Read Ebook: L'Illustration No. 3664 17 Mai 1913 by Various
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Ebook has 276 lines and 26216 words, and 6 pages
Quant au clo?tre--c'est surtout de lui qu'il s'agit--il a ?t? arrach? en 1840 aux ruines de l'abbaye et r??difi? par quelque vandale inconscient dans la cour de l'?tablissement de bains de Prades, o? il d?roule la suite imposante de ses lourdes arcades romanes. Ses colonnes trapues baignent dans la lumi?re natale et ses puissants chapiteaux cisel?s de feuillages, de lions et d'esclaves laiss?s dans le marbre rose ont conserv? leur beaut?, parce que, dans leurs reliefs magnifiques, joue encore le soleil catalan.
D?s qu'on a su, ? Prades, que le clo?tre, vendu ? un ?tranger, allait partir pour l'Am?rique, la ville s'est ?mue, l'architecte d?partemental des monuments historiques a r?clam? l'aide de l'administration des Beaux-Arts, et M. Brousse, d?put? des Pyr?n?es-Orientales, a manifest? l'intention d'interpeller le ministre.
Aussit?t M. L?on B?rard, sous-secr?taire d'?tat aux Beaux-Arts, a accord? une subvention de 3.000 francs ? la ville de Prades pour l'aider ? acqu?rir les chapiteaux. Et pour donner ? la ville le temps de r?unir par souscription le compl?ment du prix d'achat , M. L?on B?rard a avis? le pr?fet qu'une nouvelle instance de classement ?tait ouverte--la premi?re n'avait pas abouti--ce qui emp?chera tout d?placement des chapiteaux pendant trois mois.
Le clo?tre de Cuxa, on le voit, n'est pas encore sauv?. Document magnifique de l'art local et souvenir v?n?rable de l'histoire provinciale, ce monument incarne une part de l'?me catalane et m?ridionale. Sa perte serait un deuil pour le Roussillon et pour le Midi.
Quand se d?cidera-t-on ? voter une loi qui, comme la loi italienne, interdise l'exode de nos vieilles pierres ? l'?tranger? Jusque-l? tout est ? craindre, car l'Am?rique, pour ne parler que d'elle, ach?te tous les jours, dans tous les coins de la France, de nouvelles reliques de notre patrimoine ancestral.
J.-R. DE BROUSSE.
UNE LANGUE ET UNE CIVILISATION RETROUV?ES
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C'est que le sogdien n'est pas une langue ordinaire: sa d?couverte et son d?chiffrement pr?sentent, pour l'histoire de l'Asie tout enti?re et m?me, dans une certaine mesure, pour l'histoire g?n?rale de l'ancien continent, une importance comparable ? celle qu'offrait, pour l'?tude de l'antiquit?, le d?chiffrement des hi?roglyphes ?gyptiens, effectu? voici presque un si?cle par Champollion.
Il y a dix ans, tout ce qu'on savait du sogdien, des Sogdiens, et de la Sogdiane, tenait en quelques lignes: Strabon et H?rodote donnaient leurs noms; un texte iranien assurait que les sauterelles ?taient le fl?au de la Sogdiane; un portrait de Sogdien, barbu et ? pantalon long, figurait sur le tombeau du roi des rois perse Darius Hystaspes.
A ce moment, les orientalistes commen?aient l'exploration arch?ologique du Turkestan chinois. Ce territoire, situ? juste au centre de l'Asie, et qui n'est plus aujourd'hui qu'un ?norme d?sert dans une fr?le ceinture d'oasis, leur paraissait, par sa situation m?me entre la Chine et l'Inde, devoir fournir la clef des rapports qu'ont eus de tout temps les civilisations de ces deux pays, les plus grandes et les plus vieilles de l'Asie orientale. L'histoire du bouddhisme--la grande religion n?e dans l'Inde et qui, en s'?pandant sur tout l'Extr?me-Orient, y a jou? un r?le aussi important que celui du christianisme en Occident--attendait de nouveau domaine des ?claircissements essentiels, qu'il lui a, en effet, fournis g?n?reusement.
