Read Ebook: Correspondance Diplomatique de Bertrand de Salignac de La Mothe Fénélon Tome Quatrième Ambassadeur de France en Angleterre de 1568 à 1575 by Salignac Bertrand De Seigneur De La Mothe F Nelon Active Th Century
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Ebook has 919 lines and 163619 words, and 19 pages
Notes de transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont ?t? corrig?es. L'orthographe d'origine a ?t? conserv?e et n'a pas ?t? harmonis?e.
L'abr?viation signifie livre tournois.
CORRESPONDANCE
DIPLOMATIQUE
BERTRAND DE SALIGNAC
DE LA MOTHE F?N?LON,
AMBASSADEUR DE FRANCE EN ANGLETERRE
DE 1568 A 1575.
PUBLI?E POUR LA PREMI?RE FOIS Sur les manuscrits conserv?s aux Archives du Royaume.
TOME QUATRI?ME. ANN?ES 1571 ET 1572.
PARIS ET LONDRES. 1840.
D?P?CHES, RAPPORTS,
INSTRUCTIONS ET M?MOIRES
DES AMBASSADEURS DE FRANCE
EN ANGLETERRE ET EN ?COSSE
RECUEIL
DES
D?P?CHES, RAPPORTS,
INSTRUCTIONS ET M?MOIRES
Des Ambassadeurs de France
Conserv?s aux Archives du Royaume, A la Biblioth?que du Roi, etc., etc.
PARIS ET LONDRES.
LA MOTHE F?N?LON.
Imprim? par B?THUNE et PLON, ? Paris.
AU TR?S-HONORABLE
SIR ROBERT PEEL
BARONNET.
CE VOLUME LUI EST OFFERT
COMME
UN T?MOIGNAGE DE RESPECT.
PAR
SON TR?S-D?VOU? ET TR?S-OB?ISSANT SERVITEUR
CHARLES PURTON COOPER.
D?P?CHES
LA MOTHE F?N?LON.
--du premier jour de mars 1571.--
Projets des Espagnols sur l'?cosse et l'Irlande.--Commissaires d?sign?s pour traiter de l'accord sur la restitution de Marie Stuart.--Tentative de l'ambassadeur pour ramener le comte de Morton ? l'ob?issance de la reine d'?cosse.
AU ROY.
Sire, il est venu ? la Royne d'Angleterre ung adviz, de dell? la mer, comme maistre Prestal, l'un des fuytifz de son royaulme, ayant r?sid? deux ans aulx Pays Bas, a est?, au mois de novembre dernier, d?pesch? par le duc d'Alve en Escoce. Je croy, Sire, que c'est celluy troisiesme que je vous ay mand?, qui y avoit est? envoy?, et que icelluy Prestal, ayant heu priv?e conf?rance avec le duc de Chastellerault, et avec les comtes d'Arguil, d'Atil et aultres seigneurs de leur party, et permission d'eulx de voir et visiter les descentes et advenues du pays, il a raport? charge et instruction, de leur part, escripte de la main du secr?taire Ledinthon au dict duc, par laquelle il l'a fort instantment sollicit? de leur envoyer promptement du secours; et que, oultre qu'il s'en ensuyvroit le restablissement de l'authorit? de la Royne d'Escoce, il luy a baill? pour chose fort facille, de restituer la religion catholique au dict pays, et d'y establyr, ensemble en Yrlande, les choses ? la d?votion du Roy son Maistre, et encores de pouvoir passer ? d'aultres si grandz exploictz en Angleterre, qu'il luy seroit ays? d'avoir la rayson des prinses et d'aultres bien advantaigeuses condicions des Anglois, s'il les vouloit poursuyvre; chose qu'on a mand? ? la dicte Dame que le dict duc avoit fort vollontiers escout?e, mais qu'il ne faisoit semblant de la vouloir encores entreprendre. N?antmoins cella est cause, Sire, dont elle haste les provisions du dict pays d'Yrlande, et que, possible, elle inclinera davantaige ? passer oultre au trett? de la Royne d'Escoce. Icelluy Prestal a d'aultres fois tenu quelque lieu en ceste court, et meintenant il est entretenu par le dict duc, lequel aussi, ? ce que j'entendz, donne entretennement aulx aultres principaulx fuytifz qui sont en Flandres. Au moins s?ay je que le comte de Vuesmerland et la comtesse de Northomberland ont receu chacun, despuys nagui?res, deux mil escuz de luy. Les depputez, qu'il devoit envoyer par de??, s'attandent icy, d'heure en heure, et semble qu'il pr?tend plus de tirer par leur moyen ce qu'il pourra des prinses que d'en cuyder avoir la rayson du tout ny la r?paration des injures, mais qu'il le diff?re ? ung aultre temps, ne voulant, possible, que cella retarde meintenant son retour; lequel l'ambassadeur d'Espaigne dit l'accell?rer bien fort, et qu'avant la my avril il partyra de Flandres pour se trouver en Itallye, au temps qu'on dellib?rera de la guerre de ceste ann?e contre le Turq. Tant y a que ceulx cy monstrent de se vouloir bien esclarcyr de son intention, premier que de rien lascher.
