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Read Ebook: L'Illustration No. 3665 24 Mai 1913 by Various

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Ebook has 121 lines and 14897 words, and 3 pages

Scott fut plus heureux. Dans le Mac Murdo sound, tout pr?s de la Grande Barri?re, il trouvait un excellent abri, et, l'?t? suivant, au prix d'efforts inou?s, il r?ussissait ? avancer sur ce grand glacier jusqu'au 82? 15' de latitude sud, parall?le correspondant dans notre h?misph?re ? l'extr?mit? septentrionale de la terre Fran?ois-Joseph. Du premier coup, cet officier ?nergique avait ?limin? les deux principales inconnues du probl?me polaire; il avait d?couvert une base d'op?rations et une voie de p?n?tration vers l'extr?me sud. D?s lors, il ne restait plus qu'? aviser aux moyens de transporter les approvisionnements n?cessaires pour la travers?e du d?sert de glace large de 350 lieues qui s?pare le Mac Murdo du p?le.

Six ans plus tard, en 1908, un nouveau progr?s d?cisif ?tait r?alis?. Avec l'aide de poneys de Mandchourie, Shackleton traversait enti?rement la Grande Barri?re, puis, escaladant les Alpes antarctiques, arrivait jusqu'? 179 kilom?tres du but. Seule la famine l'obligea ? s'arr?ter.

LA SECONDE EXP?DITION SCOTT

Aussit?t le site de la station choisi, on commen?a le d?barquement des approvisionnements et les constructions. Une spacieuse maison de bois fut ?rig?e, que l'on entoura d'une muraille de briquettes pour assurer une meilleure protection contre le froid; autour, on b?tit des ?curies pour les poneys, des chenils, des observatoires; bref, sur cette plage d?sol?e, entour?e de neige et de glace, s'?leva bient?t un v?ritable village.

Apr?s cela, pendant trois jours, la caravane se trouva arr?t?e par un blizzard. Dans l'Antarctique, l'?t? n'est qu'une expression m?t?orologique. En d?cembre, janvier, f?vrier, qui correspondent ? juin, juillet et ao?t de notre h?misph?re, les temp?tes de neige sont fr?quentes et le thermom?tre demeure presque toujours en dessous du point de cong?lation, s'abaissant m?me parfois ? -20? et -25?.

Le retour fut marqu? par une catastrophe. Apr?s avoir quitt? la Barri?re, un d?tachement de trois hommes et de quatre poneys ?tait camp? sur la banquise du Mac Murdo, se disposant ? rallier la terre ferme, lorsque tout ? coup la d?b?cle se produit. Autour du bivouac, la glace, soulev?e par une grosse houle, se disloque; des crevasses s'ouvrent, en m?me temps que de larges plaques partent ? la d?rive. Un poney est englouti et toute la caravane menac?e du m?me sort. Imm?diatement, on essaie de regagner la Barri?re, en faisant sauter les chevaux de gla?on en gla?on, au risque d'une noyade g?n?rale. Apr?s huit heures de ce dangereux exercice, les explorateurs touchent enfin le front du glacier, mais impossible d'y prendre pied: partout un mur de glace ? pic! Un matelot parvient cependant ? le gravir; ? son appel, une escouade qui se trouve aux environs arrive de suite ? la rescousse. A l'aide de cordes, elle hisse au sommet du glacier les hommes en perdition sur la banquise, mais un pareil moyen ne peut ?tre employ? pour les poneys. A coups de pioche, les hommes ouvrent alors une tranch?e dans le front de la Barri?re afin de permettre aux chevaux de passer de la banquise sur le glacier; mais, perch?s sur des blocs accident?s que la mer ballotte, les malheureuses b?tes ne peuvent prendre d'?lan. Une seule r?ussit le saut p?rilleux, tandis que les deux autres culbutent et disparaissent.

L'APPARITION D'UN CONCURRENT INATTENDU

Peut-?tre, apr?s la perte d'une partie de sa cavalerie, Scott envisageait-il l'?ventualit? de diff?rer d'un an l'assaut, pour attendre le renfort d'animaux qui lui seraient amen?s l'?t? suivant par le navire ravitailleur. Du moment qu'Amundsen ?tait arriv?, il ne pouvait plus ?tre question de remettre l'attaque. A moins de s'avouer vaincus d'avance, les Anglais ?taient contraints d'entamer la lutte d?s le printemps suivant. D?s lors, que d'inqui?tudes ont d? traverser l'esprit de ces vaillants et quels efforts ils ont d? faire sur eux-m?mes pour ne pas se laisser entamer par le d?couragement!

