, avec ses flanqueurs de droite, attaqua le colonel Durosnel, qui se retira derri?re l'Iser. Le quartier-g?n?ral autrichien fut successivement port? ? Eggenfelden et ? Neumarkt sur la Roth, ? mi-chemin de M?hldorf ? Landshut. L'arm?e de l'archiduc occupa, par ce mouvement, une ligne perpendiculaire sur l'extr?me gauche de l'arm?e fran?aise; son extr?me droite se trouva ? Landshut ? douze lieues de Munich, plus pr?s de trois lieues que la gauche fran?aise, qui en ?tait ? quinze lieues. C'?tait par sa droite qu'il voulait manoeuvrer, d?bouchant par les vall?es de l'Issen, de la Roth et de l'Iser.
Le 1er d?cembre, ? la pointe du jour, l'archiduc d?ploya 60,000 hommes devant les hauteurs d'Ampfingen, et attaqua de front le lieutenant-g?n?ral Grenier, qui n'avait que 25,000 hommes, dans le temps qu'une autre de ses colonnes, d?bouchant par le pont de Craybourg, se porta sur les hauteurs d'Achau, en arri?re et sur le flanc droit de Grenier. Le g?n?ral Ney, d'abord forc? de c?der au nombre, se reforma, remarcha en avant et enfon?a huit bataillons; mais l'ennemi continuant ? d?ployer ses grandes forces, et d?bouchant par les vall?es de l'Issen, le lieutenant-g?n?ral Grenier fut contraint ? la retraite. La division Grandjean, de la r?serve, s'avan?a pour le soutenir; Grenier prit position ? la nuit sur les hauteurs de Haag. L'alarme fut grande dans l'arm?e fran?aise, le g?n?ral en chef fut d?concert?. Il ?tait pris en flagrant d?lit; l'ennemi attaquait, avec une forte masse, ses divisions s?par?es et ?parpill?es. Le g?n?ral Legrand, apr?s avoir soutenu un combat tr?s-vif dans la vall?e de l'Issen, avait ?vacu? Dorfen.
Cette manoeuvre de l'arm?e autrichienne ?tait fort belle, et ce premier succ?s lui en promettait de bien importants. Mais l'archiduc ne sut pas tirer parti des circonstances, il n'attaqua pas avec vigueur le corps de Grenier, qui ne perdit que quelques centaines de prisonniers et deux pi?ces de canon. Le lendemain 2 d?cembre, il ne fit que de petits mouvements, ne d?passa pas Haag, et donna le temps ? l'arm?e fran?aise de se rallier et de revenir de son ?tonnement. Il paya cher cette faute, qui fut la premi?re cause de la catastrophe du lendemain.
Moreau ayant eu la journ?e du 2 pour se reconna?tre, esp?ra avoir le temps de r?unir son arm?e. Il envoya l'ordre ? Sainte-Suzanne, qu'il avait mal ? propos laiss? sur le Danube, de se porter avec ses trois divisions sur Freisingen; elles ne pouvaient y ?tre arriv?es que le 5; ? Lecourbe, de marcher toute la journ?e du 3 pour s'approcher sur la droite et prendre, ? Ebersberg, les positions qu'occupait Richepanse, afin de masquer le d?bouch? de Wasserbourg; il ne pouvait y arriver que dans la journ?e du 4; ? Richepanse et ? Decaen, de se porter au d?bouch? de la for?t de Hohenlinden, au village de Altenpot; ils devaient op?rer ce mouvement dans la nuit pour y pr?venir l'ennemi; le premier n'avait que deux lieues ? faire, le deuxi?me que quatre. Le corps de Grenier prit position sur la gauche de Hohenlinden: la division Ney appuya sa droite ? la chauss?e, la division Hardy au centre, la division Legrand observa Lendorf et les d?bouch?s de l'Issen; la division Grandjean, dont le g?n?ral Grouchy avait pris le commandement, coupa la chauss?e, appuyant la gauche ? Hohenlinden et refusant la droite le long de la lisi?re du bois. Par ces dispositions, le g?n?ral Moreau devait avoir, le 4, huit divisions en ligne; le 5, il en aurait eu dix. Mais l'archiduc Jean, qui avait d?ja commis cette grande faute de perdre la journ?e du 2, ne commit pas celle de perdre la journ?e du 3. A la pointe du jour, il se mit en mouvement; et les dispositions du g?n?ral fran?ais pour r?unir son arm?e devinrent inutiles; ni le corps de Lecourbe, ni celui de Sainte-Suzanne ne purent assister ? la bataille; la division Richepanse et celle de Decaen combattirent d?sunies; elles arriv?rent trop tard, le 3, pour d?fendre l'entr?e de la for?t de Hohenlinden.
L'arm?e autrichienne marcha au combat sur trois colonnes: la colonne de gauche de 10,000 hommes, entre l'Inn et la chauss?e de Munich, se dirigeant sur Albichengen et Saint-Christophe; celle du centre, forte de 40,000 hommes, suivit la chauss?e de M?hldorf ? Munich, par Haag vers Hohenlinden; le grand parc, les ?quipages, les embarras suivirent cette route, la seule qui fut ferr?e. La colonne de droite, forte de 25,000 hommes, command?e par le g?n?ral Latour, devait marcher sur Bruckrain; Kienmayer, qui, avec ses flanqueurs de droite, faisait partie de ce corps, devait se porter de Dorfen sur Schauben, tourner tous les d?fil?s et ?tre en mesure de d?boucher dans la plaine d'Amzing, o? l'archiduc comptait camper le soir, et attendre le corps de Klenau, qui s'y rendait en remontant la rive droite de l'Iser.