Icelluy de Sussex m'a mand? que, puysqu'? vostre pourchaz, Sire, ceste restitution se debvoit faire, qu'il estoit raysonnable que Vostre Majest? respond?t de l'observance du trett? par la Royne d'Escoce, et de prandre, au cas qu'elle n'y ob?yst, le party de la Royne d'Angleterre pour l'y contraindre et vous d?clairer en cella son ennemy. Je luy ay respondu que Vostre Majest? avoit desj? offert de respondre pour elle sur l'observance de toutes les honnestes et honorables condicions qu'on la restitueroit, et n'ay pass? plus avant.
J'ay fait secrectement exorter, par le cappitaine Coberon, le susdict comte de Morthon de se vouloir r?unyr avec les aultres seigneurs du pays, et de ne consentyr la d?livrance du petit Prince aulx Angloix, et de se remettre ? l'ob?yssance de sa Mestresse, l'asseurant qu'elle luy tiendra droictement tout ce qu'elle luy promettra; et que Vostre Majest? luy en sera garant. A quoy il m'a faict respondre que, de se r?unyr avec les aultres seigneurs, il ne s'en monstrera jamais esloign?, pourveu qu'ilz veuillent estre raysonnables de leur cost?; que, de livrer leur petit Prince aulx Angloix, il est fermement r?solu entre ceulx de son party de ne le consentyr jamais; au regard de recognoistre la Royne d'Escoce, qu'il failloit bien qu'il regardast de pr?s ? ce poinct, pour la seuret? de ceulx qui l'avoient envoy?, et pour la sienne, qui, ? la v?rit?, ne leur pourroit venir plus grande ny meilleure, ny d'o? ilz se peussent toutz mieulx fier, que de la parolle et promesse de Vostre Majest?, et que pourtant il regarderoit comme il s'y debvroit conduyre. N?antmoins, Sire, il crainct tant la restitution de la dicte Dame, parce qu'il l'a fort offanc?e, qu'il s'esforcera, en tout ce qu'il luy sera possible, d'interrompre le trett?, au moins le mettre le plus ? la longue qu'il pourra. Sur ce, etc. Ce 1er jour de mars 1571.
--du VIe jour de mars 1571.--
AU ROY.
Sire, j'ay est? requiz par les seigneurs de ce conseil et par les depputez de la Royne d'Escoce, et encores par le comte de Morthon, d'envoyer en dilligence ce pourteur devers Vostre Majest? pour la supplier tr?s humblement d'avoir agr?able que l'abstinence de guerre, laquelle, en commenceant ce trett?, a est? de nouveau prorog?e pour tout ce moys de mars, ayt lieu en vostre royaulme, affin que les merchans escoussoys, qui ont leurs navyres toutz prestz ? y faire voyle, charg?s de grains, de poyssons sallez et aultres marchandises, y puyssent estre bien receuz, sans qu'il leur y soit donn? nul arrest ny empeschement; nous promettans iceulx du dict conseil que, dans le premier jour d'avril, les affaires de la Royne d'Escoce seront si advancez que nous pourrons clairement cognoistre ce qui en aura ? succ?der; laquelle surc?ance, Sire, ayant est? ainsy envoy?e par hommes expr?s en Escoce, si, d'avanture, Vostre Majest? la trouve bonne, il luy plairra me le mander promptement, parce que le temps court aus dicts merchans, lesquelz aultrement adviseroient o? ilz pourroient aller ailleurs transporter leurs merchandises.