Comme les exp?riences ant?rieures l'avaient montr?, la victoire d?pendait de la bonne organisation des services de ravitaillement. La conqu?te du p?le ?tait, en un mot, une question d'intendance. Il s'agissait d'assurer la libert? de manoeuvre au d?tachement allant de l'avant en lui fournissant des vivres pour plusieurs semaines ? la plus grande distance possible de la base et en assurant sa retraite par des d?p?ts. Pour cela, Scott d?cida de partir avec tout son monde; puis, successivement, des escouades battraient en retraite, apr?s avoir abandonn? leur surplus de rations ? ceux qui pousseraient vers le sud. Gr?ce ? cette organisation, au moment o? le dernier groupe de soutien rebrousserait chemin, les explorateurs charg?s de marcher vers le p?le auraient leur plein de vivres.

D?PART POUR LE POLE

Du cap Evans au p?le, la distance ? vol d'oiseau est de 1.370 kilom?tres, ?gale ? celle de Dieppe ? Florence; avec les d?tours qu'entra?neraient les accidents du glacier, c'est ? 3.000 kilom?tres pour le moins qu'il fallait ?valuer le trajet que la caravane avait ? couvrir aller et retour, et cela en quatre mois, avant l'arriv?e de l'hiver.

D'apr?s de nouveaux renseignements, les tra?neaux automobiles n'ont pas march? aussi bien que les premiers t?l?grammes l'avaient annonc?. L'appareil de refroidissement par l'air qui avait ?t? substitu? ? la circulation habituelle d'eau, en raison des temp?ratures polaires, a mal fonctionn?; d'o? ?chauffement des moteurs et pannes fr?quentes. En pareil cas, il fallait patiemment attendre le refroidissement des machines, et, <>, ?crit le chef de l'avant-garde. Ensuite, pour remettre en marche, on devait chauffer les carburateurs ? l'aida d'une lampe. Finalement, apr?s un parcours d'une centaine de kilom?tres, les tracteurs durent ?tre abandonn?s. L'avant-garde chargea alors ses bagages sur un tra?neau, et, s'attelant ? ce v?hicule, avan?a rapidement jusqu'au 80? 15' o? elle avait ordre d'attendre l'arriv?e du gros.

En ce point, deux des chauffeurs rebrouss?rent chemin, puis la pesante colonne s'?branla de nouveau, pr?c?d?e d'une escouade d'?claireurs.

Sur cette immense plaine de glace fr?quemment embrum?e ou balay?e par la tourmente, Scott prend les plus minutieuses pr?cautions pour assurer le retour. Tous les quatre milles , des monticules de neige jalonnent la route, et, ? des intervalles de 110 kilom?tres, des d?p?ts de vivres pour une semaine sont ?tablis. Entre temps, on perd un poney; puis on en abat quatre autres, que l'all?gement des charges rend inutiles, et on en nourrit les chiens.

Tandis qu'Amundsen ?tait relativement favoris? par le temps, les Anglais recevaient coups de vent sur coups de vent. Le 4 d?cembre, ? la fin de la Grande Barri?re, une effroyable tourmente de sud se d?cha?ne. Pendant quatre jours, l'ouragan fait rage, d?versant une telle quantit? de neige que toutes les heures des corv?es doivent d?gager les tentes et les chevaux. Apr?s cela, comme il arrive toujours lorsque la temp?te souffle du sud, brusquement le thermom?tre monte au-dessus du point de glace. Ce fait ?trange, que des vents venant du p?le et des glaciers d?terminent une hausse consid?rable de temp?rature, est d? ? ce que l'air s'?chauffe par suite de la compression qu'il subit en descendant des hautes montagnes riveraines de la Barri?re. C'est le m?me ph?nom?ne qui donne naissance en Suisse au foehn, ce souffle chaud issu des Alpes, et, sur le versant fran?ais des Pyr?n?es, au vent d'Espagne. Ces courants a?riens ?l?vent la temp?rature de l'air, non parce qu'ils viennent du sud, mais parce que, comme sur la Barri?re, ils descendent d'une haute cha?ne de montagnes.