Les chemins ?taient d?fonc?s, comme ils le sont au mois de d?cembre; les colonnes de droite et de gauche cheminaient par des routes de traverse impraticables; la neige tombait ? gros flocons. La colonne du centre, suivie par les parcs et les bagages, marchait sur la chauss?e; elle devan?a bient?t les deux autres; sa t?te p?n?tra sans obstacle dans la for?t. Richepanse, qui la devait d?fendre ? Altenpot, n'?tait pas arriv?; mais elle fut arr?t?e au village de Hohenlinden, o? s'appuyait la gauche de Ney, et o? ?tait la division Grouchy. La ligne fran?aise, qui se croyait couverte, fut d'abord surprise, plusieurs bataillons furent rompus, il y eut du d?sordre. Ney accourut, le terrible pas de charge porta la mort et l'effroi dans une t?te de colonne de grenadiers autrichiens; le g?n?ral Spanochi fut fait prisonnier. Dans ce moment, l'avant-garde de la droite autrichienne d?boucha des hauteurs de Bruckrain. Ney fut oblig? d'accourir sur sa gauche pour y faire face; il e?t ?t? insuffisant, si le corps de Latour eut appuy? son avant-garde; mais il en ?tait ?loign? de deux lieues. Cependant les divisions Richepanse et Decaen, qui auraient d? arriver avant le jour au d?bouch? de la for?t, au village de Altenpot, engag?es, au milieu de la nuit, dans des chemins horribles et par un temps affreux, err?rent sur la lisi?re de la for?t une partie de la nuit. Richepanse, qui marchait en t?te, n'arriva qu'? 7 heures du matin ? Saint-Christophe, encore ? deux lieues de Altenpot. Convaincu de l'importance du mouvement qu'il op?rait, il activa sa marche avec sa premi?re brigade, laissant fort en arri?re la deuxi?me. Lorsque la colonne autrichienne de gauche atteignit le village de Saint-Christophe, elle le coupa de cette deuxi?me brigade; le g?n?ral Drouet qui la commandait se d?ploya. La position de Richepanse devenait affreuse; il ?tait ? mi-chemin de Saint-Christophe ? Altenpot; il se d?cida ? continuer son mouvement, afin d'occuper le d?bouch? de la for?t, si l'ennemi n'y ?tait pas encore, ou de retarder sa marche et de concourir ? l'attaque g?n?rale, en se jetant sur son flanc, si d?ja, comme tout semblait l'annoncer, l'archiduc avait p?n?tr? dans la for?t. Arriv? au village de Altenpot, avec la huiti?me, la quarante-huiti?me de ligne et le premier de chasseurs, il se trouva sur les derri?res des parcs et de toute l'artillerie ennemie, qui avaient d?fil?. Il traversa le village, et se mit en bataille sur les hauteurs. Huit escadrons de cavalerie ennemie, qui formaient l'arri?re-garde, se d?ploy?rent; la canonnade s'engagea, le premier de chasseurs chargea et fut ramen?. La situation du g?n?ral Richepanse ?tait toujours tr?s-critique; il ne tarda pas ? ?tre instruit qu'il ne devait pas compter sur Drouet, qui ?tait arr?t? par des forces consid?rables, et n'avait aucune nouvelle de Decaen. Dans cette horrible position, il prit conseil de son d?sespoir: il laissa le g?n?ral Walter avec la cavalerie, pour contenir les cuirassiers ennemis, et ? la t?te des 48e et 8e de ligne, il entra dans la for?t de Hohenlinden. Trois bataillons de grenadiers hongrois, qui composaient l'escorte des parcs, se form?rent; ils s'avanc?rent ? la ba?onnette contre Richepanse qu'ils prenaient pour un partisan. La 48e les culbuta. Ce petit combat d?cida de toute la journ?e. Le d?sordre et l'alarme se mirent dans le convoi: les charretiers coup?rent leurs traits, et se sauv?rent, abandonnant 87 pi?ces de canon et 300 voitures. Le d?sordre de la queue se communiqua ? la t?te. Ces colonnes, profond?ment entr?es dans les d?fil?s, se d?sorganis?rent; elles ?taient frapp?es des d?sastres de la campagne d'?t?, et d'ailleurs compos?es d'un grand nombre de recrues. Ney et Richepanse se r?unirent. L'archiduc Jean fit sa retraite en d?sordre et en toute h?te sur Haag, avec les d?bris de son corps.
Le g?n?ral Decaen avait d?gag? le g?n?ral Drouet. Il avait contenu, avec une de ses brigades, la colonne de gauche de l'ennemi ? Saint-Christophe, et s'?tait port? dans la for?t, avec la seconde brigade, pour achever la d?route des bataillons, qui s'y ?taient r?fugi?s. Il ne restait plus de l'arm?e autrichienne, que la colonne de droite, command?e par le g?n?ral Latour, qui f?t enti?re; elle s'?tait r?unie avec Kienmayer, qui avait d?bouch? sur sa droite par la vall?e de l'Issen, ignorant ce qui s'?tait pass? au centre. Elle marcha contre le lieutenant-g?n?ral Grenier, qui avait dans la main les divisions Legrand et Bastoul et la cavalerie du g?n?ral d'Hautpoult. Le combat fut fort opini?tre; le g?n?ral Legrand rejeta le corps de Kienmayer dans le d?fil? de Lendorf, sur l'Issen; le g?n?ral Latour fut repouss? et perdit du canon; il se mit en retraite et abandonna le champ de bataille, aussit?t qu'il fut instruit du d?sastre du principal corps de son arm?e. La gauche de l'arm?e autrichienne repassa l'Inn sur le pont de Wasserbourg, le centre sur les ponts de Craybourg et de M?hldorf, la droite sur le pont d'Oetting. Le g?n?ral Klenau, qui s'?tait mis en mouvement pour s'approcher de l'Inn, se reporta sur le Danube, pour couvrir la Boh?me, menacer et combattre l'arm?e gallo-batave. Le soir de la bataille, le quartier-g?n?ral de l'arm?e fran?aise fut port? ? Haag. Dans cette journ?e, qui d?cida du sort de la campagne, six divisions fran?aises, la moiti? de l'arm?e, combattirent seules contre presque toute l'arm?e autrichienne. Les forces se trouv?rent ? peu pr?s ?gales sur le champ de bataille, 70,000 hommes de chaque c?t?. Mais il ?tait impossible ? l'archiduc Jean d'avoir plus de troupes r?unies, et Moreau pouvait en avoir le double. La perte de l'arm?e fran?aise fut de 10,000 hommes tu?s, bless?s ou prisonniers, soit au combat de Dorfen, soit ? celui d'Ampfingen, soit ? la bataille. Celle de l'ennemi fut de 25,000 hommes, sans compter les d?serteurs; 7,000 prisonniers, parmi lesquels 2 g?n?raux, 100 pi?ces de canon et une immense quantit? de voitures, furent les troph?es de cette journ?e.
Lecourbe, qui n'?tait pas arriv? ? temps pour prendre part ? la bataille, se reporta sur Rosenheim; il n'en ?tait qu'? peu de lieues. Decaen marcha sur la t?te de pont de Wasserbourg qu'il bloqua ?troitement; Grouchy resta en r?serve ? Haag; Richepanse se porta ? Romering, vis-?-vis le pont de Craybourg; Grenier, avec ses trois divisions, passa l'Issen et se dirigea sur la Roth, ? la poursuite de Latour et de Kienmayer, qui s'?taient retir?s sur le bas Inn. Le g?n?ral Kienmayer occupa les retranchements de M?hldorf, sur la gauche de l'Inn; le g?n?ral Baillet Latour s'?tablit derri?re Wasserbourg et Riesch, sur la route de Rosenheim ? Salzbourg.