La Royne d'Escoce a comprins par ung discours, qu'elle a trouv? ez lettres de Mr de Glasco, que Voz Majestez Tr?s Chrestiennes n'estoient bien contantes de ce qu'elle avoit pass? trop avant ? accorder plusieurs choses ? la Royne d'Angleterre, qui luy estoient si avantaigeuses qu'elle n'avoit garde de les reffuzer, et que pourtant il falloit ? ceste heure attandre que deviendroit le trett? premier que de parler de nul secours, inf?rant par l? que Voz Majestez n'avoient grande envye de luy en bailler. Sur quoy elle a d?pesch? en dilligence devers monsieur l'?vesque de Roz pour me venir remonstrer qu'elle porte ung extr?me ennuy de cestuy vostre malcontantement, et qu'elle me requiert de vous tesmoigner si elle n'a pas cerch? de proc?der toutjour, et en toutes choses, despuys que je suys en ce royaulme, sellon vostre intention, sans aller aulcunement au contraire, quoiqu'il luy en deust advenir; et qu'elle supplie bien humblement la Royne de se souvenir du conseil, qu'elle mesmes luy a escript de sa main, de ne reffuzer aulcunes condicions ? la Royne d'Angleterre, pourveu qu'elle puysse avoir sa libert? et se tirer hors de ses mains; et que je vous face entendre ? toutz deux l'extr?me dangier o? elle a est?, et o? elle est encores, non seulement de perdre son estat et ses subjectz, mais sa propre personne et sa vie, s'il n'y est rem?di? ou par le trett?, ou par le secours de Vostre Majest?; que, touchant le trett?, il n'y a que deux poinctz, de toutz ceulx qu'on luy a proposez, qui vous puissent venir ? desplaysir, l'un est de la ligue: et quant ? celluy l?, elle vous supplie de croyre, Sire, qu'elle souffrira plustost toutes extr?mit?s que de consentyr qu'il en soit faicte pas une qui ne vous soit agr?able, et d'o? vous puyssiez estre en rien offanc?, et que de ce mesmes desir sont pareillement toutz les seigneurs escou?oys qui sont de son party; l'aultre poinct est de bailler le Prince, son filz, ? la Royne d'Angleterre, et, quant ? cella, il est trop certain qu'il n'estoit possible d'entrer aulcunement en trett?, mais encores qu'elle l'ayt desj? consenty, ce n'est toutesfoys qu'avec condicion que les seigneurs d'Escoce l'aprouvent, dont se pourra encores trouver moyen de le reffuzer; et, ? ceste cause, elle tourne suplier Vostre Majest? que, consid?r? l'extr?mit? o? elle est, et d'o? elle ne peult sortyr sinon par le secours de voz armes, ou par le trett?, qu'il vous playse ou luy conseiller d'accorder son filz, duquel aussi la disposition n'est en ses mains, si aultrement le trett? ne peult succ?der, ou bien luy envoyer ung prompt secours, et elle s'esforcera de le rompre.
Sur quoy, Sire, apr?s avoir, par beaucoup de vrays et bien clairs argumens, fait cognoistre au Sr de Roz que l'intention de Voz Majestez estoit fermement au secours et assistance de la Royne, sa Mestresse, et qu'elle et luy en avoient veu et en voyeroient encores de si certaines d?monstrations que rien ne les en debvoit faire doubter, ny je ne serois si mal advis? de prendre la mati?re ? cueur si je ne sentois que vous l'eussiez aultant en affection comme je s?avois qu'elle touchoit ? l'honneur de vostre couronne, sans toutesfois luy dissimuler que le poinct de la ligue, si elle vous pr?judicioit, vous seroit incomportable, et celluy du Prince ne vous pourroit gui?re playre, je luy ay promiz de vous escripre le tout, et luy mesmes en escript ? la Royne. Dont vous plairra, Sire, me remander en dilligence vostre bon commandement l? dessus, affin que j'essaye de faire toutjour incliner la r?solution des affaires, le plus qu'il me sera possible, ? vostre desir, et que ne monstrions, de nostre part, retarder le trett?.
Ceulx cy avoient heu adviz que le roy de Dannemarc estoit apr?s ? accommoder le comte Boudouel de quelque nombre d'hommes et de vaysseaulx, pour faire une descente en Escoce, et que le dict Boudouel luy promettoit de luy mettre entre mains les Orcades, mais cella n'a pas continu?, dont ceulx cy n'en sont plus en payne; mais ilz envoyent pr?sentement ? milord Sideney trente cinq mil escuz et deux grandz navyres de guerres, pleins de monitions, pour pourvoir aulx choses d'Yrlande; lesquelles choses toutesfois leur semblent plus asseur?es, despuys ceste derni?re bonne et honneste d?claration, que Vostre Majest? leur en a faicte, et despuys avoir entendu que le Roy d'Espaigne n'est si ad?livr? de la guerre des Mores ny de celle du Turcq, qu'il puysse entreprendre ailleurs; mesmes qu'ilz ont nouvelles, que le Turc, oultre une tr?s grande arm?e de mer, en pr?pare une bien grande par terr?, avec quelque apparance qu'il se veuille saysir de la Transilvanye pour donner ? toute la Chrestient? ass?s de quoy n'avoir ? entreprendre aultre chose que de toutz ensemble fermement luy r?sister. Sur ce, etc.
Ce VIe jour de mars 1571.
A LA ROYNE.
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