Read Ebook: Lamarck et son OEuvre by Corra Emile
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Ebook has 322 lines and 27361 words, and 7 pages
Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont ?t? corrig?es. L'orthographe d'origine a ?t? conserv?e et n'a pas ?t? harmonis?e.
LAMARCK
SON OEUVRE
PAR
?MILE CORRA
PARIS
Au Si?ge de la Soci?t? Positiviste Internationale
Pr?s l'?cole de M?decine.
LAMARCK
ET SON OEUVRE
Le Mus?um d'histoire naturelle de Paris inaugurera, dans le mois de novembre prochain, le monument ?lev?, par souscription universelle, ? la m?moire de Lamarck, sur l'initiative de M. Edmond Perrier, l'illustre directeur de cet ?tablissement, un de ses plus fervents disciples actuels.
C'est pourquoi j'ai le dessein d'associer plus cat?goriquement le Positivisme ? la glorification tardive de Lamarck, en consacrant ? son oeuvre grandiose une ?tude sp?ciale, ? laquelle je pr?luderai en donnant, sur sa personne et sur sa vie, quelques renseignements indispensables.
I La Vie de Lamarck.
Le colonel du r?giment de Beaujolais h?sitait beaucoup, para?t-il, ? incorporer cet enfant de seize ans, d'une constitution ch?tive qui lui donnait une apparence plus juv?nile encore; mais, dans une bataille, cons?cutive ? l'arriv?e de Lamarck ? l'arm?e, le 16 juillet 1761, ce soldat volontaire se conduisit avec une bravoure et une fermet? telles qu'on le promut imm?diatement officier.
Lamarck ?tait, en effet, dou? de qualit?s de caract?re exceptionnelles; celles dont il fit preuve, en cette occurrence, le distingu?rent pendant toute la dur?e de sa vie; elles ne l'abandonn?rent m?me pas dans la plus extr?me vieillesse, et ne furent pas ?trang?res aux r?sultats de ses longues et difficiles ?tudes scientifiques.
Quand la guerre de sept ans fut termin?e, Lamarck, devenu lieutenant, alla tenir garnison ? Toulon, puis ? Monaco. La v?g?tation sp?ciale de la contr?e excita vivement sa curiosit? scientifique, naissante; des id?es nouvelles s'?veill?rent dans son esprit et il ne tarda pas ? reconna?tre qu'il avait, pour l'?tat militaire, aussi peu de vocation r?elle que pour les fonctions eccl?siastiques.
Aussi, souffrant d'une ad?nite cervicale et forc? de venir ? Paris, o? il fut op?r? avec succ?s par Tenon, l'une des c?l?brit?s chirurgicales de l'?poque, renon?a-t-il, sans regrets, ? la carri?re des armes, bien que cette d?cision le r?duis?t ? une pension alimentaire de 400 livres pour toutes ressources annuelles.
Il pourvut ? ses besoins mat?riels les plus imp?rieux en acceptant un emploi chez un banquier et, log? dans une mansarde, <
Cet important ouvrage, publi? en 1778, sortit brusquement Lamarck de l'obscurit? et lui ouvrit, l'ann?e suivante, les portes de la section de botanique ? l'Acad?mie des Sciences.
Dans tous les cas, ? partir de ce moment, la destin?e de Lamarck est nettement trac?e et suivie par lui sans la moindre d?faillance; il s'attache aux sciences naturelles, et, jusqu'? la fin de sa longue vie, il ne cesse de les faire progresser, d'une mani?re vigoureuse.
Gr?ce ? la protection de Buffon, qui lui fit d?cerner le titre de botaniste du roi et le donna pour pr?cepteur ? son fils, il parcourut la Hollande, la Prusse, la Hongrie, l'Allemagne, de 1780 ? 1782, avec mission de visiter les jardins et cabinets ?trangers et d'?tablir des correspondances avec le Jardin des Plantes de Paris.