Le 9 d?cembre Lecourbe jetta un pont ? deux lieues au-dessus de Rosenheim, au village de Neupeuren, descendit la rive droite avec les divisions Montrichard et Gudin, se porta vis-?-vis Rosenheim, o? le corps de Cond?, qui avait ?t? compl?t? ? 12,000 hommes par des bataillons autrichiens, se trouvait en position en avant de Rarsdorf, appuyant la droite ? l'Inn, vis-?-vis Rosenheim, la gauche au lac de Chiems?e. La division Gudin manoeuvra sur Endorf, pour tourner cette gauche, ce qui d?cida la retraite de ce corps derri?re l'Alza. Les divisions Decaen et Grouchy, qui avaient pass? l'Inn au pont qu'avait jet? Lecourbe, arriv?rent en ligne au milieu de la journ?e. Decaen prit la gauche de la ligne, Grouchy resta en r?serve, Lecourbe continua ? suivre l'ennemi par la route de Seebruck, Traunstein et Teissendorf; Grouchy suivit son mouvement. Richepanse et Decaen march?rent d'abord sur la grande route de Wasserbourg, et par un ? droite, se port?rent sur Lauffen, o? ils pass?rent la Salza le 14. Richepanse avait jet? un pont de bateaux vis-?-vis Rosenheim, et pass? l'Inn dans la journ?e du 11. Grenier entra dans la t?te de pont de Wasserbourg que l'ennemi ?vacua, passa l'Inn et se dirigea sur Altenmarkt. Les parcs, la r?serve de cavalerie, les deux divisions de la gauche pass?rent sur le pont de M?hldorf, dans les journ?es des 10, 11 et 12. Car, aussit?t que l'ennemi vit que la barri?re de l'Inn ?tait forc?e, il en abandonna en toute h?te les rives, pour se concentrer entre l'Ems et Vienne.
Le 13, Lecourbe se porta ? Seebruck, passa l'Alza et s'avan?a aux portes de Salzbourg. Il rencontra, vis-?-vis Salzbourg, l'arri?re-garde ennemie, forte de 20,000 hommes, la plus grande partie cavalerie, l'attaqua et fut repouss? avec perte de 2,000 hommes, et oblig? de se reployer sur la rive gauche de la Saal. Les Autrichiens se disposaient ? le suivre; mais le g?n?ral Decaen ayant pass? la Salza ? Lauffen, Moreau marcha sur Salzbourg par la rive droite, ce qui obligea l'ennemi ? abandonner cette rivi?re et ? se retirer en h?te pour couvrir la capitale. Le 15, le g?n?ral Decaen entra dans Salzbourg; le g?n?ral Richepanse, de Lauffen se dirigea, le 16, sur Herdorf, et gagna, par une grande marche, la chauss?e de Vienne. Le lieutenant-g?n?ral Grenier marcha sur la chauss?e de Braunau ? Ried. Lecourbe, continuant ? former la droite, s'avan?a par les montagnes. Le 17, Richepanse rencontra, ? Frankenmarkt, l'arri?re-garde de l'archiduc; il se battit toute la soir?e. Le 18, on se battit aussi ? Schwanstadt. L'arri?re-garde ennemie n'avait fait qu'une lieue et demie dans cette journ?e, et pr?tendait passer la nuit dans cette position; mais elle fut attaqu?e avec la plus grande imp?tuosit? et culbut?e; elle perdit 200 prisonniers. Le 19, le g?n?ral Decaen ayant pris l'avant-garde, attaqua le g?n?ral Kienmayer ? Lambach, le culbuta, fit prisonnier le g?n?ral Mezzery et 1200 hommes. Les bagages, les parcs eurent beaucoup de peine ? passer le pont, et furent long-temps expos?s au feu des batteries fran?aises. L'ennemi fut pouss? arec une telle activit?, qu'il n'eut pas le temps de br?ler le pont, qui ?tait en bois et d?j? couvert d'artifices. La division Decaen se porta dans la nuit sur Wels, o? elle atteignit un corps ennemi, qui se retirait sur Linz, et fit quelques centaines de prisonniers; la division Richepanse passa la Tra?n ? Lambach et marcha sur Kremsm?nster, o? Lecourbe et Decaen arriv?rent dans la soir?e du 20. La division Grouchy et le grand quartier-g?n?ral se port?rent ? Wels; le corps de Grenier, apr?s avoir pass? la Salza ? Lauffen et ? Burkhausen et bloqu? Braunau par la division Ney, arriva ? Ebersberg. Le prince Charles venait de prendre le commandement de l'arm?e: l'opinion des peuples et du soldat l'appelait ? grands cris au secours de la monarchie; mais il ?tait trop tard.
Pendant ce temps, le g?n?ral Decaen battait, ? Kremsm?nster, l'arri?re-garde command?e par le prince de Schwartzenberg, et lui faisait un millier de prisonniers. Le 21, il entra ? Steyer; le g?n?ral Grouchy ? Ems. L'arm?e passa l'Ems le m?me jour; les avant-postes furent plac?s sur l'Ips et l'Erlaph; la cavalerie l?g?re s'avan?a jusqu'? M?lk. Le grand quartier-g?n?ral fut ?tabli ? Kremsm?nster. Le 25 d?cembre, on signa une suspension d'armes; elle ?tait con?ue en ces termes:
Art. 1er. La ligne de d?marcation entre la portion de l'arm?e gallo-batave, en Allemagne, sous les ordres du g?n?ral Augereau, dans les cercles de Westphalie, du Haut-Rhin et de Franconie, jusqu'? Bayarsdorf, sera d?termin?e particuli?rement entre ce g?n?ral et celui de l'arm?e imp?riale et royale qui lui est oppos?e. De Bayarsdorf, cette ligne passe ? Herland, Nuremberg, Neumarck, Parsberg, Laver, Stadt-am-Lof et Ratisbonne, o? elle passe le Danube dont elle longe la rive droite jusqu'? l'Erlaph, qu'elle remonte jusqu'? sa source, passe ? Marckgamingen, Kogelbach, Goulingen, Hammox, Mendleng, Leopolstein, Heissemach, Vorderenberg et Leoben; suit la rive gauche de la M?hr jusqu'au point o? cette rivi?re coupe la route de Salzbourg ? Clagenfurth, qu'elle suit jusqu'? Spritat, remonte la chauss?e de V?rone par l'Inenz et Brixen jusqu'? Botzen; de l? passe ? Maham, Glurens et Sainte-Marie, et arrive par Bormio dans la Valteline, o? elle se lie avec l'arm?e d'Italie.--Art. 2. La carte d'Allemagne, par Chauchard, servira de r?gle dans les discussions qui pourraient s'?lever sur la ligne de d?marcation ci-dessus.--Art. 3. Sur les rivi?res qui s?pareront les deux arm?es, la section ou la conservation des ponts sera r?gl?e par des arrangements particuliers, suivant que cela sera jug? utile, soit pour le besoin des arm?es, soit pour ceux du commerce; les g?n?raux en chef des arm?es respectives s'entendront sur ces objets, ou en d?l?gueront le droit aux g?n?raux, commandant les troupes sur ces points. La navigation des rivi?res restera libre, tant pour les arm?es que pour le pays.