Ce d?gel transforma le glacier en bourbier, si bien que, pour maintenir les poneys ? sa surface, on dut leur attacher, aux pieds, des raquettes rondes, comme celles employ?es en Norv?ge en pareil cas. Telles furent les difficult?s sur ce sol fluant que les quinze derniers kilom?tres de la Barri?re ne co?t?rent pas moins de quatorze heures d'efforts. A la fin de cette ?tape harassante, la provision de fourrage se trouvant ?puis?e, les cinq poneys survivants furent abattus et servirent ? augmenter l'important d?p?t de vivres laiss? en ce point.

L'ASCENSION DU PLATEAU POLAIRE

Le 10 d?cembre, apr?s avoir gravi une bosse de terrain, Scott atteignait le glacier Beardmore. En 38 jours, il avait travers? la Grande Barri?re et franchi un peu moins de la moiti? de la distance entre le cap Evans et le p?le. Restait maintenant ? accomplir la plus longue et la plus difficile partie du trajet, l'ascension du plateau polaire. Il s'agissait de parcourir 740 kilom?tres en montagne, et de s'?lever de la cote 200 ? l'altitude de 3.000 m?tres. Comme le repr?sente, aux pages pr?c?dentes, le beau profil de M. Trinquier, qui a la valeur d'un dessin topographique, Scott se trouvait dans la situation d'un voyageur qui, parti de Dieppe et arriv? ? Chamb?ry, se dispose ? escalader les Alpes, avec cette diff?rence qu'ici le relief ? gravir poss?de une largeur ?gale ? la distance entre la capitale de la Savoie et Florence. A travers cet ?norme massif, la route est trac?e par le glacier Beardmore, descendant du plateau polaire en longues pentes pour confluer dans la Grande Barri?re. Que l'on se repr?sente une surface glaciaire bord?e de montagnes de 3.000 m?tres et plus, dans le genre de la Mer de Glace de Chamonix, mais de dimensions ?normes. D'une rive ? l'autre, sa largeur varie de 20 ? 40 kilom?tres, et de son embouchure ? sa sortie du plateau sa longueur n'est pas inf?rieure ? 200 kilom?tres.

Avant le d?but de l'ascension, Scott renvoya sur l'arri?re une escouade et tous les chiens. La vigueur dont ces animaux avaient fait preuve n'avait pu modifier l'opinion d?favorable que le chef de l'exp?dition avait ? leur ?gard: d?plorable aveuglement dont, les cons?quences devaient ?tre fatales! D?s lors, c'est ? bras que les douze hommes composant maintenant la caravane doivent haler les tra?neaux. Travail ?puisant! Dans la neige fra?che qui recouvre le glacier les explorateurs enfoncent jusqu'au genou et les v?hicules demeurent enliz?s. En dix heures, ? grand'peine ils r?ussissent ? parcourir 10 kilom?tres, et cela dure ainsi cinq longues journ?es. Plus haut, au del? du Cloudmaker, le terrain se raffermit; mais alors la brume arrive et bouche toute vue. A travers un ?pais brouillard, allez donc choisir la route au milieu de crevasses et de s?racs! Quoi qu'il en soit, ces intr?pides pionniers avancent toujours, et, le 21 d?cembre, ils parviennent au sommet du glacier, dans la r?gion o? la nappe glac?e du plateau polaire s'?coule vers l'aval, canalis?e entre deux rang?es de montagnes.