N?anmoins, en 1788 seulement, apr?s la mort de Buffon, il obtint de prendre place parmi les administrateurs du Jardin des Plantes, comme adjoint ? Daubenton, <
Ce d?cret instituait, pour l'?tude de toute la zoologie, deux chaires seulement: l'une affect?e ? l'histoire naturelle des quadrup?des, des c?tac?s, des reptiles et des poissons; l'autre, ? celle des insectes, des vers et des animaux microscopiques.
La premi?re fut attribu?e ? ?tienne Geoffroy-Saint-Hilaire, qui n'avait que vingt et un ans; la seconde, dont personne ne se souciait, parce que, selon l'expression de Michelet, elle avait pour objet l'inconnu, fut offerte ? Lamarck; il l'accepta, bien qu'il f?t ?g? de quarante-neuf ans, qu'il se f?t, jusque-l?, principalement occup? de botanique, et qu'il n'e?t d'autres titres ? faire valoir, qu'une collection de coquilles, qu'il avait soigneusement form?e en participant aux recherches de Brugui?res; il est vrai que cette collection ?tait fort rare, qu'elle ?tait le produit de longues ?tudes, et que le gouvernement, instruit de sa valeur scientifique, en fit, ult?rieurement, l'acquisition au prix de 5.000 livres.
<
Discours prononc? aux fun?railles de Lamarck.
En effet, la portion du monde animal, dont l'?tude ?chut ? Lamarck, constituait la masse immense, confuse et t?n?breuse, de ce qu'on nommait, vicieusement, depuis Linn?, les animaux ? sang blanc, et Lamarck, le premier, introduisit l'ordre et la lumi?re dans cette multitude inexplor?e, en op?rant des d?couvertes m?morables que je pr?ciserai plus opportun?ment, lorsque j'appr?cierai ses travaux biotaxiques.
Je noterai simplement ici que, dou? d'une prodigieuse activit?, il ouvrit son cours, en 1794, apr?s dix mois de pr?paration, et que, d'ann?e en ann?e, il ?tablit graduellement la classification des invert?br?s sur des bases que la post?rit? s'est born?e ? perfectionner, sans jamais les ?branler; car le monument scientifique qu'il a, de la sorte, ?difi?, est fait comme le disait Cuvier, <
Pour aboutir ? ce grand r?sultat, Lamarck manipula, diss?qua, compara une prodigieuse quantit? d'?tres divers; leur contemplation famili?re fit surgir en lui des id?es g?n?rales relatives ? leur commune origine et ? leur g?n?alogie, autant qu'? leur similitude.
Il consigna le fruit de ses premi?res m?ditations sur ce difficile probl?me philosophique:
Ces conceptions philosophiques, initiales de Lamarck, dont l'exposition, de plus en plus perfectionn?e, fut renouvel?e tous les ans, ? l'ouverture de son cours, furent corrobor?es par la d?termination qu'il fit des esp?ces d'invert?br?s fossiles des environs de Paris, avec la m?me sagacit? qu'il avait apport?e dans la d?termination des esp?ces vivantes.
D?s lors, sa pr?occupation dominante, sa passion de savant, son ambition supr?me furent de d?montrer la solidarit? du monde animal, la variabilit? continue des esp?ces, et de constituer l'?chelle des animaux, c'est-?-dire de les classer et de les superposer en s?rie, suivant une graduation naturelle r?v?lant les liens qui unissent entre elles, tout au moins, les masses principales de leurs repr?sentants.
Cependant, cette catastrophe n'abattit pas Lamarck, chez qui l'?nergie, nous l'avons dit, ?tait ? la hauteur du g?nie scientifique; en 1820, ? l'?ge de 76 ans, il eut encore assez de vigueur d'esprit et de s?r?nit? pour dicter son testament philosophique qui parut, la m?me ann?e, sous le titre de SYST?ME ANALYTIQUE DES CONNAISSANCES POSITIVES DE L'HOMME, RESTREINTES A CELLES QUI PROVIENNENT DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT DE L'OBSERVATION.