--Art. 4. L'arm?e fran?aise non-seulement occupera exclusivement tous les points de la ligne de d?marcation ci-dessus d?termin?e, mais encore pour mettre un intervalle continu entre les deux arm?es; la ligne des avant-postes de l'arm?e imp?riale et royale sera, dans toute son ?tendue, ? l'exception du Danube, ? un mille d'Allemagne, au moins, de distance de celle de l'arm?e fran?aise.--Art. 5. A l'exception des sauvegardes ou gardes de police, qui seront laiss?es ou envoy?es dans le Tyrol par les deux arm?es respectives, et en nombre ?gal, mais qui sera le moindre possible . Il ne pourra rester aucune autre troupe de sa majest? l'empereur dans l'enceinte de la ligne de d?marcation: celles qui se trouvent en ce moment dans les Grisons, le Tyrol et la Carinthie, devront se retirer imm?diatement par la route de Clagenfurt sur Pruck, pour rejoindre l'arm?e imp?riale d'Allemagne, sans qu'aucune puisse ?tre dirig?e sur l'Italie; elles se mettront en route des points o? elles sont, aussit?t l'avis donn? de la pr?sente convention, et leur marche sera r?gl?e sur le pied d'une poste et demie d'Allemagne par jour. Le g?n?ral en chef de l'arm?e fran?aise du Rhin est autoris? ? s'assurer de l'ex?cution de cet article par des d?l?gu?s charg?s de suivre la marche des arm?es imp?riales jusqu'? Pruck. Les troupes imp?riales qui pourraient avoir ? se retirer du haut Palatinat, de la Souabe ou de la Franconie, se dirigeront par le chemin le plus court, au-del? de la ligne de d?marcation. L'ex?cution de cet article ne pourra ?tre retard?e sous aucun pr?texte au-del? du temps n?cessaire, eu ?gard aux distances.--Art. 6. Les forts de Kufstein, Schoernitz et tous les autres points de fortifications permanentes dans le Tyrol, seront remis en d?p?t ? l'arm?e fran?aise, pour ?tre rendus dans le m?me ?tat o? ils se trouvent ? la conclusion et ratification de la paix, si elle suit cet armistice sans reprise d'hostilit?s. Les d?bouch?s de Fientlerm?nz, Naudert et autres fortifications de campagne dans le Tyrol, seront remis ? la disposition de l'arm?e fran?aise.--Art. 7. Les magasins appartenant dans ce pays ? l'arm?e imp?riale, seront laiss?s ? sa disposition.--Art. 8. La forteresse de Wurtzbourg, en Franconie, et la place de Braunau, dans le cercle de Bavi?re, seront ?galement remises ? l'arm?e fran?aise, pour ?tre rendues aux m?mes conditions que les forts de Kufstein et Schoernitz.--Art. 9. Les troupes, tant de l'empire que de sa majest? imp?riale et royale qui occupent les places, les ?vacueront, savoir: la garnison de Wurtzbourg, le 6 janvier 1801 ; celle de Braunau, le 4 janvier 1801 , et celle des forts du Tyrol, le 8 janvier .--Art. 10. Toutes les garnisons sortiront avec les honneurs de la guerre, et se rendront, avec armes et bagages, par le plus court chemin, ? l'arm?e imp?riale. Il ne pourra rien ?tre distrait par elles de l'artillerie, munitions de guerre et de bouche et approvisionnements en tout genre de ces places, ? l'exception des subsistances n?cessaires pour leur route jusqu'au-del? de la ligne de d?marcation.--Art. 11. Des d?l?gu?s seront respectivement nomm?s pour constater l'?tat des places dont il s'agit; mais sans que le retard qui serait apport? ? cette mission puisse en entra?ner dans l'?vacuation.--Art. 12. Les lev?es extraordinaires ordonn?es dans le Tyrol seront imm?diatement licenci?es, et les habitants renvoy?s dans leurs foyers. L'ordre et l'ex?cution de ce licenciement ne pourront ?tre retard?s sous aucun pr?texte.--Art. 13. Le g?n?ral en chef de l'arm?e du Rhin voulant, de son c?t?, donner ? son altesse l'archiduc Charles une preuve non ?quivoque des motifs qui l'ont d?termin? ? demander l'?vacuation du Tyrol, d?clare, qu'? l'exception des forts de Kufstein, Schoernitz, Fientlerm?nz, il se bornera ? avoir dans le Tyrol des sauvegardes ou gardes de police d?termin?es dans l'art. 5, pour assurer les communications. Il donnera en m?me temps aux habitants du Tyrol, toutes les facilit?s qui seront en son pouvoir pour leurs subsistances, et l'arm?e fran?aise ne s'immiscera en rien dans le gouvernement de ce pays.--Art. 14. La portion du territoire de l'empire et des ?tats de sa majest? imp?riale, dans le Tyrol, est mise sous la sauvegarde de l'arm?e fran?aise pour le maintien du respect des propri?t?s et des formes actuelles du gouvernement des peuples. Les habitants de ce pays ne seront point inqui?t?s pour raison de services rendus ? l'arm?e imp?riale, ni pour opinions politiques, ni pour avoir pris une part active ? la guerre.--Art. 15. Au moyen des dispositions ci-dessus, il y aura entre l'arm?e gallo-batave, en Allemagne, celle du Rhin, et l'arm?e de sa majest? imp?riale et de ses alli?s dans l'empire germanique, un armistice et suspension d'armes qui ne pourra ?tre moindre de trente jours. A l'expiration de ce d?lai, les hostilit?s ne pourront recommencer qu'apr?s quinze jours d'avertissement, compt?s de l'heure o? la signification de rupture sera parvenue, et l'armistice sera prolong? ind?finiment jusqu'? cet avis de rupture.--Art. 16. Aucun corps ni d?tachement, tant de l'arm?e du Rhin que de celle de sa majest? imp?riale, en Allemagne, ne pourront ?tre envoy?s aux arm?es respectives, en Italie, tant qu'il n'y aura pas d'armistice entre les arm?es fran?aise et imp?riale dans ce pays. L'inex?cution de cet article sera regard?e comme une rupture imm?diate de l'armistice.--Art. 17. Le g?n?ral en chef de l'arm?e du Rhin fera parvenir le plus promptement possible la pr?sente convention aux g?n?raux en chef de l'arm?e gallo-batave, des Grisons et de l'arm?e d'Italie, avec la plus pressante invitation, particuli?rement au g?n?ral en chef de l'arm?e d'Italie, de conclure de son c?t? une suspension d'armes. Il sera donn? en m?me temps toutes facilit?s pour le passage des officiers et courriers que son altesse royale l'archiduc Charles croira devoir envoyer, soit dans les places ? ?vacuer, soit dans le Tyrol, et en g?n?ral dans le pays compris dans la ligne de d?marcation durant l'armistice.
A Steyer, le 25 d?cembre 1800 .