Sur la marge et parfois jusqu'au centre du d?sert, le Turkestan chinois a livr? les traces d'une civilisation rest?e sans lendemain, mais qui avait ?t? florissante. Les sables, d'une presque absolue s?cheresse, avaient gard? intactes depuis des si?cles des villes b?ties en bois, abandonn?es un jour ? la h?te, o? l'on a retrouv? des oeuvres d'art, des objets familiers, des manuscrits. Et tout le monde se rappelle qu'? la fin de 1909, M. Pelliot, aujourd'hui professeur au Coll?ge de France, ramenait en Europe la plus vaste collection de textes orientaux, toute une biblioth?que, mur?e et oubli?e depuis des si?cles dans une des grottes du vieux monast?re des <
Deux missions allemandes--Gr?nwedel et Hugh en 1902, Yvon Lecoq en 1904-1905--avaient en effet fourni quelques fragments d'une langue inconnue, mais not?e en diverses ?critures connues, tant?t en <
L'?criture sogdienne--dont on voit ici l'alphabet et un sp?cimen--se lit de droite ? gauche, c'est-?-dire en sens inverse de la n?tre, comme l'arabe ou l'h?breu. Comme ces derni?res ?galement, elle ne note pas les voyelles, mais seulement les consonnes. En fait, c'est une ?criture <>; cependant la langue qu'elle note appartient ? une tout autre famille de civilisation; elle fait partie du grand ensemble des <
Langue et ?criture, le sogdien est ce qui reste aujourd'hui d'une civilisation qui, tous les documents le montrent, a r?gn? pr?s de quinze si?cles, non seulement dans la Sogdiane ?troite d?limit?e par Alexandre, mais sur toute l'?tendue qui va presque de la mer Caspienne aux premi?res villes de la Chine, sur toute l'?tendue du Turkestan. Le peuple sogdien, fait de cultivateurs, de marchands, de bourgeois, de voyageurs, servait de lien entre l'Inde, la Chine, le Tibet, la Perse. A travers son territoire, les grandes pistes caravani?res qui partaient de la Chine portaient le commerce de tout l'Extr?me-Orient vers les pays du Sud et de l'Ouest et jusqu'aux confins de la M?diterran?e orientale. Sur ces voies du trafic, les id?es et les croyances se transmettaient ?galement, et c'est par leur trajet que se sont ?tendus vers l'Extr?me-Orient le bouddhisme et l'art qu'il v?hiculait; m?me des h?r?sies, des sectes, autrement moins importantes, suivaient aussi ces chemins, et l'une d'elles qui atteignit jusqu'? la Chine, devait se r?pandre en m?me temps dans l'Occident chr?tien: c'est ce <
Les grands traits de l'histoire totale du bouddhisme ? travers l'Asie s'?taient fix?s depuis une trentaine d'ann?es; dans les dix derni?res, on avait appris en outre toute l'importance du r?le jou? par le Turkestan chinois dans cette histoire; mais son m?canisme int?rieur restait ignor?... C'est ce m?canisme que r?v?le la d?couverte du sogdien. Si l'on se rappelle qu'en m?me temps il est de plus en plus apparu que l'Inde, au moment m?me o? le bouddhisme allait en sortir, a subi les influences les plus directes de l'Occident, et que notamment l'art bouddhique, qui s'est alors form?, est tout grec par sa forme, comme il est tout hindou par son contenu religieux, on voit que ce n'est pas seulement toute l'histoire de l'Asie qui s'?claire, et dans son plus grand ?pisode, mais un des plus vastes fragments de toute l'histoire de l'ancien continent.
JEAN-PAUL LAFFITTE.
GAVROCHE AU MONTENEGRO
LE NAPOL?ON DU JOURNALISME UNE GRANDIOSE ENTREPRISE: LA PAPETERIE DE GRAND-FALLS
L'Anglo-Newfoundland Development Company venait au monde, dot?e d'un apanage princier: 5.500 kilom?tres carr?s couverts de for?ts vierges o? abondaient les essences propres ? la fabrication de la pulpe ? papier, et que traversaient des chapelets de lacs et de rivi?res qui en faciliteraient singuli?rement l'exploitation. Terre-Neuve, cette vaste solitude dont l'int?rieur ?tait encore en partie inexplor?, allait devenir la rivale des pays Scandinaves, et r?clamer sa place sur le march? mondial du papier.
L'immense domaine ?tait admirablement choisi pour servir d'emplacement ? une usine qui serait avant longtemps la plus grande fabrique de pulpe et de papier du monde. Bondissant de cascades en cascades, le fleuve des Exploits offrait une mine in?puisable de <Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page