Ses derni?res ann?es, seules, furent assombries par la m?lancolie, que des soucis mat?riels, caus?s par la perte du tr?s modeste patrimoine qu'il avait ?pargn?, aggrav?rent encore.
<
Et Cuvier lui-m?me traduit en ces termes le respect profond que le beau caract?re de Lamarck imposait ? tous: <
?loge de Lamarck.
Lamarck mourut en 1829, ? l'?ge de 85 ans; il laissait sans ressources ses deux filles et collaboratrices, qu'une tendre affection avait rendues plus clairvoyantes que tous les savants contemporains, ? l'?gard du g?nie de leur p?re.
Paris, 1873, Savy, ?dit.
D'autre part, si l'on excepte le discours ?mu, mais tr?s bref, qu'?tienne Geoffroy-Saint-Hilaire pronon?a au cimeti?re Montparnasse, le 20 d?cembre 1829, le seul hommage v?ritable qu'on rendit ? la grandeur de l'oeuvre de Lamarck, ? l'?poque de sa disparition, fut de d?doubler la chaire dont il ?tait titulaire au Mus?um. L'entomologie fut attribu?e ? Latreille et la conchyologie ? de Blainville, parce que le d?veloppement immense que le fondateur avait donn? ? l'objet primitif de cette chaire ?tait d?sormais hors de proportion avec la capacit? d'un professeur unique.
L'emplacement, seul, de la tombe de Lamarck peut ?tre, aujourd'hui, d?termin?; le terrain dans lequel il fut d?pos? ne fut probablement l'objet que d'une concession temporaire et il a depuis re?u de nouveaux occupants.
En effet, on ne peut, aujourd'hui, d?cemment consid?rer, comme une justice rendue ? Lamarck, l'?loge que Cuvier, l'irr?conciliable champion de la th?orie de la fixit? des esp?ces, avait pr?par? et qui fut lu, apr?s sa mort, par le baron Sylvestre, ? la s?ance de l'Institut du 26 novembre 1832.
Cet ?loge, dont la lecture publique ne fut, du reste, possible que gr?ce ? la suppression pr?alable de plusieurs passages trop acrimonieux, ne s'adresse qu'au naturaliste descriptif et au classificateur; il ne parle du philosophe qu'avec une impertinence acad?mique, en l'assimilant ? ces hommes qui <
Pr?occup? de l'am?lioration organique des v?g?taux, des animaux et de l'homme, Auguste Comte a m?me propos? d'appliquer d'une mani?re, au moins curieuse, les th?ories de Lamarck; <
D'autre part, <
N?anmoins, Auguste Comte ne rendit ? Lamarck qu'une justice partielle, parce qu'il professait <
C'est pourquoi, tout en reconnaissant, selon sa propre m?thode, qu'aucun probl?me n'est jamais nettement formul?, tant qu'on n'en fournit pas une premi?re solution approximative, et que Lamarck eut le m?rite de poser, sous cette forme, le probl?me de l'influence exerc?e par les milieux sur les ?tres vivants, Auguste Comte consid?re, comme purement subjectives et m?me comme <
Ce livre fut le point de d?part d'un ?branlement scientifique et philosophique, universel, relativement aux questions qui avaient fait l'objet incessant des m?ditations du grand naturaliste dont nous venons de retracer l'existence laborieuse.
C'est du moins ce qui ressortira, je l'esp?re, de l'appr?ciation des principales th?ories biologiques de Lamarck, ? laquelle je vais maintenant proc?der, en d?gageant pr?alablement les id?es directrices et la philosophie qui les inspir?rent; car elles jettent une vive lumi?re sur l'ensemble de son oeuvre, dont toutes les parties s'encha?nent, et permettent d'en mieux scruter les profondeurs.
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