L'arm?e resta dans ses positions jusqu'? la ratification de la paix de Lun?ville, sign?e le 9 f?vrier 1801. Elle ?vacua, en ex?cution de ce trait?, les ?tats h?r?ditaires, dans les dix jours qui suivirent la ratification, et l'empire dans l'espace de 30 jours apr?s l'?change desdites ratifications.
OBSERVATIONS.
L'arm?e des Grisons, deuxi?me arm?e de r?serve, mena?ait ? la fois le Tyrol allemand et italien. Elle fixa toute l'attention des g?n?raux Hiller et Davidowich, et permit au g?n?ral Moreau d'attirer ? lui sa droite, et au g?n?ral Brune d'attirer ? lui sa gauche. Il importait qu'elle f?t aussi ind?pendante, parce qu'elle devait r?accorder les arm?es d'Allemagne et d'Italie, menacer la gauche de l'arm?e de l'archiduc, et la droite de celle du mar?chal Bellegarde.
Ces deux corps d'observation, qui n'?taient ensemble que de 35,000 hommes, occup?rent l'arm?e mayen?aise et les corps de Simbschen, Klenau, Reuss et Davidowich, 70,000 hommes; lorsque, par un effet oppos?, ils permirent aux deux grandes arm?es fran?aises, qui ?taient destin?es ? entrer dans les ?tats h?r?ditaires, de tenir r?unies toutes leurs forces.
Si le g?n?ral fran?ais voulait occuper les hauteurs d'Ampfingen, il ne le pouvait faire qu'avec toute son arm?e. Il fallait qu'il y r?un?t les trois divisions de Grenier, les trois divisions de la r?serve, et la cavalerie du g?n?ral d'Hautpoult, pla?ant Lecourbe en ?chelons sur la droite. Ainsi rang?e, l'arm?e fran?aise n'aurait couru aucun risque; elle e?t battu et pr?cipit? dans l'Inn l'archiduc. Avec une arm?e, qui e?t ?t? m?me sup?rieure en nombre, les dispositions prises eussent ?t? dangereuses. C'est de Landshut qu'il faut partir, pour marcher sur l'Inn.
Pendant que le sort de la campagne se d?cidait aux champs d'Ampfingen et de Hohenlinden, les trois divisions de Sainte-Suzanne et les trois divisions de Lecourbe, c'est-?-dire la moiti? de l'arm?e, n'?taient pas sur le champ de bataille. A quoi bon avoir des troupes, lorsqu'on n'a pas l'art de s'en servir dans les occasions importantes? L'arm?e fran?aise ?tait de 140,000 hommes sur le champ d'op?rations; celle de l'archiduc de 80,000 hommes, parce qu'elle ?tait affaiblie des deux d?tachements qu'elle avait faits contre l'arm?e gallo-batave et celle des Grisons. N?anmoins, l'arm?e autrichienne se trouva ?gale en nombre sur le champ de Hohenlinden, et triple au combat d'Ampfingen.
La bataille de Hohenlinden a ?t? une rencontre heureuse; le sort de la campagne y a ?t? jou? sans aucune combinaison. L'ennemi a eu plus de chances de succ?s que les Fran?ais; et cependant ceux-ci ?taient tellement sup?rieurs en nombre et en qualit?, que, men?s sagement et conform?ment aux r?gles, ils n'eussent eu aucune chance contre eux. On a dit que Moreau avait ordonn? la marche de Richepanse et de Decaen sur Altenpot, pour prendre en flanc l'ennemi! cela n'est pas exact; tous les mouvements de l'arm?e fran?aise, pendant la journ?e du 3, ?taient d?fensifs. Moreau avait int?r?t ? rester, le 3, sur la d?fensive, puisque, le 4, le g?n?ral Lecourbe devait arriver sur le champ de bataille, et que, le 5, il devait recevoir un autre puissant renfort, celui de Sainte-Suzanne. Le but de ce mouvement de Decaen et de Richepanse, ?tait d'emp?cher l'ennemi de d?boucher dans la for?t, pendant la journ?e du 3; il ?tait purement d?fensif.
Si la manoeuvre de ces deux divisions avait eu pour but de tomber sur le flanc gauche de l'ennemi, elle e?t ?t? contraire ? la r?gle, qui veut que l'on ne fasse pas de gros d?tachements, la veille d'une bataille. L'arm?e fran?aise n'avait de r?unies que six divisions; c'?tait beaucoup hasarder que d'en d?tacher deux, la veille de l'action. Il ?tait possible que ce d?tachement ne rencontr?t pas les ennemis, parce que ceux-ci auraient manoeuvr? sur leur droite, ou auraient d?ja emport? Hohenlinden, avant son arriv?e ? Altenpot. Dans ce cas, les divisions Richepanse et Decaen, isol?es, n'eussent ?t? d'aucun secours aux quatre autres, qui eussent ?t? rejet?es au-del? de l'Iser; ce qui e?t entra?n? la perte de ces deux divisions d?tach?es.
Si l'archiduc e?t fait marcher en avant son ?chelon de droite, et ne f?t entr? dans la for?t, que lorsque le g?n?ral Latour aurait ?t? aux prises avec le lieutenant-g?n?ral Grenier, il n'e?t trouv? ? Hohenlinden que la division Grouchy. Il se f?t empar? de la for?t, e?t coup? l'arm?e par le centre, et tourn? la droite de Grenier, qu'il e?t jet?e au del? de l'Iser; les deux divisions Richepanse et Decaen, isol?es dans des pays difficiles, au milieu des glaces et des boues, eussent ?t? accul?es ? l'Inn; un grand d?sastre e?t frapp? l'arm?e fran?aise. C'?tait mal jouer, que d'en courir les chances; Moreau ?tait trop prudent pour s'exposer ? un pareil hasard.
Le mouvement de Richepanse et de Decaen devait s'achever dans la nuit; mais il e?t fallu que ces deux divisions marchassent r?unies. Elles ?taient au contraire s?par?es, et fort ?loign?es l'une de l'autre, dans des pays sans chemins et en d?cembre; elles err?rent toute la nuit. A sept heures du matin, le 3, lorsque Richepanse, avec la premi?re brigade, arriva en avant de Saint-Christophe, il se trouva coup? de sa deuxi?me brigade; l'ennemi s'?tait plac? ? Saint-Christophe. Ce g?n?ral devait-il poursuivre sa marche, ou r?trograder au secours de sa seconde brigade? Cette question ne peut ?tre douteuse; il devait r?trograder. Il l'e?t d?gag?e, se f?t joint au g?n?ral Decaen, et e?t pu, d?s lors, marcher en avant avec de grandes forces. Il devait s'attendre ? trouver, au village d'Altenpot, une des colonnes de l'archiduc fort sup?rieure ? lui; quel espoir pouvait-il avoir? il e?t ?t? attaqu? en t?te et en queue, ayant l'Inn sur son flanc droit. Dans sa position, les r?gles de la guerre voulaient qu'il march?t r?uni, non-seulement avec sa deuxi?me brigade, mais m?me avec la division Decaen. 20,000 hommes ont toujours des moyens d'influer sur la fortune; et au pis aller, surtout en d?cembre, ils ont toujours le temps de gagner la nuit et de se tirer d'affaire. Le g?n?ral Richepanse fit donc une imprudence; cette imprudence lui r?ussit, et c'est ? elle que doit sp?cialement ?tre attribu? le succ?s de la bataille. Car, de part et d'autre, il n'a tenu ? rien; et le sort de deux grandes arm?es a ?t? d?cid? par le choc de quelques bataillons.