Apr?s qu'un d?p?t a ?t? ?tabli pr?s du mont Darwin, une seconde escouade bat en retraite; seuls huit hommes continuent la marche en avant. D?sormais, plus qu'une immense plaine blanche s'?levant en longues et molles ondulations d?chir?es de crevasses. Par-dessus les bosses du sous-sol, la rigide nappe de glace se d?verse, rompue et disloqu?e, comme une masse d'eau au passage d'un seuil rocheux. Au pied de chacune de ces protub?rances on esp?re que cela sera la derni?re et qu'? son sommet on atteindra enfin la plaine culminante sur laquelle le halage deviendra ais?; au prix d'efforts inou?s on hisse les tra?neaux au haut de la pente; et toujours devant soi appara?t une nouvelle vague de cette mer rigide. Malgr? ces difficult?s, gr?ce ? un temps clair, les ?tapes s'?l?vent ? 24 kilom?tres. 24 kilom?tres par jour sur un pareil terrain et en halant de lourds v?hicules, rien ne d?montre mieux la vigueur et l'?nergie de l'?quipe anglaise! Mais, quelque diligence qu'elle fasse, le 3 janvier 1912, elle n'est encore qu'? 273 kilom?tres du p?le. Scott renvoie alors sur l'arri?re trois de ses compagnons, le lieutenant R. G. Evans, le sous-officier Crean et le m?canicien Lashley. Dramatique fut le retour de ce d?tachement. Sur la Barri?re, Evans, en proie ? une violente attaque de scorbut, devint incapable de faire un pas. Admirables de d?vouement, les deux marins r?ussirent cependant ? sauver leur chef, le charriant pendant quatre jours couch? sur le tra?neau, puis l'un d'eux, au risque d'?tre englouti dans une crevasse ou perdu dans la brume ou le blizzard, partant seul ? la recherche de secours. Nulle exp?dition n'a ?t? plus que celle du Terra-Nova riche en actes h?ro?ques. Mais que d'anxi?t? sur le sort de Scott la nouvelle de ce cas de scorbut chez un des membres de la caravane ?veilla d?s l'an dernier parmi les sp?cialistes!

AU POLE, APR?S AMUNDSEN

Apr?s le d?part du lieutenant Evans, Scott continue avec seulement quatre compagnons, le docteur Wilson, le capitaine Oates, le lieutenant Bowers et le sous-officier Evans. Malgr? l'effrayant labeur fourni depuis 62 jours, tous sont dispos et pleins d'ardeur. <> Trois ou quatre jours apr?s, une cruelle d?ception attendait ces hommes ?nergiques: des traces de skis et de tra?neaux sont visibles ? la surface du glacier!

La fin de l'?t? antarctique approche; il n'y a donc pas de temps ? perdre. Reprenant le chemin du retour, ? toute vitesse la caravane d?vale le plateau polaire; un jour, elle r?ussit m?me ? couvrir 33 kilom?tres. Si cette allure pouvait ?tre maintenue, Scott serait sauv?; mais, ? peine en route, Evans commence ? faiblir, et de jour en jour son ?tat empire. Presque incapable de se tenir debout, le malheureux fait une chute grave; apr?s cet accident, la travers?e de la zone de neige molle, au nord du Cloudmaker, ach?ve de l'?puiser, et, le 17 f?vrier, au pied du glacier Beardmore, il tombe pour ne plus se relever.

L'AGONIE DE LA CARAVANE

L'agonie de la caravane commence. Sur la Grande Barri?re, le froid acquiert une rigueur extr?me, et, sous l'influence de cette basse temp?rature, la couche de neige devient pulv?rulente comme du sable. Les ?tapes sont par suite tr?s lentes, et cette lenteur am?ne la famine. Les d?p?ts ?chelonn?s ? des intervalles de 110 kilom?tres renferment juste le nombre de rations de vivres n?cessaires ? une escouade pour couvrir cette distance, en marchant ? raison de 16 kilom?tres par jour. Or, par suite du mauvais temps r?gnant, de l'?tat d?plorable de la piste et de la fatigue, la petite troupe ne peut soutenir pareil train. Parfois, en 24 heures, elle franchit ? peine 3 kilom?tres. Avec cela, le 16 mars, Oates est ? bout de forces. Les pieds et les mains gel?s, le voil? maintenant, pauvre masse presque inerte, ? la charge de ses compagnons d?faillants. Dans cette conjoncture, il conna?t son devoir, il l'a formul? lui-m?me, devant des amis, avant son d?part pour l'Antarctique. En une pareille entreprise, avait-il d?clar?, tout homme qui tombe malade et de ce fait met en p?ril la vie de ses camarades doit avoir le courage de dispara?tre. Oates est de ceux dont les actes ne d?mentent pas les paroles: r?unissant ses derni?res forces, il se l?ve, sort de la tente, et dispara?t dans le blizzard, afin de lib?rer ses camarades.