Il a fort bien engag? le combat du 1er d?cembre, mais il n'y a pas mis de vigueur; il a pass? toute la journ?e ? se d?ployer. Ces mouvements exigent beaucoup de temps, et les jours sont bien courts en d?cembre; ce n'?tait pas le cas de parader. Il fallait attaquer par la gauche et par le centre, par la droite en colonnes et au pas de charge, t?te baiss?e. En profitant ainsi de sa grande sup?riorit?, il e?t entam? et mis en d?route les divisions Ney et Hardy.
Il e?t d?, d?s le lendemain, pousser les Fran?ais, l'?p?e dans les reins et ? grandes journ?es; il fit la faute de se reposer, ce qui donna le temps ? Moreau de se rasseoir et de r?unir ses forces. Son mouvement avait compl?tement surpris l'arm?e fran?aise; elle ?tait diss?min?e; il ne fallait pas lui donner le temps de respirer et de se reconna?tre. Mais, ? moins que l'archiduc n'e?t eu le bonheur de remporter un grand avantage, l'arm?e fran?aise, rejet?e au del? de l'Iser, s'y f?t ralli?e, et n'e?t pas moins fini par le battre compl?tement.
Ses dispositions pour la bataille de Hohenlinden sont fort bien entendues; mais il a commis des fautes dans l'ex?cution. La nature de son mouvement voulait que son arm?e march?t en ?chelons, la droite en avant; que la droite command?e par le g?n?ral Latour, et les flanqueurs du g?n?ral Kienmayer, fussent r?unis et aux mains avec le corps du lieutenant-g?n?ral Grenier, avant que le centre n'entr?t dans la for?t. Pendant ce mouvement, l'archiduc devait se tenir en bataille avec le centre, ? hauteur d'Altenpot, faisant fouiller la for?t par une division, pour favoriser la marche du g?n?ral Latour. Les trois divisions de Grenier, command?es par Legrand, Bastoul et Ney, ?tant occup?es par Latour, l'archiduc n'e?t trouv? ? Hohenlinden, que Grouchy, qui ne pouvait pas tenir une demi-heure. Au lieu de cela, il marcha le centre en avant, sans faire attention que sa droite et sa gauche, qui s'avan?aient par des chemins de traverse, dans des pays couverts de glaces, ne pouvaient pas le suivre; de sorte qu'il se trouva seul engag? dans une for?t, o? la sup?riorit? du nombre est de peu d'importance. Cependant, il repoussa, mit en d?sordre la division Grouchy; mais le g?n?ral Latour ?tait ? deux lieues en arri?re. Ney, qui n'avait personne devant, lui accourut au soutien de Grouchy; et lorsque, plusieurs heures apr?s, les ailes de l'archiduc arriv?rent ? sa hauteur, il ?tait trop tard. Il ?tait contraire ? l'usage de la guerre, d'engager, sans utilit?, plus de troupes que le terrain ne lui permettait d'en d?ployer, et surtout de faire entrer ses parcs et sa grosse artillerie dans un d?fil?, dont il n'avait pas l'extr?mit? oppos?e. En effet, ils l'ont embarrass? pour op?rer sa retraite, et il les a perdus. Il aurait d? les laisser en position, au village d'Altenpot, sous une escorte convenable, jusqu'? ce qu'il f?t ma?tre du d?bouch? de la for?t.
Ces fautes d'ex?cution font pr?sumer que l'arm?e de l'archiduc ?tait mal organis?e. Mais la pens?e de la bataille ?tait bonne; il e?t r?ussi le 2 d?cembre, il e?t encore r?ussi le 3, sans ces fautes d'ex?cution.
On a voulu persuader que la marche de l'arm?e fran?aise sur Ampfingen, et sa retraite sur Hohenlinden, ?taient une ruse de guerre: cela ne m?rite aucune r?futation s?rieuse. Si le g?n?ral Moreau e?t m?dit? cette marche, il en e?t tenu ? port?e les six divisions de Lecourbe et de Sainte-Suzanne; il e?t tenu r?unis Richepanse et Decaen, dans un m?me camp; il e?t, etc., etc. Sans doute la bataille de Hohenlinden fut tr?s-glorieuse pour le g?n?ral Moreau, pour les g?n?raux, pour les officiers, pour les troupes fran?aises. C'est une des plus d?cisives de la guerre; mais elle ne doit ?tre attribu?e ? aucune manoeuvre, ? aucune combinaison, ? aucun g?nie militaire.
Le petit ?chec qu'a essuy? Lecourbe devant Salzbourg, et la r?sistance de l'ennemi dans la plaine de Vocklebruck, proviennent du peu de cavalerie, qui se trouvait ? l'avant-garde. C'?tait cependant le cas d'y faire marcher la r?serve du g?n?ral d'Hautpoult, et non de la tenir en arri?re. C'est ? la cavalerie ? poursuivre la victoire, et ? emp?cher l'ennemi battu de se rallier.
L'arm?e des Grisons avait attir? l'attention du cabinet de Vienne; elle le devait sp?cialement ? sa premi?re d?nomination d'arm?e de r?serve. M?las et son ?tat-major avaient reproch? au conseil aulique de s'?tre laiss? tromper sur la formation et la marche de la premi?re arm?e de r?serve, qui avait coup? les derri?res de l'arm?e autrichienne, et lui avait enlev? ? Marengo toute l'Italie; on s'occupa donc avec une scrupuleuse attention, de conna?tre la force et d'?clairer la marche de cette deuxi?me arm?e de r?serve. La premi?re avait ?t? jug?e trop faible; la deuxi?me fut suppos?e trop forte. Le gouvernement fran?ais employa tous les moyens, pour induire en erreur les agents autrichiens. On donna pour chef, ? cette arm?e, le g?n?ral Macdonald, connu par sa campagne de Naples, et par la bataille de la Tr?bia. Elle fut compos?e de plusieurs divisions; et l'on persuada facilement qu'elle ?tait de 40,000 hommes, lorsqu'elle n'?tait r?ellement que de 15,000. On y envoya des corps de volontaires de Paris, dont la lev?e avait fix? l'attention des oisifs, et qui ?taient compos?s de jeunes gens de famille. Sous le rapport des op?rations purement militaires, cette arm?e ?tait inutile, et e?t rendu plus de services, si on n'en e?t form? qu'une seule division, que l'on aurait mise sous les ordres de Moreau ou de Brune. Mais le souvenir de la premi?re ?tait tel chez les Autrichiens, qu'ils pens?rent que cette seconde arm?e ?tait destin?e ? manoeuvrer comme l'autre, et ? tomber sur leurs derri?res, soit en Italie, soit en Allemagne. Dans la crainte qu'elle leur inspirait, ils plac?rent un corps consid?rable dans les d?bouch?s du Tyrol et de la Valteline, afin de la tenir en respect, soit qu'elle voul?t se diriger sur l'Allemagne, ou sur l'Italie. Elle produisit donc le bon effet, pendant une partie de novembre et de d?cembre, de paralyser pr?s de 40,000 ennemis, tant de l'arm?e d'Allemagne, que de celle de l'Italie. Ainsi l'on peut dire que cette deuxi?me arm?e de r?serve contribua au succ?s des arm?es fran?aises, en Allemagne, bien plus par son nom, que par sa force r?elle.
La bataille de Hohenlinden ayant enti?rement d?cid? des affaires d'Allemagne, l'arm?e des Grisons re?ut ordre d'op?rer en Italie, de descendre dans la Valteline, et de se porter au coeur du Tyrol, en d?bouchant sur la grande chauss?e ? Botzen. Le g?n?ral Macdonald ex?cuta lentement cette op?ration et n'y mit que peu de r?solution; soit qu'il v?t avec peine le g?n?ral Brune, avec qui il ?tait mal, ? la t?te d'une aussi belle arm?e que celle d'Italie; soit qu'une exp?dition de cette nature ne f?t pas dans le caract?re de ce g?n?ral. Conduite par Mass?na, Lecourbe ou Ney, une semblable op?ration aurait eu les plus grands r?sultats. Le passage du Splugen offrait sans doute quelques difficult?s; mais l'hiver n'est pas la saison la plus d?favorable pour le passage des montagnes ?lev?es. Alors la neige y est ferme, le temps bien ?tabli, et l'on n'a rien ? craindre des avalanches, v?ritable et unique danger ? redouter sur les Alpes. En d?cembre, il y a, sur ces hautes montagnes, de tr?s-belles journ?es, d'un froid sec, pendant lequel r?gne un grand calme dans l'air.
Ce ne fut que le 6 d?cembre, que l'arm?e des Grisons passa enfin le Splugen et arriva ? Chiavenna. Mais au lieu de se diriger, par le haut Engadin, sur Botzen, cette arm?e vint se mettre en deuxi?me ligne, derri?re la gauche de l'arm?e d'Italie. Elle ne fit aucun effet, et ne participa en rien au succ?s de la campagne; car le corps de Baraguey d'Hilliers, d?tach? dans le haut Engadin, ?tait trop faible. Il fut arr?t? dans sa marche par l'ennemi, et ne p?n?tra ? Botzen, que le 9 janvier, c'est-?-dire 14 jours apr?s les combats qui avaient ?t? livr?s par l'arm?e d'Italie sur le Mincio, et six jours apr?s le passage de l'Adige par cette arm?e. Le g?n?ral Macdonald arriva ? Trente, le 7 janvier, lorsque d?ja l'ennemi en ?tait chass? par la gauche de l'arm?e d'Italie, qui se portait sur Roveredo, sous les ordres de Moncey et de Rochambeau. L'armistice de Tr?vise, conclu le 16 janvier 1801, par l'arm?e d'Italie, comprit ?galement l'arm?e des Grisons; elle prit position dans le Tyrol italien; et son quartier-g?n?ral resta ? Trente.
Dans le courant de novembre 1800, le g?n?ral Brune, qui commandait l'arm?e fran?aise en Italie, d?non?a l'armistice au g?n?ral Bellegarde, et les hostilit?s commenc?rent le 22 novembre. La rivi?re de la Chiesa, jusqu'? son embouchure dans l'Oglio, et cette derni?re, depuis ce point, jusqu'? son embouchure dans le P?, formaient la ligne de l'arm?e fran?aise. Cette arm?e ?tait tr?s-belle et tr?s-nombreuse; elle ?tait compos?e de l'arm?e de r?serve et de l'ancienne arm?e d'Italie, r?unies. Pendant cinq mois qu'elle s'?tait r?tablie dans les belles plaines de la Lombardie, elle avait ?t? renforc?e consid?rablement, tant par des recrues venant de France, que par de nombreuses troupes italiennes. Le g?n?ral Moncey commandait la gauche, Suchet le centre, Dupont la droite, Delmas l'avant-garde, et Michaud la r?serve; Davoust commandait la cavalerie, et Marmont l'artillerie, qui avait deux cent bouches ? feu, bien attel?es et approvisionn?es. Chacun de ces corps ?tait compos? de deux divisions; ce qui faisait un total de dix divisions d'infanterie et deux de cavalerie. Une brigade de l'avant-garde ?tait d?tach?e au quartier-g?n?ral, et portait le titre de r?serve du quartier-g?n?ral. Ainsi l'avant-garde ?tait de trois brigades.
Le g?n?ral Miollis commandait en Toscane; il avait sous ses ordres 5 ? 6,000 hommes, dont la plus grande partie ?taient des troupes italiennes. Soult commandait en Pi?mont; il avait 6 ou 7,000 hommes, la plupart Italiens. Dulauloy commandait en Ligurie, et Lapoype dans la Cisalpine. Le g?n?ral en chef Brune avait pr?s de 100,000 hommes sous ses ordres; il lui en restait, r?unis sur le champ de bataille, plus de 80,000.
L'arm?e des Grisons, que commandait Macdonald, occupait des corps autrichiens dans l'Engadine et dans la Valteline. Cette arm?e peut donc ?tre compt?e comme faisant partie de celle d'Italie. Elle augmentait la force de celle-ci de 15,000 hommes; c'?tait donc ? peu pr?s 100,000 hommes pr?sents sous les armes, qui agissaient sur le Mincio et l'Adige.
Lors de la reprise des hostilit?s, le 22 novembre, le g?n?ral Brune restait sur la d?fensive; il attendait sa droite qui, sous les ordres de Dupont, ?tait en Toscane. Elle passa le P? ? Sacca, le 24, vint se placer derri?re l'Oglio, ayant son avant-garde ? Marcaria. L'ennemi restait ?galement sur la d?fensive. Quelque ordre que re??t Brune d'agir avec vigueur, il h?sitait ? prendre l'offensive.