Huit mois plus tard, le 12 novembre 1912, un d?tachement, parti des quartiers d'hiver ? la recherche des disparus, d?couvrait leur tente et aupr?s d'elle leur tra?neau, au milieu de la grande solitude. Contre cette pauvre petite chose perdue dans cette immensit?, unique saillie au centre de la plaine infinie, les blizzards de l'hiver avaient ?puis? vainement leur violence. A peine la toile de la tente avait-elle un peu fl?chi. La neige, s?che comme une poussi?re, l'avait fouett?e ?perdument sans s'y accrocher jamais, sans s'amonceler contre l'obstacle.

De loin, c'?tait simplement un campement abandonn?... Le chef du groupe avance le premier, t?te nue, et, soulevant la porti?re de l'abri, il d?couvre la chambre fun?bre. Un simple coup d'oeil permet aux assistants ?mus de reconstituer le dernier acte du drame.

Le capitaine est l?, pr?s du seuil, ?tendu tout de son long sur son sac de couchage, tandis que Wilson et Bowers reposent dans leurs sacs. Ils ont donc succomb? les premiers, et, malgr? sa propre faiblesse, leur chef a trouv? l'?nergie de les ensevelir dans ces suaires de fourrure, en attendant que la mort vienne le prendre ? son tour. Tous ont gard? un air calme et semblent dormir. Wilson, raconte le lieutenant Gran, du d?tachement de secours, ?tait plac? juste en face de l'entr?e, ? moiti? dress?, le buste appuy? contre la paroi de la tente, le visage ?clair? par un doux sourire; on e?t dit qu'il allait s'?veiller. M?me dans la mort, l'excellent docteur, le boute-en-train de l'exp?dition, avait gard? son amabilit? habituelle; il semblait avoir accueilli la triste visiteuse avec son affabilit? coutumi?re... <>

Le mat?riel de la tente, les ?chantillons g?ologiques, les registres d'observation, les carnets de notes, et tout d'abord l'?mouvant message de Scott au peuple anglais qui a ?t? plac? bien en ?vidence, sont pieusement recueillis. Ensuite on r?cite les pri?res des morts; puis, enlevant les piquets de la tente, on laisse retomber la toile sur les d?pouilles des trois h?ros. Par-dessus ce linceul, des blocs de neige et de glace sont entass?s sur une hauteur de cinq m?tres, et, au sommet de ce monticule, les quatre Anglais plantent une simple croix faite de deux skis entre-crois?s, supr?me hommage aux morts qui reposent l? o? ils sont tomb?s.

LES DERNIERES LIGNES ?CRITES PAR LE CAPITAINE SCOTT

L'exp?dition Scott demeurera un de ces magnifiques exemples de courage et de grandeur morale qui honorent l'humanit? enti?re. Qui ne se sentira pris d'une profonde admiration pour ce chef de mission qui, dans les affres de la mort, trouva encore la force d'exalter la grandeur de son pays dans cette page si simple, si surhumainement ?mouvante et d?sormais immortelle:

Notre d?sastre est d?, ?crit Scott mourant, non ? des vices d'organisation, mais ? la malchance dans toutes les situations difficiles dont nous avions ? triompher.

Avec ?nergie, nous avons lutt? contre ces circonstances adverses et en sommes venus ? bout, mais au prix de larges pr?l?vements sur nos vivres de r?serve. Approvisionnements, v?tements, organisation de la longue file de d?p?ts ?tablie sur le plateau et sur la route du P?le, longue de 1.300 kilom?tres, tout nous a donn? pleine satisfaction.

Notre groupe aurait ralli? le glacier Beardmore en parfait ?tat et avec une r?serve de vivres, sans la d?faillance extraordinaire d'Evans, le dernier que nous nous attendions ? voir faiblir.

Jamais des ?tres humains n'ont souffert autant que nous pendant ce dernier mois; en d?pit du mauvais temps, nous aurions cependant r?ussi ? passer, sans la maladie du capitaine Oates, sans la diminution de la provision de combustible contenue dans les d?p?ts, diminution inexplicable, sans, enfin, ce dernier ouragan. Il nous a arr?t?s ? 20 kilom?tres du d?p?t o? nous avions l'espoir de trouver les vivres n?cessaires.