Le g?n?ral Bellegarde, qui commandait l'arm?e autrichienne, n'?tait pas un g?n?ral redoutable. Il avait pour instructions de d?fendre la ligne du Mincio; la maison d'Autriche attachait de l'importance ? conserver cette rivi?re, tant pour communiquer avec Mantoue, qu'afin de l'avoir pour limite ? la paix. L'arm?e autrichienne, forte de 60 ? 70,000 hommes, avait sa gauche appuy?e au P?; elle ?tait soutenue par Mantoue, et couverte par le lac, sur lequel il y avait des chaloupes arm?es. La droite s'appuyait ? Peschiera et au lac Garda, dont une nombreuse flottille lui assurait la possession. Un corps d?tach? ?tait dans le Tyrol, occupant les positions du Mont-Tonal et celles oppos?es aux d?bouch?s de l'Engadine et de la Valteline. Le Mincio, qui, de Peschiera ? Mantoue, a vingt milles, ou 7 petites lieues de cours, est gu?able en plusieurs endroits dans les temps de s?cheresse; mais, dans la saison o? l'on se trouvait, il ne l'est nulle part. Le g?n?ral autrichien avait d'ailleurs ferm? toutes les prises d'eau qui appauvrissent cette rivi?re. Toutefois, c'?tait une faible barri?re; elle n'a pas plus d'une vingtaine de toises de largeur, et ses deux rives se dominent alternativement. Le point de Mozembano domine la rive gauche, ainsi que celui de Molino della Volta; les positions de Salionzo et de Valleggio, sur la rive gauche, ont un grand commandement sur celle oppos?e. Le g?n?ral Bellegarde avait fait occuper fortement les hauteurs de Valleggio; il y avait fait r?tablir un reste de ch?teau-fort, antique, qui pouvait servir de r?duit; il commande toute la campagne sur les deux rives. Borghetto avait ?t? fortifi?, et ?tait comme t?te de pont, sous la protection de Valleggio. L'enceinte de la petite ville de Go?to avait ?t? r?tablie, et sa d?fense augment?e par les eaux. Bellegarde avait aussi fait ?lever quatre redoutes frais?es et palissad?es, sur les hauteurs de Salionzo; elles ?taient aussi rapproch?es que possible de Valleggio. Lorsqu'il eut pourvu ? ses principales d?fenses sur la rive gauche, il les ?tendit sur la rive droite. Il fit occuper les hauteurs de la Volta, position, qui domine tout le pays, par de forts ouvrages; mais ils ?taient ? pr?s d'une lieue du Mincio, et ? une et demie de Go?to et de Valleggio. Ainsi, sur un espace de quinze milles, le g?n?ral autrichien avait cinq points fortement retranch?s: Peschiera, Salionzo, Valleggio, Volta, et Go?to.
Le 18 d?cembre, l'arm?e fran?aise passa la Chiesa; le quartier-g?n?ral se porta ? Castaguedolo. Les 19 et 21, toute l'arm?e marcha sur le Mincio en quatre colonnes; la droite, sous les ordres de Dupont, se dirigea sur l'extr?mit? du lac de Mantoue; le centre, conduit par Suchet, marcha sur la Volta; l'avant-garde, ayant pour but de masquer Peschiera, se porta sur Ponti; la r?serve et l'aile gauche se dirig?rent sur Mosembano. Dupont, ? l'aile droite, rejeta avec sa division de droite, la garnison de Mantoue au-del? du lac. La deuxi?me division chassa l'ennemi dans Go?to. Suchet, au centre, marcha sur Volta avec circonspection. Il s'attendait ? un mouvement de l'arm?e autrichienne pour soutenir la t?te de sa ligne. Mais l'ennemi ne fit contenance nulle part; il craignait probablement d'?tre coup? du Mincio; il abandonna ses positions. La belle hauteur de Mozembano, qui commande le Mincio, ne fut pas disput?e. Les Fran?ais s'emparent de toutes les positions sur la rive droite, except? de Go?to et de la t?te de pont de Borghetto. Lorsque l'ennemi s'?tait aper?u qu'il avait affaire ? toute l'arm?e fran?aise, il avait craint un engagement g?n?ral; et il s'?tait reploy? sur la rive gauche du Mincio, ne conservant, sur la droite, que Go?to et Borghetto. Le r?sultat des pertes des Autrichiens, sur toute la ligne, fut de 5 ? 600 hommes prisonniers. Le quartier-g?n?ral des Fran?ais fut plac? ? Mozembano.
Il fallait, le jour m?me, jeter des ponts sur le Mincio, le franchir, et poursuivre l'ennemi. Une rivi?re d'aussi peu de largeur, est un l?ger obstacle, lorsqu'on a une position qui domine la rive oppos?e, et que, de l?, la mitraille des batteries d?passe au loin l'autre rive. A Mozembano, au moulin de la Volta, l'artillerie peut battre l'autre rive ? une grande distance, sans que l'ennemi puisse trouver une position avantageuse pour l'?tablissement de ses batteries. Alors le passage n'est r?ellement rien; l'ennemi ne peut pas m?me voir le Mincio, qui, semblable ? un foss? de fortification, couvre les batteries de toute attaque.
Dans la guerre de si?ge, comme dans celle de campagne, c'est le canon qui joue le principal r?le; il a fait une r?volution totale. Les hauts remparts en ma?onnerie ont d? ?tre abandonn?s pour les feux rasants et recouverts par des masses de terre. L'usage de se retrancher chaque jour, en ?tablissant un camp, et de se trouver en s?ret? derri?re de mauvais pieux, plant?s ? c?t? les uns des autres, a d? ?tre aussi abandonn?.
Du moment o? l'on est ma?tre d'une position qui domine la rive oppos?e, si elle a assez d'?tendue pour que l'on puisse y placer un bon nombre de pi?ces de canon, on acquiert bien des facilit?s pour le passage de la rivi?re. Cependant, si la rivi?re a de deux cents ? cinq cents toises de large, l'avantage est bien moindre; parce que votre mitraille n'arrivant plus sur l'autre rive, et l'?loignement permettant ? l'ennemi de se d?filer facilement, les troupes, qui d?fendent le passage, ont la facult? de s'enterrer dans des boyaux, qui les mettent ? l'abri du feu de la rive oppos?e. Si les grenadiers, charg?s de passer pour prot?ger la construction du pont, parviennent ? surmonter cet obstacle, ils sont ?cras?s par la mitraille de l'ennemi, qui, plac? ? deux cents toises du d?bouch? du pont, est ? port?e de faire un feu tr?s-meurtrier, et est cependant ?loign? de quatre ou cinq cents toises des batteries de l'arm?e qui veut passer; de sorte que l'avantage du canon est tout entier pour lui. Aussi, dans ce cas, le passage n'est-il possible, que lorsqu'on parvient ? surprendre compl?tement l'ennemi, et qu'on est favoris? par une ?le interm?diaire, ou par un rentrant tr?s-prononc?, qui permet d'?tablir des batteries croisant leurs feux sur la gorge. Cette ?le ou ce rentrant forme alors une t?te de pont naturelle, et donne tout l'avantage de l'artillerie ? l'arm?e qui attaque.
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