Nous sommes faibles; je peux ? peine tenir la plume. Pour ma part, je ne regrette pas d'avoir entrepris cette exp?dition; elle montre l'endurance des Anglais, leur esprit de solidarit?, et prouve qu'ils savent regarder la mort avec autant de courage aujourd'hui que jadis.

Nous avons couru des risques; nous savions d'avance que nous allions les affronter.

Les choses ont tourn? contre nous; nous ne devons pas nous plaindre, mais nous incliner devant la d?cision de la Providence, r?solus ? faire de notre mieux jusqu'? la fin.

Si dans cette entreprise nous avons volontairement donn? nos vies, c'est pour l'honneur du pays. J'adresse donc un appel ? mes compatriotes et les prie de veiller ? ce que ceux dont nous ?tions les soutiens ne soient pas abandonn?s.

Eussions-nous surv?cu, le r?cit que j'aurais fait des souffrances, de l'endurance et du courage de mes compagnons e?t profond?ment ?mu tous les coeurs anglais. Ces notes frustes et nos cadavres diront nos ?preuves, et certainement un grand et riche pays comme la Grande-Bretagne assurera convenablement l'avenir de nos proches.

Ce morceau, digne des plus belles pages de Plutarque, constitue la plus magnifique des le?ons d'h?ro?sme et d'ardent patriotisme. Aussi, pour exalter l'esprit de la jeunesse et d?velopper chez elle la fiert? du nom anglais, ce message supr?me a-t-il ?t? lu et comment? dans toutes les ?coles publiques. A travers l'empire entier, l'admirable mort de Scott et de ses compagnons a fait passer un frisson d'orgueil national et r?veill? l'esprit d'entreprise. Aux yeux de tous, l'exploration de l'Antarctique qui, jusque-l?, laissait les grandes masses indiff?rentes, appara?t maintenant comme un des facteurs de la grandeur britannique.

CHARLES RABOT.

LES PUISSANCES EN ALBANIE

A Scutari, maintenant, le drapeau mont?n?grin qui s'?tait substitu? au drapeau ottoman, est ? son tour remplac? par les pavillons des grandes puissances, Angleterre, Italie, Autriche-Hongrie, France, Allemagne, dont les d?tachements occupent la ville. Une commission d'officiers de la flotte internationale--auxquels tous les habitants sont invit?s ? ob?ir sous peine d'encourir les p?nalit?s pr?vues par la loi martiale--dirigera les services jusqu'? ce qu'un gouvernement autonome soit ?tabli en Albanie. Cette commission, pr?sid?e par le vice-amiral anglais Burney, a d?j? commenc? ses travaux et pris d'utiles mesures administratives. La surveillance des douanes est confi?e ? un officier nomm? par le corps consulaire. Les distributions de vivres aux indigents se poursuivent avec m?thode, et une commission sanitaire, compos?e de m?decins albanais, autrichiens et italiens, a pris d'urgence les mesures r?clam?es par le mauvais ?tat sanitaire de la ville.

EN EPIRE HELL?NE

Salu? ? Santi Quaranta par des ovations chaleureuses, le voyageur, le Fran?ais, croit <>. Mais il arrive ? Nivitza:

<<... Au milieu d'un petit bois d'oliviers, ? deux cents m?tres des premi?res maisons, ?crit-il, un spectacle inattendu me fit tirer en arri?re la bride de mon cheval. Une partie de la population ?tait l?, et, au milieu d'un groupe d'une vingtaine de petites filles tenant de gros bouquets de fleurs des champs, trois gamins brandissaient deux drapeaux grecs et un drapeau fran?ais. Je mis pied ? terre, et alors un vieillard aux longues moustaches blanches tranchant sur le teint recuit des joues s'avan?a. Il tenait, entre ses doigts qui tremblaient fort, une feuille de papier ?colier sur laquelle ?tait ?crit son discours: une harangue ?mue o? il ?tait question de la France protectrice des faibles et des causes justes, o? l'on disait que les pauvres gens de Nivitza pr?f?raient maintenant mourir que de ne pas ?tre Grecs.>>

Un cort?ge se forme <>.

On entre dans le village. H?las! c'est un amas de ruines:

<>

Et ? ce village de d?combres il ne demeure qu'une parure, le s?culaire platane de sa grand'place, ? l'ombre duquel, aux jours calmes, on se r?unit pour causer ou r?ver.

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